Vanyë I Chia entre dans la taverne. Il vient de parcourir une longue route, et ne s’accorde qu’un temps de repos avant de partir en Bretagne avec les troupes languedociennes. Il revient d’Anjou, où il a mené une mission “humanitaire” aux côtés des médecins languedociens. Il n’est jamais parvenu à rejoindre le campement de la Licorne tenu par messire Thierry, son mentor, les événements l’ayant toujours éloigné de cet objectif.
L’atmosphère tranquille des lieux lui convient à merveille. La dernière fois qu’il y a mis les pieds, c’était après la bataille de Béziers. Il était alors en mauvais état. Cette fois-ci, il n’a pas eu à combattre et se porte comme un charme. La guerre en Bretagne l’attend. Il n’a que quelques heures à passer ici, il le sait, et compte bien en profiter.
Vanyë salue d'un signe de tête l'ensemble des personnes qui se trouvent dans la salle. Il reconnaît Zalina, avec qui il a fait un bout de route lors de son voyage depuis La Rochelle jusqu'à la frontière avec l'Anjou.
S’approchant du comptoir, il vérifie qu’il lui reste de l’argent. Sa bourse n’est pas très remplie, mais ça devrait aller. Il avise le tenancier, qui est en train de faire un inventaire de ses bouteilles :
“Holà, l’ami ! Versez moi donc un verre de votre meilleur vin blanc ! La dernière fois que j’ai testé une mixture chez vous, je me suis retrouvé dans le coma.”
Un sourire naît au coin des lèvres de l’aubergiste, qui se saisit d’une bouteille entamée et d’un gobelet en bois. Il remplit le récipient et le tend à l’écuyer.
“La dernière fois, c’est vous qui aviez exigé une boisson forte. Je vous ai donné ce que j’avais en stock. Pas de ma faute si vous êtes une p’tite nature, messire”.
Vanyë hoche la tête et embarque son gobelet de vin. Il se dirige vers une table dans le fond, plongée dans l’ombre. Il s’assoit sur une chaise, se cale le dos contre le dossier et étend ses jambes. Il porte le verre à sa bouche et fait couler une gorgée de vin dans son gosier. Le breuvage est un peu sec, mais son goût fruité est particulièrement délicieux. Souriant de satisfaction, l’écuyer s’allonge un peu plus afin de reposer ses membres endoloris.