Toc toc toc

A chaque respiration, Rems vaporisait une fumée blanche dans l'air forestier.

Les collets qu'il avaient posés pour attraper quelque lapin susceptible de servir de pitance restaient implacablement vides, les potentielles proies étant sans doute pétrifiées au fond de leur terrier en attendant la clémence printannière de Mère-Nature. L'ex-Lieutenant Nîmois avait décidé de se tenter sa chance sur les rares oiseaux qui croisaient au dessus des cîmes, ultimes retardataires des migrations autômnales.

Emmitouflé dans sa cape, il se tenait à l'affut, scrutant le ciel, une flèche encochée à son arc. Après quelques heures sans point trop bouger, la rareté des cibles nuisait à sa concentration. Son esprit divagua vers la plus douce de ses pensées : sa Louve. Elle était partie vers la Forteresse pour rencontrer le Haut-Conseil, fidèle à Elle-même : volontaire, gaie, charmeuse, en un mot, sublime. En attendant qu'Elle revienne, Rems s'était donc mis en quête d'un peu de viande propre à améliorer l'ordinaire qui était le leur depuis le Languedoc.

L'instinct du chasseur reprenait difficilement le dessus sur celui de l'énamouré quand un maigre pigeon au vol désordonné fendit la grisaille nuageuse qui emplissait son champ de vision.

Tel le Gallois moyen aux ordres de son Capitaine, mais en plus méridionnal, Rems banda son arc, visa, bloqua sa respiration, et ouvrit les doigts, laissant la corde propulser impitoyablement la flèche vers l'infortuné voyageur.

Celui-ci obliqua soudainement vers la terre ferme, faisant fi du tir trop imprécis pour constituer un danger. Rems faillit choir sur le fondement en reconnaissant son ex-futur repas.

Eh bien mon vieux, tu as de la chance que j'ai toujours préféré l'entrainement à l'épée qu'à l'archerie...

Rems s'acroupit et, admiratif, siffla entre ses dents.

C'est miracle que tu m'aies retrouvé... C'est Lou qui t'envoie ? Bon, trève d'effusions, quel message me portes-tu là ?

Rems prit le pigeon entre ses mains, et détacha de sa patte gauche un petit morceau de parchemin fortement humidifié par les éléments.

En lecteur chevronné, le Nîmois comprit immédiatement qu'il était convié à un entretien avec le Haut-Conseil. Il emballa rapidement le paquetage, attacha Tancrède à une longe, sella Soraya et sauta en selle.

Les chevaux semblaient partager cette impatience mélée de la crainte respectueuse qui précède les rencontres importantes d'une vie. Ainsi, en moins de temps qu'il n'en faut pour aller des Arènes à la Cave aux Brigands, les chevaux avaient atteint le poste de garde. Rems mit pied à terre et s'avança suivi des deux coursiers.
Le factionnaire lui lança un sourire débonnaire et Rems s'annonça :

Bonjorn l'ami ! Je m'appelle Rems et j'ai été convié à un entretien par le Haut-Conseil. Vous avez dû voir passer ma Louve... Heu, une candidate répondant au doux nom d'Alfgard...
Par contre, je suis désolé, mais je n'ai pas la convocation avec moi... Elle m'a été portée par mon pigeon en un long voyage, et, heu... Enfin, c'est une longue histoire. Ou puis-je laisser mes chevaux ?

La matinée était bien froide ce matin-là. Camulus était à peine sorti de sa couche qu'il voulait déjà y retrouver la chaleur. BRrrrr. Il attrapa des vêtements qui lui étaient somme toute peu familier... à savoir un épais manteau de fourrure grâcement mis à disposition par l'ordre pour éviter que le courageux homme d'armes qu'il était vienne à prendre froid au niveau de la herse.

La matinée s'était écoulée douce comme le miel et c'est un vin chaud et sucré qui lui remit les idées bien en place. Sûr qu'il allait davantage rencontrer des hommes de glaces aujourd'hui... Mais bon, un devoir et un devoir et si jamais un homme des neiges venait d'aventure à s'approcher de la herse et bien il sera d'abord attentif au but de sa visite avant éventuellement de le pourfendre.

Il entend des bruits de sabot et regardant au loin il vit un homme s'approcher avec deux chevaux. Montcaret se gratte le menton, interrogatif... apportait-il avec lui la moindre partie de sa maison? Peu importe.

Bonjorn l'ami ! Je m'appelle Rems et j'ai été convié à un entretien par le Haut-Conseil. Vous avez dû voir passer ma Louve... Heu, une candidate répondant au doux nom d'Alfgard...
Par contre, je suis désolé, mais je n'ai pas la convocation avec moi... Elle m'a été portée par mon pigeon en un long voyage, et, heu... Enfin, c'est une longue histoire. Ou puis-je laisser mes chevaux ?

Camulus lui sourit humblement,

Salutations à vous Rems et bienvenue à Ryes! Je crois effectivement avoir pu voir le nom d'Alfgard circuler. Il me semble qu'elle est dores et déjà en entretient avec le Haut Conseil.
Peu importe pour la convocation, si vous êtes attendu nous le savons. Une minute, s'il vous plait.

Puis orientant sa très haute stature vers la salle des registres et prenant sa voix la plus caverneuse, Camulus entreprit d'interroger son frère...

Frère ERAGOOOON! Peux-tu me dire si un certain Rems est attendu pour un entretien avec le Haut Conseil?

Ahhhhh quel confort.. être dans une petite salle, bien plus au chaud qu'a attendre devant la herse. Et pour comble du bonheur il avait conservé une bonne bouteille de chouchenn, vestige de son voyage en Bretagne.
Il la déboucha avec un petit POC bien sonore.
Il n'en fallait pas plus au héraut pour le faire sourire.
Veillant à ce que le chef ne l'prenne pas à boire pendant le service, il était tout de même aux aguets.

Et au moment même ou le verre de la bouteille entrait en contact avec les lèvres un peu froide du Poitevin, un cri caverneux et guttural se fît entendre.

Citation :: Frère ERAGOOOON! Peux-tu me dire si un certain Rems est attendu pour un entretien avec le Haut Conseil?

On aurait dit un ours qui sortait de son hibernation et qui poussait son premier grognement de l'année.
Eragon tout bouleversé, croyant que c'était le chef qui l'avait surpris fît malencontreusement tomber quelques gouttes du délicieux nectar sur le registre qui était ouvert à la page des prochains attendus.

Il poussa un petit grognement plutôt digne d'un bébé ourson qui essaye sa voix.. et essaya de décrypter les lettres.
R...E..M.. et la quatrième illisible..
Soupir.. ohh et puis de toute façon yallait pas en avoir des dizaines qui avaient un prénom à 4 lettres.. et qui venait à Ryes.

Ouais c'est bon, tu peux ouvrir.

Il sortit de sa salle et attendit que le "nouveau" s'approche vers lui.

Bien le Bon Jour, alors vous êtes attendus en Salle Amoulesolo. Me demandez pas d'ou sort un nom pareil je saurai pas vous dire.
Alors pour y aller faut prendre.. la troisième à gauche.. puis seconde à droite.. vous verrez la taverne de fâce de vous pis après.. bla bla .. vous montez... bla bla.. et voila

Et bonne chance

Rems nota in petto - mais en français - le chemin de la salle dont il ne faillit pas retenir le nom, et l'emplacement de l'écurie.

Je vous regracie, Mestre Eragon.

Il tourna les talons et les chevaux les sabots.

[Après l'entretien]

L'Amour guidait ses pas à un niveau proche de la lévitation. En moins de temps qu'il ne faut à LouCaillou pour dérober une plume à Zézaye, Rems avait atteint l'écurie.

Dans la pénombre, son coeur s'arréta un instant - Saint Daifibrilateurre soit loué, cet instant fut bref. Tancrède avait disparu ! Son sang ne fit qu'un tour. Il tira sa lame, prêt à soumettre un palefrenier à la Question, en plus cruel. Avant qu'il ne meutrisse quelque disciple de Saint Zittraune, son sang fit un second tour, permettant à son cerveau de retrouver une partie de ses facultés. Comme il s'agissait de la partie qui contenait le plan mis au point avec sa Louve, il se souvint que le premier des Deux qui avait terminé son entretien devait aller attendre l'autre, non sans avoir récupéré son coursier auparavant.

Le message qu'il découvrit sous la selle de Soraya, pendue à un crochet (la selle, pas Soraya qui s'ébrouait déja à l'idée de se dégourdir les pattes), lui confirma que le plan s'était déroulé comme prévu. Sa Louve Ardente, pensant au moindre détail, avait même indiqué, de son harmonieuse calligraphie - mais en mieux écrit - l'endroit du rendez-vous : l'auberge de Ryes.

L'ex-Lieutenant sella sa jument et en un instant, il était sur la route de l'auberge, pressé de rejoindre son Autre, de La serrer contre lui, et qu'Elle lui conte son entretien.

Sujet: Re: Toc toc toc Lun 4 Jan 2010 - 21:59

[Après la réponse du Haut-Conseil]

Rems était si heureux que sa jument volait littéralement au dessus des pavés du chemin qui montait à la Forteresse. A peine sa monture arrétée devant la herse, il sauta au bas d'icelle, tel le cabri moyen, en moins bêlant toutefois. Il se demanda soudain si les cabris bêlaient. Balayant ces considérations zoologiques d'une chiquenaude mentale, il entreprit le garde :

Bonjorn Frère ! Puis-je entrer ?

Et il lui tendit son parchemin, pressé de retrouver sa Louve, admise quelques temps avant en ces murs.

Spoiler:

Sujet: Re: Toc toc toc Mer 6 Jan 2010 - 1:44

Retour a la herse tant adorée, cette énorme plaque de métal qu'il aurait décrit héraldiquement (et faussement) comme du champ frété de de sable. Un cavalier bien enjoué se pointa devant cette fameuse herse descendant de son destrier d'un geste habile. Décidément ceux qui arrivaient avec de bonnes nouvelles à la main se voyaient de loin ils étaient tout heureux et se pointaient le sourire aux lèvres. Presque aucun étonnement quand il lut la missive, enfin une personne qui veillait à ne pas perdre le sceau ..

Bonjorn Frère ! Puis-je entrer ?

Hummm oui tout à l'air en règle dit il avec un petit sourire
Maintenant prépare toi a retenir le chemin pour deux trois endroits par lesquels tu vas devoir passer.

Il prit une grand inspiration pasque c'était beau de dire aux autre de se rappeler le chemin.. mais fallait faire attention à s'en rappeler soi même pasque si on commençait à raconter des conneries aux nouveaux on allait pas aller loin..
Il enclencha l'ouverture de la herse et commença les explications

Donc, primo tu vas à l'infirmerie pour ta visite médicale.
Ensuite tu peux aller te prendre un coin pour dormir au Dortoir des ecuyers.
Et tertio voila comment aller à la Salle d'Armes. Bone je crois que tu as tout et puis il y a des lieux que tu découvriras par toi même puisque je n'y ai moi même pas accès.

Puis alors que le nouvel écuyer allait partir avec toutes les indications en tête, le Poitevin tilta que c'était avec lui qu'il avait commis une "bourde", il s'empressa donc de la corriger.

Hey! Au fait, Amoulesolo dict L'Africain fût le deuxième Grand Maître de l'Ordre.

Petit clin d'œil, desfois qu'il rencontre Rhuyzar ..

Sujet: Re: Toc toc toc Mer 6 Jan 2010 - 22:58

Tel Saint Biquevide, Rems regretta de ne pas avoir Naze sous la main pour lui arracher une plume et prendre des notes. Il se contenta donc de compléter le labyrinthe qui se composait dans son esprit. Une manière d'habiter mentalement la Forteresse avant d'y avoir toutes ses aises.

Alors qu'il effleurait l'idée de remercier l'accueillant avant de tourner les talons, celui-ci apporta une précision qui faillit faire rougir Rems, car il n'avait pas retenu l'information initiale. Avec une mauvaise foi aussi confondante qu'intérieure, il s'en félicita.

Merci Frère, je tâcherai de m'en souvenir.

Et de prendre le chemin des écuries avant que de se rendre à l'infirmerie.