[RP] Recherche....

Le vent soufflait sur ses longs cheveux bruns. Cet humide et salé vent de Normandie. Ce vent qui depuis des années couvrait Ryes de cette si particulière atmosphère, de cette odeur si typique. Cette odeur qui vous prenait dès que vous approchiez de la forteresse normande. Cette odeur qui vous acceuillait, comme celle du repas cuisant à la broche vous accueillait au foyer, jamais il n'aurait pu s'en lasser. S'en imprégner lors de longues promenades, seul, ce qu'il aimait le faire. Isolé sous les caprices d'Eole, il pouvait se reposer, mettre une pause à sa vie de chevauchées et de combats, penser à lui-même, à sa vie, à son futur.

C'est ce qu'il était occupé à faire, aujourd'hui, respirant à pleins poumons, souriant et marchant d'un bon pas, seul.

Mais seul, il ne devait le rester longtemps aujourd'hui. En effet, face à lui, une silhouette familière, disparue de Ryes depuis des semaines, se dessinait clairement. Aussi Guillaume, cessant son avancée, le salua: "Le bonjour, frère Semnos. Cela fait bien longtemps que nous ne nous sommes vus. C'est un grand plaisir que de vous retrouver ici."

Voyant arriver l'homme qu'il cherchait, Semnos s'était redressé, ses pensées figée à l'instant ou leur regards se croisèrent.
Il s'arrêta face au Grand maistre pour le saluer, enfin.

Bonjour à vous. Le plaisir est pour moi car il y a bien trop longtemps que je n'ai pu revenir en ces lieux.
Sa voix mourut alors qu'une ombre passait sur son visage...

A ce propos, il me semble que vous avez du recevoir les missives que je vous ait faite parvenir. Je préfère en venir de suite à cela, puisque mes pensées ne pourront s'en libérer avant d'avoir votre avis, ou votre sentence...
Finit il en fermant une seconde les yeux, respirant à fond avant de regarder de nouveau l'homme qui lui faisait face.

Au fait, il en était directement venu au fait, évitant les salamalecs et autres circonvolutions locutoires que tant d'autres appréciaient. Et à dire vrai, cela arrangeait le Flamand, lassé de devoir discourir sans cesse pour obtenir de bien maigres résultats. Il avait pris goût au beau langage, certes, mais de là à dire qu'il en raffolait en compagnie d'hommes d'action il y avait un pas qu'il était bien loin de vouloir franchir.

Aussi fut-ce d'un franc sourire qu'il répondit: "En effet, j'ai bien reçu vos lettres. Et n'y ai répondu que lorsqu'elle le nécessitait, aussi. Car je ne voulais donner de définitif avis avant que de vous revoir. Mais asseyons-nous, voulez-vous?" finit-il en se posant au pied du Vif.

Et, sans lui laisser le temps de répondre, il enchaîna: "Car en effet, vous pensez vous trouver en délicate position, celle d'avoir abandonné vos frères pour votre seul confort. Est-ce bien cela que vous pensez?"

Un légers sourire faillit échapper à l'écuyer alors que le grand maistre s'asseyait dans l'herbe face à lui.
Il acquiesça de la tête avant de se pencher pour s'assoir à son tour lorsque son interlocuteur continua...
Il marqua une brève pause dans son mouvement, ses muscles se crispant par instinct plus que par peur. ce stade étant passé depuis longtemps. Cependant les raisons qui lui avaient fait tenir le lit pendant plus d'un long moi se rappelèrent immédiatement à son bon souvenir, et pour masquer cela il se laissé choir sur le sol, tentant tant bien que mal de masquer cela en une simple descente.
Une pensée lui traversa l'esprit, lui faisant froncer les sourcil un bref instant alors qu'il relevait la tête : "N'était il pas en train de sous estimer cet homme assis face à lui..." Mais elle s'effaça aussitôt, il ne voulait pas parraitre avec un quelconque désavantage devant un jugement qu'il attendait depuis maintenant trop longtemps.

Regardant le Flamand il respira profondément en repliant ses jambes en tailleur, plaçant les poignets sur ses genoux

C'est en effet une pensée qui m'est apparut. Je n'en ai pas fait grand secret dans ma dernière missive dailleurs.
Surtout, j'ai faillit alors que mes frères se battaient car je n'ai pu m'élever contre ma terre... ensuite ... Il marqua un silence, son cœur battant à ses oreilles et sa gorge semblant s'assécher. ensuite, malgres la Licorne qui orne encore ma cape... le symbole de ma place ici même m'a été enlevé en signe de ma faiblesse et certainement détruit depuis pour ce que j'ai pu en apprendre, comme je vous l'ai fait savoir.

Les paroles sentaient l'honnêteté, de celle que Guillaume avait cru discerner depuis qu'il avait intronisé l'Artésien écuyer. Vif, certes, il l'avait été à dire son serment avant que cela ne lui fut demandé. Et vif à faire savoir ses (més)aventures nordistes, il l'avait été également. Son surnom semblait lui convenir, et cela fit sourire le Flamand.

C'est d'ailleurs son amical sourire aux lèvres qu'il reprit l'initiative de la conversation, comme il avait pris l'initiative de cesser là leurs déambulations.

- Je te comprends, en effet. Il est difficile de se lever contre la terre qui vous a hébergé, nourri et vu grandir, quelque soit ses actions. Et encore plus lorsque la jeunesse vous compte encore en ses rangs. Cela fait peu de temps que vous êtes devenu écuyer, et déjà ce cruel choix, que tous n'ont pas su opérer, pensée fugace vers les anciens Licorneux défendant maintenant l'hermine, s'est imposé à vous...

Un instant de silence, avant que de poursuivre.

"Alors, certes, je pourrais me facher, critiquer votre peur, votre lâcheté. Mais ce serait inutile, et de plus, infondé. Vous avez agi, sans chercher de fallacieuses excuses, et vous n'avez pas fui, en revenant me trouver lorsque cela vos fut possible... Aussi, je crois que mon rôle est bien simple en cette affaire. Si vous pouvez me jurer que dorénavant l'Artois ne vous empêchera pas, pas plus que quoi que ce soit d'autre, d'observer votre serment, je serais heureux d'accueillir à nouveau devant moi Semnos le Vif, écuyer de la Licorne..."

Semnos le regardais alors qu'il parlait, un voile distant voilant un peu sn regard alors que certaines images revenaient d'elles même, et il devait se retenir et se concentrer pour ne pas s'y abandonner et grimacer.

Il se focalisa sur les propos du grand maistre, ne sachant même plus ce qui, de la gratitude ou de l'incompréhension, prenait le pas sur son être...
Il faillit parler alors qu'un moment de silence s'installait, mais se retint alors que sur les mots de son interlocuteur il revit les quelques secondes fatidiques ou il s'était retrouvé rattrapé par l'armée Rousse, revoyant les dernières secondes avant qu'il ne plonge dans le néant... dernière image de son imposante arme... avec une moue. Sa main glissa inconsciemment vers sa poitrine où il devait rester une des nombreuses marques que le temps n'effacerait peut être pas...

La voix du flamand le ramena au moment présent et il se reconcentra aussitôt sur ses paroles, celles qu'il attendaient et craignaient depuis déjà quelques temps... mais fronça les sourcils au fur et à mesure.

Ces paroles me touchent profondément, vous devez vous en douter *dit il lentement en réponse* et .... bien que l'Artois soit ma terre, ce sont les lames artésienne que j'ai connu pour porter la Licorne sans me cacher...
Mon choix est simple en cette affaire, car mon serment je n'y renoncerais pas, pas tant que vous accepterez de me compter dans vos rangs.
J'aimerais pour ne plus faillir, parler un peu avec vous, bientot je l'espere. Je n'ai pas compris en mon cœur l'intérêt de tant de troubles aussi cela tourmente t'il encore mon cœur.

Pour le moment présent, reprit il après une très légère pause, se relevant pour placer un genoux à terre en face du grand maistre, il me reste une chose dont vous ne m'avez parlez et qui il me semble n'est pas des moindres. Vous m'aviez dit que ma lame serait le symbole de mon appartenance à la licorne... et vous savez que celle ci n'est plus, comme je vous l'ai annoncé. Sur ce il sortit de sous sa cape un morceau de cuir durcit d'à peu près une demi paume, reste flagrant du fourreau de l'imposante lame de l'espadon. Une petite licorne coupée en deux en ornait encore l'ourlet où avait du s'appuyer la lame au repos.
Une partie de ma vie d'homme et d'artésien est morte avec cette lame. Il releva son regard pour regarder le grand maistre. Qu'en est il alors de ma vie d'ecuyer ?

L'Artésien lui faisait maintenant face, un genoux à terre. L'instant n'était plus à la discussion de deux frères, mais aux derniers jugements du Grand Maistre pour l'écuyer. Paroles qui engageraient à nouveau leur vie, et qui définiraient leurs futures relations.

Maladresse, ironie, imprécision, fatigue, tant de choses pouvaient causer la fin de cette discussion qu'il fallait redoubler de prudence en choisissant ses mots, et ses actes. Le visage du Flamand mua donc, en son masque sérieux qui lui est si coutumier. Lèvres légérements entr'ouvertes, regard profond, le chevalier est désormais debout. Ses mains viennent se poser sur celles de l'écuyer, et les refermer sur le reste de cuir.

- Frère, soignez votre coeur, pensez à vos actes et à ceux des autres. Et revenez me voir, lorsque vous le désirez, afin de converser de ce triste conflit... Quant à votre lame, et à votre service d'écuyerie, là est plus vaste question. Sans épée, sans arme, la Licorne n'est plus qu'un simple cheval, bon pour le trait et le galop, mais incapable de défendre sa vie et celle de ses pairs. Désarmé par l'Autre, elle doit trouver en elle la force de se recréer, de se redéfinir, de reforger la corne qui en fait le prince des animaux, comme le chevalier est le prince des guerriers. Forgez, battez le fer, et que de vos mains, et d'elles seules, conseillées par nos maistres-forgerons, surgisse celle qui, ultime honneur, viendra remplacer la lame que vous reçûtes avec votre surnom, vif escuyer de la Licorne.

Agenouillé devant cet homme qui représentait beaucoup pour Semnos, autant comme parrain que comme homme ou grand maître, l’artésien fixait l’herbe sous lui sans réellement la voire.
Le cour même de ses pensées semblait s’être suspendu alors que seul quelques fragment de secondes s’écoulaient.

Lorsque les mains du flamands se refermèrent sur les sienne, il releva son regard vers le lambeau de cuir tanné qu’il tenait. La situation s’était empreinte en un instant d’une cérémonie qui n’avait pas lieu quelques instants plus tôt. Les deux hommes se faisant face, en frère semblait il, était clairement départagé à se moment, le grand Maistre le surplombant de sa taille et de son rôle.
Les paroles de ce derniers éclipsèrent les bruits ambiants du jardin pour ce qui était de ce qu’en savait Semnos, dont quelques images de son intronisation puis moins bienveillantes de sa chute vinrent troubler fugacement les pensées.
Après les dernières paroles de son vis-à-vis, il releva lentement le regard vers ce dernier, s’apercevant d’un nœud dans sa gorge qu’il n’avait pas senti se former. Il avait été trop pris par les paroles et ce qu’elles représentaient et il s’en voulu quelque peu en entendant sa voix se briser en une sorte de croissement avant de s’éclaircir.

Je ...ne sais si je mérite tant, mais sur le serment que j’ai porté ici même à Ryes et qui m’a permis de tenir accroché à la vie pendant les troubles, je ferais honneur à la Licorne.

Il reprit sa respiration:

Pour cela, puis je me permettre de demander à qui pourrais je m’adresser. Je ne reforgerais pas l’immense lame, car elle représente en partie un être mort, mais une plus posée, claymore est le nom qu’on lui donne au nord de la Bretagne je crois. Mes acquis me serviront mais je n’ai pas d’expérience en maniement à une main, qui pourrait m’apporter cet enseignement ?
Ensuite seulement je me permettrait de reforger ma corne, car sans savoir, je ne saurais en être digne je pense.

Son regard se posa sur celui du grand maistre sans que ses mains n’aient bougées et il s’interrompit, attendant.

Le masque se relache doucement, gardant le sérieux mais se mâtinant d'un fin sourire que l'on devine sous son épaisse barbe. La détermination artésienne n'a pas disparu devant les responsabilités que le Flamand lui a rappelé. Elle ne s'est pas dispersée, et au contraire a-t-elle gagné en force.

- Frère, ta voix qui hésite, ta parole qui est engourdie, malaisée, elle est l'un des plus beaux présents que tu puisses me faire. Elle prouve que ton serment, tu le fais en connaissance de cause. Que cela n'est pas billevesées jurées sur quelque choppe artésienne, mais bien morale de vie qui t'engage pour toute ta future existence. Garde-en le souvenir, ne l'oublie jamais. Ni aujourd'hui en me quittant, ni demain en forgeant ta lame, ou au milieu de leçons prises avec nos experts en maniement de l'épée. Eux que tu rencontreras en Ryes, au pied d'un mur, à dos de cheval, en lecture. Enguerrand_de_Lazare, Guilhem de Tréviers, Rhuyzar, des escrimeurs hors de pair qui abreuvent Ryes de leurs leçons, spontanées ou que nos frères vont leur arracher au terme de longs entraînements...

Et, doucement, Guillaume aida Semnos à se relever.

"Te revoici donc parmi nous, écuyer Semnos. Que ton retour en nos terres soient le début d'une longue vie dans la chevalerie. Armée d'une nouvelle corne, une Licorne s'ébroue à nouveau." Et, dans un sourire, le chevalier se retira, laissant l'Artésien seul avec ses nouvelles pensées.

La voix du grand maistre résonnait en son être, ses paroles éveillant en lui des sentiments proches de ceux de son intronisation. Il eut pu se trouver bête de tant de bouleversement mais cette idée ne n'effleura même pas. Sa vie gardait donc un sens en ce monde, ce serait donc à lui de faire vivre cette raison.
Il fut surpris de sentir les mains du flamand sur lui et il se releva sans trop y penser, toujours plus focaliser sur ses paroles.
Lorsque ce dernier se tut et se retourna pour s'en aller Semnos resta immobile, le regardant. Quelques instant plus tard, alors que Guillaume de Jeneffe disparaissait au détour du chemin il laissa échapper en un murmure pensif: "Merci."

Il resta encore un long moment, le morceau de cuir dans les mains, son regard flottant sur la verdure environnante, les murs de la citadelle ou même le ciel et les quelques nuages qui passaient.
Ce n'est que plus tard, qui sait combien de temps... qu'il s'engageât de nouveau sur l'allée de graviers, se dirigeant vers le dortoir.