Nul besoin de longs discours, Victoire l'avait simplement écoutée, en dodelinant du chef, car même si elle comprenait la décision d'Ellesya, jamais, ô grand dieu jamais elle se serait permise de la juger. Comme dit l'expression chacun balaye devant sa porte, et Victoire avait bien assez des doubles battants de sa Commanderie.
Cependant, elle lui avait promis d'être là, au delà des murs de Ryes, juchée sur sa jument, à l'abri d'un tronc d'arbre elle l'attendrait.
Au loin il y avait quelques hommes d'armes qui sur les courtines veillaient sur les alentours, et parce que forcément les lieux ne lui étaient pas inconnus elle eut une pensée pour Enguerrand, celui qu'elle se plaisait à nommer Idole, depuis qu'elle l'avait désigné pour qu'il lui remette ses fameux éperons d'or. Préférant chasser de son esprit les souvenirs d'antan et ne pas songer à ce qu'ils avaient de bon.
Victoire se contenta d'observer l'horizon encore trouble, enveloppé par la froide saison, alors qu'un pli lui fut porté, signifiant que le point de rendez-vous était le repaire de Sya .
Pour se réchauffer elle fit d'abord le tour des remparts, tel un automate, un pas après l'autre, inspirant expirant tout en chassant l'air glacial contre le col de sa veste. La Forteresse était bien gardée, aussi l'on ne pouvait discerner les possibles mines conspiratrices et les éventuels murmures étouffés. Une bogue sous son pied, craqua. L'oeil d'azur vogua un instant sur sa botte avant de se fixer sur la chataîgne écrasée avant de reprendre sa monture et rejoint le village
Au fond de sa poche une petite flasque contenant un alcool des montagnes, qu'elle ferait boire à Ellesya avant qu'elles ne reprennent la route. Ensuite elles galoperaient, à travers monts et vallées, elles galoperaient jusqu'à la nuit, et peut-être échangeraient-elles quelques mots, ou bien le silence suffirait-il à les accompagner.
Ellesya avait fait son choix. Ainsi va la vie et ses aléas.....