Acquisition de l'hôtel particulier

Puisqu'il avait été un des timoniers - pas le Grand, hein, il laisse ça aux psychopathes - des discussions qui avaient accouché du texte incriminé, Guillaume répondrait aux zamoureux. Oui, en tant que narrateur, je peux écrire ça. C'est honteux, je sais, mais je sais vivre avec. Et d'façon, je fais surtout ça pour avoir droit à un retour de bâton des deux marionnettistes qui me font face. J'sens bien le combo dans ma trogne tiens moi...

Bref, faisons semblant de savoir rôliser.

Le goût d'une bière bien fraîche – normal vu la saison – toujours dans le gosier, le Flamand, souriant, une fois devait devenir coutume, salua ses deux amis/frère-sœur d'armes/collègues de troubles du comportement à tendance névropathe. Il les laissa achever leur première salve de questions, histoire de ne pas se retrouver à parler en même temps qu'eux. Non seulement était-il d'une étonnante courtoisie, surtout à un âge où, normalement, on beuglait dès qu'un gamin passait à fond de balle – lisez à trois à l'heure – sur son vélo à moins d'un kilomètre, mais surtout le narrateur que je suis voit-il très mal comment écrire une cacophonie sur forum. Oh, ya moyen, j'en doute pas, mais j'ai la flemme de chercher.

Arf, j'ai encore fait du mélangisme ! Si on essayait avec les dialogues, du coup?

- La somme, rassurez-vous, ne sera pas prélevée dans les caisses dont Karyaan a la gestion. Si ça avait été le cas, on serait bien évidemment venu poser la question de la faisabilité de la chose avant de la décider. On est bêtes mais pas idiots. Enfin, pas tout le temps. La somme viendra en fait avant tout des réserves d'Amboise et de Marchiennes, donc de fonds personnels, et en partie, bien moindre, des revenus que l'on tire du village de Ryes et qui sont, principalement, réservés à la gestion quotidienne de la forteresse. Mais vu que l'on est moins nombreux pour le moment, ce qui amène moins de dépenses pour le fourrage, le chauffage et les vivres, et que, le Très Haut en soit loué, les revenus du village se maintiennent, on a pu se composer une, petite, réserve supplémentaire. Que nous avons décidé d'utiliser, là aussi en partie, pour cet achat. Voila pour ce qui est de la viabilité économique de l'entreprise.

Diable, il avait presque oublié que ça donnait soif de parler autant. Et pas de godet à portée de main ! Bon, pas le choix, faudrait poursuivre sans pause.

« Quant à la raison de cet achat, elle tient simplement au fait que la tour risquerait de ne pas suffire, entre autres pour l'entreposage de matériel ou l'hébergement d'invités. Jusqu'à présent on s'entendait en cas de besoin avec des aubergistes du coin, mais vu que le bâtiment était disponible pour l'achat et proche, et qu'on nous en a proposé l'achat, justement, c'était l'occasion d'éviter les soucis d'intendance une bonne fois pour toute ».

Voila, il avait fait le tour non?

Julios venant, non à la rescousse mais en manière de deuxième voix du canon, Guillaume acquiesça, sans quitter les yeux de Rhuyzar, aux dires du Languedocien.

- Tu le dis toi-même, mon frère. La Couronne est souvent oublieuse de ceux qui la servent. Si jusqu'à présent elle ne nous a, et heureusement, pas jugé indigne de défendre la porte Saint-Michel, je préfère disposer d'une solution de repli si ce devait arriver. Et comment mieux se rappeler aux bons, ou mauvais, souvenirs des Parisiens qu'en y disposant d'un hôtel en propre. Il sera alors plus facile, ou moins compliqué, de reprendre la tour si l'on continue à la surveiller de près. Tu le vois, c'est non un fief, plutôt un bastion. Et, obédience royale faisant, on ne peut se priver de ce relais parisien. Quant à Ryes, comme tu l'as vu, on ne l'oublie pas. Gauvin venant de renforcer ses remparts et sa porte.

Pour ce qui est de payer notre débiteur, oui, c'est assez désagréable comme sensation. Sans doute est-ce là l'habitude de rendre des créances depuis des années sans que rien ne revienne à part, parfois, des mercis. Et pourtant on continue de se saigner aux quatre veines pour lui. Sans doute aurions-nous pu négocier cela autrement, oui, sans doute...

Et bien que personne n'aie reproché à Karyaan d'avoir assuré le ravitaillement de l'armée, et j'eus avec plaisir passé mon espadon dans la panse de celui qui s'y serait essayé, quoique tu m'aurais sans nul doute pris de vitesse, si les choses se sont compliquées, c'est, et tu sais que c'est ce que je veux éviter à l'avenir, parce que l'on ne réussissait pas à se comprendre. Quand elle disait vert le Conseil entendait bleu et quand nous disions orange elle entendait brun. Crois-moi si tu veux, j'essaye que ça change. Je suis encore plus las de cette situation que de voir l'incompétence de la connétablie. Mais bon, ce ne sont là que mes mots...