Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne


 
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 Fortuna nocturnae

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Cerridween

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MessageSujet: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyMar 18 Nov 2008 - 23:47

[HRP : ce rp se passe une nuit, pendant un court laps de temps entre le moment où la rousse quitte les cellules et le moment où elle y retourne. Prévu pour la dite rouquine et le tavernier René (courant d'air style). Alors avant de vous pointer, il va falloir me trouver une putain de bonne raison pour être debout en plein milieu de la nuit, oser arriver chez Kékidi sans avoir peur d'en prendre une qui vous décolle la caboche et pousser cette porte. En cas d'idée, c'est un mp ^^/HRP

L’air emplit les poumons de la rousse. Comme si elle avait fait une longue apnée. La brise de la nuit vient lui caresser le visage.
Respire…
Respire…
Elle reste un instant, encapée de noir dans l’encablure de la porte du donjon. Pas âme qui bouge dans la forteresse. La lune a changé de place dans le ciel noirci.
Respire…
Ses yeux parcourent le firmament piqueté d’étoiles… Il ne doit pas y en avoir une pour elle. Ou bien elle s’est éteinte après l’avoir menée auprès d’un blason aux quintefeuilles d’or. Elle se sent seule. Désespérément seule. Désespérément sans espoir dans cette nuit reflet de sa vie.

Allons jolie fleur…
Tu as tenu jusqu’ici… tu as tenu dans l’ombre, le secret et la noirceur. Tu as traversé l’enfer, à Beaumont, à Rieux, à Orléans. Tu les connais les ténèbres, tu les as vécues. Tu as voulu servir, jolie fleur, tu as voulu honorer tes serments. Assume tes choix Pivoine. Tu as fait celui du silence. Assume le maintenant. C’est ainsi. On ne t’avait promis que du sang et des larmes. Ne fais pas l’étonnée ou la meurtrie. Recule et c’est le vide. Avance et c’est l’inconnu.
Tu as choisis Pivoine. Alors bois la coupe jusqu’à la lie et supporte le goût de la bile.
Et pour cela, avance… avance…

Elle serre les poings.
Un pas en avant. Silencieux et douloureux. Elle longe le mur de la Haute Cour… atteindre la première enceinte. Un temps d’arrêt. Tête qui passe prudemment dans l’ouverture de l’entrée de la cour pour voir si le chemin est libre. La garde nocturne se dirige vers le poste de garde.
Elle a peu de temps.
Elle longe les murs direction la taverne. Encore un effort, encore un effort Pivoine. Quelques pas, quelques pas. La porte qu’elle ouvre prudemment et par laquelle elle s’engouffre. L’huis qui se referme sur elle, la dérobant au dehors.

L’ont-il vue…
Elle reste un instant le souffle court. Le corps collé à la cloison, écoutant. De longues minutes. Elle ne bouge pas. Elle attend. Mais pas un bruit d’arrivée, pas un bruit de pas, ni un cri d’alarme.
Soulagement. Un instant. Juste un instant. Elle peut ici baisser sa garde.
La rousse descend la capuche de son mantel et regarde la taverne endormie, les yeux s’habituant à la pénombre troublée par une lanterne.
Trouver. De quoi manger, boire et le couvrir.
Lentement, prudemment, elle approche du comptoir. Sa main précautionneusement, prend l’anse métallique de la lanterne. Elle parcourt le comptoir. René fait décidément trop bien son travail. Rien qui vient troubler l’ordre rectiligne de la planche colorée par divers liquides qui le forme. Rien. Grimace. La rousse passe du côté réservé à cette grande armoire à glace de tavernier et regarde sur les étagères.
Lanterne levée pour mieux voir celles qui s’offrent à ses yeux…
Doigts qui parcourent, fébriles, les pots, les objets, les restes…
Un bout de pain. Un… déjà ça… Il s’évanouie dans sa besace. Il reste encore à prendre une gourde… du fromage… pourvu qu’elle fasse vite.

Il attend…
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyMer 19 Nov 2008 - 18:30

Il dort il dort, le René, le René qu'est bien malin...

Oui, les enfants. Incroyable mais vrai, mais le René est futé. On aurait pu croire, à regarder cette grande gigue-armoire-à-glace-distributeur de pains (surtout dans ta gueule), qu'il aurait un neurone unifonctionnel-monosynaptique à récepteur éthanolique pour toute capacité intellectuelle. Mais un neurone suffit, dans une vie d'action, pour apprendre quelques trucs.
Notamment, si l'on ne sait pas dormir d'un oeil, à se réveiller à temps...

Il rêvait, le René. Il était entouré de belles noires pulpeuses et trébuchantes, offertes corps (minimum) et âmes (maximum) à ses envies turgescentes et passionnées. Et c'était notamment sous la langue d'une splendide spécimen de Zoulou de la Haute-Volta (dite "territoire du Chaud", ce qui n'était pas peu dire), se faisant lécher les pieds par une chèvre, que le René était installé peinard, se faisant offrir en plus du raisin noir et juteux comme un excès de sébum par un chien taille chihuahua à coiffe de pharaon, qui lui passait grain après grain comme une mère-oiseau la bécquée à ses petits, se la coulant douce sur une île déserte, sans PER-SONNE pour le réveiller.

Mais il manqua de chances... Car les rêves, surtout les meilleurs, ne durent pas. Le René n'avait jamais interdit l'entrée de la taverne la nuit: des fringales, ça existait. Des somnambules, aussi. Mais ne laissait rien sur le comptoir: ça évite les vols, justice sociale, et tout ce foutoir socialobolchevikocommunistoproustien, et lui évitait surtout d'avoir à mener l'enquête sur qui volait quoi. Il avait autre chose que ça à foutre, me direz-vous fort justement.
Mais il savait bien qu'un comptoir vide n'enlevait pas les envies...
Aussi, quand Cerridween passa derrière le comptoir, appuya-t-elle sans en avoir conscience sur une pierre qui avait un peu de jeu. cette pierre, poussant une corde, réveilla dans le mur de la taverne deux campagnols capturés par le René qui, excités par un morceau de fromage planté sur un petit morceau de bois à 20 centimètres d'eux, se mirent à galoper dans une roue dentée. Cette roue dentée, entraînant d'autres roues dentées dans le mur, fit jouer une corde, reliée à d'autres roues dentées, elles-mêmes reliées à d'autres cordes.
L'extrémtié se trouvât être une corde, reliée à la main gauche du René, qu'elle souleva (provoquant une accélération frénétique des rongeurs, pour compenser le poids), et fit choir lourdement sur le visage du noir géant.


- " Hein, quoi, gné, oui, encore du raisiiiinnn... "murmure-t-il, se réveillant de ce rêve délicieux et chatoyant. Paf!

- " Rahgnah! Hein? Quoi? Les Japs débarquent? ", se demanda-t-il, encore dans les vapes. Se réveillant pleinement, il récupéra à côté de son matelas l'arquebuse taille 2m20 qui siégeait par terre, n'attendant qu'une étincelle pour éclater.
La prenant en main, il avança à pas de félins jusqu'à l'autre bout de la pièce, et y récupéra une bougie allumée là, seule source de lumière de la pièce endormie.
Ouvrant la trappe, il descendit prestement, de façon assez fine pour voir une capuche noire, sur une tête, sur un corps de petite taille, sur SON COMPTOIR.

Macarelle!

Ca n'allait ainsi pas se passer comme ça! D'un grand "Hem... hum...", il fit se retourner l'intrus, et se retrouver face à l'arquebuse, tenue d'une seule main, l'autre tenant la bougie.


- " Par le saint scrotum de Platon, qu'est ce que c'est que tout c'merdier? Nom, titres, rang, et tout l'merdier, chevalier. Fissa. Sinon, je repeins la pièce, et y'aura de la viande en plus pour les intronisations de demain... "
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyMer 19 Nov 2008 - 21:05

Trop absorbée la rouquine…
Trop fatiguée aussi…
Pas assez vigilante …

Toussotements derrière elle. Sursaut et volte face.
Elle regarde dans les yeux la gueule noire d’un canon. Encore plus noire que la pénombre de la taverne. Pas énorme mais suffisamment près et impressionnante pour qu’elle ne bronche plus. Une bougie qui éclaire dangereusement la mèche arrimée au long manche de bois et de métal.
Et au bout de l’arme prête à la réduite en charpie, la grande masse aussi noire que la suie et la poudre. Celui qui ne devait pas être là. Celui qui devait dormir. Et celui qui l’apostrophe d’une voix de Goliath qu’on aurait arraché aux bras de Morphée et qui est à deux doigts de vous encastrer dans le mur (ce qui est très certainement le cas et ce qu’elle ne pourrait pas éviter, s’il décide que sa main de géant vienne heurter de plein fouet sa figure).

- " Par le saint scrotum de Platon, qu'est ce que c'est que tout c'merdier? Nom, titres, rang, et tout l'merdier, chevalier. Fissa. Sinon, je repeins la pièce, et y'aura de la viande en plus pour les intronisations de demain... "

Autant dire qu’elle n’a pas le choix la rouquine. Si elle ne veut pas ici finir sa vie dans une marre de sang et laisser par là même Enguerrand pourrir en cellule, puisque personne ne sait qu’il y est enchaîné… il faut qu’elle se dévoile.

Cerridween de Vergy, Errante…

Lentement sans lâcher la lanterne, elle lève ses mains et descend la capuche pour dévoiler son visage et sa chevelure qui ici fait son identité et sa réputation. Elle reste là éclairée par la lanterne qu’elle tient à bout de bras.
Il peut voir tout. L’arcade ouverte. La lèvre douloureuse. Ses cernes grisâtres. Une figure de fantôme sûrement. Elle le laisse observer. Elle le laisse regarder. Elle gagne du temps. Elle gagne du temps pour savoir comment se tirer de ce pas. Sans trahir son vœu de silence. C’est d’ailleurs sur ce point qu’elle va appuyer sa plaidoirie. Acculée elle l’est. Il lui reste une seule porte de sortie. Une seule.



Si vous voulez m’aider René, ne me demandez rien. Ne me demandez pas d’où viennent mes blessures. Ne me demandez pas ce que je fais à cette heure ici. Ne me demandez pas pourquoi je vole de la nourriture. Ne me demandez pas dans quel but.

Petit moment de silence pendant que les deux prunelles noires, brillantes sous la bougie qui n’a pas quitté sa place dangereuse, près de la mèche.

Mais si vous voulez savoir, comprendre, alors allumez cette mèche. Parce que ce que si je vous parle, vous devrez parler aussi, au Capitaine. Et en ce cas, mieux vaut que je meure ici.

Elle fixe les deux miroirs de la flamme qu’il tient toujours, menaçante. Ni froide, ni hautaine. Juste déterminée. Le peu de détermination qu’il lui reste.

Sachez juste que ce que je fais, ce que je subis, même s’il doit rester caché, je le fais pour aider un frère à qui j’ai promis le silence.

Ainsi soit-il.
Maintenant c’est à René de choisir. A René d’agir. Ou à René de la perdre.
Pour une fois elle n'est pas maîtresse de son destin...
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Kékidi!




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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyJeu 20 Nov 2008 - 14:05

Il a reconnu à la voix et la chevelure. Il sourit intérieurement de la rencontre nocturne. Il apprécie l'Errante, douce, calme, et bonne avec lui. Depuis la première fois qu'il l'a vue, il l'aime. Aimer comme on aime un rêve, bien sûr, mais de l'amour quand même. Il sait qu'il ne pourra se montrer punitif avec elle. Mais doit se montrer ferme et dur: une règle est là, immuable. Et claire:

Pas toucher au grizbi, salope!

Aussi ne bouge-t-il pas ses mains, même si ses yeux s'éclairent de surprise. Il reste accroché au visage, ne regarde pas autre part. Il a senti qu'elle était seule...


Cerridween de Vergy, Errante…

- " Un peu tard pour se balader, Errante, surtout en ces lieux. Surtout avec la tête qui est la vôtre... "

Si vous voulez m’aider René, ne me demandez rien. Ne me demandez pas d’où viennent mes blessures. Ne me demandez pas ce que je fais à cette heure ici. Ne me demandez pas pourquoi je vole de la nourriture. Ne me demandez pas dans quel but.

...

Sachez juste que ce que je fais, ce que je subis, même s’il doit rester caché, je le fais pour aider un frère à qui j’ai promis le silence.


- " Je fais ce que je veux, Errante. Je suis seul maistre à bord séant, exception faite du Grand Maistre de Jeneffe, du Roy de France, du Pape, et de Dieu. C'est mon seul attribut, mais j'y tiens.

Qui vous parle d'aider? Je m'en carre le jonc de votre visite nocturne. Mais ce ne sera pas le cas de tout le monde. Le Maistre de Guerre me taillera les doigts de pied en copeaux avec un ciseau à bois émoussé s'il apprend que je vous ai couverte, qui plus est en vous voyant dans cet état.

Votre silence, gardez-le, je m'en cogne. Mais vous allez me poser votre cul-joli sur le tabouret à votre droite, et y rester. Si je ne vous trouve pas là en redescendant, je hurle à la garde, pigé? "


Il n'a pas fait attention à si elle s'exécute. C'est cela, la confiance. Il sait que si elle ne s'assied pas, elle saura prendre ses responsablités. Il pourra appeler la garde, elle passerait en salle des jugements tranquille. Aussi remonte-t-il à l'étage, ne se coulant pas dans l'escalier, cette fois. Sous la tête de sa paillasse, il trifouille. Une petite boite en bois apparait à la lumière de sa bougie, ridiculement petite compte tenu de la taille du BGK (Bon Gros Kékidi). Il la met sous son bras portant la bougie, et se redresse.

Sur la boîte en bois, un blason est visible:

Bandes d'or et d'azur, au phénix naissant...
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyJeu 20 Nov 2008 - 15:03

Votre silence, gardez-le, je m'en cogne. Mais vous allez me poser votre cul-joli sur le tabouret à votre droite, et y rester. Si je ne vous trouve pas là en redescendant, je hurle à la garde, pigé?

La rousse se laisse tomber sur le tabouret indiqué par René. S’effondrer serait le terme exact. Oui elle a pigé. Elle a pigé que là tout de suite, elle avait perdu. Là tout de suite le reste de détermination vient de fondre comme neige au soleil, balayé par les mots du tavernier aussi facilement que s’il l’avait frappée. Elle s’accoude au comptoir la tête dans les mains. Un mal de tête vient lui labourer les tempes, comme des tambours de guerre. Elle est fatiguée… si fatiguée.

Lorsqu’elle lève les yeux, elle rencontre son reflet dans un des cuivres qui pendent … elle n’a pas la force de crier. Elle est une ombre, une ombre rehaussée de flammes qui ont perdu de leur vigueur, et dont une langue pend sur sa tempe. Sa lèvre même déformée par le métal apparaît là, fendue… elle se regarde sans se reconnaître. Où est la jeune fille candide du Languedoc ? Est-ce toujours elle ce reflet déformé, par le cuivre et la douleur, la fatigue et la peine…

Elle laisse sa tête tomber sur le comptoir.
Elle pleure la rouquine. Silencieusement.
La même envie qu’après la mort de son frère revient la torturer. Dormir. Oui. Dormir. Longtemps. Sans réveil. Comme D’Albizzi dans sa tour. Dormir et oublier. Que le monde tourne. Qu’elle a mal. Qu’elle n’a plus grand-chose. Qu’elle va perdre la dernière qu’il lui reste. Le courage ? Le courage. Elle n’en a plus si tenté qu’elle en ai eu un peu un jour. Affronter son avenir… cet tunnel sombre dans lequel aucune lumière ne veut bien jaillir. Peut elle encore ? Veut elle encore ?

Les pas de René retentissent dans les escaliers. Sursaut de dignité. La rousse efface d’un revers de main les larmes qui s’attardent, enlevant un peu de sang sur sa tempe.
Elle n’ose pas regarder la grosse masse qui revient près d’elle. Elle attend le verdict. La sentence. Le couperet.

Vite René…

Mais non ce qu’elle voit c’est une bougie posé sur le comptoir par les immenses paluches du tavernier et une petite boite. Armée d’azur et d’or… un phénix… elle a déjà vu ça quelque part. Mais elle ne peut pas demander à son esprit exténué et au prise avec un violent mal de chercher où… elle essaie déjà de tenir assise, de ne pas s’effondrer sur le sol de la taverne.
Elle regarde enfin René sans comprendre. Elle s'attendait... à rien, mais en même temps pas à une boite armoiriée. Elle regarde René, de ses émeraudes fatiguées, étonnées et résignées... comme si elle essayait de percer le langage des prunelles noires, qui cachent derrière leur raideur et leur dureté autre chose...

Et maintenant ? Qu'allez vous faire de moi ?

Son esprit commence à lever ses brumes… ces armes… il lui semble que ce sont celles d’un chevalier.
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyJeu 20 Nov 2008 - 22:51

Il redescend les marches, et s'approche d'elle. Tire un autre tabouret. Allume un portoir à bougie: plus discret qu'une torche, et moins repérable; il a malgré tout une certaine bonté, le René. Et ne veut pas voir la garde rappliquer pour le voir recoudre une errante la nuit. Ca ne sera pas Castillon sous un chaud soleil d'été, mais on fait avec ce que l'on a.

Clac. Clac.

Ouverture des fermoirs de la boîte, laissant échapper une bande de tissu qui, comprimée qu'elle était, reprend sa taille normale. Elle est blanche.
Il l'en extrait.
Dessous, du fil des aiguilles, de l'alcool, un ou deux baumes, une petite outre pouvant contenir un peu de glace, un petit pot rempli de poudre noire, et un peu de pavot, pur.
La parfaite trousse à pharmacie du parfait petit infirmier. Ou comment se recoudre soi-même ou recoudre les autres.

De l'avis de René, la médecine était de la branlette: car quand ce nécessaire n'était pas utile, soit le corps était le plus fort, et vous permettait de continuer à vivre, soit il était plus faible: et là, hormis faire perdurer une agonie, les soins n'étaient d'aucune utilité.

Il avait été à Castillon, face à l'Angloys. Il avait vu les blessés déchirés. Les chirurgiens des compagnies d'ordonnance, piochant ceux qui pouvaient être sauvés: pas parce qu'ils étaient plus riches, plus beaux. Mais parce que ça irait plus vite...

Quand on prend 4 heures pour soigner un homme, ou qu'on peut en faire de même avec 3, quel était le meilleur choix?

La guerre était ainsi, horrible et hideuse. C'était là qu'il avait rencontré celui qui lui avait confié cette "boite à pharmacie". Voilà près de 15 ans... Il sort du fil. Il sort une aiguille. Il sort le flacon d'alcool. Le débouche, avec les dents, comme on en ferait d'une bouteille de vin. Il a les yeux rivés sur la rousse, qui s'interroge.


Et maintenant ? Qu'allez vous faire de moi ?

Il sourit. Il espérerait une phrase spirituelle, qui la ferait rire. Elle n'a pas envie de rire. Et il n'est pas du tout spirituel. Il n'a pas la conversation d'un Varennes, l'argent d'un Cassel, la présence réconfortante d'un Lazare. Il n'a rien que ses pauvres bras, son état d'esprit amputé de pas mal de bribes d'humanité, et de maigres souvenirs. Il ne sait pas s'il compte, pour eux. Il ne s'est jamais posé la question. Il aimerait qu'ils soient sa famille. Mais il sait qu'ils ne le seront jamais pleinement. Il s'est résigné: il n'est que de passage, dans leur vie. Comme ils en sont dans la sienne. La lettre d'or du soldat: ne t'attache pas à ton compagnon de chambrée, car il peut mourir demain, et toi aussi.
Il l'avait retenue. Il ne parlait pas de lui. De la pluie, du beau temps, du roy, des récoltes, des rumeurs normandes, et que sais-je encore? Mais jamais de lui. On ne lui posait jamais de questions. D'ailleurs, pour lui demander quoi?

Il n'en posait pas non plus. Il n'était pas du genre. Simple, paisible, mesuré, brut.


- " Vous êtes dans un sale état. Vous laisser repartir face à celui qui vous a mise ainsi vous exposerait à pire, et je ne peux laisser cela arriver. "
Il hésite. Il comprend qu'il a ouvert son jeu, sa garde. Instant d'hésitation pure.
- " Enfin, vous voyez... Si la garde vous croisait, avec la boustiffaille, et voyait que je suis encore debout... Ou si vous ne reveniez pas... "

Il ne sait pas exprimer ce qu'il ressent. On ne lui a pas appris. On lui apprenait à se taire, et à faire le singe savant, pour prouver la bonne charité des moines. Il ne savait pas parler d'amour. Il ne savait pas parler de la vie. On ne parle pas de ce qui blesse le coeur.

Il imbibe le tissu d'alcool, et le porte à sa tempe. Il lui adjoint de ne pas reculer, de serrer les dents. L'alcool mord, mais sauve la vie. Lentement, le chiffon passe, sur le visage, les tempes, la joue, les pommettes, et descend vers la bouche. Il le passe sur la lèvre supérieure, et... Un sourire. Elle sourit. Lui sourit. Ses yeux se posent dans les siens.

Fondre.
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyVen 21 Nov 2008 - 19:33

Elle regarde sans comprendre la boite s’ouvrir.
Elle regarde l’aiguille, le fil, l’alcool.
Elle sent les effluves sortir du flacon et qui viennent réveiller ses narines.

Vous êtes dans un sale état. Vous laisser repartir face à celui qui vous a mise ainsi vous exposerait à pire, et je ne peux laisser cela arriver.

Elle relève la tête et le regarde un instant, ses yeux se plissant légèrement. Que sait-il ? Lui le silencieux, l’ombre derrière ce comptoir que beaucoup voient mais que peu regardent. Tout dans cette phrase laisse deviner qu’il sait tout. Qu’il sait qu’elle a un adversaire. Qu’il l’a frappé. Qu’elle doit retourner le voir coûte que coûte. Coïncidence heureuse ? Mots couverts pour lui faire comprendre qu’elle ne le trompe pas ? Le saut de cœur l’empêche d’entendre dans la dernière partie de la phrase cette petite teinte…

Enfin, vous voyez... Si la garde vous croisait, avec la boustiffaille, et voyait que je suis encore debout... Ou si vous ne reveniez pas...


Silence…

La rousse reste muette… il va l’aider. Elle croit avoir compris qu’il va l’aider. Oui…
Elle croyait qu’il avait oublié. Ce repas, au débotté, lorsqu’un peu perdue à son arrivée, elle l’avait invité à sa table. Elle n’avait pas osé vouloir son amitié. Ce sont des choses qui ne se demandent pas. Ce sont des choses qui arrivent, si elles le doivent. Il avait été si froid. Si dur. Et là, à cet instant, sous l’aspect glacé et brut du bois, elle retrouve le ton chaud de l’ébène qui résonne sous les battements d’un cœur qui semblait absent. Elle regarde le visage du grand tavernier qui a détourné les yeux pour s’occuper de verser généreusement de l’alcool sur un bout de tissu. Il l’approche de sa tempe et lui demande ne pas reculer malgré la douleur et de serrer les dents.

D’un coup, elle baisse sa garde. Elle ne lutte plus. Elle se laisse faire.
Une des mains de René vient lui soutenir le menton pendant que l’autre essuie son visage. L’alcool la brûle en passant sur ses chairs meurtries. Elle ferme les yeux, pendant que lentement la main de René passe et repasse sur ses traits, sur ses pommettes …
C’est la première fois depuis bien longtemps que quelqu’un s’occupe d’elle. Depuis une éternité. C’est la première fois que quelqu’un prend le temps de panser ses blessures. Pour la première fois depuis Raphaël, elle est la patiente. Plus celle qui soigne les douleurs. Celle qui s’oublie pour les autres, celle qui tait ses douleurs, celle qui s’efface. Celle qui se refuse ce qu’elle offre aux autres sans distinction de sa personne.
Elle se sent bien, si bien à cet instant. Malgré le mal, malgré la souffrance, la fatigue, les coups… la peur l’a quitté, sous les caresses du tissu et la chaleur de la main de René. Elle se laisse envahir par la morsure de l’alcool et la chaleur de la peau de son bienfaiteur. Elle laisse aller sa tête, lourde. Sa joue repose maintenant dans cette immense main.
Elle réouvre lentement les yeux et rencontre les yeux sombres de René qui a arrêté son geste en passant le linge sur ses lèvres…

Et elle sourit…

D’un sourire calme. De celui qui ne s’était pas dessiné sur ses lèvres pendant si longtemps. Un sourire sans masque, sans faux semblant. Sans barrière. Un sourire dessiné avec tout le soin et la beauté de la simplicité et de la sincérité.
Elle le regarde de ses grands yeux vert eau cernés de noir. Purs et sans nuage.


Merci…
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyDim 23 Nov 2008 - 15:04

Une mémoire défaille.

Et lui? Depuis combien de temps personne ne s'est occupé de lui? Depuis quand n'a-t-il pas eu quelqu'un sur qui se reposer?
Pourtant, il n'est pas chevalier. Il n'a pas prêté serment. Il n'a pas fait le choix de traverser, seul, les affres de la solitude, de la désillusion, de la moquerie et de l'absence de reconnaissance. On le lui a imposé, et ce dès la naissance. Il est noir. Il est différent. Qui cherche à voir plus loin? Qui se préoccupe de l'handicapé qu'il croise, le matin, de l'aveugle à sa table, du sourd derrière soi, dans la queue? Les gens sont ainsi. On ne se soucie pas de la différence.
On les classe à part. La prison, ils connaissent. Ils ne sont pas damnés. Ils ne sont pas bannis. On les isole, c'est plus commode. On les cloître, pour éviter de nous faire penser que nous pourrions être comme eux. Ils ne sont pas inférieurs. Pas diminués non plus. Juste différents. Et cela, par quel miracle? Celui d'un Être supérieur, que l'on présuppose sans même se poser de questions.
René voudrait la quitter, sa prison. Il voudrait rire, chanter, boire avec les autres. Sa peau l'en empêche. L'apparence, cette horreur subjective et abjecte, l'a catégorisée du mauvais côté de la ligne. Il le regrette, mais n'y peut rien. Comment pourrait-il le changer?
Il pourrait se décider à aider les autres. Mais il n'a pas l'altruisme désintéressé du chevalier. Lui, il voudrait être aimé. Et c'est d'autant plus dur de soigner quelqu'un, lorsque l'on sait qu'il n'y aura nul retour...

Il est triste, depuis longtemps. Sa vie passée à part, à l'écart des gens, lui pèse. Il voudrait changer. Mais n'ose pas. Toujours cette loi du guerrier.

Il n'est pas fondamentalement amoureux de cette chevelure rousse. Elle représente simplement une opportunité, qu'il pourrait choisir. Celle de ne plus être à part. Beaucoup ont déjà réalisés qu'il n'était pas sourd. Premier pas effectué, encore incertain.
Fera-t-il un pas vers elle? Et pourquoi faire? Ils sont opposés. Nulle chance de succès. Il s'y est fait. Les blanches, il connait. Quand une blanche va vers vous, il ne faut jamais espérer d'amour. Elle cherche l'extase, l'impression de l'ébène contre soi, l'envie de puissance, de magnétisme qui s'en dégage. Elle cherche une nuit, simplement. Il a déjà connu cela. Des bourgeoises qui viennent, qui repartent. Des couches de soie, caressées pour la nuit, des corps splendides, des bouches fabuleuses au rire gracile qui sembleraient presque faites pour vous. Des anges de satin et de pureté, vous touchant du bout du doigt, quand l'on vous a fait sentir pendant longtemps que vous n'étiez rien. Les gens se moquent des sentiments. Et surtout des siens. Il ne cherche plus. Il a eu trop mal. Il s'isole, dans sa tour d'ébène. Il ne voudrait plus être touché. Par personne. Personne ne devrait avoir le droit de le toucher. Le droit qu'il s'est donné sur Cerridween, il le regrette déjà.

Il souffre, le René. Cette tête, reposant dans sa main, heureuse, pleine de contentement, lui griffe l'esprit, avec une puissance horrible et terrifiante. Il voudrait hurler. Pleurer. Crier qu'ils arrêtent. Il ne peut pas. Pas avec elle. Il la soigne, tendrement, lentement.

Une fois que les plaies sont propres, il prend l'aiguille et le fil. Il se prépare à opérer.


Merci…

Temps, suspend ton vol. Et vous, mânes, faites en de même. Elle a dit "Merci". Et un simple merci. Venu du fond du coeur. Il le sent. Elle est sérieuse.
Depuis combien de temps, René, n'as-tu pas été remercié? Qui a été le dernier à te remercier, simplement, de qui tu étais, de ce que tu faisais? Tu es tavernier, René. Tu as réellement crû que les "merci" pour le manger, le boire, étaient pour toi? Qu'ils n'étaient pas convention? Tu as tant que ça voulu croire que tu n'étais pas seul? Que tu étais même remercié?

Pauvre René...

Il le revoit, le dernier. Castillon. Deux hampes dépassant d'une poitrine. Un rocher, à l'arrière de la mêlée. Une salade posée au sol, gigantesque, avec une francisque. Une salade à côté, minuscule, avec une vouge, de même rapport. Par le cul du Christ, et ce regard... Ce regard dont il se souvient, qui lui vrille l'esprit. Il n'en peut plus, de ce regard. Le regard de celui qui va mourir, et qui le sait.
Le regard d'un jeune garçon de 15 ans, enrôlé dans une compagnie d'ordonnance, pour rapporter de l'argent à sa famille. Comme tant d'autres. Lâché face aux gallois, et leurs 10 flèches à la minute. Comme tant d'autres. Le corps déchiqueté, lacéré par les Bodskins. Comme tant d'autres. Et deux mots, dépassant ses lèvres, sur lesquelles flotte une mèche de cheveux bruns:
" merci..." puis, juste avant le dernier souffle: "Maman... maman...".
Nul ne devrait pouvoir tuer des enfants.

Comme tant d'autres...

C'est ce souvenir qui revient, devant la chevelure de feu. La brume se lève, et redescend. Il se contient.
Tu as mal, René... Hein? Ca fait mal, de se sentir humain? Quelle est l'émotion la plus horrible? Le souvenir? La solitude? Ou le regret? Quel est ce qui te griffe le plus le coeur?

L'aiguille part. Il tient la tête, d'une main. De l'autre, l'aiguille cherche.


- " Tenez les bords de la plaie. Je... S'il vous... "

Il ne finit pas. Blancheur de perle, face à noir d'ébène. Unis sur un seul aspect. Une blessure, rouge sang, dégoûtante de sang contenu, expulsé à veau l'eau.
L'une est à l'arcade. L'autre est au coeur. Et qui, entre les deux vis à vis, a la blessure la plus profonde, emportant le plus de miasmes sur son passage?


A lire sur ça
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyDim 23 Nov 2008 - 19:06

Tenez les bords de la plaie. Je... S'il vous...

La rousse sort de sa contemplation…
Elle s’est abandonnée. Un peu trop ? Pas assez ?
Là dans une enveloppe de chair noire… ironie… le noir, les ténèbres, la nuit…elle a toujours était faite pour cela. Du plus loin qu’elle se rappelle, elle a toujours était fidèle à son rôle d’ombre. Son ombre. Elle n’en est jamais sortie, même à sa mort. Elle y est restée. Elle y œuvre, elle s’y enfonce. Elle s'ancre, sable de pied en cap, jusqu’au bout des doigts dans l’opacité. Malgré sa chevelure feu, elle n’a jamais brillé. Elle n’a jamais osé demander la lumière.
Et pourtant c’est là, dans la pénombre d’une taverne, au creux de la main de René, que le masque lisse et sans trait qu’elle porte vient de tomber sur le sol. Elle n’a pas quitté l’ombre, non, mais elle a droit à une aurore, un clair-obscur, un moment de répit. Un moment de calme, de celui qui, avant le jour, plane sur la terre.
Lâcher prise…
Etre loin…
Poser sa tête dans une main sans attendre rien d’autre. Juste souffler. Sentir. Laisser faire. Laisser couler l’eau sous les ponts sans se battre contre le courant. Se laisser porter. Oublier de se battre. Oublier de lutter. Juste une minute. Juste une seconde.
Couler…
Couler dans la douceur et le soin même fictifs, même rêvés. S’enfoncer dans les flots. Se laisser caresser par le contact de l’onde. Ne plus rien écouter que les bruits du dehors assourdis par l’eau. Se recroqueviller dans sa bulle. A l’abri du monde et de ses fracas, des maux et de l’inquiétude. Refouler volontairement tout ce qui la traverse. Fermer les yeux. Oublier.

Les mots du tavernier viennent de faire éclater cette bulle si suave dans laquelle elle était entrée. Soupir. Soupir ténu qui s’échappe des lèvres qui s’entrouvrent. La rousse se redresse, laissant la chaleur à l’intérieur de la paume de René. Frisson. Retour au frimas de sa place, de son rang. Retour de la taverne dont les contours s'étaient effacés. Retour à la nuit bien présente. Retour au froid de novembre. Shadow. Elle n’aura pas pour autant la force de ramasser son masque qui gît à terre. Elle veut encore un peu de vent de liberté sur sa peau. Encore. Juste un peu. Elle le reprendra bien assez tôt pour replonger dans les bas fonds de la forteresse et affronter la fureur. Elle redeviendra la guerrière au cœur semblant forgé dans la pierre et qui pourtant, à l’intérieur de son enveloppe d’acier, tombe en poussière au moindre coup de vent.


Tenez les bords de la plaie. Je... S'il vous...

Faible sourire comme une excuse. Elle passe ses mains de part et d’autres de la plaie, gagnant sur ses doigts un peu de sang vicié et de pue, avant de trouver les bords des lèvres de sa blessure et de les rapprocher se mordant la joue. Le tavernier commence son travail de couture dans le silence. Point par point. Le fil se dévide lentement sur la tempe de la rousse qui ne scille pas. Ce n’est pas qu’elle n’a pas mal. Mais de la douleur sur des blessures, quelle différence… on s’habitue, on serre les dents, on attend que la tempête passe, car on guérit. De celles là, on guérit…
Comme tu voudrais pouvoir en dire autant pour toutes, Pivoine…
Pendant que l’aiguille s’enfonce dans ses chairs, la rousse cherche une échappatoire à sa douleur et à ses tourments. Ses yeux viennent se visser au comptoir le temps que René finisse son ouvrage au point de croix. La petite boite revient s’offrir à sa vue. Peintures sous jacente sur le couvercle relevé… phénix, or et azur… outils ciselés avec soin. René n’est pas noble ou chevalier. Le tavernier n’est pas non plus l’archétype du chirurgien. D’où vient cette boite armoriée dont l’animal qui la pare aussi mythique que la Licorne, respire le mystère. Depuis qu’il l’a ouverte, cette boite de Pandore laisse s’envoler bien des questions. René… René… que cache-tu derrière ta grande carrure ? Que caches-tu derrière tes silences ?
Qui es-tu ?
Elle se rend compte à cet instant la rousse de l’étendue de l’énigme qui se tient devant elle. Matérialisées dans ce simple assemblage de bois, de métal, de rivets, soulignés par la peinture, ses intuitions viennent de se révéler. Des intuitions qui, latentes, étaient venues dès leur première rencontre au coin de ses yeux, souligner les traits de René comme on lit une langue inconnue.


Cette boite…

Retour des yeux verts qui se plissent sous l’effet d’un coup d’aiguille un peu plus douloureux que les autres vers ceux, sombres, du tavernier qui sont concentrés sur son ouvrage, pendant que se formulent, murmures du bout des lèvres, les questions...

Qui vous l’a donnée…
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyLun 24 Nov 2008 - 22:28

La bulle s'est crevée. Deux poissons, se vidant de leur sang, libérés d'une bulle d'air où ils pouvaient agoniser en paix. Ils retrouvent le temps, puissance motrice si insatiable, et les limites fractionnées de leur univers cartésien et cartésé, confinés dans les limites de corps qui, un instant, leur avaient permis un éphémère contact, d'esprit à esprit. Efrits éthérés, gazs délétères et changeants, ka suprême et illogique de la conscience humaine. Lui aussi réintègre sa carcasse, et l'instant présent. Il est à nouveau sur ce tabouret en bois grossier, dont les noeuds lui rentrent dans les fesses. Il est à nouveau dans ce froid de la taverne chauffée seulement par les restes d'une fournée de pain, dans le four, et par leurs souffles. Il est à nouveau conscient de ses doigts qui agissent, de sa réflexion galopante, et de son coeur douloureux. Après si peu de temps d'échappatoire, il ne s'en était même pas rendu compte. C'en était presque rageant... Cesser de souffrir, et ne s'en rendre même pas compte.
Mais la douleur est souvent ainsi. Elle est douleur par ce qu'elle nous prend au coeur, au moment où on le voudrait le moins, et dans les circonstances que l'on voudrait éviter.

Il la regarde. Il regarde ce sourire. Il regarde cet esprit, ce bel esprit qu'il a effleuré du doigt. Il est presque heureux de ce moment, mais ne peut encore pas le savourer. Pour cela, il doit terminer ce qu'il a commencé. Et s'agite l'aiguille, et volète le fil, dans ces éléments normands pétrifiés, dans ce temps froid figé impérieusement, et dans cette citadelle endormie. Et cousent les mains, et s'agitent les yeux, dans les écrins confinés de nos deux protagonistes noctambules.


Cette boite…

Qui vous l’a donnée…


Il ne répond pas. La question est logique. Et en ces lieux, il savait bien qu'elle se poserait un jour. Il sait que cette boîte est entre autres ce qui l'a poussé à venir ici. Espoirs d'un remerciement, espoirs d'un au revoir, aussi...
Il respire profondément, quelques instants, s'affairant à l'aiguille, se donnant une contenance et un élément de réponse. Puis la voix s'élève, lente, grave.


- " Quelqu'un qui m'a un jour sauvé la vie. Il m'a dit que cela m'aiderait à sauver la mienne, et d'autres du même pied. Il avait bien raison... "

Il n'ajoute rien. Il continue son ouvrage. Paisible. Simple et éphémère morceau de charbon dans cet antre d'une bête mythique...
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyMar 25 Nov 2008 - 12:48

Silence…
La poitrine de René se soulève sous le tissu de sa chemise. La rousse sent le souffle de sa respiration sur son visage. Une respiration profonde qui emplit sa cage thoracique de géant et vient faire voleter, comme un vent d’automne, les quelques mèches qui s’attardent sur ses tempes. Elle est un peu plus appuyée, un peu plus forcée, cette respiration dont les vagues tièdes, piquetant son épiderme par flux et reflux, viennent soulever d’autres questions. Il ne répond pas. Il continue lentement à passer l’aiguille. Les yeux de la rousse l’observent à la dérobée entre deux passages de mains et de fil. Les yeux rivés sur son ouvrage, le géant d’ébène semble chercher quelque chose dans ses chairs. Un moment de réflexion, un moment de répit. La rousse se crispe. Elle a posé une question qui dérange – une question qui fait mal ?- et qui reste en suspens dans l’air froid de la taverne. Elle se voit dans ce regard qui cherche une échappatoire, dans cette posture d’attente, dans ces sentiments maîtrisés, comme les fois où un de ses frères d’armes cherchait à soulever un pan de son passé. Elle sait le temps qu’il faut pour se reprendre. Elle sait la difficulté de cacher ses sentiments. Elle connaît cette crispation presque quotidienne qui lui prend les entrailles, le cœur, le corps. Quand on lui demande poliment si elle a de la famille. Si elle est mariée. Quand elle rencontre au détour d’une phrase le visage aux yeux d’acier de son frère disparu. Quand elle revoit la chevelure blonde d’un duc brandissant un ruban rouge lorsqu’on lui parle de joutes. Quand apparaît dans ses armes, l’espace vide de la licorne de Léard. Quand elle entend le rire d’un enfant dans les rues, écho du sien, qu’elle n’a pas revu depuis si longtemps. Quand à chaque instant depuis quelques heures, les pierres de Ryes lui rappellent, susurrant mesquinement, conscience minérale, qu’il est en bas et qu’il lutte. Seul.
Elle ne dit rien la rousse suspendue au souffle de René. Elle n’ose pas. Même pour lui dire que sa curiosité n’est pas à satisfaire, s’il ne le veut pas. Qu’elle sait les blessures indicibles, les secrets inexprimables, les mots qui vrillent la langue à peine passé les cordes vocales qui grincent, éraflées par les syllabes. Qu’elle respecte son silence. Qu’elle respecte sa vie passée. Puisqu’elle a, à l’intérieur, le cœur aussi noirci que sa peau d’ébène. Par les secrets, les non dits, le sang des plaies internes. Une vie de silence et de maux qui ont laissé une épaisse couche de fange, gluante et ineffaçable.

Sa voix vient percer le silence… gutturale.


Quelqu'un qui m'a un jour sauvé la vie. Il m'a dit que cela m'aiderait à sauver la mienne, et d'autres du même pied. Il avait bien raison...

Elle sourit faiblement la rousse. Il n’y a pas de questions indiscrètes, Pivoine, seules les réponses le sont.
Ellipse.
Ellipse… il a répondu oui. Mais il laisse encore suspendus, les mystères encore dissimulés par les voiles multiples qui l’entourent. Derrières les tissus opaques de son passé, il vient juste de matérialiser une silhouette. Une silhouette d’homme. Un noble. Instruit des soins. Instruits des blessures. Altruiste. Puisqu’il l’a sauvé. Lui. Celui qu' ici peu regarde.
Elle n’en demandera pas plus puisqu’il le veut dissimuler. Mais dans sa tête, une pensée furtive lui susurre qu’un héraut pourrait lui dire ce nom que René ne veut pas prononcer. Un jour peut-être… elle demanderait. Quand la tempête de sa vie se serrait calmée. Si un jour elle se calme. Il existe des mers dont les flots ne sont jamais en repos…


Il était donc aussi noble de cœur…

Silence encore…
René fait un dernier point et à l’aide d’un couteau coupe le fil restant. La rousse passe lentement les doigts sur la plaie recousue. Elle sent les légères boursouflures, les accidents dans le cratère. Mais le travail est bien fait. Drôlement bien fait. Ces points sont serrés, réguliers. Il n’est pas débutant. Il l’a déjà fait. Il n’y a pas de chance du débutant lorsqu’on recoud les chairs…
Petit indice. Maigre indice. Mais indice tout de même.


Si j’ai pénurie de main d’œuvre à l’infirmerie, je saurai où venir trouver du renfort…

René ne dit rien rangeant les instruments de ses soins dans la petite boite qui se referme, renfermant les questions en suspens dans les armoiries qui la regardent… toujours aussi intrigantes. La rousse se relève de son tabouret.
Silence.
Elle est là devant lui. Et elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Ce qu’elle doit dire. Ce qu’elle doit faire. S’il va la laisser partir. Il faut qu’elle parte. Il faut qu’elle revienne avec de l’eau et du pain. Une couverture. Il faut qu’elle veille. Il faut qu’elle voit. Mais elle n’est pas en position de demander quoi que ce soit la rouquine. Aucunement. Elle est ici fugitive, hors la loi. Il a déjà était bien aimable de la soigner et de ne poser aucune question. Peut-être est-ce le temps d’ailleurs… peut-être va-t-il vouloir savoir. Les yeux baissés pour ne pas rencontrer les siens, elle attend encore une fois. La suite.


Et maintenant…


C’est une question… une demande… une supplique… tout à la fois dans ces deux mots.
Et maintenant René que vas-tu faire de moi.
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyJeu 27 Nov 2008 - 17:17

Le René a en fait peu réfléchi, en fait. Il a un peu de conscience altruiste, enfouie dans sa caboche, a peu réfléchi, mais a saisi ce qu'il devait faire.

- " Et maintenant... Attendez-moi. "

Ceci étant dit, le René se retourne encore, et prend sa place derrière son comptoir. Il prend un sac de blé vide, assez profond pour ce qu'il veut faire, qu'il prend sous le comptoir, là où négligeamment il l'a rangé. Il l'entrouvre, et y met deux miches de pain. Il est frais, il l'a fait hier au soir. Ou bien tout à l'heure, question de point de vue. La miche est brune, la mie noire, pain de seigle lié de sarrasin. Avec un peu de farine de châtaigne. Truffé de raisins secs, de noix et d'abricots séchés. Un pain de roy. L'un de ceux qu'il aurait servi au monarque s'il s'était trouvé à Ryes. Un pain qui plait au palais, et aux hommes en général.

Un pain qui serait peut être judicieux pour aider quelqu'un à le rester, humain...

Il ne sait pas. Evidemment. Il n'a pas réfléchi, tudieu! Mais il intuite. Et il intuite bien, le René. Il sent. Il sent ce qu'il doit faire.

Il prend dans les garde-mangers, au jugé. Une roue de fromage, complète. De vache, en l'occurence. Le fromage de chèvre est rare, en ces lieux. Il en met tout de même un, qu'il enrobe dans un tissu. Viennent s'y ajouter quelques fruits, une large pièce de viande fumée, une bouteille de calva et une de goutte, eau-de-vie de prune pure, d'une grande chaleur. Pas de verres. Il sent qu'il n'y en a pas besoin. Pas un pique-nique.

Il le fait pour elle, tout ça. Pour ça que la boustifaille n'est pas pour les croquants. Il veut faire plaisir.
Le sac comblé, il le met sur le comptoir, remonte dans sa "chambre", à proximité du bois pour le feu, remisé là. Et des sacs de blé. Donc des rats, l'hiver. L'époque arrive où il ira appâter les matous du coin pour venir traquer les rongeurs dans les greniers. Mais pas encore... Aussi n'y-a-t-il aucun chat là-haut quand il monte. Il se saisit de deux couvertures, larges et lourdes, qu'il jette négligeamment sur son épaule. Viennent s'y ajouter, dans la main libre, deux ou trois torches. Un autre aller-retour le fait redescendre avec allumes-feus. Le tout mit dans le profond sac à blé, qu'il jette sur son épaule, les deux couvertures sur l'opposée, il se tourne à nouveau vers l'errante.


- " Après vous, chevalier. "

Il l'incitait ainsi à lui ouvrir la route, pour qu'il puisse la suivre. Il ne tenait pas à la laisser seule face à ce qui l'avait mis dans pareil état, et exigeait qu'elle reparaisse devant lui.
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MessageSujet: Re: Fortuna nocturnae   Fortuna nocturnae EmptyJeu 27 Nov 2008 - 18:49

Elle reste figée la rouquine.
La sanction ne tombe toujours pas. Pas d’appel au Capitaine, pas d’appel aux valeurs chevaleresques, pas de remontrances sur son rang, pas de paroles violentes de récrimination sur la confiance entre frères de bannière et d’arme, pas de promesse de suite. Rien que deux mots qui résonnent étrangement à ses oreilles.

Attendez-moi.

La rousse relève un regard interrogateur vers René qui déjà, a traîné sa grande carcasse derrière le comptoir sans un regard. Un grand sac jaillit de sous le comptoir et commence à engloutir dans sa gueule ouverte, nourri par la large main de René, toutes sortes de denrées comestibles. Pain, fromage, viande, fruits, deux bouteilles… de quoi nourrir un homme pour plusieurs jours, sans le priver. Un repas plus que copieux de surcroît. Ce ne sont pas là du gruau sans saveur ou la simple miche entamée qui reste confinée dans sa besace. L’interrogation grandit. Il sait… il sait… Comment ? Ce n’est pas possible de ne pas savoir ce qu’elle cache lorsqu’elle voit la précision méthodique, presque machiavélique avec laquelle René remplit son sac. Un nœud vient de serrer sa gorge, comme une corde autour de son cou. Pourquoi cette impression de panique et de se sentir piégée comme un rat ?
Allons, Pivoine, allons… tu ne crois pas que ton joli derrière serait déjà posé sur la chaise du bureau du Capitaine à cette heure ci s’il voulait te nuire ? Cela lui serait si facile… de te prendre sous son bras, de t’amener avec perte et fracas devant le Loup qui, à la fin de ton histoire, de tes aveux, te mangerait toute crue. Ou avec des échalotes…. Cela va si bien avec la viande saignante Pivoine, avec toi, bien déchiquetée par ton passé et tes engagements que tu continues à prendre. Torturée par tes silences. Tu souffres… parce que tu le veux bien…
Pas cet argument. Pas celui là. Balancé à sa figure comme on balance un cadavre aux charognards par sa suzeraine. La rousse secoue sa tête, parcourue de frissons. Elle est en train de se perdre, dans ses voix intérieures qui viennent lui susurrer à l’oreille de sa conscience. Il faut qu’elle agisse. Il faut qu’elle se repose. Il faut…

Elle sursaute.
Le sac vient de se poser bruyamment sur le comptoir. René a finit sa besogne et monte encore une fois à l’étage. Elle attend, entre crainte et espoir. La peur qu’il sache se mêle à la certitude qu’il ne dit rien, à l’espérance qu’elle se trompe et qu’il ne reculera pas devant la porte des cellules. Elle a une envie irrépressible de s’enfuir, instinct primaire de survie devant le danger que le tavernier peut représenter, alors que ses pieds restent vissés au sol par le fait qu’il est sa seule ressource.
Attente bien trop longue pour son esprit torturé, achevé par le retour de la silhouette noire armée de deux couvertures. L’équipement de René se parfait du sac jeté comme une plume sur son épaule.


Après vous, chevalier.

La rousse lentement se déplace vers les deux bougies qu’elle éteint une à une d’un souffle. Elle s’arrête un instant, le temps que ses yeux s’habituent à l’obscurité qui reprend ses droits. Elle se dirige prudemment vers la porte et rabat le capuchon de son mantel sur sa tête. Elle respire longuement. Elle remet son masque d’acier sur son visage, lentement. Elle redevient pierre et glace, remparts extérieurs, remparts de survie.

Suivez moi en enfer, puisque c’est votre désir. Nous allons dans les cellules… en silence et en secret.


Sans ajouter autres mots, qui seraient bien inutiles, la rousse entrouvre la porte de la taverne qui souffle d’un coup un vent glacé sur son visage. Elle regarde un instant si la voie est libre. Rien en vue. Un dernier regard vers l’ombre gigantesque qui se dessine difficilement dans la noirceur du lieu. Et elle s’engouffre au dehors.
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