Le jour n’était pas encore levé, rendez vous avait été pris depuis de longs jours mais la rousse avait dû reporter plus d’une fois. L’homme d’armes devait se demander si ce duel aurait lieu un jour. Hélas, elle courait après le temps comme elle courait sur les routes sans jamais s’arrêter, sauf ce jour de fin décembre où, fauchée par deux brigands, elle avait dû lever le pied et se remettre des légères blessures infligées. Son visage avait sans doute le plus morflé et son ventre aussi. Cette fichue cicatrice, qu’elle détestait au plus au point lui rappelant tant de chose, avait une nouvelle fois céder au niveau du point supérieur. Heureusement les chairs avaient eux le temps de se refermer mieux que la première fois. Et à part l’esthétique elle ne risquait plus grand-chose. Pour son visage elle arborait des teintes entre le bleu et le violacé… Tout sur le côté gauche, un œil, une pommette et une lèvre coupée. Mais elle ne ressentait plus de douleurs, le temps effacerait cela un jour sans nulle doute.
Elle devait en premier lieu se rendre en salle d’armes pour récupérer épées et dagues pour elle et son partenaire du jour. Mais auparavant, vu le lieu du combat, elle fit attention de se vêtir chaudement, n’oubliant pas cette carapace de cuir qu’elle avait déjà enfilée pour la fameuse sanction qui lui hérissait toujours le poil. Une fois prête elle se dirigea sur les remparts, le temps était glacial, neigerait-il? Drôle d’idée qu’elle avait eue là. Mais après tout il n’y avait pas de lieu saugrenue juste une adaptation du corps et de la façon de se battre, d’observer, de se déplacer… Cela serait au final un très bon entrainement. Puis elle devait l’admettre, elle était contente de se retrouver face à Phil. Elle avait fait sa connaissance alors qu’elle commandait l’armée des OR lors de la guerre en Berry. Depuis ils correspondaient régulièrement à leur façon… Elle arriva enfin… La première apparemment, elle se figea dans le temps, mirant les conditions atmosphériques qui seraient leurs. Brouillard épais, froid imparable qui traversait les épaisseurs de tissus, qui prenait les chairs et les traversaient pour envahir le corps… Elle s’ébroua, laissant ses cheveux glisser du chignon lâche qu’elle avait essayé de faire à son réveil. Le vent les faisaient déjà virevolter dans tous les sens, elle devrait à nouveau les attacher pour ne pas être gênée. Elle se mit à marcher de long en large en tapant les talons de ses cuissardes au sol et se frottant les mains qui commençaient à s’engourdir. Elle était impatiente que son compagnon arrive, elle serait gelée sinon à l’attendre ainsi et risquait de se faire ramasser en beauté lors du combat qui les attendait.
Elle se mit à courir ayant déposé les armes au sol, ne pouvant rester inactive plus longtemps. Elle commençait sincèrement à regretter son choix, mais elle ne l’avouerait jamais cela s’était certains. Mais le jour pointait lentement, ne changeant pas grand-chose. Elle s’arrêta dans sa course posant ses mains sur un des moellons de la forteresse et regarda l’aube poindre. Le soleil, lui, ne ferait pas son apparition ce jour et le ciel resterait sombre, morne, sans éclat. Il ne viendrait pas caresser leur peau en sueur pour les réchauffer d’une autre chaleur, il ne viendrait pas gêner les yeux en les éblouissant, il ne viendrait pas briller sur leur lame lançant des reflets qui pourrait faire sur certains coup une différence. Elle était là, songeuse, patientant dans un ailleurs lui faisant oublier les frissons qui l’envahissaient de plus en plus et qui mettait son corps en hypothermie.
Accueil