[RP] La herse du poste de garde

Nombre de messages : 264 Grade : Ecuyer Date d'inscription : 19/05/2017

La herse était baissée. Orthon venait de prendre son poste après avoir remercié les soeurs qui avaient surveillé l'entrée de la forterresse. La pluie de la nuit avait rafraîchi l'atmosphère. Les gardes étaient en faction, l'oeil vif. La route serpentait dans la campagne, rien à signaler. Les sentinelles, sur le chemin de ronde, au-dessus de la porte ne remarquaient rien non plus dans la campagne. Ni bûcheron, ni paysan à l'horizon et peu de voyageurs aux alentours. Il y avait bien quelques cavaliers, mais ils passaient leur chemin.

Dans le poste de garde se trouvaient deux soldats. L'un écrivait sur un registre le rapport de la nuit pendant que le second astiquait une dague. Le mobilier était spartiate, une table, deux chaises. Un falot éclairait la pièce et pour décoration sur un mur, des cartes de royaume. Une sentinelle, non loin de la herse, pique à la main, était prète à se montrer en cas de besoin. A son air, il ne fallait pas lui conter une histoire à dormir debout.

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Orthon s'approcha de la herse. L'odeur de terre mouillée avait envahi les lieux. Il posa ses deux mains gantées sur le fer protecteur. Au loin, des chiens aboyaient, des corbeaux volaient en groupe, se dirigeant vers les champs et saluant au passage les soldats de leur cri lugubre. Surveiller faisait partie de la première mission des frères et soeurs. Ce n'était pas d'une excitation inouïe, mais il fallait le faire pour le bien de la communauté.

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Prenant à son tour une pique, Orthon commença sa surveillance, répétant dans sa tête toutes les recommandations que lui avait dispensé son parrain Gauvin. Il ne serait pas longtemps seul à son poste car il savait pour avoir lu le registre qu'un second frère serait non loin de lui.

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La nuit s'était bien passée. Rien d'anormal.Les coqs commençaient à chanter et les hommes à leurs postes s'étaient relayés régulièrement. Orthon était déjà debout. Il rassembla la petite garde.

Allez, tout le monde devant la herse au garde à vous !

Les quelques hommes se hâtèrent et s'alignèrent contre un mur. La sentinelle, à la herse, ne cessant de regarder vers l'extérieur.

Bien, bonne réactivité ! dit Orthon. Vérification de votre équipement !

Il passa devant les hommes, s'arrêtant devant chacun d'eux. Regard perçant sur les tenues, contrôle des épées et des piques, elles étaient propres et acérées. Casques et plastrons étaient également très bien entretenus.

Bien, rien à redire, vous pouvez aller vaquer à vos occupations dit-il en souriant.

Orthon entra à nouveau au poste de garde. Il s'assit à la table et rédigea le rapport de la nuit.

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Entre poste de garde et chemin de ronde, Orthon allait et venait sans jamais s'éloigner trop longtemps de l'entrée principale. Finalement, voilà déjà quatre jours qu'il était le seul frère à la herse. Heureusement qu'il se trouvait avec les sentinelles sinon le temps lui aurait semblé très très long. Il faisait son boulot sans se soucier des éventuelles explications, fort heureusement il était à Ryes et non sur un campement ou en surveillance proche de lignes ennemies, car la moindre absence à un poste pouvait avoir de graves conséquences. Bref, il rassembla les hommes de gardes et fit lever la herse.

Orthon décida de faire contrôler la première charrette venue. Il n'eut pas longtemps à attendre. Au bout du chemin se profilait un équipage. Il fit sortir quelques soldats et les aligna sur le chemin, barrant ainsi le passage à la charrette.

Aujourd'hui, nous allons faire un exercice de routine. Imaginez que nous soyons en alerte et l'ordre donné est de vérifier le contenu des chariots rencontrés. Bien entendu, il vaut mieux agir devant la forteresse que laisser entrer un équipage qui pourraient des intetions malhonnêtes. Je vous laisse faire. dit Orthon à de jeunes recrues.

Au même instant, une seconde charrette arrivait cahin-caha.

Bien, de la paille et du bois aujourd'hui, je vous regarde !

Les soldats, postés sur le chemin firent signe d'arrêter. Orthon, près des sentinelles à la porte de la tour, observait la situation. Le chargement de bois fut le premier intercepté alors que la livraison de paille était encore un peu loin.. Les soldats entourèrent rapidement la charrette de bûches.

Bonjour, dit un soldat Nous devons vérifier votre contenu. Ce ne sera pas long.

Faites donc ! maugréa l'un des conducteurs.

Pendant qu'un homme se plaçait devant les boeufs, un autre observait le tâcheron et les deux derniers vérifiaient le chargement de bois. Un coup d'oeil rapide vers Orthon de l'un des gardes et sur un simple hochement de tête de ce dernier, le soldat fit comprendre au conducteur de continuer sa route. La seconde charrette s'arrêta à son tour. Le même scénario se déroula mais Orthon fit signe non de la tête.

Vous apprendrez qu'il ne faut pas hésiter à fouiller la paille, le foin, la luzerne ! dit-il en s'avançant.

Il grimpa sur la charrette et sortit son épée.

Vous pouvez vous placer vers le conducteur, sur son siège et/ou vous prenez appui sur les roues à l'avant et/ou à l'arrière et là, vous piquez à plusieurs endroits, au hasard. Un homme caché là-dessous saura vite nôtre rôle. S'il ne se découvre pas rapidement, tant pis pour lui, vous sentirez une résistance et votre arme sera teintée de rouge !

Orthon sauta lestement sur le sol.

Encore un détail, en admettant que le plancher soit épais et que votre épée ne passe pas entre deux lattes, penchez-vous sous la charrette, il est déjà arrivé qu'un passager voyage incognito, après avoir tendu deux cordes afin que son corps repose par ses épaules ou sous ses bras et ses pieds, soit découvert ainsi. Ce n'est pas confortable, évidemment, mais c'est aussi pour pouvoir entrer dans une ville sans trop se faire voir !

Les soldats répétèrent machinalement les gestes indiqués et laissèrent partir le convoi.

Soyez toujours vigilants, il ne faut rien omettre. Si je n'ai pas signalé le fait de se pencher dessous le premier convoi, j'attendais de voir au second si l'un de vous le ferait, comme cela n'a pas été le cas, autant vous le faire savoir. Mais attention, la prochaine fois si ce n'est pas fait et que je sois présent, il y aura de la corvée dans l'air ! Sinon vous avez bien travaillé, je suis content.

La herse se referma derrière les charrettes qui venaient approvisionner la forteresse.

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Dernier jour de garde, Orthon avait donc été seul à son poste. Ni un, ni deux jours mais une semaine entière. Aucune information du frater absent, pas bien ! Peu importe l'éventuelle explication tardive, le manque de rigueur était flagrant. Il était admissible de ne pas être présent mais la correction était de prévenir.

Orthon alla voir les hommes à la grille. Il n'était jamais facile de rester éveillé pour ceux qui avaient pris la relève au milieu de la nuit. Quelques mots d'encouragement, une tape amicale et Orthon les fit relever par le dernier quart de sentinelles. Le silence de la nuit était remplacé par les premiers bruits de l'aurore où hommes et animaux commencaient à s'éveiller, à bouger.

Tout en préparant ses affaires pour laisser place aux suivants, Orthon chantonnait.

Entendez-vous l'orage qui gronde ?
Est-ce la fin de notre monde ?
Que la tempête gonfle nos bannières
En avant mes compagnons, mes frères !

Nous allons vaincre sous un ciel noir
Pour l'amour de la victoire !
Nous sommes vaillants, nous sommes purs,
Méprisons l'ennemi sous nos murs !

Nous serons victorieux
Sur les remparts ou les chemins creux !
Les ennemis s'avance avec rage
Montrons leur notre courage !

Fuyez barbares, fuyez misérables
Avant que l'on vous accable
Cessez votre morgue et votre arrogance
Nous vous ferons ravaler votre insolence !

Le royaume ne s'agenouillera !
Nous vous bouterons avec fracas !
Nous négligerons la souffrance,
Licorneux, montrons notre vaillance !

S'étant assuré que les soldats étaient à leurs postes, Orthon s'installa au poste de garde pour préparer le rapport de la semaine passée.

Rapport de la semaine du 24 au 30 juillet 1465.

RAS aux abords de la forteresse.
Information de Bretagne datée du 28 juillet 1465 :

Arrivées à Rohan de personnages défavorablement connus:
Lance de Satyne, Teo_le_balte, Kasia, Takanomi, Valentina., Exodusse, Karvag
Lance de Shawie, Margaut_de_roanne, Celestin., Melienda, Shyrin, Nicolas_difoscari

Frère Orthon

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Orthon, comme à son habitude, était levé. A la lueur d'une bougie, il relisait le message qu'un cavalier, dans la nuit, était venu apporter. Il prit à nouveau le registre et coucha quelques lignes.

Sur Fougères, depuis hier, se trouvent:

Lance de Satyne, Teo_le_balte, Kasia, Valentina., Exodusse, Karvag, Gerscorp, Celestin.
Lance de Shawie, Margaut_de_roanne, Shyrin, Nicolas_difoscari

Depuis le 28 juillet où ils avaient été signalés à Rohan, il est à noter que le dénommé Célestin a quitté la lance de Shawie pour celle de Satyne et que la dénommée Melienda a du rester à Rohan.

Le cavalier de cette nuit est reparti avec le pli que je lui ai confié afin d'avertir le duc de Normandie Tsintao.

Frère Orthon

Orthon laissa bien en vue le registre ouvert et se leva pour aller à la herse. Des mots de réconfort aux sentinelles quittant leurs postes, des mots d'encouragements pour la garde montante et il s'en alla prendre du repos au dortoir après avoir donné quelques ordres à un sergent. Le temps que les frères prennent leur tour.