Rheanne et Anorion font leur entrée...

Une journée comme tant d’autres. Tantôt sur les remparts. Tantôt à la chancellerie. Habitudes routinières rapidement prises. Tout semble parfait ou presque dans le monde de la brune. Mis à part un brun un peu trop loin à son goût…

Jusqu’à ce jour. Jusqu’à cette missive. Missive frappée du sceau de La Licorne. Le cœur battant, elle ouvre le pli. La réponse. La réponse tant attendue après l’envoi de sa candidature. Et de la relance rédigée presque sous l’ordre de la cheffe de la Lance Licorne qu’elle a intégré depuis… pff bien longtemps.

Vague instant de panique. Elle espère que le message fait en effet référence à sa candidature à l’Ordre Royal et non point à un éventuel manquement de ses devoirs en mission avec la Lance. Hésitation rapidement balayée par un souvenir. Celui là même où Anorion, son « presque frère » lui a annoncé qu’il avait été reçu. Sur le coup, elle avait été piquée par la jalousie. Pourquoi lui avait dû passer avant elle ? Son cas est-il si épineux et délicat à traiter ? En tout cas, dans quelques instants, elle serait fixée.

Main droite maîtrisée qui fait sauter le sceau. De toute façon, il ne sert à rien de trembler, cela ne changerait en rien leur décision. La feuille dépliée de façon méthodique tel un sésame vers une nouvelle vie.
Les yeux noirs éclairés d’une lueur d’espoir parcourent le parchemin.

Mâchoire inférieure accusant la gravité, elle relit et relit encore une fois ladite lettre. C’est bien la réponse d’évaluation de sa candidature. Et exactement celle qu’elle attend. Enfin, pas exactement. Elle pense se tromper et reprend le déchiffrage en pesant dans son esprit chaque mot. « Parmi les écuyers ». Là elle a besoin de savoir…

Le précieux sésame posé sur la table d’écriture de la Chancellerie, elle rédige une courte missive à son frère.

Citation :

Grande nouvelle à t’annoncer, je pars de suite pour Montmirail.

Affectueusement,
Rheanne.

Tellement excitée qu’elle ne peut en écrire plus. Pli confié à l’intendant qu’elle informe par la même occasion.

Henry, je dois quitter quelques jours le Maine pour une affaire urgente. Je vous confie la Chancellerie. Faites moi préparer une voiture au plus vite.

Pas le temps de rentrer dans les détails. L’affaire est urgente. Avec un peu de chance, il penserait que la diplomatie requérait ses conseils. S’il vient à savoir le motif de son absence, l’intendant saurait lui rabâcher ses devoirs de Chambellan mais là elle n’est pas d’humeur à débattre de ses priorités avec le grincheux intendant.

Pas le temps non plus de passer prendre quelques effets à sa tente. Elle improvisera à Montmirail. Et puis peut-être que la compagne d’Anorion pourrait lui prêter une tenue ou deux pour le voyage. On verra en temps voulu.

Elle prend place dans la voiture et informe le cocher de la direction.
Quelques heures de voyage et les remparts de Montmirail apparaissent. Renseignement pris, Rheanne (enfin, le cocher) trouve rapidement la demeure d’Anorion et d’Irella. Elle espère qu’il sera là..

Après avoir signifié au cocher de patienter, elle descend de voiture et va se poster devant la porte d’entrée. Anorion a dû recevoir il y a peu sa missive par coursier prioritaire (cela a dû bon d’être Chambellan…). Tentant de maîtriser son excitation, elle tambourine à l’huis.

Anorion, c’est moi !! C’est Rheanne.

Elle sort de sa besace la précieuse lettre, la déplie et la tend au devant d’elle afin que son ami soit obligé de mettre le nez dessus dès l’ouverture de la porte.

Quelqu'un a rudoyé la porte d'entrée du moulin. Cela a produit tellement de bruit qu'Anorion n'aurait su dire qui s'était annoncé. Il n'avait même pas reconnu la voix derrière la porte.

Il se dépêche de venir ouvrir. Ce pouvait être une urgence.

Une fois la porte ouverte, il ne voit toujours pas qui est la damoiselle qui se tient devant lui. Mais demoiselle, c'est certain …

La personne en question tient devant elle, bien en évidence, un parchemin. Anorion s'approche donc et lit le pli.

Lecture faite, il pince entre deux doigts le courrier et le tire doucement vers le bas, découvrant ainsi le visage de …

Rheanne ! Quelle surprise ! Félicitations, jeune écuyère ! Entre donc…

Anorion fait entrer son amie et lui sert une boisson.

Laisse moi deviner … Tu es venue pour que nous prenions la route vers Ryes ensemble… C'est une excellente idée ! On peut partir demain matin. Cela me donnera l'occasion de dire au revoir à Irella. Et de préparer mes bagages. Ce n'est pas pour une promenade de deux jours que nous partons. Tu as tout ce qu'il te faut ?

Ecarquillement des yeux de la brune et la bouche qui s’entrouvre jusqu’à mimer un timide rond.

Euh… Eh bien… En fait… je crois que dans l’euphorie, j’ai… un peu « oublié » de prendre mes affaires. J’étais tellement pressée de t’annoncer la nouvelle que je suis partie comme ça de la Chancellerie.

Rheanne semble hésiter quelques instants et prend un air attristé, limite larmoyant. De cet air auquel Anorion a du mal à résister. Elle baisse la tête et esquisse une légère flexion des genoux, pâle imitation d’une rapide révérence.

Et donc, voilà la seule tenue que j’ai pensé à emporter parce que je l’avais sur moi. Dis moi, ta chère et tendre n’aurait-elle pas une ou deux tenues à me prêter ?

Coup d’œil à ladite tenue de voyage. Une robe bleue pâle toute simple ornée de ci de là de quelques taches d’encre. Une tenue de secrétaire et non de voyageuse et future écuyère. Anorion soupire et secoue la tête, puis ne pouvant conserver son sérieux plus longtemps, libère son grand sourire. Quelques mots échangés avec sa compagne et voilà Rheanne enlevée par Irella. S’en suit un défilé improvisé. Les rires et moqueries s’enchaînent et occupent l’esprit de chacun. Le choix se porte rapidement sur deux robes, une de fin lin ocre et l’autre rouge.

Et Anorion de revenir aux choses sérieuses.

Et ton équipement ? Tu l’as aussi oublié ?

Il ne doute pas de la réponse de la brune. Comment peut-il en être autrement ? Ce qui lui semble une simple formalité amène une étrange décomposition du faciès de la jeune femme. Non quand même pas, elle a pas osé ?

Euh… Je… Bah non bien sûr, tu penses bien…

Rire nerveux apparemment. Quelques hésitations, cela ne présage rien de bon. Ni une ni deux, voilà la brune ressortit du moulin et se dirigeant vers la voiture. Anorion la suit du regard par la fenêtre. Elle s’entretient avec le cocher à grand renfort de gesticulations des bras et de tapage de pied. Voilà qu’il reconnait bien la Rheanne quand rien ne va comme elle veut. Le cocher penaud de lui faire face. Il semble recevoir un sacré savon et se dirige vers le coffre servant habituellement au personnel de voyage. Il en sort ce qui semble être une courte épée et un tas de vêtement. Mais de son poste d’observation il ne peut en voir plus. Et Rheanne de revenir sourire triomphant sur le visage vers la demeure.

Tu vois, j’ai tout ce qu’il me faut. J’allais quand même pas oublier ça !

Quelques rires plus tard ... Rheanne enfin équipée, le trio va profiter d'une fin de journée calme … à moins qu'elle ne soit animée … après tout, c'était la dernière passée à Montmirail avant longtemps. Anorion pourrait ainsi faire ses "au revoir" à sa bienaimée et préparer ce qui lui serait utile pour ce voyage. Ou plutôt préparer ce qui lui serait utile pour ce voyage puis faire ses "au revoir" à sa bienaimée.

La fin de journée se termine ensuite autour d'un bon repas, le tout relativement bien arrosé. Pas trop tout de même, histoire d'être en forme le matin venu.

Le lendemain, malgré tout, est un peu difficile. Lever tôt, petit déjeuner, quelques mots d'adieu.

Puis … en route vers la Normandie ...

Cette route, elle est relativement longue, surtout en voiture. Faire tout le voyage en une seule journée était impossible … les deux amis en avaient pour une dizaine de jours … un vrai périple en soi … Il était question de faire des provisions et de prévoir les arrêts dans des relais. C'est d'ailleurs ce que les deux amis font … étapes incontournables de cette nouvelle aventure.

Anorion ne lésine pas sur les moyens lorsqu'il voyage. Avec cet avantage, pour le coup, de ne pas avoir à s'inquiéter du poids de ses bagages. Un coffre bien rempli avait été chargé dans la carriole. Mais il avait tout de même tenu à partir avec son cheval, le grand percheron noir nommé Tonnerre. Armé d'une dague, de sa longue lame, et de son arbalète, il était peu probable que les deux amis rencontrent des ennuis. D'autant que Rheanne, elle aussi, est maintenant correctement armée.

Dix jours … dix jours de route … Rheanne et Anorion sont tous deux bien contents de les passer ensemble. Que ça devait être long de le faire seul...

Ils croisent bon nombre de voyageurs. Avec certains, ils échangent quelques mots amicaux. Ces moments sont plaisants car ils permettent de casser la monotonie du quotidien, de faire se reposer les chevaux, de ne plus entendre les roues de l'attelage sur les routes parfois empierrées, parfois de terre battue. Ces moments permettent aussi d'obtenir des informations intéressantes sur des tas de choses, allant de l'état des routes à la présence ou non de brigands ou autres groupes dont on préfère éviter la rencontre.

Quelquefois, Rheanne et Anorion s'arrêtent pour observer, découvrir, se dégourdir les jambes, faire boire les chevaux, et se nourrir, aussi. Mais souvent, pour ne pas dire trop souvent, Rheanne sort la missive licorneuse de sa besace, la déplie avec soin et n’a de cesse de s’en faire la lecture. Pli, repli, dépli et rerepli… ce qui au bout d’un moment risquerait d'avoir raison de la résistance et la qualité du parchemin.

Fais attention ... à force de lire ton courrier, le texte va finir par s'effacer ...

Et les deux amis de rire ...

C'est finalement sans encombre que les voyageurs arrivent à Ryes. La forteresse est imposante, surtout qu'elle n'est environnée que de cette nature battue par les vents. Les champs avoisinants sont en pleine culture. Le blé est encore vert et fait penser à une immense mer agitée.

Rheanne ? Tu as déjà vu la mer ? La vraie, pas celle-ci …

Petite pause ... avant d'amener la suite, non sans appréhension ...

On est pas à l'avance, mais pas en retard non plus. Ça te dirait de pousser jusqu'aux rivages pour qu'on puisse l'admirer ? Qui sait si nous en aurons l'occasion une fois dans le château ?

Dernier jour de voyage. Ils approchent du but. A mesure que la voiture avale les lieues, le rythme cardiaque de la jeune femme s’accélère. Alors que les jours précédents, elle n’a eu de cesse de s’extasier devant le moindre brin d’herbe avec le même enthousiasme que son compagnon de route et d’aventure. Mais, là depuis le matin, l’humeur n’est plus la même. Certains y verraient du dédain mais en vérité, elle ne peut s’intéresser à ce qui se passe autour d’elle. Elle n’entend même que vaguement les boutades d’Anorion qui semble vouloir la distraire. Elle oscille entre hochement de tête et petit murmure d’assentiment.

Ryes approche. Bientôt ils y seront. Bientôt elle verrait de ses yeux la forteresse fief de l’Ordre de la Licorne. Elle se concentre sur le bruit de roulement et de crissement des roues de la voiture sur le chemin tentant certainement d’imaginer nombre de chevalier et hommes d’armes foulant cette même terre rentrant d’une longue absence sur des fronts lointains. Frisson dans la nuque. Vague panique en se rendant compte de son engagement, de ce que bientôt elle s’apprête à faire. Peur des voyages ? Des campagnes interminables loin des siens ? Ne pas être à la hauteur du destin qui s’ouvre à elle ? Ou bien la peur de la peur elle-même ? Allez savoir… Peut-être un peu de tout cela… et de bien d’autres. Une jeune femme élevée pour la plupart de son enfance par les moniales du couvent de redressement, voilà qui l’avait tenu éloigné du genre de quotidien de ses futurs frères licorneux.

Destination en vue. Le cocher arrête la voiture. Et Rheanne d’en sortir la tête. Impressionnant spectacle qui s’offre devant ses yeux. Les yeux pétillants d’excitation. Maintes fois Guilhem lui a parlé de ce lieu et elle avait fini par en avoir une idée très précise en tête. Mais que son imagination semble fade devant la réalité. Certes, elle n’est pas coutumière d’architecture militaire ou même de châteaux seigneuriaux, le domaine de Beaumont qu’elle avait trouvé immense la première fois pour son cours de maniement d’armes lui paraît maintenant comme une simple chaumière un peu cossue.

Elle descend de voiture, ne pouvant détacher son regard de cette enceinte, de ces remparts qui bientôt peut-être serait son seul environnement pour les semaines à venir. Et Anorion de balayer l’horizon d’un large mouvement de bras. Mer de culture. Les blés dansant au gré du vent. Le vert rendant encore plus impressionnante la blancheur des pierres de la forteresse. Elle pourrait passer des heures à regarder chaque pierre, cherchant certainement à s’imprégner des lieux. Mais Anorion la redescend de son comptage.

La mer ? Non, je ne l’ai jamais vue. Et je ne suis pas certaine d’avoir le pied marin… Tu sais que j’ai un estomac fragile…

Légère allusion à sa relation particulière avec les chevaux. Lui sait. Lui et Lynette. L’une dans le coma et l’autre fidèle protecteur. Le secret semble pouvoir être préservé. A moins que… Oh non pas ça… Pourquoi elle n’y a pas pensé avant ?
Bon elle avisera en temps voulu. Elle ne va pas renoncer maintenant. Pas maintenant qu’elle se trouve à quelques pas du poste de garde.

Anorion interrompt à nouveau ses réflexions. Elle le regarde, incrédule.

Quoi ?

Et Rheanne de piquer un fard. Il ne va pas lui faire ça. Pas maintenant. Pas alors que le renoncement vient de lui traverser l’esprit. Et lui, il lui propose de partir jouer les touristes ?! N‘est-il pas aussi pressé qu‘elle de passer les lourdes portes et comprendre ce qui les attend désormais ? La jeune femme brune en guise d‘instinct de protection, serre contre elle la besace contenant la missive d‘acceptation. Un peu plus et il voudra lui arracher son précieux pour retarder l‘échéance. Mais que craint-il ?

Non mais ça va pas non ? Tu crois quoi ? Qu’on peut se permettre de les faire attendre encore plus ?

La colère commence à poindre dans ses paroles. Il ne sera pas dit qu’il perdront une minute de plus à admirer le paysage… Elle regarde fixement Anorion tout d’abord sourcils froncés et regard menaçant. Puis elle se rappelle que son ami ne se laisserait pas abuser. Il la connaît trop bien. Elle doit être plus maligne que lui. Ne pas lui montrer la tension qui l’habite, la pression qu’elle ressent sur ses épaules. Et lui revient en tête les récits de la soirée de la veille en taverne. De vieux paysans s’amusaient à raconter à de plus jeunes des histoires sur des bêtes rodant dans les bois. Et là une idée germe dans sa tête… Elle adoucit le regard pour prendre le faciès de la jeune fille d’à peine 16 ans lors de leur rencontre. Ça elle sait qu’il ne peut pas y résister, ainsi, elle réussit à arriver à ses fins.

Tu sais, j’ai entendu de curieuses choses sur cette côte la soirée dernière.

Heureusement pour elle, Rheanne avait été la seule à prêter oreille à ses histoires, Anorion tout occupé qu’il avait été à s’inquiéter du chemin à suivre et de l’état des routes. Elle peut très bien arranger une de ces histoires. Parce qu’à ce moment, ils étaient encore loin de la mer, alors l’histoire fabuleuse, elle doit se débrouiller pour l’inventer.

Captiver son attention. Voilà qui est fait. Elle baisse aussitôt le ton pour lui souffler la confidence

Il paraît que d’étranges créatures peuplent ces eaux et parfois viennent même jusqu’au rivage. Très dangereuses et sournoises. Des sirènes qu’ils ont dit. Elles attirent les hommes et les ensorcellent en leur promettant une vie de douceur et de plaisir. Et quand les bougres sont sous le charme et commencent à pénétrer dans l’eau pour les suivre… PAF !!!

Elles plongent dans les profondeurs en les entrainant par les pieds. Et jamais aucun n’en est revenu.

Sourire triste et navré, elle soupire.

Tu comprends, Irella m’a fait promettre de veiller à ce qu’il ne t’arrive rien. Je vais lui dire quoi moi si je rentre seule en lui disant que tu t’es fait enlever par les sirènes ?

Elle jauge le visage d’Anorion pour scruter l’effet désiré. Il ne semble pas dupe de son petit manège. Mais il va céder. Comme toujours. Et Rheanne anticipe prématurément en savourant déjà sa victoire…

Des sirènes, tu dis ? Je me demande bien à quoi ça ressemble, une sirène … Et elles attirent les hommes … Me prendrais-tu pour une petite abeille que l’on peut distraire avec un peu de miel ? On devrait aller vérifier ça … Mais plus tard, parce que je te sens bien trop pressée d’entrer dans cette petite masure perchée au milieu de nulle part. Allez, avance donc, petite sirène …

Bon, ok. Le panneau était un peu gros pour ce poisson là. Elle qui manque rarement d’imagination, ce matin cette qualité lui fait cruellement défaut. Mais la victoire est là tout de même. Alors petit sourire de triomphe sur les lèvres, elle le saisit par le bras, besace bien en évidence en ventral. Toute fière qu’elle est, plus sereine que jamais, elle entraîne Anorion vers l’entrée de la forteresse.

Bon tu me laisses parler hein ? Je suis une future Cuillère quand même !!

D’aucun lui aurait certainement décoché une bonne gifle pour lui retirer aussi vite son air hautain. Mais pas Anorion, il sait qu’elle le taquine. Elle a trop d’estime pour lui pour penser ne serait-ce qu’un instant qu’elle est supérieure à lui.

Ben évidemment que je te laisse parler ! Honneur aux dames … Et puis … si je m’adresse trop rapidement au garde, je suis certain qu’il va prendre peur et nous renvoyer d’où on vient. Et j’ai envie d’un bon bain, moi. D’une bonne chopine, et d’un bon repas aussi, tiens, tant qu’à faire, à défaut d’une sirène au bord de la mer !

Franchir le pont levis, ça c‘est fait. Reste à s‘annoncer au poste de garde. Tout se jouait là. Elle lâche le bras de son ami et glisse une main dans sa besace. Voilà enfin qu‘elle va le sortir, son précieux document…

Léger réajustement de la robe, elle se racle la gorge pour se donner du courage. Premier pas. Mais ne pas commencer par le fausser…

Oh là de la garde !! Bien le bonjour. Rheanne et Anorion, du Maine.

Coup de coude discret à Anorion

Oui, oui … Je suis là …

Anorion lui fait un sourire, histoire de la rassurer.

Mais déjà elle ne fait plus attention à lui, la brune se concentre sur le précieux courrier. La main habituée trouve rapidement le document officiel envoyé par le Grand Maîstre. Exercice apparemment périlleux, la chose tant choyée semble s‘accrocher à un obstacle dans la besace. Coup d‘œil à la herse, pas de garde en vue mais quelques bruits semblent annoncer une arrivée imminente. Elle pense encore avoir le temps de comprendre ce qui peut bien se passer dans sa sacoche. Elle baisse la tête et scrute l‘intérieur. Mais pas moyen, alors geste d‘impatience et craignant de ne se faire repérer en crise de nerf par le garde, elle tiraille un peu plus sur le document pour le faire venir. Et ce qui devait arriver arriva ! Le précieux sésame tant déplié et replié n’a pas supporté cette nouvelle sollicitation et ce n‘est qu‘une moitié de parchemin qui apparaît dans la main droite de la brune.

Elle regarde dépitée le bout de la lettre. Et mince, c‘est le début, manque le sceau. Elle plonge la main gauche dans la besace et en extrait l‘autre moitié accessoirement agrémentée d‘un petit peigne à cheveux. Voilà donc ce qui résistait…

Sans se départir de sa confiance, Rheanne juxtapose les deux morceaux en maintenant la cassure de chaque côté. Puis elle lève les bras bien devant elle avec un grand sourire sûre d‘elle-même.

Citation :

L'Ordre royal de la Licorne à dame Rheanne,
Salut et connaissance de vérité.

Qu'il vous soit connu que votre lettre a reçu la meilleure attention de la part dudit Ordre dans son ensemble.
Item que les votes ont souligné vos qualités et les promesses qu'elle contenait.

Citation :

Item que vous estes en ce jour acceptée parmi les écuyers dudit Ordre qui vous attend maintenant en ses divers établissements.

Faict en Ryes ce 24e jour de mai de l'an de grasce MCDLVIII

On lui a dit de montrer le courrier, mais il était pas précisé qu‘il devait être en un seul morceau…


Edit : Correction d'une petite incohérence. Merci LJD Eragon. C'est mieux comme ça ?
Edit (Era): Toutafait

Ce n’est que quand Rheanne sort son document … ses demi-documents, qu’Anorion se rend compte qu’il doit, lui aussi, présenter son invitation au garde.

Tiens … tu as reçu deux invitations ! Tu m’épates, Rheanne …

Ce disant, il glisse sa main dans sa poche et en ressort immédiatement un parchemin plié, qu’il tend tel quel au gardien de la tour.

Citation :

L'Ordre royal de la Licorne à messire Anorion,
Salut et connaissance de vérité.

En ce jour, le Haut Conseil de l’Ordre s’est prononcé en défaveur de votre intégration en notre sein au rang d’écuyer.

Néanmoins, cette même assemblée a estimé devoir vous recevoir en tant qu’homme d’armes,

Ainsi, veuillez vous présenter en la Forteresse sise à Ryes , et présenter cette missive aux gardes.

Vous exprimant mes salutations.

Faict en Ryes, ce 17e jour de mai de l'an de grasce MCDLVIII.

Se tournant vers Rheanne, il lui glisse à l'oreille :

Ne sois donc pas si nerveuse, sœurette … Il ne va pas te manger, le garde ! A moins que … c’est peut-être le mari d’une sirène, qui attire les jolies filles pour les manger au fond du donjon … Je me méfierais, à ta place …

A cet instant, Anorion a bien du mal à garder son sérieux. Néanmoins, il réussi à ne pas rire.