Si on m'avait dit

Alors qu'elle attendait, un visage apparu derrière la herse, un peu rouge et hors d'haleine se tenait devant elle un homme qu'elle avait rencontré au Maine.

Bonjour Psyko. Comment allez-vous depuis le temps?

Elle lui sourit et lui tendit le parchemin.

Ne vous en faites pas, je le comprends parfaitement.

Citation :

L'Ordre royal de la Licorne à Marie Alice Alterac,
Salut et connaissance de vérité.
Qu'il vous soit connu que votre lettre a reçu la meilleure attention de la part dudit dans son ensemble.
Item que les votes ont souligné vos qualités et les promesses qu'elle contenait.
Item que vous estes en ce jour accepté parmi les écuyers dudit Ordre et que vostre présence, icelle missive en main, est requise à la forteresse.

Donné en Ryes ce XIIe jour de novembre del an de grasce MCDLVI

Alors que le Licorneux l'examinait, elle se laissa glisser à terre pour se dégourdir un peu les jambes, flattant de la main l'encolure de sa jument.

Ses yeux se promenaient sur les murs épais tandis qu'une certaine tristesse l'envahissait en songeant que Guillaume était porté disparu. Elle était amusée à l'idée qu'ici la situation qu'ils vivaient au Secrétariat d'Etat serait inversée. Au lieu de cela, point de Flamand rose, celui qu'elle avait appris à connaitre au Maine là encore et qui était devenu, au fil du temps, un ami avec lequel elle aimait à discuter.

Perdue dans ses pensées, elle ne prêtait plus attention au monde alentours.

Psycho prit alors la missive en main et après s'être assuré que le corridor ne restait pas sans surveillance il entra dans la salle de garde afin de rédiger le laissez-passer.

Peu après la herse se leva et Psycho sorti de la salle de garde quelque parchemins en main.

Bienvenu à vous Sœur, je vous rend votre missive, voici également votre laissez-passer.
Voici donc pour vous repérer un plan de la forteresse. Veiller à bien le consulter pour ne pas vous perdre.
La première chose que vous devrez faire en passant la seconde herse sera de passer par l’infirmerie où vous serez soumis à une visite médicale obligatoire.
Je vous conseil aussi fortement de passer le plus régulièrement possible par la salle d’arme. Là sont régulièrement donnés des cours, qui sont obligatoires pour les hommes d’armes et les nouveaux écuyers.

Enfin, après un si long voyage vous devez vous sentir des plus fatiguée ou affamée, ici se trouve la taverne vous y ferai connaissance avec vos autres frères.

Bon courage sœur, et je dois avouer que je suis honoré de pouvoir vous appeler ainsi à présent. Entrez dans le corridor, je vous fait ouvrir la seconde herse.

[dans un bureau sombre de la forteresse]

Longue détresse et solitude d’un homme fatigué qui n’aspire qu’au repos. Qu’a t’il bien pu faire au très haut pour qu’il tarde tant à le rappeler à lui ? Oh il ne le sait que trop bien, tous ces enfants du divin qu’il a tué, certes toujours avec honneur et pour défendre ses valeurs ou celles de son Roy, mais le seigneur en a t’il a faire de sa conscience ? Puis son penchant pour les peches, la vie de débauche et son goût pour les femmes. Oh oui, les femmes, comme celle qui est là haut et qui n’a sûrement pas envie de voir le rejoindre l’homme qui jurait l’aimer et qui à peine après l’avoir enterrée s’est réfugié dans les bras d’une autre et mariée de surcroît.

Le vieux commandeur eut un sursaut, une voix résonnant dans le bureau du prévôt voisin du sien. Puis le bruit sourd de la machinerie de la herse qui le sortit de sa léthargie. Son esprit était plus vif que ce qui restait de son corps malade et fatigué. Marie-Alice, c’était bien ce nom qu’avait prononcé le garde. Totox se souvint qu’il avait bien vu une candidature sur la table du conseil, déposée par ce bon Guillaume. Pauvre homme qu’il avait laissé bien seul à la tête de l’ordre et qu’il n’avait pas eu la force d’aider. Le « Grand-maître » maintenant disparu. La « Senechale », une des dernières âmes des dames Blanches entrait à la Licorne. Une grande page des ordres Royaux était en train de se tourner et Totox savait qu’elle s’écrirait sans lui. Il se leva difficilement, mis sa vieille cape sur ses épaules et se dirigea vers la cour.

La voix de Psyko la ramena à la réalité et son attention se reporta sur lui.

Elle referma sa main sur le plan tout en écoutant les indications données, souriant au mot infirmerie. Voilà longtemps qu'elle n'avait passé une visite médicale et elle se rappelait fort bien celle qui avait eu lieu quand elle était entrée dans l'armée du Limousin. C'était Rochegarde qui lui avait fait passé et par la suite, elle était devenue barbière, et cela, peu de temps avant de quitter la COLM. Certains avaient la tête dure et elle s'était lassée d'essayer de faire comprendre qu'on pouvait être noble et soldat. Mais l'infirmerie lui laissait un souvenir amusée et bien des fiers guerriers s'y étaient montrés avec difficulté. Peur de la cire de ses dames sans doute. Même son frère s'était enfui par la fenêtre.

Salle d'armes, elle connaissait, même si depuis quelques temps, elle avait perdu l'habitude de s'y rendre et était certainement plus que rouillée. Grimace en pensant aux muscles endoloris qui n'allaient certainement pas tarder à se rappeler à son bon souvenir au premier exercice. Bah de toute façon, cela lui manquait. Non pas la douleur. Pas folle non plus. Quoique parfois.

Merci Psy.. Euh mon Frère. Sourire à l'attention de l'homme devant elle. L'honneur est pour moi.

Suivant les indications, elle s'avança tandis que la herse se levait, Alestria sur les talons de sa maitresse.