[RP] Entretien avec surprenant messager

Sujet: [RP] Entretien avec surprenant messager Ven 17 Jan 2014 - 13:33

Quoi de mieux que de recevoir ce surprenant et fort inattendu messager que cette salle dicte "Rhuyzar"?
La pièce était de taille réduite, ancienne chambre située à l'étage de la taverne, désormais transformée en salle d'entretien.
Un lourd bureau de chêne massif, trois chaises disposées de part et d'autres de celui-ci, deux côte à côte pour les Licorneux menant l'entretien, l'autre, leur faisant face pour le candidat.
Une cheminée, située derrière le bureau, où un feu avait été activé par l'Homme d'arme de service, diffusait une maigre chaleur, parvenant tout juste à contrôler le froid des épais murs de pierre.
Nulle fioriture, nul artifice en ce lieu, à l'image de ce que devait être l'Ordre. Simple. Dur. Austère, se peut.

Le Capitaine avait pris place derrière le bureau, faisant face à la porte pour l'heure encore close.
Il avait donné consignes claires et précises. Fouille minutieuse, escorte serrée. L'homme ne découvrirait rien d'autre de la forteresse que le court chemin séparant les portes de celle-ci de la taverne. Nul accès au reste des lieux, les portes étaient maintenues solidement fermées et seuls les Chevaliers et responsables des entretiens en avaient les clés.

La cape azur avait été déposée sur le dossier de la chaise. Tête nue, il avait toutefois revêtu brigandine qui pourrait aisément lui assurer relative protection sans pour autant le limiter en ces mouvements dans cet espace réduit. Son épée, ceinte à sa taille, ne lui serait en cas de danger que de peu d'utilité, aussi avait il pris soin de déposer sur ses cuisses fine dague prompte à trancher comme à percer sans coup férir.
Portant les gantelets d'acier symboles de sa charge, mains pour l'heure posées sur le plat de la table, il attendait patiemment que l'homme attendu lui soit amené.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Dim 19 Jan 2014 - 9:42

Consignes avaient du être données à l'escorte et trajet avait du être fixé avec le Prévôt ou le Gardien des Clefs de Ryes. Certainement le temps qu'il avait attendu face à la herse avait servi à préparer son itinéraire et son escorte. Car Yvaniès n'avait rien vu d'intéressant ou d'utile. Un simple couloir serpentant. Des portes closes. Pas une ouverture pour se repérer et presque aucune lumière pour éviter toute prise de points de repères. Sur ce point, au moins, l'héritage des deux Licornes Noires avait été assuré. Mais les Cornus, et leur Haut Conseil en tête, ne se doutaient surement pas de l'aspic qui se glissait contre ces murs chargés d'Histoire. On fait toujours entrer le Mal en pensant le maitriser. Toujours il vous laisse le premier coup et la première prise, affichant faiblesse et nervosité. Mais sous son air perdu se cachent des pensées entremêlées qui ont prévu la fin quand vous construisez le début. Quand il vous jette le gant, il a déjà gagné.

Enfin l'escorte s'arrêta face à une porte qui devait être celle menant à la fameuse Salle Rhuyzar. Amusant clin d'oeil décidé sciemment, il n'en doutait pas, par celui qui allait le recevoir. Donner le nom du Corbeau à une salle secrète de Ryes résumait assez bien son oeuvre et sa vie. Quelque part, loin à l'est, on devait sourire de ce nouveau caprice du destin.

Le guide toqua, on lui donna ordre d'entrer, avec autorité et fermeté. Il ouvrit l'huis et entra, sécurisant le passage pour faire suivre le visiteur. Ne lui laisser aucune chance de tenter un acte criminel et meurtrier. Suivi des deux Cavalières il pénétra d'un pas lent dans la sombre et froide pièce qui figurait davantage un cachot agencé qu'une salle de réception.

Lentement, avec soin et cérémonie, Yvaniès rabattit le capuchon de son mantel et dévoila à l'homme qui lui faisait face son visage vieilli par les ans et déchiré par la vie. Ses cheveux blancs et son catogan noué à la manière de Rassaln d'Arduilet ajoutaient à son allure générale. Prudent, il attendit qu'on lui donne autorisation pour approcher, et que soient remis à son hôte les objets qu'on lui avait confisqué. Mais il l'avait déjà reconnu. Vieilli, changé par le temps, il dégageait toujours cette force tranquille et cette assurance guerrière qui faisait de lui un soldat plus qu'accompli. Un coup d'oeil aux gantelets posé sur la table, symbole d'une charge qu'il ne connaissait que trop bien. Il sourit, reprenant peu à peu ses marques et ses habitudes et prononça quelques mots pour briser le solennel de l'instant:

Bonjour Capitaine. Vous pouvez féliciter votre armée, je ne suis pas mort et Ryes ne brule pas. Bien que j'aie failli trébucher sur un petit caillou. La prochaine fois, rajoutez un éclaireur à la troupe, ça nous évitera bien des désagréments.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Dim 19 Jan 2014 - 13:52

L'escorte était arrivée à bon port, salle Rhuyzar. Un trajet sans surprise aucune depuis la herse, dans le silence que seules les bottes ferrées dérangeaient par leurs rencontres musclées avec le sol dur et froid. Quant à la salle, Alfgard la connaissait par cœur, à cause des entretiens : rien de particulier en ce lieu, hormis son nom.
Les cavalières entrèrent à la suite du mal embouché et se tinrent près de la porte après avoir salué le Capitaine.
Seraient-elles les témoins silencieuses de ce qui allait se dire ou Enguerrand leur ferait-il signe qu'elles devaient sortir ? Ca dépendrait certainement de la confiance qu'il accordait à son étrange visiteur qui, fidèle à ce qu'il avait laissé entrevoir de son personnage, la ramenait encore sur le ton de la moquerie.

Par les miches d'Odin, quel aplomb ! pensa-t-elle.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Dim 19 Jan 2014 - 19:55

L'errant guida la petite escorte jusqu'à la salle Rhuyzar. Si tourner le dos à un inconnu et/ou un ennemi n'était pas dans ses habitudes, Fool avait toute confiance dans les capacités de ses 2 sœurs pour anticiper une traitrise.
Mais rien n'eut lieu et c'est sans surprise qu'il arriva devant la porte de la salle d'entretien, où il cogna. Après avoir été invité à entrer par le capitaine, il poussa la porte.

Le bonjorn Capitain ! Voici le sieur Yvanies, messager du bâtard. Il souhaite remettre quelque chose au Haut Conseil et porter le salut de la part du chevalier Rhuyzar.

Puis déposant les artefacts devant le chevalier.

Voici ce qu'avait le visiteur sur lui. Je n'ai pas trouvé d'autres armes sur lui.

Il se recula laissant entrer le personnage, ne le quittant pas des yeux pour le coup, la main posée négligemment sur le pommeau de son arme.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Dim 19 Jan 2014 - 20:41

Elle suit la Sombre, en silence, calme et sereine, tel un serpent qui glisse, la langue vipérine testant l'air lourd, bien trop lourd.
Elle suit, s'attendant à tout, sur le qui vive, sans en montrer une once.
Elle les connait ces couloirs, pour les arpenter souvent, très souvent seule, guidée par le vent qui s'y engouffre, effleurant les murs marqués de ses doigts fins. Le silence est plus éloquent que bien des phrases, quelle qu'en soit la tournure et l'emphase.
Elle suit, entrant après Alfgard, respect de l'ancienneté oblige, même si le grade est similaire.
Se positionnant en miroir d'elle, attendant de savoir ce que le maitre des lieux souhaite.
Léger mouvement de la tête en guise de salut à celui qui est toujours assis.

Comment dirait-elle à la Pivoine ?
Ah oui...
"Son masque est si perceptible et si prévisible que ça en est nauséeux d'insolence."

Et elle de répondre sans nul doute.

"Laisse, certains ont besoin de jouer pour se rassurer. N'en sois pas aveuglé."

Alors les paupières un instant se ferment, puis s'ouvrent, calme, si calme, trop calme.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Dim 19 Jan 2014 - 23:08

Le chevalier n'avait pas eu à longuement patienter avant que la petite troupe ne fasse irruption en la pièce où il se tenait.
Il avait pu entendre le cliquetis de la clé tournant dans la lourde serrure d'acier permettant d'ouvrir la porte aspée de fer menant à l'étage sécurisé de la taverne.
Il avait entendu les pas résonner sur le dallage de pierre.
Ils étaient donc bien quatre. Trois chevalier. Et ce visiteur.

Le groupe était entré. Fool de prime, suivi de cet Yvaniès, puis Alfgard et Karyaan. Il nota mentalement leur présence, pour plus tard, ainsi qu'il le faisait en tout temps.

L'homme avait rabattu en arrière son capuchon. Le visage à lui ainsi découvert aurait pu lui sembler, se peut, familier. Si c'est n'était la marque de l'usure et celle, plus dure et profonde, de combats anciens.
L'observateur inattentif aurait pu se laisser berner par l'attitude du visiteur. De prime abord, inspection superficielle n'aurait probablement permis que de révéler un homme usé, portant vêtements juste assez éloignés des haillons pour qu'ils en soient suffisamment décents. Un de ces êtres à qui l'on aurait pu donner obole au détour d'une ruelle ou à la sortie des murs protecteurs d'une quelconque cité.
Mais il perlait de sous cette apparence les stigmates d'un homme de guerre. Un de ceux qui déjà avaient vu plus de mort et de souffrance que bon nombre dans toute une vie. Un combattant, fatigué, probablement, mais dont le souffle brulant risquait de se réveiller à tout instant, tels ces anciens volcans faussement endormis. Un danger, pour quiconque le sous estimerait.

Et la pièce de théâtre à venir de se mettre en branle.

Un sourire, presque inattendu en pareille situation, puis quelques mots, ironiques s'il en était.
L'instant d'après, Fool déposant sur le bureau de chêne les objets qu'il tenait en mains.
Le regard du Capitaine fut immédiatement attiré par ceux-ci. Il les reconnaissait, évidemment. Ces gantelets. Ce taureau sur le manche de la miséricorde. Et cette autre lame, toutes deux étant frappées de cette licorne par tous reconnaissables.

Un signe de tête aux trois licorneux.
Il cachait sous son habituel visage de marbre les sentiments qui à présent traversaient son esprit.

Merci à vous trois. Vous pouvez à présent nous attendre de l'autre côté de la porte...Un regard vers le messager, histoire que le décors soit bien planté pour tout le monde...Je vous appellerai en cas de besoin.

Et de fixer à nouveau l'homme en face de lui, pour l'heure toujours debout, en attendant que ses frères et sœurs quittent la pièce.
Qui sait ce qui allait lui être dit. Il devinait que certains des propos qui pourraient se tenir icelieu auraient besoin, peut être, de rester...confidentiels.

D'un geste de la main, il fit signe à l'homme de prendre place sur la chaise sommaire placée de l'autre côté du plateau de bois.
La voix du chevalier, dans le même temps, se fit à nouveau entendre. Calme. Posée.

Voilà s'il en est arrivée pour le moins...particulière. Fin sourire s'esquissant un instant sur le visage buriné du Capitaine. Je te remercie, messager du corbeau, de m'apporter de ses nouvelles et, surtout, de m'avoir prévenu concernant ce petit caillou, il aurait été malheureux qu'imprévu péril n'empêche notre entrevue, n'est ce pas? Cela aurait eu fâcheuse conséquence sur toi, un chute pouvant s'avérer des plus mauvaise, comme pour le frère chargé de l'entretien des lieux: il parait que les catacombes ne seraient pas suffisamment chauffées en cette époque de l'année.

Visage se refermant à nouveau, le gris des yeux du licorneux se faisant plus sombre, alors que la main dextre se posait sur le manche marqué du taureau.
Nul geste de défiance ou de menace. Juste cet impérieux besoin de toucher ce qui pour certains pouvait s'apparenter à reliques des temps anciens.

Or donc tu voulais parler au Haut Conseil, je suis là. Je t'écoute à présent.

Puis, d'un ton froid.

Espérons pour tous deux que tu ne nous aies pas fait perdre de temps.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Dim 19 Jan 2014 - 23:52

Silence.
Détailler.
Observer.
Ne jamais oublier.
Et la Sombre, à l'ordre donné, frappe doucement de sa main senestre le coté cœur, alors que la dextre est posée sur le pommeau de son fauchon.
Inclinant la tête en guise de salut, elle ne quitte pourtant pas la scène des yeux et encore moins les protagonistes.
Elle attendra cependant qu'Alfgard sorte avant de lui emboiter le pas. Dès que ça sera fait, elle sortira tout comme elle et se positionnera à la porte, attendant, avec ses frères et sœurs, l'ordre de revenir en urgence ou pas.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Lun 20 Jan 2014 - 0:45

Ainsi soit ce que demande le Capitaine : l'escorte ressortit comme elle était entrée. Enguerrand ne semblait pas s'inquiéter pour sa propre sécurité, du moins ne le laissait-il pas paraître, et puis les trois Licorneux se tiendraient à la porte, prêts à intervenir.
Alfgard remarqua qu'encore une fois, Karyaan la laissait passer devant, elle en conclut donc que sa soeur avait de l'éducation et respectait ou son grand âge ou son ancienneté à la forteresse. Elle sourit discrètement, penchant plutôt pour la seconde hypothèse, plus à son avantage.
Elle retrouva vite son sérieux car un détail l'inquiétait par ailleurs : l'épaisseur conséquente des murs et de la porte ne laisseraient passer que les bruits suffisamment puissants pour être entendu de ce côté. Et si le mal embouché était un silencieux dans l'attaque, ils avaient beau être trois à veiller au grain, ils seraient tous marrons ... mais quoi faire ? Ils n'allaient pas établir des tours de collage d'oreille contre la porte, ce qui se passait à l'intérieur était confidentiel ou ils seraient restés dans la salle. Et se faire choper en train d'épier comme des commères, bien qu'ayant une raison quasi -vitale c'était un coup à se taper des corvées à la con jusqu'à perpette !

Alfgard décida d'évoquer le problème avec Karyaan et Fool une fois dans le couloir.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Lun 20 Jan 2014 - 13:53

L'escorte, congédiée par le capitaine, sortie en silence de la salle et se posta de chaque côté et face à la porte. Quand la cavalière évoqua la problématique de l'isolement de la pièce, Fool tendit l'oreille pour s'en rendre compte. En effet il distinguait à peine les voix dans la pièce close.

Il fit une moue dubitative. Il ne se voyait pas surveiller l'oreille contre la porte ou par le conduit de la cheminée.

Le capitaine n'est pas homme à se laisser surprendre et égorgé en silence, non?

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Lun 20 Jan 2014 - 17:08

Alfgard réfléchit un instant et répondit sans laisser paraître une inquiétude décidément tenace.

J'espère que tu as raison Fool. Mais cet homme ressemble beaucoup à un mercenaire et il a l'air d'avoir roulé sa bosse ... Un gazier comme lui doit être rompu à toutes sortes de subterfuges pour arriver à ses fins, c'est surtout ça que je crains.

Elle marqua une pause et s'adressa à ses deux compères.

Imaginez que sous un prétexte ou un autre ... tiens, il feint un malaise par exemple, que fera le Capitaine ? Il se sentira obligé de lui porter secours n'est-ce pas ? Là deux solutions : il prend le temps de nous appeler, ce qui limite les dégâts ou il a peur que l'autre trépasse et dans l'urgence, il se débrouille sans nous et là ... - elle mima des vertèbres que l'on brise - couic ! et on entendra rien de rien ... En plus la pièce est tellement petite, tout peut se passer si rapidement !

Par St Crid, Alfgard en avait côtoyé des assassins sur les champs de bataille et mieux valait tout envisager avec ce genre d'énergumène.

Son visage se renfrogna. Merdaille de merdaille, je vois pas de solution ... Et vous ?

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Lun 20 Jan 2014 - 17:52

C'est cette force tranquille qui émane du Capitaine qui plait au Savoyard. Cette assurance naturelle, forgée par le temps et les épreuves qui s'impose à l'interlocuteur, l'adversaire, ou l'allié. Il émane du Licorneux une autorité qui doit faire de lui un Maistre de Guerre efficace et respecté. De l'homme ne se dégage aucune peur, aucune crainte. Il est sur de lui, de ce qu'il sait faire, et il doit analyser à chaque instant celui qu'il a face à lui, l'agencement du lieu et les multiples possibilités d'affrontement. Le prendre par surprise doit relever de l'exploit. Et le vaincre, une maitrise parfaite des armes et du combat rapproché.

Mais Yvaniès n'est pas là pour cela. Il jauge son interlocuteur, même s'il le connait déjà... Voila bien longtemps qu'il a quitté ces terres et cette histoire, pour savoir encore qui vaut quoi et dans quel univers il gravite. Prudence est la matrice de la survie, surtout quand on s'attaque à l'Ordre Royal le plus prestigieux de France. Car ces gens font preuve d'une vigilance mille fois supérieure à la votre. Et l'homme est bien placé pour le savoir. Un pan entier de son histoire est un grimoire dans lequel il pioche allègrement pour savoir quoi faire, quoi dire... Tout est calculé, rien n'est laissé au hasard. Même pas cette petite lueur qui illumine ses yeux quand il s'assoit pour un entretien privé avec un membre du Haut Conseil de l'Ordre.

Autre temps, autres moeurs. Mon nom sera cette fois gravé dans les registres. On pourra lire qu'Yvaniès Daktom a rencontré un Capitaine de la Licorne. Car c'est ainsi que je me nomme et ainsi que vous me connaitrez désormais, Enguerrand...

Il avait souri au moment de prononcer le nom de son hôte. Il avait aussi sciemment appuyé le mot, comme pour signifier un savoir, des informations, un mystère... Mener un dialogue n'est pas juste échanger des paroles, mais savoir les distiller au bon moment, à la bonne personne, dans le bon contexte. Et en cela, sans dire qu'il était passé maître, il espérait disposer d'une certaine expertise. C'est toujours souriant, et un brin insolent qu'il reprit.

Je ne vais pas vous faire perdre votre temps. Je ne connais que trop la longueur de vos journées et la difficulté de répondre aux caprices de Sa Majesté... Vous êtes de précieux jouets qu'il faut savoir ménager si le Roy veut encore sourire et s'amuser. Je m'étonne d'ailleurs de vous trouver ici et non en campagne à apprendre au Roy comment faire couler le sang des autres avec son bâton de Commandant. Vous aurait-il autorisé à vous éloigner quelques temps ? Préfère-t-il le cerf au breton ? Fait-il au moins la différence...

Il avait presque murmuré ces derniers mots alors que le reste de sa tirade avait été dite franchement, sans détours et sans malice. La franchise transparaissait de ces mots tandis que ses poings se serraient et que ses jointures blanchissaient. La colère qui émanait de lui était profonde, franche et terrible. Une telle colère, bien dirigée, pouvait abattre des montagnes, ou un Royaume...

Mais je sais aussi que si je veux garder mes cotes intactes il va falloir que j'assouvisse votre curiosité. Alors parlons, ou plutôt, écoutez-moi... Car je ne suis pas le Corbeau, et vous le savez, je suis juste le Messager. Ou pas. Mais ceci ne vous concerne pas.

Il marqua une pause, le temps que ses mots prennent le poids nécessaire et alourdissent suffisamment l'atmosphère, puis reprit:

Le Corbeau n'est pas mort, malgré la rumeur. Personne n'a son corps, même s'il est presque décomposé... Il respire encore, difficilement, mais a eu la capacité à me préparer à ce qui vient et ce qui sera. Je porte sa mémoire et son héritage, aussi lourds soient-ils. Les objets que je porte en témoignent. Son épée, forgée à Tolède, qui revient au plus valeureux d'entre vous. Ses gantelets, hérités du Capitaine Erwyn, son parrain, qu'il ne vous a jamais rendus... Il ne veut plus qu'ils soient portés, ils sont maudits, dit-il, et doivent être conservés en relique. Sa Miséricorde de Bachelier. La première avec celle de son Frère d'Armes Kratos... Forgée par le Taureau Furieux. Et son mantel... qui, avant, avait une symbolique. Il doit être brulé dans les souterrains, à l'endroit même où viennent parler ceux qu'on ne connait pas... Il est destiné à celui qui joue avec les Ombres, et personne d'autre. Celui du Destructeur a brulé avec lui. Il doit en être de même pour ce vêtement.

Avec cérémonie, Yvaniès déposa le mantel plié sur le bureau et le poussa de la main vers Enguerrand. Se renfonçant dans son siège il toisa le Capitaine de son regard soudain très autoritaire et prononça quelques mots, d'un ton dur et froid, presque cassant et ne souffrant aucune rebellion:

A présent parlez et dites-moi. Pouvez-vous représenter en cet instant l'Ordre de la Licorne ? Face à moi et à l'héritage du Corbeau, êtes-vous celui qui portera mes mots et ses décisions ? Ce qui va suivre vous engagera sur votre vie, plus encore que le serment que vous avez prononcé en Salle du Chapitre. Soyez sur. Soyez droit. Soyez une Licorne.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Lun 20 Jan 2014 - 19:32

Rien arrive sans raison.
Si ça doit être, alors, ça sera.
Faites confiance, personne ne vous accusera de quoi que se soit si un souci arrive.

Elle avait parlé d'une voix monocorde, neutre, presque ailleurs.
Elle s'adossa au mur, à coté de la porte et attendit. L'oreille tendue, sur le qui vive malgré tout. Prête à intervenir à la seconde si on les appelait.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Lun 20 Jan 2014 - 20:23

Pas causante la brune Cavalière mais elle avait certainement ses raisons.

Chuchotant :

Tu sais, peu me chaut que l'on m'accuse ou pas, le seul souci que j'aie ici et maintenant, c'est qu'il n'arrive rien au Capitaine, le reste, je m'en cloque le coquillard ! Et c'est pas non plus parce que c'est Enguerrand qui est dans cette cage à poule avec un renard, je ferai la même chose pour le plus gueux des gueux ... Alfie sourit et ajouta : ou gueuse, il va sans dire !

Elle changea de position, s'appuyant sur sa jambe la plus robuste, dos contre le mur glacial, se demandant combien de temps durerait la conversation entre les deux hommes. La position statique ne lui valait rien, debout ou assise : même combat contre un corps qui partait en quenouille.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Mar 21 Jan 2014 - 0:39

Enguerrand sait ce qu'il fait...

Bigre, et c'est elle qui dit ça ?
L'est malade... si si, l'est malade, il n'y a pas d'autres explications.

Je me doute que ce n'est pas ta préoccupation première, d'être coupable ou non. Nous sommes fait du même bois.

Reportant ses yeux de brume sur son alter ego.

Il a fait un choix, il sait et il l'assumera. Il est loin d'être sans expérience aucune. Nous sommes là au besoin, il le sait aussi.
Et puis la pièce est bien trop petite en cas de souci. Tu nous vois, tous dégainer nos lames dans ce cagibi ?
On va faire du tricot et on aura fini plusieurs bas de laine avant de réussir à lui taillader la joue.

Oui, elle avait fait une pointe d'humour, mais pourtant son visage resta impassible, et elle continua.

Il n'y a aucune fenêtre à cette pièce. S'il se passe quelque chose, tout expérimenté qu'il est, il est pris au collet. Et Fool aura le temps de galoper chercher du renfort pendant que toi et moi on l'empêchera de sortir de sa cage... à poule.
Ne te fais pas de mouron, le Chevalier sait ce qu'il fait.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Mar 21 Jan 2014 - 12:51

Un peu perdu dans ses réflexions sur le moyen de surveiller sans être indiscret et guettant des bruits suspects dans la pièce voisine, Fool écoutait ses soeurs deviser d'une oreille distraite. A l'évocation de son nom, il prêta un peu plus l'attention. Comment ça? c'est lui qui devait cavaler comme un lapin chercher de l'aide? pas question de laisser les 2 cavalières se battrent seules. Il était plus tout jeune et handicapé certes mais quand même.
C'était pas le moment de polémiquer mais bon, fallait pas pousser pépé dans les orties, non plus!

Malgré tout l'égard que je dois à votre rang, soeurs, il n'est pas question que je détale pour aller chercher de l'aide ou quoique soit d'autre si ça chauffe ici.

Puis changeant de sujet.

De toutes les façons, apparement, nous n'avons pas d'autres choix que d'attendre ici en guettant tout bruit suspect de l'autre coté de l'huisserie, non?

Un instant de réflexion.

Et puis je pense qu'il ne tentera rien. il semblait impatient de retrouver l'écuyère Ellesya à Ryes. Assassiner, dans la forteresse, le capitaine, pour peu qu'il y arrive, reviendrait à se suicider dans la foulée. Il ne paraît point si fol que celà.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Mar 21 Jan 2014 - 13:20

Toujours adossée à son mur, elle hausse un sourcil à la première phrase du seul mâle présent.
Reportant son attention sur lui.

Malgré tout l'égard que je dois à votre personne, mon frère. Si problème il y a, et que deux Cavaliers vous ordonnent d'aller courir chercher de l'aide et que par pur orgueil et envie de bien faire, vous restez là... on va avoir un gros souci.
Car qui ira chercher de l'aide ?
Alfgard ?
Moi ?
Replacez un peu la situation et faites fonctionner votre imagination.
Pensez vous vraiment que celui qui court chercher les autres est moins honorable que ceux ou celles qui restent là ?
Tout est une question de responsabilité, mon frère.
Et la responsabilité de contenir cet homme nous incombe. La votre, sera d'aller quérir du monde en cas de souci.

Et si vous n'êtes pas d'accord, autant le dire de suite. Ca ne sera pas dans le feu de l'action qu'on va lancer un tel débat qui serait, sans nul doute, la pire des choses qui pourrait arriver.
Alors exprimez vous maintenant et qu'on mette à plat ce qui vous semble incohérent dans ma logique.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Mer 22 Jan 2014 - 9:52

Et le chevalier d'écouter avec attention les paroles de son interlocuteur.
Ses mains s'étaient rejointes face à son visage, les doigts appuyés les uns contre les autres en signe de concentration.
Et tandis que l'homme s'exprimait, il n'avait cesse de tenter de percer ce mystère qui à lui en ce jour s'était présenté.

Car c'est ainsi que je me nomme et ainsi que vous me connaitrez désormais, Enguerrand...

Sourire intérieur, comme en image de celui que l'homme venait dans le même temps de lui adresser.
Voilà confirmation de ce qu'il supposait depuis les premiers instants de leur rencontre. Il n'était évidemment pas le pauvre hère qu'il voulait laisser supposer à l'inattentif quidam.
Il était bien plus que cela.
Il était homme au passé probablement lointain et se peut héroïque.
Il était de ceux qui avaient déjà du arpenter ces couloirs autrefois.
Il était, ou plutôt avait été, en toute apparence, l'un des leurs. Un licorneux. Ou tout comme.

Alors que l'homme poursuivait, le chevalier ne parvenait toutefois pas encore pour l'heure à enlever ce masque qu'il avait habilement et savamment revêtu.
Notant mentalement l'apparition des pièces de ce puzzle offert à lui, il les assemblait lentement, ne parvenant jusqu'à présent à ne rien esquisser d'autre que vagues suppositions et éphémères impressions.

La colère chez son interlocuteur était désormais palpable. Profonde. Sourde. Puissante. Évocation de ce Roy que tant et tant décriaient mais qu'il avait pour sa part promis de servir et protéger. Ou pour le moins tel ou tel autre de ses prédécesseurs, en lointain passé.

Les reliques, à présent, étaient passées en revue l'une après l'autre, pour finir par ce mantel qu'Yvaniès avait jusque là porté en ses mains.
Dernière tirade. Puis le silence, enfin. Semblant se prolonger une éternité. Et plus encore.

Le chevalier restait immobile. Nul trait de son visage ne semblait bouger. Le masque, son propre masque, avait été porté.
Ses yeux, seul trace extérieure d'activité se posaient tour à tour sur l'un et l'autre des objets déposés devant lui, l'homme semblant jauger à l'aune de leur passé et de leur poids chacune de ces traces de l'histoire de l'Ordre.

Alors, lentement, le Capitaine fixa à nouveau son attention sur son interlocuteur.
Et sa voix se fit entendre. Posée. Ferme. Tranchante.

Tu es...ou me dit être le messager du Corbeau. Nouvelle de sa part ne peut que réjouir le Chevalier de la Licorne que je suis, tant l'Ordre, dans sa tumultueuse histoire, a vu partir nombre de braves et héroïques serviteurs.

D'un geste de la main dextre en direction de la table.

Je te remercie d'avoir apporté ces objets précieux s'il en est. Il sera fait les concernant ce qui se doit et ce qui est demandé, j'engage sur ce point ma parole.

La voix, comme en image de celle de l'homme, se fit alors à son tour dure et rugueuse:

Je suis par ailleurs le représentant de l'Ordre et du Haut Conseil en ces lieux, et tu le sais. Tu m'as apporté des reliques. Tu me dis porteur de nouvelles et messages du Corbeau, mais tu n'es encore pour l'heure rien de plus, au mieux, qu'un messager sans plus d'importance que ce que je vois, au pire qu'un affabulateur tentant par ruse d'approcher l'Ordre et son Haut Conseil.

A mesure qu'il parlait, le visage du Licorneux se fait plus grave encore, les yeux prenant cette teinte profonde, presque noire, que nombreux préféraient ne jamais voir.

Or donc, continue à me prouver que tu es celui que tu prétends être. Annonce moi ce que tu as à annoncer. Et ensuite, seulement, je pourrai juger et apporter cette parole que tu sais être plus importante que n'importe quel serment prononcé.
Parle, Yvanies Daktom ou qui que tu sois. Je suis là pour t'écouter et ma simple présence et le fait que nulle lame n'ait encore tranché ta gorge devraient te convaincre de mon engagement présent.

Les dernières paroles étaient tombées comme sentence en cour de justice.
Et le silence à nouveau, s'était fait entre ces deux hommes.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Mer 22 Jan 2014 - 11:29

Et un grand rire vint rompre le silence pesant du lieu. La pierre sombre et le faible éclairage semblèrent soudain se troubler face au son qui sortait de la gorge du visiteur. Renversé en arrière, on aurait pu croire qu'il ne parvenait pas à s'arrêter, jusqu'à ce qu'il se redresse et plonge son regard dans les yeux noircis d'autorité du Chevalier qui se tenait face à lui.

Je ne suis pas un faible qu'on impressionne d'un trait d'autorité Capitaine. Vos grands airs et votre visage sérieux n'auront pas sur moi l'effet escompté. Je ne crains pas ce qui fait trembler la plupart des mortels, et si vous cherchez un peu, vous comprendrez pourquoi un jour. Où peut-être vous le dirai-je, mais l'heure n'est pas venue.

Jouer de mystères et d'énigmes était son métier. Ecrit dans son sang et ses gênes depuis au moins deux décennies. Plus d'une fois il s'était retrouvé dans des situations bien plus dramatiques que celle-ci et plus d'une fois la Mort avait refusé le contrat. Quand on lui sert sa main osseuse en hochant la tête, on rit face au danger.

Dans un craquement articulaire, le vieil homme se redressa dans son siège, prenant soudain une posture plus solennelle, plus autoritaire, comme pour répondre à la provocation du Licorne. Il avait suffisamment observé le Maistre de Guerre pour savoir que ce combat était sans issue favorable pour aucun des deux. Si le Licorneux avait les hommes et les armes, Yvaniès possédait les mots et l'information. Un brillant et ironique résumé de sa vie qui lui arracha un froid et ironique sourire.

Mais puisqu'il me faut vous convaincre, taisez-vous et écoutez. Car vous n'êtes qu'un enfant face à ce que je suis. Et il est de mon devoir de vous faire sortir de l'enfance et de l'ignorance. Pour votre bien et celui de vos Frères d'Armes. Comprenez bien. Telle est sa volonté et non la mienne. La mienne viendra quand j'aurai achevé mon contrat. Et nous nous reverrons.

L'échiquier s'éclaircissait au fur et à mesure que les semaines passaient. Dans l'esprit de l'homme tout devenait clair et juste. Sa volonté serait faite. Enfin, ses volontés... Mais la Licorne n'avait jamais tout su et cet état de fait devenait continuer pour son bien.

Vous ne saurez pas pourquoi il est parti. Ceci ne vous est pas destiné. De même que les raisons seraient nuisibles à l'Ordre si cela venait à se savoir. Mais vous saurez que jusqu'au bout il a travaillé à son serment prononcé en Salle du Chapitre face au Capitaine Erwyn. Et qu'aujourd'hui encore il respecte la promesse faite au Commandeur Bralic, et j'en suis la preuve. Il est heureux de voir les murs encore debout, même s'il sait que la splendeur d'antan est perdue à jamais et que la Chevalerie telle que la voulaient les Anciens va mourir. Il a repoussé l'échéance, mais la chute est inéluctable. Plus personne ne vous désire et vous avez eu trop de pouvoir pour qu'on vous laisse en paix. Il ne vous reste qu'à décider en votre âme et conscience ce que vous voulez léguer au futur. Ecrivez, répandez, préparez... Battez-vous, soyez partout. Tombez sur les champs de bataille, damnez-vous dans les alcôves et compromettez-vous en complots de tous genres. Car voici la vraie puissance de l'Ordre. Il en a toujours fallu un. Un martyr, un sacrifié, un Corbeau qui sillonne le Royaume, porte les mauvaises nouvelles et les découvre. Vous devez le remplacer. Vous devez briser un Homme et le maudire à jamais. L'un de vous doit prononcer ce serment: Seule la Mort met fin au Devoir. Car sachez-le, c'est le Serment inaliénable qu'a prêté le Corbeau et qui le pousse, aujourd'hui encore, à interférer. Jusqu'à son dernier souffle il sera Licorne de l'Ombre. Il ne devra avoir aucune pitié, aucune valeur autre que le service et le résultat. Vous devez accepter d'avoir en vos rangs ce Chevalier de la noirceur qui seul peut accomplir ce que tous vos serments vous ferment. Ou vous chuterez et disparaitrez. Car vos ennemis ne s'embêteront pas de promesses et de codes.

Sa tirade finie, il se renfonça en soupirant dans son siège et regarda le Capitaine. Qu'allait-il comprendre à ces mots ? Que voulait le Corbeau à travers ce message nébuleux et peu clair ? Etait-ce là l'héritage d'un Chevalier du Roy ? N'avait-il rien d'autre à dire à ses descendants et à l'Ordre qu'il avait servi la plus grande partie de sa vie ? Yvaniès n'était pas là pour en juger, mais bien pour transmettre. Et il termina par ces quelques mots:

Et de ces reliques il en est une qui me revient. Vous me remettrez la Miséricorde s'il vous plait. Celle-la ne vous est pas destinée.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Jeu 23 Jan 2014 - 22:33

Et alors que l'homme en face de lui venait de finir de contrôler ce rire profond qui l'avait envahi, alors que les premières paroles, en réponse à son exigence, s'étaient faites entendre, alors que la physionomie de son interlocuteur se dévoilait enfin et que les mots perçaient, tels précis coups de griffe, l'épais mantel de mystère semblant flotter autour du visiteur, pendant ce temps là, donc, le Chevalier ne put se retenir d'esquisser fin sourire. Ce presque rictus, tout juste perceptible, accompagné d'un bref éclat de ses yeux, était marque extérieure de ses présentes pensées:

Enfin!
Il savait, en homme de guerre, qu'il fallait parfois choquer les lignes l'une contre l'autre afin de faire se mouvoir les pièces de cet immense échiquier qu'était champ de bataille.
De la provocation et de l'assurance pouvaient parfois naitre solutions permettant de dénouer le nœud gordien qui semblait les enserrer.
Sans pour autant parler là de combat, il y avait forme de rapport de force qui s'était établi entre eux deux: le premier faisait acte de mystère et de sous-entendus, tandis que le second aspirait avant tout à lever le voile et savoir si, pour finir, cet homme pouvait apporter à l'Ordre partie de ce qu'il avait annoncé.

A mesure que le visiteur poursuivait sa tirade, le visage du Chevalier, toutefois, se faisait plus grave, les mains se croisant à présent, doigts de plus en plus serrés, leurs jointures pâlissant à mesure que l'étreinte s'accentuait.
Et alors que l'ultime demande avait été prononcée, le Chevalier posa sa main dextre sur la lame de la miséricorde, comme pour en apprécier la force qui, nul doute n'en était permis, ne l'avait pas encore totalement quitté.
Le regard gris se fixa profondément dans celui de son interlocuteur.

Tu n'arriveras pas, Messager, par tes paroles, à m'impressionner comme tu peux probablement vouloir le faire avec ceux qui s'entretiennent avec toi.
Car tu ne connais pas celui que tu as en face de toi. Il n'est qu'image, protection, symbole et bien peu sont ceux encore vivants qui peuvent se vanter de savoir qui ils sont réellement. Mais ceci ne te regarde pas car toi et moi ne sommes pas ici pour cela.

Le pluriel avait été utilisé sans même que le Licorneux ne s'en aperçoive.
Poussant alors légèrement la miséricorde par devant lui, en direction d'Yvaniès, il reprit la parole:

Que cette miséricorde, en ce cas, revienne à son propriétaire désigné. Elle fut donnée en son temps au Chevalier Corbeau, elle lui appartiendra donc toujours, par delà les années, il peut ainsi en faire ce que bon lui semble.
Toutefois...

Se penchant légèrement en avant:

Toutefois, vous qui êtes messager de celui-là, vous ne pouvez donc qu'être protecteur de sa mémoire et de son passé. Qu'importe à qui cette lame est destinée, mais je ne doute pas un instant que jamais Rhuyzar ne permettra que celle-ci ne revienne à âme pervertie ou corrompue qui risquerait de porter son fil face à ceux qui sont et qui resteront à jamais ses frères, quoi qu'il ait pu lui arriver.

Retirant sa main de la lame, comme pour signifier à son interlocuteur qu'elle était désormais sienne, il se recula, s'appuyant à présent sur le dossier de sa chaise et observa silencieusement celui-ci quelques instants, avant de reprendre:

L'Ordre a été, est et restera.
Il n'est plus celui du Corbeau. Il n'est plus déjà celui que j'ai moi même connu, et il ne sera plus encore tel lorsque je quitterai cette terre et me retirerai d'entre ses murs.
L'Ordre a du s'adapter au fil des années et des périls qu'il a du affronter. Car c'est de l'adversité et de l'expérience qu'il se doit d'apprendre. Car l'immobilisme conduit à la faiblesse. La faiblesse à l'oubli. L'oubli à la destruction, telles ces forteresses de pierre jadis flamboyantes et craintes qui ne sont plus désormais que ruines abritant rats et serpents à la tombée de la nuit.
Les temps ont changé, et la Chevalerie tout comme tant d'autres choses, ne sont plus ce qu'elles ont été.
Nous sommes les derniers défenseurs d'un lointain passé. Chaque jour nous luttons contre des forces qui n'ont pour but que de nous asservir, nous utiliser et nous pervertir pour le bien des puissants et d'eux seuls.
C'est là combat difficile qu'il ne convient pas de mener uniquement sur les champs de bataille, l'étendard claquant au vent, mais en secret, s'insérant lentement dans les rouages et institutions même qui nous gouvernent, infiltrant les groupes qui nous menacent et menacent le Royaume, envoyant oreilles attentives et yeux discrets et fidèles tant dans les salons capiteux que dans les campements des brigands et rebelles, déliant les fils de la machination, du mensonge et de la traitrise.

Il s'était à présent à nouveau penché en avant, se rapprochant légèrement du visiteur.

Mais oui, nous avons besoin d'une Ombre. Nous avons besoin d'une âme damnée qui pourra exercer les basses œuvres nécessaires pour le bien de l'Ordre. En cela je suis parfaitement d'accord. Ainsi en a t'il toujours été et ainsi en sera t'il toujours, tant que ces murs tiendront debout.

Et le Chevalier de se taire sans aller plus avant. Car même ici, en les murs de Ryès. Même en cet endroit qu'il estimait être le plus sûr du Royaume, il y avait certaines choses qu'il ne voulait aborder.
Et moins encore avec celui qui, pour l'heure, était toujours un inconnu capable de tout.
Le silence s'était fait entre les deux hommes.
Le Licorneux attendait.
Était-ce là fin du message à délivrer ou bien l'homme avait il encore secrets à distiller?

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Jeu 23 Jan 2014 - 22:43

Sauf erreur sœur Karyaan, je n'entends qu'un seul cavalier qui veuille ordonner pour le moment. Non point deux.

Un coup d'oeil à Alfgard. Certes il pinaillait mais il avait horreur que l'on affirme des choses erronées.

Et je n'ai pas souvenir qu'un errant soit un sous-fifre qui doive se soumettre au bon plaisir d'un cavalier. Je suis autant combattant émérite que vous, Karyaan. Ne me prenez pas en pitié parce que je suis amputé.

Il leva son crochet à la place du senestre. Il aurait bien ajouté qu'il était soldat de formation. Et qu'il avait sans doute vu plus de sang couler qu'elle. Mais il se ressaisit. Pérorer et la colère ne seraient guère plus utiles que les palabres stériles. La discorde entre licorneux était pour lui une chose honnie. La voie de la chevalerie passait par savoir quand livrer une bataille à bon escient.

Quant à mon orgueil, je suis pour ma part capable de le ravaler, si on me demande au lieu de m'imposer.

De toute façon plus il y réfléchissait plus il lui semblait que cette discussion était sans fondement. Le visiteur souhaitait retourner en ville voir Ellesya. Ce qui serait impossible en commettant un crime icelieu.

J'irai chercher sonner l'alarme s'il le faut. Mais ne vous faites point d'illusion. D'expérience je sais que les meilleurs plans ne durent que le temps de la première seconde d'un combat... après il faut s'adapter.

Dernière édition par Karyaan le Ven 24 Jan 2014 - 8:52, édité 1 fois

Est-ce un sous fifre celui qui va chercher de l'aide ?

Le regarde, perplexe.

Pourtant, c'est le sonneur d'alarme qui est le plus important, car sans lui, bien des fléaux pourraient devenir pire que tout.
Mais puisque vous prenez les choses de cette manière et comme je n'ai pas envie qu'il y ait la moindre hésitation au moment M, alors vous resterez ici et j'irais.
Si cela peut vous conforter.
Et je n'imposais rien. J'émettais juste une proposition que vous avez, semble-t-il mal interprété et refusé.
Si je voulais vous imposer quoi que se soit, je ne vous aurais pas proposé d'en parler.
Donc, j'irais chercher de l'aide.

Reportant son attention sur ses ongles, visage impassible.

Vous avez une étrange attitude vis à vis d'une simple suggestion, sans doute parce que j'ai utilisé le mot "ordre" après votre redus.
Si je me suis mal exprimée, acceptez mes excuses je vous prie.
Cependant, comment voulez vous, à l'avenir, qu'on vous propose les choses pour que vous ne preniez plus celles-ci comme des ordres ?

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Ven 24 Jan 2014 - 8:01

C'est avec une attention non feinte qu'Yvaniès écouta la longue réponse du Capitaine. Bien que connu de réputation, on n'entendait guère parler d'Enguerrand comme d'un homme de palabres et de discours. Soldat, ça oui, il l'était. Stratège, à n'en pas douter il savait comprendre une carte comme personne et deviner la stratégie ennemie en observant ses mouvements de troupes. Il faisait curieusement penser à ces vieux noms de l'Ordre que n'intéressait ni la politique, ni les complots... Deny, Julios... L'apanage des Occitans d'une autre époque.

Il était admiratif de ce trait de caractère. De cette capacité à ne pas se perdre entre mille couloirs et à rester droit, à avancer, sans sourciller. Lui-même, dans son oeuvre, avait plus d'une fois échoué et n'avait du son salut qu'à la serre agile du noir volatile qui l'avait tiré de l'enfer et des supplices.

Si le message du Chevalier mourant avait produit le moindre effet, il n'en avait rien laissé paraitre. En homme d'expérience, il savait protéger les secrets de son Ordre, ses projets, ses faiblesses... Il savait donner l'illusion qu'au passé on pouvait n'accorder qu'une importance très minime et que rien, surtout rien, n'était indispensable à la bonne marche de l'histoire. Ainsi protégeait-on l'avenir. Et pourtant, personne n'était dupe.

Yvaniès garda encore quelques instants le silence. Pour ce qu'il allait dire, l'émotion se devait de retomber, la gravité allait devoir s'estomper. Les yeux dans le vague, il contemplait la Miséricorde posée sur le bureau, cette arme chargée d'un passé si lourd... qu'il se demandait parfois s'il lui appartenait vraiment de la conserver. Il avait songé aux Louveterie. A la Franche Comté. A la Cour... Mais au final, aucune solution ne le satisfaisait vraiment.

Le silence devenant pesant, il manifesta sa présence par un léger mouvement sur son siège, calant ses reins différemment afin qu'ils ne se décident pas à l'abandonner dés qu'il se lèverait à la fin de leur entretien. Il s'éclaircit la gorge, aussi et releva la tête pour regarder le Capitaine et reprendre le contenu de son message.

Vous me voyez heureux d'apprendre que la conscience et la sagesse n'ont pas complètement abandonné ces murs. Bien que je sache mes conseils un peu étranges venant d'un homme tel que moi, il vous est nécessaire de les écouter. Je n'ai... que peu de moyens de vous prouver qui je suis, en dehors de ma parole, qui à vos yeux ne vaut rien, je le sais. De même que, vous vous en doutez, je suis resté aux aguets depuis mon arrivée devant la herse de la forteresse. On dit les Chevaliers justes, mais leurs ennemis, eux, les décrivent comme cruels et sanguinaires. Alors qui a raison ?

Quel était le but de cet intermède ? Rappeler la distance qui existait entre eux ? Resituer un contexte qu'on pourrait bien vite oublier ? On aurait pu croire qu'Yvaniès venait de se planter une flèche dans l'orteil en rappelant à son interlocuteur qui il était, et surtout, ce qu'il n'était pas. Et pourtant, il paraissait serein et soulagé, comme s'il savait, à présent, que sa survie était assurée.

Je ne décide pas des mots Enguerrand, je ne suis, pour l'instant, que le messager d'un vieil homme mourant qui se rappelle qu'il est d'usage de transmettre quelques paroles avant de quitter ce monde. Peut-être est-il trop vieux, trop fou, pour vous adresser autre chose que des radotages et des grandes évidences ? Je n'ai connu qu'une facette de lui, avant qu'il ne me forme et ne me prépare. Je ne suis pas celui qui peut en parler le mieux.

Et c'est moi, pourtant, qu'il a choisi d'envoyer ici, en ces murs, vous parler et vous transmettre. Quelle ironie n'est-ce pas ? Même si vous ne la comprenez pas encore, c'est une belle ironie... Le Corbac sait décidément toujours ce qu'il fait, même à l'article de la mort.

Il ponctua ces quelques mots d'un faible soupir, croisant ses mains sur son torse avant de reprendre, déviant ces pensées qui lui étaient personnelles pour se concentrer sur ce qui l'amenait ici.

Je vais en finir avec mon message, Capitaine. Ainsi vous serez libre de retourner vaquer à vos occupations. Ce qui suit est nettement moins grave et sérieux. S'éclaircissant la gorge, une dernière fois. Rhuyzar de la Louveterie vous fait savoir tout son amour et sa fraternité, et ce malgré sa fuite, dont l'objet, malheureusement, ne doit pas vous être révélé. Il vous est demandé la confiance pour cet acte qui se pourrait ressembler à une désertion. Il vous fait savoir qu'il va mourir sans avoir rompu son serment d'écuyer, d'errant, de cavalier, de chevalier et... d'imperceptible. Il veut aussi que vous sachiez que si Louveterie était son nom, que s'il a aimé la Franche-Comté, que s'il voulait s'unir aux d'Azayes, sa véritable famille a toujours été ses Frères et Soeurs qui composaient l'Ordre. Vous devez savoir, si vous l'ignorez, qu'il a refusé les rênes de l'Empire pour rester écuyer de l'Ordre. Vous devez aussi prendre pour votre sa vengeance personnelle contre Kreuz de Castelnou, qu'il juge responsable de la mort du Commandeur Bralic. Kreuz est mort, mais si quelqu'un se réclamait de son héritage ou souhaitait poursuivre son oeuvre, il vous appartient désormais de lutter contre lui.

Il vous demande aussi à rester à jamais Le Corbeau. Dans les archives, le nobiliaire. Que le Loup Blanc disparaisse à tout jamais et qu'il n'en reste trace nulle part, car ce surnom n'appartient ni à ce lieu, ni à cette histoire. Il souhaiterait également, que si un jour vous prenait l'envie de dresser son portait à la galerie des braves, ce dernier soit placé auprès de celui de son Frère de toujours, Kratos. Car s'il eut trois maîtres, il eut surtout cet ami véritable et il pleure encore sa perte déchirante.

Enfin, entendez ceci:

Il se lève, gravement, se tenant le plus droit possible face au Capitaine, et récite solennellement la leçon qu'il a si bien apprise.

A vous Enfants de la Licorne, que mon amour inconditionnel vous accompagne dans chacun de vos pas, chacun de vos coups. Que ma mémoire et mon savoir sauvent vos vies et vos causes. Soyez nos héritiers, soyez notre avenir et donnez, à votre tour, naissance à de jeunes Licornes qui deviendront votre futur. Que jamais ne s'éteigne ce qu'a allumé notre sang. Je vous aime, vous ai toujours aimés et vous respecte mille fois plus que je ne le dirai jamais. S'il reste en ces murs un seul Frère qui m'a connu et aimé, qu'il brule un cierge à ma mémoire, et que cette flamme du devoir jamais ne s'éteigne. Car le mien jamais ne s'est atténué.

Et il conclut sur ces mots, se rasseyant dans un craquement sonore et se renfonçant dans son siège. En ayant terminé avec le lourd poids des mots du Corbeau, son âme soudain allégée et presque libre. Presque...

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Ven 24 Jan 2014 - 12:29

Il avait, à son tour, écouté les paroles du visiteur.
Il avait senti le soulagement.
Il avait senti l'émotion.
Il avait senti la tristesse.

Et alors que résonnaient les dernières paroles du messager, celles apportées par son truchement du Chevalier Corbeau, le Capitaine fut envahi d'un profond frisson parcourant tout son corps, traversant son échine d'un souffle glacé, tel celui de la mort, s'approchant doucement alors qu'était venu le moment.
Il y avait dans ces mots les marques d'un indéfectible et puissant amour. Celui pour un Ordre au passé ancré profondément et à l'avenir sans cesse en mouvement. Celui d'une famille que le corbeau avait connue, et d'autres qu'il ne croiserait jamais.
Ces quelques mots résumaient ce que tout Licorneux devait penser au plus profond de son âme. Il ne devait y avoir de lien plus fort que celui-ci pour toutes celles et tous ceux qui respectaient les principes et les fondements de l'Ordre.

Et alors le Licorneux planta à nouveau son regard dans celui du messager.
Et une phrase, de prime, se fit entendre:

Il en sera fait ainsi.

Il n'y avait nul besoin d'étoffer plus avant cette réponse. Les demandes du Corbeau seraient respectées. Et le Capitaine mettrait son honneur à les faire respecter.

Et de nouveau le silence s'était fait entre les deux hommes.
Son interlocuteur était encore pour lui empli de mystère. Un mystère savamment entretenu et gardé, mais également quelque chose de plus profond. Une Histoire ancienne qu'il n'avait pas encore réussi à saisir.
Il se promit mentalement de tenter d'éclaircir quelque peu ces ténèbres car, malgré toutes les marques de confiance qu'il lui avait apportées, le Chevalier ne pouvait s'empêcher encore pour l'heure de garder défiance innée, précaution ancrée en son esprit pour ce que plus encore à ses yeux que l'amour, la confiance, elle, se devait d'être longuement méritée tant elle engageait par delà la mort les deux être qui s'en trouvaient lié par elle.

Se détendant à son tour quelque peu, il reprit:

Ces paroles sont celles d'un homme preux et valeureux, montrant son attachement, même aux frontières de la vie, à ce pour quoi il a juré de toujours vouer son âme et ses actions. Elles seront répétées à la Licorne, car c'est à Elle qu'elles sont avant tout destinées.

Une pause.

Si d'aventure tu es amené à le revoir, permets moi à mon tour de lui transmettre quelques mots.
Dis lui que ses demandes seront exécutées.
Dis lui que je suis heureux d'avoir eu de ses nouvelles.
Dis lui enfin que la Licorne le remercie et saura user de ses conseils avisés pour son bien et le bien de tous.

Et le chevalier de s'arrêter brutalement.
Il aurait voulu en dire encore tant et tant mais il savait que l'homme n'était pas de ces poulbots que l'on envoie porter missives à tout va. Et plus encore que le Corbeau n'était pas être à accepter louanges et marques d'affection aussi facilement.
Se redressant sur sa chaise, sentant que l'entretien arrivait à son terme, il conclut pour sa part:

Je te remercie Yvanies, d'avoir porté ces reliques ainsi que le message du Chevalier Rhuyzar. En cela l'Ordre te sera reconnaissant.

Prenant écritoire et parchemin placés sur la table, pour ce que la pièce, d'ordinaire, était réservée aux entretiens des postulants à l'Ordre, il traça rapidement un symbole sur celui-ci:

[RP] Entretien avec surprenant messager Q8u9

[RP] Entretien avec surprenant messager Q8u9

Retiens ce symbole, Yvanies. Par celui-ci, dans l'éventualité où tu souhaiterais nouvelle rencontre, il te suffira de le montrer aux portes de la forteresse pour que j'en sois averti immédiatement. Tu n'auras qu'à alors m'attendre non loin du haras, je te ferai guider où il faudra.

Laissant à l'homme le temps de regarder le signe, il prit ensuite le parchemin, le froissa et le jeta dans le feu crépitant. Il ne devrait rester nulle trace écrite de ce qui avait été dit et évoqué ce jour là.

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Sam 25 Jan 2014 - 7:40

Yvaniès écouta gravement la réponse et la réaction du Capitaine. En cet instant solennel, chaque mot avait son importance, et le Corbeau voudrait tout savoir, dans le moindre détail. Car ainsi voulait-il que s'achève son existence de ténèbres et de folie où la lumière n'avait que très rarement percé. Si un jour l'on venait à conter son parcours, on effrayerait à coup sur les générations futures pour des décennies entières. Car si le nom et le titre ronflaient et sonnaient juste, les actes, eux, révélaient la puissance et la barbarie d'un monde qui édicte des lois pour les autres mais ne se les applique pas. La justice n'étant que celle qu'on a les moyens de rendre. Les morts s'entassant autour de celui ayant l'esprit de survivre un peu plus. Rassaln, Bralic, Wanou, Sirkis, Thenestohs, Morfalas, Deny, Kratos, Dugesglin, Will, Zalina, Oya, Morgwen, Tchiii... Allongeons la liste et prolongeons-là jusqu'à l'infini, nous aurons ainsi le bref aperçu de la douleur d'un homme qui a passé des années dans ces couloirs et dans ce pays.

Il se leva alors, hochant avec sérieux la tête aux paroles d'Enguerrand, pour bien lui indiquer qu'il avait compris et tout enregistrer. Saisissant de senestre la miséricorde sur le bureau, il la glissa dans sa ceinture et reprit la parole.

Je ne le reverrai pas. Il a quitté notre monde. Il est trop loin et il reste trop peu de temps pour que quiconque puisse le voir. Et c'est tant mieux ainsi. Gardez son image en tête, vous n'aimeriez pas ce qu'il est devenu.

Il revoit alors le vieillard sous la yourte, concentrant ses derniers efforts à transmettre sa mémoire et son savoir à l'homme qui allait devoir régler ses affaires et poursuivre la route. Dormir, manger, chier... Rhuyzar de la Louveterie était redevenu trop humain pour qu'un autre qu'Yvaniès ait le droit de s'approcher de lui.

Mais il attendra la dernière lettre. Celle qui clôt tout. Et qui va bientôt partir. Celle qui me libère de mon serment...

Et en cet instant les yeux de l'homme se mirent à briller d'un feu tel qu'on pourrait en allumer un pour la Saint-Jean et son corps sembla se redresser, entier, quelques secondes, lui redonnant l'allure du brillant et puissant militaire qu'il aurait pu être, s'il avait suivi cette voie. Vingt ans. Vingt ans allaient s'effacer d'une seule lettre. Et la vie reprendre, enfin.

Je te remercie. Nous nous reverrons, n'en doute pas. Nos routes sont plus liées que tu ne le crois. Mais notre heure n'est pas encore venue.

Yvaniès sourit tandis qu'il reprend peu à peu l'apparence de ce vieil homme brisé et fatigué qu'il avait en entrant dans Ryes. Subtil camouflage ou terrible réalité oubliée pour quelques instants ? Il est trop tôt pour le dire, et l'histoire n'est pas assez engagée.

Je ne doute pas, Enguerrand, qu'en sortant d'ici vous allez prendre vos dispositions et me faire suivre, ou chercher, alors je vais vous épargner quelques efforts. Vous ne me trouverez pas en France, mais en Empire, dans le Duché de Savoie, à Annecy. J'y anime une petite milice de bénévoles sans prétention et je veille à l'avenir de la famille Von Valendras. Vous ne trouverez rien d'autre. Ni là, ni en Ryes. A mon tour de vous donner quelque chose. Souvenez-vous bien, Capitaine. Je n'existe pas et n'ai jamais vécu.

Il le salue, de la tête, et regarde vers la porte, attendant l'appel de la troupe qui veille dehors ou un geste du Capitaine.

Vous me faites raccompagner j'imagine ?

Sujet: Re: [RP] Entretien avec surprenant messager Sam 25 Jan 2014 - 8:11

Avait-elle écouté ce qu'il venait de dire ? Il venait de dire qu'il irait sonner l'alarme et la voilà qu'elle annonçait aussi qu'elle irait. Les voilà donc à vouloir aller tout les deux sonner l'alarme... La situation était cocasse ! Avant longtemps il se battrait en duel dans ce couloir pour savoir qui irait. Fool éclata de rire. La situation en était arrivée à l'absurde.
Des larmes au coin des yeux, il s’expliqua sur son éclat.

Soeur Karyaan, nous voilà tout deux prêts à aller sonner l'alarme en cas de grabuge, en laissant notre sœur Alfgard seule face à ce « dangereux assassin »...

Reprenant son souffle.

Allons, allons... si cela était une simple suggestion, je ne l'ai point entendue ainsi. Mais j'avoue que je n'étais pas pleinement à votre discussion d'alors. Je vous prie d'accepter mes plates excuses si j'ai pris la mouche à tord.

Ayant repris un peu de contenance.

Oublions cela... J'accepte de bon cœur votre suggestion sœur. Nous ferons selon votre bon vouloir, si sœur Alfgard l'entend ainsi bien sûr?

Se tournant la dénommée.

Bien, et maintenant, avec tout ceci ou en est notre capitaine et son dangereux visiteur ? Soeur Alfgard avez vous ouïe quelque chose ?