Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne


 
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 [RP] La relique vivante

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Erwyn

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MessageSujet: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyMar 25 Aoû 2009 - 21:18

Il revint avec la fin de l'été, comme les souvenirs reviennent parfois, dans les moments les plus inattendus. Il revint comme un collier qui se serait brisé, sans tambour ni trompette, et au moment où l'on s'y attendait le moins. Porteur de nouvelles, annonciateur de temps nouveaux, tenancier d'anciennes traditions, qui pouvait bien savoir qui il était réellement ? Sa dernière venue en ces lieux remontait à près de 17 longues années. Il approchait désormais des soixante ans, et malgré tout, quiconque l'eut connu lui eut volontiers donné plusieurs années de moins. Privilège bien futile, pour celui qui avait mené au caveau plus de proches et d'amis qu'il n'avait jamais espéré en avoir ; perpétuel survivant des batailles, et miraculé involontaire des assauts gargantuesques de ce temps. Tel Joinville deux siècles auparavant(1) il avait duré, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir comment, héritier d'une tradition qui avait fait rougir les dames des cours d'Europe, flamboyer les jeunes hommes dans les bourgs et hameaux, et créer tant de chansons parmi les cercles de trouvères d'Oc ou d'Oïl: celle de la Chevalerie Française. Il était demeuré vivant, contre vent et marée, malgré ses vœux, malgré ses souhaits, tel Prométhée désireux que l'aigle le dévore vraiment plutôt que de le laisser en vie, accroché à son pathétique roc ; tel Tantale, obnubilé par la faim, sans jamais pouvoir approcher de son désir ; tels ces Chevaliers, qui, dans les contes, poursuivent de leurs aspirations le Graal sans jamais l'approcher. Il n'avait pas voulu de la Vie, mais celle-ci s'était accrochée à lui, opiniâtrement, comme un bernacle à son rocher, comme une barque fragile, moussue et pliée s'accroche à son ancre face à la tempête. Elle s'était accrochée à lui avec l'obstination forcenée des ténias, des vers solitaires, de ces parasites honteux dont on n'a nulle raison d'être fier, mais qui persistent encore, et encore, et encore, à exister en soi sans qu'on l'ait le moins du monde désiré. Erwyn, désireux d'accéder au repos éternel du guerrier, de toucher aux Valkyries lyriques des festins scandés, était... resté en vie, emportant inlassablement, et avec la douleur de l'homme pour qui l'amour et l'amitié ne sont pas de vains mots, nombre d'amis et d'êtres chers au tombeau. Serrant les dents à les briser, baissant la tête face à la fatalité de Dieu et de la Vie, il avait continué, inlassable Longinus des terres de France, cherchant un sens à sa vie, ou plus particulièrement à sa Non-mort, parcourant le Monde et ses recoins selon les désirs de l'apôtre Météo. Car si les voies du Seigneur sont impénétrables, il lui était très étrange de constater qu'il devait être prépondérant dans ses desseins, pour toujours, inlassablement, résister aux épreuves et à l'adversité, et à toujours survivre. Car pourquoi le laisser en vie, si ce n'était qu'il devait être d'une importance capitale dans les voies du Seigneur ?

Erwyn n'avait rien compris du sens de sa vie. Il était objectivement l'un des Chevaliers les plus sages de son Temps, écouté parfois par les plus grandes instances du Royaume, et reconnu comme sage par nombre d'hommes là où le regard et l'oreille pouvaient se porter. Mais, malgré tout son savoir, sa sagacité et sa philosophie, le Vieux Loup ne savait toujours pas pourquoi il vivait encore.
Il avait connu nombre de guerres, et de batailles. Il avait été l'une des plus fines lames de France, redouté en son temps. Et... Aujourd'hui, n'avançait plus sur la route qui reliait Honfleur à Bayeux, et donc Honfleur à Ryes, qu'un vieillard courbé sur un bâton de coudrier noueux, perclus de douleurs anciennes ou plus récentes, véritable bibliothèque humaine de l'Art de la Guerre, qui avait connu certains des plus grands noms de l'Histoire du Royaume de ces 50 dernières années.

On racontait qu'il avait connu Jeanne d'Arc en son temps. Qu'il avait libéré Paris avec elle. On disait qu'il avait été à Castillon, où pour la première fois les Grands Arcs gallois avaient été supplantés par l'artillerie française(2). On disait de lui qu'il avait été l'homme-lige de deux reynes de France. On disait de lui qu'il avait formé, avec l'ancien Destructeur, l'un des noyaux du parfait Paladin héroïque occidental. On disait qu'il avait eu l'amitié du Grand Caedes, le Duc de Guise, Cardinal et Pair de France. Et toutes ces légendes, si on les avait confrontées, se seraient heurtées à... une réalité beaucoup plus humaine.

Bande sonore

Il avançait comme on pense, ses pieds foulant le sol avec une régularité constante qui aurait fait penser à quelque menuet déluré d'un autre siècle oublié, neurones galopant d'idées en idées pour former une réflexion. Il prenait son temps, marque caractéristique de celui qui a accompli un long chemin et qui sait que la route qui le mène ne s'arrêtera pas demain. Et il avançait, porteur d'une relative indifférence à ceux qui l'entouraient, être tout entier centré sur son but et sa tâche.

Il faisait beau, alors. L'été était à son summum, et la Normandie de l'époque était baignée dans une chaleur poisseuse et oppressante, qui la recouvrait comme un lourd manteau de laine aurait recouvert un corps grippé dans un hiver glacial. Etouffant et puissant, tels étaient les termes utilisés pour qualifier cet été quasi-caniculaire qui ne laissait pour seule échappatoire que l'ombre d'un arbre, ou la fraicheur d'un ruisselet. Les blés poussaient drus dans les champs. Les enfants jouaient quasiment nus dans les bourgs et les hameaux, s'amusant à jouer à la chasse aux chats(3) ou au cerceau, voire parfois aux osselets. Les églises étaient plus emplies que d'habitude, les édifices de pierre donnant une fraicheur qui était, beaucoup plus que les prières, cause de l'engouement des foules. Même s'il ne fallait pas sous-estimer la piété du crédule ; les paysans priant hardiment en certains points du Duché pour que la chaleur se fasse un peu moins lourde. On avait commencé les moissons. Et alors que les hommes passaient leurs journées à rentrer les orges, les froments et les épeautres, les femmes préparaient la soupe, ravaudaient les vêtements, ramassaient les légumes ou les fruits. Les fraises sauvages, les mûres, les framboises, garnissaient les tablées. Les réserves de cidre étaient au plus bas, les pommes approchant seulement de quelques semaines la période de maturité. Alors on buvait les vieilles eaux-de-vie, les bières d'abbaye que l'on achetait à bon prix, ou les petits vins de pas trop loin, coupés le plus souvent à la craie ou parfois (quand on avait moins de chance) à la chaux. Tous étaient en bonne santé, et l'absence de guerre depuis quelques temps faisait se sentir tous et toutes joyeu(se)x/s, alors que le vieil homme parcourait le pays jusqu'à son objectif ; la Forteresse de Ryes. Il avait le coeur léger, bien que les élans de vie de la jeunesse l'eussent quitté depuis belle lurette, remplacés par la Force et la détermination tranquille de l'expérience.

Il avait deux chevaux avec lui, comme il l'avait toujours fait depuis l'âge de ses 19 ans, et l'époque où il avait fait son apprentissage dans l'Ordre. Son palefroi ne portait plus depuis belle lurette le caparaçon qu'il avait l'habitude d'arborer, véritable patchwork des styles de forges européens que le Vieux Loup avait reconstitué à travers les dépouillements de cadavres partout sur les champs de bataille auxquels il avait été exposé. C'était un robuste cheval aux allures de percheron, la robe brune et le canon épais, qui en avait vu à peu près autant que lui, qu'il avait récupéré au Danemark ; héritage, selon certains, des rares chevaux qu'utilisaient les vikings d'alors. La selle de Chevalier qu'il arborait était vide, et le vieux Chevalier le trainait par la bride, s'inquiétant autant de la fatigue de sa monture que de la sienne propre dans son voyage. Le palefroi suait alors autant que lui sinon plus, bête placide qui savait retenir ses envies de galops, surtout par pareille chaleur.
Venait derrière lui un cheval de plus simple appareil, qui servait de monture de bât, portant comme toujours la plupart des possessions du chevalier. Nourriture et vêtements propres y côtoyaient pelle et pioche, autant qu'une forme noirâtre recouverte d'écarlate venue d'Angleterre, et que l'oeil averti soupçonnerait être une épée.
Et cet attirail suivait le vieil homme, dont les bottes usées au cuir râpé par les lieues avalées ressemblaient plus à de vieilles chaussettes informes qu'à de nobles bottes qui, en leur temps, avaient dûes se montrer élégantes.
Il avançait sans hâte, alors que les arbres emplis de verdure et de fruits lui offraient lorsque le soleil tapait trop leur couvert ombragé, lavant la poussière de la route lorsqu'elle se faisait trop épaisse dans les ruisseaux ou les mares. il dormait à la belle étoile, mangeant froid, ne se servant jamais de feu alors que les nuits fraiches ne le poussaient qu'à s'envelopper plus encore dans un mantel de pèlerine grise qui avait dû subir bien des assauts. Ce mantel était élimé, troué en plusieurs endroits par des trous causés par flèches et carreaux, raccommodé tellement de fois qu'il en devenait presque reliquaire de l'être qui le portait. Maculé de tant de produits tâchants, il n'avait plus que l'air d'un vêtement de vieux. Qui eut pu croire, à qui le verrait, qu'en son temps il arborait la Licorne argent et azur au coeur et dans le dos, et qu'il avait côtoyé des princes et des ducs, voire un roy ?
Il dormait sous des pierres ou de grands arbres, se servant de sa selle comme d'un oreiller, et de son mantel comme d'un drap. La seule morsure que son âge lui causait était de réveiller ses articulations douloureuses parfois bien avant son propre réveil, et de le faire grommeler dans sa barbe devant les effets de la vieillesse.

Il se montrait poli et courtois, voire souriant à ceux qui le voyaient. Il ne cherchait pas particulièrement le contact, ce qui faisait qu'il évitait ainsi la plupart des voyageurs. Ceux qui, pour une raison connue d'eux seuls, l'approchaient, étaient toujours bien reçus. Et aucun ne s'offusquait devant la présence d'un arc et d'un carquois sur son cheval, ni d'une dague à sa ceinture, ni d'un couteau de chasse dans sa botte, car beaucoup le prenaient pour un moine-soldat en voyage. Seul élément le séparant du chevalier : il n'avait plus aucune armure, son vieil harnois ayant été voilà de nombreuses années perdues. Son regard de glace bleuie scrutait le vol des oiseaux, les nuages, cherchant dans les mouvements de la nature des vérités que les hommes n'y cherchent quasiment plus, reflets d'une éducation paysanne. S'il ferait beau aujourd'hui et demain. S'il ferait chaud. S'il devait donc le matin mettre son mantel ou non. Et c'est ainsi, préoccupé purement et simplement par des préoccupations de si basse sorte, que le vieil homme s'avançait vers son passé, et ce qui serait peut-être son destin.

Le fait qu'il arrive à Ryes quasiment au moment d'une intronisation n'était, bien entendu, qu'à mettre sur le compte d'un hasard fortuit et de rien d'autre.
Mais le hasard avait déjà tellement modelé sa vie dans une direction précise, que l'on pouvait douter très sérieusement du principe de coïncidence dans la situation actuelle.


_____________________________________________________________

(1) : Jean de Joinville (1224-1317) était un noble champenois, chroniqueur de la vie et ami de Saint Louis, qui l'accompagna dans chacune de ses guerres et de ses croisades, avant de s'éteindre bien après son roy, à l'âge canonique de 92 ans.

(2) : Authentique, bien entendu : pourquoi raconter des conneries ?

(3) : Sport bien connu des bourgs, les chats étant considérés à l'époque comme l'animal du Diable, notamment les chats noirs. On avait donc pour habitude de les caillasser dans les villages.
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Erwyn

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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyJeu 27 Aoû 2009 - 11:39

Il arriva à Ryes comme si le Destin l'avait guidé, le jour même où était prévue la nouvelle cérémonie d'intronisation. Au détour d'un chemin, alors même qu'il aurait pensé douter de ses yeux, arriva devant lui le but de son voyage. La route a parfois cette forme d'accoutumance qui crée la surprise lorsque l'on comprend qu'elle va bientôt se terminer. Il est pour la plupart du temps accompagné de soupirs, et d'une brusque accélération du cœur. C'est ce qui ne manqua pas de se produire chez Erwyn ; s'y mêlèrent appréhension et envie, en deux constantes que l'on aurait pu croire inconciliables. Appréhension devant un retour dans son passé lointain. Envie devant les retrouvailles avec ce que l'on a aimé. Appréhension que cela n'existe plus, et qu'il n'y ait qu'un nouveau deuil à ajouter à ceux que l'on a déjà fait. Erwyn prit ainsi un temps de pause, pour contempler ce qu'il avait connu et qu'il reconnaissait derrière ce qu'était devenu la légendaire Citadelle de pierre normande. Il aperçut les tours rondes qui avaient probablement été surélevées, et la présence de couleuvrines et de serpentines à la place des balistes et catapultes d'antan. Il aperçut, plus encore, le bourg de Ryes qui s'était considérablement développé sous les murailles de la Citadelle, avec des routes pavées et de véritables bâtiments de pierre. Ne serait-ce ses visites intermittentes des quelques dernières années, il aurait réellement pu croire que le lieu devant lequel il se trouvait ne ressemblait plus à rien de ce qu'il avait connu. Le vieil homme s'appuya contre un arbre qui faisait l'angle du chemin qui allait vers Ryes, et s'assit entre les racines, prenant le temps de récupérer son souffle. Il but à une outre, et mangea un peu de viande fumée et de fromage ; nourriture du combattant plus que du voyageur ; peut-être parce qu'il voulait encore plus que de repartir avoir du cœur à l'ouvrage. Ses montures s'arrêtèrent à proximité de l'arbre, et comprenant l'heure de la pause venue, elles commencèrent à chercher de l'herbe sèche pour se sustenter autant que leur maître. Mais le soleil n'était pas du tout à son zénith, et l'heure du déjeuner n'était pas du tout arrivé.

- " Bélibaste(1), sacrédieu, tu sais très bien qu'on va bientôt repartir... " lança le vieil homme à son palefroi. " Tu sais comme moi qu'il est préférable qu'on y soit pour l'heure du déjeuner. Nos chances de passer sans trop d'encombres seront meilleures. "

Le cheval, ainsi nommé comme le dernier évêque cathare, redressa la tête et observa le vieux Chevalier, interrogateur. Erwyn, maugréant, se redressa, faisant couiner ses dents et craquer pesamment ses articulations. Une fois redressé, s'appuyant sur son bâton, il s'avança jusqu'à la monture, et lui flatta généreusement l'encolure. Puis, de l'une des fontes, il extirpa une bouteille de verre au contenu de couleur ambre, qu'il porta à ses lèvres. Déglutition. Immédiatement suivie d'un " Raaaaah... " normal pour qui ingurgite un alcool fort, ou voulant peut être signifier que bordel, laisser de l'eau-de-vie en plein soleil, c'était réellement dégueulasse. Passons.

Erwyn alors prit les longes de Belibaste, et l'approcha de l'arbre au pied duquel il avait pris le temps de manger. L'installant, il se débrouilla pour grimper sur le dos du fier palefroi en s'aidant de l'arbre, cet effort lui tirant encore quelques souffles haletants et maugréages.
Une fois en selle, deux petits claquements de langue suffirent pour signifier aux chevaux la fin de la halte, et le redémarrage vers Ryes.
Le bourg n'était alors pas fortifié, bien qu'ayant pris de l'importance. Une petite milice patrouillait dans les rues lorsque Erwyn y arriva, qui ne lui accorda pas grande importance, notant simplement ses armes, mais le jugeant trop inoffensif vu son grand âge. Les rues étaient animées aussi à cette époque de l'année, les étalages des boucheries exhalant des viandes qui viraient vite au gris à la chaleur, les tisserands montrant leurs coupons de tissus à la devanture de leurs portes. Une ou deux forges tournaient à plein régime dans le village, ne faisant que les éléments métalliques de la vie de tous les jours, à contrario de celles de la Forteresse dont le but était tout militaire. Dans une ruelle, le vieux Chevalier observa un charpentier en train de tailler les éléments constitutifs d'un tonneau, puis continua son chemin, passant devant l'auberge du bourg qui permettait l'accueil des voyageurs et des impétrants. Le vieux François ne le remarqua pas, et il continua vers la Forteresse comme si de rien n'était.

Erwyn était très perturbé par cette vision du changement, lui explosant à la face sa nouvelle vieillesse.
Il avait toujours pensé, étant jeune, qu'il ne vieillirait jamais, ou qu'il mourrait en tout cas dans la force de l'âge, l'arme à la main ; ce qui était, à l'époque, le sort programmé de tous les combattants de l'Europe. Exceptionnels étaient ceux qui passaient entre les bras de la Faucheuse, et parvenaient jusqu'à l'âge canonique qui était le sien aujourd'hui. Et c'était un âge très difficile : car n'ayant aucune famille, pas de parents, pas d'enfants, Erwyn était de ces êtres seuls au monde qui n'ont que leurs possessions pour eux, et l'affection de leurs animaux de compagnie pour exister. En plus de, peut-être, le souvenir de quelques vieux barbons éparpillés çà et là qui ne le reconnaitraient plus aujourd'hui. Il avançait, se remémorant ce qu'était à son époque le petit groupe de bâtisses qui suivaient les deux routes qui allaient vers Lisieux et Honfleur, s'étalant au pied d'un château qui n'avait pas à l'époque tant d'importance. Il se souvenait qu'à une époque c'était une vieille bohémienne qui vivait à la place de ce tisserand cossu qui faisait le coin de la rue, vendant des filtres et des potions à qui les demandaient. Il s'amusa aussi intérieurement de la construction nouvelle d'une véritable "place" pour le petit village, avec ses propres halles inutilisées aujourd'hui et sa propre église. Il observait, virait, tournait, notant les vieux courbés sur leur canne, les jeunes fringuant de vie pétante, signe caractéristique d'une ville qui n'avait pas connue la guerre depuis belle lurette ; il savait, lui, qu'en cas de guerre, les enfants et les vieux étaient les premiers touchés, et que les jeunes, beaucoup plus que cet air de décision farouche, avaient plutôt une hargne apeurée au creux du regard. Mieux que tous les rapports que l'on lui avait envoyés, ce fut ceci qui lui indiqua que la Forteresse se portait bien. Il croisât une charrette porteuse de blocs de granit dégrossis, qu'il vît prendre la pente pour aller jusqu'à la Forteresse, probable livraison des maçons et tailleurs de pierre du lieu qui devaient s'affairer avec énergie en cette partie de l'année.
Erwyn, la suivant, s'engagea sur la pente raide qui montait jusqu'à la barbacane annonciatrice de la Citadelle inviolée, la capuche dégagée, son visage se notant à qui voulait l'observer.
Les abords de la Forteresse avaient eux aussi changés ; les plantes sauvages plantées sur ordre du Destructeur avaient proliférées, et formaient à quelques mètres de la route des barrières inviolables, forçant le badeau à y rester, sous peine de se retrouver constellé d'épines et autres urticacés. Le temps étaient clair, le ciel bleu, et la chaleur vive, et Erwyn but encore à son outre en montant la pente, laissant les chevaux prendre le temps de grimper au coup par coup la pente.

Il se retrouva sur le plateau au devant de la barbacane juste après l'entrée de la lourde charrette, et s'avança jusqu'à la herse, réfléchissant à la façon de se faire annoncer après tant d'années passées si loin de la Forteresse.
Il attendit alors quelques instants que l'on le remarque, restant en selle, droit comme un I, comme il l'avait toujours été.


______________________________________________________________

(1) : Guilhem Bélibaste (1280-1321) est le dernier "parfait" cathare connu, brûlé vif en 1321 au château de Villerouge-Termenès, représente la toute fin de l'hérésie cathare dans le Languedoc.
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sepa

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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyJeu 27 Aoû 2009 - 14:49

Sepa, toujours à son poste à la herse, avait été depuis quelques jours, quelque peu dérangé par des arrivées. Ca lui faisait plaisir, après tout, il était là pour faire des entrées et regarder que des intrus ne rentre pas dans l’enceinte mais bon, la dernière avait été quelque peu mouvementé avec l’arrivée du Chancelier, il avait été très mal à l’aise vis-à-vis de la situation et espérait que cela n’arrive pu. Enfin il arrivera ce qu’il arrivera comme il se disait toujours, il n’était jamais à l’abri de quelque chose après tout. Enfin là, c’était en pleine journée donc plus facile pour repérer les visages. Il tournait en ronde, buvant de temps à autres et allant rendre visite à ses deux frères qui étaient dans le poste de garde, il papotait quelques secondes puis retournait à son poste pour voir si des éventuels envahisseurs montraient le bout de leur nez.

Claquement de sabot, comme si deux étalons arrivaient, rare que deux personnes arrivent en même temps mais pourquoi ne serait ce pas possible après tout. Il attendit patiemment de voir les personnes mais fut surpris de voir un homme et deux montures. L’homme était comme un piquet sur sa monture, voyant la dégaine de celui, ce devait être un grand voyageur mais bon, les visites dans Ryes n’étaient pas autorisées. A moins qu’il ait à faire avec le Haut Conseil, après tout, enfin seul chose à faire c’est d’attendre qu’il soit à la herse et qu’il parle. La curiosité de Sepa était des plus grandes tout de même, c’était rare que ce genre de personne arrive dans l’enceinte.

L’homme était devant la herse, il avait bien prit son temps mais bon, il n’allait pas vouloir décliner son identité à tous les coups, ça devait être une manie ou alors, un panneau était dans la ville pour dire aux arrivants de ne rien dire pour embêter les hommes postés aux postes de gardes. Enfin ils avaient l’habitude et devait reprendre les formalités habituelles, se devenait un automatisme. Cette fois, l’Escuyer se dit que ça allait être compliqué sauf si l’homme lu montre un laissé passé ce qui arrangerait tout le monde. Il sentait que ça allait partir en ennui, du moins qu’il allait devoir faire appel au Haut Conseil pour le laisser entrer. L’avantage c’est que ça donnerait de l’activité au poste de garde, ça faisait un moment que tous ceux en place n’avaient pas travaillé ensemble et là ça semblait être le moment.


Bonjour Messire, qui êtes vous et que venez vous faire dans l’enceinte de Ryes ?


Bien que l’homme ne soit pas des mieux vêtus, Sepa resta poli et très courtois pour ne pas commencer sur de mauvaises bases avec l’homme. Après tout, l’habit ne faisait pas le moine comme on disait si bien. L’homme aurait peut être bien plus de respect qu’un noble des plus titrés qui voudrait se faire voir par tout le monde en imposant son autorité. Il attendait une réponse avant de savoir quelle démarche allait il devoir entreprendre avec le vieillard.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyJeu 27 Aoû 2009 - 18:31

Lenteur des gestes. Marée fluide et incertaine des respirations.

Le destin s'était mis en branle, sans aucune longe pour le retenir. Et des chevaux au grand galop, débraillés, peuvent créer des accidents.

Erwyn, devant ce jeune Ecuyer qui devait bien avoir 40 ans de moins que lui, hésita. Puis, sans trop y réfléchir, comme souvent dans ce genre de circonstances, les mots vinrent.


- " Service du roy. Dépêche-toi. "

Bien entendu, on ne le laisserait pas passer pour ça. Mais on tâcherait au moins de s'approcher. Alors Erwyn, cherchant à confirmer ses dires, fit quelque chose qui en étonnerait probablement beaucoup : approchant son bras gauche de son visage, il se contenta simplement d'ôter quelque chose de son poing, qu'il prit à pleine main.
C'était un gantelet de fort belle facture, massif, qui remontait quasiment jusqu'au coude. Ouvragé, il était formé d'acier poli, avec des incrustations d'airain et d'électrum, d'argent et de bronze. Les articulations en étaient soignées, et y étaient représentés sur les brassards des scènes pastorales, dans lesquelles prédominaient les motifs du phénix, du loup et de la Licorne.
Ces motifs étaient les siens. Car c'était là ses gantelets, ceux qu'il avait fait forger voilà près de 40 ans comme signe de sa charge, comme représentation de son statut de Main Droite du Grand Maistre de l'Ordre. Ceux qui avaient disparus, voilà plusieurs années, d'une salle du Haut Conseil réputée inviolable...

C'était donc là l'une des paires de gantelets des Capitaines de l'Ordre. Erwyn, approchant son cheval de la herse, le tendit au jeune Ecuyer, se demandant intérieurement de qui il pouvait bien être le fils, et si jamais il avait connu quiconque était de sa famille. Contact éphémère, avant que le gantelet ne soit pris. Puis ces simples mots :


- " Tu donneras ça à ton Grand Maistre. En lui demandant l'entrant. "

Phrase laconique, simpliste. Mais porteuse, pour qui la recevrait, de bien des changements, peut-être...
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sepa

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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyJeu 27 Aoû 2009 - 22:07

Sepa regardait l’homme de haut en bas, cherchant moindre indice pour en connaitre un peu plus l’homme. Voyant la vieillesse de celui-ci qui l’interpelait grandement, il se demanda si ce n’était pas un vieil ami d’un Licorneux ou un ancien membre mais bon, la deuxième supposition lui sembla des plus absurde. Enfin bref, il n’était pas devin et devait attendre les dire de l’homme qui se tenait en face de lui.

La première phrase de l’homme semblait bizarre, le Roy ne serait entouré de personne comme lui, que ça semblait bizarre. Il ne pouvait pas ouvrir avec ces quelques mots mais l’homme semblait savoir ce qui l’attendait car il ôta quelque chose de son poignée. Il garda un visage neutre attendant la suite, il n’avança pas restant méfiant tout de même. L’homme approcha avec son étalon et tendit le gantelet, il pensait rentrer avec ça, enfin bon, il devait le prendre. Il avança de son coté et prit le gantelet tout en gardant un œil sur le vieillard, cela pouvait être une ruse aussi. Il examina l’objet et fut des plus étonné quand il aperçut une licorne dessus. Il regarda l’homme puis de nouveau le gantelet, petit moment de réflexion. Il n’aimait pas trop être tutoyait mais il laissa parler le gueux.


Patientez un instant.


Sepa se décala puis appela un de ses frères pour que celui-ci donne le gantelet au Grand Maistre.


FRERE LEN, besoin de tes services, va emmener ceci au Grand Maistre, tu préciseras que c’est un vieillard qui lui a fait transmettre.

Sepa attendit que Len s’exécute pour reprendre son attention sur le vieillard, qu’allait il lui réserver à présent durant qu’ils patienteraient pour la venue du Grand Maistre. Cette entrée n’était pas des plus habituelles et il espérait qu’on ne dérangerait pas le Chef de la Licorne pour si peu. Enfin les insignes l’intrigua et il se remémora le gantelet, cet objet avait une si grande valeur. Il espérait le savoir bien assez tôt en tout cas car sa curiosité était des plus grandes.


Voilà messire, nous n’avons pu qu’à attendre ce qu’en pensera le Grand Maistre.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptySam 29 Aoû 2009 - 0:57

Un sourire discret apparu au coin des lèvres de Len., Il avait assisté à chaques arrivées et aristote! que celles-ci se pressaient à la herse en cette période.
Il se tenait bien trop à l'écart pour entendre les échanges, mais guettait le moindre changement, énervement, voire agacement... Assister sans réagir de sa propre initiative, ne dévoiler sa présence qu'en cas d'extrême nécéssité ou par obligation...

Le troisiéme homme, le seul habilité à quitter momentanement son poste pour quérrir des informations, valider un laissé passé mais encore réveiller le Haut conseil...
Mais là ce soir son frère avait besoin de lui, il n'avait fallut que quelques pas pour se rapprocher de son frère Ecuyer et prendre posséssion du gantelet. Il n'avait prit la peine de jeter un regard pour détailler l'homme à la herse ni pour détailler l'objet qu'il tenait en main, si cela devait faire lever celle-ci alors son devoir était d'apporter cela au Grand Maistre au plus vite, pour ne pas laisser son frère seul mais aussi pour que l'engueulade s'il y avait soit moindre si ce personnage était comme il laissait penser important..

Je n'ai jamais rien apporté de tel au Grand Maitre mais j'y vais de ce pas.
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Zalina

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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyVen 25 Sep 2009 - 20:51

Des semaines que la Peste n’était pas rentrée à la maison. Des mois même.
Des mois à vaguer de cérémonies chez les Ordres Royaux, à d’autres au Louvre ennuyeuses à mourir et où elle devait porter robe au lieu et place de ses chères braies usées, de bals en réunions, slalomant entre les critiques des paranoïaques et les insultes en tout genre.
Des mois à chercher à survivre dans un univers qu’elle avait toujours détesté, si loin de tout ce dont elle rêvait. Mais si proche de son devoir. Devoir qui devait toujours et en toutes circonstances passer avant les désirs, les espoirs. Espoirs qui avaient été oubliés, perdus dans ces forêts sombres où elle s’évadait parfois, ces rues de la Cours des Miracles où elle se noyait dans un alcool aussi imbuvable que certains breuvages bretons.
Mais ce jour, elle revenait passer, quelques heures, quelques jours peut être, à la Forteresse, retrouver un peu de vie avant de nouveau se laisser vider sang et tripes dans ces charges sans fin qui la tuaient à petit feu. Pour quelques instants, elle allait être en paix, du moins elle l’espérait.

Montée sur son Frison, Zalina avançait tranquillement vers la herse tant aimée. L’esprit perdu dans ses pensées, les courriers à envoyer, les réunions où se rendre, les décisions à prendre, le dossier à étudier, elle se laissa bercée par la monture. Ce n’est que lorsque celle-ci s’arrêta que la jeune fille de 22 ans s’aperçut qu’elle était arrivé à destination. Enfin à la maison…
Mais il fallait encore passer la porte bien encombrée pour l’heure. Elle poussa un soupire, gagnée par l’impatience d’enfin pouvoir se détendre, protégée par les murs qui lui faisaient face.
Visiblement, le vieillard sur son passage n’avait pas de laissez-passer. Elle s’approcha un peu plus et l’observa. Surement un vieillard qui demandait l’hospitalité pour la nuit. Ils ignoraient souvent l’auberge au village et tentaient de se faire héberger sans dépenser un denier. Mais la forteresse n’était pas ouverte à tous et la sécurité primait. Le gantelet tendu l’intrigua cependant. Elle le regarda passer des mains du visiteur à celles de Sepa, puis celles de Len. Trop loin pour en distinguer clairement les motifs, la forme, la taille lui semblèrent familières, trop familières pour qu’elle reste encore en retrait. Un coup de talon et son étalon se mit à coté du palefroi du vieillard.
Elle salua ses frères d’un rapide signe de tête et rapidement dévisagea des pieds à la tête le visiteur. Bottes usées, quelques lames bien placées, un mantel usé, des traits fatigués… comme pourraient l’être ceux d’un vieux chevalier. Mais c’est son regard qui l’attira le plus. Elle y planta ses émeraudes et ne le lâcha plus. Le regard est le reflet de l’âme. L’apparence change avec le temps, les cheveux blanchissent, les rides apparaissent, mais le regard lui ne change que très rarement.

Et ce regard pénétrant, elle l’avait déjà croisé. Mais il y avait si longtemps, elle avait tant de fois espérer le revoir dans chaque étranger approchant de la forteresse, le cherchant sur les visages des hommes de 30, 40, 50, 60 ans selon les années qui passaient. Parce qu’un Chevalier rentre toujours à la maison et que plusieurs manquaient à l’appel. Guillaume, elle le reconnaitrait entre mille, elle en était convaincue. Mais l’autre disparu…
Le temps avait passé, effaçant peu à peu les souvenirs malgré elle. Alors ce regard était il bien celui qu’elle attendait ? Ce gantelet était il bien celui auquel elle pensait ? Ce vieillard était il bien le Chevalier tombé d’une falaise, dont le corps n’avait jamais été retrouvé et qui donc, pour une Peste refusant le décès des personnes qu’elle aimait, ne pouvait être mort ? Ce Capitaine qui avait disparu un jour sans laisser de traces mais qui rentrerait forcément un jour à la maison ?
Encore une fois, une part d’elle voulu y croire. Mais la raison lui interdisait d’espérer encore retrouver dans cet inconnu celui dont elle n’avait jamais cessé d’espérer le retour. Elle avait trop souvent sourit à des étrangers pensant y retrouver ce Capitaine par un geste qui lui était coutumier, une parole qu’il utilisait souvent, ou un trait lui ressemblant.

Le Chevalier le dévisagea de nouveau puis, toujours sans le quitter des yeux, interrogea Sepa.


Cet homme t’a-t-il dit son nom et la raison de sa visite ?

[avec l'accord d'Engue et en demandant toute votre indulgence pour les délais de réponse qui suivront Embarassed ]
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyDim 27 Sep 2009 - 11:29

La vie est-elle un choix ? Le libre arbitre et l'esprit de décision qui caractérise l'espèce humaine sont-ils plus qu'un camouflet, dissimulant quelque étrange et impalpable dessein divin ? Décidons-nous réellement de qui nous sommes ? Influencés par nos parents, nos familles, nos pairs, y a-t'il une infime parcelle de nos êtres qui soit forgée dans un acier pareil à nul autre ? Un acier qui ne serait connu que de nous seuls ? Avons-nous réellement la liberté ? Le destin et le hasard ne seraient-ils pas, au final, que l'envers et l'endroit d'une même pièce de facture incertaine, perdue dans les méandres entre nos mondes ?

Car peut-être que le hasard n'existe pas.

Peut-être que nos vies ne font que suivre une route tracée, telles des roues de chariots reprenant sempiternellement les chemins préétablis par d'autres, encore et encore. Peut-être que quiconque marche dans ces pas ne peut en sortir. Peut-être que les Catalyseurs n'existent pas.

On pourrait alors s'émerveiller, et même se délecter, de scènes de retrouvailles si inhabituelles entre un vieux Chevalier et une petite fille, devenue femme à part entière et Chevalier. Premier élément féminin de l'Ordre à atteindre ce grade depuis la mythique Enox, et son string de mailles. On pourrait trouver romanesque de voir la seule personne encore capable de se souvenir de Lui à être celle qui, précisément, se présente à ce moment-là, au moment de son entrée dans Ryes.
Mais la vie est bien le plus beau des romans.

Le Frison respirait bruyamment ; l'odeur de cuir et de sueur qui l'accompagnait piqua légèrement les narines du vieil homme, qui s'il ne voyait plus aussi bien qu'avant, n'avait en revanche rien perdu de son odorat. La barbacane de Ryes était paisible, à ce moment-là. Alors que le monde vaquait à ses occupations, et combattait bords à bords ; alors que les oiseaux volaient, et que les ruisseaux couraient ; on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau, dit-on. Il avait perçu l'arrivée du Chevalier au son des sabots derrière lui, tout d'abord. Puis, ne se retournant pas, il avait senti l'animal arriver à proximité de lui. Ne tournant pas la tête un seul instant, nul ne put voir le trouble qui s'emparait d'Erwyn alors. Car c'était bien d'un trouble réel dont on pouvait lors parler, face à cette voix qu'il ne pouvait connaitre, mais dont il avait bien senti à qui elle appartenait. Il avait quitté Zalina à Ryes encore adolescente, la voix non encore complètement formée. Il retrouverait lors une voix de femme adulte. Il avait quitté une jeune fille désinvolte, et retrouvait une meneuse d'hommes. Il avait quitté un souvenir, et se retrouvait désormais face à face avec le temps, qui immanquablement n'oublie jamais de tourner. Peut-être plus encore que les vieilles pierres, c'est peut-être le souvenir de la jeune fille, jaillissant avec puissance et clarté à ses yeux, qui fit atterrir brusquement le vieil homme de ses quinze ans d'absence.

Et lui fit perdre pied.

Il n'écouta pas la réponse de Sepa. Il ne prit même pas la peine de porter attention à ce que l'on lui disait. Il savait que l'on ne contrôlait jamais réellement tout dans sa vie. Il savait que ce retour ne se passerait pas exactement comme il l'avait prévu. Il imaginait repartir sitôt le gantelet donné, et attendre le Grand Maistre actuel dans une auberge, pour que l'homme se retrouve sur SON terrain, son espace. Il aurait voulu pouvoir contrôler la discussion de A à Z ; on est toujours plus à l'aise ainsi. Il aurait espéré le faire asseoir sur sa chaise, de son espace, et lui offrir du vin qui lui appartenait. Chose curieuse vis à vis du Seigneur de ces terres. Au lieu de cela... Il se retrouvait face à Zalina. Etrange chose que le destin.

L'échange entre Sepa et Zalina achevé, Erwyn, n'y prenant guère gare, fit la seule chose qui pourrait lui paraître intelligente face à telle situation. Il aurait pu fuir. Il aurait pu faire demi-tour, et repartir. Il aurait pu mentir, et jouer sur les années passées. Peut-être beaucoup d'évènements qui suivirent se seraient-ils passés alors différemment. Mais Erwyn n'était pas homme à fuir devant l'ennemi ; et pas homme non plus à travestir la vérité. Il était plutôt de ces hommes qui la présentent nue, sans fards, sans artifices, sans embellies. Avec juste ce qu'elle est.

Lentement, les deux mains du vieillard montent à sa tête. Un temps long, pour lui ; mais peut-être pas plus long que celui de deux inspirations. Il attrape sa capuche ; la prend fermement. Et, lentement, l'abaisse, révélant à tous alentour son nouveau visage, et qui il est désormais réellement.

[ Final de la Bande son. ]

Un Chevalier ne meurt jamais ; tant que l'on se souvient de lui.


( I'll be back ! rambo )
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyLun 5 Oct 2009 - 1:16

La réponse de Sepa ne vient pas aussi rapidement qu’elle l’espérait. Elle ne saurait donc pas le nom de ce visiteur immédiatement, ce qui ne la rendit qu’un peu plus nerveuse.
Et si…
Mais ce n’était pas possible, après toutes ces années…
Oui mais, peut être que si.
Enfin… Arrêtes de croire les contes de fées. Tu sais bien qu’il n’y a pas de miracle. Encore une illusion, rien de plus.
Oui mais… et si…
Et si quoi ? S’il avait survécu à sa chute ? S’il avait survécu toutes ces années ? Et si la vie n’était que paix et amour ?
C’est donc de nouveau la raison qui étouffa ce qui aurait pu être espoir, sourire, peut être joie d’un instant pour cette jeune femme devenue noire et seule. C’est une Peste au visage fermé et dure qui sortit de son combat intérieur et reprit l'observation de son vis-à-vis. Pourtant, il y avait quelque chose chez cet homme. Son instinct lui signalait quelque chose de pas ordinaire. Mais pourquoi cet homme ci ? Alors qu’elle ne voulait plus d’espoir, plus de rêves, plus rien à briser.

Dès son premier mouvement, Zalina porta sa senestre sur la garde de son épée. Il y avait décidément quelque chose chez ce vieillard qui la rendait nerveuse et cela ne venait certainement pas des heures de voyage qu’elle venait d’avaler. Ou pas que.
Ses gestes lents évitèrent à la lame de sortir de son fourreau mais ce n’est qu’en voyant le visage complet qu’elle finit par desserrer le poing et reposer sa main sur sa cuisse, non loin de sa dague. Elle avait beau le voir, après l’avoir attendu si longtemps, sa petite voie lui interdisait encore de prendre les lucioles pour des étoiles. La mémoire joue bien souvent des tours, surtout pour vous offrir ce que vous désirez. Elle se souvenait d’un jeune homme se tenant droit, le regard pénétrant au point que vous jureriez qu’il lisait au plus profond de vous par son simple regard. Elle avait devant elle un vieillard, avec un regard similaire, mais sans l’étincelle de la jeunesse.
Et peut être s’était elle encore endormie, la joue collée sur un parchemin quelconque dont l’encre la colorera plusieurs jours. C’est çà, elle était encore à Vincennes, dans son bureau, épuisée.

Il fallait pourtant qu’elle pose LA question, être certaine, même si tout ceci n'était qu'un rêve dont elle se réveillerait en sursaut et en sueur.
Sa voie s’éleva donc de nouveau, mais à l’attention du vieillard cette fois, ferme et stricte, mais n’espérant qu’une seule réponse : « Je suis de retour ».


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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyLun 5 Oct 2009 - 11:43

"Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rencontres"(1)

Un profond soupir accompagna la chute de la capuche du vieil homme, alors qu'un visage se dévoilait à ceux présents au poste de garde. Un visage de ceux qui n'ont que peu à envier à ceux des roys, des empereurs. Un visage marqué par la noblesse. Pas la noblesse de robe ou d'épée, mes biaux lecteurs, non. Mais bel et bien la noblesse du coeur.
Les cheveux étaient longs. Noirs, parsemés de longues stries blanches. Raides. Se rattachant en une queue de cheval nouée par un ruban de couleur bleu roy au liseré de fleurs de lis d'or. Un cadeau de reyne, montrant sa qualité.
Le visage était anguleux, plein de volonté et de noblesse. Le menton était carré, au bouc de poils blancs coupé court ; signe que l'homme prenait soin de sa personne. Les oreilles petites, bien rondes. Les pommettes larges et dégagées, surmontées de deux yeux comme on en voyait peu. Deux yeux pénétrants qui fouillaient l'intérieur de l'âme des hommes, comme si quelque démon pouvait se faufiler en eux. Des yeux auxquels on ne pouvait mentir. Ils étaient très légèrement bridés, et de couleur bleu glace ; un intermédiaire entre gris et bleu qui pouvait changer en fonction de la luminosité, et passer de la couleur de la glace maculée de sang à celle du ciel nimbé de nuages au petit matin. Le front était volontaire ; le nez droit. Au col de l'habit transparaissait une vieille cicatrice qui se finissait sur le côté droit du cou, au-dessus de l'épaule ; souvenir de guerre.

C'était un instant d'étrangeté pur. Celui où l'on jurerait qu'il s'agit d'un rêve. Les mondes se tiennent, cohabitent et coexistent ; mais seul le monde du rêve peut sembler plus réel que la réalité, et à la fois plus étrange que la mort. Et la vie est-elle autre chose qu'un beau rêve, dont seule la mort permet le réveil ?(2)

Moment d'hésitation pure, alors que les regards se soutiennent. Un léger sourire nait sur la commissure des lèvres de l'homme. Un sourire si léger qu'il pourrait paraître imaginaire tant le masque du visage de ce vieillard ne semble quasiment pas bouger. Un homme ; un sourire ; un regard. Ses yeux scrutent, peut-être à la manière de quelque rapace cherchant sa proie. Peut-être comme un loup qui serait face à un jeune enfant. Peut-être comme un loup qui retrouverait sa meute...

Le temps d'une respiration, le doute s'installe. Avant que de fuir au loin, par le début d'une tirade homérique digne du "Chevalier-philosophe", comme l'appelle la petite Peste de Haisnes.


- " Je suis Alpha et Oméga. Le triangle et le Compas. L'eau et le feu. Le ciel et la terre. La Vierge et le Poisson.

Je suis celui qui meurt pour que d'autres vivent. Celui qui n'a de trêve ni de répit. Celui qui fait jaillir les possibles des espaces et des temps, et les rends imaginables. Le début et la fin. Le monstre au visage d'ange. La belle et la bête. Animal et Divin, tel est mon autre nom. Intermédiaire entre les roys et les Dieux, toujours, j'erre pour mon espèce, Vieux Loup qui n'a plus de meute... Et vient la retrouver.(3)

Je suis... "


Tremblement léger qui parcourt un corps. Léger craquement du col. Légère hachure de la respiration. Une légère modification d'odeur, si fine, si ténue... L'odeur de la peur. De l'hésitation. Car même les plus grands chefs de guerre ont peur.

" Nul grand homme pour son valet de chambre ".(4)


- " ... Erwyn of Kylebonhamm, 35e du nom. Chevalier d'Inzinzac Lochrist. Capitaine de cet Ordre, et ancien dirigeant des lieux.

...

Comptes-tu réellement m'empêcher d'entrer, Zalina de Montmorency ? "


Et un sourire réel nait sur le visage. Pas un mince sourire de flatteur, pas celui d'un homme amusé qui sourit à une bonne blague, ou d'un Dom Juan à la femme dont il fait la cour ; non ; celui d'un homme qui retrouve sa famille, les siens, et qui brusquement se laisse dépasser par l'émotion. Erwyn ne pleure pas. Il ne pleure plus depuis longtemps. Mais insidieusement, une émotion transparait, claire comme une eau de source jaillie des hauts plateaux de Langres. Celle d'un bonheur réel.

- " Ou devrais-je dire... Chevalier de Montmorency ? "

_____________________________________________________________

(1) Citation de Jean Cocteau.

(2) Citation de Khalil Gibran.

(3) Opposition traditionnelle du soufisme et de l'alchimie : le début et la fin, les deux outils maçonniques dont le Grand Architecte se servit pour bâtir le monde, l'eau et le feu, le vent et la terre, la Vierge Marie et le Christ (symbolisé par le Poisson pour les premiers Chrétiens).

Puis l'expression de la profession de foi du chevalier : mourir pour que d'autres vivent, ne jamais s'arrêter, celui qui change les vies, et le divin et l'animal incarné en l'homme, intermédiaire entre le Puissant et Dieu, à la place subalterne des anges.

C'est la vision philosophique de la Chevalerie pour Erwyn.

(4) Citation de Machiavel.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptySam 10 Oct 2009 - 23:38

Zalina n’attendait que quelques mots, courts et prononcés rapidement pour mettre fin à ce doute qui la tiraillait de plus en plus, à ce trouble qui la mettait de plus en plus mal à l’aise. Mais le visiteur semblait décidé à jouer avec ses nerfs qu’elle avait déjà bien trop à vif ces derniers temps. Non, au lieu de simplement lui donner son nom et le but de sa visite pour que tout reprenne son cours normal au plus vite, voilà qu’il se lance dans des phrases dont Zalina ne comprend pas grand-chose, utilisant des mots qu’elle ne comprend encore moins. Alpha et Oméga, c’est quoi çà ? Le triangle ? Un rapport avec ceux qu’elle devait suivre pour trouver la réserve de Bralic ?
Elle écoute les mots se succéder sans comprendre le rapport entre eux et surtout où veut en venir ce vieillard qui commence à lui faire monter la moutarde au nez. Elle veut juste un nom ! Nom d’une biquette en bois ! Ses dents se serrent dans un grincement pendant que le rouge lui monte aux joues. Elle va finir par exploser et gare aux dommages collatéraux…
Quelques mots la font cependant tilter. Vieux Loup qui vient retrouver la meute. Mais pas assez pour lui faire desserrer la poigne enserrant la garde de sa dague qu’elle a de prit en main. De gré ou de force, il va le donner son…


Erwyn of Kylebonhamm, 35e du nom. Chevalier d'Inzinzac Lochrist.

Le rouge de ses joues disparaît plus vite qu’il n’est apparu pour faire place au blanc livide.
Le reste de sa présentation, elle ne l’a pas écouté. Elle la connaît déjà. La biographie du Capitaine surnommé Wanou, elle la apprise par cœur, comme toutes celles abritées à la Galerie des Braves.
Sa main a aussitôt lâchée la dague pour se poser sur son ventre dont elle avait l’impression y avoir reçu un coup de poing. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son de sortit. C’était lui ? Vraiment lui ??? Pour de vrai ? Et elle ne dormait pas cette fois ?? C’était bien réel ?
Non non, çà ne pouvait pas… tout le monde la prenait pour une folle avec ses espoirs de le voir revenir. De les voir revenir.
La jeune fille cligna plusieurs fois des yeux, fixa le poste de garde pour s’assurer qu’ils voyaient bien la même chose qu’elle, puis reporta son regard sur le vieil homme. La voix ferme avait disparue. C’est tremblante qu’elle finit par ressortir quelques mots.


Je… j’n’ai pas l’intension d’empêcher… le C’ptaine Wanou d’entrer chez lui. Mais vous… euh… je dois…

Etre absolument certaine que je ne suis pas en train de perdre le peu de raison qu’il me restait.
LE Capitaine Wanou était de retour ??
Une dernière question, juste une pour accepter de nouveau un peu d’espoir et de joie dans sa vie. N’importe qui connaissait l’histoire de Wanou. N’importe qui pouvait trouver l’identité de la Peste. Mais il y a une chose que peu encore en vie connaissait. Sa première rencontre avec le vrai Capitaine Erwyn, ce jour où il était venu s’assurer qu’elle était bien installée et lui proposer les services de son écuyer Valandil, de crainte qu’elle se torde la cheville ou se casse un ongle surement. Si c’était bien le vrai Chevalier qu’elle attendait, il devait se souvenir… Elle prit une profonde inspiration, tentant de calmer les battements de son cœur.


Si vous… enfin… à mon arrivé en cette Forteresse, vous m’avez proposé les services d’une dame pour me faire visiter les lieux et m’éviter toute blessure. Pourriez vous me donner le nom de cette Dame ?

Pauvre Valandil… S’il savait qu’elle le traitait de Dame, il n’apprécierait vraiment pas. Mais il fallait absolument qu’elle soit certaine avant de laisser son cœur, étouffé depuis bien longtemps, reprendre un peu le pas sur sa raison.
Ces années sans rêve l’avaient rendues totalement paranoïaque.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyLun 26 Oct 2009 - 11:59

Si vous… enfin… à mon arrivé en cette Forteresse, vous m’avez proposé les services d’une dame pour me faire visiter les lieux et m’éviter toute blessure. Pourriez vous me donner le nom de cette Dame ?

Un mince sourire se profile sur les lèvres du vieil homme à nouveau. Les masques de froideur ne pouvant guère tenir longtemps quand le coeur n'y est pas. Mince sourire face à une question à laquelle il ne s'attendait pas. Il observa avec un peu plus d'attention la jeune femme face à lui qui, de fille qu'il avait quitté, était devenue femme. Il observât les lignes de son corps que le mantel ne dissimulait pas intégralement. Il relevât les signes précurseurs de l'usure prématurée du corps : la peau brunie par le soleil, les cheveux aux vents et leur manque de soin ; les mains à l'aspect rêche et rugueux, comme celles de tous les combattants.
Il notât le collier qu'elle arborait, la révélant chevalier de plein droit là où il l'avait quittée pupille.

Erwyn s'émerveillât en soliloque de la capacité du temps à fuir entre les doigts de ceux qui tâchaient de l'attraper, avec autant de virtuosité que le vide pour un bébé qui tenterait d'attraper le monde. Il repensât à Héraclite d'Ephèse. Il repensât à la justesse de sa vision du monde, qui allait au-delà de la raison, et au-delà des logiques. Car pour ce vieil Héraclite, la Raison ne pouvait toucher à l'Epicentre de la philosophie : ce qu'était l'Homme, et sa raison d'être ici-bas. Il était souvent opposé à Démocrite car, alors que Démocrite riait de tout, Héraclite lui pleurait. Comme si Janus avait eu besoin des deux pendants pour mieux exprimer la complexité du raisonnement humain.
Il pensait que le Feu était le principe originel de tout, et notamment de la Vie. Expression élémentaire de Eros et Thanatos.

" Ce monde a toujours été et il est et il sera un feu toujours vivant, s'alimentant avec mesure et s'éteignant avec mesure. "

Oui, Erwyn pensait au vieux philosophe, qui fut combattu par presque tous ses successeurs, à commencer par Platon et Aristote. Il pensait à ce vieil homme mélancolique, comme lui, qui pensait que le monde n'était peut-etre pas qu'un univers de Raison et de Foi. Comme lui.

Il se souvint de sa maxime la plus célèbre : On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.

Une maxime dont il éprouvât la justesse, placé alors devant Zalina, celle qu'il pouvait presque penser comme sa fille en Chevalerie, et qui était désormais une femme à part entière. Etait-elle heureuse ? Allait-elle bien ? Que faisait-elle ? C'était peut-être là les questions que l'on s'attendrait à voir posées à la jeune fille dans une conversation normale. Mais Erwyn n'avait rien de normal, et la situation non plus.


- " Il se nommait Valandil. D'Aubagne. Il était mon écuyer en ces lieux. "

Il aurait pu voir les rouages du raisonnement de la jeune fille. Ses besoins d'être rassurée, perpétuellement et toujours ; qui trouvaient leur pendant dans la sécurité drastique de la Forteresse. Et le Vieux Loup, à nouveau, de la regarder, avec ce regard intense qui lui était caractéristique.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyDim 1 Nov 2009 - 17:52

Un mince sourire comme première réponse qui ne fait qu’accélérer encore un peu plus les battements du cœur de la Peste. Elle soutient son regard, attendant des secondes qui lui paraissaient interminables.
Juste une dernière preuve. Juste un nom… Et elle pourrait reprendre un peu d’espoir trop longtemps fuit.
Ses muscles se tendent, sa gorges se serre. Et elle attend… jusqu’à ce que le vieux Loups décide enfin de faire cesser la torture et lâche un nouveau nom : Valandil.

Avec ce nom, c’est toute la tension de la jeune femme qui se relâche également.
IL était enfin de retour. Le chevalier tombé de la falaise et dont le corps n’avait jamais réapparu… jusqu’à ce jour. Zalina le fixa sans vraiment le voir, perdue dans son rêve qu’elle ne voulait pas se faire disparaitre. Un mouvement et tout serait terminé, brisé, anéanti. Alors que sans bouger, le Chevalier restait devant elle, et elle redevenait la petite fille d’une douzaine d’années arrivée à la Forteresse sans rien connaître de la vie, ni du maniement des armes.

Qu’avait elle apprit de plus au cours de toutes ces années ? Que la vie n’apporte que souffrances et désillusions. Qu’elle serait mieux tombée d’une falaise, elle aussi.
La petite fille eut une brusque envie de se jeter dans ses bras et pleurer toutes les larmes qu’elle retenait depuis la mort de Rassaln, depuis qu’elle s’était promis de ne plus verser la moindre larme. Il fallait pourtant avouer qu’elle en avait souvent pleuré depuis, mais jamais en public. C'est cependant la jeune femme qui reprit rapidement le dessus. Ce n’est qu’une seule et unique larme qui perla sur sa joue.
Elle se tourna vers Sepa et lui fit signe que tout allait bien.


Cet homme est bien le Chevalier Erwyn of Kylebonhamm, l’un de nos Frères que nous avions cru disparu. Un ancien Capitaine...

Le laisser passer ou pas, çà, çà regardait le nouveau Prévôt. Elle le laisserait donc seul juge. Elle avait perdu le droit de décider qui entrait ou pas le jour où elle avait dut rendre les gantelets de Capitaine.

Son regard finit par revenir sur l’ancien Capitaine, comme hypnotisé par cette soudaine apparition qu’elle n’espérait plus vraiment. Un de nos Frères trop longtemps disparu… Bien trop longtemps. La surprise des retrouvailles passée, c’est la colère qui prit le contrôle des nerfs de la gamine. Elle serra le poing et l’envoya en direction de l’épaule du vieil homme. Coup donné avec peu de force, mais assez pour relâcher une bonne partie de la rancœur qui la rongeait. Il était resté absent si longtemps, la laissant seule, tout comme Rassaln, Kratos, Deny… tout comme Guillaume...


Cap’taine… où est ce que vous étiez fourré toutes ces années ???
Avez-vous la moindre idée du temps que j’ai passé à vous attendre ???? Et la galanterie qui veut que l’on ne fasse pas attendre une Dame, hein ?? Vous en avez fait quoi ??


Bien sur que Wanou n’y était pour rien. Mais il était le seul des anciens à être revenu entier. Alors il allait payer pour tous les autres. Et la Peste avait un bon stock de colère à ressortir. Et une cible toute trouvée qui lui tombait du ciel.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyDim 1 Nov 2009 - 20:19

Dans les temps anciens, la Grèce, qui inventât la comédie et la dramaturgie, inventa dans le même temps, de façon parallèle à la Chine et au théâtre No, le concept de personnage et, qui en découlait, celui de masque.
Le masque Grec était le persona, cette façade que l'acteur revêtait et qui l'habitait du début à la fin de la représentation. Personnalité, personne, découlent de cet antique instrument de bois, de ce masque dont on s'affuble soi-même et dont on affuble les autres. Sans cesse, et inlassablement. La vie est le plus grand des théâtres.
Nous revêtons des rôles comme on enfile des habits. L'art, avec la pudeur, est le seul attrait qui sépare réellement l'espèce humaine du règne animal(1). Ce fait de nous cacher aux autres, et de nous imaginer autres que nous ne sommes. Là est l'essence de l'être humain.

Et lorsque les masques tombent, que les émotions fusent, que les tensions s'éparpillent, que les pensées volent, et que les façades glissent... Que reste-t-il ? Quel est ce substrat des apparences, cette fixité de nous-même que l'on ne voit bien qu'avec le coeur ?(2) Ne serait-ce pas notre être véritable, la personne sans maquillage, sans fards que nous sommes réellement ?
Lors des représentations, l'objectif de la troupe était d'amener le public à la catharsis, qui était une forme d'expulsion des envies violentes dans un élan tourné vers les Dieux. Car théâtre et religion étaient étroitement imbriqués, Dyonisos étant vénéré avant chaque représentation. Ce Dieu du désir, de la fête et de la luxure ; ce Dieu des élans premiers. Le théatre était ainsi une forme de maintien de l'Ordre public, en évitant des émeutes et des mouvements de foules. Chose que les Romains sûrent avec brio récupérer dans leurs jeux du cirque.

Bande sonore

Sans plus aucun masque sur le visage, Erwyn se présentait désormais devant Zalina comme un premier né. Ou plutôt, comme une légende première-née, avec ce dont Zalina ne savait pas l'existence. Et, en une expulsion violente de ce qu'elle contenait depuis tant de temps, venait alors la catharsis violente, contre lui.
Mais Erwyn s'en fichait. Car cet accueil, cette colère, cet excès d'humeur, c'était un avant-goût de chez lui. C'était un "welcome home, padre". Un "Home sweet home". Home is where the heart is, disent les voyageurs. Et Erwyn était bel et bien revenu chez lui.
D'un bonheur débordant, il capta sans aucune difficulté le coup de poing que Zalina tenta de lui expédier à l'épaule, alors qu'ils étaient tous deux toujours en selle. Puis, rayonnant de bonheur, se rapprocha du cheval du Chevalier, à se faire toucher leurs montures. Puis vint la première chose qui lui vint à l'esprit pour la toute jeune femme qui lui faisait face, ce petit bout d'être qu'il n'avait pas vu grandir. Comme tous les adultes face à un enfant de leur sang... Erwyn, là aussi, prit Zalina dans ses bras. Ce fut une accolade chevaleresque teintée de paternité, un salut comme un père et une fille pourraient en échanger. Il n'y eut pas d'effusions de larmes. Pas de rires tonitruants. Car alors que Zalina ne parvenait qu'à verser une seule larme en pareille situation, Erwyn, lui, ne parvenait pas à plus que de l'accoler, et de la respecter ainsi en tant que chevalier. Se détachant d'elle, il la regarda quelques instants, comme il le faisait si souvent ; façon de choisir très soigneusement ses mots donnés en guise de réponse, souvent à méditer. L'air était encore doux, en ce jour d'automne. Et alors que les feuilles tombaient, et que le soleil prenait des teintes orangées et marronâtres, sortit une réponse qui résumait tout, et ne résolvait rien. Une réponse qui appelait d'autres questions. Mais Erwyn ne répondait jamais directement.


- " L'edelweiss se cache souvent plusieurs mois sous la neige, avant de sortir de la croûte neigeuse pour resplendir au soleil. Ainsi en a-t-il été pour moi. J'ai attendu mon heure. "

Et ce furent là, sur ces quelques mots, que fut dit tout ce que saurait le commun de la Licorne de son parcours jusqu'à aujourd'hui. Erwyn se gardant le soin de faire un exposé complet des faits au seul Haut Conseil de l'Ordre. Zalina ne racontât pas la phrase qui suivit ; mais on peut sans doute l'imaginer sans mal, dans la bouche du vieux Chevalier.

- " Merci... d'être là. Tu m'as manqué. Vous m'avez tous manqué. "

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(1) : Evidemment, d'autres hypothèses ont été amenées au cours des siècles : le concept de société, par exemple, mais qui est partagé par de nombreuses espèces animales ; le soin apporté aux morts, via les sépultures. Mais les éléphants en font autant !
Il y eut aussi la fabrication d'outils pour parvenir à ses fins. Mais on s'aperçut que les martins-pêcheurs utilisaient parfois eux aussi des outils pour parvenir à manger.

Au final, la seule chose distinguant réellement l'être humain de l'animal est le processus artistique d'une part, et le principe du pudeur d'autre part : l'homme étant le seul animal à se faire des vêtements.

(2) : A relier au Petit prince, de Saint-Exupéry, évidemment.
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MessageSujet: Re: [RP] La relique vivante   [RP] La relique vivante EmptyMer 11 Nov 2009 - 20:17

Le poing de la colère fut facilement arrêté par le Chevalier. Un coup dans le vide, comme elle en donnait souvent. Au final, attendre la cible n’était même plus le but recherché. A quoi bon de toute façon. Les coups lui étaient rendus. Au moins celui-ci ne ferait peut être pas trop mal lorsqu’il reviendrait. Et elle aurait bien été embêtée si le vieil homme avait finit les fers en l’air, à coté de sa monture. Que savait elle de celui qui revenait et de son aptitude, importante il y a des années, de tenir en selle ?

Mais ce n’est pas un coup de poing qui vient en retour.
Erwyn fit rapprocher sa monture pour prendre la Peste dans ses bras. Surprise, la jeune fille se laissa faire, une seconde, avant de reprendre son regard noir. Non non, on ne l’aura pas comme çà une seconde fois.

Ces Chevaliers ont la fâcheuse habitude de croire qu’il suffit de faire des retrouvailles en la prenant dans les bras comme une enfant pour qu’elle redevienne une enfant sage et obéissante. Mais c’était finit çà. Elle ne croyait plus au comte de fée et le retour d’Erwyn ne suffisait pas à tout remettre en cause et lui donner de nouveau confiance. Guillaume lui avait déjà fait le coup. Lui aussi l’avait serré dans ses bras dans la forêt de Marchiennes. Lui aussi lui avait offert ce regard du « tu m’as manqué ». Bien qu’avec Guillaume, la distance ne fut pas physique, elle fut bien réelle. Et à peine le temps de profiter de cet instant que poufffff, ils se remettent à disparaître comme ils ont réapparus. On ne peut pas avoir confiance dans l’espèce humaine.
Hors de question pour elle de retomber dans le panneau et de se reprendre une claque. Elle serra les dents, se recula et offrit son regard vide à l’ancêtre.


Bon retour à la maison Ca’taine. J’espère qu’elle sera longue, votre heure.
Mais vous n’êtes pas revenu pour moi je suppose… Vous avez besoin de mon aide pour quelque chose ou vous vous en sortirez sans ?


Voix presque froide et distance reprise. La muraille s’épaississait rapidement. Chevalier sans attache elle rêvait d’être enfant, Chevalier sans attache elle était devenue. Erwyn aurait put être un modèle, comme Rassaln l’avait été pour les armes, Guillaume pour la séparation vie Licorne/vie hors Licorne et comme bien d’autres croisés au détour d’un chemin. Sa légende seule l’avait été.
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