Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne


 
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 [Lieu] Auberge du Voyageur

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Ilia Jagellon
killijo
Enguerrand_de_lazare
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Enguerrand_de_lazare

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MessageSujet: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyJeu 11 Mar 2010 - 8:52

Depuis l'incendie de l'auberge du Vieux François, le second établissement du village avait vu sa fréquentation augmenter de façon impressionnante. D'habitude calme et n'accueillant que quelques rares étrangers de passage, elle s'était soudain vue emplie de vie et de bruits, ce qui en soit n'était pas pour déplaire au patron, un soiffard soulard dénommé Abel, à la trogne aussi rouge que son vin et au nez constellé de trous et de bosses qu'on en aurait cru une carte de géographie.

La pièce principale était basse de plafond, sombre, toute en longueur. Le comptoir trônait au fond de celle-ci, fait de planches disjointes et à la surface recouverte de taches diverses déposées là par des années et des années de mauvais soins.
Sur le côté du comptoir, une porte close, menant au couloir des chambres. Quatre pièces de part et d'autre de celui-ci, tout juste égales à cellules monacales, mais faisant parfaitement l'affaire pour qui ne souhaitait passer qu'une nuit en ces lieux.



(HRP désolé pour le post rapide, j'étofferai plus tard )


Dernière édition par Enguerrand_de_lazare le Jeu 18 Mar 2010 - 19:00, édité 1 fois
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killijo

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyJeu 11 Mar 2010 - 21:07

Killijo arriva à la taverne. Il avait confié son cheval au palefrenier en lui donnant mille recommandations pour en prendre bien soin. Il laissait sa merveille aux mains d'un inconnu, il voulait qu'il s'en occupe pour le mieux. Quand il avait voulu lui montrer comment son cheval aime à être bouchonné, il avait vu l'exaspération du palefrenier, il avait pris congé en s'effaçant après avoir regardé une dernière fois son précieux.

Il était entré dans la taverne en annonçant un grand bonjour. Il s'était installé sans un mot, commandant à l'aubergiste une bière, de celles qu'il a chez lui. Il ne connaissait pas la Normandie, il pourrait toujours goûter ses mets. Une rapide pensée par la belle qui occupait son cœur. Elle aurait peut être aimé se joindre à lui pour visiter les environs. Il voulait venir seul, comme s'il faisait un pèlerinage dans son enfance. Il avait toujours voulu être un grand chevalier. Il avait eu le modèle de sa mère, qui s'était brillamment illustrée sur les champs de bataille, parfois aux côtés de sa marraine. Il voulait être digne de ses modèles. Digne de sa famille. Il regarda le tavernier lui apporter la bière et en but une large rasade.

Advienne que pourra, il ne lui restait qu'à attendre.
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Ilia Jagellon

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMer 25 Juil 2012 - 10:37

Il avait chevauché pendant de longs jours, sous la chaleur accablante du soleil de juillet, sans la poussière, parfois sous la pluie et le vent d'un orage d'été. Il lui avait fallut traverser de nombreuses terres : Poitou, Anjou, Maine, Alençon avant d'enfin arriver en Normandie. Le jeune homme avait préféré éviter la Bretagne. Les rancœurs, si ce n'était plus, existantes entre les deux peuples étaient séculaires. Et puis, quand on vient du Limousin, rien ne sert de faire un détour, quel qu'il soit.
Lisieux, première ville du séjour normand d'Ilia. Le jeune homme jugea préférable d'y faire halte. Il pourrait s'y imprégner de l'atmosphère normande. Il fit trottiner son cheval jusqu'à l'église. S'il devait trouver une taverne, nul doute qu'au moins une se trouverait sise non loin de là.
Les habitudes semblaient être les même partout. Une enseigne au nom étrange mais à la symbolique sans équivoque, indiqua à Ilia qu'un troquet était installé juste face à l'édifice religieux. Ilia attacha sa monture à un cercle de fer fixé au mure extérieur. En ouvrant la porte de la taverne, il eut un léger mouvement de recul. Ça parlait haut, ça sentait fort l'alcool et la pomme. Le jeune voyageur s'installa à l'écart. Il observerait et passerait la nuit en ce lieu.

Levé aux aurores, Ilia prit la route sans tarder. On lui avait indiqué, la veille, que c'était le mieux à faire s'il ne voulait pas arriver trop tard dans la nuit à Ryes. C'était donc aux toutes premières lueurs du jour qu'Ilia quittait la ville en direction de la forêt Leixovienne.
L’Ordre de la Licorne semblait être très renommé dans le secteur. A bien y réfléchir, le contraire eut été surprenant.
Les premières habitations de Ryes se dessinaient au loin. Ilia pensa que, finalement, le voyage s'était déroulé sans encombre majeure.


- Ryes, la fin du pèlerinage, se dit-il.

Ilia se rendit à la première taverne qu'on lui indiqua. Il semblait qu'il pourrait, également, y trouver un lit et c'est ce qui l'arrangeait.

Ilia laissa son cheval aux soins d'un garçon d'écurie qui, selon toute vraisemblance, était là pour s'occuper des montures des voyageurs. Les habitants devaient avoir l'habitude d'accueillir des étrangers se rendant à la Citadelle de l'Ordre.
Le jeune homme pénétra dans la taverne-auberge alors que le soleil disparaissait à l'horizon. Fourbu, fatigué mais heureux d'être enfin arrivé à destination, il s'installa à une table. Les quelques hommes accoudés au comptoir s'étaient tus à son apparition, ce qui ne l'étonna pas outre mesure. Après tout, l'entrée d'un étranger n'avait-elle pas le même effet un peu partout ?
Le tenancier de l'établissement s'avança alors vers Ilia, le rejoignant à sa table.


- Le bon jour messire étranger. Qu'est-ce que ce s'ra pour vot' bon vouloir ?

Se frottant les yeux de fatigue, Ilia répondit.

- Hmmm, servez-moi un godet de votre alcool … Hum … Le calva. De ce que j'ai pu en goûter, ça ne peut pas me faire de mal.

- Pour sûr, rétorqua le tavernier dans un sourire, à vous voir, on s'dit qu'vous avez fait un long voyage. Ça s'rait-y pas qu'vous viendriez à la Citadelle par hasard ?

- Je vois qu'on ne peut rien vous cacher. J'ai, en effet, été mandé pour un entretien auprès de l'Ordre de la Licorne.

Le tavernier retourna derrière son comptoir et revint avec un godet et une bouteille de Calva. Servant un peu d'alcool à Ilia, il reprit.

- Goûtez-moi ça mon bon sire, ça va vous r'quinquer. Heu … Sans vouloir vous brusquer … J'dois prendre vot' nom. A la Citadelle, ils aiment bien qu'on les préviennent des visiteurs.

Je comprends, répondit Ilia avant de boire une gorgée, vous n'avez qu'à annoncer Ilia Jagellon.

Le tavernier écarquilla les yeux.

- Jagellon qu'vous dites ? Et … De quelle branche de la famille qu'vous êtes ?

La question fit sourire Ilia. Il était vrai que plusieurs membres de la famille faisaient déjà partie de l'Ordre.

- Je suis le neveu.

L'homme se tourna alors vers un jeune garçon et lui lança :

- Hey gamin, cours à la Citadelle et annonce que l'neveu Jagellon est ici, puis , s'adressant à Ilia, ça va sûr'ment les intéresser. C'est la maison qui vous offre le verre. Pis si vous voulez une chambre, y n'n'a et ça sera un écu. C'est pas la Capitale mais c'est quand même la Licorne.

Ilia sortit un écu de sa bourse qu'il déposa sur la table. Il remercia pour le godet offert. Le tavernier prit la pièce et retourna vers son comptoir. Les hommes reprirent leur conversation sans omettre quelques messes basses et coups d’œil à destination d'Ilia. Le voyageur, quant à lui, s'installa confortablement, sirota son godet et s'étira afin de se délacer d'un si long périple.
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Mariealice

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyJeu 26 Juil 2012 - 8:15

C'était elle qui avait envoyé la convocation à son neveu. Son arrivée au Haut Conseil coïncidait avec la demande du jeune homme et voir son nom sur un courrier avait fait remonté bien des souvenirs. De Tibou, mère d'Ilia et épouse de Dege, de Dege également, son frère disparu une nouvelle fois et pour de bon hélas. D'un temps révolu, celui de la vie en Limousin, des combats politiques et autres, des fous rires, des colères. Une vie différente certes mais la nouvelle avait-elle quelque chose à lui envier?

En tous cas le Limousin semblait rester un vivier de l'Ordre. Et la famille Jagellon également. Après tout Tibou avait fait partie des Hospitaliers, Dege de St Michel, Ilia pouvait faire partie de l'animal mythique. Elle avait songé à s'inviter, discrètement, à l'entretien qui devait avoir lieu mais ne savait si c'était une bonne idée, connaissant peu son neveu. Se sentirait-il épié, voire pire jugé? Il n'était pas encore l'heure ni même le jour dit, elle avait donc encore un moment pour se décider.

Tandis qu'elle y réfléchissait, un homme d'armes vint la prévenir qu'un jeune homme se faisant appeler du même nom de famille qu'Enguerrand et elle avait pris ses quartiers à Ryes. Ainsi il était donc arrivé. Une petite visite impromptue et non officielle s'imposait et le trajet la forteresse le village n'était pas si long et permettrait de dégourdir les pattes de Noisette.

Ce fut une Marie en tenue licorneuse, cape aux armes de l'Ordre, braies et bottes noires, chemise blanche, épée au côté, qui poussa la porte de la taverne, saluant les présents avant de chercher dans les présents un visage dont les traits pourraient lui rappeler un membre de sa famille. Pensant l'avoir trouvé, elle jeta un coup d'oeil au propriétaire qui répondit par un hochement de tête à la lueur interrogative des yeux de la brune. Elle se dirigea alors vers le jeune homme.

Bonjour Ilia. Je suis ta tante. Bienvenue à Ryes.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyJeu 26 Juil 2012 - 9:56

Un femme était entrée dans la taverne. Son appartenance à l'Ordre de la Licorne ne faisait aucun doute. Ilia s'attendait à cette venue. Sa présence à Ryes avait été annoncée et, bien qu'il avait un entretien dans peu de temps, il se doutait que l'on viendrait le voir assez tôt. Ce dont Ilia ne se doutait pas, en revanche, c'était de l'identité de la femme en question. Marie Alice, sa tante. Il ne l'avait pas revu depuis ce qui lui semblait être une éternité. Dans ses vagues souvenirs, elle n'avait pas changer. Pas plus que lui en tout cas, partit du domaine familiale si jeune et revenu depuis à peine quelques semaines.

Avoir revu Sofja et les jumeaux avait été un choc, revoir sa tante en était un autre. Tant de souvenirs enfouis refaisaient surface. Dans les yeux de Marie Alice, Ilia revoyait ceux de son défunt père. Le jeune homme avait eut du mal à se remettre de sa disparition. On lui avait annoncé un acte de brigandage. Il avait appris, par la suite, que son père était mort de la peste. Quant à sa mère, il n'avait pas été présent aux funérailles. Ilia s'en voulait encore aujourd'hui. Il tentait, tant bien que mal, de se reconstruire. La présence de sa tante et de son oncle au sein de l'Ordre, si elle n'était pas le déclencheur de sa vocation, était un argument de plus dans sa décision de se présenter.

Ilia se leva. C'était la moindre des choses en présence d'une femme, qui plus est de sa tante et membre de l'Ordre de surcroît. Ilia s'inclina légèrement et afficha un sourire, gêné mais sincère.


- Ma tante … Cela fait si longtemps … Je … Je ne sais trop que dire.

Ilia se rendit compte que, bien qu'il avait beaucoup pensé à ce moment, il ne s'y était pas assez préparé. Le jeune homme se porta prestement derrière une chaise qu'il présenta à sa tante.

- Asseyons-nous. Nous serons plus à notre aise pour bavarder.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyVen 27 Juil 2012 - 10:50

Ilia. Aussi blond que l'était Dege. Dege qu'elle n'avait jamais appelé de son vrai prénom après l'avoir retrouvé mais à qui elle avait rendu hommage en choisissant le nom de son hostel parisien, Aleksandr. Comme il était étrange cet instant des retrouvailles, émouvant aussi. Il était devenu presqu'un homme, n'avait pas la carrure de son père mais cela pouvait venir, avait changé mais en même temps pas tant que cela.

La rencontre semblait être importante pour lui également, son sourire un peu gêné mais franc, sa façon de s'exprimer le montraient.

Cela fait longtemps oui. Trop sans doute.

Alors qu'il se portait derrière une chaise pour qu'elle prenne place, la brune s'avança non vers le siège mais vers lui et, plus mue par son instinct et sans doute un besoin, le prit brièvement dans ses bras et le serra avant de s'asseoir.

Je suis heureuse de te voir ainsi que de ta décision de nous rejoindre. Je pense que tes parents l'auraient été.

Alors, raconte-moi, que deviens-tu? Qu'as-tu fait tout ce temps? Je croise ta soeur régulièrement mais toi guère.


Un signe de la main pour faire revenir le tavernier, pour commander à boire puis poser un coude sur la table, la main pour soutenir le menton, l'autre pour se refermer autour de la boisson. Ilia avait de la chance, visiblement ni bouchon ni chausse n'étaient prévus pour l'heure.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyVen 27 Juil 2012 - 19:15

Ilia avait légèrement repoussé la chaise afin que sa tante s’installe confortablement. Il avait, ensuite, rejoint sa position de départ. Le tavernier était revenu, avait servi Marie Alice. Ilia but une gorgée de son godet. Il lui fallait remettre ses souvenirs en ordre et raconter ce dont il se souvenait à sa tante. Il essaierait de faire complet mais court.

- Hé bien … Je ne sais trop par où commencer … Disons que, pendant la prise de Limoges par des brigands, Père a décidé de me confier aux bons soins d’un chevalier errant, et de me mettre en sécurité, hors du Limousin. Je suis donc devenu page puis écuyer de ce chevalier. J’ai parcouru le royaume, à sa suite, de joutes en tournois divers. Un accident de cheval m’a fait passer pour mort et je me suis retrouvé seul et désorienté.
Je ne sais trop comment, j’ai fini par retrouver le chemin de Bourganeuf. En voyant Sofja, tout ce que j’avais oublié, ou la plus grande partie, m’est revenu en mémoire. C’était comme si j’avais eu besoin de retrouver les miens pour me retrouver moi-même. Et c’est ce qui explique mon silence pendant de si longues années …
Je ne vous cacherais pas, ma tante, que je suis ici, en partie, pour honorer le souvenir de mes parents … Autant que pour ce qui me semble être une vocation.


Ilia rêvait depuis le plus jeune âge de devenir, un jour peut-être, chevalier. La disparition de ses parents, et leur engagement respectif dans des Ordres de Chevalerie, n’avait fait qu’amplifier ce désir ardent. Du plus profond de son cœur, il espérait qu’ils seraient fiers de lui, où qu’ils soient.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyDim 29 Juil 2012 - 9:58

Certaines mères et nourrices avaient l'habitude de faire manger les enfants - nobles ou bourgeois puisque les autres ne faisaient guère la fine bouche devant la nourriture - en disant une bouchée pour un tel, une pour un autre. Marie, elle, laissa quelques gorgées d'alcool couler en elle, chacune en souvenir de l'un ou l'autre disparus. Heureusement que chaque mort n'aurait point droit à l'une d'elles sinon la brune serait bonne pour rouler sous la table.

Le récit fut écouté tandis qu'elle relevait certains points in petto.

Cela me rappelle ton père. Lui aussi avait tout oublié de son passé lorsque je l'ai retrouvé en Limousin. Nous le pensions mort.


Ses yeux se voilèrent un instant tandis qu'elle se remémorait ce jour où une simple tâche de naissance l'avait ramenée dans son enfance, où de fil en aiguille elle avait retrouvé un frère qu'elle croyait perdu pour le perdre à nouveau ensuite. Définitivement.

As-tu d'autres projets?
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyDim 29 Juil 2012 - 10:29

Des projets? Ilia n'en avait pas cent. Le jeune homme n'était pas du genre à se disperser dans ses occupations. Bien sûr, il y avait bien le REVE. La liste se voulait devenir parti politique mais Ilia ne se sentait pas grand politicien. Par pour le moment.

- Hé bien, hormis ma participation aux prochaines élections comtales, je crois ne pas avoir d'autres projets. Participation toute relative. Je suis inscrit sur une liste mais c'est avant tout pour donner un petit coup de main. Je ne suis pas sûr d'avoir une grande utilité dans un conseil comtal.

A bien y réfléchir, il y avait aussi les fiançailles avec Mahelya. Même si Ilia ne considérait pas cela comme un simple projet, il devait en parler à se tante. Cela faisait partie de sa vie et Marie Alice de sa famille.
Ilia but une gorgée de calva et reprit.


- Il me faut ajouter que je vais me fiancer très bientôt ... Si mes souvenirs sont bons, la mère adoptive et la tante de ma promise sont, également, membres de la Licorne. Je vais me fiancer avec Mahelya Carsenac, fille adoptive de Aldraien de Malemort-Carsenac et nièce de Sindanarie Carsenac.

Ilia ne put s'empêcher de sourire. Les familles Jagellon et Carsenac semblaient fournir nombre de membres à l'Ordre de la Licorne.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyLun 30 Juil 2012 - 11:41

Le conseil... On a parfois l'impression que l'on ne servira à rien et puis on apprend. Parfois avec plus ou moins de bonheur. Mais il faut avoir le cuir solide, les ennemis sont bien plus vicieux que sur un champ de bataille. Là, au moins, on sait pourquoi on est là: frapper et rester vivant. Ceci dit c'est une bonne façon de s'endurcir et de tester sa patience.

Voire celle des gens en face mais cela....

Te fiancer. Et bien mes félicitations. Et tu as raison Aldraien et Sindanarie sont licorneuses également. Le Limousin est un creuset pour l'ordre depuis un moment. Feu Bralic en a même été le Capitaine, le premier me semble-t-il mais je peux me tromper.

Une nouvelle gorgée pour faire passer le coup de vieux.

Comment va ta soeur?
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyLun 30 Juil 2012 - 13:42

- Il est vrai que faire partie du conseil peut être formateur. J'essaierais de tirer le meilleur de cette expérience. Enfin, nous n'en sommes pas encore aux élections et j'ai bien le temps de m'habituer à cette éventualité.

Ilia but une énième gorgée de calva.

- Entre la Licorne et les Hospitaliers, il est vrai que le Limousin semble être le berceau de la Chevalerie du Royaume.

Après une lègère pause attentive.

- Sofja ne manque pas d'occupation en ce moment. Entre les préparatifs de son mariages et de mes fiançailles, sans oublier la mairie de Bourganeuf. Elle est très active et nous avons eu peu de temps pour nous parler ces derniers jours. Nous essayons, tout de fois, d'être le plus souvent possible en contact l'un avec l'autre. Elle me donne de bons conseils et j'essaie, de mon côté, de l'aider autant que faire se peut. Depuis mon retour, nous essayons de rattraper le temps perdu ... Même si cela n'est pas possible, nous faisons, au moins, en sorte de ne plus en perdre.

Ilia ne pouvait défaire ses yeux de sa tante. Il cherchait le moindre détail pouvant lui rappeler son père. Marie Alice et Enguerrand étaient ses seuls parents, à l'exception des ses soeurs et de son frère, il ne voulait pas en perdre la moindre once.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyLun 30 Juil 2012 - 17:26

Marie retint une grimace aux mots Hospitaliers limousins. Sans doute que le souvenir de certains ne la poussait pas au cri de joie même si elle était heureuse de voir que l'ordre avait repris du poil de la bête.

Ta soeur se marie? Avec qui?


Bah oui, pas au courant la brune. Pas au courant de grand chose il fallait bien le dire depuis qu'elle n'était plus en Limousin. Ceci dit pour le départ, si la décision avait été longue à prendre, il n'avait jamais été regretté. Le regard d'Ilia était insistant, se posant sur ses traits comme à la recherche de quelque chose.

Tu sais que tu peux aussi poser des questions si tu le souhaites.

Un sourire étira ses lèvres, les rehaussant dans le coin droit.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMar 31 Juil 2012 - 0:02

De prime abord, Ilia fut très étonné par la question de sa tante. Lui, l'ancien amnésique semblait en savoir plus sur sa soeur que sa propre tante. La relation de Sofja et de Bosk ne datait pourtant pas d'hier.

- Hé bien, Sofja s'est fiancée avec Boskdeportkar il ya quelques temps et ils doivent se marier sous peu ... Leur relation dure depuis quatre ans il me semble ... Je vous pensais plus au fait que moi, à vrai dire.

Puis les mots qu'il attendait, l'intérêt de Marie Alice. Il n'avait osé lui poser de question car il se serait cru trop importun. Il devait oser. Facile à dire, tant de questions lui brûlaient les lèvres. Tant de choses qu'il ignorait. Par quoi pouvait-il commencer? Quelle question serait désobligeante et la ou lesquelles ne le seraient pas? Il voulait savoir tout ce qu'il avait manqué, son père, sa mère, sa tante, son oncle. Par qui, par quoi commencer?

- Des questions? Ma tante, ma pauvre vie est une question, je suis parti si jeune. Je ne sais presque rien de ce qu'il s'est passé après 1456. J'ai beau chercher dans tous les registres que je croise, il me manquera toujours les sentiments. Comment était mon père après la prise de Limoges et mon départ. Et ma mère, je sais si peu de choses sur elle et sur vous et sur mon oncle. O ma tante, si je devais vous poser toutes les questions qui me brûlent les lèvres vous devriez me comter la vie de toute la famille sans en omettre un mot. Je suis un Jagellon mas seule ma date de naissance semble figurer à l'histoire de la famille.

Les yeux d'Ilia s'était humidifiés. A la recherche de son passé, il avait eut grand peine à ne trouver, ne serait-ce, qu'un malheureux tableau de lui étant enfant. Il avait la sensation de n'avoir rien été, ou si peu, que persone ne se souvint réellement de lui. Son absence avait été si longue, les décès et les départs si nombreux, la famille éparpillée, qu'il n'était qu'un infime morceau d'une famille morcellée. C'était sa plus grande peine.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMar 31 Juil 2012 - 23:54

J'ai peur que pour les affaires de coeur je ne sois pas celle qui soit le plus au courant ni qui suive le mieux.

Un petit sourire. Non, même marieuse elle n'était pas douée alors bon...

La prise de Limoges.. Du château tu veux dire? Tu sais c'est tellement loin que je ne me souviens guère. Ton père était du genre combatif, il ne lâchait guère. Du genre têtu aussi en bon Jagellon qui se respecte, fidèle en amitié comme en amour, à dire ce qu'il avait en tête directement. Il ne parlait pas forcément beaucoup mais c'était quelqu'un sur qui je pouvais compter.

Ta mère. Elle était courageuse, vivante, enjouée. Tibou était son grand amour et il n'a jamais aimé une autre femme autant que je m'en souvienne. Ils se sont mariés après votre naissance à ton frère et toi si mes souvenirs sont bons. Là aussi cela remonte.

Pour ton oncle et moi, je ne sais ce que tu souhaites savoir exactement. Et nous avons le temps pour les réponses de toute façon.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMer 1 Aoû 2012 - 0:48

- Je bénis ma mère et mon père et j'espère aimer Mahelya autant que mes parents s'aimaient.

Ilia pris, soudain, un air inquiet.

- Il me semble que l'Ordre m'attend pour un entretien et je crains d'être, déjà, en retard ma tante. M'accompagnerez-vous? Me ferez-vous l'honneur, si je dois être accepté, d'être la maîtresse de mon apprentissage?

Ilia se leva puis posa un genou à terre devant Marie Alice. Il baissa la tête.

- Ma tante, accepteriez-vous, le cas échéant, de faire de moi votre escuyer? Je sais que cela doit être proposé et non demandé mais, en cette occasion, je ne peux laisser passer cette opportunité.
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MessageSujet: l   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMer 1 Aoû 2012 - 11:39

Je peux t'accompagner si tu le souhaites mais ce n'est pas moi qui dirigerai l'entretien mais Antlia. Si cela ne la dérange pas, je me mettrais dans un coin et écouterais.

Haussement de sourcil en le voyant s'agenouiller, Marie se mit à secouer la tête.

Ilia, relève-toi. Tu n'as certainement pas à t'agenouiller devant moi. L'humilité est une vertu certes mais nul besoin de l'être avec moi.

Pour le fait d'être mon écuyer, si tu es accepté tu deviendras écuyer de la Licorne mais on pourra voir à ce que je sois ta marraine au sein de l'Ordre. Par contre, cela voudrait dire que tu te rapproches de moi et possiblement que tu quittes le Limousin. Y as-tu songé avant de me demander cela?

La brune se leva, prenant son éternelle besace.

Allons, viens, nous verrons cela mais Antlia t'attend, la faire attendre ne serait pas du meilleur effet.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMer 1 Aoû 2012 - 15:38

Ilia se dit, soudain, qu'il devait apprendre à réfléchir avant de faire de grandes déclarations. Il avait totalement omis la distance que le séparait de sa tante. Mal à son aise, il passa la main dans ses cheveux.
Il préféra garder le silence et n'approuver que par un hochement de tête les dires de Marie ALice.
Il lui fallait, à présent, rencontrer une personne du nom d'Antlia. Nom somme toute curieux mais qui sonnait bien.

Le jeune homme, toujours penaud, suivi sa tante sans broncher.
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Ellesya

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMer 22 Jan 2014 - 16:59

L'affaire avait été rondement menée. La propriétaire avait accepté de lui louer l'étage de sa maison à l'année. Celle-ci se trouvait derrière l'église du bourg. La veuve était satisfaite de voir ainsi un revenu assuré contre une charge minimale. Elle devait simplement tenir le logis propre toute l'année pour des locataires très occasionnels. Et lors de la présence de ceux-ci les approvisionner en provendes, s'occuper du linge. Le tout contre une augmentation pécunière.
Ellesya aussi était contente de l'arrangement. Ce n'était pas qu'elle prévoyait de délaisser le dortoir lors de ses séjours à la Forteresse. Elle avait juste décidé qu'à la belle saison, son fils et sa nourrice viendraient parfois dans les parages. Ainsi, lorsqu'elle aurait un peu de temps libre, la jeune mère pourrait profiter de son premier-né.
La seule ombre au tableau, pour l'heure, était la réaction qu'aurait l'époux et père. Il n'était au courant de rien et, dans le domaine, il tenait plus du papa-poule que du glorieux phoenix. Aucun doute pourtant qu'elle maintienne sa décision.

L'Ambacienne en aurait presque oublié la rencontre à venir...
Tout en prenant le temps de mieux connaître la modeste bourgade et l'emplacement des différents commerces, elle croqua deux petits pâtés de pigeons cuits dans leur coque de pâte dorée. Parvenue devant l'auberge du Vieux François où elle était descendue à la Saint Noël 1460 en vue de son entretien, le souvenir de ce jour pas si lointain réaffleura.

Renseignements pris, nul homme ressemblant à Yvaniès n'y était descendu. Il lui fut conseillé d'aller visiter l'autre établissement. L'envie de se désaltérer lui fit presser le pas. La bise la motiva également.

L'Auberge du Voyageur semblait en effet s'adresser à ceux de passage qui s'accommoderait sans trop de mal de ce qu'ils y trouveraient. Mieux valait ça que dormir à la belle étoile en cette saison.
C'était là que l'homme qui avait réveillé un temps la forteresse avait pris une chambre. Sans nul doute c'est là que Sya aurait préféré attendre mais elle se contenta de la salle commune.
Attablée devant du vin chaud et épicé, elle tira de son pourpoint une vieille lettre de son ancien maître d'armes. Il était plus que temps de lui répondre. De lui demander de revenir en Touraine même si le précédent régnant l'avait privé de son fief. De lui conter qu'elle ne regrettait aucunement ce choix qu'était la Licorne alors qu'il l'avait désapprouvé, y voyant une aliénation de sa liberté. Alors qu'au contraire, elle commençait à se sentir plus libre ici que partout ailleurs. De lui rappeler aussi que le silence et la distance n'amoindrissaient pas l'amitié qu'elle lui vouait. A lui qui fut longtemps le seul visage amical qu'elle connut après son arrivée en Touraine, laissant Dijon derrière elle. Etalant un palimpseste devant elle, elle commença à trace les grandes lignes du pavé auquel il aurait droit. Si le chevaucheur parvenait à le retrouver, loin à l'Est aux dernières nouvelles...


Dernière édition par Ellesya le Sam 15 Fév 2014 - 15:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyDim 26 Jan 2014 - 14:28

C'est non sans une pointe au coeur qu'Yvaniès quitta l'imposante forteresse de Ryes. La laissant derrière lui, sans se retourner, il éprouva cette émotion étrange, mêlée de tristesse et de soulagement, qu'on ressent généralement quand on prend un tournant important dans son existence. Capuchon rabattu sur son visage, mantel fermé sur sa tunique, tête baissée, dos légèrement voûté, l'homme s'en repartit d'un pas lent mais sur, disparaissant, au fil des méandres du chemin, à la vue des sentinelles qui veillaient, nuit et jour, sur la sécurité de la citadelle.

Chemin faisant, il songeait à l'entrevue qu'il venait d'avoir, aux paroles prononcées, entendues, et à tout ce qu'elles impliquaient. En son for intérieur, s'il se savait arrivé avec des idées bien arrêtées, ces quelques heures passées dans l'antre de la bête avaient instillé quelques doutes au sein de sa logique implacable. Victime, juge, bourreau... La chaine était pourtant sans faille. Et malgré cela, il doutait. Le privilège d'une soudaine liberté, d'une chaine brisée, laissée à même le sol face aux lambeaux de Chevalerie qui vivotaient encore dans le Royaume. Machinalement il tripotait le manche de la petite arme rangée à sa ceinture, dont les gravures l'inspiraient bien plus qu'elles ne l'avaient fait avec son précédent propriétaire. A elles seules elles imageaient une dualité incontestable et fort à propos. La sagesse et la noblesse de la Licorne face à l'impétuosité et la puissance du Taureau. Ne manquait que l'indépendance du Loup pour ajouter à cette funeste fable. Et Yvaniès en était là de ses réflexions.

Nulle embuche ne vint ralentir son trajet jusqu'au village où il logeait à titre temporaire. La région était sure, pacifiée par la présence d'une armée d'armures rutilantes et d'armes étincelantes et affutées. Quiconque se serait amusé, ici, à commettre un quelconque acte de brigandage, aurait vite été transformé en décoration mortuaire pour chêne centenaire. Les vocations se faisaient, par conséquent, assez rares, et à Ryes, un mercenaire, même têtu comme un âne et bête comme un chameau, devenait très vite un sympathique berger avec lequel on pouvait agréablement deviser autour d'un vin chaud. Plantez deux trois trébuchets pas loin des forêts et vous obtenez vite des statistiques étonnantes en matière de sécurité. Le trébuchet ayant, on s'en doute, été parfaitement réglé à son époque par un Commandeur qui l'avait transformé en arme de destruction massive de précision. Puisqu'il se targuait même de réaliser ses allégeances à l'aide du-dit armement. Le pigeon ne l'inspirait que très moyennement.


Et c'est après ces digressions que notre homme arriva donc au village, se rendant en droite ligne à l'auberge où il avait pris une modeste chambrée, son budget, limité, ne lui permettant pas beaucoup d'extravagances. Il avait choisi celle dite du Voyageur, imaginant qu'avec un nom pareil, ses tarifs s'adresseraient justement à quelqu'un qui, comme lui, voulait juste quatre murs et une paillasse ainsi qu'un restaurant gastronomique axé sur la viande grasse, l'alcool et le gruau. N'en déplaise aux fins gourmets des palais, une branche de persil ne rend pas un rôti meilleur. La graisse, si.

Mordu par le froid, gelé jusqu'aux extrémités et fatigué d'avoir tant marché, c'est d'une humeur mi-figue mi-pruneau qu'il poussa la porte de l'établissement qui donnait sur la "grande" salle. En effet, le terme "grand" est à relativiser quand on arrive de la forteresse de l'Ordre Royal de la Licorne. Disons tout du moins qu'elle était sympatoche.

Sympatoche, et pas très remplie. Hormis les habituels poivrots dont la transformation en poutre raide et avinée se passait plutôt bien, le tenancier dont le sens du commerce était encore à définir et une jeune femme, attablée, plutôt jolie d'ailleurs et avec un petit air de "je suis bien là mais ma place n'étant pas vraiment ici ce n'est pas sur que j'y reste". L'humeur maussade du Savoyard se transforma aussitôt en un large et inquiétant sourire, invisible bien sur, souvenez-vous de la capuche, sourire justifié par le fait qu'il reconnut la charmante donzelle, croisée, un peu plus tôt, là haut dans le brouillard.

Reprenant une expression froide et impassible, il rabattit le fameux capuchon qui cache tout et s'avança d'un pas lent et mesuré jusqu'à la table occupée par la visiteuse. Ne cherchant pas à la surprendre ou à l'impressionner, il préférait d'ailleurs qu'elle le remarque. Ne connaissant pas ses inclinations martiales, il ne préférait pas prendre le risque de se retrouver avec une dague ou un poignard planté dans la gorge. Arrivé au niveau de la table, il resta debout, ne souhaitant pas prendre place avant qu'elle ne l'y invite, mais prit tout de même la parole. Toute trace de mépris ou de sarcasmes avait disparu de sa voix et quelqu'un d'avisé le connaissant un peu aurait même pu déceler quelques notes chaleureuses dans sa manière de prononcer et de rythmer les mots.

Bonjour Fille de Morgwen. Permettrais-tu à un vieil homme fatigué de partager ta table et de t'entretenir quelques instants de vieilles choses poussiéreuses et sans intérêt pour la plupart des mortels ?
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyDim 26 Jan 2014 - 16:11

L'ébauche de missive devint courrier abouti. L'épée ailée, symbole de la petite Walkyrie de Tyr, de la voie qui était sienne malgré les tours et détours qu'elle avait pris sans guide, s'imprima dans la cire à cacheter. L'huis s'ouvrit à nouveau sur un homme. Comme à chaque fois, le regard acier étudia brièvement l'individu. Et s'y accrocha quelques instants de plus.
De sa dextre dégantée, elle repoussa sur le côté le courrier destiné à l'Hoggendaffen, à côté du gobelet qui accueillait encore une lampée de vin tiédi.

Le visage aux traits fins des Louveterie resta levé vers Yvaniès qui ne semblait pas disposé à prendre d'emblée un siège. Ce n'était plus le même masque qu'à la herse qu'il lui offrait et c'était une bonne chose. Le sujet à venir ne prêtait pas à la comédie à son avis.
Sans hostilité, ni sensiblerie, la jeune femme accueillit les paroles du porte-parole de son oncle. Un léger plissement des yeux sembla accompagner un sourire si diffus qu'il ne semblait pas exister.

Fille de Morgwen. Certes. Il était plus facile de nommer sa mère que de se risquer à désigner son père. Non point qu'elle fut illégitime. Mais le sang ne faisait pas tout.
Fille de la Louve matriarcale. Le temps l'avait doucement dépouillée de cette étiquette pour faire apparaître son identité propre.
Et quand elle y parvint, son mariage avait réduit ses efforts à néant. Elle n'était plus que l'épouse de Lexhor. Alors elle luttait à sa manière sur plusieurs fronts, ulcérée. Au grand dam de celui qui avait cru pouvoir l'apprivoiser. Mais aussi nourris soient-ils, les loups regardent toujours vers la forêt, comme disait l'adage.

Sa main vola doucement dans l'air, désignant la place qui lui faisait face, sans qu'elle eut à y songer. Habituée d'être celle qui invite à s'asseoir, dans l'autre monde. Celui dont elle se réfugiait en la forteresse.


Comment refuser alors que vous venez à moi. Alors qu'en ce jour, je n'aurai pas à monologuer pour m'entretenir des ombres depuis longtemps passées.

Guillaume retiré du monde, les archives lui devenaient familières. Mais ce n'était pas que complaisance à se plonger dans l'Histoire, les histoires. C'était pour se bâtir un socle, un terreau que nul ne pourrait lui retirer, quand tous ceux qui auraient pu lui parler étaient trépassés... ou étaient censé l'être. Sa nature mélancolique l'aspirait vers les gloires passées. Elle s'y serait complue et étiolée si des Amitiés improbables n'avait réchauffé son âme de marbre.
Alors elle avait appris des erreurs des autres « héritiers » et avait regagné sa volonté.

Ellesya scrutait les traits du Messager, muette sur tout ce qui lui remuait l'esprit. Pudeur et insolence étaient absentes de ce regard.
L'idée de faire passer de vie à trépas Yvaniès ne la titillait même pas. La nièce avait soif de vérité plus que tout, pour panser ses plaies. Peut-être était-ce la seule chose qu'elle craignait... Qu'il eut mieux valu qu'elle ne sache rien de cette fausseté.

Contrainte à dissimuler son impatience, à contenir ses questions sans nombre, à ravaler les reproches à adresser à Rhuyzar, la jeune femme se voulait apparemment paisible même si elle ne doutait nullement que les jointures un peu trop blanches de ses doigts et sa raideur devaient la trahir.


Vous savez beaucoup de moi.
Je ne sais rien de vous.
Et finalement encore moins que prévu de mon oncle.


Ses lèvres s'étirèrent en un sourire d'autodérision un peu amer.
Mais pourquoi donc lui semblait-il familier ? Elle n'était même pas capable de dire si cela venait de sa physionomie et de ses expressions. Ou est-ce qu'elle tenait à voir des choses qui n'étaient pas?


Qu'êtes-vous prêt à me livrer ? Car je n'ose imaginer que mon oncle pousserait la vilenie à vous envoyer simplement me torturer.

Un geste vers l'aubergiste vint ponctuer ces paroles.
Finalement, il y avait encore place pour autre chose que des vérités.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyDim 26 Jan 2014 - 18:03

Son attente avait été plus polie que véritablement formelle. Il savait pertinemment que la jeune femme ne refuserait pas l'entrevue. Mais il voulait respecter certaines formes. Rompre le fil avec ce qu'elle avait vu à la forteresse. Ses bravades, son air ronflant, son humour grossier et ravageur. L'ambivalence de son caractère le gênait parfois, mais entretenait aussi le voile d'ombre qui flottait tout autour de lui. Ainsi camouflé il pouvait avancer entre les herbes hautes et ne surgir qu'au moment opportun. Déformation professionnelle ou simple personnalité ? Seul Lui le sait.

Détachant son simple mantel, il le posa sur le siège et prit place face à elle. Sa tunique était simple, comme sa ceinture et ses bottes qui elles, de plus, étaient usées. Il n'était pas chaudement vêtu pour la saison. Etait-ce par affinité personnelle ou par soucis budgétaire ? Toujours est-il qu'il ne tremblait pas. Sa dextre était bandée sur le dos et les phalanges et semblait le gêner quand il avait certains mouvements à effectuer. Même s'il évitait de laisser paraitre la moindre sensation de douleur.

Il la dévisagea un instant qui put lui paraitre durer des heures. Constatant sa nervosité dans la blancheur de ses jointures. Il retint un sourire et une vague d'émotion vint emplir sa poitrine qu'il contint avec peine, grimaçant presque de douleur tant l'effort était violent. Pour la seconde fois en quelques semaines il se laissait prendre à ce piège et manquait de perdre le contrôle sur lui-même. Aucun doute, la vie revenait. Douloureusement, mais elle revenait.

Il attendit que l'aubergiste amène de quoi restaurer et abreuver ses deux attablés, impressionné, une fois encore, pas l'amabilité naturelle qui se dégageait de cet homme et l'envie profonde qu'on avait de l'entretenir du prix du maïs ou de la qualité du vin cette année. Un vague "Grouampf... bonne pétit msieurs dames, grum..." vint ponctuer son effort surhumain de commerçant d'un autre temps avant qu'il ne se retire derrière son comptoir pour épousseter ses verres, salissant, du même coup, les propres. Puis, il prit la parole. D'un ton calme, posé, presque réfléchi. Choisissant ses mots avec soin et précaution.

Votre oncle, en effet, ne s'amuserait pas à ce genre de choses. Outre son âge avancé, il n'est pas dans ses habitudes de faire souffrir sans but. Et ce n'est pas pour attiser votre colère ou réveiller de vieilles blessures qu'il m'envoie. C'est d'ailleurs pour cela qu'il m'a choisi, moi. Mais cela, je vous l'expliquerai... plus tard...

La barre était trop haute et sa gorge s'est nouée à prononcer ces derniers mots. Réussissant à vaincre l'étranglement de ses cordes vocales par une gorgée de vin chaud, il reprit sa tirade, patiemment, récupérant le fil au fur et à mesure que les mots s'assemblaient et se trouvaient.

Rhuyzar est... vivant, encore. Plus pour longtemps hélas, et c'est pour cela que je suis ici. Personne ne le reverra plus, il va nous quitter sous peu et nous... avons migré trop loin pour que quiconque puisse l'atteindre avant sa dernière heure. Si tant est qu'il parvienne à le trouver dans cette immensité...

Il ne savait si le Vicomte en avait encore la force, mais le campement était sensé migrer à intervalles réguliers et parfaitement aléatoires, ne laissant que de vagues repères à qui connaissait ses codes. Même là la paranoïa n'avait pas quitté le vieux Chevalier...

Ce que je vais vous dire, Ellesya...

L'émotion, cette fois avait été moins vive, mieux contrôlée, il s'y était préparé.

Ce que je vais vous dire n'est su de personne en ce monde hormis moi. Vous êtes la seule qu'il autorise à savoir et la vérité et les raisons de sa fuite. Car il s'agit bien d'une fuite. Et j'en suis l'instigateur. Mais ce que je vais vous avouer est lourd de conséquence et de morale... Je ne peux vous imposer ce poids sans que vous m'y autorisiez. Je peux aussi repartir et simplement vous dire que votre oncle vous aime et qu'il regrette... Choisissez ce que vous désirez entendre.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyDim 26 Jan 2014 - 20:30

L'Enigme la dévisagea, sans qu'elle ne parvint à lire en lui. Petit coup d'oeil et hochement du chef accompagnant un « merci » à l'aubergiste firent dérailler éphémèrement le fil de son étude.
Il parla enfin. D'une manière telle que malgré toutes ses craintes et toutes les questions qui naissaient à chaque mot prononcé, elle se sentit rassérénée. Ses mains endurcies de cals cerclaient le gobelet empli, celui-ci, de vin chaud.

L'entrée en matière s'achevait alors qu'elle réprimait la question qui lui brûlait les lèvres.
Pourquoi vous justement et pas une lettre ?
Et d'autres interrogations impérieuses se bousculaient encore.

Il n'était pas un simple truchement. Cela, Ellesya l'avait saisi dès que le premier volatile lui était parvenu. Il aurait ménagé ses efforts sinon. Il ne semblerait pas affecté par ce qu'il devait dévoiler.

Ainsi son oncle était vivant. Mais sans espoir de pouvoir le revoir. Le temps de l'atteindre, ce qu'elle aurait cherché à faire sans la suite des propos d'Yvaniès, il serait soumis. Son coeur se serra. Ce coeur longtemps exsangue et qui avait été ranimé plus de deux ans auparavant.
La jeune femme avait baissé le nez, à la nouvelle du deuil à venir, ressentant déjà qu'elle n'y échapperait pas quoiqu'elle eut décidé ou ressenti jusqu'à présent. Rhuyzar ne choisirait pas la résurrection, songea-t-elle alors que des passages du Livre de l'Eclipse revenait à la surface de sa mémoire.
L'attention s'était accrochée à la navrure pansée de la dextre de son interlocuteur.

La prononciation de son prénom la ramena au moment présent. Elle accrocha à nouveau le regard d'Yvaniès, avec plus que de l'intérêt ou de la curiosité. Intensément.
Il s'était tu depuis un moment qu'elle sondait encore à la fois ses propres pensées et l'attitude de l'homme qui lui faisait face.
Il était moins facile à décrypter que la plupart des gens mais, pour diverses raisons, la foi de la jeune femme lui était pour l'instant acquise. Malgré le fait qu'il semble avoir participé à ce mensonge où elle avait été maintenue. Parce qu'il est là devant elle.

Sa voix s'éleva, ou glissa plutôt, vers l'homme marqué. En théorie, un choix existait. Dans sa réalité, il n'en existait aucun.


Qu'il m'aime ou m'ait aimé est un cadeau en soi. Qu'il regrette, j'ignore si je puis le croire.
Je ne veux qu'une chose : que ce que vous pourrez me dire soit vrai. Je ne veux plus d'illusions, de contes. L'enfance est bien plus loin derrière moi que ce que vous pouvez peut-être penser.

Quant à votre mise en garde dont je vous sais gré... si il permet que je sache, je ne peux que vouloir savoir.

Plus d'un secret m'ont été légués, à dévoiler ou non, même quand cela m'a coûté. C'est ce qui me reste de plusieurs personnes qui me furent chères. C'est aussi mon rôle.

J'aurais préféré qu'il me fasse confiance à l'époque. C'est ce qui me blesse, égoïstement, je ne vous le cacherai pas.
Je sais que je ne puis deviner à l'avance le poids de ce que je suis prête à entendre... Il m'est impossible de fermer cette porte, quelque soient les sentiments qui m'animent.
Ce ne sera jamais qu'infime par rapport à ce qu'il aura vécu, je suppose.
Parlez et j'assumerai et respecterai.


Sa senestre se porta sur sa gorge où reposait, sous sa chainse, une médaille d'Aristote. Cardinalice.
Un fin sourire éclaira les traits de la jeune louve. Dont elle aurait été bien en peine de s'expliquer.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyLun 27 Jan 2014 - 11:21

Le vieil homme avait entendu le choix de la jeune femme, il le respecterait, même si en son for intérieur il connaissait le poids des révélations qu'il s'apprêtait à lui faire. L'héritage du Corbeau, comme celui de tout homme qui a dédié sa vie à une cause, était lourd de sens et de problèmes. Peut-être allait-elle le renier et le renvoyer sans cérémonie. Ou peut-être au contraire comprendrait-elle enfin le passé et se trouverait-elle libérée du poids des questions.

Laissant le silence s'installer un peu, préparant ce qui allait suivre, Yvaniès finit par reprendre la parole de son ton grave et solennel. Il ne s'agissait à cet instant d'aucune volonté de sa part:

Je comprends votre ressentiment à l'égard de ces cachotteries, Ellesya. Et j'en suis l'unique responsable. Car votre oncle ne pouvait alors prendre aucune décision. Il n'a pas fui en réalité. Nous l'avons caché. Car nous étions deux alors, et je suis seul désormais. Je fus l'ombre de cette ombre et je décidai qu'il n'était plus possible de rester à Paris. Ni en France, ni en Empire. Sa vie était menacée, sans santé déclinait à vue d'oeil, il perdait l'esprit...

Il marqua une courte pause, prenant une grande inspiration pour annoncer ce qui allait suivre, sentant ses épaules peu à peu s'incliner sous le poids de la responsabilité qu'il assumait enfin.

Rhuyzar avait sombré dans la folie. La folie des drogues et des plantes qu'il prenait plus que de raison pour compenser son âge, ses blessures, sa fatigue. Il n'a plus dormi une seule minute depuis le jour de son Adoubement en ces lieux. Consacré tout entier à sa tâche et au Royaume. Il a cherché des moyens, concocté des mélanges, s'est rendu malade, fou et il a travaillé sans relâche. Et il s'est ainsi détruit un peu plus. Accablé du poids de la culpabilité de toutes les horreurs qu'il se forçait à accomplir pour ce qu'il pensait juste. Je l'ai un jour trouvé, dans son bureau parisien, inanimé et délirant, incapable de bouger et bavant comme un vieillard décati... presque mort...

Je savais sa vie menacée, car il avait pris la décision d'un projet terrible et funeste. Sa dernière grande oeuvre qui allait changer le Royaume à tout jamais et faire dégringoler beaucoup de grandes têtes...

Arrivé à la conclusion, il ne sait comment la formuler pour qu'elle ne soit pas mal comprise et interprétée. Il tourne les mots quelques instants et finit par se décider:

Le Corbeau ne servait plus le Roy, les Pairs, la Curia... Il servait le peuple, il servait ce qu'il appelait le seul avenir possible. Il avait compris, selon lui, que le seul grand obstacle à un Royaume puissant et prospère était... le Roy. Il était prêt à devenir un Régicide...

Il laisse la jeune femme encaisser ce qu'il pense être une terrible révélation sur un membre de cette famille qui compta tant de loyaux serviteurs de la Couronne. Lui sait et comprend. Mais lui aimait l'homme plus que son serment.

Mais sa folie a pris le dessus et il était devenu incapable de mener cela à terme. Alors nous avons fui. Jusqu'à Delle d'abord pour emporter toutes les archives sensibles dues à son rôle très particulier au sein de l'Ordre et nous avons pris la route de l'est. Moi-même, je ne pensais jamais revenir.

Mais nous avons réussi à le guérir en partie. Si son corps n'a pas retrouvé ses capacités, son esprit est sorti de ce labyrinthe sans fin et il a pu exprimer quelques dernières volontés et me préparer à vivre une nouvelle vie. En le sauvant je me suis sauvé moi-même...

Son regard se perd dans le vague et son esprit plonge dans un océan de souvenirs douloureux et terribles qui ont jalonné sa précédente existence. Une jeune femme brune, pas une courtisane apprêtée et pomponnée à chaque heure, une travailleuse rude et belle de par la force qu'elle dégageait. Et une enfant, une rouquine, qui a pris de son père le feu de la chevelure et du caractère. Le feu... tout y commence, tout se termine et un murmure rauque et plaintif vient perturber le silence contemplatif de l'instant.

Lucie...

Il reprend contenance avec difficultés, évitant étrangement de croiser les yeux d'Ellesya, comme s'il ne pouvait la contempler sans se perdre à nouveau.

Il y a encore mille choses que je pourrais vous dire sur cet homme... Le jour où nous nous sommes rencontrés dans les catacombes, nous ne nous sommes plus quittés... Vous pouvez le savoir Ellesya, je fus son âme damnée...
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMar 28 Jan 2014 - 19:36

L’ombre d’une ombre… l’âme damnée d’une âme damnée…
Elle avait toujours su que celui surnommé le loup blanc dans leur famille, mais qu’on ne nommait plus depuis longtemps, recelait plus d’ombres et de ténèbres que ce qu’elle conservait comme souvenirs de lui. Elle le voyait de loin en loin, toujours chaleureux à son égard. L’une des dernières figures remarquables de la meute, à ses yeux.

Ellesya n’avait pas cherché à interrompre son interlocuteur, lui laissant dérouler des propos qu’il avait peut-être partiellement préparés en vue de leur rencontre.
Depuis que Gaïlen l’avait contactée, avant qu’elle ne reçoive elle-même l’étrange message, son imagination s’était mise en ébullition.
Aussi resta-t-elle sagement muette, tout à la réception, à la réflexion. Les nouvelles données se confrontaient avec ses illusions intérieures, procédant à un tri, éclairant de nouvelles pensées.

Le regard d’Ellesya s’était parfois décroché du visage de son vis-à-vis, pour regarder sans le voir le gobelet. Ainsi il était plus facile de réfléchir.
Elle était surprise mais pas sidérée. L’entrée en matière de l’homme l’avait préparée et, comme elle l’avait dit, elle a déjà eu son compte d’histoires extravagantes, choquantes, secrètes.
Trop de choses résonnaient en elle toutefois, pour qu’elle puisse rester de marbre. La maladie, la folie, le devoir, l’abandon… Elle revit son père, au travers de ses souvenirs réels et reconstitués, dont le dernier acte officiel apparemment bénin se révélait d’un cynisme et d’une cruauté qui avaient ruiné, par delà la mort, l’avenir heureux de plusieurs de ses proches. Vengeance subtile qui lui valait certainement de geler sur la lune.
A ce moment-là, elle fit un rapprochement, sans réel intérêt certainement. Elle remarqua qu’Yvaniès s’était coiffé comme le père honni. Pourtant, il lui rappelait quelqu’un d’autre, ce qui jouait sans doute sur l’absence de défiance à son égard. Comme une douce réminiscence d’un passé perdu.

L’aveu sur les projets de régicide lui fit hausser un sourcil. Une longue gorgée de vin fit passer la révélation. Mais toujours aucune stupeur ou fureur dans le chef de la jeune femme. Elle en fut elle-même surprise puis comprit…

Un instant, Yvaniès sembla habité de fantômes. Trop puissants étaient les siens pour qu’elle ne comprenne pas quelques bribes de sa douleur bien qu’elle en ignora les détails. Il ne la regardait plus. Sa main à elle frémit sur le gobelet avant de le serrer plus fort. Elle ne lui était rien et elle ne savait presque rien de lui. Il repartirait sûrement comme il était venu après avoir achevé sa tâche, pour revivre, vivre sa nouvelle vie délesté de certaines responsabilités. Avait-il même besoin qu’elle l’absolve du mensonge ? Non. Elle n’avait qu’à le remercier pour la vérité, songea-t-elle. Le geste qu’elle aurait osé avec toute autre personne aux prises avec de pénibles réminiscences s’acheva donc dans cette tension contenue.

Le silence s’installa. Celui nécessaire à la jeune licorneuse pour digérer et être capable d’exprimer quelques phrases compréhensibles.
Avec un soupir, elle se laissa aller contre le panneau de bois dans son dos. Elle regarda le plafond dont les solives avaient pour toute ornementation quelques giclures suspectes.
Puis revint à Yvaniès.


Responsable… mais pas coupable. Vous ne me deviez rien, n‘étiez lié à moi d’aucune manière. Vous avez pris soin de lui.
S’il n’avait pas disparu, il n’aurait pu être celui que j’ai espéré un temps qu’il fut. Savoir qu'il était toujours en vie a ravivé cela. J’ai erré si longtemps après la mort de Kreuz, sans mentor pour reprendre le flambeau, gâchant ce qu’il m’avait enseigné. Mon parrain avait disparu bien avant. Il m’était apparu longtemps comme une évidence mais je n’ai jamais pu lui dire ou lui demander.
Il n’aurait pas pu, donc.


Elle fronça les sourcils et se ménagea un bref temps de réflexion pour attraper la pensée suivante en buvant une nouvelle gorgée moins chaude que la précédente.

Ca vous semble égoïste, que je songe à cela. Mais j’ai tant du m’occuper des autres alors que je n’étais encore qu’une gamine, lorsque les aînés ont disparu. J’aurais voulu que quelqu’un fasse de même pour moi.

Petite hésitation avant de reprendre.

Je ne pourrai donc même pas lui dire que j’ai prié pour lui, que j’ai espéré son retour, que je l’ai pleuré lorsqu’on m’assura de sa mort. Et que j’ai cru avoir ramené sa dépouille à Amboise auprès d’Ilmarin, lorsque Guillaume de Jeneffe m’a informé de ce que l’Ordre pensait savoir de sa dernière demeure.
Je ne puis donc lui dire que les aveux, par votre truchement, n’enlaidissent nullement mon respect et mon affection à son égard. Que je comprends ou crois comprendre.

J’ai grandi en voyant ma parentèle s’user au service de la Couronne, se vider de toute vie pour le bien commun, avant de chuter ou se retirer à cause de la vilenie de jaloux et de vicieux mus par l’ambition et la grandeur. Et pourtant, je préférais le règne des Grands Maîtres que celui des rois élus. Nous avons désormais sur le trône ceux qui ne pouvaient « que » briguer des Grands Offices du temps des lévanides. Et face à tant de pouvoirs, la perversion devient pire encore.
Je n’aurai pas partagé, je crois, la conviction de mon oncle. Car l’avenir peut réserver pire.
Il n’a pas eu à mener son œuvre jusqu’au bout…
Quelle responsabilité cela aurait été. Car il n’aurait pu se laver les mains des conséquences de son acte et l’aurait payé dans l’Autre Vie. Infiniment plus longue que notre éphémère épreuve ici-bas.


Les prunelles grises parcouraient les marques du temps et des combats de l’homme qu’elle abreuvait de ses réflexions toutes nues, se demandant s’il prenait patience afin de pouvoir enfin se libérer de sa mission. Était-ce le vin épicé ou lui, la cause de cette chaleur qui engourdissait ses membres et déliait sa langue, repoussant le moment des ultimes questions et du deuil ?

Sait-il seulement que je suis ici et qu’à ma manière j'espère l'honorer ? Ou l’avez-vous découvert en m’écrivant ?
Quant il est … parti, j’étais dans le giron de l’Eglise. Je ne voyais la France que comme une composante de la communauté des fidèles. En oeuvrant à Rome, je pouvais découvrir tant d’autres cultures, d’autres prélats. Tout n’était que Dogme et Droit canon. Les frontières étaient celles des primaties, des diocèses…


Et une rencontre qui fait voler en éclats certaines convictions, qui élargit les brèches causées par le vice de certains hommes d’Eglise. Qui ne sont ni pires ni meilleurs que les autres, mais dont elle attendait plus puisque représentant la Sainte Mère, l’Eglise. Pour la jeune femme, le clergé doit rester au centre de la vie sociale et même politique. Les rois et empereurs ne sont que des enfants qui doivent respect et obéissance aux représentations du Très Haut sur terre. Mais …

Au-delà des têtes couronnées ou mitrés, il y a la France et ses gens auxquels je me suis attachée. Cet Ordre qui m’est apparu comme un repère. Une vie n’est pas suffisante pour une cause. Même pour une… J’aurais aimé qu’il sache cela. Enfin !

Elle chassa ces considérations d’un vague geste de la main et se reporta vers l’avant. Toujours sérieuse mais différente.

Même Ilmarin est morte sans rien savoir, n’est-ce pas ? J’ai ramené son corps à Amboise, sa famille ne réagissant pas à son trépas. Je l'ai inhumée auprès de celui que je croyais être mon oncle…
J’ai prévu de faire ramener le pauvre bougre dont le repos a été dérangé dans son clos angevin. Je ne compte rien changer à ce qui est établi par tous à moins que vous ne me le demandiez.
De manière plus pragmatique, que désire-t-il ? Son corps sera-t-il inhumé en quelques lointaines contrées ou rejoindra-t-il sa sœur et sa compagne ?
Qu’est-il attendu de moi ?
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Voyageur   [Lieu] Auberge du Voyageur EmptyMar 28 Jan 2014 - 20:51

Et le vieil homme vit les digues commencer à se fissurer.


Oh, bien sur, la jeune femme avait assez de contenance pour ne pas se fissurer entièrement, pour ne pas laisser filer toutes ces émotions face à cet étranger qu'elle pensait ne pas connaitre. Son éducation, ses nombreuses formations et son parcours aussi bien personnel que religieux l'aidaient à garder son calme, son sang-froid et son apparence détachée. Mais il comprit qu'un filet d'eau avait coulé du bassin. Les mots étaient trop durs. Les tournures trop pleines de reproches pour que seule la raison se cache derrière ses mots. L'espace d'un instant il entraperçut la douleur d'une petite fille abandonnée par un père trop grand pour ce Monde. Il revit la jeune fille écrasée par le poids d'un Templier revenu pour mieux mourir. Et il découvrait désormais la femme, qui avait grandi tant bien que mal et qui s'était forgée, dans la douleur et la solitude, et qui comptait bien ne plus se laisser dévorer par l'appétit vorace des anciens et de leur héritage.

Mais il s'imposa le silence et serra le poing sous la table. Parce que chaque chose venait avec son heure et qu'il n'était pas encore l'homme libre d'un avenir nouveau.

Et pleuvaient les reproches et les démonstrations de force et d'orgueil de la Louveterie qui portait cette famille sur son dos déjà voûté. Il était peut-être l'erreur de trop, l'abandon insupportable qui avait fait déborder le vase, la fuite impardonnable et qui devait être châtiée pour l'exemple, pour qu'aucun ne s'avise à recommencer et à partir de la sorte. Et Yvaniès sourit en son for intérieur, fier soudain de la voir ainsi combattive, de voir cette guerrière accomplie se dresser face à lui et affronter son message et son envoyeur.

Sa main valide attrapa le verre de vin chaud qui trônait, provocateur, face à lui et le porta à ses lèvres gercées par le froid pour en ingurgiter la moitié, vite et bien. Les épices feraient passer l'amertume du palais et du coeur. La technique marchait plutôt bien sur les remparts d'Annecy.

Tout en l'écoutant, le vieil homme préparait sa réponse et ses mots. S'il se devait de respecter la volonté du Corbeau, il y mêlait désormais la sienne propre, et choisissait une partie de l'itinéraire à parcourir. Le Chevalier était mourant, alité et trop fou pour tout comprendre. Yvaniès, lui, pouvait encore réparer. Mais à quoi répondre en premier ? Lentement, redressant la tête et le buste, il toisa Ellesya de tout son âge, ses traits se tendant entre ses cicatrices rougies par l'hiver. Une main passa à l'arrière de son crâne pour resserrer ce catogan qui devait forcément lui rappeler quelqu'un. Tu te coiffes à la d'Arduilet, comme Rass' ! Voila ce qu'il disait le Comtois, en le voyant s'apprêter sous la tente avant une chasse ou une négociation de commerce. Et pourtant, Yvaniès ne lui avait jamais parlé. A lui non plus.

Je ne suis pas là pour défendre ou non ses projets passés et fous. J'ai veillé près de lui et j'ai combattu dans son ombre. Cela ne veut pas dire que j'étais un fanatique de sa pensée morbide. Mais vous savez comme moi, Ellesya, qu'il y a des serments qui éclipsent les idées et les projets. J'ai suivi deux hommes dans ma vie. Mais c'est parce que le premier m'a légué au second. Chien du Roy...

L'aveu est bien plus terrible qu'il n'y parait. A elle seule il vient de jeter ce qui représente l'un des plus grands secrets de son existence. A cette petite Louveterie encore dans l'enfance, dont la mère s'use et dépérit à vue d'oeil, il a donné un pouvoir immense qu'elle peut à tout moment exercer. En aura-t-elle seulement conscience ? Va-t-elle suivre les jalons et comprendre qui lui parle ?

Vous voulez savoir s'il vous a surveillée depuis son départ ? Je vous réponds non. Il était de toutes façons trop malade pour diriger quoi que ce soit. Et je me suis davantage occupé de sa santé que de ses réseaux qui sont morts avec lui. Mais il doit maintenant savoir ce que vous faites. Mon dernier message est parti il y a un moment, et nous avons des moyens bien à nous de nous écrire et de nous joindre.

La steppe est grande aux blancs en armure, pas aux fils d'Attila. Un léger sourire passe sur le visage de l'homme.

Détestez-le, il ne le comprend même plus. Il a pleuré pour vous et pour ses péchés. Il n'a demandé aucun prêtre, mais il a pleuré, je l'ai vu. Et il a dit votre nom entre deux sanglots. Et après il a craché du sang. Et je l'ai essuyé.

Sa voix se perd en détails inutiles alors que son ton reprend un accent lointain, comme si la tristesse et la nostalgie envahissaient soudain son coeur au moment où il évoque les derniers instants de ce grand homme qu'il a servi si longtemps et de si près.

Et il vous a aimée pour qui vous êtiez. Pas la fille de Morgwen, de Rassaln ou de qui que ce soit... il a aimé Ellesya de la Louveterie, sa nièce. Lui qui a tant vécu dans le souvenir et le passé des morts a su, avec vous, vous détacher de ces lourdes images qui composent votre armorial.

Et il en a la preuve ultime. Mais il n'est pas encore venu temps de la produire. Réclame petite louve, demande, pousse dans ses retranchements le messager qui crie sa douleur et son souvenir. Entends son appel et ses remords. Vois la lumière qui illumine son regard froid trempé dans l'acier. Sa fournaise intérieure raserait Ryes et ses fondations. Le feu, encore le feu...

Vous n'aurez pas son corps. Ils le bruleront aussitôt qu'il sera mort et s'éviteront les maladies. Et ce sera fini. Ils maudiront le lieu de crémation pour que personne de malveillant ne profane et ne viole. Et Rhuyzar de la Louveterie nous aura quittés. Gardez sa tombe et son sépulcre. Vides. Conservez l'histoire. Ne touchez pas aux registres. Le temps qu'ils comprennent la supercherie je serai loin et en vie. Lui va partir mais moi je reste. Donnez-moi une longueur d'avance.

Ces mots froids et terribles sont la seule réponse qu'il lui apporte, alors que sa question ne fait que masquer d'autres reproches. Il le sait. Mais ne peut offrir sans qu'elle demande. Elle doit s'ouvrir et parler pour que le vieil homme fasse à son tour tomber les barrières. Le danger est trop grand et le passé trop incertain. Petite fille oui, mais jeune femme ?

Personne n'a su. Moi. Le troisième. Voila. Bralic vivant n'aurait pas su. J'ai été préparé par le meilleur de tous. Je ne laisse rien au hasard. Et il a survécu. J'ai réussi. Voila tout ce que je retiens. Le poids de la tristesse lui appartient.

Mensonge ! Menteur ! Sa main est prête à craquer sous la pression qu'il lui impose, les jointures vont exploser. Comédien que tu es, laisse parler ce que tu es et ce qu'il t'a fait devenir. Car le Corbeau t'a changé et t'a sauvé. Et tu es devenu un homme.

Il n'attend rien de vous. Rien du tout. Pas même le pardon ou le souvenir. Il vous donne la vérité par remords et amour. Et il vous laisse libre d'un deuil ou d'un oubli. Vous pouvez le haïr, le piétiner, l'insulter, il ne reviendra jamais vous hanter. Jamais. Il l'a juré devant moi comme j'ai juré devant lui de vous dire ceci fidèlement.

Il est temps d'avancer un pion, de passer un cap. Les chaines se brisent avec les mots, le Corbeau relâche son emprise et libère le fauve qui sommeille sous les cheveux blancs comme la neige. Les derniers mots, le dernier message, le serment est rompu. Mon Devoir est fini et Ma Mort commence Corbac. La pensée a traversé son esprit comme une déflagration rugissante, une explosion de champ de bataille. La charge finale, l'assaut glorieux, les devises retentissent entre les cadavres et Yvaniès retrouve sa liberté. Vingt ans se sont écoulés et elles sont toujours mortes. Se damner ne les a pas ramenées. Il ne lui reste qu'elle...

Et en mon nom, je vous dis ceci. Vous étiez une enfant incroyable. Vous êtes une femme magnifique.

Et que la lumière soit !
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