[RP] Cours des HA/FA, écuyers et écuyers personnels.

L'autre groupe s'était également mis à l'ouvrage.
Arthur l'avait suivi et apparemment n'avait pas tout à fait brillé puisqu'il était de corvée pour un nouvel essai comme elle. Virginia fit partager son enthousiasme d'avoir réussi à la première quintaine avec tous, ce qui fit sourire Ellesya qui aimait ce genre de « jeu ». Sauf qu'habituellement, celui-ci, elle le faisait à cheval. Depuis longtemps à l'unisson avec Carnage, il n'était plus besoin de réflexion pour mener ou accompagner la monture. Elle pouvait alors totalement se concentrer sur l'épreuve et se coucher sur l'encolure lorsque c'était nécessaire. Mais là, il lui fallait patauger dans la gadoue avec ses deux pattes. Secouant un peu ses bottes pour disperser la boue qui s'y était accrochée et qui risquait d'amplifier la difficulté de la course, les souvenirs de Bourges lui revinrent en mémoire. Les montures qui se heurtent et les cavaliers au sol, succombant sous le nombre des assaillants, les pieds aspirés par la boue insane, de terre, de sang et pire. Il lui avait fallu de nombreuses semaines pour survivre aux infections puis se rétablir doucement. Mais c'était au milieu de ces épreuves qu'elle avait quitté pour de bon le giron de Lucifer. Revivre et aimer, cela valait bien quelques dm² de cicatrices, non ?

Par contre, ces souvenirs envahissants lui valurent également quelques hématomes car lors de sa seconde course, le bras lesté la percuta à chaque coup sur l'écu. Elle avait décidé de courir, taper en retenant sa lame d'entrainement et se baisser pour éviter la réplique. La jeune femme comptait s'y tenir. N'était-ce pas la technique à cheval ? Restait à affiner ses réactions pour gérer la variante. La quintaine ne l'avait pas propulsé au sol, c'était déjà ça.

Rassérénée par les réminiscences d'amitié qui avaient conclu ses réflexions, elle sourit à Virginia qui inspirait généreusement l'air matinal.

On aura sa peau !
Enfin... sa sciure.
J'y retourne.

Troisième passage. Sa motivation n'avait pas baissé. L'enseignement des Fléaux lui manquait. Hans, son maître d'armes voyageur aussi. Qu'il était satisfaisant d'être remise à l'épreuve sous la direction d'un tiers. Elle s'astreignait en solitaire aux exercices par habitude et volonté, certes... mais il y avait un monde entre les deux formes de l'activité. La motivation était autre.
Elle serait sûrement endolorie plus tard, au repos. Toutefois, le contentement serait aussi de la partie.

Bien déterminée à s'améliorer, elle s'élança. La frappe sur le premier écu déclencha automatiquement la contre-attaque de l'engin. Heureusement, Ellesya calcula mieux son mouvement et l'esquiva. Les choses se passèrent encore mieux au suivant malgré le traitre sol. Le lest ne lui effleura même pas un cheveu.
Plus qu'une ! Un peu trop sûre d'elle, elle vint à la charge mais ripa sur le bois glissant. L'instant qu'il lui fallut pour se rétablir lui valut une bonne calotte. Un peu comme celles que Kreuz lui octroyaient dans son jeune âge quand elle testait son autorité, teigneuse. Ce fut le coup de grâce et bientôt deux genoux bleuis et des paumes écorchées. Voilà la petite Walkyrie mordant la poussière sans aucune grâce.
Bizarrement, après un juron, elle eut envie de rire. Elle se réprima et retourna au départ, épée coincée sous l'aisselle, en se frottant les mains. Non point de devoir peut-être encore faire trois essais. Son masochisme avait des limites. L'écuyer chassait juste les crasses maculant ses mains et gênant sa prise.

Au risque d'être accusé de courir après les femmes, ce qu'il ne faisait pas dans le sens figuré, puisqu'il ne faisait pas son bellâtre gominé tout séducteur, mais qu'il faisait au sens propre, puisque dans le fond, il décida de se calquer sur Ellesya qui était passée juste avant lui. Ainsi pour ne pas être accusé de glandouiller, ni de vouloir faire son intéressant en monopolisant les mannequins, il se contenta de passer à chaque fois après sa sœur. Son père lui avait toujours apprit à respecter les femmes, car derrière chaque grand homme, il y avait une grande femme. Il appliqua le conseil au temps présent. Outre le premier avantage concernant le moment approprié à la participation, ça lui offrait aussi l'occasion d'étudier celle-ci, mais aussi ceux qu'elle prenait le temps d'étudier avant d'y retourner. Il était peut être blond ! Mais pas tant que ça ! Il avait de plus retenu quelques leçons de son propre essai précédent : courir ? gnépapotible ! Avec l'état du champ de bataille, et sa fatigue qui allait croître à mesure que les passages allaient se multiplier... Se baisser ? Certes, certes... L'idée n'était pas mauvaise, mais il manquait encore quelque chose dans la technique. Il était sur la voie grâce à Fool, mais il n'avait pas encore trouvé le chemin.

Son second passage fut donc une persévérance tenace dans cette voie ! On aurait pu croire qu'à chaque quintaine, on avait mit en boucle la même scène... Repeat... Repeat... Repeat... Quel est le crétin assis sur la télécommande ?! Oups, pas de leur époque. La course était modérée, le blond calculait le coup qu'il portait avec la désagréable épée d'empreint, ni trop fort pour ne pas manger une raclée immédiate, ni trop faible, ce qui aurait été un coup dans le vent. Mais à chaque fois qu'il s'entêta à se baisser, se contentant d'un mouvement parfaitement vertical, le coup l'atteint différemment dans la tête, l'épaule, le cou, selon la vitesse à laquelle il réagissait à cette scène quasiment identique.

Pour le coup il s'en tira de son second passage, plus perplexe et silencieux que ses frères. S'il ne pouvait pas courir droit devant, s'il ne pouvait pas se baisser assez vite, il fallait étudier les autres directions de l'espace. Un mélange du tout : maitrise, rapidité et esquive. Voilà, c'était ça la recette. Encore un an ou deux d'entrainement régulier et il le materait les yeux fermé le p'tit bonhomme en bois. Bon d'accord, peut être pas tant, mais quand même, ils manquaient tous cruellement d'expérience avec la quintaine, qu'ils n'avaient jamais taquiné de cette façon avant, c'est tout.

On souffle, on regarde, on attend que son "guide" y retourne, puis quand tout est remit en place, on applique les conclusions...

Les yeux sont fixés sur l'absence d'orbites du mannequin, sans le défier mentalement cette fois-ci, le sérieux est de rigueur. Ça fait quand même cinq torgnoles d'affilée, on a comprit qui était le maître ! Et la victime qu'est l'auvergnat ne goûte pas trop l'expectative d'en recevoir une sixième. La foulée est calculée pour l'approche, le coup toujours aussi mesuré, mais plutôt que de fuir le mannequin dans le sens vers lequel il tourne, le blond déjette l'épaule en arrière, tout en se baissant. Faut dire que ça siffle pas loin de son nez, et que dans son élan il fait une espèce de mini précession sur lui même, comme une grosse toupie, il ne dépasse pas le tour et demi, mais quand il s'écarte promptement, il échappe de peu à la chute. Passage trois ; Quintaine 1 : Gros coup de bol. Il a réussi à affronté la bête et à ne pas subir sa vengeance, mais il ne crie pas victoire, car il n'est pas convaincu d'avoir beaucoup de mérite. Il a l'intime conviction, que le fait que le premier terrain soit favorable, n'y est pas pour rien. Pour ce premier mannequin les scores sont clément : Quintaine 1/2 pts/Arthur 2 pts.

La foulée la plus régulière possible alors qu'il rejoint la deuxième quintaine en terrain déjà moins praticable, il se prépare, souffle un bon coup, et assène un nouveau coup d'épée... L'adversaire est déjà plus redoutable, c'est la seule qui lui ai fait goûter la boue, et il ne l'a encore jamais battue celle-là. L'épée vient frapper le mannequin, et le blond retente le coup de la rotation, pour déjeter son épaule en arrière, et faire un quart de tour, tout en même temps, il fait un bond en arrière. Ça fait sploch quand il décolle, ça fait sploch quand il atterrit, il sent le vent caresser son torse là où le mannequin aurait frappé s'il avait été un pouce plus près, à l'arrivée ça patine un peu, semi glissade, arrêt brusque de la glissade, entraînant une petite courbette vers l'arrière, avant d'avoir retrouvé une parfaite stabilité. Il fait pas le fier l'auvergnat, mais il lâche quand même un rire soulagé. Mannequin numéro deux : Quintaine 1,5 pts/Arthur 1pt. Pas mal !

Mais il ne réfléchit pas, parce qu'aussi tôt, il a reprit sa course glissante passant de la boue accrochante, au bois glissant, mais sans l'emprisonner, direction le dernier adversaire. Il ne l'a jamais vaincu celui-là, mais lui non plus, ne l'a pas réellement vaincu, il lui a juste mit deux tapettes. C'est théoriquement le plus complexe, mais le blond à plus de feeling avec la simple glissade du bois humide, qu'avec la glissade accompagnée d'un brusque arrêt fourbe de la gadoue. Le geste est identique, depuis six coups qu'il le parfait, l'épée frappe le mannequin, le blond se tourne d'un quart de tour, parce qu'il est moins épais que large, ça dépasse donc moins, et il fait un bond en arrière. Il pâtine encore plus à a réception, avec de beaux mouvements anarchiques de bras. L'instant est crucial, mais finalement il arrête de pâtiner. IN YOUR FACE ! Il l'a eu ! Mannequin numéro trois : 1 contre 1 ! Dans les calculs qui n'ont de sens que pour Arthur, ça veut dire lui vainqueur avec un point d'avance ! Ne cherchez même pas à comprendre.

Sans faire trop l'idiot sur la fin de la course pour quitter la lice, le blond sourit bêtement. Il est sûr que c'est pas LA technique, qu'en fait il a eu beaaauuucouuup de chance. Mais savoir qu'il ne se prendra pas une sixième branlée, ben ça le rend joisse.

Le soldat se remit en position pour un second passage. Pour atténuer la sensation de déséquilibre il ne fit pas tournoyer la masse. Les quintaines furent remises en place. Il s’élança. Prenant à peine le temps de ralentir il lança le poids de sa masse contre l’écu de la première cible, sans se préoccuper de la riposte Fool fonçait vers la deuxième quintaine.
Il pensait avoir trouvé la façon de faire, aller le plus vite possible. Toutefois une vague sensation de déséquilibre persistait. Il ralenti devant la cible pour ajuster son coup. Le mécanisme lança le contrepoids. Par pur réflexe, Fool leva son bras senestre pour parer le coup. Il n’avait pas de bouclier pour parer. Les réflexes avaient leurs limites. Rageur et le bras douloureux, il s’élança. Sans prendre vraiment le temps de viser il porta son coup. Porter par son élan il ne sentit que le déplacement de l’air derrière lui.

Le score lui paraissait bénéfique mais malgré tout inacceptable.

Il attendit que ses frères et sœurs aient fait leur propre tour pour s’élançer vers un troisième passage. Il ne prit pas la peine de ralentir pour porter ses coups plus au juger et comptant sur sa vitesse pour éviter la masse de la quintaine. Ce passage fut catastrophique. Poussant à l’extrême sa théorie de vitesse il glissa devant les deux premières quintaines, par la faute d’un malheureux faux pas et d’une boue traîtresse. Ces chutes violentes et inattendues lui avaient coupé le souffle et le marquèrent de quelques hématomes sérieux. Calmé de ses velléités, il pris un peu plus son temps pour la dernière cible ce qui lui fut profitable.

Si ce passage ressemblait fortement à un désastre, il n’en était pas moins fort instructif. Il fallait doser la vitesse . Ne pas mélanger vitesse et précipitation.

Le frère Arthur venait de réussir l’exercice à son troisième passage. Il le gratifia d’une félicitation. Ah ces jeunes ! Que donnerait-il pour retrouver ses jambes et sa forme de vingt ans.

Il reprit son souffle. Ses trois passages commençaient à faire ressentir leurs effets.

Il attaqua son quatrième. Il dosa vitesse, équilibre et précision. Si un début de technique commençait à poindre, il se dit qu’elle devait être améliorée. La touche étant soit juste, soit l’esquive presque tardive. Perdu dans ses pensées, il ne porta pas pleine attention aux rondins humides. Il s’étala de tout son long.

Mordioux ! jura-t-il.

Il se releva, déconvenue. La pratique de la masse d’armes s’avérait plus délicate que prévue.

Arthur en avait terminé au troisième passage. Elle lui adressa un sourire alors que Fool le félicitait. De leur équipe, il ne restait donc que les femmes. Virginia et elle-même.

Le fierté un peu piquée de n'avoir pas encore réussi, la petite Walkyrie repartit à la charge pour une quatrième tentative.
Les deux premières quintaines n'eurent pas sa peau. Lors du tour précédent, Ellesya avait trouvé la manière de les aborder. Restait la troisième et ses rondins dérapants.
Sa technique rodée ne convenait pas encore tout à fait. Mais heureusement, le sac ne la percuta pas avec force. Pour ce dernier mannequin, elle avait alterné chute et touche. Il fallait qu'elle parvienne à le vaincre pourtant !

Plus question de sourire. Le regard acier montrait toute la concentration de la jeune femme. Elle se détourna juste un instant au « Mordioux » qui avait échappé à Fool un peu plus loin.

Cinquième passage. La détermination luttait contre la lassitude plus que la fatigue. C'était moins marrant maintenant qu'un premier avait réussi.

Absorbée par son objectif, elle s'élança. Son épée de bois heurta la première targe. La quintaine pivota. Elle sentit le souffle du sac tout proche de son visage mais l'esquive avait réussi encore une fois. Avec plus d'attention, elle s'aventura sur le terrain boueux. Comme à chaque fois, l'épée toucha sans le moindre problème. La difficulté était dans l'évitement du « retour de manivelle ». Et cette fois, sa prestation fut à ses yeux excellente. Restait la dernière, celle qui lui avait jusqu'alors causé systématiquement du souci. Avec plus de précaution et d'agilité, maintenant plus habituée aux pièges pourpensés par leur maître d'armes, elle approcha de son dernier adversaire de la course. Touche de la targe et... rien !

Enfin si ! Ravissement contenu derrière un sourire mesuré, Ellesya revenait à petites foulées. 5 passages, ce n'était pas parfait, loin de là. Mais une réussite, cela faisait toujours plaisir.

Fool préparait son cinquième passage. La plus part des participants avaient finit ou presque. Ah ses jambes de vingt ans lui faisait défaut aujourd'hui.

Il s'élança vers la première quintaine: et hop un coup parfait et une esquive non moins parfaite! pas le temps de s'autocongratuler. La seconde quintaine: le coup est moins précis et l'esquive réussi. troisième quintaine. Il touche mais le lest le touche.

Fool serra les dents de rage. Il y était presque de réussir l'exercice.

Il revint au départ et repris son souffle un instant.

Il entama son sixième tour. Il essaya cette fois de ne pas trop se focaliser sur la précision du coup et juste assez de puissance pour que le coup porte vraiment. Le lest le manqua. Satisfait de cette réussite une attaqua la deuxième quintaine. La encore la victoire fut au rendez vous même si le lest lui siffla à l'oreille, mais il n'en avait cure. Il était déjà à l'approche du dernier mannequin. Le boulet percuta une dernière fois le bouclier. Le lest fouetta l'air alors que Fool était déjà loin... Il avait réussit. Essouflé et avec quelques endroits du corps endoloris, il souriait malgré tout.

Il alla rejoindre les autres étudiants victorieux.

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