Venue improbable...

Elle n'était jamais venue, pourtant... elle l'avait imaginé plus d'une fois ce chemin vers ces murs là. Nombres de ses missives avaient été envoyé ici, à l'adresse de celle qu'elle disait servir à ceux qui voulaient savoir.
Pour la première fois, ce n'est pas à elle qu'elle allait s'adresser directement.
Elle avait envoyé un coursier aux autres Ordres Royaux. Pour celui-ci, elle préféra se déplacer. Et puis Ryes n'était pas si loin.
Toujours vêtue de noir avec son immuable cape de même couleur sur les épaules. Capuche relevée, barrant la moitié de son visage. Lourde besace de cuir en bandoulière et bâton en bois d'aulne serré dans sa main senestre. Elle arriva au poste de garde.
Non à cheval, ni en charrette, mais bien à pieds, son bâton frappant le sol poussiéreux au rythme de ses pas. Démarche lente mais dynamique, calme et sereine. Elle s'arrêta devant le premier rempart des lieux et fit glisser sa capuche sur ses épaules.
On ne l'appelait pas la Brindille pour rien. Frêle jeune fille de vingt et un an, aux cheveux aussi noir que ses vêtements, accentuant la blancheur d'un visage déjà diaphane, ses yeux au couleur de la pluie se posèrent sur le garde. Parlant d'une voix calme, posée, presque neutre.

Bonjour Messire
Je me nomme Karyaan Lómàlas, je me présente ici en tant que Vice-Chancelière du Comté du Maine.
Serait-il possible de rencontrer un représentant de votre Haut Conseil s'il vous plait ?

Elle se tue et le regarda simplement, en silence.

Invité

[Comment passer le temps ou la parade des fourmis...]

La noiraude et les rouquins, c'est une histoire de fascination qui remonte à sa naissance, il parait que la sage femme qui l'a mise au monde était rousse, que le nourrisson qu'elle était à l'époque lui a attrapé une mèche de cheveux qu'elle n'a pas voulu lâcher. Bien sur la jeune femme qu'elle est devenue ne s'en souvient pas mais a gardé cet enchantement depuis lors.

Par contre, la noiraude et la nature, ça, c'est une réelle histoire de passion et d'admiration. Lorsqu'elle n'est pas occupée dans une de ses fonctions, Vinou est dehors. Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il fasse ensoleillé ou qu'il fasse froid, pas un jour ne se termine sans qu'elle n'ait passé un moment dans la nature.

A l'instant où la nouvelle arrivante se présente devant la grille, la noiraude est confortablement installée, allongée sur le ventre au sol et observe avec beaucoup d'attention la lente progression d'une colonie de fourmis d'un point A à un point B. Le point A étant un petit tas de grains de riz qui est arrivé là par le plus pur des hasards guidé par la main de la jeune femme, je vous l'accorde. Le point B étant ce qui semblait être l'entrée de la fourmilière.

Le sourire aux lèvres, les prunelles azurées suivent le mouvement des deux files de fourmis qui laborieusement transportent les petits grains. Pas très passionnant comme activité, j'en conviens mais quand on sait que ces petits insectes sont les êtres vivants les plus guerriers et les plus agressifs qu'il puisse exister sur terre et qu'elles possèdent un sens stratégique hors du commun, il devient tout de suite plus captivant de les étudier.

Vinou allait placer un obstacle devant la file lorsqu'une voix attira son attention. Pendant un bref instant elle fut tentée de rester là sans bouger, espérant que la nouvelle venue s'en irait et qu'elle pourrait continuer sa contemplation mais le sens du devoir étant bien ancré en elle, elle ne put que se lever et aller voir ce qu'il se passait.

Bonjour, je suis Vinou, responsable des grilles. C'est un honneur de vous rencontrer Votre Excellence, je vais de ce pas prévenir de votre arrivée.

Direction le cornet de communication. La noiraude ne se laisserait plus avoir cette fois-ci. Maintenant, elle savait exactement ce qu'elle avait à faire.

Youhou ... Frère Blackhorn ... Nous avons de la visite à la Forteresse. Veuillez prévenir Frère Boucanier de l'arrivée du Vice-Chancelière du Comté du Maine. Peut-être serait-il bien de faire venir le Chevalier Cerridween également.

Elle revint sur ses pas et sourit à la jeune femme qui lui faisait face.

Je pense que cela ne saurait tarder.

Le garde à qui elle s'était adressée s'écarta et laissa sa place à la brune. La Brindille pencha la tête de coté et planta ses yeux gris dans l'azur des siens.
Elle ne la connaissait pas et sa mémoire l'imprima aussi surement que du charbon noircit un drap blanc.
Elle sourit légèrement quand elle l'entendit beugler dans son cornet, puis posa son bâton contre l'un des murs du poste de garde. D'un mouvement d'épaule, sa lourde besace s'écrasa au sol poussiéreux, mêlant terre sèche et de multiple senteurs en tout genre.
Elle s'étira alors comme un chat, dans un soupire d'aise, visiblement pas gênée pour un sous. Elle n'était jamais venue, la sorcière, mais elle se sentait étrangement comme chez elle ici.

A moins qu'elle ne soit rentrée sans passer par Léard... je doute que la Pivoine soit là.

Elle l'avait vu de loin, vautrée au sol, se demandant bien ce qu'elle pouvait regarder de manière si attentive. Elle fit quelques pas vers la colonne crée et s'accroupit. Souvenirs d'enfance où elle faisait pareil, accompagnée de sa mère, toujours.
Des mèches ébène barrant son visage laiteux.
Léger sourire quand elle vit le petit tas de riz. Et sans quitter les fourmis des yeux...

Vous les avez déjà vu attaquer et tuer un animal ?

"Youhou ... Frère Blackhorn ... Nous avons de la visite à la Forteresse. Veuillez prévenir Frère Boucanier de l'arrivée du Vice-Chancelière du Comté du Maine. Peut-être serait-il bien de faire venir le Chevalier Cerridween également."

La voix de Vinou dans le cornet l'avait fait sursauter. Blackhorn était plongé dans le récit des exploits d'un ancien grand Maistre de l'Ordre, trouvé dans la bibliothèque.
Il rêvait d'une destinée glorieuse et il était là, enfermé dans cette petite salle juste au dessus de la Salle de garde qui contrôlait l'accès à la Forteresse...

"Pas si fort Vinou, je t'entends! Tu me parles de l'arrivée de la Vice-Chancelière du Maine, mais si tu veux bien me donner aussi son nom, au moins je pourrais le dire à Frère Boucanier qui ne va pas manquer de me le demander...
Quant à Soeur Cerrid, tu sais qu'elle est du Maine aussi? Peut-être se connaissent-elles?"

Blackhorn avait laché son livre et pris sa plume pour noter le nom que Vinou allait lui donner. Il attendit...

Invité

Elle avait prévenu, elle avait fait ce qu'elle avait à faire, elle pouvait retourner à sa contemplation. Ses petites fourmis n'attendaient plus qu'elle, chic, elle allait pouvoir leur tendre un piège pour voir leur réaction. Tout cela étant purement scientifique et non pur sadisme bien évidemment. Heu ... quoique, elle oubliait peut-être quelque chose ... Ah oui ! La nouvelle venue, elle ne pouvait pas la laisser comme ça.

La noiraude revint près de la porte avec le sourire, l'arrivante était toujours là, évidemment. Elle venait de poser sa besace au sol, un mélange de senteurs vint lui chatouiller les narines. Senteurs qu'elle reconnaissait un peu mais pas toutes. Vinou fronça les sourcils tout en se disant qu'il faudrait qu'elle demande plus de renseignements sur celles-ci, si on le lui permettait.

Elle n'eut le temps de le faire que la visiteuse s'approcha du tas de riz et de ses fourmis. Ce n'était pas à proprement parlé "SES" fourmis mais bon, personne ne va chicaner pour un peu syntaxe... Non, personne ne va le faire ! La question vint un peu comme un cheveu dans la soupe, ce qui surpris Vinou et la fit regarder son interlocutrice.

Si je les ai déjà vu attaquer ?

La noiraude hocha la tête.

Oui, je les ai vu faire, elles sont redoutables et remarquablement bien organisées. Elles arrivent à immobiliser leur victime en peu de temps grâce à leurs mandibules et à une attaque toutes ensemble. Elles ont une force énorme pour de si petites bêtes et s'attaquent à des proies bien plus grosses qu'elles parfois. Vous savez que certaines d'entre elles possèdent un espèce de substance en elles qui brule ?

Prise par la passion, la noiraude faillit ne pas entendre frère Blackhorn. Faillit seulement... elle excusa auprès de la jeune femme pour se rediriger vers le cornet.

Pardon je ne voulais pas t'assourdir, je vais parler moins fort, promis. Le nom de la visiteuse ... heu ...

Ouch ... qu'est-ce qu'il lui demandait là ? Elle n'avait pas la mémoire de nom, la noiraude. Pas pour rien qu'elle donnait des sobriquets aux gens qu'elle fréquentait. Il avait dit quoi le garde ? Elle se mordit la lèvre inférieure la mine pensive. Carras ... Caravane ... Lemon ... Lemonde ... mol ... mollasson ...

... Karyaan Lómàlas !

Aïe ... elle avait crié, pauvre frère Blackhorn, elle avait à nouveau du lui percer les tympans. Reprenant plus bas.

Je ne connais pas sœur Cerrid donc je ne peux te dire où elle est ni si elles se connaissent. Mais la Dame a demandé à voir quelqu'un du Haut Conseil.

Toujours accroupit, malgré le manège de la brunette, elle sourit quand elle entendit beugler son nom sans quitter le cortège des fourmis et de leur grain de riz.
Elle l'avait écouté la Dame qui lui parla de ce qu'elle savait sur les bestioles. Penchant la tête de coté elle posa ses coudes sur ses genoux pliés.
Elle attendit que la brunette revienne, car elle sait qu'elle reviendra. On s'occupe comme on peut quand on attend.
Toujours accroupit donc, elle prit une brindille au sol et chipota au cortège qui s'ébranla quelques secondes avant de recommencer sa marche inéluctable.
N'attendant pas forcément que la Dame soit à ses cotés, elle fini par parler d'une voix toujours aussi calme, posée, comme si vraiment, elle était chez elle icelieu.

En fait... il n'y a pas meilleur arme que les fourmis qui attaquent.
Une fois je les ai vu tuer un oiseau. c'était fabuleux à regarder. L'animal était venu se nourrir des reines qui s'envolaient pour coloniser ailleurs.
Il a commis l'erreur de se poser quelques secondes et c'était terminé pour lui.

Léger silence, un regard un brin nostalgique, la brindille faisant un petit pont où quelques foumis grimpaient en rang serré.

L'oiseau s'est fait tout bonnement envahir.
Les fourmis, elles tuent de l'intérieur, et pour cela, elles pénètrent par tous les orifices naturels existant.
Puis s'imposent en dedans, sectionnant tout ce qu'elles croisent, provoquant des hémorragies mortelles. Montant jusqu'au cœur, pendant que d'autres entrent par les oreilles, les yeux, et détruisent le cerveau.
Le volatile s'est fait littéralement dévoré de l'intérieur... Dès qu'il a eu le malheur de se poser, il était condamné.

De nouveau un silence, le visage impassible, aucune émotion, pas même du dégoût, ou du plaisir. Juste un constat, un fait. La nature est ainsi et on ne peut que l'accepter.

Un spectacle extraordinaire quoi qu'il en soit.
Sinon... face à un obstacle, vous connaissez la différence entre les fourmis et les hommes ?

Reportant son attention sur la licorneuse, elle sourit très légèrement, puis se releva tout en s'étirant, faisant craquer son dos et sa nuque dans un soupire d'aise.

Blackhorn avait failli lacher sa plume quand Vinou lui avait crié le nom de la visiteuse, mais au moins, il l'avait entendu!
Il s'empressa de le noter dans son registre en espèrant ne pas trop l'écorcher:

"KARYAN LOMALAS, vice-Chancelière du Maine, demandant à rencontrer un membre du Haut-Conseil."

Il versa un peu de sciure sur l'encre encore fraîche, attendit un moment qu'elle absorbe le surplus d'encre et souffla délicatement pour la faire s'envoler... Puis se levant, il rajusta sa tenue, veillant à ce que la garde de son épée soit découverte sur son flanc gauche et que son coutelas resta caché sur le droit. Il sentait la dague cachée dans le haut de sa chausse droite sans qu'il ait besoin de vérifier sa présence...

Puis il remit son gant droit qu'il avait ôté pour écrire, laissant son casque posé sur la table. Sortant de la salle des registres, il se dirigea vers la Salle d'Armes où Frère Boucanier allait tous les jours. En souriant, il se dit que s'il n'y était pas, il repasserait par la Taverne, l'autre endroit que Boucanier (Boucan pour tous ceux qui l'avait déjà entendu hurler) aimait fréquenter après l'exercice...

Après l’épisode de l’arrivée de Liagan;Boucanier était remonté vers la salle des registres son intention première était d’aller en taverne par chemins détournés histoire que l’on ne le vois aller en taverne,mais son regard fut capté par une silhouette se rapprochant de la herse;une ombre a l’air fragile comme celle d’un enfant ; sa curiosité piquée au vif il resta là a attendre la suite ,car les gosses des fermiers du coin le colosse les connaissait bien il s’amusait parfois a leur faire peur,était ce un de ces gosses qui voulait faire une farce?? Il voulu en savoir plus et le surprendre a son propre jeu.

En dessous depuis un moment Virginia_ était accroupie absorbée par quelque chose au sol drôle de position pour un garde,il faudra qu’il la sermonne la moindre des choses quand on est de garde est d’avoir un minimum de maintient et pour le moment sa tenue n’avait rien de martial.

La forme qu’il avait prise pour celle d’un gosse ,ôta sa capuche et là il put voir la chevelure brune et le visage très pale d’une jeune femme ,jeune femme plutôt jolie l’air fragile;la dame après avoir discuter avec la garde ,certainement et même sûrement pour se présenter et donner le but de sa visite ,elle aussi se mis a ras de terre et parut absorbée par le sol ;les deux femmes discutaient ensemble et le sujet avait l’air très intéressant enfin la garde se dirigea vers les cornets pour avertir ou demander un renseignement a Black qui devait se morfondre dans sa salle .

C’est a cet instant qu’il décida de quitter son poste d’observation pour aller en taverne,peut être que Liagan devait y être et s’ennuyer boire seul.
Mais hélas le sort qui avait pris visage de Blackhorn en décida autrement et démoli le rêve de Boucanier ,une fois les explications du garde données ;

Merci frère,je descend voir de quoi il en retourne

Arrivé auprès des deux jeunes femmes ,il se rapprocha plus près de la visiteuse;c’en vraiment un jolie petit bout de femme elle dépassait a peine la hanche du géant ,au moment de lui adresser la parole il du se retenir de ne pas mettre un genou a terre pour être a hauteur de ces yeux;

Bonjour votre excellence je suis Boucanier ecuyer et responsable du poste de garde; on me dit que vous désiriez rencontrer une personne du haut conseil en l’occurrence le chevalier Cerridwen !je vais faire appeler le chevalier

Il se tourna et des yeux chercha un garde ,et là fidèle au poste la tignasse blonde hirsute Maurice ce brave Maurice.

Hep!!oui toi Maurice viens ici ,va chercher le lieutenant commandeur Cerridwen dis lui que son excellence Karyan Lomalas désire la voir !!elle attend a la herse et ne traîne pas en route tu connais le Tyran ?? Pas de faute hein?? Allez court!

Puis se retournant vers la dame dame qui semblait si fragile que l’on avait envie de protéger une vrai poupée de porcelaine

Voila votre excellence encore un instant et votre amie sera là,je vous laisse entre de bonnes mains ,au revoir!

Une ombre immense s'abattit sur elle, l'enveloppant tel un linceul quand elle ouvrit les yeux, toujours dans sa position d'étirement.
Blocage...
Ses yeux de brume rencontrèrent d'abord un ventre, puis glissèrent d'un torse puissant, à un cou de buffle pour finir sur un visage de guerrier arborant une chevelure inexistante.
Dans une position des plus inconfortables, le souffle coupé par une telle apparition, elle haussa les sourcils, bouche bée, quand il lui parla.
Non mais c'est qu'elle ne s'y attendait pas de voir une telle montagne. En plus l'est pas grande la Brindille, et allez savoir pourquoi, les balaises comme ça, l'ont toujours attiré. Image paternelle sans doute. Complexe d'Oedipe aurait dit Sigmund, mais l'est pas encore né lui. Et bien oui, son géniteur était du genre colossal aussi. Fils de marin, mais bucheron, il était capable de faire tomber un bouleau en deux coups de hache. Bon, par contre il avait des cheveux. Mais ce n'est pas des plus importants sur le coup là.

Moue de carpe couchée sur la grève, la sorcière, elle bloque et écoute à peine ce que le géant lui dit. Et c'est quand il appelle Maurice qu'elle fini par expirer et reprendre visage humain, moins carpien quoi. Bref, vous avez compris.
Elle leva alors son index pour signifier qu'il y a méprise, mais le géant ne la calcule pas. Il continue à donner ses ordres au garde.

Non mais...

Toute intimidée, et il en faut croyez moi, levant d'avantage le doigt, genre cancre d'école qui pense avoir la réponse et ose pour la première fois de sa vie lever la main. Et le Boucanier qui ne la percute toujours pas, qui lui parle de nouveau et fait demi-tour après sa corvée accomplit.
Fronçant alors les sourcils, ronchonnant intérieurement non sans détailler, sans pudeur, le mâle qui s'en va en lui tournant le dos.
Re blocage...
Se ressaisissant, elle fini par s'exprimer plus clairement.

Houla, attendez une seconde...
C'est que je n'ai jamais demandé à voir le Chevalier de Vergy moi.
Si je veux la voir, je l'attends à Léard. Je souhaite voir une personne du Haut Conseil. Même si elle en fait certes partie, je la sais absente en ce moment, donc si vous avez quelqu'un d'autre sous la main, ça sera tout aussi bien.
Ce n'est que pour remettre une missive c'est tout.

Et euh... vous vous appelez comment déjà ?

Quoi ? Comment ça, il lui a déjà dit ? Et alors ? Elle n'a pas entendu, ou si peu, ou juste qu'elle a pas forcément envie qu'il s'en aille trop vite lui là, le balaise chauve. Et de se dire que c'est tout de même inadmissible que la Pivoine ne lui ai jamais présenté. Va falloir qu'elle lui parle à la vielle carne, nom d'un Cornu !

Elle est en train de faire préparer et sceller Perséphone dans les écuries. Elle a juste fait une incursion en Normandie, pas si lointaine du Maine pour prendre des missives, quelques affaires, en régler d'autres et aller voir d'où souffle le vent.

Un besoin d'horizon peut être...

Perdue dans ses pensées, elle est adossée à un des lourds montants de bois qui tiennent la bâtisse, pendant qu'un écuyer fait son travail, brosse en main, en suant tout ce qu'il sait... c'est que la monture n'est pas un cadeau. Non qu'elle soit une carne, impétueuse, non. Perséphone est douce comme un agneau. Une perle, un petit bonheur de tempérance, la prévoyance incarnée. Mais elle est fort grande. D'où la corvée que chaque écuyer redoute. C'est que pour brosser sa croupe, il faut un tabouret, pour curer ses sabots, des muscles et beaucoup de patience. Et la Pivoine ne se prive pas de l'infliger, à sa guise et en fonction. Non sans diriger et corriger évidemment. Tout à un sens quand elle donne quelque chose. Elle enseigne, toujours, même en silence... certains l'ont appris à leurs dépends.

Un souffle court et un bruit de pas de course arrivent vers elle. Elle ne se retourne pas.

Capit... Maîtr... euh chevalier ?

Un sourire en coin s'affiche un instant, avant qu'elle fasse volte face et se retrouve face à son interlocuteur.

Maurice... le bonjour..

Le pauvre homme d'arme s'en tiendrait presque les genoux d'avoir couru si vite. Elle attend qu'il retrouve son souffle, avec un air sévère théâtralement posé, essayant de ne pas rire.

Et bien ?

Il essaie de reprendre contenance et arrive à articuler.

Y a.. quelqu'un à la herse. Enfin... c't'une femme...

Le sourire énigmatique s'étire doucement.

C'est un peu court, jeune homme...

Il se rattrape aussi vite qu'il peut.

Karyaan Lómàlas, Vice-Chancelière du Maine... veut voir voir, chevalier.

Vous m'en direz tant... Vice-Chancelière...

Elle émet un petit sifflement admiratif avant de partir d'un petit rire et d'ordonner...

Reste ici et demande qu'on m'amène mon cheval équipé des ces fontes – qu'elle montre du bout du doigt – dès qu'il sera prêt. Je vais à sa rencontre.

L'écurie à l'intérieur des murs n'est pas bien loin de la porte d'entrée. Elle arrive en vue du poste de garde et retient d'un grand rire en voyant la tête de celle qui lui sert de dame de compagnie. Diantre... la vengeance est un plat qui se mange froid, n'est-il pas ? Prenant un air sérieux, mais ne pouvant réprimer ce sourire en coin, que la Brindille connait si bien, elle s'avance jusque devant le petit groupe. Elle salut Virginia et Boucanier, qu'elle gratifie d'un sourire plus appuyé avant de se tourner vers Karyaan, qu'elle salue d'un air protocolaire, hochement de tête et main gauche sur la poitrine de rigueur.

Vice Chancelière, la bienvenue à Ryes...

Elle relève ses émeraudes qui toisent, taquine, la brunette tout en jetant un regard en coin vers Boucanier.

Je vous vois pantoise, Votre Excellence... la forteresse de Ryes est impressionnante n'est ce pas ? Une si belle bâtisse, charpentée avec soin, imposante, si immense qu'elle en est séduisante... allons, allons ne rougissez pas... je sais que se tenir à côté de ce monument est grisant. Vous êtes juste pénétrée par la majesté de ce que la chevalerie propose...

Elle reprend une attitude plus neutre, en apparence, avant de demander.

Mais je manque à mon devoir... mille fois pardon.... - sourire qui se tient toujours à l'ironie qu'elle lui offre - que nous vaut l'honneur de votre auguste présence ?

Ne dit-on pas... Quand on parle de vieille carne, elles ont tendance à apparaitre ?... Ah ben banco, ça n'a pas loupé. Alors que la sorcière reluquait la montagne qu'elle gravirait avec plaisir, et qui s'en allait d'un pas bourru, v'la t'y pas qu'elle entendit la voix suave et oh combien familière de celle à qui elle a donné sa vie et bien plus encore.

Reportant son attention sur le Chevalier, elle haussa un sourcil quand elle la vit la saluer, s'inclinant main sur le cœur.
Plissant les paupières ses yeux couleur de pluie suivirent les sinopes qui se posèrent sur l'objet de ses brefs fantasmes puis revinrent sur elle. Foutre des Dieux, elle savait exactement que la Pivoine ne manquerait pas une remarque acerbe, et elle ne se fit pas attendre.

Et alors que la rouquine s'amusait à imager la situation de manière extraordinaire, voire parfaire, la brunette sourit. De ce genre de sourire en coin qui, plus les mots s'enchainaient, plus il devenait étrange, malicieux, crapuleux, malsain, gourmand, le genre de sourire qu'un jack Nicholson aura dans une flopée de siècles.

Impressionnante et divinement attrayante. On se laisserait facilement prendre, parcourant ses recoins les plus secrets pour s'y perdre sans regret... Pour ce qui est de la charpente, j'ose espérer qu'elle est à la mesure du colossal bâtiment. Les clés de voute sont parfois si petite que ça en est désolant... décevant... Quoi que... Si elle arrive à maintenir la tension et a l'endurance de soutenir la déferlante des éléments... c'est l'essentiel. Non... ?

La brume noyée dans l'émeraude, un sourire indéfinissable aux lèvres. Oh oui, indéfinissable, et vaut mieux ne pas tenter de le définir...

J'avoue que plus je m'en rapproche de cette Chevalerie... plus j'en vois les attraits qui laissent rêveur, voire aphasique...
Peut-être qu'un jour je disposerais de ce qu'elle propose, dans tout ce qu'elle a de... pénétrant...

Petit coup d'oeil au géant puis revient sur la Pivoine.

Bref... je vous pensais ailleurs et ne m'attendais pas à vous croiser ici.
Mon auguste personne a fait envoyer aux trois autres Ordres Royaux ces missives là.

Fouillant dans sa manche droite, elle sortit un petit parchemin qu'elle tendit à son vis à vis, puis continua.

Spoiler:

Pour la Licorne, j'ai préféré me déplacer moi-même.
J'essaie de renouer les liens que ces abrutis ont coupé par trop d'égo et d'ingratitude mal placée. Malgré tout, je ne me fais pas trop d'illusion, mais mes fonctions m'imposent d'essayer quand même. L'essentiel est le Domaine Royal après tout... non ?

Après avoir saluer la dame sans attendre son reste la laissant un doigt en l’air il parti bougon vers la taverne,mais la jeune femme ayant réussi a sortir enfin une phrase compréhensible l’interpella en lui signifiant qu’elle ne voulait pas voir le chevalier ,étonné il se retourna et regarda la dame ,au fond de lui il fut heureux qu’elle ne sache pas vraiment se qu’elle voulait,car lui savait très bien se qu’il aurait voulu avec elle ,il la regarda plus qu’il ne l’écouta,il avait envie de savoir ce qui se caché sous ce mantel ,la capuche,elle..en tombant avait dévoila un très jolie visage de beaux cheveux noirs un coup gracile ,il était sur que le reste du corps était a l’avenant avec une peau aussi douce que de la soie.
Il eut du mal a poser son regard dans les yeux de la dame ,il était parti vers d’autres horizons,sous d’autres latitudes ou il n’y avait qu’elle nue parmi les fleurs et c’est avec difficulté qu’il bafouilla quelques mots

Heuuu. Ben oui! Disons que si notre nigaud de Maurice ne trouve pas le chevalier et on l’enverra chercher quelqu’un du haut conseil!en attendant c’est avec plaisir que je vous tiendrais compagnie

Il dit ça en pensant qu’il aimerait bien lui faire visiter la forteresse et ses endroits discrets,a cette idée ses yeux brillèrent et un sourire éclaira son visage buriné;cette dame c’en autre chose que les filles de fermes du village
Mais une voix dans son dos ,la voix qu’il ne connaissait que trop bien brisa son fantasme ,le Tyran était là et c’est avec ironie qu’elle accueilla la visiteuse il compris vite que les éloges flatteuses étaient plutôt moquerie devant l’attitude de la jeune dame ;heureusement que le Boucanier avait le teint halé des gens vivant dehors car les deux femmes l’auraient vue rougir a l’écoute de leurs propos et la visiteuse n’en pas en reste elle aussi plaisantait sur sa personne il avait l’impression que la dame faisait son marché et été prête a essayer la marchandise .
Jamais il ne se serait douté qu’il puisse plaire a autre choses qu'aux filles du village ou bien a quelques catins dans des tavernes malfamées
Mais cela l’amusait ;car jamais il n’aurait pensé que les femmes puisses comme les hommes parler librement et ouvertement de leurs.. ..fantasmes
Lui par contre il ne saurait jamais si cela était vérité ou simple fanfaronnade de la part de la jeune femme
Ilse retourna vers le chevalier

Je pense que vous n’avez plus besoins de moi ,je vous laisse toutes les deux,si jamais vous avez besoins de mes services Maurice saura ou me trouver ,car j’ai encore du travail a faire
Et peut être que nous nous reverrons dans votre belle contrée

Il s’inclina devant les deux femmes et sans attendre de réponse parti

Pour la Licorne, j'ai préféré me déplacer moi-même.
J'essaie de renouer les liens que ces abrutis ont coupé par trop d'égo et d'ingratitude mal placée. Malgré tout, je ne me fais pas trop d'illusion, mais mes fonctions m'imposent d'essayer quand même. L'essentiel est le Domaine Royal après tout... non ?

Elle a prit la lettre et la parcourt lentement.
Un rictus se peint sur les lèvres de l'ancienne Capitaine. Ah ça... ego, ingratitude... elle pourrait dire qu'elle y ait habituée. Ils ont toujours eu ce genre de crachats plus ou moins avérés, plus ou moins direct, quels que soient les duchés ou les comtés. Guyenne il y a fort longtemps, Bourgogne, Touraine, Maine... la liste était aussi longue que les terres qu'ils avaient aidés. La plupart du temps, au péril de leur vie, pendant de longs mois de privation, sans rétribution.

Le visage de Rhuyzar passe un instant devant ses yeux. Les damnés du Roy... marqués au fer rouge d'un serment qui les mènent directement en Enfer. Elle devrait être habituée.... elle devrait le savoir... mais là bas, elle avait passé plus de nuits blanches que dans n'importe quel lieu, comme tous ceux qui avaient composé les lances qui avaient défendu le Maine pendant trois long mois. Trois long mois, qui avait été effacé comme on foule au pied un rebut. Si ce n'était pour elle, c'est pour tous les licornes qui y avaient laissé du temps, de la sueur et des écus, qu'elle n'avait pas pardonné. Ce n'est pas de la fierté, ils font leur devoir. Mais juste un peu de reconnaissance, simplement. C'est tout ce qu'ils demandent. Comme toujours, cette simple chose leur était refusée. Car leur présence est toujours le signe d'une faiblesse, d'une carence qu'on s'empresse de minimiser, d'oublier.

Boucanier prend congés pendant qu'elle referme la missive et elle fait un signe de tête avec un sourire entendu.

Et bien...

Les émeraudes remontent vers la Brindille.

Votre Excellence...

Le sourire se peint doucement au diapason du sien.

Je me ferai un honneur d'être le représentant demandé. Mais qu'on sache que contrairement à certains je n'ai pas la mémoire courte... et que je risque d'être particulièrement exigeante si d'aventure, nous devions à nouveau, répondre à une demande d'aide.

La main range la missive dans son doublet.

J'en réfère cependant d'avance au Haut Conseil pour leur demander leur avis. Je me charge, votre Excellence, de vous faire parvenir une réponse officielle avec la réponse définitive. En attendant, vous pouvez aller au village de Ryes pour vous restaurer et vous reposer. Je viendrai vous y rejoindre plus tard... vous risquez de croiser d'ailleurs nombre de licornes qui aiment aller y trouver un peu de vin, le temps d'oublier notre pesante forteresse.

Elle salue Karyaan et s'engage vers le deuxième étage du donjon, pour y déposer la nouvelle.

S'il y a bien une chose qui est sure concernant la sorcière plantée là, c'est qu'elle n'est pas genre à fanfaronner. Il est d'ailleurs tellement rare qu'elle exprime ce qu'elle pense en matière de mâle, que ça étonne toujours.
D'autant qu'elle est particulière la sorcière. C'est qu'ils ont d'autres mœurs au sein de sa communauté et en taverne, elle en a choqué plus d'un.
Et elle le toisa le géant qui restait encore là, le détaillant sans pudeur aucune quand il parla à la Pivoine, entendant à peine ce qu'il pouvait lui dire. Il fini par se détourner, et elle resta encore un moment bloquer. Et c'est au "Eh bien..." de Cerridween qu'elle sursauta et retomba dans la réalité si froide et morne, et triste, et esseulée, et... oui bon d'accord.
Bref...
Elle écouta celle qu'elle sert. Oui oui, ça lui arrive parfois. Et sourit simplement, inclinant la tête en guise de salut.

Et bien j'attendrais l'accord de votre Haut Conseil, Chevalier, et trousseau de vos bureaux vous serons remis à ce moment là. Ce n'est pas comme si vous étiez étrangère à la Chancellerie, je pense que vous trouverez votre chemin facilement.
Et pour ce qui est de l'exigence... tant que je serais à la chancellerie, c'est le mot qui est et qui prime.

De nouveau, elle la salua et la regarda s'en aller.
Toujours aux portes de la forteresse, elle resta un long moment en silence, ses yeux rivés sur les créneaux de la bâtisse. Puis elle sourit légèrement, tout en replaçant sa capuche, cachant les trois quarts de son visage.
Récupérant sa lourde besace et son bâton de marche, elle reprit la route la sorcière. D'un pas calme, serein, tranquille, comme si elle visitait les lieux, les chemins, le monde.