Entretien avec les représentants de la Touraine

Dernière édition par Ethan NEWTON le Mer 14 Jan 2015 - 16:21, édité 1 fois

Ainsi donc, après plusieurs semaines de léthargie, on venait le tirer de sa retraite au sein même des catacombes de la Citadelle fortifiée. Qui donc osait ainsi déranger la sérénité du Ténébreux alors même que l'hiver était à son summum ? N'y avait-il donc aucun repos possible entre deux campagnes ? Ne pouvait-on pas lui ficher la paix quand le Royaume lui l'était ?

Le garde qui était venu l'interpeller à l'entrée des souterrains du Donjon avait pris toutes les précautions pour être entendu sans avoir à pénétrer au sein même de l'antre du Blondinet. Chacun en Ryes exécrait d'avoir à pénétrer en ces lieux sur lesquels les plus sombres rumeurs circulaient entre les remparts. Seuls deux personnes y avaient élu domicile, la première étant Zalina, et la seconde lui-même. Zalina avait disparu depuis bien des années, et Ethan s'y était incrusté évitant ainsi toute relation avec le monde extérieur. La noirceur de son âme rivalisait de pair avec celle de divers couloirs et cellules des tréfonds de la Citadelle.

Renâclant à l'idée d'avoir à sortir de sa réclusion, le Chevalier s'apprêta comme à l'accoutumée. Chaussant ses bottes de cuir noir par dessus ses braies de la même couleur, il n'eut qu'à faire glisser son épée dans le fourreau de cuir pendant à sa ceinture. La cape bleu azur brodée de l'animal mythique vint prendre place sur ses épaules et masqua en partie la chemise blanche qu'il portait. Des gants de cuir noirs vinrent parachever sa vêture, aucun artifice ne venant dénoter de son rang au sein des Licorneux.

D'un pas qui aurait pu sembler lent, mais pourtant des plus décidé, il se dirigea tout d'abord à travers les méandres des catacombes. Puis débouchant par une large porte au pied du Donjon, il traversa la cour pour se rendre à l'hostellerie dans la première enceinte. C'était là l'un des rares lieux autorisés aux étrangers qui avaient eu l'opportunité de franchir les grilles. Il n'eut qu'à saluer quelques gardes qui s'effacèrent devant lui pour atteindre la salle qui avait été préparée pour l'entrevue.

Que lui avait-on dit au sujet des visiteurs ? Un Duc ... de Touraine ... voulant conclure un accord avec l'Ordre ... un accord ... que pouvait-on bien vouloir de l'Ordre qui aurait à se traduire par un accord ? Pour répondre à cela, il n'y avait qu'à patienter que les visiteurs se présentent et crachent le morceau ... le Ténébreux aviserait alors ...

Il s'installa dos à l'âtre au sein duquel quelques bûches brûlaient, réchauffant ainsi ses vieux os, et anesthésiant quelque peu la douleur sournoise de ses vieilles cicatrices.

Le Duc de Touraine accompagné de sa Chancelière avaient suivi l'homme qui les avait guidés jusqu'à la salle où se tiendrait l'entretien. C'est l'esprit quelque peu nostalgique que le Licors arpenta les couloirs de la forteresse de Ryes, forteresse où il avait séjourné plusieurs fois en tant qu'homme d'armes, forteresse également où il avait rencontré celle qui était par la suite devenue son épouse, forteresse même où il avait conquis sa main suite à un duel sur les remparts, bref, forteresse qui abritait de nombreux et beaux souvenirs. Dès lors, comment ne pas y penser ?

Une fois arrivé devant la salle en question, les deux représentants tourangeaux entrèrent. Un homme était déjà présent, le Duc pour le moment ignorait l'identité de l'individu. Son visage lui était inconnu et comme on ne lui avait pas indiqué qui allait les recevoir, il ne pouvait le savoir. D'ailleurs, comme il savait le représentant diplomatique de l'ordre absent, il pensait que ce serait le Capitaine Julios qui les recevrait et mènerait l'entretien. Ce ne fut pas le cas. Le Duc se présenta et présenta donc la Chancelière.

-Bien le bonjour. Je suis Antonio Licors, Duc de Touraine. Et voici la Chancelière de Touraine, dame Linwelin.

C'était tout... pour le moment.

Antonio Licors ! Cet Homme d'Armes qui avait fait une bien piètre apparition en Ryes il y avait de cela quelques années ... Renvoyé des murs de la citadelle pour cause d'absence prolongée et non justifiée. Et le voici de nouveau arborant fièrement un titre de Duc et accompagné d'une Chancelière. Le Bourguignon de l'époque avait troqué sa potentielle cape azur contre une couronne dorée ... Ainsi allait le monde en ces temps dépravés, où les titres venaient orner les têtes de ceux qui n'avaient pas suffisamment de force de caractère pour honorer les valeurs que l'Ordre défendait.

Au fur et à mesure des pérégrinations mentales du Ténébreux, ses iris s'embrasaient, comme cela lui était d'accoutumée lorsque que ses pensées s'assombrissaient. Le Duc ne semblait pas se remémorer qui lui faisait face en cet instant, et pourtant le Licorneux le connaissait. Pour plusieurs raisons d'ailleurs, la première étant qu'il avait participé à l'acceptation de sa candidature, la seconde qu'il l'avait eu à l'œil lors du sacre de la Reyne. Pour en finir, Ethan savait tout de tout un chacun et de ce qui se passait au sein des murs de la Citadelle. L'entrevue promettait d'être quelque peu épique.
Bonjour, je me prénomme Ethan, et suis chargé par le Haut Conseil d'entendre votre projet concernant un éventuel accord entre votre Duché et l'Ordre.

Il n'y avait et n'y aurait pas de fioritures lors de cet entretien. Ethan était connu pour sa diplomatie à grands coups de baffes, de bottes, voire même d'épée si cela s'avérait nécessaire. Il avait tenu tête aux plus grands du Royaume afin de s'assurer que les valeurs que l'Ordre avait promulgué soient toujours appliquées. C'est ce qui assurait la pérennité de l'Ordre, là où les têtes couronnées se voyaient remplacées au bon vouloir des électeurs.

Leur désignant les chaises autour de la table de bois brut, il les invita à s'asseoir.
Prenez donc place, je vous écoute.

Ethan. Le nom lui disait quelque chose. Du moins, davantage que le visage. Cependant, il ne se risquerait pas à un "on se connait ?" ou "on s'est déjà vu ?", parce que son bref passage à la Licorne n'avait pas du laisser de marque mémorable à l'individu en question. Or, le mettre en mauvaise condition dès le début de l'entretien serait forcément néfaste aux discussions et à leurs chances d'aboutir.

Toujours était-il qu'aujourd'hui, un an et demi après avoir porté la couronne ducale bourguignonne, l'ex-homme d'armes portait la couronne ducale tourangelle. Et il n'était pas là pour représenter ses intérêts, mais ceux de la Touraine. Il croyait beaucoup en ce projet et en l'idée d'un traité avec l'Ordre royal de la Licorne, traité qui pourrait être profitable aux deux parties.

A l'invitation de son interlocuteur, le Duc prit donc place et exposa les premières lignes de son projet.

-Bien. Pour commencer, je souhaite vous proposer d'établir une convention diplomatique, autrement dit un traité, qui lierait le Duché de Touraine et l'Ordre royal de la Licorne.
Je pense que les deux parties auraient à y gagner.

-De notre côté, la Touraine s'engagerait à reconnaître déjà officiellement l'Ordre royal de la Licorne mais surtout à octroyer plusieurs droits aux membres de la Licorne, sur le territoire tourangeau, droits qui s'appliqueraient même en cas de frontières fermées ou de levée de ban.

Ces droit seraient : le droit de port d'armes en tout temps, le droit de passage en tout temps également, le droit pour les armées de l'ordre de traverser et même se stationner en Touraine (il sera néanmoins courtois d'informer le Duc de Touraine des déplacements de l'armée en question avant l'arrivée sur le sol tourangeau, pour qu'il prévienne les autorités afin qu'elles ne soient pas surprises), le droit pour les membres de l'ordre qui sont également vassaux du Duc de Touraine, d'être dispensé du devoir d'aide armée si ils sont mobilisés par l'ordre. En plus de cela, la Touraine pourrait mettre à disposition de la Licorne une parcelle de ses terres afin qu'elle s'y établisse lors de son passage en Touraine.

-En contre partie, l’Ordre Royal de la Licorne prendrait l'engagement de protéger les terres tourangelles en proposant son épée, en cas de menaces avérées (déclaration de guerre, menace validée par les institutions royales comme la Connétablie de France) ou d'attaques, tant qu'icelles ne mettent pas en cause les intérêts de sa Majesté le Roy de France bien évidement.
Cela passerait par la mobilisation immédiate des membres de l'ordre qui résident en Touraine, lorsque ceux si ne sont pas mobilisés. Ces membres représentent tout de même un certain nombre, j'en compte pas moins de cinq actuellement.
Dans un souci de paix et de concorde, la Licorne pourrait se proposer comme interlocuteur neutre en cas de conflit entre la Touraine et une autre province, en proposant l'établissement de négociations.

-Qu'en pensez vous ?

Les grandes lignes étaient données, qu'en pensait le diplomate licorneux ?

Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 13/01/2015

Ethan NEWTON a écrit:: Prenez donc place, je vous écoute.

La chancelière entra avec sa grâce le duc de Touraine et fit un rapide tour d'horizon des lieux, balladant ses prunelles puis vint les poser sur la personne qui les recevait, dénommée Ethan, celui là même à qui elle avait adressée missive mais le pigeon avait du s'égarer dans la citadelle car il n'était point revenu en son pigeonnier.

Heureuse donc que le destinataire ne soit pas un mythe, Lin' s'inclina et alla s'asseoir à l'invitation de ce dernier, laissant sa grâce le duc de Touraine entamer le dialogue.

Ça y'était, sa Grâce crachait le morceau ... Au fur et à mesure qu'il l'écoutait, les paupières du Licorneux s'entrefermaient, ne laissant qu'un mince filet ne permettant pas à ses interlocuteurs de deviner l'éclat brûlant du regard de braise qui les observait. Comme déjà exprimé, la diplomatie n'était pas son truc, et c'était par ailleurs pour cela qu'on l'avait collé à ce poste, car bien rares étaient les ineptes osant s'aventurer à concilier avec la Licorne.

Il avait écouté tout le discours sans broncher, même si l'envie irrésistible d'intervenir dès le premier couplet l'avait titillé. Et lorsque le Duc vint à lui demander son avis, il n'eut qu'à choisir de quelle manière il allait lui répondre. S'il n'avait eu à représenter l'Ordre, il aurait appliqué la méthode du coup de botte dans le fondement. Il respira profondément avant de planter son regard dans celui de son interlocuteur. D'une voix posée et monocorde, il s'appliqua à mesurer ses propos afin de ne pas froisser sa Grâce ...

Vous dites vouloir vous engager à reconnaître officiellement l'Ordre Royal de la Licorne ... Un Ordre Royal obtient sa reconnaissance du Roy ou de la Reyne, et non de chacun des duchés ou comtés qui composent le Royaume à ma connaissance. Que pouvons-nous donc faire de votre reconnaissance ? Douteriez-vous des facultés Royales à reconnaître la valeur d'un Ordre et des membres qui le composent ? Est-ce pour cela que vous avez préféré nous quitter ?

Pour ce qui est des droits que vous escomptez nous octroyer, je vous rappelle, puisque votre mémoire semble vous faire défaut, que toute mobilisation de l'Ordre prévaut sur n'importe quelle autre pour chacun de ses membres. Vous n'avez donc pas à dispenser nos membres vassaux ou non, résidants en votre Duché. Vous voulez nous autoriser à porter armes et à nous autoriser le libre passage en tout temps, à titre individuel ou à nos armées ? Que pourrions-nous bien faire de ce droit si ce n'est nous pavaner sur vos terres ? Croyez-vous que nous passions tout notre temps à guerroyer ? S'il advenait que nous ayons à traverser ou à séjourner en Touraine, ce serait soit pour la défendre soit pour la combattre. Dans les deux cas, nous n'aurions que faire d'un tel droit, et si besoin en était, ce serait de la Royauté elle même que nous le recevrions.

Quant aux contreparties que vous souhaitez, nous n'avons pas à nous engager à vous défendre plus qu'aucun autre des duchés ou comtés du Royaume de France. Cela fait partie intégrante de notre Charte ainsi que de notre Reconnaissance Royale. Aucun couronné quel qu'il soit n'aura jamais la main mise pour pouvoir mobiliser à son bon vouloir les membres de la Licorne résidant en ses terres, seul le Grand Maître peut en décider. Qu'il ait prêté serment ou non, tout Licorneux, quelque soit son rang, se doit de recevoir autorisation du Haut Conseil avant de participer à une quelconque mobilisation. Pour ce qui est de l'aspect de négociation, cela fait aussi partie de notre Reconnaissance Royale.

Apprenez que la Licorne n'est pas à vendre, ni à louer, et qu'elle n'a que faire d'une parcelle de terres perdues en Touraine. Vous n'avez rien à offrir que la Licorne ne possède déjà. Vous n'avez regardé que votre propre profit, éludant par là même l'Honneur d'un Ordre auquel vous avez souhaité un jour appartenir. Mais peut-être était-ce là tâche bien trop ardue.

Vous semblez vouloir bénéficier dans une force armée à votre service, je ne puis donc que vous conseiller d'investir dans un OST digne de ce nom. Il est certain que cela coûte bien plus cher qu'un droit de passage, qu'un écrit de reconnaissance, ou qu'une parcelle en friche. Mais à défaut, tous vos vassaux ont déjà tout cela, alors pourquoi ne pas les enrôler ?

Vous souhaitiez réponse à votre proposition, et je me doute que vous n'escomptiez pas celle-ci. Vous n'êtes pas le premier à vous être aventuré sur ce terrain glissant, mais pour les derniers c'était il y a de cela fort longtemps. Donc à moins que vous ayez d'autres propositions à me soumettre, je pense que nous en avons terminé.

Le visage du ténébreux était demeuré de marbre, ses pupilles inquisitrices figées sur le visage du Duc y dénotant toutes les indications nécessaires à la poursuite ou non de cette discussion. Il ne fallait pas réveiller l'Ours qui hibernait avant son réveil printanier ...

La diplomatie, le tact, la courtoisie, plus que quiconque, le Duc devait en user. Apparemment, ce n'était pas le cas de tout le monde à la Licorne. L'écuyer de l'époque avait visiblement pris la grosse tête que le Duc de Touraine aurait bien eu envie de dégonfler, mais afin de ne pas tendre les relations avec la Licorne à cause d'un pauvre homme, il décida de jouer de son verbe habile et diplomate pour répondre aux piques irrespectueuses du mégalo.

-Juste une question, c'est vous le responsable des relations diplomatiques de l'Ordre ?

Question rhétorique puisqu'il connaissait la réponse. Mais à l'écoute de la dernière intervention de l'homme, il y avait de quoi se poser des questions. Le Duc poursuivit, d'un ton calme et serein.

-C'est bien dommage que vous preniez les choses ainsi. Que vous me preniez de haut, que vous preniez de haut la Touraine, que vous mêliez à cet entretien qui concerne le Duché de Touraine et l'Ordre de la Licorne des affaires personnels et notamment ma décision de quitter la Licorne il y a quelques années de cela, que vous vous preniez pour le "patron" dans cet entretien, que vous interprétez nos propositions qui ne font aucunement référence à "un achat" ou à une "location" de la Licorne par la Touraine, que vous souhaitiez clore cet entretien alors qu'il commence à peine.

Sachez que ne vous en déplaise, certains des membres de la Licorne sont mes vassaux, les vassaux du Duc de Touraine et si celui-ci lève le ban, ils devront répondre à leurs devoirs envers leur suzerain et notamment l'aide et le service armé, auquel cas ils encourraient une perte de leurs fiefs, titres et prérogatives. Si vous pensez que les devoirs d'un membre de la Licorne prévalent sur les devoirs d'un vassal de la Touraine, vous faîtes erreur.

Sachez également que ne vous en déplaise, si le Duché de Touraine décide de priver les membres de la Licorne - hors tourangeaux il va de soit - de passage et de port d'armes sur ses terres, ils devront le respecter au risque de se retrouver -au mieux- en procès -au pire- une épée entre les yeux.

Peut-être que votre temps est précieux, mais croyez vous que ce n'est pas notre cas à la Chancelière et à moi ? Nous ne sommes pas venus pour nous faire traiter de la sorte, nous sommes venus discuter avec un représentant mature, intelligent et respectueux de l'Ordre royal de la Licorne. Or, ce ne semble pas être votre cas. Vous insolence et votre irrespect n'est pas digne de l'Ordre de la Licorne, aussi nous demandons à parler à un autre représentant de la Licorne. Retournez donc vaquer à vos occupations.

Et le Duc adressa un regard à la Chancelière pour la rassurer, restant assis, attendant que l'homme aie chercher un autre représentant, Julios par exemple.

Ainsi donc, la vraie nature du couronné se dévoilait enfin. Il crachait son venin tel le serpent acculé, espérant ainsi déstabiliser le LIcorneux. Mais il en fallait tout de même un peu plus pour effrayer le Ténébreux qui en avait vu bien d'autres au cours de sa vie. Même la plus redoutée des GMF d'une époque révolue n'avait pas réussit à lui faire courber l'échine, alors pour ce qu'il en était du Ducaillon ... Le Blondinet se fit donc presque une joie de répondre à l'infortuné, tout en conservant une voix neutre dépourvue de toute émotion.

Puisque votre mémoire semble quelque peu défaillante, je vais vous rappeler quelques uns des préceptes qui régissent l'Ordre. En tout premier lieu, il est notoire que tout membre de l'Ordre a la permission d'intégrer des armées ou organismes politiques régionaux, dans le respect de la charte de la Licorne et de la Législation Royale. Il doit cependant savoir que la Licorne doit passer avant tout le reste. De même, tout membre ne peut entrer en guerre qu'avec l'accord du Haut Conseil et de Sa Majesté, à moins qu'il ne s'agisse de la défense des terres de ce dernier contre l'agression d'une puissance étrangère et/ou criminelle. Cependant, le Haut Conseil a le droit de refuser à ses membres de participer à une guerre qui ne requiert pas son accord, s'il estime que les valeurs prônées par la Charte de l'Ordre ne seraient pas respectées par un engagement militaire. Vous comprenez donc, je l'espère, que la Licorne prime sur votre Duché, ainsi que sur tous les autres. En ce qui concerne les choix matériels de nos frères et sœurs, concernant leurs fiefs, titres et diverses prérogatives, ils savent tous ce qu'ils encourent à assumer leur vassalité ou non. De même qu'ils savent tous la valeur des serments qui les lient à la Licorne. Chacun demeure cependant libre de ses choix, mais aussi d'en assumer les conséquences.

Pour ce qui est de votre prérogative à refuser notre passage en vos terres, je ne l'ai nullement nié. J'ai toutefois appuyé sur le fait qu'en cas de conflit, ce droit ne vous appartiendrait probablement pas. Cependant, de grâce, je vous prierais d'éviter toute menace à l'encontre de la Licorne ou de l'un de ses membres.

Quant à vos derniers propos, il ne me semble pas vous avoir à aucun moment insulté. Si votre passé en ces lieux vous pèse tant, il n'appartient qu'à vous de l'assumer. Mais n'allez surtout pas rejeter sur les autres la responsabilité de vos propres choix.

Ne vous en déplaise, personne ne viendra à votre secours pour valider votre proposition actuelle. Mais cependant, inversons les rôles un instant. Imaginons-vous dans le rôle du Grand Maître de l'Ordre, puisque diriger vous sied tant. Dites moi donc tout d'abord si cette proposition vous semble acceptable, et en quoi elle l'est au regard des valeurs qui régissent l'Ordre, puisque vous semblez convaincu que la Licorne a quelque chose à y gagner. Et ensuite, s'il advenait que vous restiez sur votre position, pourquoi la Touraine plutôt que le Limousin, ou Toulouse, ou que sais-je encore ? Pour en terminer, pourquoi la Licorne n'a t'elle jamais validé de tel traité ? Si par vos réponses vous parveniez à me convaincre, je m'engage à les transmettre au Haut Conseil. Mais en l'état actuel, c'est hors de question. Peut-être n'avez-vous pas l'habitude que vos vassaux vous tiennent tête, mais je ne suis pas votre vassal, et en ces lieux vous n'avez que le droit de parole, pas celui de décider de ce qui est bon ou non pour la Licorne.

Le Ténébreux lui aurait bien collé une mornifle dans les gencives, histoire de rappeler à sa Grâce qu'elle ne bénéficiait d'un titre et d'une couronne que par la bonne volonté de ses électeurs, et qu'ils pouvaient la déchoir aussi vite qu'ils l'avaient assise sur son joli trône. Si lui le Licorneux était assis en face de ce nobliau, c'était par la nature même de son dévouement pour le Royaume, malheureusement peuplé aussi d'une poignée d'illustres arrivistes ne voyant que leur intérêt personnel. Son serment il l'avait prêté pour la vie, pas pour la durée d'un mandat, et il n'en serait délivré qu'à sa mort. Mais tout ça, c'était là des choses bien difficiles à faire comprendre à un cerveau aussi dénué d'humilité que celui qui lui faisait face. L'un voyait la protection de sa jolie petite couronne, l'autre avait foi en une cause. Le Licorneux posa ses deux mains bien à plat sur la table, faisant ainsi abstraction de l'idée d'une bonne correction qui s'immisçait en son esprit, portant toute son attention aux prochains propos de son interlocuteur.

Comme quoi certains n'avaient de chevaleresques que leur titre, preuve en était aujourd'hui.

-Vous voulez jouer au "rappel de la Charte". Allons-y.
"Un Chevalier de la Licorne se doit d’être courtois et de donner une bonne image de la Licorne. Tous propos déplacés seront sanctionnés.
Un Chevalier de la Licorne doit savoir se maîtriser. Cependant il n’en est pas moins Homme et peut avoir des paroles déplacées. Si tel est le cas, il devra présenter des excuses publiques.
Un Chevalier de la Licorne se doit de faire preuve de galanterie envers les dames."

Je m'arrête là, mais cela vous fait déjà beaucoup de vos devoirs à réviser. Sans doute était-ce votre occupation avant notre entretien, dans ce cas, je ne voudrais pas prendre davantage de votre temps.

Vous mêlez ma personne à cette discussion qui concerne la Touraine et la Licorne, vous faîtes donc preuve d'un manque de maturité et d'intelligence, ce n'est pas une insulte, c'est un constat.

Vous me proposez d'inverser les rôles ? Mais vous n'êtes pas Grand Maître de l'Ordre de la Licorne il me semble ? Enfin, je n'aurais pas contrairement à vous l'impertinence de me prendre pour ce que je ne suis pas, c'est à dire le Grand Maïtre de cet ordre. Vous n'êtes pas en capacité de m'écouter, de nous écouter avec la Chancelière, je contacterai un autre haut représentant de l'ordre, car heureusement, ils ne sont pas tous comme vous.

La bonne fin de journée.

A la Chancelière.

-Allons-y, nous avons suffisamment perdu de temps. Nous parlons à un sourd.

Nombre de messages : 3 Date d'inscription : 13/01/2015

Lin' avait écouté la joute verbale entre les deux hommes. Intuitivement, elle ne fut pas du tout surprise de l'issue cette entrevue en réalité.

Elle barra le projet de concordat avec cet Ordre, projet qui ne viendrait pas s'ajouter aux 3 autres concordats des autres ordres royaux.

Elle se leva à l'invitation du duc de Touraine, il est clair que là aucune envie de rejoindre cet ordre ne lui viendrait à l'esprit, au cas où cette envie lui aurait prise un jour.

Il ne représentait pas du tout la chevalerie telle que Lin' la voyait.

Un sourire, et un salut courtois.

"Je vous souhaite une belle fin de journée. Je vous remercie de votre réponse à ma missive, je passerai récupérer mon volatile qui sera mieux dans mon pigeonnier."

Bah oui, elle prenait soins de ses tourterelles, pour être sure qu'elles soient bien traitées.