Deny du Lavoir de Murat, Chevalier à la Hache
Sa jeunesse
Celui que l'histoire retiendra plus tard sous le nom de Deny du Lavoir de Murat - mais qui s'appelle toujours Deny pour l'instant - est né par une froide journée d'hiver. Un vingt neuf février pour être précis et en l'an de grasce mil-quatre-cent-trente pour être complet.
Son père, Jean Ferré - dict le Grand - était soldat dans les armées du Roy et originaire des terres d'Oc. C'était un homme de taille supérieure à la moyenne et un très bon soldat dont l'arme de prédilection était la hache.
Sa mère quand à elle se nommait Célina, d'origine inconnue - ou cachée selon la légende - qui passait également sa vie dans les camps des armées du Roy ... et pour cause ... elle y était cantinière militaire.
C'est dans les environs de Cosne que le jeune Deny naquit et sur les routes qu'il vécut paisiblement jusqu'à l'âge de huit ans. En effet, la mort, sans prévenir, emporte sa mère en quelques jours le laissant seul avec son père. Si cette épreuve aurait pu atteindre profondément n'importe quel enfant, elle eût pour seul effet de raffermir la débrouillardise de Deny qui resta près des campements, aidant à quelques menus travaux en échange du couvert. Il vécut encore ainsi neuf années, apprenant de son père les rudiments du métier de soldat et le maniement - au combien important dans la vie de Deny - de la hache, celle qui allait devenir son arme de prédilection.
Et en avril 1447, sur un champ de bataille qui n'a pu être situé sur les cartes, Jean Ferré, dict le Grand, décéda, fauché la hache en main par la mort.
Deux avenirs se dessinaient alors pour le jeune homme que Deny était devenu : remplacer son père dans les armées du Roy ou tracer sa voie ... Ce qu'il fit est de l'histoire à suivre.
Deny à Murat
Des deux avenirs dont nous parlions tout à l'heure, un seul pouvait être choisi par le fier et indépendant Deny. Et comme la facilité de rester et de remplacer son père ne lui convenait pas, il décida de quitter le régiment et de battre la campagne à la recherche d'un endroit où se poser.
Et il trouva l'Auvergne et Murat - on dit parfois dans la légende que c'est Murat qui le trouva -, terres ensoleillées où il se décida à se poser.
N'ayant aucune autre formation que celle des armes, il se rendit à la caserne et y fut bien reçu ! Il intégra dès son arrivée le régiment des Cavaliers Fonceurs Auverngats, régiment qui l'accueillit en son sein et auquel il voua sa hache pour quelques années. Seulement, la pratique des armes durant sa jeunesse avait formé le jeune homme bien mieux que ses compagnons d'armes et c'est ainsi que Deny gravit les échelons de son régiment puis de l'armée auvergnate pour arriver finalement au grade de Lieutenant-Colonel Conseiller militaire de l'armée. Nul doute que son père eût été fier de lui.
Mais ceci, ami lecteur, n'est qu'un pan de sa vie à Murat car en dehors de ses compagnons d'armes, il avait aussi d'autres amis fidèles. Ce sont eux qui, par hasard, lui trouvèrent son surnom.
En effet, Deny avait souvent l'habitude de rester assis, perdu dans ses pensées, sur une pierre à côté du lavoir de Murat. Ses amis s'en aperçurent et décidèrent de surnommer la pierre : "Pierre Deny". Le futur chevalier s'en amusa et décida qu'à partir de ce jour, il se nommerait Deny du Lavoir de Murat, en référence à cet endroit qu'il aimait.
Malheureusement pour Murat, Deny décida de partir. Nul ne sait ce qui l'attira à nouveau sur les routes et le seul homme qui pourrait nous aider à élucider ce mystère est enterré aux côtés de sa hache. Peut-être voulait-il retrouver ses origines dans les terres d'Oc ? Peut-être recherchait-il un nouveau souffle ? Nul ne le sait ...
Deny le licorneux
Et c'est à Narbonne, en Languedoc, qu'il vint s'installer. Il y avait rencontré le Prieur du Prieuré de Notre Dame des Auzils et l'ambiance de ce lieu un peu magique l'avait convaincu d'y rester. Enfin, pour ce qu'il y restait ... Car en effet, ayant rejoint les rangs de l'Ordre Royal de la Licorne auparavant, il était presque constamment en mission avec ses frères afin de faire régner la justice et la bravoure en ce monde qui en avait fort besoin.
Et ses efforts payèrent ! Il fut adoubé Chevalier de la Licorne le sept janvier mil-quatre-cent-cinquante-quatre. Quelle consécration pour un homme qui s'était tant battu pour le bien ! Et qui continua lors de la fronde menée contre le Roy Levan III où il prit le parti du Roy contre les frondeurs.
Peu après - le six février de la même année pour être exact -, il fut nommé Lieutenant Commandeur pour la quart sud-est, quart qui comprenait son cher pays d'Oc. Et le LC qu'il était remonta jusqu'en Bretagne lors des combats du printemps 1454. De là, il voulut filer en Provence, mais cette intervention - bien qu'acceptée par le Comte Shivou - fut refusée par la Diète impériale. Voulant tout de même intervenir, Deny se verra menacé de mort par l'empereur LJS.
Durant les mois qui suivirent, il erra encore d'un coin à l'autre du Royaume, apportant sa hache aux gens dans le besoin ce qui le fit devenir Capitaine de la Licorne et prévôt en décembre mil-quatre-cent-cinquante-quatre.
Etant de tous les coups - excepté durant sa longue retraite pour se remettre de ses blessures au Prieuré des Azuils - il ira encore une fois en Bretagne, défendra le Maine contre les brigands durant l'hiver 1455-1456 (il sera d'ailleurs encore gravement blessé à Montmirail) et enfin, retournera en Bretagne pour la dernière fois en 1456.
C'est là, à cet endroit précis que sont les portes de Rennes que le Chevalier Deny du Lavoir de Murat, Capitaine et Prévôt de l'Ordre Royal de la Licorne trouva la mort lors d'une charge héroïque. La hache reposera désormais à jamais dans la terre où il a été enseveli mais je suis sûr que si il pouvait toujours parler, son esprit dirait qu'il fut content de sa vie ... et fier de sa mort.