L'ambidextre à l'oeuvre

Il y avait bien deux mois que le jeune Mando n'avait pas foulé le sol d'une salle d'armes, et c'est un flux d'émotions indescriptibles qui le parcourut alors qu'il entrait dans la salle. Cela ne faisait que quelques secondes que son regard embrassait les lieux, et pourtant il s'y sentait déjà à l'aise. Elle était pourtant bien plus vaste et bruyante que celle de l'Ost du Languedoc dont il avait la charge. Peut être les combattants de la Licorne étaient ils plus assidus? La question n'en était pas une et il savait bien que l'on ne s'engageait pas dans un Ordre si honorable pour se contenter de ne répondre présent qu'à l'appel. il fallait s'entretenir et s'investir.

Le jeune guerrier fit quelques pas dans la salle, ôtant sa cape de voyage pour être plus à l'aise dans ses mouvements. Il se choisit un petit coin tranquille et déposa son fardeau sur le banc le plus proche. L'entraînement d'aujourd'hui ne servirait qu'à réveiller les muscles et à se remémorer le chant de l'acier tranchant l'air. La lame quitta son fourreau dans un chuintement et Mando se mit alors en garde. Jambe droite en retrait, genoux légèrement fléchis et l'arme pointée vers le haut. La lame fendit l'air lorsqu'il frappa de taille, visant la hanche d'un ennemi invinsible. Le coup fut dévié et le guerrier se dégagea d'un simple entrechat pour éviter une contre attaque. Pour se battre face à un adversaire imaginaire il y avait bien évidemment des règles. Celle a retenir était que l'on ne pouvait pas le vaincre. Mando attaqua nouveau, imaginant le tintement de l'acier lorsque les lames s'entrechoquèrent, puis esquiva la contre attaque d'une torsion de buste. Il fit passer sa lame de la dextre a la senestre et porta un violent coup de taille et n'oubliant pas de compenser la décharge d'adrénaline qui ne manqua pas de deferler. Se laisser emporter par la transe guerrière était risqué, il fallait atténuer les pulsions guerrière pour rester maître du combat.

L'ennemi para à nouveau, et Mando dut se baisser pour esquiver le revers qui aurait pu le décapiter. A nouveau, il rompit le combat. "Temps fort, temps faible, c'est la clef gamin! Si tu te dépenses sans compter, un adversaire experimenté aura beau jeu de t'achever!". Les mots de son défunt frère avaient été vérifiés à maintes reprises. Ils avaient toujours été de force égale, mais lui, alors jeune et fougueux n'avait jamais pu le vaincre une seule fois. Il était toujours jeune mais bien plus patient qu'auparavant.

Mando combla rapidement la distance le séparant de son ennemi et para le coup qui lui aurait fendit le crâne. D'un puissant coup de talon assené sur le torse massif de son adversaire, il réussit à le repousser pour aussitôt enchainer avec une estocade... qui fendit le vide! Emporté par son élan, le jeune homme se rétablit de justesse et plongea sur le côté pour éviter la riposte. Il se releva souplement et sans dommages pour faire face à son adversaire.

Le roux avançait d'un pas léger mais sur, heureux de retrouver enfin cet endroit de la forteresse qui était sans aucun doute maintenant l'endroit qu'il préférait entre tous. Même s'il affectionnait particulièrement d'autres recoins, aucun d'entre eux n'avaient tout ce que représentait pour lui la salle d'arme. Il avait toujours aimé apporter son aide, partager son savoir et ses conseils, tout comme il avait aimé et aimait toujours en recevoir lui même de personnes à l'écoute. Il avait choisit la voie de la médecine pour cela, et si l'infirmerie ne faisait pas partie de ces pièces qu'il affectionnait tant, c'était surtout parce qu'il s'y rendait principalement lors d'accident plus ou moins grave qui signifiait qu'un frère ou une soeur s'était blessé. Il aimait cependant le calme du lieu et la sérénité qu'il pouvait en tirer lorsque seul ou avec une aide minimaliste, il travaillait sur la confection de remèdes et onguents en tout genre.
La salle d'arme représentait cependant bien plus que le contact humain, le partage et l'entraide. Elle représentait aussi sa propre ascension au sein de l'ordre. De piètre combattant n'utilisant que l'arc, il était à force d'études, d'efforts et d’entraînements aussi intensifs que réguliers, à devenir rien de moins que l'assistant du maître d'arme, fonction qu'il affectionnait entre toutes.

Sans doute ne serait il plus la si, loin du fracas des armes d’entraînement, des boucliers et des mannequins de pailles, il avait usé de son temps à bien d'autres choses. Son oeil disparu ne serait alors pas la marque improbable de sa survie, mais bel et bien ce qui, pour avoir eu de moins bons réflexes, l'endroit de sa personne par lequel il aurait trouvé la mort, les coups au visages ne trouvaient que rarement de soins et de salut.
Pénétrant dans la salle, le fracas provoqué par le choc des armes devint plus fort, l'odeur d'effort se fit plus vif, l'atmosphère du lieu prit tout son sens. Le borgne resta la un moment, à regarder ses frères et sœurs s’entraîner seul ou à plusieurs, veillant du même coups à l'application des règles de la salle. Les rares duellistes utilisaient bien les armes inoffensives prévues à cette effet, et les quelques personnes présentes avaient trouvés un équilibre dans l'usage de l'espace qui éviterait les mauvais coups. Léger sourire de satisfaction naissant sur le visage du roux, avant de prendre le chemin du local du maître d'arme où l'attendait quelques menus travaux pour le prochain exercice. Il fut cependant stopper par un visage qu'il ne pensait pas connaître. Combien de jeunes recrues n'avaient il aperçu que dans la froide austérité de l'infirmerie lors du banal contrôle médical de routine. Cette formalité ne permettait pas de contact suffisant pour faire convenablement connaissance, et il avait déjà eu vent que nombre de jeunes membres se trouvaient un peu désorienté dans l'immensité de la forteresse à leur arrivée. Ses rumeurs étaient sûrement fondées, puisque le Haut Conseil en était arrivé à remettre en place un système de parrainage.

Ses petits travaux attendraient donc, et il attendit que l'homme ai terminé son entraînement solitaire, souriant de le voir se battre contre des ennemis imaginaires, comme il l'avait fait lui même et le faisait encore parfois pour travailler ses mouvements. Alors que celui ci semblait marquer une pause avant la prochaine attaque, Flaiche applaudit légèrement, ne souhaitant pas faire faire un mouvement malencontreux à ce combattant en pleine concentration. Il prit la parole alors que ce dernier se tournait vers lui.

Voila donc un bel entraînement, prometteur à mon humble avis pour de futurs combats plus....réels. L'imagination est sans doute, du moins pour moi, un atout non négligeable même en combat, atout qui permet de surprendre parfois, mais cela ne fait pas tout et ne remplace en rien les vraies batailles, j'aimerais et te conseillerais donc durant tes entraînements futurs te voir aussi croiser le fer avec certains de tes frères et sœurs. Je suis sur que certains d'entre eux seront ravis devant une telle proposition.
D'ailleurs si besoin, je ne suis jamais loin, il suffit parfois de frapper à la porte que tu vois la bas pour trouver du monde. C'est le local du maître d'arme et de ses assistants, dont je fais partie, donc si le besoin se fait sentir, n'hésite pas.
Et pour terminer ses présentations, moi c'est Flaiche.

Sujet: Re: L'ambidextre à l'oeuvre Mar 18 Sep 2012 - 9:48

Le jeune Mando s'apprêtait à repartir à l'assaut lorsqu'un léger bruit d'applaudissement se fit entendre près de lui. Il rengaina calmement son arme avant de se tourner vers l'homme qu'il ne connaissait point. Il ne connaissait pas grand monde dans la forteresse et était bien heureux que quelqu'un vienne se présenter à lui. Il écouta sa diatribe sans mot dire et lorsque celle ci fut terminée, il prit à son tour la parole.

Vos propos m'honore messire Flaiche, cela faisait plusieurs semaines que je n'avais pas foulé une salle d'armes et j'ai préféré me remémorer certains mouvement avant de trouver un frère d'armes avec qui m'exercer. Je suis Mandorrallen, nouvellement escuyer en ces lieux.

Il avait entendu dire que les habitants de la forteresse avaient pour coutume de se tutoyer et de s'appeler par leur nom, mais le jeune Mando n'était pas ici depuis suffisamment longtemps pour se sentir à l'aise en tutoyant ses pairs et supérieurs. Nul doute que le parrainage mis en place l'aiderait à côtoyer ses compagnons d'armes avec plus d'assurance.

Je pense continuer un peu à m'entraîner de cette manière, et d'ici peux je me mettrais en quête d'un compagnon d'armes expérimenté. Et croiser le fer avec un assistant d'un maître d'armes serait pour moi un honneur!

L'ancien soldat sourit à Flaiche