[RP : Premier tour ] Le pont levis: Duel Alethea - Semnos

Premier tour, second duel.

Le début d'après midi allait être des plus mouvementés pour certains. Le tournoi se poursuivait, une et nouvelle série de duel prenait place dans l'enceinte et dans les environs proches de la forteresse. Si l'échange du matin avait été des plus intéressant, celui qui allait avoir lieu maintenant risquait de l'être encore plus.

Le lieu choisi par le tyran était rien de moins que le pont levis. Il fallait bien corser un peu la difficulté, d'autant que les deux adversaires seraient des combattants aguerrit, la première étant chevalier, le second, cavalier. Flaiche espérait donc un combat au niveau de ceux ci, technique, impitoyable et fluide.
Bien sur, tout le monde peut commettre des erreurs, et l'espace restreint du pont levis, la proximité des douves n'allait pas faciliter une concentration totale sur le duel.

Il avait fallu organiser le poste de garde différemment, il était hors de question d'interrompre le duel, sauf cas d'extrême urgence, à chaque personne qui voudrait passer et se rendre à l'entrée de la forteresse. Deux gardes avait donc été placés juste devant le pont, et servait ainsi autant à éviter que quelqu'un s'aventure sur le pont en plein duel que pour transmettre les éventuelles missives durant le temps que le duel durerait. L'un d'eux avait un arc, et devait à l'aide de celui ci, transmettre les messages à un autre garde de l'autre coté du pont en prenant soin d'envoyer la missive enroulée à une flèche rendue inoffensive, par dessus les participants. Plusieurs jours de récurage de douve lui avait été promit pour s'assurer qu'aucun incident n'arriverait lors des éventuels envois de message, en plus d'un entrainement au tir.

Tout était donc fin prêt, il ne restait plus qu'à attendre les participants. Un vent froid soufflait sur l'extérieur de la forteresse, mais au moins, il ne neigeait plus, ce qui était au moins un point positif.

Une première série de duels achevée le matin même. Semnos y avait fait un passage, pour voir ce qu’il en était, mais il n’avait pas pu assister à la fin, préférant rejoindre la forge et son équipement entreposé là-bas : une brigandine usée mais bien faite et bien ajustée à sa taille pour ne point glisser, et bien entendu une de ses propres création, une bâtarde donc la licorne ciselée étaient en tout point similaire à celle de sa claymore. Plus voluptueuse peut être que celle frappant celle de ses frères et sœurs, mais il avait aimé ainsi différencier son œuvre, sa propre corne reforgé sur la douleur de la perte de la première.
Il avait pris une collation de pain, de fromage, d’un morceau de jambon et de fruits sec pris à la taverne. Repas pris perdu dans ses pensées, assis sur un banc devant la forge, mais un repas choisis avec soin pour n’être ni pesant ni trop léger. Hors de question d’avoir une faiblesse qui pourrait lui faire blesser son adversaire… surtout pas cela.
Il enfila sa brigandine alors que plus loin dans la forteresse on entendait quelques échos de gens se présentant vers la taverne. La plupart des duels devaient avoir pris fin songeât-il.
Il avait choisit sa protection, doublée d’un fin casque de fer pour disposer d’une plus grande facilité de mouvement. En effet, les plaques fixées au cuir de l’armure ne l’encombreraient pas autant que les rembourrages d’un gambison, et il devait avouer que le prix avait joué tout autant. Il était forgeron, à partir de là la brigandine avait été plus aisée et plus abordable à se procurer. Tout en vérifiant les rivets pour les plaques légères qui couvraient le haut des cuisses et les parties plus …sensibles… il fit jouer un peu les épaules pour s’assurer de la bonne mise en place. Après tout il avait déjà plus qu’ajusté chaque courroie de maintient. Le poids légèrement supérieur aurait pu être un handicap pour un autre, mais depuis le temps, sa claymore l’avait habitué à bien pire.
Le temps que ses préparatifs se finissent, car il tenait aussi à revoir entièrement sa lame du « tranchant » à la « pointe », tout deux aussi doux que possible, il devait être l’heure de se diriger vers le duel. Le cuir avait eut le temps de se réchauffer un peu sur son corps et il se sentait plus à son aise dans la brigandine, cela lui ferait au moins un souci de moins pour les moments à venir.
Prenant son casque à regret, il roula rapidement la nouvelle lame, ainsi que l’une de celles qu’il avait reprise de la salle d’arme, pour se rendre à l’entrée de la forteresse.

Ses pas le menèrent rapidement en vue du poste de garde, devinant le pont levis un peu plus loin. Drôle d’endroit pour un duel songea-t-il, avec les douves dessous, et le bois potentiellement glissant à force d’humidité, de neige, glace ou il ne savait trop quoi encore et du froid. Ce froid qui formait un peu de bué à chaque respiration.
En approchant, il vit que Flaiche l’attendait déjà, fin prêt à les arbitrer. Il s’approcha pour le saluer en s’accompagnant d’un signe de tête, faute d’avoir les mains libre.

Bonjour frère ! J’espère ne pas trop t’avoir fait attendre.

Puis déposant son chargement de tissus sous la muraille, un coin sec au moins, il en sorti les deux lames.

J’ai pris ces deux lames à la forge, je te laisse regarder pour les valider. La deuxième servira soit en cas de problème soit pour Alethea.
Le vif les lui présenta, garde en avant, la pointé dans la main droite et les lames reposant sur son avant bras gauche.
Il ne reste plus qu’a attendre notre chevalier pensa-t-il alors que le cavalier se saisissait de la première lame.

Pendant ce temps, son regard se porta sur le pont. Pas de neige sur le passage central, mais le vent froid qu'il entendait, plus qu'il ne le sentait à l'abris du mur avait du former un peu de glace par endroit si la chance était contre eux. Avec un sourire, il repensa au cours qu'il avait jadis donné à la jeune chevalier qu'il attendait, saurait elle se souvenir des bases qu'il avait alors évoqué ?

Un dernier tour sur la muraille qui ceint Ryes. Regard tourné vers la cour de la première enceinte, grouillante de vie malgré le vent et la neige et qui contraste avec la seconde, bien plus inaccessible et silencieuse. Le Lieutenant Commandeur se souvient de ses premiers pas dans cette petite cité de la Chevalerie. A présent, elle est censée être de ceux qui décident. Mais heureusement Ryes vit sans elle.

Depuis quelques jours, depuis que le premier verdict était tombé, le Chevalier avait redoublé ses entrainements. Semnos comme adversaire, si elle avait eu à choisir, c’est ce qu’elle aurait écarté en premier. Il était ‘son’ Maître d’Armes, bien plus que Cerridween encore, la plupart de ses cours, de ses entraînements, c’est avec lui qu’elle les avait suivis. Semnos était son Maître et il était un des rares amis qu’elle comptait en ces murs. Le furtif, l’homme de la forêt qui venait parfois, sans bruit accompagner ses silences et écouter quelques bribes de confidences. Ils se comptaient sur les doigts d’une main les Licorneux qu’elle avait laissé approcher un peu. Une brune du Maine, une autre de Bourgogne qu’elle avait prises sous son aile et un Guyennais qui s’y était placé. Et puis Semnos. Le premier qu’elle avait rencontré après les garde.

Alors elle avait recommencé à se lever plus tôt, bien avant le soleil trainard de l’hiver, pour courir sur les remparts et investir la salle d’armes aux premières lueurs. Les mannequins de bois avaient vu passer la force de ses inquiétudes chaque jour depuis l’annonce. Mais ce qui l’ennuyait ce n’était pas de perdre, juste qu’il se rende compte à quel point elle avait abandonné la pratique du combat. La fin des missions avait été suivie de bien des changements dans la vie de la brune et les préparatifs de son mariage, les retrouvailles avec sa famille, la découverte de sa nouvelle demeure avaient eus raisons de son habituelle discipline de vie. A présent, chacun de ses muscles le lui rappelaient : un entrainement ça ne délaisse pas.

Elle a pris un repas rapide qu’elle a fait porter dans son bureau et fait le choix d’une brigandine comme protection. Elle la porte déjà sous la cape azur de l’Ordre qu’elle dénoue en descendant les escaliers. Passé les herses, son regard évalue le terrain de l’échange. Ça aussi elle aurait préféré l’éviter. Le pont-levis. Quand on a le vertige ce n’est pas de chance, et puis c’est juste au-dessus de ces maudites douves.

Flaiche et Semnos sont déjà là. Elle salue le premier d’un signe de tête et sourit furtivement au second.

Bonjour, me voilà prête !

Son regard passe d’un Cavalier à l’autre, interrogatif, cherchant ce qui les laisse dubitatifs puis remarque l’épée dans les mains de Semnos. Ses mains viennent alors, par reflexe sur sa taille, à l’emplacement qui est habituellement celui de sa bâtarde…

Par contre je n’ai pas de quoi me battre .

Légère attente pour le cavalier qui regarde le paysage alentour, n'ayant plus envie de compulser quelques parchemins comme il avait pu le faire le matin. Il était venu en avance, poussé par une impression désagréable d'être en retard alors que tout lui indiquait le contraire. Ma foi, il attendrait donc l'arrivée des deux concurrents de l'après midi, la patience ne lui avait jamais fait défaut....hormis peut être dans les expériences les plus difficiles de son existence.

Le duel commencerait bientôt. Flaiche n'en avait plus fait depuis un bon moment déjà, ne pouvant durant les derniers mois même plus tenir son épée tant les forces lui avaient manqué. Fort heureusement, son état avait finit par s'améliorer, et il reprenait doucement l'entrainement, sans doute un duel finirait il par être possible d'ici quelques temps.

Il fut coupé dans ses réflexions par l'arrivée du premier concurrent. Semnos le vif. cavalier comme lui, et surtout responsable de la forge, ce qui les avaient amenés à se croiser plus d'une fois, tous deux veillant régulièrement à ce que le matériel de la salle d'arme soit réparé ou remit à neuf pour ne manquer de rien.

Bonjour frère ! J’espère ne pas trop t’avoir fait attendre.

Bien le bonjour Semnos. Non point, si cela fait un moment que j'attends ici, c'est uniquement de ma faute, ayant un peu sous estimé mon avance.

J’ai pris ces deux lames à la forge, je te laisse regarder pour les valider. La deuxième servira soit en cas de problème soit pour Alethea.

Flaiche s'empara de la première lame que lui tendit son frère, jaugeant si celle ci était suffisamment inoffensive pour permettre leur participation au tournoi. Effectivement, le responsable de la forge les avait travaillé pour en faire des armes presque inoffensives. Il lui rendit la première avant de regarder la seconde.

Aucun souci Semnos, elles sont inoffensives ou presque donc elles peuvent être utilisées.

Alethea les rejoint en pleine inspection du matériel apportés par Semnos, et, constatant qu'elle n'avait pas d'arme, le signala. Flaiche sourit à Semnos.

Le bonjour a toi aussi soeur Alethea. Aucun souci pour l'épée, Semnos en a amené deux, et j'ai apporté oi même deux armé de la salle s'arme.
Il ne te reste plus qu'à choisir. Par contre il te faut avoir un casque, il y en a deux dans le sac de toile la bas. Lorsque vous serez pret tous les deux, nous commenceront.

Flaiche attendit donc une nouvelle fois, et une fois les deux concurrents face à face, il donna le signal de départ.

Le duel se jouera en 3 touches. Maintenant à vous de jouer, et que le meilleur gagne.

L’examen de Flaiche fut relativement rapide car, Semnos le savait, les lames n’aurait pas à subir de remarques. Après tout les lames d’entrainements il les avait reprises aussi récemment.
Alethea choisit ce moment pour arriver, un salut, un fin sourire. Un temps de pause plus tard, le Vif lui rendait un léger sourire.

Bienvenue sœur.

Il prend la deuxième lame par la lame et la tend à la chevalier devant lui.

Celle-ci ou une autre à votre bon plaisir sœur. Celle-ci a l’avantage de revenir directement des forges, les deux autres d’y avoir séjourné il y a peu.

Le choix de son vis-à-vis fait, il attendit qu’elle se fut choisit un casque avant de s’éloigner sur le pont-levis. Le bois et le métal plus que froid pouvaient s’avérer traitre et il espérait ne point commettre de bévue trop près du bord… une douve sèche ne devait pas permettre un atterrissage en douceur.
Il pivota enfin pour faire face à Alethea qui prenait position elle aussi. Gardant son casque sous le bras, il regarda leur arbitre.

Le duel se jouera en 3 touches. Maintenant à vous de jouer, et que le meilleur gagne.

A partir de ce moment, le monde commença à s’estomper autour du cavalier. Il porte la garde de sa lame devant le visage et salut son adversaire avant de coiffer son casque. Il adopte ensuite une posture de garde, bras vers le bas, pointe légèrement relevé vers sa cible.
Armer son bras face a cette personne précisément allait être l’une des choses les plus difficile pour lui-même depuis son arrivé au sein de l’ordre. Il ne pouvait se permettre d’en rien laisser paraitre. Si son bras tremblait il n’en ressortirait rien de bon et bien que « neutralisées » par ses soins, les lames restaient des armes de guerre. Un mouvement malheureux, une pensées échappée, et la mort pouvait venir le cueillir, lui ou… elle, et cela il ne pouvait l’envisager.
Le pont sous ses pieds devint le seul monde qu’il se pouvait considérer, Alethea le seul point sur lequel focaliser ses sens. Son souffle produisait de fin nuages de condensation mais la sensation de froid s’estompait, remplacé par le calme cadencé par sa respiration et les battements de son cœur.

Le temps semble ralentir autour des deux duellistes, car tout cela ne nécessite qu’une poignée de battement de cœur. Son regard se porte enfin le long de la lame qui le pointe, puis vers les yeux du chevalier… une fraction de seconde, la bulle de calme qui l’entoure et le possède chavire et menace d’éclater. Une fraction infime d’un battement de cœur avant qu’il ne s’enracine de nouveau dans un combat, un duel face à un adversaire déterminé, surement plus que lui-même. Il refoule et chasse impitoyablement tout doute, car il n’y en a aucun, sa vie ne porte pas ce genre de question après tout. Le temps d’un clignement de sourcil et ses yeux ne trahissent plus que le calme froid, dans lequel une partie des efforts du Vif consiste à faire taire son être.

Combattant dont les mécanismes bien rodés doivent guider le bras puisque l’homme ne le peut.
Puis le temps reprend son envol alors qu’Alethea relâche son souffle, trouvant l’équilibre de sa position de garde elle aussi. Laissant aller son corps, le Vif tend la totalité de son corps puis se relâche en avançant sa jambe. Vif il est certes mais il ne s’attend pas à être seul et en effet, il ne prend l’ascendant que d’un court, trop court instant. Flaiche a tout juste fait deux pas pour s'écarter que tout commence !

Tout les mouvements s’enchainent dans son esprit, chasser la lame adverse pour pousser une fente vers une épaule ou les bras, passer sous la garde pour la forcer à se déplacer en visant une jambe… mais à nouveau cette vision vacille.
Sa lame décrit un arc de cercle en se portant vers l’épaule droite de son adversaire. Si il ne peut jouer sur la vitesse, il lui reste une bonne chance de parer en pivotant légèrement pour garder la lame toujours entre eux deux. Il suffit, mais bien que son coup soit précis, il hésite un instant, ralentissant involontairement le mouvement fluide de la lame d’acier. Maudit soit il, le coup était précis et rapide, il aurait porté sur n’importe qui d’autre qu’un chevalier, mais elle était chevalier, et il s’agissait de ce chevalier-ci et il lui offrait une fine chance d’en réchapper, le laissant à découvert. Chance infime il le savait, mais ...

Alea jaecta est comme dirait l'autre, il était bon combattant, mais de tout les combats il avait fallut que se soit celui-là qu'il s'impose. Que l'acier qu'il devait faire de son esprit parle au bout de son bras !

Je ne peux pas vous laisser passer. Mais qu'est-ce qui vous est arrivé ?

La voix de l'homme d'armes qui l'a arrêtée alors qu'elle s'apprêtait à passer le poste de garde oscille entre embarras et curiosité. Sans doute la pommette, qui a pris une couleur violacée depuis le matin, attire-t-elle son regard. C'est justement cette pommette qui est la cause de la sortie de Sindanarie : elle veut, non, elle a besoin de se changer les idées. A l'endroit où le poing d'Aldraien s'est écrasé s'est déjà développée une charmante ecchymose. Le regard de l'homme d'armes, pour une raison qu'elle ne saisit pas, oscille entre elle et le ciel. Il n'y a pourtant rien de bien passionnant à y voir... Un ciel d'hiver, grisâtre comme de la neige piétinée, qui n'est pas assez sombre pour laisser apercevoir quelques étoiles.

Rien. Pourquoi ne peut-on pas sortir ?

La voix reste neutre. Elle est vidée, la Carsenac, elle n'a même pas la force de tenter de forcer le passage, même si elle sait où elle veut aller. Soigner sa cousine l'a achevée. Avoir vu les dégâts qu'elle a provoqué et se revoir prodiguer quelques soins sommaires la hante. La pommade d'arnica passée doucement (mais non sans douleur pour sa cousine) sur l'épaule meurtrie malgré la protection, les baguettes maintenues par des bandes de chiffon en guise d'attelle, la bande de cuir censée aider à tenir le bras et l'épaule en place... Supplice sur supplice. Elle n'avait jamais vraiment eu à pratiquer sur des blessures de combat. Sur des coupures, sur des malaises et des maladies de la vie courante, cela ne fait plus rien à la barbière, mais ça... C'était la première fois. Sur sa cousine. Et c'était elle qui lui avait fait ça, elle qui était sortie indemne du duel. Elle ne revient pleinement au présent que lorsqu'elle entend le mot magique. "Duel". C'est que l'homme d'armes, tout occupé qu'il soit à contempler le ciel, lui répond :

Soeur, le cavalier Flaiche a ordonné que personne ne passe, le duel sur le pont-levis doit avoir commencé.

Stupeur de Sindanarie, qui ne peut que bafouiller à l'attention du garde :

Le ?... Sur le pont-levis ?! Qui contre qui ?

Maudite soit-elle. Dans le genre écervelée, elle pouvait se vanter d'être la meilleure, du moins ce jour-là. D'une, au vu du duel qui l'avait opposé à sa cousine. De deux, parce que lors de son passage en salle d'armes, dans son obsession de trouver quelque chose à faire pour sortir des pensées qui l'oppressaient, elle s'était concentrée uniquement sur les noms des duellistes et pas sur les lieux. Elle savait que Bess combattait dans l'après-midi, mais elle ne savait plus où avant de relire le parchemin affiché. Carrière d'entrainement du Haras. Parfait. Un lieu familier, une personne bien connue. Et, pour l'heure, elle avait sacrément besoin de se raccrocher à quelque chose, et même à quelqu'un, de familier. L'homme d'armes la tire de nouveau de ses pensées quand il lui répond, après un coup d'oeil en l'air :

Le Chevalier Alethea contre le Cavalier Semnos.

Hochement de tête de la Carsenac. Bon... Eh bien, on dirait qu'elle ne verra pas sa Cap' combattre, elle ne s'y était pas prise assez tôt... Par contre, force est d'admettre qu'elle n'a encore jamais assisté à un duel sur un pont-levis. Et ça, c'était plutôt tentant à observer, malgré son apathie... Comment gérer le vide quand il est partout ? Quand il est entre soi et l'adversaire, soit. Mais quand il est aussi en-dessous de ses pieds, il doit devenir un véritable défi lancé à la maîtrise de soi du combattant. Et voir deux guerriers aussi expérimentés que Semnos et Alethea s'affronter dans ces conditions promettait beaucoup. Peut-être les Antiques avaient-ils raison, peut-être les jeux étaient-ils le meilleur moyen de changer, non, de chasser des idées noires. Elle esquisse un sourire et hoche légèrement la tête. Des bribes de mots passent, portées par un souffle de vent.

Très bien. Si ça ne vous gêne pas, je reste ici.

La jeune femme attend à peine un signe d'assentiment du garde pour se détourner et se rapprocher un peu du pont-levis. L'homme d'armes reste, lui, un peu en retrait. Il ne veut manifestement pas quitter le ciel des yeux, même si là n'est pas le plus intéressant. Et finalement, bras croisés, espérant que ses pelures la protègeraient du froid et du vent comme la relative pénombre de la voûte, passage obligatoire vers la première enceinte*, la protègerait des regards pour éviter de perturber le combat, Sindanarie s'appuie de l'épaule à la muraille. Les silhouettes des duellistes et de l'arbitre se dessinent devant elle. Le combat doit avoir commencé, Semnos lance un coup. Et elle observe.

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* Partant du principe que le pont-levis protège un passage unique d'entrée.
Incrustation après consultation et accord des joueurs de Semnos et Alethea. Merci à eux !

[Dortoir des errants]

Oui nous sommes en début d'après midi et oui le Héraut est encore bien au chaud sous une simple couverture dans un des lits en bois qui remplissent les dortoirs. Il ouvre un œil, puis l'autre. Regard vers le plafond, son repos de la journée à été court car il n'avait finit sa garde que quelques heures auparavant alors que le soleil commençait seulement à se lever. Ses compagnons avaient pris la relève, ils avaient discutés quelques minutes autour d'un verre pour se donner du courage.. mais tous étaient impatient de voir les résultats des duels de la journée. Chacun y allait de son pronostique pariant des tours de garde ou des bouteilles de bon vin qu'ils ramenaient de chez eux. Car c'était çà aussi la licorne, des gens qui viennent de toute part pour amener leurs cultures et leurs façons de faire, et surtout les bons produits du terroir.

Tout ça pour dire qu'il était allé s'effondrer sur sa paillasse avec quelques verres dans le nez et donc que ça tambourinait un peu dans la caboche du Poitevin mais qu'il devait quand même se lever pour assister à un duel particulier. Particulier car d'un côté il s'agissait de son épouse qui se battait et de l'autre qu'il y avait vraiment un gros enjeu derrière ce duel. S'il gagnait il était épargné de tours de garde pour une semaine complète mais s'il perdait il passerait son temps libre à éplucher des légumes pour le compte du cuisinier en chef de la forteresse, et ça ce n'était pas imaginable.

Il se mit en position assise, s'étira de tout son long faisant craquer son dos et sa nuque et sauta du lit d'un mouvement leste. Il allait falloir qu'il touche un mot au chevalier, car dormir sur un lit dur comme celui-ci alors qu'elle dormait sur quelque chose d'un peu plus confortable ce n'était pas bien équitable. Et puis autant avoir des avantages quand on épouse un membre du Haut Conseil.
Il enfila braies, chemise, mantel et attacha sa cape à l'aide d'un fibule et sortit du dortoir en direction des remparts qui donnaient sur le pont levis extérieur. Ses pas le menèrent presque machinalement dans la cour, puis montèrent les marches qu'il avait déjà arpenté des centaines de fois... il savait déjà sur quel créneau il allait s'asseoir pour avoir la meilleure vue possible sur les deux duellistes.

Salut Maurice! Alors t'as des nouvelles des duels de ce matin?

Le blond se gratta la tête avant de répondre

Ouais, Sindanarie à gagné contre la tête brulée. Je vais me renseigner pour les autres!

Sourire de satisfaction de l'Errant, il se frottait les mains d'avance.

Héhé on dirait que bibi a gagné une bouteille de Calva.

Mais une bouteille d'eau de vie aussi bonne soit elle n'était rien a comparé d'une semaine d'épluchage de légumes et il ne pas qu'il rate une seule miette du combat qui devait bientôt commencer.
Il laissa filer le blondinet et chercha son créneau rien qu'a lui qu'il trouve rapidement, il s'assit dessus les jambes dans la vide côté extérieur de la forteresse. Le point de vue était magnifique, il était vraiment juste au dessus du pont levis il pourrait donc analyser au mieux les gestes de combat, il devait en prendre de la graine.

Cette situation lui rapellait la fois ou il avait eu la mauvaise idée d’embêter sa cheftaine qui était de corvée avec d'autres de ses consoeurs au fond des douves ce qui lui avait valu d'aller les rejoindre. Mais cette fois-ci il ne ferait pas de faux pas et n'essayerait surtout pas de déconcentrer sa douce, il fallait qu'elle gagne pour elle... et lui.

C’était mauvais signe… oublier qu’il faut une épée pour un duel ce n’est pas un très bon début. Enfin oublier d’en amener une du moins. Visiblement elle n’était pas encore complètement concentrée sur ce combat. Une négligence sur laquelle elle n’avait pas le temps de se pencher puisqu’il lui fallait en choisir une rapidement et un casque aussi. Apres les longs mois de mission elle avait eu besoin de se poser, de relâcher la bride et s’était cru le droit de le faire et maintenant tout semblait si difficile à remettre en route.

Son choix est rapide. Pour la lame, elle prend celle présentée par Semnos. Ce sera la plus proche de la sienne elle n’en doute pas. Pour le casque, le critère est la légèreté. Le plus petit et le plus ajusté des deux a sa préférence. Elle le garde à la main d’abord, soupesant de la dextre la bâtarde qui doit l’accompagner dans cet affrontement. Puis elle pose les deux au sol pendant que Semnos s’éloigne déjà, pour enfiler des mitaines de cuir fin et faire quelques mouvements un peu amples afin de vérifier que les couches de laine qu’elle a accumulées pour compenser sa légendaire frilosité ne l’engoncent pas trop. En quelques pas elle se place devant lui, à bonne distance encore, et le salue d’une inclinaison rapide de la tête et du buste…

Le duel se jouera en 3 touches. Maintenant à vous de jouer, et que le meilleur gagne.

… avant d’enfiler son casque.

La position de garde est naturelle maintenant, la jeune écuyère qui avait laissé tomber son épée de bois à son tout premier cours a tout de même pris quelques habitudes. Le pied senestre se place en arrière du dextre, à sa perpendiculaire, sans qu’elle ait même à y penser. Les deux mains sur la poignée et le buste droit aussi. Mais le plus difficile reste à venir : rester détendue. Les paupières se ferment un instant pendant que les épaules si tirent vers l’arrière pour essayer de dénouer son dos. Puis elle les ouvre à nouveau sur le pont et son adversaire.

Quelque chose ne va pas. Elle s’est trop précipitée. Son arrivée... son choix un peu brouillon… elle n’a pris la mesure de rien. Ni du bois du pont sous ses pieds, humide, glissant peut être, ni de l’espace qui la sépare des douves ou du poste de garde, ni du froid qui mord un peu son visage et ses doigts… ni de son adversaire. Elle ne s’est rien approprié. A commencer par ce duel. Il est, il doit être différent de leurs entraînements. Mais c’est Semnos en face d’elle.

Sa respiration se fait plus lente, son regard balaie rapidement les alentours et revient sur lui. Ses mains se serrent un peu plus fort sur la garde et la contraction remonte ses bras. Se battre contre un ami n’est pas un souci. C’est leur lot quotidien dans cette forteresse. Essayer de vaincre son maître, c’est déjà une autre affaire. Il est, par définition, celui qui sait le plus intimement quelle combattante elle est. Le lien qui s’est tissé entre eux au long de ces entrainements a même, parfois, abordé des rivages plus troublants qui confèrent à l’artésien un statut particulier. Elle va devoir être différente, essayer de le surprendre. Mais c’est le vif qui lui fait face. Celui qui lui a appris à oublier la force pour jouer de souplesse et de rapidité. Celui qui lui a révélé comment utiliser celle de l’adversaire contre lui. Est-ce qu’il est même concevable qu’elle puisse un jour avoir le dessus sur lui ? Est-ce qu’elle en a vraiment envie ?...

Lui ne semble pas douter en tout cas. Son avancée est la plus rapide. Celle du chevalier n’est qu’un réflexe en réponse à cet élan qu’elle perçoit instinctivement dès ses prémices, faute de l’avoir prévu. Avant d’avoir décidé quoi que ce soit elle doit déjà parer. L’épée de Semnos a contourné sa garde, la pointe arrive par la gauche sur son épaule droite. Le mouvement de son corps qui la porte en avant doit être rectifié très vite. Elle doit reculer pour que le fort de son épée puisse venir contrer la pointe de celle du cavalier. Mais elle n’en a pas le temps. Tout juste peut-elle profiter d’un léger ralentissement pour pivoter un peu aussi et, de la pointe tenter de le repousser. Ça ne peut pas suffire. Il aurait fallu bien plus de force. Mais ça a le mérite de la rappeler à ce qu’elle fait.

La lame de Semnos glisse sur la brigandine et s’arrête sur son épaule. Elle n’est même pas certaine que le ce soit elle qui l’ait ralentie.

L’instant.

L’instant passé et futur, infime fraction du temps et de l’espace. Le silence figé de l’instant, bientôt rompu par le choc de l’acier froid contre l’acier froid.

Ce choc vient trop tard, bien trop tard pour dévier réellement la lame que les bras solides du cavalier gardent dans la bonne trajectoire.
Encore un instant de plus et elle aurait pu parer son attaque. Cet infime fragment de vie qui l’aurait séparé dans un véritable combat de la mort… Pendant cet instant ou le frisson du métal remonte le long de ses bras, son être tinte et résonne. Un instant de calme avant que la danse ne reprenne et que la voix s’élève en hurlant en lui alors que le haut de sa lame se porte sur l’épaule droite du chevalier. Il retient le coup alors que l’enfer semble s’ouvrir sous ses pieds mais il ferme les yeux et porte son poids sur l’arme.

Un battement de cœur, l’univers vacille de nouveau pour lui alors qu’il repousse Alethea pour la déséquilibrer.
Un battement de cœur puis il porte son poids à dextre en avançant son pied. Il retient sa lame qui se dégage des tissus avant de voler de senestre à dextre puis de s’abattre en revenant pour faucher la jambe d’attaque de son adversaire.

Se faisant il sait qu’en se penchant il expose la partie haute de son corps mais il joue là-dessus aussi. Son pied d’attaque glisse légèrement mais sans que cela ne le dérange de premier abord.
La lame du chevalier le surplombe encore alors qu’il amorce son mouvement et elle ne devrait avoir d’autre choix, pour ne pas laisser une ouverture trop grande, que de retirer son pied en abattant sa propre arme, pour tenter de repousser ou d’attaquer.
Nul besoin d’attendre cela, le mouvement est naturel et la jambe n’est point sa cible. Heureusement qu’elle réagit car il n’a pas voulu retenir ce coup-là. Il doit en utiliser toute la force pour dévier la trajectoire et venir lui-même au contact. Si tout se passe bien il pourra alors repousser de nouveau l’arme vers le haut, profitant de sa force et de l’élan de l’acier. Il restera à faire volter la lame en un moulinet de senestre avant de pouvoir se fendre vers le ventre. Une attaque où il devra tout de même repousser son adversaire pour ne pas finir une lame entre les yeux.

Mouvement dangereux mais qui lui laisserait tout loisir de se retirer ou de se protéger au dessus de la tête en posant un genou à terre, s’il en arrive là du moins… sinon, la moitié de son casque risque de finir séparée de la seconde. Il se doit de finir rapidement car alors que le mouvement se met en place, le pied qui a bougé plus que nécessaire le fait douter de sa touche finale. Elle ne sera pas aussi précise, pas aussi bien dosée qu’il ne le veut, il le sait, surtout si le choc des lame le fait déraper un peu plus. Tant pis il est trop tard, déjà son œil accroche le mouvement de descente de l’arme de son adversaire. S’il garde l’avantage, il devra tenter de ralentir sa lame à l’impact, sans cela… autant se jeter dans les douves de suite.

L’air froid souffle tout autour de lui, mais c’est à peine si il y prend garde, pour le moment il n’est pas assez fort pour le déranger vraiment. Même leur arbitre n’est plus qu’une ombre dans son esprit. Leur monde de quelques mètres carré il doit s’en échapper car à chaque instant il lutte contre lui-même. Les spectateurs n’existent pas dans son champ de vision car ce combat est combat de dupe, duel inconcevable sur un champ de bataille. Nul n’interviendra, aussi nul n’a a paraitre dans ses pensées. Un combat contre la montre dans lequel le simple forgeron artésien n’a de chance de vaincre ni dans l’honneur ni dans la joie. Après tout il savait en s’inscrivant que cela risquait d’arriver. Une chance sur douze… mais une chance toutefois. Maintenant, en finir vite et le plus proprement possible, pour lui… mais pas uniquement, surtout pas. Ces instants doivent tourner une page.

Il n’ira pas plus loin. Ce duel n’est pas un entrainement mais pas non plus une mise à mort. Son épaule ne risque plus rien et le Chevalier doit essayer de reprendre l’initiative. Pour ça elle doit commencer par se décrisper. Mais le Cavalier ne lui en laisse pas le temps. L’échange est bien plus bref qu’elle ne l’avait imaginé. Il ne se contente pas de la déséquilibrer, il l’oblige à esquiver, la contraint à perdre le peu d’appuis qu’elle avait trouvés.

Alors qu’elle avait prévu de reculer pour remettre entre eux la distance qui lui aurait permis d’attaquer, Semnos est déjà reparti vers sa gauche. Elle tente donc de reprendre ses distances en continuant à pivoter mais c’est peine perdue, il ne se contente pas de se replacer, il l’oblige à bondir pour éviter l’épée qui fend l’air. Le temps qu’elle replace ses mains sur la garde et remonte un peu sa lame pour profiter de la position de son adversaire, il a lancé un coup en direction de ses jambes et elle doit abandonner le bois du pont sans trop savoir comment elle le retrouvera.

Elle pensait avoir regagné en concentration pourtant. Alors qu’est-ce qui pèche ? Le manque d’entrainement n’explique pas tout, son corps répond, les réflexes reviennent, ils sont là, la technique, la précision aussi et la force… Peut-être qu’elle n’a pas assez peur ou plus assez envie… Elle a dû apprendre à s’imposer depuis quelques mois, depuis son adoubement. Pas qu’elle soit timide ou manque de personnalité, loin de là, mais les autres sont pour elle une engeance étrange à laquelle elle se mêle le moins possible. Et dans ce combat-là, contre elle-même, sa méfiance envers ses congénères, et contre son propre Ordre, de ceux qui, entrés avec elle, ne lui reconnaissaient aucune légitimité à ce grade, à ceux qui, bien que l’ayant promue, n’arrivaient pas à la voir évoluer, dans ce combat elle a laissé l’essentiel… l’envie, la rage, le courage…

Le sol est là enfin… un pied, puis l’autre… le dextre derrière le senestre… et elle ne glisse pas. Elle aurait été plus à l’aise si ça avait été l’inverse mais au moins elle est stable. Et heureusement parce que la lame de l’artésien a viré de bord et se dirige vers son ventre... C’est là que la peur revient, chaotique et fulgurante. Pas celle qui vous aiguise mais celle qui vous panique malheureusement. C’est un réflexe animal qui la pousse en arrière pour se protéger de l’attaque. Celle-là ne doit surtout pas l’atteindre, si Semnos n’a pas bien mesuré son geste elle y perdrait trop.

L’épée l'atteint pourtant. Elle la touche, sans la blesser, égratignant son amour-propre au passage. Elle savait, rationnellement elle le savait, depuis le début, qu'elle n'était pas corps et âme dans ce combat. Cependant, cette nouvelle touche portée par Semnos, lui fait ressentir ce quelque chose propre au sentiment d'échec, un gel momentané du cerveau, une grimace non pas des lèvres mais qui vient de l'intérieur... Elle se redressE, regardant le Cavalier.

Elle connait ses faiblesses, Thea, et travaille régulièrement à y remédier. Mais elle demeure exigeante avec elle-même encore plus qu'avec les autres. Et de ce combat, quelles qu'aient pu être les raisons de l'échec, elle n’est pas satisfaite. Elle relève la pointe de son arme et reprend une position de garde

La feinte porte ses fruits. Son attaque passe la défense du chevalier et vient se porter sur le ventre de celle-ci.
Chaque souffle rend ce combat plus difficile, chaque touche est un cri d’agonie lancé à son être, pourtant il doit continuer. Il doit en finir et vite.
A peine la touche portée, il appuie juste assez pour que cela soit compté sans blesser son adversaire, du moins il l’espère. Son duel interne ne lui laisse pas autant de liberté qu’il le souhaiterait. Tant pis ce ne sont pas des mots ou des pensées de ce type qui l’aideront ici. En temps normal de tels pensées lui auraient sûrement valu une mort rapide contre un adversaire comme Alethea. Elle était rompu à l’art de manier ce type de lame, il était bien placé pour le savoir, lui ayant indiqué il y a déjà longtemps quelques mouvements de base. Il y avait trop longtemps, à l’époque elle venait totu juste d’arriver à Ryes…
Nouvelles pensées parasites qui venaient faire trembler les parois de son calme intérieur. Nouveaux assaut de son esprit contre un corps rendu mécanique… et nouvelles erreurs !

La touche portée, il se dégage pour reprendre un peu d’aise et se remet en garde, les mains légèrement devant les cuisses, point relevé vers son adversaire. Il tourne lentement de coté pour chercher une faille, mais la pression qu’il s’impose malgré lui commence à le rendre nerveux. Mauvais signe qu’il aurait du savoir déchiffrer mais il n’en est rien, la bulle le tient encore à l’écart de tout cela. Seulement dès qu’il pense entre-apercevoir une ouverture dans la garde du chevalier il porte son poids en avant. Un instant de retard dans la garde de son vis-à-vis lui fait espérer la fin tant attendu. Son arme fauche de dextre à senestre en montant, visant les bras autant que l’arme adverse… seulement son pied ne rencontre pas la tenue espérée, il patine, faisant perdre l’élan nécessaire et c’est sans force que le métal rencontre le métal. Trop tard pour reculer sans se faire embrocher, déséquilibré il parvient tout juste à peser un peu sur la lame. A peine de quoi ébranler la sérénité nouvelle qui lui fait face.

Première erreur mais une fois ici, se ressaisir, manipuler la lame ennemie pour ne pas se retrouver en proie à celle-ci. Sa force l’aide lorsqu’il force l’arme à senestre… mais au moment de reporter son attaque vers le buste de la jeune femme, sa main tremble. Pour un peu il en aurait hurlé mais ce n’est pas le moment, il n’a pas le choix, aussi peu assuré de ses appuis il doit porter la touche avant qu’l ne soit trop tard, mais sn geste est lent à nouveau. Si la chance est avec lui il touche… sinon il risque de devoir encaisser quelques passes, voir pire.
La pointe de son arme entame sa course de retour vers le buste d’Alethea mais son esprit n’y est pas, il lute car par deux fois déjà il a du se forcer à faire porter les touches… deux fois de trop et il ne désire en rien porter la troisième.
Vite… plus vite…

Oui, elle a retrouvé un peu de cette sérénité qui lui manquait, et elle le sent dans son corps. Ses gestes sont plus assurés, son maintien plus stable, et si elle ne se sent pas tout à fait à l'aise encore, comme elle a pu l'être à d'autres moments, les sensations lui reviennent petit à petit. Elle sent Semnos non pas faiblir, car il se bat toujours avec ce sérieux qui fait de lui l'un des meilleurs maitres d'armes qu'elle connaisse, mais il redoute de la toucher une nouvelle fois... Elle le voit dans l'expression de son visage, elle devine le débat intérieur dans l'éclat voilé de son regard... Et si par deux fois l'Ecuyer a déjà eu le dessus, il hésite en cet instant, et peut-être, peut-être pourra-t-elle alors provoquer l'ouverture...

Les coups se succèdent et les lames s'entrechoquent. Le Chevalier pare, et Semnos ne trouve toujours pas la faille. La lucidité revenue permet à la brune de ne pas douter encore, et lorsqu'elle voit la pointe se diriger une dernière fois vers son buste, elle ne panique pas, lève in extremis son épée et d'une pression ferme vers la dextre écarte momentanément le danger. L'ouverture est là, c'est le moment, et Thea n'a plus le temps de réfléchir. Elle penche légèrement son corps en avant, tentant de rester bien solidement sur ses appuis, et cherche l'estocade en lançant sa lame vers le haut du buste de l'Ecuyer, juste en dessous de la gorge.

Une erreur, rien de plus, mais dans un duel armé cela peut avoir pour conséquence la mort. Simple repos finalement après tant de lute. L'air vibre à ses oreilles lors du battement de coeur assourdissant où il se sait maîtrisé.
Dans sa précipitation il n'a pu donner la bonne course à sa lame, ce que bien entendu le chevalier qui lui fait fasse n'a pas laissé passer. Sa lame, son bras et son élan sont repoussé sur senestre alors que dans un mouvement fluide Alathea déplace son corps vers l'avant en gardant ses appuis fermement posé sur le bois du pont levis. La lame n'est qu'une vague floue et grise sur le coté de la vision du Vif.

inutile à ce moment de chercher à réfléchir, son corps dois réagir et il le fait. Au moins son esprit lui accorde un instant de paix dans le chaos de ce duel. Il ne cherche pas à frapper .. la femme qui lui fait face, mais à se protéger d'une attaque. Heureusement pour lui, pour assurer sa prise ou par peur d'être de nouveau bloqué par la force physique, elle a un peu plus dégager son arme avant d'entamer son attaque.
Le pied senestre de Semnos se pose à peine sur le pont qu'il y transfère son poids tout en pivotant en portant son pied dextre vers l'arrière. Sa lame se retrouve à la verticale, pointe en bas, la garde à moins d'une dizaine de centimètres de son visage.
Geste peu censé, mais il sait ce qu'il fait. Il n'a d'ailleurs pas vraiment le choix une fois arrivé là. son épaule à senestre vient se placer contre le métal de sa propre lame, le reste du bras renforcement ainsi la tenue. Hérésie pour parer une attaque franche, même soutenue, la lame sur le plat aurait trop de chance de se briser, mais là il veut simplement dévier l'attaque qui se porte bien trop près de lui.
Le temps de finir de pivoter, la lame du chevalier est venue crisser contre le plat de sa propre arme, déviant à dextre alors que lui rompt le contact pour lancer une attaque.

Son esprit vibre de nouveau au moment même ou le calme du mouvement sans accrocs se termine... Il lui faut vraiment en finir le plus rapidement possible, car en cet instant, il a pu percevoir en lui même la fatigue physique qui le guette telle un fauve tapis. Décidément son propre corps a décidé de ne pas être en reste de l'esprit. Pas le temps de sourire par contre...
Il tente de bloquer son élan pour contre attaquer en passant sous la garde de son adversaire, mais nouvelle fausse note. Le pont est toujours aussi gelé sous ses pieds et l'élan qu'il avait pris lui joue un mauvais tour : il dérape un peu, perd de la puissance et de la précision. Son attaque fait remonter le la dernière paume de métal de l'arme vers le ventre du chevalier.

La parade de Semnos est aussi vive et inattendue que l’attaque de Thea était hésitante et maladroite. Il ne suffit pas de lancer sa lame encore faut-il les garder ces fameux appuis, visualiser où on va toucher et ne pas se laisser surprendre par une lame qui vient se poser sur une épaule. Son adversaire reprend confiance, c’est lui qui initie l’attaque suivante alors qu’elle pensait le faire dévier. Le mouvement est sien. Il éloigne sa lame plus vite qu’elle ne la pousse et pendant qu’elle essaie de reprendre position la direction du cavalier s’inverse.

C’est à nouveau le ventre qui est visé. Ou peut-être pas… C’est là en tout cas que la lame se dirige encore. Mais le Chevalier sent que ce n’était pas le but premier de l’artésien. Il a glissé. Il a oublié le pont et le froid sans doute. Elle ne laissera pas passer l’occasion. Plus par reflexe que par envie. Son envie, avant même que tout ça ne commence, c’était que ça se termine. Ça n’a pas changé. Il a deux touches pour lui et les contrattaques qui s’enchainent commencent à laisser leurs traces. Mais les coups se suivent et la réponse est intuitive. Il laisse une ouverture elle la prend.

Cette fois c’est bien le fort de sa lame qui vient repousser celle de Semnos. Mais elle ne se contente pas de ça. Elle lui laisse le temps de se replacer et un nouvel échange commence. Rapide, sec. Elle le fait d’abord reculer vers le poste de garde puis l’échange se rééquilibre. Mais aucun des deux adversaires ne semble avoir la rage et au bout d’un moment les coups de Thea faiblissent. C’est elle cette fois qui semble renoncer… sa lame est trop basse et chaque réplique de Semnos un peu plus dangereuse.

La pointe de métal remonte vers le chevalier, mais ne fera pas mouche, une fois encore... habillement maniée, l'épée adverse s'interpose et le repousse.
Fort de ce mouvement, elle le laisse même se remettre en garde avant de contre-attaquer, du moins l'épée est elle là pour contrer la lame qui le vise, le forçant à reculer dans un premier temps avant de pouvoir rééquilibrer l'échange. Le métal chante par moment lorsque les lames se croisent mais seul un ou deux sons de cloches résonnent, les chocs direct étant risqués et bien trop fatiguant. La lame ne pèse pas encore trop sur ses bras et ses épaules habituées à la forge mais les premiers signe de fatigue apparaissent néanmoins. Las de se battre contre lui même entre autre chose. Heureusement il n'est pas le seul, peut être le chevalier commence-t-il à ressentir le poids de métal au bout de ses bras. Le moindre choc fais vibrer jusqu'à la nuque des combattants et la taille joue pour le cavalier qui se sert plus souvent du poids de son arme.

Cependant cette fois inutile de se précipiter, les coups sont précis, la volonté est là. Cette attaque se doit d'être décisive. Soit il l'emporte, soit elle dois toucher et remonter. Venant de beaucoup en dehors de ces murs cela ne l'aurait pas dérangé mais pour le coup son être se révulse encore comme au premier instant du duel.
Les passes s’enchaînent de plus en plus fine à mesure que l'échange les amène à tournoyer sur le pont, forçant de même leur arbitre à battre en retraire une fois ou deux. Inutile de s'en inquiéter, il sait ce qu'il a à faire et il est assez doué pour s'en acquitter alors que les coups d'estocs, les parages, les feintes et même quelques fentes semblent rythmer le temps sur le bois de l'entrée de Ryes.
Seulement la recherche d'une ouverture semble devoir faire attendre le froid lui même, car trop peu de choses séparent les deux adversaire. Trop peu mais un instant suffit.
Le vif plonge sous la lame d'Alethea alors que celle-ci tente de l'atteindre à l'épaule semble-t-il et il se propulse pour passer sous sa garde et laisser le fort de sa lame longer les cotes du chevalier. Pas de blessure, mais une fin.

… Du moins... là était ce qu'il voulait pour finir mais cette fin lui est violemment retirée lorsqu'il pousse sur ses deux appuis. Sa botte à senestre marque un à coup en restant accroché puis en se détachant rapidement alors que son pied dextre glisse. Le temps semble frémir alors qu'un afflux de peur l'effleure. Pas le temps pour la honte et la colère qu'il ressentira oui mais plus tard. A cet instant, le choc et l'inertie lui font poser les deux poings au sol pour bloquer la chute en avant, la poignée de l'arme venant pilonner les phalanges de sa main dextre. Ne serais ce son propre poids, il airait lâcher pour de bon l'arme, mais il doit le redresser, il doit se protéger... du moins il devrait mais il sait qu'il est trop tard et bien que son esprit le refuse, il cherche la morsure du fer sur son gambison.

Le pont les voit passer et repasser. L’avancée du Chevalier vers le poste de garde est de courte durée et le Cavalier reprend la danse, plus sûr de lui. Malgré cela, quelque chose dans leurs échanges est un peu trop convenu, trop mesuré. La fatigue est au rendez-vous et semble être le seul moteur de leur envie d’en finir. La technique est propre, presque trop et les échanges emprunts d’une confortable habitude qu’aucun des deux ne se décide à rompre. Ils se connaissent bien, même dans le combat, mais ça n’explique pas tout…

S’il marque encore c’en est fini. Ils seront libérés de ce coup du sort qui les a placés face à face. Il était le seul que Thea ne voulait pas combattre et, depuis le début de cet échange elle le ressent confusément, l’artésien est au moins aussi mal qu’elle. Cette envie d’abréger le duel, il est non seulement inconcevable de la formuler mais il n’est même pas imaginable de se l’avouer. Pourtant c’est là, sur eux, comme une épée de Damoclès : il marque encore et elle est libre. Alors la rage les fuit. L’envie, le plaisir de gagner aussi… et l’échange se poursuit, technique, propre… fatiguant… Elle ne lui laissera pas volontairement d’opportunité mais il est meilleur qu’elle, il en trouvera une, forcément, du moins si elle ne se démène pas trop… Il suffit de ne pas trop se poser de question et il la surprendra… c’est certain… Contradictoire pour une surprise ? oui ! Mais quand on refuse de s’avouer qu’on a envie de perdre on n’est plus à ça près.

Et la surprise attendue arrive… Vraiment. Semnos trouve enfin une opportunité mais tombe. Presqu’involontairement, c’est elle qui l’a touché. Le mouvement qu’elle avait fait pensant simplement parer son attaque a porté. Ou plutôt, Semnos déséquilibré ne l’a pas évité. Pendant un fugace instant l’Auvergnate qui croise le regard de l’arbitre est tentée de lui dire que Semnos l’a touchée. Elle pourrait se dédouaner de cette imposture en se disant que c’était pour épargner au Cavalier d’avoir à continuer après une douloureuse chute mais l’instant s’envole. Eux ils sauraient et la Licorneuse sait parfaitement qu’il vaut mieux un duel perdu à la loyale que le déshonneur d’un mensonge. En le protégeant elle le perdrait. Alors elle le laisse se relever, se replacer en garde et reprend le combat avec cette désagréable impression que le temps a décidé de ralentir pour les torturer.

Elle reprend ses coups et ses attaques, techniques, propres, mécaniques, instinctifs… mais… un peu plus désabusée, un peu plus fatiguée et pourtant un peu plus énervée. Elle ne se rend pas compte que son adversaire ne répond plus de la même façon et que les coups qu’elle envoie le font reculer un peu trop vite. Jusqu’à ce coup de taille, rapide, très rapide, dans lequel elle a mis tout son poids…