Le seigneur et l'oiseau

Sujet: Le seigneur et l'oiseau Lun 25 Oct 2010 - 13:31

La main claque, un peu agacée, le couvercle du petit coffre qui lui sert de garde-manger. Vide ! Pas qu’ils soient affamés, pas encore, mais bon… là elle a envie d’une poire. Une belle poire, granuleuse et juteuse. C’est ça qu’il lui faut… Elle a un peu oublié d’avaler la tambouille que le cuisiner du camp avait faite à midi et la faim commence à la tenailler. Sa tente est rapidement derrière elle, le pas du jeune lieutenant commandeur a pris un peu d’assurance au fil de la mission. Le ton de sa voix aussi lorsqu’elle demande le fruit à un gamin qui doit être commis. En tout cas il ne moufte pas et le lui donne. Elle a pourtant laissé sur sa paillasse les attributs de son grade mais rien de tel que d’être jetée dans le bain pour arrêter de réfléchir et nager.

Après un été en Poitou à oublier le reste du monde, à découvrir la mer et le corps d’un brun, le retour à la réalité de son Ordre avait été brutal. En Touraine il avait fallu tout prendre en main, plus vite encore qu’en Maine et siéger, cette fois, au Haut Conseil. Elle et Bess avaient repris certaines de leurs habitudes… au moins jusqu’à ce que Bess devienne connétable.

Le bruit d’un vol de perdrix interrompt le premier coup de dents qu’elle avait dessiné dans la peau du fruit et les prunelles noires suivent le nuage de volatiles qui s’étire dans un ciel encore bleu... Elle compte les jours depuis qu’il est reparti… elle s’en veut de ça et elle ne le reconnaîtra pas mais elle les compte parce qu’elle n’a aucune prise sur ceux qu’il reste avant de le revoir. Elle avait espéré que son départ ne serait pas si rapide. Elle avait cherché une idée aussi … quelque chose à lui laisser… mais on ne traine pas en mission avec des babioles. De toute façon la Licorneuse ne traine nulle part avec des babioles. Elle n’avait rien trouvé.

Un sourire se dessine sur les lèvres de Thea. S’il avait été là, elle lui aurait demandé de sortir son arc et de les chasser… elle lui aurait rappelé sa promesse de lui apprendre aussi. Il aimait tant de choses qu’elle ne comprenait pas encore… il aimait la chasse et les joutes et elle découvrirait tout ça… quand ils auraient le temps de se voir.

Un sourire se dessine et s’installe sur le visage de la brune. Elle reprend sa marche vers la tente, y retrouve son petit bureau et y délaisse la poire pour un vélin.

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Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Lun 25 Oct 2010 - 13:38

Occupé comme souvent, il leva le nez de son lutrin sur lequel il enluminait un ouvrage sur la chasse.
La journée était claire, le ciel bleu d’un azur particulier, celui de l’hiver. Dans ses montagnes il arrivait bien plus vite qu’ailleurs, il savait que bientôt les montagnes qui lui faisaient face auraient leurs sommets enneigés.

Alexian son intendant frappa à la porte, il regarda son fils qui barbouillait un blason en bois, « pour faire comme ça maman » comme il le disait. Lui aussi regardait la porte avec intrigue.
L’intendant lui tendit une missive, il regarda s’il connaissait le blason … non … Il l’ouvrit et la lu.

La mémoire lui revient, un fantôme d’ami qui l’avait visité pendant un rêve. Il eut un petit sourire se disant que certains avaient fini au buché pour moins que ça !!
Gérault réfléchit un instant avant de prendre un vélin fraichement tanné. Il trempa sa plume dans l’encre.

Citation :: A la dame de Saint Yriex, le bon jour,

J’ai bien prit connaissance de vostre demande et je suis enclin à vous donnez conseil.
Peut être pouvons nous nous rencontrer sur Paris ou ses environs, je dois y retourner d’ici une semaine.
Dans le cas contraire indiquez-moi le lieu et je vous direz si le détour m’est possible.
Je ferai porter quelques oiseaux, soit personnel, soit dont j’ai la charge afin de vous rendre compte par vous-même.

Bien à vous,

Gérault de Gaudemar,
Grand Fauconnier de France.

Le vingt-sixième jour de septembre de l'an MCDLVIII
Sur les terres du domaine de Gaudemar.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Lun 25 Oct 2010 - 13:38

Leard…. A nouveau comme une étrangère.
Leard enfin, depuis longtemps….Depuis sa visite éclair à un Chevalier souffrant.
Alethea n’avait retrouvé sa chambre que pour mieux la quitter. Mais après deux mois en Touraine, l’Ordre l’avait enfin ramenée vers le Maine et elle avait décidé de régler toutes ses affaires. Elle ne s’attachait pas à ce Comté, rien n’y faisait. Elle n’avait pourtant pris aucune décision excepté celle de recouvrer sa liberté. Si tant est que ça veuille dire quelque chose pour un Chevalier dont le moindre déplacement peut être compromis par une mobilisation.

En tout cas, ce qu’elle venait régler dans le manoir du Chevalier de Vergy était on ne peut plus personnel. La lettre du Vicomte avait tardé à la trouver et maintenant il lui fallait le voir, trouver ce rapace qu’elle ferait porter au Poitevin pour ne pas avoir à le recroiser. C’était encore trop difficile…

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Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Mar 26 Oct 2010 - 1:05

De retour dans son office parisienne il avait trouvé le pli adressait au grand fauconnier.
Probablement le messager n'avait pas eu le courage de redescendre dans le sud lui apporter plus tôt.
Si par moment il maudissait la distance bien souvent il l'appréciait car elle lui permettait de se couper du tumulte de la capitale.
Retrouver ses montagnes n'avait pas de prix !
Il prit place derrière son secrétaire et trempa une plume d'oie dans l'encre avant d'entamer sa réponse.

Spoiler:

Il fit tomber quelques goutte de cire sur la lettre et y apposa son sceau avant de la remettre à un messager en espérant que la dame fut trouvable.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Lun 1 Nov 2010 - 18:10

[Leard, refuge d’après joutes]

Le retour de l’Orléanais c’était fait d’une traite, de toute façon elle était incapable de trouver le sommeil et ce n’était que le début de son tourment. Après quelques jours à tenir plus ou moins sa charge sans vraiment y accorder l’attention qu’elle méritait, le Chevalier avait engagé le lent abandon qui devait la pousser à se réfugier à Leard pour éviter toute compagnie.

Elle n’avait ni parlé ni pleuré. De plus en plus froide, de plus en plus sèche, elle avait juste évité d’y penser. Mais la lettre de son cousin était arrivée et elle avait fini par se confier, un soir, poussant l’ironique épanchement jusqu’à trouver un remplaçant au poitevin, un qui la laisserai libre de ses mouvements et du devoir conjugal. Et puis elle avait retrouvé son silence et les murs de Leard qu’elle ne comptait plus quitter désormais.

C’est là bien sûr que la lettre du Grand Fauconnier était venue lui enfoncer la cruelle lame du souvenir dans le ventre. Ultime brimade que le Très Haut offrait à son cousin, il lui fallait honorer son engagement et aller chercher à Paris l’oiseau qu’elle destinait à celui qu’il lui était interdit de voir désormais. Elle avait pensé un moment à envoyer quelqu’un mais les explications auraient sans doute été plus pénibles que le voyage.

[Vincennes]

De plus en plus pâle, au fur et à mesure que le galop de Rixende avait grignoté les lieus qui la séparaient de Vincennes elle s’était présentée à l’entrée pour qu’on la mène au vicomte de Gaudemar. Elle avait alors été conduite devant un grand atelier où on lui avait demandé d’attendre.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Mar 9 Nov 2010 - 1:11

Le Grand Fauconnier était entrain de ligaturer des plumes sur un leurre. Cette exercice de patience, lui permettait de réduire considérablement le rythme de sa vie et ça l'apaisait.
Il commençait par retirer les plumes endommagées soit par le temps, soit par les serres des oiseaux des faucons.
Le jeune homme piquait ensuite la plume de remplacement, préalablement prélevé sur les proies des précédentes chasses et minutieusement trié.
A l'aide d'une aiguille et d'un fil, fin et robuste il venait les ligaturer sur le leurre et ensuite les réarrangées.

Voilà qu'il avait presque fini quand on vint lui signifier qu'il avait de la visite ... Qui se pouvait-il être, sa femme ? son fils ?
Il sorti, le leurre à la main et on lui annonça l'identité de la personne.

Enchanté Dame de Saint Yriex, de faire enfin votre connaissance.

Il fit un quart de tour s'ouvrant sur la cour qui servaient principalement aux valets des toiles pour préparer leur pièges, pour l'inviter à avancer.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Mar 9 Nov 2010 - 18:16

Un peu fatigué par le trajet, toujours aussi rigide, le Chevalier, mains croisées dans le dos, faisait quelques pas lorsque le grand fauconnier s’était présenté.

Enchanté Dame de Saint Yriex, de faire enfin votre connaissance.

Après un rapide salut de la tête elle avait répondu en avançant vers la cour qu’il lui présentait.

Bonjour Monseigneur. Enchantée aussi.

Son regard passait de l’un à l’autre des hommes occupés à confectionner … ben elle ne savait pas trop quoi en fait, pas plus qu’elle ne savait ce que le vicomte avait dans les mains. Elle revint alors à lui et ralentissant le pas elle reprit les explications données dans ses courriers

Je suis venue chercher un oiseau à offrir à quelqu’un qui … un ami. Je pense qu’il aimerait chasser et un oiseau de Haut vol, si j’ai bien compris vos explications lui conviendrait. Comme je vous le disais, le pense également assez passionné par tout ce qu’il entreprend pour préférer un oiseau jeune, quitte à être formé pour le dresser.

Ce qu’elle ne dirait pas parce que, même auprès des siens elle s’épanchait peu, c’est que l’homme en question elle venait de s’engager à ne plus jamais le voir.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Jeu 11 Nov 2010 - 1:34

Gérault la regardait amusé par ce regard qui furetait, à droite, à gauche.
C'est toujours étrange de voir cette multitude de filet, de maille et de taille.
En réalité peu d'animaux étaient réellement chassé avec ces pièges car pue conforme à l'esprit de la chasse.

C'est bien ce dont je me souvenais, damoiselle.

Le Grand Fauconnier la fit entrer dans une pièce sombre et qui sentait légèrement la fiente d'oiseau.
Il se tourna vers elle et posa son doigt sur ses lèvres.
Quelques pas en avant et il ouvrit les volets qui laissèrent entrer le jour sur un lit de paille au sol et un perchoir unique au centre de la pièce.
Le fauconnier prit le gant de cuir coincé entre sa ceinture et sa tunique et le passa.
D'un pas léger il s'approcha de l'oiseau et lui retira son chaperon, lui rendant ainsi la vue.

Dame d'Yriex, voici l'oiseau, il s'agit d'un faucon pèlerin mâle. Je l'ai acheté encore branchier et voilà un mois que je l'abaisse.

Il détacha les jets qu'il prit en main et fit sauter l'oiseau au poing.

Le voilà prêt pour l'affaitage, votre ami aura tout loisir à le faire comme il lui sied.
Il ne faut bien évidemment pas le lâcher encore, sinon il aurait tôt fait de retrouver sa liberté.

Un coup d'œil à la dame pour y déceler une quelconque réaction ou expression.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Ven 12 Nov 2010 - 21:10

La cour est passée et elle suit le Grand fauconnier dans une petite pièce très sombre. Alors qu’il entre, après lui avoir fait signe de garder le silence, elle reste sur le pas de la porte le temps d’habituer sa vue, ce qui ne tarde pas trop puisque le Vicomte ouvre légèrement la fenêtre.

Finalement la pièce ne semble plus si petite. Au contraire, c’est l’oiseau perché et perdu au milieu qui lui semble bien plus petit que ce qu’elle imaginait… et bien plus beau aussi. Il ne fait pas beaucoup plus d’un pied, peut être un pied et demi. En dehors du bec, sa tête est complètement recouverte d’une sorte de casque en cuir qui lui obstrue la vue. Son plumage d’un gris profond et bleuté, parfaitement uni sur le dos, contraste avec le blanc crémeux presque immaculé de son cou. Les mouchetures qui parsèment sa poitrine s’intensifient jusqu’à former des lignes sur son ventre.

Le jeune chevalier n’arrive plus à détacher son regard de l’animal. C’est à peine si la tête de l’oiseau tourne un peu de temps en temps. Il est étonnamment calme, ses mouvements sont presque doux comme le sourire qui nait sur le visage de la brune et elle s’apaise aussi. Pendant ce temps, l’homme enlève le chaperon et c’est au tour du Faucon de lui rendre son regard curieux. Les deux s’observent ainsi sans discontinuer pendant que le fauconnier le fait passer du perchoir à son poing et l’amène vers elle.

Dame d'Yriex, voici l'oiseau, il s'agit d'un faucon pèlerin mâle. Je l'ai acheté encore branchier et voilà un mois que je l'abaisse. Le voilà prêt pour l'affaitage, votre ami aura tout loisir à le faire comme il lui sied. Il ne faut bien évidemment pas le lâcher encore, sinon il aurait tôt fait de retrouver sa liberté.

Revenant à l’homme elle répond, un peu embarrassée.

Branchier ? Abaissé ? Affaitage ?… excusez-moi… je n’en ai jamais eu avant et … je vais avoir besoin d’explications, surtout pour le voyage qui risque d’être long. Après être rentré avec moi au Mans il devra partir au Poitou.

Sans oser le prendre encore elle tend à l’homme une bourse en paiement de l’animal et attend les instructions pour l’emmener avec elle.

Sujet: Re: Le seigneur et l'oiseau Lun 15 Nov 2010 - 0:38

Le Grand Fauconnier eut l'air satisfait en voyant la réaction de la dame.
Il était vrai que la fauconnerie était un art à part entière, comme la peinture ou la sculpture, il ne suffisait pas d'avoir un pinceau ou un ciseau pour devenir un artiste. D'autant plus que là il y avait un animal, avec son caractère, au milieu.

Prenant grand soin de guetter la réaction de l'oiseau il passa sa main sur son plumage à l'arrière de sa tête.

Un branchier est un oiseau qui vol de branche en branche, il sait donc déjà volé et s'est constitué des forces.
La première étape du dressage consiste à "l'amadouer", l'abaisser en terme de fauconnerie. Ce en l'affamant et en le laissant dans le noir.

Certains leur cousent les paupières, mais je trouve cela un peu barbare, je préfère le chaperon.

Il regarda l'oiseau puis la dame.

L'affaitage constitue le dressage à proprement parler, l'affaitage est surtout là pour éviter qu'il s'en aille la première fois que vous le détachez.
Concernant le transport, nous utilisons une sorte de carriole avec un perchoir, probablement pouvez vous vous en faire aménager une.
De manière général je vous conseille de le transporter chaperonné.

Gérault éluda rapidement le problème de la bourse qu'elle lui tendait en la jetant sur une table de l'atelier.