Arrivée d'Adrienne

Invité

Faisant fi des injonctions des médicastres qui lui avaient fermement déconseillé ce voyage, la brune de Hoegaarden n'en avait fait, comme à l'accoutumée, qu'à sa guise. S'ensuivit une longue et éprouvante traversée du Royaume pour notre convalescente dont la moindre ornière secouant le coche déclenchait une onde de douleur lancinante se diffusant en son ventre, jusqu'au creux de ses reins. Le frottement des chairs à peine suturées lui rappelant à chaque instant cette récente nuit où, sans l'intervention rapide de son Altesse Armoria et de Son Capitaine Lady_Antlia, elle aurait sans nul doute perdu la vie, l'abdomen transpercé d'une lame ennemie en défendant les remparts de la capitale lyonnaise.

Serrant les dents, stoïque et silencieuse, elle observait le paysage défilant au travers des vitres glacées, ne prenant même pas le temps de s'accorder une escale à Bayeux où elle avait vécu un temps après son exil forcé de Flandres. Les champs se dessinant à perte de vue en la campagne normande s'estompèrent pour laisser ensuite place à une forêt dense au détour de laquelle se dressèrent enfin, nichés en haut d'une colline, les doubles remparts d'une majestueuse forteresse à l'allure impénétrable. Comment ne pas avoir une pensée en cet instant pour son compatriote, le regretté Guillaume de Jeneffe, qui lui avait tant de fois conté les mystères de ce lieu mythique ...

Le cocher ralentit la cadence pour emprunter un long chemin sineux et arriva à hauteur du pont-levis de la citadelle, où un poste de gardes empêchait toute âme téméraire de s'avancer davantage. La flamande descendit les marches le plus prestamment que son état le lui permettait. Une silhouette sybilline, un visage d'albâtre soutenu par de frêles épaules mais une détermination farouche luisant dans son regard, elle annonça à l'homme se tenant en face d'elle d'une voix ne trahissant ni sa souffrance ni son état de faiblesse :

Hola, bien le bonjour ! Veuillez annoncer à qui de droit l'arrivée d'Adrienne de Hoegaarden. Je suis attendue céans par le Haut Conseil pour un entretien.

De sa cape en zibeline brodée de gueules aux trois lions d'argent, elle extirpa un parchemin roulé portant le sceau du Grand Maître de la Licorne qu'elle tendit au garde :

Enguerrand_de_lazare a écrit:

Citation :: L'Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne,
à Adrienne,
Salutations et connaissance de vérité.

Le Haut Conseil de l'Ordre de la Licorne vous attend en la forteresse de Ryes, afin de pouvoir procéder à un entretien avec des membres dudit Conseil.
Cet entretien débutera en le 8ème jour du mois de juin, en cette année même.
Veuillez vous présenter au poste de garde, il vous sera alors indiqué le lieu de cette réunion.

Faict en Ryes, ce XXVIII jour de mai de l'an de grâce MCDLVII.

Sans ajouter un mot, elle laissa au garde le temps de parcourir et vérifier l'authenticité du document, réalisant que son avenir allait se jouer maintenant.

Sepa, au poste à sa herse, vadrouillait à droit et à gauche, le temps n’était pas au meilleur de sa forme mais bon, il ne pouvait pas toujours faire un grand soleil en Normandie et il s’était bien habitué aux changements de temps qu’il régnait. Il parlait de temps en temps aux hommes d’armes qui faisaient leur tour habituel puis de temps à autres, il regardait au loin s’il ne voyait rien arriver. Ca devait long par moment mais bon, il le fallait pour la protection de Ryes, il savait que personne ne viendrait seul pour dévaster la forteresse à moins que celui-ci soit inconscient. Il avait entendu dire qu’il y avait pas mal d’entrée en ce moment, ça lui ferait de l’activité, il espérait qu’il n’y ait pas trop de problème. Reste à savoir quand ses visiteurs allaient arriver.

Bruit de sabot qui claquent contre les pierres, il allait lentement, silhouette en vue, l’équidé tirait un carrosse, pas très habitué à voir cela mais chacun arrive comme il le veut. Magnifique carrosse en tout cas, ça ne devait pas être n’importe quelle personne qui arrivait. Il s’arrêta et une femme qui descendit des plus calmement. La femme ne lui semblait pas au mieux de sa forme, ça ne semblait pas un leurre pour amadouer les gens. Enfin il fit comme si de rien n’était regardant quand même si la femme n’allait pas tomber vu la blancheur de son visage.

Bonjour Dame de Hoegaarden. Permettez-moi de lire votre missive et ensuite quelques formalités à faire avant de vous laisser le droit de passage.

L’Escuyer lu la missive qui, comme il s’en doutait, semblait des plus conformes. Il se recula un peu de la herse pour demander si cette personne était bien attendue en ce jour.

Mackx, Adrienne de Hoegaarden est elle bien attendue pour un entretien ?

Derniers jours dans le coin ... derniers jours de garde avant la quille comme on dirait dans le jargon bien des années plus tard. Sauf que pour Mackx, il n'était pas si impatient que ça de quitter le poste de garde. Il s'y sentait bien et si son rang ne l'envoyait pas sur les voies de l'errance - ce qui était difficilement compatible avec le fait de rester tous les jours planqué au même endroit -, il aurait bien repostulé.
Mais bon, la vie est la vie et il ne pouvait décemment monopoliser le poste de garde. Puis, de toute façon, un peu de liberté ne lui ferait pas de mal, bien au contraire.

Soudain, une voix sépassienne l'interrompit dans ses réflexions. Adrienne de Hoegaarden. Elle ici pardi !? Enfin c'est vrai qu'il en avait entendu parler quelque part, la rumeur était donc fondée. Pour sur qu'il avait son papier, en main même !

L'errant sortit alors du poste et s'approcha de la herse tout en faisant signe qu'elle pouvait être levée, que la dame en question était bien en ordre ... c'était le cas de le dire ...

Bien le bonjour Dame de Hoegaarden ! Vous venez donner des cours de plaidoirie à notre HC ?

Un grand sourire franc vint se peindre sur le visage du poitevin avant qu'il ne continue.

Non, plus sérieusement, vous devez vous rendre là-bas.

Bonne chance !

Il laissa quelques secondes passer, histoire qu'elle parvienne de l'autre côté de la herse puis, d'un autre signe, la fit refermer.

Invité

Un léger sourire naquit au coin des lèvres de la magistrate, illuminant un bref instant ses traits tirés, quand elle reconnut son estimé confrère, Mackx ...

Rassurez-vous mon cher, j'éviterais de mentionner ma dextérité en lancer de maillets lors de mon entretien^^.

Après quelques mots échangés entre les deux hommes d'armes, la sentinelle émergea du corps de garde avec un geste qui fit ouvrir la herse qui barrait jusque là l'entrée de la forteresse, et indiqua à la jeune femme quelle route suivre pour se rendre dans la salle où elle était attendue par le Haut Conseil.

La grille de fer coulissa lentement de bas en haut, dans un grincement sourd et continu. Faisant signe à son cocher de disposer, elle remercia les gardes d'un signe de tête, avant de s'enfoncer seule dans les profondeurs de la forteresse :

Je vous remercie. La bonne journée à vous !

Sur quoi, elle s'avança et franchit la herse, d'une démarche que certains, dans l'ignorance de son état de santé précaire, qualifieraient d'empruntée, puis disparut de leur vue.

Invité

[ Hotel de Hauteville à Bayeux, Normandie ]

Dans l'attente insoutenable de la sentence, l'impétrante avait choisi de se réfugier auprès de la seule famille qu'il lui restait, en cet Hotel qu'elle avait décidé de fuir un beau matin pour aller jusqu'au bout de ses rêves.

Consciente qu'il lui faudrait au plus vite recouvrer des forces, elle y trouva le repos dont son corps meurtri avait besoin, et un certain apaisement loin des regards condescendants que son état suscitait.

Comme prévu, une lettre frappée du sceau de la Licorne lui fut livrée quelques jours plus tard. Notre convalescente s'isola pour la décacheter et d'une main fébrile, prit connaissance de l'ultime décision.

A la lecture de ces quatre lignes d'encre susceptibles de bouleverser à jamais ou non le cours de son existence, son coeur bondit dans sa poitrine et un sourire de satisfaction se dessina sur son visage de porcelaine. Sans plus attendre, elle rassembla son paquetage, prit congé de ses proches et enfourcha sa haquenée blanche en direction de Ryes, sans même jeter un regard derrière elle.

[ Retour à la case départ, au poste de gardes ]

S'approchant de la herse d'allure modérée, une cavalière arrêta sa monture à hauteur du poste de gardes. Bientôt, son destin ne lui appartiendrait plus, bientôt elle serait des leurs. Regard confiant alentour, elle attendit qu'un garde vienne à sa rencontre, tenant le précieux document pressé contre son coeur comme s'il s'agissait d'un trésor à la valeur inestimable.

Se tenant droit comme un piquet derrière la herse de la forteresse du prestigieux ordre de la Licorne,l'homme d'arme Breccan scrutait l'horizon afin de déceler au loin la silhouette approchante d'un éventuel futur frère Licorneux.
Ou sœur, qui sait?
Le moindre qu'on puisse dire c'est qu'il fallait être plus que patient car il n'y avait pas foule en ce moment.
Après tout pourquoi se plaindre?
Le cadre est plutôt plaisant, la compagnie des deux autres gardes également.
Breccan se rapproche de la herse et zieute le ciel au dessus de son bulbe.
Le temps n'est pas trop pourri en plus...

Un petit bout de la journée s'était écoulé avant que la première personne ne pointe le bout de son nez.
C'était d'une dame qu'il s'agissait et Breccan ne parvint pas à savoir pourquoi mais son visage ne lui était pas inconnu.
Il ne s'attarda pas sur le sujet,ça ne pouvait qu'être au sein de la forteresse et nul part ailleurs.
L'homme d'arme la salua tout en prenant la lettre qu'elle glissait entre la herse.

Il parcourut son contenu d'un coup d'oeil expert et bien que tout semblait correct, il se demanda quand même si la procédure s'appliquait dans ce cas là.
Breccan se dit qu'elle était bien attendu la première fois pour son entretien.
Entretien qu'elle a visiblement réussi car la voila à présent ecuyère.
Elle fait donc parti des leur maintenant et une justification n'est plus de rigueur.

Bienvenue chez toi, sœur Adrienne.

Pour pas qu'elle ne soit trop perdu, Breccan lui indiqua rapidement les lieux essentiels.

Alors dans ce bâtiment là se trouvela salle d'arme.
Les cours du maistre d'arme y ont lieu en plus des entrainements personnels ou à plusieurs.
Une salle d'arme tout ce qu'il y a de plus basique dans son fonctionnement.
Je m'eternise pas dessus.

Il faudra aussi que tu passes le plus vite possible à l'infirmerie pour y effectuer ta visite médicale.

Et pour finir après une journée hautement harassante rien ne vaut un peu de repos...dans le dortoir des Dames.

Voila voila.
Si tu as une question, n'hésite pas à la poser.
On mange personne et on se fera un plaisir d'y répondre.
A très bientôt.

Invité

Caressant l'encolure de Caprice qui, fidèle à son appellation, hennissait déjà d'impatience en martelant nerveusement le sol de ses sabots, la brune de Hoegaarden vit s'approcher un homme d'armes qui comme le protocole l'exigeait, demanda à voir le document d'acceptation au sein de l'Ordre. Sourire aux lèvres, elle le brandit tel un trophée de chasse avant de le déposer précautionneusement dans ses mains, à travers la herse :

Enguerrand_de_lazare a écrit:

Citation :: L'Ordre royal de la Licorne à Adrienne, Salut et connaissance de vérité.
Qu'il vous soit connu que votre lettre a reçu la meilleure attention de la part dudit dans son ensemble.
Item que les votes ont souligné vos qualités et les promesses qu'elle contenait.
Item que vous estes en ce jour acceptée parmi les écuyers dudit Ordre qui vous attend maintenant en ses divers établissements.

Ryes et Salle officielle

Donné en Ryes ce Xe jour de XXV de l'an de grasce MCDLVII

Aussi efficace que si elle venait de prononcer la formule magique "Sésame, ouvre-toi", la grille s'ouvrit, ouvrant la voie à la jeune écuyère qui écouta avec attention les indications de son frère, se remémorant que le tutoiement était de mise au sein de la forteresse. Etrange de tutoyer ainsi une personne dont elle ignorait jusqu'au prénom. Mais l'homme était d'allure avenante aussi, se prêta t'elle volontiers et non sans un certain amusement à l'exercice.

Je te remercie, mon frère.

Je m'en vais de ce pas confier ma haquenée aux écuries avant de me soumettre à l'examen médical et visiter les lieux pour faire plus ample connaissance avec mes compagnons d'armes.

Si d'aventure je m'égarais, je ne doute pas qu'une bonne âme saura m'aiguiller sur la bonne voie et ne manquerais pas de requérir conseil auprès des plus sages.

A très bientôt, que ce soit autour d'une chope ou à l'occasion d'un entraînement.

Talonnant sa monture, elle salua d'un geste reconnaissant puis prit la direction indiquée, des projets pleins la tête.

Dans le Poste de Garde, Sepa y était en tant qu’observateur, enfin cette semaine, c’était lui qui devait être à la herse mais voyant Breccan, il prit son temps avant d’y aller. Il prît même la peine de regarder les arrivées du moment, il vit le prénom d’Adrienne qui lui semblait familier. Bien entendu, il était à la herse et Marckx s’occupait du Poste pour voir s’il n’y avait pas d’erreur sur l’arrivée de la personne.

Moment bien préoccupant, la herse s’ouvrait et là ce n’était pas normal. Sepa sortit la tête du Poste de Garde et y reconnut Adrienne, elle semblait pleine de joie. Bon ça allait, elle était vraiment attendue en ses lieux. Il lui sourit quand elle passa à ses cotés.

Félicitation à toi Sœur Adrienne.

Sepa continua vers Breccan, comment allait il l’aborder, il devait la faire sympathique ou plutôt essayer de faire peur à l’Homme d’Armes pour la légère bourde, sans conséquence cette fois. Enfin, l’Escuyer était toujours calme donc pourquoi changer de personnalité cette fois.

Bonjour Frère, merci de me remplacer à la herse mais bon, je vais reprendre ma place. Humm sinon, petit détail, es tu sur que sœur Adrienne était bien attendu ici et que sa missive était authentique ?

La herse se refermait lentement quand Sepa, le responsable des gardiens fit son apparition.
Il commença par remercier l'homme d'arme de l'avoir remplacé à la herse cependant Breccan sentait venir le "mais" avec ses gros sabots.
Pas manqué...

Bonjour Sepa.
Loin de moi l'idée de voler ta place, j'ai juste vu notre sœur qui attendait à la herse alors j'ai pensé que l'efficacité légendaire de la Licorne primait sur le reste.
A l'avenir je resterai à ma place...je n'ai pas encore les bons réflexes.
Ça va venir, ne t'inquiète pas...c'est peut être mon envie de trop bien faire ou de trop faire peut être.

Concernant la lettre d'Adrienne, j'avoue que je me suis fié à mon instinct.
Son visage m'était familier et je n'ai pu la voir qu'au sein de la forteresse.
C'était déjà ça en sa faveur...ensuite pour ce qui est de la lettre,elle me semblait conforme à celle que l'ordre use.
Pour en avoir reçu à plusieurs reprises j'ai remarqué qu'elles étaient en tout point similaire mais bon j'étais peut être un peu trop confiant.
Même face à l'évidence j'aurai dû demander l'aval d'un de mes frères.
J'ai bien retenu la leçon.

Breccan adressa un salut de la tête à Sepa et rejoignit le poste de garde.
Là où était sa place pour encore quelques jours avant le roulement.