Trufaldin, poulain ardennais (né en 1461)

De retour de Paris où il avait été convié à l'une de ces cérémonies toute de paraître et d'attitudes compassées ou faussement détendues dont il était si peu friand, Guillaume avait rejoint la Normandie, un nouveau compagnon à ses côtés. S'il avait été gratifié du don d'un poulain par les écuries royales qu'il dirigeait quelques années plus tôt, Guillaume savait que c'était l'Ordre qui était ainsi remercié. Le Grand Écuyer de France le lui avait en effet clairement dit. La question ne s'était pas posée et, au sortir de Vincennes, laissant ses compagnons de route, il couvrit rapidement la distance qui le séparait de Ryes. Là, il traversa rapidement le village qui se remettait doucement des blessures infligées par la troupe de brigands qui avait pris la forteresse pour cible et, après avoir salué l'équipe du poste de garde, il obliqua en direction du haras. Un instant il se rappela l'homme à qui celui-ci devait son nom, souriant au souvenir de ses coups d'éclat et, tout aussi vite, soupirant lorsqu'il se rappela comment il tomba, seul, dans la neige.

Chassant ses sombres pensées d'un imaginaire revers de la main, il glissa de sa selle, prit Trufaldin par la longe que lui abandonna le valet qui le suivait depuis les bords de Seine, et chercha le frère en charge des lieux. C'était à lui qu'il avait à s'adresser, désormais. C'était lui qui aurait à veiller sur le jeune animal, ce qui, au vu du degré d'exigence de la premier écuyer de France, ne serait pas une mince affaire...

J'étais à inspecter les écuries ce jour-là. Le monde ne se pressait pas au portillon comme on pouvait dire et j'avais tout le temps de m'occuper des petits travaux d'entretien. C'est en me relevant que je vis le chevalier de Jeneffe. Je lui adressais un sourire un peu gêné, en pensant à mon état général. Il faut dire aussi que je ne m'attendais pas du tout à le voir arriver ici. Je posais mon regard sur le poulain. Je m'approchais de lui et lui tapota l'encolure. C'était une belle bête et il ne faisait aucun doute qu'avec les soins appropriés, il deviendrait un bel étalon. Je regardais Guillaume.

- Bonjour chevalier. C'est un plaisir de vous voir. En quoi puis-je vous être utile ?

Sujet: Re: Trufaldin, poulain ardennais (né en 1461) Lun 7 Sep 2015 - 21:28

- Ah, Malwyn, vous voici ! fut la spontanée réponse de Guilllaume à la question de l'écuyer. Je remercie toujours le Très Haut chaque fois que je vous vois et que la forteresse n'est pas attaquée, acheva-t-il dans un sourire.

Sans faire plus de manière, la bataille avait abattu les frontières qu'avaient dressé l'éloignement entre le Flamand et ses frères d'Ordre, il imposa dans les mains de son interlocuteur les rênes du poulain qu'on lui avait offert à Paris. Il se détourna ensuite pour poser, un peu longuement, son regard sur l'animal. Un temps il pensa à ce qu'il aurait pu être en Flandres, s'il n'avait pas été offert en bord de Seine mais acheté à quelque marché aux chevaux. Élevé dans les alentours de Marchiennes, dressé le long de la Scarpe, chevauché entre Marchiennes et Tournai, Trufaldin aurait pu être l'une de ses montures qu'il aimait tant. Mais l'imagination n'était qu'une illusion dans l'esprit du chevalier. Il se savait trop âgé, désormais, pour avoir encore le temps de conduire de tels projets.

Revenant à l'écuyer, il poursuivit donc enfin : « Voici Trufaldin, un poulain ardennais âgé de deux ans. Il m'a été offert par la première écuyer de France, Elisabeth Stilton. Mais c'est tout l'Ordre qui est remercié par ce don. Je n'ai en somme servi que de prête-nom », rigola-t-il. « Et puisque vous êtes désormais en charge du haras, c'est à vous que revient la responsabilité d'en prendre soin. Voila tout ».

Voila tout ? Vraiment ? N'était-ce pas un peu un cadeau empoisonné ?

Sujet: Re: Trufaldin, poulain ardennais (né en 1461) Ven 11 Sep 2015 - 13:16

En prendre soin...Je regardais Guillaume un sourire aux lèvres, pensant en moi-même qu'il y avait encore quelques mois en arrière, le monde du cheval m'était inconnu. Je n'étais pas très ami avec ses bêtes, forte utile, je ne le niais pas, mais il existait des incompatibilités parfois et les chevaux en était une. Pourquoi avoir pris le haras dans ce cas ? Et bien tout simplement parce que j'aimais relevé des défis et que celui-ci en était un de taille : devenir ami avec les chevaux.

Je serrais donc les rennes que Guillaume venait de me mettre dans la main et posa mon regard sur lui. J'aimais tout le monde à la licorne, mais il y avait 4 personnes que j'appréciais plus particulièrement et Guillaume en faisait parti. C'était mon mentor au même titre que Sya.

- Je vais en prendre soin, vous pouvez me faire confiance. Il sera le poulain le plus heureux du royaume.

Sujet: Re: Trufaldin, poulain ardennais (né en 1461) Mer 14 Oct 2015 - 12:56

Tapotant doucement la croupe de l'animal, Guillaume ne parvenait pas véritablement à se rassurer, Non que les paroles de l'errant l'emplissent de doutes, mais bien quant à lui-même. Son âge, il le sentait chaque jour, chaque instant, était un poids permanent. Il n'avait plus que rarement l'énergie suffisante pour rester de longues heures éveillés, à la seule lueur des bougies. Les combats, certainement, l'avaient usé. S'il parvenait encore à faire plus ou moins bonne figure au sein des conseils où il était convoqué, ce n'était qu'au prix de douloureux efforts, et d'une fatigue qui n'en finissait pas de croître. Heureusement, sans doute, ses pairs étaient dans le même état, ce qui leur cachait peut-être la réalité. Mais le chevalier, lui, n'en était que trop conscient.

Ce ne fut qu'au terme d'un nouveau silence qu'il répondit à son interlocuteur : « Heureux et en forme. C'est là tout ce que je vous demande. D'ici quelques mois ou années, il sera prêt à être monté, puis à produire de nouveaux poulains pour l'ordre. Qui sait si ce ne sera pas vous qui le chevaucherez, lors d'une future guerre ou d'un prochain tournoi ? Si l'Ordre ne se renouvelle pas également dans sa maîtrise de la monte, et dans ses réserves en chevaux de guerre, c'est aussi de là que viendra sa fin. Mais heureusement, la jeunesse, votre jeunesse, devrait éviter cela, j'en suis certain. »

Sujet: Re: Trufaldin, poulain ardennais (né en 1461) Mer 14 Oct 2015 - 12:58

Tapotant doucement la croupe de l'animal, Guillaume ne parvenait pas véritablement à se rassurer, Non que les paroles de l'errant l'emplissent de doutes, mais bien quant à lui-même. Son âge, il le sentait chaque jour, chaque instant, était un poids permanent. Il n'avait plus que rarement l'énergie suffisante pour rester de longues heures éveillés, à la seule lueur des bougies. Les combats, certainement, l'avaient usé. S'il parvenait encore à faire plus ou moins bonne figure au sein des conseils où il était convoqué, ce n'était qu'au prix de douloureux efforts, et d'une fatigue qui n'en finissait pas de croître. Heureusement, sans doute, ses pairs étaient dans le même état, ce qui leur cachait peut-être la réalité. Mais le chevalier, lui, n'en était que trop conscient.

Ce ne fut qu'au terme d'un nouveau silence qu'il répondit à son interlocuteur : « Heureux et en forme. C'est là tout ce que je vous demande. D'ici quelques mois ou années, il sera prêt à être monté, puis à produire de nouveaux poulains pour l'ordre. Qui sait si ce ne sera pas vous qui le chevaucherez, lors d'une future guerre ou d'un prochain tournoi ? Si l'Ordre ne se renouvelle pas également dans sa maîtrise de la monte, et dans ses réserves en chevaux de guerre, c'est aussi de là que viendra sa fin. Mais heureusement, la jeunesse, votre jeunesse, devrait éviter cela, j'en suis certain. »

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