[RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien.

Sujet: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Mer 5 Jan 2011 - 10:32

[Joindre l'utile à l'agréable ]

René...

La Pivoine esquisse un sourire amusé.

C'est ma taverne.

Le ton du géant est buté. On dirait un grand gamin à qui on est en train d'enlever son jouet.

René... on ne fera rien de désagréable à ta taverne...

Le tavernier, impassible, la trogne fermée, continuait à frénétiquement essuyer ses verres. La Pivoine tente un nouveau sourire, pendant qu'elle s'installe devant le comptoir.

S'il y a des dégâts, ils seront réparés. Tu as ma promesse.

Le torchon s'était arrêté un instant et il avait fixé la Pivoine avant de grogner une sorte d'assentiment. La maître d'arme et Capitaine avait rit et demandé une bouteille de vin, ce qui malgré la mauvaise humeur de René lui avait été accordé. Le géant avait eu sa matinée et était parti en maugréant, non sans avoir essayé de ranger tout ce qui était cassable de près ou de loin.

La Pivoine était bien aise ce jour d'être là. Dehors il fait froid et la neige continue à couvrir Ryes et ses alentours d'un petit manteau albâtre. Et certains vont aller l'affronter. Elle non... privilège du rang ou de l'âge ? Peut-être. Il faut bien avoir des avantages de temps en temps....

Elle se lève et déambule un moment à travers les tables, les chaises et les bancs. Pendant qu'un feu ronronne dans l'âtre, elle les pousse afin de ménager un endroit un peu praticable. Cela risque d'être intéressant. Ce matin donc Sindanarie affronte Aldraien. Et elle s'attend à tout au vu du lieu et des demoiselles.

Une fois son office fait, elle contemple la scène avec un nouveau petit sourire. A pas lents, elle va jusqu'à la chaise qu'elle s'est réservée près de la cheminée et s'y assoie confortablement. Devant elle la bouteille de Médoc, dans sa main le verre. C'est que même si elle arbitre le duel, il ne faudrait pas voir à dépérir. Elles ? Oh non elle n'y toucheront pas . Peut être à la fin, si elles ont été sages, ce qui au niveau des probabilités … n'est pas gagné du tout.

C'est donc une Pivoine toute de noire vêtue comme à son habitude qui attend les duellistes, prenant ses aises, les yeux rivés sur un peu de lecture, deux épées à lames neutralisées trônant sur la table à l'attention des deux demoiselles qui allaient avoir le plaisir dans ce lieu insolite et peu conventionnel.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Mer 5 Jan 2011 - 12:40

Clac. Les petites plaques de métal viennent de se rencontrer alors que Sindanarie noue le dernier lacet de cette curieuse veste qui protègera tout son buste. A part ses bras, mais pour ça, elle aura une épée. Le jour est levé déjà, les rayons froids du Soleil d'hiver entrent dans la petite chambre de l'Errante. Vêtue d'habits sombres, comme à son habitude, elle finit de se préparer, machinalement. La bâtarde qu'elle a reçue lors de son intronisation, même si elle devra probablement s'en départir avant de commencer le duel, puisqu'il se fera à armes neutralisées. La cape azur, reçue dans la chapelle ardente mainoise des mains de la Maistre de guerre, celle qui arbitrera le duel entre Aldraien et elle. Enfiler la brigandine n'a pas été une partie de plaisir pour une jeune femme peu habituée à en porter. Certes, elle en a une, la preuve, elle l'a passée. Mais, ayant plus l'habitude des cottes de mailles (de sa cotte de mailles), elle trouve le contact de cette protection un peu déroutant. Passée la galère des sangles d'épaules, le temps qu'elle comprenne qu'il serait plus simple de les nouer avant d'enfiler la protection, le Soleil s'est encore un peu élevé dans le ciel. Et il est temps qu'elle y aille, même si la distance est minime. Il suffit de se rendre dans la première enceinte.

Ce duel a quelque chose d'inhabituel. Quelque chose de particulier. Elle se battra dans une taverne. Et pas n'importe laquelle, non : celle de la Licorne. Là où se sont affrontés Marie-Alice et Argael, d'après ce qu'elle a entendu par la suite. Là où son suzerain s'est pris une dérouillée, pour ainsi dire. Et, surtout, elle se battra contre sa cousine. C'est quelque chose, ça, non ? Carsenac contre Carsenac. Bon sang ne saurait mentir, et pourtant l'une des deux devrait surpasser l'autre... Curieux, vraiment. Mais au moins, une Carsenac arriverait au deuxième tour du tournoi. Mais fini de se lancer des fleurs. Elle a autre chose à faire, la brune. Elle doit se rendre à la taverne, et pas pour y boire, pour une fois. Elle récupère le casque posé sur son coffre, à côté de son lit, puis quitte la pièce et dégringole les escaliers. Et hop, à longues enjambées rapides (non, elle ne court pas, mais presque), elle traverse la deuxime enceinte et se dirige vers la taverne. Vite, parce que si Sinanarie s'est assez couverte pour un duel, elle ne l'est pas pour affronter longtemps le froid et la neige qui sévissent au dehors.

La taverne est là. Poussant la porte, la jeune femme embrasse les lieux du regard. Les tables, les bancs et les chaises ont été repoussés, formant une petite arène. Il y aurait probablement même de la place pour des spectateurs... Le regard émeraude tombe finalement sur le feu, alors qu'elle a fait trois pas à l'intérieur et fermé derrière elle. Et, fatalement, sur la silhouette assise auprès de lui. La Pivoine, le Tyran. A côté d'elle trônent deux armes sur une table. Elle n'aura pas à se servir de la sienne... Tant mieux. Se servir de son arme Licorne était une chose quand il fallait tomber sur l'ennemi, c'en était une autre quand il s'agissait de son propre sang. Et, comme rester silencieuse plus longtemps aurait été impoli, l'Errante s'inclina légèrement avant d'articuler de la voix enrouée de ceux qui n'ont pas dit un mot depuis leur lever :

Capitaine, le bonjour.

Elle dépose son casque sur la table la plus proche. Il faut bien deux mains pour se débarrasser d'une lame... Et bientôt l'épée bâtarde, endormie dans son fourreau, se trouve allongée aux côtés du casque. Alors que celui-ci réintègre le creux du bras de la Carsenac, elle fait un deuxième tour d'horizon des lieux. Une anomalie de taille. Et soudain, le petit quelque chose qui la chiffonait lui sauta aux yeux. Il manque quelqu'un, en plus de son adversaire de cousine, ou de sa cousine d'adversaire. Sindanarie n'avait jamais été un pilier de taverne à Ryes pour bien le connaitre, mais elle l'avait déjà vu et s'en souvenait comme si elle l'avait croisé la veille. Retour de toute l'attention sur la Pivoine avant de continuer :

René n'est pas là ?

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Mer 5 Jan 2011 - 15:06

Un grognement s’échappe du dortoir des Ecuyers.
Elle aime pas se lever tôt la rouquine, encore plus quand elle est obligée de le faire. Bien sûr, c’était elle qui avait demandé à s’inscrire pour le tournoi, mais quand même, ils auraient pu ne faire démarrer les duels qu’à partir de midi, histoire que les participants puissent avoir le temps de se préparer psychologiquement, entendez par là qu’ils puissent dormir autant qu’il leur était nécessaire pour être de bonne humeur.
Mais non.
Fallait se lever, se préparer avec tout l’attirail habituel, et ensuite se déplacer avec tout ça sur le dos jusqu’à la taverne. Un nouveau grognement, quelle feignasse cette Ald’. Le seul point positif dans tout ça, c’était sûrement qu’elle n’aurait pas à se cailler les miches dehors comme d’autres. Petit ricanement. Elle avait plutôt eu de la chance finalement : elle serait au chaud, et en plus elle allait affronter sa cousine, grande première. C’est qu’elle en avait fait des choses avec la brune, mais jamais elles ne s’étaient battues l’une contre l’autre, une occasion de se tester mutuellement. En espérant que l’ainée des deux ne finissent pas à l’infirmerie comme à son habitude, et c’était pas gagné car d’aussi loin qu’elle se souvienne, chaque combat qu’elle avait mené lui avait couté une blessure. Une espèce de tradition en fait, qu’il fallait respecter, sinon la pauvre serait toute déstabilisée.

Trêve de bavardages, le temps de s’habiller est venu pour la rouquine demi-toastée comme certains la surnomment si bien. Suivant la mode, elle aussi met des vêtements sombres, pour ne pas faire de faute de goût, des fois que ça puisse la sanctionner. Remarque, peut-être que ça déstabiliserait l’adversaire…C’était là une idée à creuser contre un combattant inconnu. Mais contre Sinda, elle savait bien que ça n’aurait pas d’effet, elle était trop solide de la tête, rien de ce genre ne pouvait l’atteindre. Ou alors faudrait carrément qu’elle vienne nue…Mais si elle faisait ça, alors Cerrid’ ne la laisserait pas se battre. Bref, ce n’était définitivement pas une bonne solution à adopter pour le duel qui allait suivre.
S’agissait maintenant d’enfiler les diverses protections qui devaient -normalement- la protéger d’éventuelles blessures. On va pas décrire la façon dont elle se dépatouille avec tout ce bordel, toujours est-il qu’au final, et après de très longues minutes de solitude intense, elle se retrouve enfin à peu près correctement équipée. C’est que c’était pas gagné cette affaire là…Mais à cœur vaillant rien d’impossible comme dirait l’autre.
Ses cheveux attachés par un lacet de cuir afin qu’ils ne gênent pas son champ de vision pendant le combat, elle sangle finalement à sa taille la ceinture qui porte son épée, même si elle sait bien qu’elle devra l’enlever dans peu de temps, c’est juste pour la décoration. Dernière touche finale pour se donner du courage, elle farfouille dans son coffre et en sort une bouteille, dernière rescapée des réserves qu’elle avait pu faire. La boisson des montagnards de son Duché. Et voilà que le liquide descend dans la gorge d’une certaine rouquine sans se faire prier afin de la revigorer. Fallait au moins ça pour la décider à y aller.

Son trésor ayant retrouvé sa place dans ses effets personnels, elle prit enfin la direction de la taverne, trainant moins les pieds que quelques instants auparavant, l’alcool ayant eu l’effet escompté, à savoir lui donner un bon coup de fouet. Le tout était maintenant de réussir à faire une arrivée du type discret sans trop se faire remarquer, puisqu’elle serait certainement bonne dernière.
Par exemple, éviter le ‘Salut les filles !’ qui avait ponctué son arrivée en taverne la dernière fois que Cerrid’ était présente, ce serait peut-être une bonne idée. La dernière fois déjà ça avait pas plu, alors là en plus dans un tournoi très officiel…Vous avez bien vu, Ald’ a décidé d’être sage…pour l’instant. Est-ce que ça durerait ? Seul l’avenir nous le dira.
C’est donc une Carsenac remontée à bloc qui passa l’entrée de la taverne à son tour. Elle était désavantagée par rapport à son adversaire, puisque plus vieille, avec un bras diminué, et qu’en plus elle avait certainement moins d’expérience en combat pur. Mais c’était pas grave, elle allait forcément gagné puisque c’était elle la meilleure ! Faut pas s’en faire pour ses chevilles, ses bottes ont l’habitude…
D’un regard elle fait le tour de la pièce, notant mentalement les endroits où il pourrait être intéressant de diriger son adversaire pour corser un peu les choses, et finalement les émeraudes s’arrêtent sur les deux autres protagonistes de l’histoire. Le verre de vin de Cerridween est visiblement là pour narguer, et elle réprime un plissement de nez en s’approchant de sa cousine. Nouveau regard, elle remarque l’épée de Sinda qui trône sur la table et se défait donc également de la sienne tout en les saluant.

Bonjour Capitaine, Sinda.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Jeu 6 Jan 2011 - 10:50

Capitaine, le bonjour.

La Pivoine hoche la tête en guise de salut. La première.... Sindanarie. Elle sourit en coin avant de siroter une gorgée de son verre.

René n'est pas là ?

Elle se lève pour se porter à la rencontre de la demoiselle pour inspecter la brigandine dont elle tire sur les sangles pour vérifier qu'elle est bien ajustée.

Ah non, il a sa matinée.... mais je crois qu'il craint pour sa taverne... je lui ai dit que les dégâts s'il y en avait seraient réparés.... mais je n'ai pas dit par qui...

Elle sourit en coin en jaugeant la demoiselle...

Tu mettras ton casque... les lames sont uniquement neutralisées et elles pourraient endommager ton joli minois... dépose la tienne au passage. Après cela donne des choses peu recommandables...

Un grincement de porte lui fait tourner la tête. La deuxième … Aldraien... qu'elle s'évertue toujours à appeler « jeune fille » sachant pertinament que cela lui fera grincer des dents. Nouveau petit sourire diffus pendant qu'elle s'avance et nouvelle gorgée de vin qu'elle a gardé à la main et reprit après les vérifications d'usage... juste histoire de... les mettre dans l'ambiance.

Bonjour Capitaine, Sinda.

Nouveau hochement de tête de la Maitre d'arme.

Le bonjour... jeune fille.

Les deux derniers mots sont appuyés avec soin.

Viens voir ici...

Elle fait les même vérifications (choix de la protection demandée pour le prochain post !) et se recule pour aller se prélasser sur sa chaise à côté de la cheminée.

Donc mesdemoiselles, vos casques sur la tête et vos épées personnelles dans un coin... les deux lames qui sont là seront les vôtres.

Elle pointe les deux épées à une main et demi à lame neutralisée avant de se resservir un verre. Elle attend tout en dégustant une gorgée de Médoc qui lui arrache un claquement de langue satisfait que les deux soient prêtes avant d'annoncer.

Le duel sera en trois touches gagnantes. Celle qui sortira vainqueur accèdera au deuxième tour et à d'autres souffrances diverses....

Elle se cale dans sa chaise et lance à voix forte :

Après avoir saluer votre adversaire, pour la Justice et la Bravoure, battez vous !

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Jeu 6 Jan 2011 - 17:30

Eh bien, pour vérifier l'équipement, elle le vérifiait bien, la Maistre d'Armes... A croire qu'elle ne voulait vraiment pas de pertes pendant le tournoi qui s'ouvrait. Se contraignant à l'immobilité, Sindanarie la laissa mener son examen, si crispant qu'elle puisse le trouver. Même Elric, une dizaine d'années plus tôt, alors qu'il achevait presque sa formation de combattante de base, ne vérifiait pas la manière dont elle s'harnachait, lui répétant que s'il lui arrivait quelque chose à cause d'un défaut de son équipement ce serait entièrement de sa faute. Et qu'elle ne devrait jamais compter que sur elle-même. Précepte qu'elle avait essayé de suivre avant de se rendre compte de ses limites. Quand on était, comme Elric, un mercenaire, on n'avait ni Frère ni Soeur à qui se raccrocher, peu de chances qu'ils réagissent immédiatement devant l'un des leurs en danger. Les Licorneux, eux, prenaient soin des leurs. Toujours.

Mais le Tyran, en plus de son examen, prodigait conseils et mises en garde. Un sourire étira légèrement les lèvres de la jeune femme, en même temps qu'une réflexion stupide lui venait. Si jamais quelque chose venait "endommager ce joli minois", elle serait au moins sûre de la sincérité des avances que l'on pourrait lui faire. Il faudrait qu'elle pense à oublier son casque... Non. Décidément, non. Cela la rendrait trop vulnérable, et elle avait horreur de l'être. Comment avait-elle pu penser pareille chose alors que son regard suivait la balafre qui barrait la joue de la Pivoine... En tout cas, elle l'avait amené, ce casque, et elle ne comptait pas l'utiliser comme décoration sur une table ou comme trophée à accrocher au mur. Et la rousse qui allait l'affronter arriva. L'échange entre Cerridween et Aldraien eut quelque chose d'assez surprenant. Avec le recul de l'examen qu'elle venait de lui infliger, au vu de cete scène, Sindanarie en arrivait à trouver une dimension presque maternelle aux agissements du Tyran ce matin-là. Curieux, et un brin déconcertant.

Mais enfin, bien vite celle-ci retourna à un comportement plus habituel. Peu de mots, des consignes nettes. En réponse, Sindanarie ajusta son casque sur sa tête, le sangla comme nécessaire, rejetant sa tresse dans son dos, puis se défit de sa cape azur. Récupérant sa bâtarde posée sur la table, elle l'enroula dans le tissu et alla la déposer au fond de la taverne. Plus loin. Hors d'atteinte, pour qu'elle ne soit pas une tentation si elle venait à se laisser... Entrainer. Par l'ivresse, par la passion, par la folie du combat. Et, avant de se placer face à sa cousine, elle revint prendre l'une des deux épées neutralisées. Curieux mot pour un prudent procédé. Elle n'avait pas exactement le même contact que la sienne. Machinalement, la jeune femme passa la main sur le plat de la lame, fait quelques moulinets du poignet. Pour la connaître au moins un peu, pour l'apprivoiser... Avant qu'un mot la remette brusquement dans le présent et le chemin voulu par l'initiatrice du tournoi.

Saluer ? Regard de détresse lancé à sa cousine. Elle ne savait pas saluer. En fait, elle n'avait probablement jamais salué un adversaire. Même feu Maxime d'Alesme. Même lors d'un duel d'entrainement elle ne saluait pas... Alors quoi faire ? En tout cas, Aldraien avait l'air aussi déconcertée qu'elle par cette curieuse notion. Un léger sourire flotta furtivement sur le visage de la jeune femme avant qu'elle ne se renferme. Elle est comme ça... Elle se détache d'abord quand elle sait qu'elle va se battre. Elle arrête de penser. Elle salue, plus ou moins... Et elle profite. Un murmure froid passe les lèvres de la brune alors qu'elle s'incline légèrement pour saluer, puisqu'il le fallait, son adversaire :

Je te souhaite bon courage, et bonne chance.

Pas qu'elle se sente ou se sache invincible, non. Mais, tant qu'à faire en sorte de l'emporter, en donner l'impression pouvait aider. Et se mettre dans d'autres conditions aussi. Allez, Sinda. Ce n'est pas ta cousine qui te faisait face. C'est un ennemi. Un adversaire. De la chair à percer et à trancher. Un obstacle. Ce qu'il y a derrière, personne ne le sait, mais tu veux le découvrir. Allez. Les prunelles se durcissent. Les pieds trouvent une position de garde. Pieds à l'équerre, un pied et demi entre les talons. La pointe de l'épée se lève. Et, sans autre forme de procès, la plus jeune des deux Carsenac se lance en avant. Se cantonner aux mouvements académiques qu'elle connait n'est pas suffisant, elle l'a découvert par elle-même. Une garde, si bonne soit-elle, n'est rien face à un coup savamment envoyé d'un coin de botte ailleurs que dans la lame.

Arrivée à bonne distance, la dextre ouvre sa ligne de sixte puis, droit vers le cou d'Aldraien, lance un coup de taille. C'est le seul moyen que connait Sindanarie pour avoir suffisamment de vitesse et de force pour manoeuvrer rapidement. Mais ce premier coup n'est qu'une feinte, le mouvement ne s'achève pas dans le cou, il dévie. Il aurait pu être dangereux pour la rousse. Et, malgré tout, elle ne veut pas l'achever, non plus qu'elle ne veut s'arrêter. Alors la paume de la senestre vient s'appuyer sur le pommeau de l'épée, dont la pointe émoussée vise désormais directement le milieu du torse de la rousse. Et, brusquement, en espérant que sa cousine aura protégé son cou en s'affaiblissant devant elle, la jeune femme pousse la lame en avant.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Ven 7 Jan 2011 - 5:14

Jeune fille, jeune fille, j’lui en fouterai du jeune fille moi !
Lui en fallait combien des rides, pour qu’elle se rende compte la Capitaine qu’elle était l’inverse d’une jeune fille ? Ah ça pour lui faire grincer des dents…Elle savait comment s’y prendre c’était une certitude ! Elle n’est plus un poupon depuis un moment, et elle n’a pas besoin qu’on la considère comme une gamine. Si une fois, une foutue fois, on pouvait la considérer comme ce qu’elle est vraiment.
Mais visiblement ce ne sera pas encore le cas aujourd’hui.
Elle s’approche, le visage fermé, et laisse Cerridween faire les vérifications d’usage sans broncher. Vaut mieux qu’elle la ferme de toute façon, sinon elle pourrait bien la mettre de mauvais poil en plus de tout le reste. Et une Pivoine en colère, ça devait pas être bien joli à voir, quoi que ça pourrait être intéressant, un jour…Mais là c’était pas le moment.
Elle ne fait pas clac, ni clic, la rouquine, tout simplement parce qu’il n’y a pas de métal sur elle, quel qu’il soit. Elle porte un simple gambison, qu’elle a quand même eu du mal à enfiler puisque la dernière fois qu’elle avait dû mettre cette protection seule datait de l’époque où elle était encore soldat dans l’Ost du Lyonnais. Dire comme ça date…La protection au moins ne l’entraverait pas trop dans ses mouvements et offrait une épaisseur suffisante pour atténuer les éventuels coups qu’elle pourrait avoir à accuser. Du moins elle l’espérait. Au pire elle aurait quelques ecchymoses.

Les vérifications terminées et l’aval donné, elle pose son épée sur la table, pas trop loin du Capitaine pour qu’elle puisse garder un œil dessus, enfile son casque sur sa tête et le sangle tout bien comme il faut histoire qu’il s’amuse pas à danser sur sa tête pendant qu’elles se mettront sur la figure, et empoigne la lame qui a été préalablement neutralisée. Souvenir des duels précédents.
Elle avait du mal avec les épées à une main et demi. Surtout parce qu’il fallait parfois se servir de la force de sa deuxième main pour pouvoir frapper plus fort, et qu’elle en était incapable, ou peu s’en faut. Sans doute ferait elle sans, elle n’avait pas vraiment le choix de toute façon. Ou peut-être que si.
Elle n’a de toute façon pas franchement prévu de technique, la Carsenac, d’ailleurs elle n’en connait que très peu. Mais elle improviserait, comme toujours. Elle excellait dans cet art, comme dans celui de ne pas avoir l’initiative lors des duels.
Et Cerrid’ qui s’installe bien confortablement, comme au théâtre, pour observer le spectacle qui va se dérouler sous ses yeux. Et quel spectacle, messieurs-dames ! Le plus beau, le plus grand, le plus magnifique de tous les duels ! Celui des cousines Carsenac. Assurément la plus époustouflante rencontre de tous les temps, car ça a été dit, bon sang ne saurait mentir.
Attention, ça va commencer.
Trois touches…

Saluer ?
Même regard que la cousine brune d’à côté. C’était quoi cette histoire encore, saluer ? Mais saluer comment ? Elle n’avait jamais eu à mener un duel officiel avec un arbitre officiel, et des épées officielles, et une taverne officielle…Et surtout, surtout, un salut officiel !
L’improvisation commençait d’ores et déjà.
Ce qui avait de bien, c’est que Sindanarie avait l’air au moins aussi paumée qu’elle. Elle était donc pas la seule à passer pour une inculte finie en matière de combat dans la forteresse de Ryes. Elle incline vaguement la tête et, à son tour, se renferme sur elle-même, se concentrant sur les minutes à venir, intenses à n’en pas douter.

- A toi aussi.

C’est qu’elle a l’air sûre d’elle l’adversaire du jour…Mais peut-être qu’elle allait bientôt déchanter. Il était vrai qu’elle était avantagée dans cette rencontre, mais Ald’ a bien plus d’un tour dans son sac et derrière sa caboche.
La main se resserre sur la garde de l’épée tandis que son regard se fait dur, fixant son adversaire. Vous ne l’aviez jamais imaginé, bien sûr, mais elle sait être sérieuse la rouquine, et même que l’ivresse du combat peut avoir sur elle de très étranges effets. Elle se met en garde, presque un miroir avec l’autre là-bas en face, le pied droit en avant, les jambes légèrement fléchies pour ne pas se retrouver les pieds ancrés dans le sol comme une plante verte au cas où il faudrait se bouger rapidement. Réactivité, c’était là le secret. Sindanarie semblait en plus connaître parfaitement son affaire, il allait donc falloir ruser puisqu’elle n’avait suivi que quelques cours sur le maniement d’une épée et qu’elle était loin de pouvoir vraiment réaliser des prouesses techniques.
Et même pas le temps de réfléchir à comment attaquer que déjà la brune s’est jetée sur elle. L’allait devoir s’y faire, il n’était pas question de réflexion ici, seuls les reflexes importaient. Sur un champ de bataille non plus elle n’aurait pas le temps de se demander ce qu’elle allait bien pouvoir manger à midi car si elle le faisait, alors ce serait des pissenlits qu’elle mangerait, et par la racine s’il vous plait. C’était pareil ici, la moindre inattention et ce serait terminé.

Le premier coup est tout sauf hésitant, elle attaque sur une zone non protégée, son cou, et par le côté. Un coup de taille rondement mené, du moins c’est-ce qu’imagine l’Ecuyère dans son cerveau de rousse. Faut pas trop lui en demander, hein.
De son point de vue, Sindanarie allait commencer tranquillement, pour s’échauffer, pour prendre la température aussi, et pas directement dévoilé son répertoire de coups en réserve. Elle s’est bien plantée, sa naïveté la perdra.
Instinctivement, sa main droite, celle qui mène l’épée, lui fait parer le coup…le coup imaginaire. Il ne lui faut pas longtemps pour réaliser son erreur, tout juste le temps qu’il faut à son adversaire pour réussir à porter son coup. Trop lente Ald’. Jamais détourner son attention de la lame adverse, et toi t’es tombée dans le panneau, comme toujours. Et avant d’avoir le temps de rétablir sa garde, le coup d’estoc vient directement la frapper de plein fouet. Si elle n’avait pas eu son gambison, sans doute ce coup aurait il été très mauvais pour elle. Par chance, l’épaisseur amortit le choc qui ne la fait que reculer de quelques pas et qui lui coupe la respiration l’espace de quelques secondes.
Le choc passé, elle se remet aussitôt en garde pour parer un éventuel nouvel assaut et ne pas se retrouver cette fois définitivement en mauvaise posture. Ce n’était qu’une touche, et c’était encore loin d’être fini. N’empêche ça fait un peu mal quand même une lame pseudo neutralisée !
C’est pas ça qui va l’arrêter de toute façon, elle est prête à remettre le couvert, là maintenant tout de suite. Et l’excitation du combat de monter d’un cran tandis qu’un large sourire presque effrayant vient se planter sur les lèvres de la rousse malgré le coup qu’elle vient d’encaisser. Elle attend impatiemment cette nouvelle attaque maintenant, avec une méchante envie de rendre ce coup qu’elle a reçu. Œil pour œil…
Allez, viens…

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Ven 7 Jan 2011 - 17:09

Tel est le mérite de la feinte. La surprise. Et avec une arme de ce poids, il est difficile de contrer quelque chose que l'on n'a pas prévu. D'ailleurs, le coup porte, du côté du sternum. L'Ecuyère recule. Emportée par son élan, Sindanarie l'accompagne dans son mouvement. Elle avance, mais c'est tout autant une question de principe qu'un problème d'inertie. On ne laisse jamais d'avance ou d'initiative à un adversaire, pas plus qu'on ne lui laisse d'espace. Il faut simplement occuper le terrain et pousser l'autre dans ses derniers retranchements. L'entourer. L'encercler. Le presser. L'étouffer. Et elle ne fera pas autre chose.

Elle observe sa cousine, aussi, malgré tout. Elle ne s'est pas servie de sa deuxième main pour la contrer, alors qu'elle aurait pu y gagner en force ou en rapidité. Elle a probablement un souci quelconque qui l'empêche de l'utiliser, ou elle n'est pas habituée aux bâtardes. Peu importe. Seule la conséquence compte. L'Adversaire a une faille. Son bras gauche. C'est là que le coup suivant doit porter. C'est clair comme le jour. Question d'habitude, peut-être, mais la Carsenac en avait assez vu pour repérer des détails de ce genre même dans les moments où l'enthousiasme d'un combat commençait à prendre le pas sur sa conscience.

Un instant, les yeux de la jeune femme délaissent l'épée de son adversaire pour remonter vers son visage et y découvrir un sourire. Et elle se rend compte que ses lèvres y font écho. Sindanarie avait toujours adoré se battre, pour l'exercice, pour la beauté du geste, pour l'élégance brutale de sa danse. Malgré son adversaire, ce jour-là également, elle l'apprécie. Et elle continue, portée par l'idée qu'elle a mis une touche, la première du duel, suffisante pour, apparemment, déstabiliser l'Adversaire.

Le deuxième coup approche en même temps que Sindanarie. Elle a replié le bras armé devant elle, signe qu'elle attend toute attaque dans une position où elle pourrait parer et riposter. Mais cette posture a pris, dans les si brefs instants qui ont suivi la première touche, alors qu'Aldraien reculait et que sa cousine avançait, un tout autre usage. Elle s'en sert, une nouvelle fois. Elle laisse tomber le plat de la lame vers sa cuisse gauche et, alors que cette jambe avance, y donne un coup suffisant pour la faire remonter sans effort jusqu'au niveau des côtes de son adversaire. Et le deuxième coup part.

Un coup de taille qui vise le côté le plus faible de sa cousine. Si la touche précédente l'a assez déséquilibrée, elle n'aura pas eu le temps de se protéger de nouveau par une garde solide. Il suffit de la... Contourner. Et d'exploiter. Le sourire s'élargit sur les lèvres de la Carsenac brune. Elle a oublié que quelqu'un les observe. Elle sait juste qu'elle a une opportunité qui ne se représentera peut-être pas. Et que, si elle veut l'emporter, elle doit tout exploiter sans vergogne. Absolument tout. Le seul problème, c'est que si, par malheur, Aldraien a le réflexe de se dérober, elle va aller tout droit s'encastrer dans le mur, ou une table, au choix, ce qui ne laisserait que trop de temps à sa cousine pour la cueillir, même à l'envers, et égaliser ainsi leur nombre de touches.

Et ça, il n'en est pas question.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Dim 9 Jan 2011 - 0:25

Arrêt sur image.
La rousse scrute la brune, son regard, son attitude, comme pour essayer de voir à travers. Comme pour mettre à jour tous ses plans et pouvoir les contrecarrer. La plus jeune des deux sait se battre, ça ne fait aucun doute, mais y a encore des défauts. Pas au niveau de la technique, qu’elle semble maîtriser à merveille, mais elle a visiblement du mal à prévoir ce que compte faire son adversaire. Et c’est sur ce point qu’il faut qu’elle joue, la rouquine, pour avoir l’avantage. C’est mince comme chance, mais ça reste une ouverture, et elle compte bien en profiter au maximum.
Elle ne lâche rien la petite, et elle Ald’ sent bien que si elle fait ne serait-ce qu’une erreur, alors elle perdra définitivement toute chance de pouvoir reprendre l’avantage, déjà que c’est loin d’être gagné cette histoire…
Elle rirait presque de voir sa cousine l’analyser ainsi.
C’est qu’elle est observatrice l’air de rien…Tu l’as remarqué n’est-ce pas, cette faiblesse au bras gauche ? Et tu vas l’exploiter, bien sûr. Et tu aurais raison, parce qu’à ta place j’aurai fait exactement la même chose, voir plus encore.

Mais la voilà qui devient un peu trop sûre d’elle, elle sourit. Est-ce le même sourire que le sien, celui de l’ivresse du combat qui commence à prendre possession d’elle, ou alors est-ce parce qu’elle est sûre d’avoir définitivement gagné ce duel ? L’avantage psychologique n’est rien face à quelqu’un qui n’a pas peur de perdre, ou face à quelqu’un qui est elle-même sûre de gagner. Après tout ce n’est que la première touche, rien n’est encore perdu.
Et la voilà qui repart à l’assaut, la position de son bras lui indiquant clairement que toute tentative d’attaque serait automatiquement repoussée sans négociation aucune. Quelle intransigeance Sinda…Il faut se laisser toucher aussi un peu, de temps en temps, histoire de pas décourager complétement l’adversaire.
Cette fois-ci, il n’était pas question de se laisser prendre de court et de ne pas anticiper.
A cette vitesse, elle ne pourrait de toute façon pas s’arrêter ou changer de direction, pas avec le poids de l’arme. Et le cerveau de bouillonner pour décortiquer chaque mouvement, chaque pas, et chaque coup que la brune pourrait porter. Sans oublier d’imaginer tout ce qu’elle est en mesure de faire pour l’éviter ou parer son attaque. Bref, un coup à faire griller une petite centaine de neurones, surtout qu’il fallait agir vite.

Et le coup part.
Tu te précipites trop petite…
Et c’est ça qui causera ton échec.
Il lui faut un quart de seconde pour remarquer où est-ce que le coup est lancé. Son côté gauche, qui a perdu sa pleine mobilité suite à une ancienne blessure reçue pendant une bataille et qui la fait encore souffrir lors de certains mouvements. Un coup de masse ne pardonne pas, d’ailleurs elle a même de la chance de pouvoir le bouger ce bras. Heureusement qu’y avait des médicastres exceptionnels pour la soigner.
Fini de rêvasser.
Elle sait comment elle doit agir maintenant, pour esquiver le coup qui arrive. Car à vouloir trop toucher, tu as baissé ta garde brunette…

Deux pas sur le côté droit et elle s’écarte du champ de l’épée pour que celle-ci ne puisse plus l’atteindre. Maintenant qu’elle est à l’abri elle peut enchainer, le problème principal étant que Sinda l’a attaqué du mauvais côté.
Faisant abstraction de son ’handicap’ elle se servit de son bras gauche pour pouvoir ramener sa lame du côté gauche et la frapper en plein ventre en profitant de son élan à elle pour augmenter l’intensité de l’impact. Comme quoi, valait mieux se servir de la force de l’autre que de se fatiguer à utiliser la sienne propre.
Sauf que…Grimace de la rouquine.
Son épaule a fait un drôle de bruit sous l’effort demandé, mais il ne lâche rien. Seulement, il ralentit, et c’est sa lenteur qui risque là de lui faire louper une occasion qui ne se représentera certainement pas. Dans un dernier élan, elle risque le tout pour le tout et tant pis si elle se fait contrer, elle met tout ce qu’elle peut pour réussir ce coup là, et même qu’elle pousse un juron rageur pour se donner du courage.

-Bordel !

Allez, touche là !

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Dim 9 Jan 2011 - 1:40

Raté, nettement. Aldraien se dérobe, la jeune femme se sent partir en avant, le bras gauche se met soudain en mouvement dans un craquement qui n'augure rien de bon. Mais qu'est-ce qu'elle fabrique ? Elle se fait du mal pour la battre ? Et l'épée de la rousse part droit vers le ventre de la brune au moment où celle-ci va la dépasser. Ah non, il est hors de question que ça se passe comme ça. Les réflexes reprennent le dessus, la pensée n'est plus rien. A peine un grognement s'échappe-t-il des lèvres de Sindanarie alors qu'elle replie le bras devant l'échec manifeste de sa tentative d'attaque.

De justesse, le fort de la lame vient heurter l'épée de la rousse, juste assez pour le dévier d'elle. Le plus dur est fait. C'est le moment de reprendre l'avantage. Mais avant, elle doit s'arrêter. Un pas, deux pas, arrêt net devant un banc. Volte-face. Les jambes fléchies tombent en position de garde, la pointe de la bâtarde neutralisée se relève de nouveau, à une différence près avec la première mise en garde de la brune. Cette fois, elle en adopte une académique. Garde médiane, garde de la couronne, même problème. La dextre contre la garde, la senestre sur le pommeau, axe de la lame au milieu du torse, pointe dirigée vers l'adversaire. Reposante.

Mine de rien, c'est que ça commence à tirer un peu dans les bras... Et, vu le craquement qui a accompagné la dernière action de la rousse, elle a peut-être besoin de s'arrêter un peu. Parfait. C'est le moment de se détendre... Momentanément. Et de prendre un léger avantage. Le juron, un instant relégué au dernier plan de l'esprit de Sindanarie, revient en force dans sa mémoire. Sa cousine en est à jurer... Elle commence soit à désespérer, ce qui ne lui ressemblerait pas, soit à sentir une pointe d'agacement. Des deux, elle peut tirer un avantage. Et il serait trop bête de s'en priver. Sans faire mine de bouger, la brune esquisse un sourire avenant et lâche d'une voix douce, trop posée pour les circonstances et pour son visage fermé :

Eh bien, ma cousine, quel vocabulaire...

D'un coup, Sindanarie relâche sa garde. L'épée tombe le long de sa jambe, pendant comme un membre mort. En revanche, le visage de la brune s'anime de nouveau. Un nouveau masque prend la relève. Cette fois-ci, il s'agit de jouer l'arrogance la plus totale. Dans un duel tel que celui-là, amical pour ainsi dire, on peut se permettre un brin de provocation. Cela donne un peu de piquant à la situation... Avec un détachement qu'elle-même s'étonne de pouvoir affecter (trompe-t-elle son monde ? Elle n'en sait rien), la plus jeune des Carsenac laisse un sourire sarcastique se faire jour sur ses lèvres et esquisse un premier pas de côté vers la gauche. Elle a déjà dû amplifier l'agacement de la rousse. Et elle compte bien en rajouter une couche alors qu'elle susurre :

Détends-toi, Ald. C'est bien connu, le premier qui s'énerve a perdu !

Bien. Ca, ça devrait la mettre franchement hors d'elle, probablement assez pour lui faire perdre tout discernement et lui donner envie de l'étriper sur place et, comme aurait dit certaine Rouge Blanche, de faire du macramé avec lesdites tripes. Si elle est hors d'elle, elle n'arrivera pas à parer. Le coup est prêt. Il suffit de se rapprocher assez pour le mettre en oeuvre. Deuxième, troisième pas. En contournant son adversaire, Sindanarie retourne peu à peu vers un endroit plus dégagé. Il est temps d'ajouter la dernière couche, avec un sourire qui se veut angélique :

Tu ne voudrais pas ça, hmm ?

Avant même d'avoir fini, la brune est absolument sûre que sa cousine bout. Elle est à point. A la fin de sa question, purement rhétorique, Sindanarie se lance de nouveau. Le jugement de la rousse doit être tellement altéré qu'elle ne pense pas avoir beaucoup à craindre. Jambes en garde, elle renvoie l'épée dans son dos, dans une position proche de la garde de la Dame. La garde vient rebondir sur son épaule droite, protégée par la brigandine, arrachant une légère grimace à la concernée, alors que la jeune femme avance d'un bond vers son adversaire, puis la lame fend l'air vers le casque de sa cousine. C'est une chose qu'elle a appris. Quand on attaque à la tête, on est presque sûr que l'ennemi ferme les yeux. Un avantage supplémentaire qui pourrait venir s'ajouter à l'état d'agitation qui pourrait avoir pris la rousse. Un nouveau sourire, presque carnassier, apparait sur les lèvres de la Carsenac alors qu'elle surveille la résistance que pourrait lui opposer Aldraien. Elle sait que son coup est risqué, que son corps est découvert et qu'elle ne pourrait qu'essayer d'esquiver si son attaque ne porte pas. Sans certitude de pouvoir échapper à une riposte. Mais c'est le seul moment où elle pourra se permettre pareille audace, alors... Elle en profite et compte en jouer.

Dernière édition par Aldraien le Lun 10 Jan 2011 - 2:25, édité 1 fois

Elle enrage. Ce coup qui aurait porté si n’importe qui d’autre l’avait porté n’a pas marché avec elle. Ca a même été un flop monumental. Lui apprendra à se servir d’un bras qui marche pas. Bien sûr, Sinda pare le coup presque facilement, alors qu’elle devrait être entrain de la supplier de l’achever là ! Comme d’habitude, la rouquine n’est capable de rien. Doit être victime d’une malédiction ou d’un truc dans le genre…
Les dents serrées, elle se retient de jurer à nouveau et fait un pas en arrière, se concentrant sur ce qui se passe au niveau de son épaule gauche. C’est pas que le drôle de bruit de la passe d’avant l’inquiète plus que ça, elle en a déjà connu des vertes et des pas mûres de toute façon, mais quand même. Surtout que ça fait mal quand même. Bah, de toute façon, elle verrait plus tard. Pas qu’elle soit occupée là, mais Sinda a eu le temps de reculer et de se remettre en garde. Et pendant qu’elle réfléchit à l’éventuelle ancienne blessure qui aurait fait son grand retour, l’autre là bas se repose et se calme.
Conclusion : c’est pas le moment de s’attarder là-dessus.

Et alors qu’elle s’apprête à se remettre en garde, un détail l’en empêche. C’est que son adversaire se croit en position de dialoguer et de lui faire une remarque sur son vocabulaire. Avec une petite voix mielleuse comme elle déteste, et qui lui fait voir rouge, alors même qu’un regard noir se pose sur la brune. Fais attention, Sindanarie, tu pourrais bien réveiller quelqu’un que tu ne saurais pas maitriser et que même la rouquine ne pourrait pas contrôler.
Et voilà qu’elle baisse sa garde. Elle se moque d’elle ou quoi ?! Baisser sa garde dans un duel, c’est admettre qu’on ne craint absolument rien de l’adversaire…Et ça, elle ne l’admet pas, Ald’. Elle pourrait lui sauter dessus là maintenant de suite pour la cogner qu’elle le ferait sans hésiter. Mais son bras lui interdit encore pour quelques dizaines de seconde…Et ce sourire ! Ce sourire…Elle l’étranglerait bien rien que pour lui retirer !
Et les mots qu’elle prononce à nouveau la mette définitivement hors d’elle. Voilà qu’elle lui donne des conseils pendant le combat ! Et la petite voix intérieure de refaire son grand retour, avec tapis rouge et tout et tout.

-Elle se fout de toi.
-Non, c’est vrai ? ‘Tain t’es trop perspicace toi…

Et tellement occupée à son dialogue intérieur qu’elle ne fait même pas attention à Sinda qui la contourne, profitant de son égarement du moment. Elle, énervée ? Jamais. Là, elle allait juste faire du macramé avec ses tripes, comme dirait l’autre, mais en toute sérénité, hein. Ironie, quand tu nous tiens.
Et la dernière couche. Visiblement, elle cherche à la mettre vraiment en colère, et ne nous mentons pas, ça marche plutôt bien. Elle bouillonne, oubliant toutes les règles de défense mêmes les plus élémentaires qui voudraient qu’au minimum elle ne quitte pas son adversaire des yeux. Et pourtant c’est-ce qu’elle fait, même si elle n’en a pas vraiment conscience, tellement obnubilée qu’elle est par sa vengeance à venir, alors que dans son état normal elle aurait tourné en même temps que son adversaire pour la garder à l’œil.
Enfin de toute façon, la brune revient d’elle-même dans son champ de vision. C’est pas pour ça que l’Ecuyère est plus consciente de ce qui se passe autour. Elle aurait eu mille fois le temps de se mettre en garde en temps normal pour pouvoir parer ce coup là ou même pouvoir riposter.

-Si tu te bouges pas, elle va gagner. Elle se fout de toi et en plus tu la laisses gagner ? J’savais pas que plus on t’cognait dessus et plus t’en voulais.
-La ferme ! J’ai pas besoin de ton avis…

Et la rousse de revenir brusquement à la réalité en voyant l’épée arriver droit sur sa tête. Un coup comme ça, même avec un casque, ça pardonne pas. Elle a pas le temps de parer et sa seule option et de détourner l’impact sur un autre endroit…Son épaule droite ? Non, elle en a encore trop besoin.
L’autre est déjà foutue, alors un peu plus ou un peu moins.
Ald’ ne ferme pas les yeux, elle se décale d’un demi pas sur la droite et penche légèrement la tête pour que l’épée s’écrase sur son épaule gauche, sa main droite remontant aussi vite que possible pour que la lame vienne se placer entre les deux adversaires.
Impact.
La jambe ploie presque sous le poids de la lame mêlé à sa vitesse. Malgré sa protection, le choc lui arrache plus qu’une grimace, mais carrément une exclamation de douleur. Juste avant que les dents ne se serrent brusquement et que la lame s’approche de la gorge de Sinda pour l’obliger à faire au moins un pas en arrière.

-Recule !!

Oui, recule…Pour mieux revenir à l’assaut, peut-être, mais Ald’ a besoin d’espace, là. De respirer le temps d’une demi seconde pour faire passer la douleur et pouvoir repartir. Ou alors juste le temps de se laisser happer par l’autre qui ne dort plus vraiment…Souvenir du duel avec Antlia, et des recherches menées pour la retrouver quand elle s’était faite enlever. Les provocations vont lui retomber dessus à la brunette…Et elle va s’en mordre les doigts.

___________
En rouge, les paroles de la petite voix sadique et malfaisante.
En rouge ET en gras, les paroles de la rouquine à demi-toastée
Le tout dans sa tête bien sûr.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Dim 9 Jan 2011 - 16:03

[Quand on joue avec le feu, on réveille les monstres]

Elle n'y croit pas. C'est passé. La lame neutralisée s'est abattue sur Aldraien. Pas sur son crâne, heureusement, sinon Sindanarie aurait sans doute eu à repartir avec son trépas sur la conscience. Elle a bougé, l'épée a atteint son épaule. La rousse a semblé plier sous le choc, un cri lui a échappé, la deuxième touche a porté, et manifestement elle souffre. Tant et si bien qu'elle en vient à hurler à la brune de reculer. Grande première. L'étonnement prend un instant l'avantage sur le masque de Sindanarie. Elle s'est attendue à tout, sauf à ça. Son adversaire demande de l'espace... La surprise est grande.

Alors elle recule. Curieusement, de tout ce qu'elle a vu en réaction à sa deuxième touche, c'est le cri qui lui fait le plus d'effet. Avoir senti la violence du coup sur l'épaule, malgré le gambison que porte sa cousine, est une chose à laquelle la brune est presque habituée. Elle a peut-être été trop loin. Il ne reste plus qu'un coup à placer, un seul, et le duel s'arrêtera. En attendant, elle ne peut pas se laisser le luxe d'abandonner l'avantage qu'elle a pris sur la rousse. Quand on se bat, on sait que ça peut poser quelques problèmes, même lors d'un duel en famille. Qu'on peut être blessé, injurié, haï. C'est le risque du métier. Elle recule, et baisse la garde. Elle sait que sa cousine n'attaquera pas tout de suite. Elle doit avoir trop mal pour ça. Autant qu'elle souffle un peu... Cela ne fait de mal à personne.

Un moulinet de la lame. Deux moulinets. Du regard, Sindanarie jauge son adversaire, qui doit se remettre. Son épaule doit la lancer. Elle est prête à exploser. La jeune femme a joué avec le feu, et manifestement le feu a bien envie de lui faire ravaler ses sarcasmes, de les lui renfoncer dans la gorge à coups d'épée, et si la lame n'était pas neutralisée elle n'en apprécierait sans doute que plus sa revanche. Il ne faut pas lui en laisser l'occasion. Contrairement à son adversaire, la jeune femme n'est pas encore ivre de rage, n'a pas soif de sang, ne voit pas rouge. Elle veut juste parachever ce qu'elle a entamé. Elle veut la victoire. Par tous les moyens.

Elle est à présent trop loin pour attaquer directement. Mais il y a peut-être encore une solution. En rajouter encore une couche pour faire littéralement éclater la rousse. Un duel ne se gagne pas que par les armes, après tout... L'esprit a un rôle aussi important, sinon plus, que la lame. Un esprit incontrôlé lors d'une bataille est plus dangereux que l'armée ennemie. Et c'est encore une fois sur ça que va jouer la brune. Sans pitié pour le moment. Après, elle s'excusera. Pour l'instant, elle doit juste en finir et marquer la troisième, la dernière touche. Alors, retrouvant le léger sourire qui a tant irrité sa cousine, Sindanarie lance, d'un ton qui se veut badin mais doit peiner à cacher sa tension et l'essoufflement, nerveux peut-être, qui commence à pointer le bout de son nez :

Ald, ça ne sert à rien de te mettre dans cet état. La dernière fois, c'était quand on cherchait Antlia, et...

Instinctivement, la brune baisse la voix. Ce n'est pas une confidence, ce n'est pas un secret qu'elle va livrer. C'est juste un moyen de canaliser l'attention de la rousse vers un souvenir détestable qui finira de la faire enrager, pour l'éloigner du combat. Où commence la manipulation, où se finit la ruse, où se glisse l'art du combat, elle ne le sait pas, elle s'en moque. Elle achève son oeuvre. Pour l'un des premiers duels du tournoi, elle veut délivrer un chef-d'oeuvre à sa manière. Une victoire éclatante et parfaite, avec toutes les armes dont un combattant dispose. Se plaçant face à sa cousine, elle murmure, cherchant ses prunelles pour y planter un regard froid :

Tu te souviens du succès qu'on a eu...

Là, il ne faut pas qu'elle traine plus, sinon elle finira décapitée sur place, malgré les lames neutralisées. Alors, sur le dernier mot, Sindanarie attaque de nouveau. Les jambes fléchissent, le pommeau de l'épée vient se poser sur sa hanche gauche, poignée enserrée par la dextre, senestre en soutien autour du pommeau, lame dressée devant son bras. Arrivée à distance, la lame tombe, Sindanarie se décale légèrement sur sa gauche pour avoir un meilleur accès, pour ainsi dire, au côté droit de sa cousine. Elle a déjà assez souffert de l'autre épaule... L'épée se replie devant elle puis se relève. Le coup de taille part, droit vers l'aisselle du bras armé. Comment l'adversaire pourrait la parer, la jeune femme n'en a strictement rien à faire. Elle voit juste l'opportunité d'achever le duel par un coup difficile à parer ou à éviter. Si la rousse avait le réflexe de rabattre son bras vers son corps pour le protéger, la touche passerait quand même. A moins qu'elle ne ramène l'épée avec le bras, mais il n'est pas sûr qu'elle y parvienne... Alors, pour ainsi dire, Sindanarie tente le tout pour le tout, surveillant non plus seulement les mouvements de la lame adverse, mais également l'ensemble de son côté armé. Manquerait plus qu'un coup de pied ou équivalent vienne l'empêcher d'atteindre son but...

La victoire qui se profile timidement à l'horizon.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Dim 9 Jan 2011 - 22:17

Touchée...coulée ?

-T’es qu’une gourdasse, te faire avoir par un coup comme ça ! A ta place, je l’aurai mise à genoux !
-…

Elle n’a plus la force de se battre contre plusieurs adversaires à la fois la rouquine, et à son grand soulagement, Sinda obtempère et recule un peu. Respire, Ald’. Oui ce n’est pas dans ses habitudes de demander du temps, une pause, ou quoi que ce soit qui ressemble à un abandon, mais là elle n’a pas le choix. Ses jambes la portent à peine et semblent plier sous son propre poids tant la vague de douleur qui la traverse est intense. Mais pas pour ça qu’elle lâchera l’affaire, hein…C’est pas une chochotte non plus ! Et Sinda, elle la sous-estime depuis presque le début ! A baisser sa garde depuis tout à l’heure juste devant son nez alors qu’elle pourrait très bien lui sauter dessus pour la toucher trois fois de suite, oui c’est véridique ! Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire au risque de perdre le combat, si diminué soit l’adversaire en question.

-Qu’est-ce que t’attends ? Massacre là !

Lentement alors, la rousse se redresse, faisant fi des douleurs autant que possible, et resserre l’emprise de sa main droite sur la poignée de l’épée. Elle ne la lâcherait pas, sauf si elle se faisait couper le bras bien sûr, mais ça avait peu de chance d’arriver tout de même.
L’esprit encore embrumé, elle cherche son souffle en posant son regard sur l’autre en face qui sourit, encore. Elle ne sourit plus du tout, elle, bien au contraire, de voir que malgré ce qui vient d’arriver elle continue de la provoquer sans vergogne, sans pitié, avec ce sourire presque insultant qu’elle arbore continuellement malgré le fait qu’elle vient de la blesser.
Et des paroles, qui mettent un certain temps à être comprises, d’ailleurs elle fronce les sourcils et tend l’oreille, attentive, pour comprendre ce qu’il se dit alors que sa cousine baisse la voix intentionnellement. Oh ça oui, elle a réussi à capter son attention, et même plutôt deux fois qu’une. Qu’est-ce qu’elle raconte ? Antlia ? Mais, pourquoi…
Un dernier murmure, et les yeux de la rouquine s’écarquillent, elle a osé ! Elle a osé s’en prendre à ça, alors qu’elle sait très bien à quel point l’Ecuyère a souffert de cet épisode, pour avoir elle-même été présente à ses côtés.

-Je vais la tuer !
-Enfin une bonne résolution…

Le regard, froid et meurtrier, se pose sur elle. T’as été trop loin…Rester devant la limite et la dépasser c’est pas la même chose.
Alors que l’adversaire vient juste de lancer son coup, la rousse lance un coup de pied dans la lame pour la dévier avec son talon et se prépare à attaquer aussitôt pour ne pas lui laisser le temps de réaliser. A peine son pied reposé par terre, elle prend appui sur celui-ci pour se lancer sur la brune et préparer son coup de taille visant le cou de la jeune femme.
Sauf que bien sûr c’est jamais si simple que ça et que la vitesse du coup combinée au poids de l’arme ne lui laisse d’autre alternative que d‘aller jusqu‘au bout de son action alors que Sinda a déjà évité le bordel en s’accroupissant . C’est-ce qui arrive quand on a qu’une main pour supporter la bestiole, ça finit inexorablement par cafouiller quelque part. Et comme si une seule humiliation ne suffisait pas, il faut aussi qu’elle se fasse cueillir par Sindanarie qui ne laisse évidemment pas passer l’occasion et lui colle un coup d’estoc dans le ventre, coup qui la fait se plier en deux et lâcher son épée, avant de poser un genoux à terre.
On peut utiliser son point de destin dans ces cas là ? Ou alors juste un petit miracle de rien du tout…Non ? Même pas ? Bon…Tant pis.

T’es vraiment une incapable…

Et pendant qu’elle est à terre à chercher -encore- son souffle, la jeune femme retire son casque. Signe que le duel est fini. Fini…Elle a perdu, lamentablement. Même pas une petite touche.
Maintenant la rage est plus forte que tout le reste. Elle a perdu, et en plus Sinda l’a attaqué sur le point le plus sensible qu’elle aurait pu trouver.
Ca va pas finir comme ça…Elle doit lui faire payer ce qu’elle a dit.
Toute notion de justice, de bravoure ou de respect étaient loin d’elle à cette instant. Tout ce qui comptait, c’était la vengeance.

-Allez…Je vais t’aider.

Brusquement, la rousse se redresse pour faire face à son adversaire et, sans prévenir, lui colle son poing droit juste sous l’œil au niveau de la pommette. Elle marque une pause, minuscule. Avant d’avancer à nouveau vers elle pour lui faire déguster son arrogance une fois de plus, complétement hors d’elle.

-J’ai tout fait pour aider Antlia, TOUT !

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Lun 10 Jan 2011 - 1:55

La faille n'était pas là où elle pensait. Ce n'était pas la protection de son corps. C'était la tenue de sa lame... Un coup de talon suffit à la détourner et à déstabiliser la brune. La lame de la rousse fond vers sa gorge comme un fauve sur sa proie. Le sang de Sindanarie n'a pas le temps de faire un tour. Elle est contrée, elle doit se protéger, sa lame est trop loin pour lui servir, elle n'est pas assez souple pour éviter la touche en déviant la lame d'un coup de pied. Elle n'a plus qu'une seule solution. L'esquive. Et pas n'importe laquelle, celle qui lui permettra de dérober presque tout son corps à un coup.

Les fractionnaires. Refuge que lui avait conseillé Elric quand elle était plus jeune. Plus jeune, oui, parce qu'avec ses vingt-quatre malheureux balais, elle ne se sent pas spécialement vieille... Mais ce n'est pas le sujet. Quand Elric lui dispensait son enseignement, il l'avait encouragée à utiliser des positions peu communes, facilitées par un équipement léger. En général peu connues de ceux qui avaient tout un attirail même pour s'entrainer... Entre eux, il n'était question que de plastrons et autres protections de cuir. Rien de plus, rien de moins. Les fractionnaires demandaient souplesse et agilité, et une certaine force. Contre un adversaire comme Aldraien, capable de détourner une lame d'un coup de talon, elles prenaient tout leur sens. Mettant Sindanarie hors de portée immédiate de la lame, elles la protégeraient et lui donneraient une chance de conclure ce duel qui avait déjà été trop loin.

La lame siffle comme un serpent furieux, avide de mordre le cou qu'il vise. La brune n'écoute donc que les anciens réflexes et se laisse tomber, accroupie, sur ses talons, étouffant un cri de désarroi. La lame passe au-dessus d'elle. Elle ne doit pas prendre le temps de souffler, non, parce que c'est le dernier instant où elle peut prendre l'avantage face à sa furie d'adversaire. Alors, mettant tout son effort dans sa dernière attaque, la jeune femme se propulse en avant pour se fendre, décochant un coup d'estoc dans le ventre de sa cousine. Le coup porte. La troisième touche est mise. Elle a gagné, probablement. Si l'arbitre de ce duel décide qu'il s'est déroulé dans les règles.

Le souffle court, Sindanarie se redresse. Elle ne quitte pas des yeux sa cousine, tombée à terre sous la violence de son dernier coup. Elle la soignera. Son épaule, surtout. Elle doit la faire terriblement souffrir, au vu de ce qu'elle a subi. Les pots à onguent et les bandes sont dans sa cellule, rapidement accessibles. Elle ne peut pas déranger Flaiche, occupé par deux duels à arbitrer ce jour-là, alors elle le fera elle-même, même si elle est moins douée et moins qualifiée que lui. Elle lui amènera Aldraien le lendemain... Si elle accepte encore de lui adresser la parole, ce qui lui semble pour le moins incertain. D'une main tremblante, la jeune femme dénoue la sangle de son casque et retire la protection. Elle tâtonne pour trouver le banc le plus proche et l'y dépose, abandonnant également la bâtarde à lame neutralisée. Ses jambes flageolent plus que si elle avait parcouru trente lieues. Elle sent son masque s'évanouir pour laisser la place à une expression non affectée. C'est fini...

Ou presque. Oui, presque seulement, car soudain alors que la brune s'avance vers elle, sa cousine se relève, une rage frénétique dans le regard. Même pas le temps de la voir venir, Sindanarie s'en est pris une. Une méritée, pour le moins. Elle l'a cherchée et elle a joué avec le feu, maintenant elle l'a trouvée et elle se brûle. Sa tête part en arrière, tout son corps recule d'un pas, une exclamation lui échappe. Mille étoiles fusent devant ses yeux alors qu'instinctivement sa main gauche se porte vers la pommette attaquée. Bien fait ! hurle une voix rageuse dans sa tête. Ca ne va pas, d'aller chercher une victoire à ce prix ? Tu ne vois pas le mal que tu lui as fait ? Son hurlement te le montre bien assez, petite écervelée ! Il ne fallait pas mêler votre Soeur à tout ça ! C'était indigne !

Il est temps d'abandonner le duel et l'affrontement bien plus étendu qui s'ouvre devant les cousines. Mais Aldraien s'avance de nouveau, manifestement elle va lui en mettre une autre. Et ce n'est pas ce que Sindanarie a voulu provoquer. Alors elle se laisse aller, et sa réaction est curieuse, même de son point de vue. Elle ne cherche pas à se défendre ou à riposter. Elle ouvre juste les bras et se porte à la rencontre de la rousse. Avant que le deuxième coup parte, elle l'en a encerclée, elle la serre contre elle. Elle la berce légèrement. Une main est passée derrière sa tête pour la maintenir contre la sienne. Et elle finit par murmurer, dans un silence assourdissant, oubliant de nouveau leur Capitaine, spectateur et arbitre :

Je sais, Ald, je sais que tu as tout fait, que tu as tout tenté... J'ai vu ce que tu as vécu. Je suis désolée, je n'aurais jamais dû dire ça, et je t'en demande pardon.

Elle ne peut pas lui expliquer encore, lui dire que c'est uniquement pour la déstabiliser qu'elle a utilisé cette douleur qu'elle ne connait que trop bien. Un noeud obstrue sa gorge, le souffle lui manque. Il faut que la rousse se calme. Il faut qu'elle la calme. De même que la brune doit ignorer la douleur qui s'étend peu à peu dans son visage. Elle respire aussi doucement qu'elle le peut. Peu à peu, le noeud se défait. Alors la plus jeune des deux Carsenac resserre son étreinte autour de sa cousine, calant sa joue contre la sienne, puis elle rapproche sa bouche de son oreille, après être restée muette pendant un court instant, pour pouvoir lui murmurer, doucement, le pourquoi du comment. Pourquoi elle l'a poussée ainsi. Comment sa faille peut être exploitée par qui la connait. Le danger que cela représente pour elle. Et, sans qu'elle sache trop pourquoi, des larmes viennent piquer les yeux de la plus jeune des deux, qui les ferme brusquement et se tait. Elle espère juste que sa cousine l'a comprise et qu'elle lui pardonnera.

A cet instant, elle ne ressent plus ni douleur ni fatigue.
Tous les muscles de son corps sont crispés, mis en action par cette rage sourde -mais pas muette- qui ne demande qu’à exploser à nouveau. La vengeance par le sang, l’expiation par la douleur. C’est pas trop dans l‘esprit de la Licorne, mais c’est-ce qu’elle mérite la brune pour ce qu’elle a osé dire. Elle va la frapper, jusqu’à ce qu’elle comprenne, dans sa chair, ce que ça fait de réveiller d’anciennes souffrances, et à quel point c’était une mauvaise idée. Si encore la provocation était venue d’une personne qui ne sait pas ce qu’elle a vécu, qui n’a pas vu à quel point l’enlèvement l’avait touché, mais Sindanarie sait, elle, elle a vu l’état de perdition dans lequel se trouvait la rousse alors qu’elle croyait Antlia morte, qu’elle savait avoir failli à son serment.
Alors qu’elle se serve de ça, toute cousine qu’elle soit, même dans un duel amical, c’était intolérable. Et ça faisait de cet affrontement quelque chose de bien plus sérieux, avec un réel enjeu : lui faire ravaler ses paroles.

-C’est ça, éclate lui son joli visage…T’as pas cette chance, toi, tu t’en fous de prendre des coups.
-Ferme là voir un peu pour voir…

Et Ald’ de renvoyer la petite voix sadique et malfaisante faire un somme au plus profond de son esprit. Elle n’a plus besoin de son aide maintenant, elle saura punir Sindanarie seule, comme une grande. C’est qu’à mains nues elle se débrouille bien mieux qu’avec une épée, peut-être parce qu’avant de devenir soldat, elle avait passé toute son enfance à se battre avec ses poings contre des gens en général bien plus grands et forts qu’elle, et elle avait souvent gagné. Dans le combat de rue, il n’y avait pas de règles, d’épée neutralisée ou de postures académiques. Il n’y avait que soi-même, sa force, et ses poings. Et l’autre.
Y va bien falloir que tu fasses face à tes erreurs, Sindanarie. Tu croyais quand même pas pouvoir y échapper…Ou alors c’est que tu es encore plus naïve que la rouquine, qui s’est faite avoir en faisant cette mission avec toi, au Mans.

Le deuxième coup s’apprête à partir, vers la même destination : le visage de sa cousine. Mais c’est sans compter sur le côté imprévisible de la jeune femme. Tellement aveuglée par la colère, elle n’a même pas remarqué que celle-ci s’est approchée vers elle, les bras ouverts. Elle est trop proche maintenant pour qu’elle puisse la frapper efficacement, et se contente de poser un regard paumé vers elle avant de se retrouver dans ses bras.
Elle aurait bien sûr pu la frapper même dans cette position, il lui aurait suffit de ramener son bras en arrière pour l’envoyer directement dans son ventre, peu importe la présence de la brigandine, mais elle ne l’a pas fait. Se retrouver dans ses bras la ramène des mois auparavant, alors qu’elles venaient de passer elle ne savait plus combien de temps à cheval pour suivre la seule piste qu’elles avaient afin de retrouver Antlia. Et elle se souvient de cette flaque de sang séché, et de sa réaction face à elle. Elle se rappelle de comment Sinda a réagi à la situation. Comme aujourd’hui. En la prenant dans ses bras, pour la rassurer, pour lui montrer qu‘elle n‘est pas seule.

Je sais, Ald, je sais que tu as tout fait, que tu as tout tenté... J'ai vu ce que tu as vécu. Je suis désolée, je n'aurais jamais dû dire ça, et je t'en demande pardon.

La rousse ne bouge plus et cesse de se débattre. Presque instantanément, toute la colère qu’elle éprouvait quelques secondes auparavant s’est envolée. Elle ignore comment fait Sindanarie pour avoir cet effet sur elle alors qu’habituellement elle est purement incontrôlable dans cet état, en tout cas, ça marche. Elle se calme.
Elle se calme et l’écoute s’expliquer. Et en même temps qu’elle l’écoute, les sensations reviennent lentement. Avec elles, la douleur qui irradie de son bras à son ventre. Et les larmes. Les larmes qui perlent des deux émeraudes alors qu’elle refuse de se détacher de Sinda. De toute façon, ses jambes ne la portent plus, donc elle ne peut pas. Les poings se décrispent enfin, et la main valide se glisse dans le dos de la jeune femme pour la serrer un peu plus contre elle, avant de murmurer à son tour d’une voix cassée, et visiblement épuisée.

-Pardon.

Sujet: Re: [RP : Premier tour ] Duel Sindanarie/Aldraien. Mer 16 Mar 2011 - 0:36

Capitaine... Je vais chercher de l'arnica.

Les mots passent les lèvres blêmes, les mâchoires crispées. Regard baissé, Sindanarie se bat contre les larmes qui lui montent aux yeux. Un rapide geste de la main vient balayer la seule qui s'échappe. Un regard file vers la Pivoine, assise dos au feu. A-t-elle touché au Médoc ? Question incongrue qui lui traverse l'esprit, aussitôt évanouie, chassée, anéantie. Et elle reprend :

Veillez sur elle quelques instants. S'il vous plait.

La voix est calme, presque trop. Trop neutre, aussi. La jeune femme est comme dissociée d'elle-même. Sindanarie maîtrise son corps, mais l'intérieur part à vau l'eau. Rien ne va plus. Elle réalise. Ce qu'elle a fait, ce qu'elle lui a fait. Elles se sont battues, les cousines, au-delà de ce qu'elles auraient dû. Par sa faute, uniquement. Si elle n'avait pas amené Antlia au coeur de leur duel... Oh, bien sûr, le coup était excellent pour faire tomber, mentalement, son adversaire, et pour la mettre à genou physiquement. Mais ce n'était pas le tout que de l'emporter, la victoire aurait dû avoir un moindre coût ou ne pas être. Alors, littéralement, Sindanarie fuit. Elle s'enferme derrière une enveloppe qu'elle maîtrise, dont elle contrôle le moindre mouvement, le moindre muscle. Elle pose un baiser sur le front de sa cousine, la fait asseoir aussi précautionneusement qu'elle le peut à côté de son casque et de son épée, sur le banc, et bat en retraite. Quelques pas, et la porte claque sur elle. Ce qui se dira en son absence, elle ne veut pas le savoir, elle ne pourrait pas l'affronter. Non plus que le regard du Tyran, non plus que celui de sa cousine.

Le trajet dans la forteresse n'est que froid et brouillard. Ce n'est que dans sa cellule, porte close derrière elle, qu'elle s'effondre.

Le tourment est le plus fort. La jeune femme tombe à genoux à côté de son modeste coffre et se laisse aller à ce qu'elle refoulait. Les larmes perlent, coulent, la noient, brûlantes sur ses joues, glaçant son coeur. Elle se sait faible, à présent. Elle s'est découverte prête à tout pour l'emporter. Elle a vu ce qu'elle a fait. Et le jour à présent lui semble comme la nuit. A tâtons, elle ouvre le coffre, laisse sa main reconnaître le pot, les matières qu'elle cherche. Aveuglée, elle tire le tissu, deux courtes baguettes de bois, la bandelette de cuir, le pot d'onguent, le nécessaire de barbière. Et elle se donne quelques battements de coeur pour s'arrêter. La vue s'éclaircit, les prunelles émeraudes retrouvent le dallage de la cellule. D'un revers de chemise rageur, elle essuie les traces de sa faiblesse, ces coulées qui maculent ses joues d'eau salée. Une grimace lui échappe quand elle passe sur sa pommette gauche. Elle ne l'a pas ratée, la cousine... Mérité. C'était mérité, et c'était peu encore par rapport à l'offense.

Et Sindanarie rassemble d'un geste rapide ce qu'elle veut emmener, puis se relève. Le sol tangue, elle cille, il se rétablit. Une grande inspiration et la voilà repartie. Le chemin défile en sens inverse, et la jeune femme redevient la forteresse que la Rouge Blanche pensait voir en elle. Elle se retranche en elle-même, derrière sa froide muraille de chair, essuie les dernières traces d'eau sur ses joues, retrouve fermeté de pas et de poigne sur ce qu'elle a prélevé et sur sa trousse de barbière. Juste à temps pour passer de nouveau la porte de la taverne. Un signe de tête vers le Capitaine sert tout à la fois de remerciement pour avoir veillé sur sa cousine et de signe qu'elle veut s'occuper elle-même de l'Ecuyère. Puis, s'agenouillant à côté d'Aldraien, elle dépose ce qu'elle a rapporté et s'attaque à son gambison. But de la manoeuvre : l'en dégager sans lui faire plus de mal, si c'est possible. Les gestes se font doux. Instinctivement, cependant, la Limousine sent son dos se préparer à en prendre un coup. Respiration maîtrisée, elle poursuit, attendant la réprimande qui ne tardera probablement plus.

[ Clap Hands ]

Capitaine... Je vais chercher de l'arnica. Veillez sur elle quelques instants. S'il vous plait.

La main repose le verre sur la table de la taverne. Elle ne répond pas.

Elle n'a pas bronché. De tout le combat... la Pivoine est stoïque à sa place, remplissant son verre par intermittence. Elle n'a pas émis un son. Pas levé une main. La canne ne s'est pas levée pour arrêter quoi que ce soit. Elle est toujours près d'elle. Pas une levée de sourcil.

Le visage est de marbre.
Dur... sans appel... si elles n'étaient pas tant affairées, elles auraient juste noter l'aile du nez se retroussant légèrement.
Silencieuse...
Elle n'offre que le silence à la taverne et à Aldraien qui attend le retour de Sindanarie. Seul les remous du vin qui se vide dans la chope, le choc sec du cul de la bouteille sur le bois de la table qui a bu des siècles de liquide. René a tenté une apparition. La main valide s'est levée pour lui signifier qu'il n'avait pas encore à entrer en scène. Il a hoché du menton et est retourné à la réserve et à ses occupations. Qui ne sait la relation entre la Pivoine et le tavernier penserait à de la hauteur de la part du chevalier. Les secrets les lient tous deux... dans cette alchimie improbable des non dits et des regards qui parlent à eux seuls. Il a été autre, il sait ce qu'elle cache. Elle n'a pas posé plus de questions et il n'a rien révélé. Elle a purgé sa peine, il a remercié à sa façon. Un respect mutuel que peut comprennent... un semblant de lien hiérarchique, parce qu'il le veut bien. Parce qu'il lui fait confiance et qu'elle lui a donné la sienne, alors qu'ils pourraient mutuellement se détruire... ce qu'ils n'ont jamais fait, alors qu'entre leurs mains, ils ont chacun de quoi faire exploser la raison de vivre de l'autre.

Elles n'ont pas eu cette... courtoisie. Et elles sont soeurs d'arme. Au vu de la situation, René aurait bien à leur apprendre...

La tête ne se tourne pas lorsque la porte s'ouvre de nouveau et que la cavalière vient se pencher sur sa victime. Elle continue, impassible, à boire par petite gorgée la coupe qui se vide au son de son silence assourdissant.

Les soins se déroulent sans qu'elle ne dise rien d'autre. Puis quand elle les sent sur la fin, elle se lève pour ramener pichet et verre sur le comptoir. La main prend la canne et elle s'avance vers la porte sans autre forme de procès.

Avant de mettre la main sur la poignée, la canne vient s'appuyer sur le mur et elle se retourne pour fixer les deux belligérantes. Un regard vert perçant et dédaigneux qui les parcourt de pied en cap. La main valide vient s'écraser sur l'autre, dans un applaudissement cynique avant de reprendre la canne qui laisse claquer son mépris sur le pavé alors qu'elle s'en va.

Duel gagné par Sindanarie.
Justice, Honneur.... Bravoure.
Ou pas.

Un moment passa, comme détaché de la réalité, alors que les deux cousines étaient l’une contre l’autre. L’ainée des Carsenac n’aurait pas su dire combien de temps elles restèrent à s’étreindre, tant elle était concentrée à tenter de canaliser la douleur qui irradiait et à rester consciente tout simplement. Elle ne souhaitait plus qu’une chose à présent : retourner au dortoir et dormir. Dormir si longtemps qu’à son réveil elle serait guérie, comme si rien de tout cela ne s’était passé.
Mais elle savait déjà qu’elle ne pourrait pas oublier la faiblesse dont elle a fait preuve aujourd’hui. Qu’elle ne pourrait effacer les mots que Sinda lui avait envoyer à la figure dans le seul but de l’anéantir psychologiquement pour pouvoir gagner ce duel sans aucun enjeu sinon celui de la performance. D’ailleurs elle avait beau réfléchir encore et encore, un seul mot lui venait à l’esprit : pourquoi ? Certes, elle aussi n’était plus vraiment elle-même lorsqu’elle se battait, mais jamais au grand jamais elle n’aurait été si loin dans le seul but de gagner. Elle aurait préféré perdre plutôt que de toucher aux blessures enfouies de sa cousine et les faire remonter à la surface. Car alors les conséquences étaient bien plus lourdes que de simples ecchymoses sur le corps et quelques courbatures.

Le pantin qu’elle est se laissait guider à présent. Son regard embrumé croise à peine celui similaire qui lui fait face alors qu’une larme en perle. Peut-être réalisera-t-elle plus tard à quel point sa cousine s’en veut, pour l’instant elle n’y songe pas vraiment, trop obnubilée par l’idée de se reposer enfin et de lâcher prise.
Les premiers mots de Sindanarie lui rappellent qu’elles ne sont pas seules. Elle avait effectivement complétement occulté la présence de leur Capitaine dans la pièce. Ce qu’elle pourrait penser de tout cela lui importait peu à vrai dire. Certainement cela aussi elle ne le réaliserait que bien plus tard. Evidemment que le duel n’avait rien de chevaleresque, d’épique ou de courageux. Elles avaient toutes les deux leurs torts dans l’histoire, et toutes deux avaient été au-delà des limites acceptables. Mais Cerridween n’était en aucun cas dans leur esprit à présent pour savoir ce qui pouvait bien s’y tramer. Elle ne pouvait pas deviner l’ampleur des remords qui allaient ronger les deux Carsenac, ni ce qui allait ressortir, à long terme, de l’échange qui s’était déroulé aujourd’hui.
Peut-être même que les deux cousines elles-mêmes n’en savaient encore rien. De toute façon ce n’était pas vraiment le moment pour en disserter.

Et la voilà qui se retrouve assise sur un banc. Comment elle est arrivée là, elle n’en sait rien, toujours est-il qu’elle y est. Le temps semble avancer en saccade, rendant obscurs certains instants tandis que d’autres apparaissent clairement dans son esprit. Par exemple, elle se souvient de cette porte qui claque sur Sindanarie, tandis que le silence se réinstalle dans la taverne. Les yeux se ferment, elle ne prête aucune intention à l’observatrice, l’arbitre, qui n’a pas encore rendu son verdict. Elle se laisse bercer par les remous du vin dans le verre, par les chocs de la bouteille retrouvant sa table, par les mouvements presque imperceptibles. Etrangement, c’est reposant, après avoir tant été éprouvée. Pour un peu, elle se serait presque endormie, s’il n’y avait pas eu cette porte qui s’ouvre à nouveau pour laisser entrer celle qui était sortie quelques instants plus tôt. Instants qui lui semblent n’avoir duré que quelques secondes. Sa cousine est revenue bien plus chargée qu’à l’aller, son pas semble cependant moins hésitant même si elle-même semble..vide. L’écho de la rouquine assise sur le banc à attendre, sans aucun doute.
Rouquine qui ne pensait pas se voir prodiguer des soins si rapidement, encore moins par sa cousine. Voudrait-elle tenter de réparer ce qu’elle a détruit ? Mystère.

Toujours est-il que l’Ecuyère se laisse faire, bien que serrant les dents presque à les faire péter lorsque le gambison est retiré. Elle ne va tout de même pas cracher sur des soins. Si on peut limiter les dégâts, alors il faut le faire, c’est la moindre des choses. Question de respect pour son propre corps, ça ne lui ferait pas de mal un peu.
Il sera tant de penser plus tard aux séquelles. Etrangement pour le moment, ce sont les images de la bataille qui lui avait coûté sa première blessure au même endroit qui lui revenait en tête, et les soins qui avaient suivi et avaient permis de sauver son bras. Epaule écrasée par une masse d’armes. Soignée par les meilleurs médicastres de l’Ost. Elle n’en avait gardé qu’une légère fragilité. Qu’en serait-il à présent ?
Le fil de la pensée est coupé par le Capitaine qui se lève pour partir. L’applaudissement résonne dans son esprit. Pourquoi applaudit elle ? L’ironie est certainement trop évidente et trop cinglante pour que la rouquine puisse vraiment l’appréhender pour le moment. Elle ne relève même pas le regard pour défier celui de Cerridween, elle l’imagine aisément en tout cas. Peu importe. Là n’était pas l’important pour l’instant. Le duel, le tournoi, n’avaient pas lieu d’être dans l’esprit de l’Ecuyère et de la Cavalière pour le moment. Seules l’une et l’autre comptaient. Et elle ne décroche pas un mot de plus alors qu’elles se retrouvent juste toutes les deux..enfin.