[RP] Revenante, arrivante ? On se le demande.

Elle avait abandonné le poste de garde à la suite d'Elysia, après un bref et franc sourire à ses compagnons d'attente. Le chemin avait été plus long qu'elle ne l'imaginait, un léger sentiment de malaise en regardant autour d'elle au fur et à mesure de leur avancée. Rien de bien précis. 

Inspirant profondément avant d'entrer dans le bureau, elle hocha la tête avec un bref « Merci » tout en se servant de la prune, espérant qu'elle soit aussi bonne que celle qu'elle se réservait à Venta. 

Puis prenant place, elle observe cette autre qu'elle croisait pour la quoi ? troisième ? quatrième fois ?

« Non pas de question, à part peut être savoir à quelle sauce je vais être mangée cette fois. »

Citation :

hrp : dsl peu de temps en ce moment pour du RP ça devrait aller mieux à compter de demain.

Le retour de la Limousine s'était trouvé coïncider, à peu près, avec le sien propre. Des blessures, physiques, cette fois, et non plus morales, avaient fait leur retour et retenu le chevalier loin de son quotidien, loin de la commanderie, de ses frères, de ses sœurs, de ses pairs en somme. Les allers-retours Flandre-Normandie s'étaient raréfiés, et même interrompus. Plus personne ne l'avait vu que les Brugeois passant au large de leur ville, et qui allaient jusqu'à entr'ouvrir les pans de sa tente de commandement. Puis, comme si le froid neigeux lui faisait retrouver l'énergie de la jeunesse, il avait rouvert les deux yeux, vidé une outre de vin chaud, commandé son cheval et son armure, enfilé l'une et monté l'autre – car ce ne fut pas l'inverse – et piqué des deux en direction des terres de Ryes. Là, passant presque incognito, il avait gagné ses quartiers et réapparu parmi les Licorneux.

La veille, en fait, de l'arrivée de Bessadel, ainsi qu'il se refusait, lui aussi, à trancher. Le lendemain, on le vit traverser la cour le gambison sur les épaules, l'épée au flanc et les bottes cloutées aux pieds. Le front demeurait obstinément nu, malgré quelque téméraire flocon qui entreprenait de le couvrir, pensant ouvrir la voie à des légions d'autres, alors qu'il n'arrivait que pour aussitôt fondre sous la chaleur du vieillard de Ryes. Celui-ci grimpa vivement les escaliers de la tour, sans même perdre son souffle, te ouvrit vivement la porte.

Il découvrit, déjà assises, les deux chevaliers qu'il escomptait rencontrer. Il n'était point le dernier, ce qui le rassura quelque peu. D'un sourire engageant, il salua d'abord celle qui fut sa pupille : « Ellesya, le bonjour à toi. Désolé de t'avoir une nouvelle fois faussé compagnie. Mais que veux-tu, je n'aime guère laisser les gens avoir trop longtemps confiance en moi ». Puis il tourna le regard vers celle qui fut son successeur, sous les ors du collier de la grand'maîtrise : « Bess, heureux de te revoir parmi nous. Il y a bien trop longtemps que nous nous sommes éloignés. »

On vous avait déjà prévenu que Guillaume était, de temps à autre, un disciple de la psychologie en mode tractopelle ? Non ? Ben là vous pourrez plus dire que vous étiez pas informés. En même temps, il avait grandi avec Bralic. Donc, bon...

Si tout était aussi simple qu'un bonjour, que quelques regrets. Mais ça n'était jamais aussi simple que cela, le temps était un geolier sans scrupule. La souffrance était une compagne qui vous torturait bien plus que vous ne l'imaginiez. Le temps et la souffrance. Deux compagnons d'armes qui savaient faire un travail bien plus complet que n'importe quelle autre. Et l'esprit, pauvre petit rien à côté ne sait pas se défaire de leur emprise, sauf à se fermer. Parfois définitivement et d'autre laissant parfois quelques bribes d'information dont on ne sait quoi faire. 

De trop rares fois. Des malaises, des impressions, des images, des sons. Des choses qu'elle n'a pas toujours envie de voir ou d'entendre. Et parfois, rarement, comme maintenant c'est un sentiment. Une peur intense, qui vous coupe la respiration et vous cloue sur place. Une souffrance à nulle autre pareille qui vous fait espérer une mort rapide et salvatrice. 

Le vieil homme était entré, et elle restait là à le fixer, sans un mouvement, sans même ciller. Le malaise avait été immédiat, pour un sentiment partagé. De honte, de fierté, de regrets. Il avait été un point important mais lequel et pourquoi ? Etait-ce l'endroit qui avait joué ? Elle fronça les sourcils, cherchant à attraper ces sensations pour les embrasser. L'impression de n'être pas au bon endroit tout en étant parfaitement à sa place. La fierté d'être là, les regrets d'être quoi....en retard ? 

Le silence s'installe, et elle reste à le regarder, l'impression s'éloigne, le semblant de souvenir s'efface, ses prunelles grises clignent une fois, puis deux avant qu'elle ne se reprenne.

« Le temps est semble toujours plus long quand on attend... Et apparemment je suis très en retard. »

Que peut-elle dire de plus ? Qu'elle ne sait pas vraiment qui il est ? Qu'elle ne sait pas quoi dire ? Qu'elle ne sait pas quoi faire ? Elle ne sait même plus vraiment pourquoi elle est venue... Que le malaise reste présent même si les sensations s'éloignent ? Rien, il ne comprendrait sans doute pas. Le temps fera son oeuvre, comme toujours.  

Elle repoussa l'offre de repas d'un simple signe de tête, la faim n'était pas la première de ses préoccupations. Le sourire affleure à ses lèvres alors que les questions pleuvent déjà. Celles auxquelles elle s'attendait, aucun surprise donc.

« Beaucoup de question en une seule fois .... Et on va faire vite et simple pour éviter les tergiversations qui ne servent à rien. Je ne suis ni Bess, ni Adel, et je suis un peu des deux sans doute...  l'une ou l'autre n'a aucun importance. Je suis moi, quel que soit le nom que vous me donnez. » Elle leva la main avant que quiconque dise quoi que ce soit. « J'ai cherché qui j'étais, et vous savez ce que j'ai compris ? Cela n'a aucune importance de qui j'étais. Je ne peux pas changer le passé, il est ce qu'il est et je suis ce que je suis. »

La tirade avait été dite d'un seul trait ou presque, le sourire toujours aux lèvres, le regard franc, passant de l'un à l'autre.

« Pourquoi je suis venue si tard ? Rien de bien compliqué, j'avais des charges à tenir, et si j'ai bien appris ma leçon, c'est une chose que j'ai toujours faite, assumer mes choix. J'étais Maire tout ce temps, et je vous ai écrit quand j'ai pu me libérer et voyager. »

Elle fixa les yeux sur la prune qu'elle tenait à la main, sans l'avoir encore goûtée. Elle but une gorgée avant de continuer.

« Je ne suis pas vraiment à la recherche de réponse, si c'est ce que vous pensez. Je suis venue parce que je vous ai dit que je viendrai. Je n'ai pas fait de choix parce que je n'ai pas de choix à faire. Je ne sais pas à quoi vous vous attendiez, mais je ne suis pas revenue la queue entre les jambes, et je ne reviens pas non plus reprendre ma place, comme si de rien n'était. Et enfin... je ne suis pas non plus venue m'excuser. »

Il était temps de se lancer. La dernière tirade sans doute, le sourire toujours aux lèvres.

« Si vous estimez que j'ai des devoirs envers l'Ordre pour une raison ou une autre, je les remplirai. Mais uniquement dans ce cas. Je ne suis plus à la recherche d'un passé révolu. Et je ne suis certainement pas à la recherche de votre pardon, quoi que vous pensiez et quoi que vous en pensiez. Vous attendez quelque chose de moi ? Allez-y. Vous n'attendez rien ? Je repars et vous n'entendrez plus parler de moi et n'aurez plus à vous poser de question. »

Enfin, la réunion serait sans doute plus courte que ce à quoi tout le monde s'attendait.

Une relative surprise le prit à l'écoute des réponses, ou plutôt des affirmations de sa vis-à-vis. Son âge n'avait en effet guère trop obéré sa mémoire et les manières qui étaient celles de son interlocutrice lui paraissaient à mille lieues des échanges qu'ils avaient eu, en ces murs ou ailleurs, avec la ci-devant grand Maître de son Ordre, il y avait bien des années de cela. Ne fut-ce le sourire qui s'affichait, il aurait même pu y entendre de la discourtoisie, des reproches, des défis, presque des insultes. Il y vit plutôt une nouvelle personnalité, une nouvelle façon d'être au monde de la part de la Limousine, et composa donc avec cette nouvelle donnée. Après tout, elle ne serait pas la première avec un caractère particulier qu'il croiserait. Et si elle s'en tenait à cela, elle serait même bien en-dessous de tant d'autres. Souriant intérieurement à cette pensée, il prit le relais de ces dames. Car avait été dit, à son sens et à en juger à l'expression de Bessabel, tout ce qui devait être dit pour mettre à plat une situation qui les turlupinait tous depuis des mois. La discussion ne serait sans doute pas longue, mais cela ne serait sans doute pas un mal, car il fallait bien se résoudre à trancher.

- Il n'a pas à y avoir d'excuses, ou plutôt il vous revient de savoir si vous souhaitez en présenter. Nous n'exigeons rien, ici. Nous voulions savoir, comprendre, sans doute. Nous avons déjà appris de cette rencontre en vos terres de Ventadour. Nous apprenons encore. On apprend toujours, au vrai, en cette affaire comme en nos vies. Il n'y a pas de notre part à fournir de réponses, si vous n'en cherchez pas, ou plus. Il n'est pas dans nos attentes de distribuer le pardon et d'en tirer gloire et satisfaction. Nous laissons cela aux trop obtus religieux de tous poils. Il y eut un passé, qui vous lia à nous plus fort que nul lien du sang, du moins j'aime à le croire. Si certains d'entre nous, et d'autres membres de l'Ordre qui ne siègent pas ici, ont ou ont eu des espoirs à votre endroit, cela n'amène pas la Licorne à en nourrir par elle-même. Ce qui ne se pourra jamais obérer est qu'il y eut un serment juré, sur lequel nul n'est revenu de façon définitive. Et si ce serment lie la personne à l'Ordre, il n'est pas une laisse aux mains de celui-ci. Jamais il n'a retenu un frère ou une sœur contre son gré. Il y en eut, il y en aura encore, pour considérer que leur chemin au sein de la chevalerie n'est pas perpétuel, même s'ils jurèrent le parfait contraire. Ceux-là ne peuvent ni ne doivent être contraints à y demeurer. Nul bien n'en ressortirait. Ni pour l'un ni pour l'autre. Si c'est ainsi que vous vous voyez, nous ne vous retiendrons donc pas, et considérerons que vous ne faites plus partie de l'Ordre. Mais si cet attachement à vos anciens serments subsiste en vous, si vous les jugez toujours justes et bons à observer, alors nous poursuivrons cette conversation. Non pour vous rendre triomphante ou humiliée au sein de l'Ordre. Pour vous affirmer telle que vous êtes, telle que vous vous considérez en ce jour, pas plus, pas moins. Le choix, car choix il y aura, est entre vos mains.

Si les propos tenus par le Chevalier la firent douter, elle n'en montra rien. L'accueil était beaucoup plus ... cordial que celui auquel elle s'attendait. Fronçant légèrement les sourcils, sans se départir de son sourire courtois. Elle écouta avait attention, il avait l'heur d'être franc au moins, sans être cassant et encore moins hautain. Défendant l'Ordre plutôt que l'homme. Etait-ce une habitude ? Une obligation ?  Ainsi donc cette visite ne serait peut être pas une perte de temps.


« On me demande des explications depuis que je suis ... qu'on m'a ramené. Je n'en ai pas. Je ne peux dire que ce que je sais. Vous n'apprendrez jamais rien de moi, comme je vous l'ai dit j'ai pourtant essayé. J'ai eut des bribes mais ce ne sont que des sensations, des échos si vous préférez, des instants fugaces. »

Pinçant des lèvres, elle fixa son regard sur la prune entre ses mains, avant de relever les yeux sur son interlocuteur.

« J'ai lu la Charte de l'Ordre vous savez ? Histoire de savoir... de comprendre. J'ai trouvé des dossier à Saint Angel... j'ai passé de longs mois sur les routes visiblement ... pour vous ...enfin ... pour "l'Ordre", alors je voulais savoir pourquoi. Comprendre ce qui m'avait poussé à délaisser des enfants. J'avoue que je n'ai pas trés bien compris. Qu'est-ce qui pousse des hommes et des femmes à abandonner leur famille. Je comprend à quoi vous vous vouez, je comprend la noblesse des valeurs que vous prôner. Je sais que j'ai des engagements à tenir ici ... je me doute que je ne suis pas devenue Chevalier par accident. Mais je ne peux pas vous dire qu'aujourd'hui je suis la même que celle qui a juré fidélité. Est-ce que je renie vos valeurs ? loin de là mon intention. 

Mais imaginez-vous bien que je suis ici sans savoir pourquoi j'ai tenu ces valeurs au dessus de tout le reste. 

Quand à moi je n'attend pas de pardon, je m'attendais plutôt aux mêmes reproches qui m'ont été fait. Je voulais savoir ce que vous attendiez de moi. J'ai fait un serment et je pense sincèrement qu'on ne renie pas un serment, mais j'ai bien conscience que celle qui a fait ce serment n'est plus la même aujourd'hui. En suis-je digne ? Je n'ai pas la prétention de le croire, et je ne suis pas certaine que quelqu'un le sache aujourd'hui. »

Que pouvait-elle ajouter de plus ? C'est avec un fin sourire qu'elle conclu enfin.

« Je m'en remet donc à votre jugement, vous êtes plus à même de savoir ce que vous attendez.  »

Sans se départir d'un sourire encourageant, Guillaume avait attentivement écouté la dernière réponse de la Limousine. Au moins cette identité-là n'avait pas changé. Il comprenait, du moins le pensait-il, la plus grande partie de ce qui lui était ainsi affirmé, n'oubliant cependant pas de peser les arguments, d'éprouver son propre jugement, sa propre expérience de la disparition. Une expérience bien trop grande à son goût, encore qu'il n'ait, lui, jamais souffert des affres de l'amnésie. Toujours avait-il été conscient, bien trop conscient, de ce qu'il abandonnait. Mais finalement, la discussion atteignit son terme. Dans une nouvelle confession d'impuissance de Bessadel. Moment que choisit sa soeur d'armes pour se lever. Guillaume écouta attentivement les quelques mots qu'elle lui laissait, lui sourit pour la saluer, puis reporta son avis sur sa vis-à-vis.

« Bess, ou Adel. Ou qui que ce soit que vous désirez être. Vous pouvez. Seul le Très Haut peut vous en empêcher. Et, malheureusement, je n'ai guère ses pouvoirs. Aussi vous mets-je ce marché entre les mains. Il nous semble, d'après ce que vient de me dire la chevalier Ellesya et ce dont nous avions discuté avant votre venue, rencontrer et vos inquiétudes et les nôtres. Nous vous rouvrons, ou plutôt nous vous gardons ouvertes nos portes pour deux mois. Pendant ces deux mois, vous agirez comme tout membre de l'Ordre le fait, répondant aux appels, aux mobilisations, participant à la vie de notre commanderie, en premier lieu en interaction avec les jeunes générations, afin de les découvrir et de les laisser vous découvrir. Vous conservez votre dignité de chevalier, sans évidemment l'accès au Haut Conseil. Enfin, au terme de ces huit semaines, nous déciderons, vous comme nous, de la suite à donner à tout ceci. La proposition vous paraît-elle honnête ? »

Elle attendait une réponse, et c'est un départ qui se produit. Surprise, elle ne cacha pas son incompréhension, et bien qu'hochant la tête aux excuses, c'est avec un léger froncement de sourcil qu'elle suivit du regard, Elysia quitter les lieux. 

Que s'était il passé ? Qu'avait-elle dit ? Etait-ce en lien avec cette rencontre ? Où seulement un imprévu que le Chevalier avait repoussé pour la recevoir ? Ou alors il n'était pas prévu qu'elle reste ? 

Elle s'avait qu'elle n'obtiendrai aucune réponse, ça ne l'empêchait pas les questions de se bousculer dans sa tête. Des questions interrompues par son interlocuteur qui visiblement n'avait pas été plus incommodé que cela. Reportant son attention sur lui, le départ presque oublié. Elle ne le reconnaissait pas... et c'était toujours aussi frustrant qu'au premier jour. Même si pour l'heure il ne lui avait rien demandé, n'avait pas tenté quoi que ce soit, n'avait rien expliqué du quand et des circonstances. Mais elle savait, et peut être qu'un jour cette discussion viendrait, mais elle n'aurait rien à répondre. Comme toujours. 

Reprenant le fil de la conversation, elle écoute avec toute l'attention qu'elle est capable de garder, à la fois surprise, contrariée, et soulagée. Surprise de la proposition, contrariée de devoir faire une sorte d'essai qu'elle n'avait pas demandé avant de réfléchir deux secondes et d'enfin être soulagée de justement pouvoir voir de ses propres yeux, de sentir, peut être d'avoir la possibilité de mieux comprendre....et pourquoi pas cerise sur le gâteau, des souvenirs, ou un déclic, ou quelque chose.... 

Elle secoua la tête, c'était pas le moment de se remettre ce genre d'idées en tête. Elle l'avait dit : elle ne chercherai plus et depuis elle s'en portait beaucoup mieux. Le fin sourire revient sur ses lèvres, alors qu'elle hoche la tête.

« C'est une proposition honnête oui ... plus qu'honnête même ... alors que je n'étais pas venue pour cela. Je suis prête à faire des efforts pour comprendre, mais j'espère en retour que vous n'attendrez pas de moi, d'être celle que vous avez connue. »

Parce que les faux espoirs ne mènent à rien.

« J'espère que vous en avez conscience, et je veux être certaine que vous faites cette proposition en toute connaissance de cause. »

Le sourire est toujours présent, léger et sincère, mais le regard est franc et sans équivoque : elle ne se laissera pas mener par le bout du nez, et elle ne laissera personne la mener là où elle n'a pas envie d'être.

« Et enfin me dire par où je dois commencer. »

Dans son silence, le Flamand continuait d'apprécier l'évolution de l'entretien. Il notait précieusement dans un recoin de son esprit ce qui se disait, se laissait deviner, se taisait. Il n'avait pas compté retrouver l'ancienne chevalier par la seule vertu de sa présence, cela faisait bien longtemps qu'il ne s'illusionnait plus sur ses talents. Mais si la Grand Maistre resterait peut-être perdue à jamais, il espérait découvrir une nouvelle sœur. Une nouvelle page de l'histoire de son Ordre s'écrirait peut-être par ses actions. Ou peut-être pas. Mais le risque était pris et la chance tentée. Le futur dirait ce qu'il adviendrait de ce pari. Ce qu'il tenait pour certain, par contre, le chevalier, était qu'il refusait d'agir autrement, au vu des informations recueillies à ce sujet et des discussions qui avaient précédé cette rencontre.

Il se leva finalement, quand Bess eut fini, pour clore l'entretien. Cela lui revenait, il lui fallait donc assumer, aussi, cette part de la mission.

- Chevalier, vous revenez donc ce jour parmi nous. Nous n'attendons pas le retour de votre passé, même si plusieurs d'entre nous s'en souviennent comme d'une heureuse période. Nous espérons, j'espère vous voir retrouver, ou plutôt découvrir un lien fort avec les autres membres de l'Ordre, qui seront désormais vos sœurs et frères pour, au moins mais j'espère plus, huit semaines. Et pour ce faire, la meilleure position me semble être le poste de garde, où vous aiderez à accueillir les impétrants, les envoyés qui désirent nous rencontrer ou encore les fournisseurs de la forteresse. Une annonce officielle l'annonçant, ainsi que le veulent nos usages, sera ainsi affichée dans les prochaines heures, et les clés qui vous reviennent baillées aussitôt. Pour toute question, inquiétude ou autre, n'hésitez surtout jamais à me contacter. Ou à vous adresser aux autres membres de l'Ordre. Si vous n'avez plus d'autres interrogations, je ne vous retiens pas plus longtemps en ma vieillissante compagnie, ma sœur.

Ma soeur. 

Mince elle l'avait oublié celle-là. C'était pourtant un point important que lui avait appris Karyaan. C'est avec un haussement de sourcil qu'elle marqua un semblant de surprise, ça n'en était pas une, juste un nouvel oubli à ajouter à tous les autres. Quelque chose qu'elle n'avait pas vraiment pris au sérieux, mais qui semble-t-il était très important. 

Un hochement de tête, ainsi donc elle était là et y resterait pour les semaines à venir, ou tout du moins le plus possible. Parce qu'à la base elle avait pas prévu un voyage sans retour, chose qu'il allait falloir expliquer au plus vite à Lourd et les enfants.

« C'est parfait. »

Enfin parfait parfait... encore allait-il falloir assumer, poste de garde, apprendre, faire connaissance, encore apprendre. Si ça ne lui faisait pas peur, ça n'était pas non plus sans crainte.

« Poste de garde, et si j'ai des doutes ou des questions, je demande. »

Ca avait le mérite d'être clair et concis. Pour le reste, qui vivra verra. Un sourire entendu, l'entretien est clos, lui reste à trouver ou qu'elle doit aller sans se perdre dans la forteresse.