L'approche d'Enguerrand d'Avencourt

Un jeune garçon portant une tunique couleur or frappée d'un léopard azur se détacha du groupe de cavaliers quand un garde s'approcha au devant d'eux. L'homme fut d'abord surpris de voir son interlocuteur mais celui-ci pris directement la parole.

Bien le bonjour à vous. Je suis Enguerrand d'Avencourt, Vicomte de Maubec en Lyonnois et Dauphinois. Je viens icilieu afin de rejoindre les fiers chevaliers de la Licorne en qualité d'homme d'armes... du moins c'est ce qu'indique la missive que j'ai reçu aujourd'hui mesme de vostre Capitaine.

Charles avait entendu la question de son frère...

Zarh tu me poses une colle ! Tu crois qu'on peut lui demander cela ?
Amon avis il n'a pas plus de onze printemps

L'écuyer se tourne vers l'arrrivant...

Bien on fait le nécessaire concernant votre arrivée...
Avez vous fait bonne route ?
Suis je trop curieux si je vous demande votre age ?

Charles engageait la conversation pour que l'attente soit moins longue...

Enguerrand attendit patiemment que la herse ne se lève sur son passage quand il fut sorti de ses pensées par l'intervention du garde. Bien entendu, il s'attendait à la question mais il ne pouvait s'empêcher d'en être offensé. Il répondit prestement sans prendre la peine de peser ses mots :

Sachez, mon cher sieur, que je suis en âge de commencer mon éducation militaire. Certes, je ne serais pas d'une grande utilité pour guerroyer au coeur de la bataille pour le moment, c'est la raison pour laquelle j'avais espéré devenir escuyer auprès d'un chevalier afin d'apprendre à devenir moi-même un bon guerrier par la suite et être digne des titres et du rang dont j'ai hérité. Toutefois le haut conseil en a décidé autrement et je le respecte.

Il fit une pause, prenant conscience qu'il avait certainement été un peu trop dur avec le pauvre garde qui ne lui voulait pas à mal.

De plus, je n'ai vu aucune exigence d'un âge minimum dans les textes de l'Ordre. Je désire simplement respecter les dernières volontés de mon père, servir mon Roy dans le respect des valeurs chevaleresques que les chevaliers de la Licorne incarnent à mes yeux.

Devant la mine de l'homme devant lui, le jeune garçon devient rouge et repris de façon calme et posée :

Veuillez m'excuser, je sais que vous ne faites là que votre travail et que vous avez des ordres. Vous étiez en droit d'avoir réponse. Je me suis laissé emporter mais mon intégration au sein de l'ordre de la Licorne me tient tellement à coeur que je n'accepterai pas de me voir retirer l'autorisation que j'ai déjà obtenu.

***
HRP: Au Moyen-Age, la formation d'un fils de noble auprès d'un chevalier commence à partir de ses 6-7 ans et dure jusqu'à ses 17 ans.

Le Capitaine n’a pas encore quitté son bureau que le cornet commence à nouveau à ronronner. On y perçoit comme un souffle. Heureusement – pense t’il – que l’on est pas en Oc et que la tramontane ne s’engouffre pas dans ce fichu appareil, cela serait invivable.
Puis c’est la voix de Zarhroc qui émerge déformée, presque métallique.
Il annonce l’arrivée d’un homme d’armes du nom d’Enguerrand et stipule ne pas avoir de laissez passer à ce nom.

Cré d’une palourde – pense le Capitaine – m’ont désigné une équipe de bras cassés là-haut ou bien ? Tout d’même pas bien compliqué de trouver un laissez passer…

S’approche alors du cornet et s’adresse à Zarhroc sans que sa voix ne laisse trahir de son début d’agacement.

Bouges pas Zarhroc, je vérifie de mon côté.
Mais dis moi, t’as bien regardé au moins j’espère ? Parce que moi j’ai bien d’autres choses à faire que de n’effectuer votre travail…

Retourne à son bureau et débute ses recherches.

Alors, Homme d’armes qu’il m’a dit… Hum, pas dans c’tas là… Erf, zut, c’est pourtant le bon tas ?

Les parchemins sont nombreux sur le bureau du Chevalier, strictement alignés et empilés par types. Là les candidatures en cours, ici celles refusées, par là celles de ceux acceptés organisées également en tas distincts : HA et Ecuyers.
Et, dans cette parfaite organisation, pas de trace d’un homme d’armes répondant au nom d’Enguerrand…

Dis moi, il n’a pas un autre nom ton zigomard là-haut ?

D'Avencourt... Enguerrand d'Avencourt...

Se remémore les précédentes paroles du Frère Zarhroc : Je vous signale l'arrivée du jeune Enguerrand, en tant qu'homme d'armes.

Un large sourire se dessine alors sur le visage, à l'habitude bien peu souriant, du Capitaine. Mais ici au moins personne n'en sera le témoin. La solitude et la protection des sous-sols en lesquels se situe son bureau sont les meilleurs des remparts à cela.

Zarhroc ? T'es toujours là ? C'est un mouflet, c'est bien ça ? Pas plus d'une dizaine d'années ce me semble ?
Parce que si c'est bien lui, Enguerrand d'Avencourt, jeune Vicomte de Maubec, ce n'est point en tant qu’homme d'armes que nous l'attendons ici.

Ce marmot doit encore éprouver quelques soucis de lecture, ou bien alors sa nourrice l'aura lu en ses lieux et place et se sera fourvoyée - pense le Chevalier.

Fais donc entrer ce minot, hum, hem, euh, ... le jeune Vicomte.

Encore quelques minutes d'attente. Zarhroc regarda en-dehors Charles avec le jeune D'Avencourt. Ils patientaient gentiment. Le Gascon approcha sans trop s'en rendre compte le cornet de son oreille, avant de faire un bon de un mètre en arrière, le capitaine venaut de parler...

Citation :

Zarhroc ? T'es toujours là ? C'est un mouflet, c'est bien ça ? Pas plus d'une dizaine d'années ce me semble ?
Parce que si c'est bien lui, Enguerrand d'Avencourt, jeune Vicomte de Maubec, ce n'est point en tant qu’homme d'armes que nous l'attendons ici.

Oui c'est ça, un jeune garçon... Je fais quoi alors ?

Citation :

Fais donc entrer ce minot, hum, hem, euh, ... le jeune Vicomte.

Très bien !

Sans attendre, Zar' rangea un cornet pour en prendre un autre :

Vous pouvez monter la herse !

Deux trois secondes plus tard, la herse se levait dans un grand fracas habituel.
Zarhroc, après avoir crié à Charles de faire entrer le blondinet, (Charles ! C'est bon, qu'il entre ! Mais sans son escorte, hein !)il s'assit et rédigea un laissez passer pour Enguerrand d'Avencourt, Vicomte de Maubec... Puis attendit que le garçon s'approche du poste de garde.

Enguerrand était soulagé, ainsi donc son adhésion au sein de l'Ordre n'était pas remise en cause par les discutions des membres, il avait eu peur l'espace d'un instant en entendant qu'il y avait un possible problème à propos de son nom et même de son grade. La herse se leva, levant enfin tout doute.

Lorsque Zarhroc lui tendit le sésame tant attendu, le jeune Vicomte resta suspendu dans ses pensées. "P'tit frère", voilà une expression qui sonnait bizarrement dans son esprit, lui qui n'avait pas connu son père et si peu sa mère occupée par sa charge de Gouverneur du Lyonnais et Dauphiné, il retrouvait là une nouvelle famille, et même si cela lui semblait étrange, il en ressentait un énorme joie.

Je te remercie... mon frère... pour ta patience et ton aide. Je suis désolé si je t'ai paru offensant dans mes propos, tu ne faisais que suivre des ordres et me poser une question à laquelle tu avais droit de réponse.

Son sourire laissa alors place à une mine plutôt gênée, et après une respiration, le garçon poursuivit :

Je sais que j'abuse en te demandant cela, mais j'ai cru entendre le Capitaine dire que je n'étais point attendu en tant qu'homme d'armes, me serais-je trompé ? J'ai pourtant un papier signé de sa main même qui va en ce sens... J'espère qu'il n'y a pas de problème...

Enguerrand resta un peu perplexe, sa situation avait fait débat et peut être même posait-elle un problème dans l'organisation de l'Ordre. Retrouvant le sourire, il prit le chemin le menant dans la forteresse.

Bien, je demanderai des précisions au Capitaine alors. En tout cas, merci mon frère, j'espère te revoir bientôt.