Invitation Orléanaise

Invité

Le soleil déclinait à l'horizon et Justine continuait de se demander ce qui l'avait poussée à faire tout ce chemin, à se rendre, pour la première fois, à Ryes. Autant dire que c'était folie ! Elle aurait pu prendre un simple messager qui aurait, contre quelques pièces au frais du duché, fait tout ce chemin, alors qu'elle serait restée à organiser la future réunion.
La jeune dame se mordit la lèvre. Son coeur battait à toute rompe à chaque fois qu'elle pensait à ce projet, totalement fou, qu'elle avait réussi à mettre sur pied et à lancer. Un jour, peut-être, le traité serait signé par la plupart des ducs et comtes du royaume, par les Grands Maîtres des ordres ... Peut-être.

Cela faisait des jours que la d'Alesme était en route maintenant et, secrètement, elle espérait voir son frère à la forteresse, lui demander ce qu'il devenait et même le pousser au mariage avec la jeune Dame Blanche qu'il avait rencontrée.
Un sourire se dessina aux coins de ses lèvres. Si Mackx se mariait, elle en était persuadée, son mariage serait le premier auquel elle pleurerait, même avec le mariage de Rhân qui se profilait qui devrait bientôt avoir lieu.
En effet, comment pourrait-elle oublier les années d'insouciance et de joie qu'elle avait passés avec son frangin ... des si belles années. A l'époque, ils étaient tous deux de simples fils et fille de villageois, ignorant absolument tout à propos de leurs racines, et de leur futur.
Un soupire ....
Au moins, même s'ils étaient maintenant séparés souvent, trop souvent, ils avaient eu la chance de grandir ensemble, de se côtoyer dès leur enfance et de ne pas se découvrir frères de sang après des années .... comme cela semblait être fréquemment le cas en France, à croire que c'était une tradition de séparer les enfants dès la naissance.

Déjà, l'air semblait chargé d'iode et, lorsque Justine passait la langue sur ses lèvres, elle pouvait sentir le goût salé du vent.
Elle ne connaissait que très peu la mer, l'ayant seulement vues quelques fois, durant quelques voyages, les plus fréquents en Poitou, à Oléron.

Les rayons du soleil couchant jouaient sur son visage lorsqu'elle se présenta aux portes de Ryes. Elle mis pied à terre et s'avança vers le garde, alors que ses mains recommençaient à trembler à la perspective de la réponse à cette missive qu'elle transportait. Cela ne l'engageait pas seule, cela engageait aussi tout son duché ... et cela l'angoissait encore plus.

Bonsoir. Justine d'Alesme. Je viens apporter une missive, ou plutôt une invitation, de la part de mon duché, Orléans.

La voyageuse fit une moue légèrement désolée après avoir enchaîné sa suite de mots ... se rendant compte que cela ne pouvait être réellement appelé une phrase correcte.
A vrai dire, ces journées de voyage l'avaient épuisée et elle n'avait qu'une seule envie, après s'être débarrassée de cette lettre, trouver un endroit calme où se reposer .... avant de reprendre la route pour l'Orléans.

Justine sortit d'un étui un vélin cacheté et le tendit au garde.

Citation :: A toutes les Ambassades de France,
A leur responsable, Chambellan ou Chancelier,
A leurs diplomates,

Aux Ordres Royaux,
A leur responsable, Chambellan ou Chancelier,
A leurs diplomates,

A tous ceux qui verront cette présente,

Salut !

Par la présente, conscients des difficultés de voyage liées aux fermetures des frontières et désireux de remédier à ce problème par la mise sur pied d'un traité, le Duc d'Orléans, Sa Grâce Mike d'Andéol, les ambassades Orléanaises et moi-même, Chadada d'Andéol, Chambellan d'Orléans, invitons tous les Chambellans et Chanceliers de France, qu'ils soient d'Ordre ou de Province, à une réunion se tenant dans les salons diplomatiques d'Orléans, ce 18 mai 1457.

Fait à Orléans, le 4 mai de la même année,

Chadada d'Andéol,
Chambellan d'Orléans

Invité

De nouveaux à son poste, dans le froid normand ... Quoique, le monde qu'il connaissait rentrait dans les jours que Gamling préférait, les jours de printemps, ni trop chaud, ni trop froid, et pleins de visiteurs ! Une nouvelle journée qui fut rythmée par de nouvelles arrivées, renseignements, recrues ou importuns, touchait à sa fin. Le garde rejoindrait dans quelques heures les lieux qu'il préférait dans cette forteresse, les dortoirs ! Dormir ! Être allongé dans une couche quand le reste de la journée fut passée debout. Rêver et s'évader or des soucis du quotidien, dans des mondes imaginaires toujours plus étranges.

Bien loin lui semblait son enfance où son seul soucis était de savoir quel idiotie il ferait, bien qu'il en fasse déjà inconsciemment. Pourtant cette enfance ne remontait pas à bien longtemps, quelques courtes années seulement. Et l'Auvergne, belle région montagnarde qui l'avait vu naitre, qu'est ce qu'elle pouvait lui manqué, bien qu'il sache pertinemment qu'il ne trouverait un duché bien changé depuis son départ.

Bruit de sabots, mouvements derrière ces murs, le garde tourne brusquement la tête vers la source de ces bruits. Une cavalière, encore. Tout de suite il imagina qu'il s'agissait d'un nouvel entretien, décidément l'ordre ne finissait pas d'attirer les dames. Mais il se trompait.

Bonsoir.

Un simple mot pour saluer, accompagné d'un hochement de tête et d'un petit sourire se valant accueillant, il ne pouvait pas faire mieux. Car celle qui se nommait Justine approchait, une lettre tenue dans une main tremblante. Gamling se rapprocha à son tour des herses restées closes et récupéra ce qu'on lui tendait.

Il haussa un sourcil, dans ses paroles, son interlocutrice restait floue sur cette lettre. Mais l'Armagnacais n'irait pas l'ouvrir, pas ses affaires ! Lui il transmet point barre ! Même s'il se demandait justement à qui il confierait cette lettre ... Nith, sans doutes. Dans sa phrase elle avait évoqué invitation, duché, Orléans. Il en savait assez pour penser que le diplomate restait la meilleur personne à qui il pouvait remettre la missive.

Le jeune homme releva le regard et le posa sur l'inconnue.

Je transmettrai. Puis-je vous être utile en quelque chose ?

Invité

Justine se rendit évidemment compte que son interlocuteur avait remarqué le tremblement de sa main. Décidément, elle ne savait pas que tout ce traité, toutes ces réceptions l'angoissaient au plus haut point !
Elle fit un sourire à son interlocuteur genre : "il fait froid hein ?!" pour excuser ses tremblement. Au fond ... elle était vraiment soulagé de ne pas être tombé face à une pipelette qui l'aurait assaillie de questions sur le sens de sa visite, de ce qu'elle transportait, qui l'avait obligé à converser sur la beauté de l'Orléans.

Je transmettrai. Puis-je vous être utile en quelque chose ?

Merci. Non, je vais tout de suite repartir. Je pense que vous pouvez donner cette lettre à votre Grand Maître ou à votre Chancelier. Excusez-moi de ne l'avoir pas précisé plus tôt.
Au revoir et bonne soirée !

L'Orléanaise lui fit un sourire désolée, il faut dire qu'elle était un peu à côté de son assiette en ce moment et qu'elle avait perdu, durant ce voyage, toutes les notions de diplomatie qu'elle avait pu apprendre lorsqu'elle était chambellan.
Puis, elle fit demi-tour, tenant son cheval par la bride, prête à repartir à nouveau. Elle aurait bien réclamé Mackx mais la herse était toujours close, sûrement en raison de l'heure, et son frère devait être au lit ... ou en taverne.

Soudain, alors qu'elle allait monter en scelle, elle se ravisa.
Un regard vers la porte lui apprit que le garde était toujours là, peut-être attendait-il d'être sûr qu'elle soit partie.

Pourriez-vous remettre à Mackx, votre frère, le salut de sa soeur ? Je vous en serais reconnaissante.

La jeune femme lui adressa un dernier sourire, mais large et amical cette fois-ci. Après quoi, elle prit place sur sa monture, fatiguée mais heureuse.
Elle accorda à Ryes un dernier regard, ignorant si, un jour, elle y reviendrait avec, sur le dos, une cape bleue sur laquelle serait cousue une licorne. Cela avait longtemps été son rêve, elle avait d'ailleurs quitté l'armée pour cela. Peut-être que si Nennya et elle n'avait pas eu une conversation à propos de l'ordre il y a bien longtemps, peut-être qu'alors, elle serait la soeur de bien plus de gens que de Mackx seulement.
Elle ferma les yeux quelques secondes puis lança son cheval au galop.
Elle n'avait plus qu'une seule idée en tête, trouver une auberge, manger, dormir, rêver ... puis repartir vers Orléans.

Invité

Le garde ne partirait pas, pour l'instant. Non pas qu'il veille au départ de la dame, mais plutôt qu'il lui restait encore quelques heures à assurer son poste avant que d'autre prenne le relais quand lui dormirait. Ben oui le garde doit bien dormir aussi. Lance dans une main, mystérieuse missive dans l'autre, l'Armagnacais regarda la messagère regagner sa monture ... Quoi que finalement, elle lui adressa quelques derniers mots.

Gamling haussa les sourcils, et un léger sourire se dessina sur son visage. Ainsi Mackx avait une soeur, il l'ignorait. Comme quoi on en apprenait tous les jours entre les murs de la forteresse. En fait, il ne connaissait de ses frères que ce qu'il pouvait voir en cette forteresse, le reste de leur vie, il n'en savait rien. Exception faite pour Sepa. Au moins serait-il mieux renseigné.

Bien sur.

A ces mots il jeta un regard derrière lui, sur l'ouverture dans un bâtiment, où siéger actuellement Mackx. Surement était-il entrain de lire, ou même dormir tiens !