[RP] Au matin des remparts, le froid, la sueur....

Bruits de pas à peine feutrés par le sol rendu dur par le froid. Paroles prononcées qui font sortir le gardon de sa lecture. Reposer le livre, sourire à sa soeur, se lever et saluer.

Bonjour soeur Antlia. Oui, en effet, nous allons avoir une belle journée. Froide mais belle. C'est un mal pour un bien.

Nouveau sourire du gardon. Une sur quatre. Il cocha mentalement le premier nom sur sa liste. Oui parce que même dans sa tête, le gardon est bien organisé. Un moindre mal quand on savait à quel point celui ci pouvait manqué de mémoire. Enfin,comme le disais son épouse, cela dépendait pour quoi. Pour sur, sa caboche était des plus...sélective. C'était d'ailleurs pour le gardon autant un avantage qu'un inconvénient. Au moins il ne s'embarrassait pas des choses qu'ils estimaient inutile de se rappeler. Oui car un gardon est un gardon, et si celui ci n'a pas le contrôle de ce qu'il se souvient et oublie, les choses sont bien faites, et ce qui revêtait pour lui une importance capitale n'était jamais oublié. Le reste par contre partait aussi vite qu'une timbale de bière s'écoulant dans le gosier desséché de l'ivrogne du coin après une journée passée dans la poussière de la mine. Bref.

Peu de temps après arrive la cavalière. Salut respectueux de la brune, sans un mot. Salut rendu avec un léger sourire, marque de fabrique du personnage, made in gardon. Sans doute craignait elle plus la sentence que sa soeur précédemment arrivée. Qui pouvait bien savoir à part elles même. Après tout, elle s'était peut être résignée à accepter la punition qu'elle que soit celle ci. Et l'apparente décontraction de Antlia n'était peut être que façade. Le gardon ne la connaissait pas assez pour le dire et se passait bien de juger de ce genre de chose. Il était là pour un travail précis, il le ferait sans état d'âme. Quelque chose l'avait cependant fait réagir. La cavalière semblait boiter. Rien ne faisait état d'un éventuel accident au sein de la forteresse. L'infirmerie n'avait que peu eu besoin de ses services et mis à part quelques blessures légères et quelques maladies sans gravité principalement du au climat changeant d'automne, aucun événement qui puisse provoquer la claudication de sa soeur. Surement un accident survenu en dehors des murs de Ryes. Il lui en toucherait deux mots, plus tard. Heureusement pour elle, la course n'était pas au programme, et ci celui ci n'était en rien réjouissant, au moins il ne serait pas pénalisant sur ce point pour la cavalière. Deux sur quatre. Nouveau nom coché.

Vint alors la rousse. Troisième nom virtuellement coché, et le duo devient trio. Une écuyère rousse, une errante blonde, et une cavalière brune. Groupe hétéroclite au possible, si si, vraiment, c'était presque de drôles de dame. Une seule manquait encore à l'appel, mais le gardon ne doutait pas qu'elle allait arriver sans tarder. Salut de la nouvelle arrivée des plus inexpressifs. Bah! Elle était des quatre, celle que le gardon connaissait le plus. Lui en voulait elle de se trouver la ? Non, il ne le pensait pas. C'était autre chose, surement lié à la punition en elle même. Nouveau salut souriant, il se devait au même comportement avec toutes, sans distinctions aucune, sans compassion, rien qui ne puisse le détourner de l'objectif fixé.

Dernière de ces dames qui arrive. Parfait, tout se déroulait comme il se devait jusqu'à présent. Réponse au salut, sourire encore et toujours imprimé sur la face. Les choses sérieuses allaient pouvoir commencer. Cette fois, le sourire allait tomber. Il ne fallait quand même pas pousser. S'il était ici pour effectuer ce travail, il n'y prendrait aucun plaisir sadique et ne s'amuserait aucunement de la situation peu enviable de ses soeurs.

Se raclant la gorge discrètement, il reprit ses livres, les déposa sur la chaise, libérant le sac avant de se tourner vers ces dames.

Bien...comme vous pouvez l'imaginer, ce qui vous attend ne sera pas une partie de plaisir. Cela n'a pourtant pas été fait sans un but précis, vous connaissez toutes je pense la façon de notre maitre d'arme et maitre de guerre, d'allier l'utile au désagréable...
Cela dit, si objectif précis il y a, c'est à chacune de vous de le comprendre, personnellement, et aucunement à moi de vous l'expliquer.
Bref. La punition est simple, certaines d'entre vous auront peut être déjà imaginé de quoi il s'agit......du moins en partie. La forteresse est comme vous le savez, équipée de douves sèches. Pierres, limons, et autres dépôts s'y accumulent au gré du temps et des intempéries. Vous allez donc y descendre avec ces échelles, afin de nettoyer tout ça à l'aide, non pas de vos langues comme j'ai plusieurs fois entendu Cerridween le dire, mais de pelles et de seaux. Cela dit, comme rien n'est simple dans ce bas monde, vous allez être, par mes soins, liées deux par deux par des cordes attachées à l'un de vos poignets. Je laisserais bien entendu de la longueur, le but n'étant pas de vous empêcher de bouger, mais assez peu pour que cela puisse avoir l'effet escompté.
Les seaux seront à vider à la bordure du champ derrière moi. Nul doute que le paysan à qui il appartient pourra se servir de vos efforts pour ses cultures, et il vous en remercie d'avance.
Antlia, tu seras liée à Ewaele, Alethea à Akane. Je vais vous attacher maintenant, après, ce sera a vous de jouer.

Joignant le geste à la parole, Flaiche ouvrit le sac et en tira deux cordes, après avoir prit soin d'étaler pelles et seaux. Il revient vers les deux groupes et noua les poignets deux par deux, laissant comme dit une marge de manœuvre à chacune de ses soeurs. Il prit soin de tester plusieurs fois ses nœuds, afin qu'aucun des liens ne puissent se défaire, puis se recula.

Bien, vous voilà prêtes. Seaux et pelles vous attendent. Les deux échelles derrière moi sont à votre disposition bien sur.
Si vous avez des questions, vous trouverez bien la réponse à vous quatre.
Bon courage.

Citation :

Pour les conditions HRP cette fois:

Vous aurez 5 séries de 4 posts à faire (soit 5 posts par tête, une série complète comprenant un post de chacune d'entre vous). 30 lignes minimum par post.
Vous postez l'une après l'autre, dans l'ordre que vous voulez, mais pas de nouveau post avant que la série ne soit complète
A la fin de la deuxième série, vous attendez mon post avant de poursuivre.

Antlia écoutait Flaische toujours sans sourciller, passant tout de même nerveusement d'une jambe à l'autre. C'était leur peine pour... non elle ne reviendrait plus là dessus, pour elle la page était terminée depuis. Mais bon, fallait ce qu'il fallait et si le Haut Commandement avait décidé qu'il fallait leur infliger une peine, alors qu'à cela ne tienne. Toutes les façons plus d'état d'âmes depuis ce qu'il s'était passé pour la Licorneuse, elle en avait décidé ainsi. Peut être qu'un jour elle retrouverait cette confiance en elle, cette envie de faire avec passion, ou bien ...
Aux cotés de ses trois sœurs, elle écoutait sagement ce qu'il avait à leur dire et la "sentence" . Elle l'avait bien sentie le coup des douves, et fit une grimace sur le fait de les nettoyer avec la langue.
Les cailloux auraient certes été très difficiles à déplacer avec la langue... Son esprit enfantin qui prenait le dessus ces temps ci afin d'échapper à tout le poids qui avait été mis sur ses épaules aurait bien voulu tirer la langue et la regarder dans un miroir. Mais elle se retint. Non ce n'était ni le lieu ni le moment.

Les sinoples se posèrent sur le nœud que Flaishe avait fait...pas n'importe quel nœud comme s'il avait peur qu'elles s'échappent. Non un nœud comme l'on en faisait pour faire en sorte que l'on ne se quitte point, un nœud qui ne se défait pas comme cela. Indice quand à leur lien .... envers la Licorne? Elle sourit intérieurement à cette pensée la blonde puis revint concentrée sur le nœud en question. Si jamais il s'était défait sur qu'elle l'aurait refait si tel était ce qu'on leur demandait de faire. Où c'était là une façon pour que ce nœud ne nous embête point là où elles allaient se rendre .. oui sans aucun doute.
Son regard suit la lourde corde pour finir sur la main de l'Escuyère ...Ewaele.
Le lien entre elles ? Allez savoir ce qui pouvait bien trotter parfois dans leur esprit. des fois elle avait même du mal à comprendre le pourquoi du comment, mais parait il que la route est longue et qu'il faut apprendre..

Antlia l'avait mieux connue lorsqu'elle avait pris le commandement de l'armée des OR ... d'ailleurs .... Non ne pas y penser. Et puis connue? Non on dira vu car le fait qu'elle l'ait croisée ne veut en rien dire la connaître.
Ewaele avait eu du travail, énormément durant l'épisode de Touraine. Puis une chute dans sa façon d'être, un changement, un corps qui portait sur lui la souffrance. Mais quelle souffrance ? La Rousse n'en avait pas parlé du moins pas à la Blonde. Ewaele ne s'était pas non plus confiée lors de leur voyage.
Elle gardait cela dans un coin de sa tête, pensant à l'effort physique qui allait être demandé.
Antlia pensa également à la Cavalière qu'elle avait vue blessée en Lyon. Elle savait la blessure de sa cuisse grave et ne pu s'empêcher de penser que la tache allait être ardue également. Et puis la Blonde pensait qu 'il n'était pas le but du haut Commandement que d'"aggraver els souffrance ou les plaies.
Coup d'œil à la Rousse qui semblait dans ses pensées également. Ben au moins cela en commun, aussi elle s'approcha laissant les deux autres Licorneuses à leur bavardage qui devait être tout aussi empli de questions de tensions peut être de demande de réponse sans doute .

Ewaele ... je sais que bien des choses ce sont passées, je connais aussi ton caractère. Alors nous devons travailler au mieux ensemble .. aussi va t il falloir réfléchir de façon pratique. Nous sommes certes liées deux à deux , mais ....

Ses sinoples se tournèrent vers les deux sœurs qui étaient en pleine discussion, puis d'une voix posée :
Mais nous sommes quatre au total .

Ses yeux se posèrent sur l'Ecuyère, la fixant légèrement. Comment allait elle prendre tout cela? Et puis comment l'errante allait elle pouvoir faire afin que ce qu'elle pensait être son mal ne s'aggrave pas durant l'exercice enfin la punition .. enfin le curage quoi! Et faire en sorte que d'un elle ne se vexe pas, de deux faire avec son caractère buté et entier .... Et que dire de son caractère à elle qui était du même genre et de celui des deux autres là bas qui ne valaient pas mieux.
Elle réprima une légère grimace qui lui venait devant la tache hardue qui se profilait.

Un temps, un silence pendant lequel Alethea regarde un peu autour d’elle. Antlia, Akane et Ewaële se tiennent aussi face à Flaiche, debout à côté d’une chaise, un sac et quelques livres posés au sol. Elles sont à quelques pas de la herse sur le chemin qui y mène. Il y a longtemps que la brune n’a plus traîné ici. Probablement depuis son entretien au mois de février. Elle venait alors, attendant timidement que les gardes l’autorisent à entrer. Maintenant les allers retours dans la forteresse se font, pour elle, avec beaucoup moins de formalités et elle ne prend plus le temps de regarder le bâtiment et ses environs. Mais Flaiche commence à leur donner quelques explications alors ce ne sera pas pour tout de suite. Impatiente de savoir à quelle sauce elles vont être mangées la brune se concentre sur ce qu’il a à dire. Pour l’instant il leur parle d’objectifs, qui plus est pour leur expliquer qu’il n’a rien à leur en dire. Il va falloir qu’elles le déterminent seules mais tant qu’elles ne savent pas ce qu’elles ont à faire c’est difficile.

Enfin sur le principe elle voit bien l’objectif d’une punition, leur faire comprendre qu’elles n’ont pas fait ce qu’on attendait d’elles, de très loin. Mais pour l’instant c’est tout ce qu’elle en perçoit. Puis le terme fatidique est lancé. Les douves ! Un court instant, très court, se passe entre le moment ou Flaiche parle de douve et celui ou il ajoute l’adjectif « sèches » mais la brune met bien plus longtemps à réaliser et le terme de douve lui tire une grimace. L’idée d’aller se tremper était celle qu’elle redoutait le plus. Puis, quand enfin elle réalise, elle lève un sourcil étonné. Décidément elle ne prend vraiment pas le temps de regarder ! Les douves sont sèches ? La nouvelle est bonne, excellente même. Il n’a sans doute pas encore assez plu pour qu’elles se remplissent et elles ne s’en plaindront pas. Puis la mauvaise nouvelle arrive. Il en fallait bien une. Elles vont être attachées ensemble, et par les poignets. Deux par deux c’est mieux que les quatre ensemble mais à choisir Alethea aurait préféré les chevilles parce que ça n’entrave pas trop les mouvements, on peut travailler à côté de quelqu’un sans trop de désagréments si on est attaché par la cheville mais par le poignet, difficile de manipuler une pelle ou de soulever un gros seau lourd si une de ses mains est subitement écartée de ce qu’elle tient par le mouvement en sens inverse de son comparse. Enfin on ne choisit pas et puisque c’est ça la contrainte, c’est que c’est derrière elle que doit se cacher l’objectif.

Flaiche a fini de s’expliquer et de préparer le matériel et il s’approche d’elles pour les attacher alors, docilement, elle tend son poignet et attend de voir ce qu’on leur laisse comme marge de manœuvre. Elle ne peut s’empêcher de penser en le voyant tester la solidité des nœuds qu’il n’a rien à craindre et qu’il ne s’agit pas, pour elles, de s’échapper sinon elles ne seraient pas là mais bon, tant qu’à faire, autant qu’elles n’aient pas à lui demander de les refaire trop souvent. Une fois attachée elle regarde attentivement la distance qu’il laisse entre elles. Ouch ! C’est court ! À vue de nez… maximum deux pieds ! Alethea attend qu’il en termine avec Akane et se dirige vers Antlia et Ewaële puis elle se tourne vers l’autre brune, le regard interrogateur. Akane, sourcils légèrement froncés, semble s’interroger aussi, mais pas seulement. Alethea suit les mouvements de la normande qui garde une main sur sa cuisse gauche sans même vraiment s’en rendre compte. Elle ne l’a pas vue arriver et n’a pas noté son boitillement mais remarque tout de même que le cavalier à un problème. Elle cherche son regard et doucement elle lui sourit avant de prendre la parole.

Bon ! Nous voilà ensemble. Alethea soulève son poignet avec sourire amusé et tend légèrement la corde par petits à-coups pour mettre en évidence la courte distance qui les sépare. Ca ne va pas faciliter les choses mais ce n’est pas le but. J’ai peur que le plus difficile soit de descendre à l’échelle. Et si on doit multiplier les allers retours ça risque même de devenir critique. En plus… j’ai l’impression que vous avez mal à la cuisse non ? Écoutez, il semble évident que l’on doive travailler à deux mais rien n’interdit qu’on le fasse à quatre. Enfin, c’est à vérifier auprès de Flaiche mais je propose que nous nous rapprochions d’Antlia et d’Ewaële pour voir si on peut limiter nos déplacements. Enfin… si ça vous convient…

Ainsi, la sentence tomba… Et pas des moindres… Récurer les douves pas à coup de langue ou de cure dents, mais à coup de pelles, liées par deux…Heureusement, les douves sont sèches, un poids en moins…Et ce discours du gardon… Trouver les réponses par elles mêmes…Grand silence, accepter sans broncher, se montrer digne et brave et garder la tête haute.

Trouver la réponse tant bien que mal, donner un sens à tout ceci.
Regarder le rouquin les attacher, non il n’oserait quand même pas …
Si, il ose ! Et elle note qu’elles ont peu de corde et que les gestes seront restreints…Réaliser que Flaiche a noué l’épais cordage au dessus de son bracelet de cuir, et que le moindre mouvement trop brusque ou rêpété pourrait lui bruler la peau par frottement…Et voilà que Thea se dirige non loin l’autre binôme ainsi formé, un peu trop brusquement peut être, la douleur se réveille la lance un peu, elle se frotte machinalement la cuisse, sans s’en rendre compte.Un regard vers son « binôme » de labeur, un regard teinté d’incompréhension et cherchant peut être une réponse que peut être la moulinoise aurait quant au but de cette punition… En vain…
Puis vint le temps de la réflexion, sourcils qui se froncent… Connaissant Cerridween et se doutant bien qu’elle était à l’origine de cette punition, elle commença à s’interroger sur le pourquoi de ces liens, non ce n’était pas que pour faire joli, amuser Flaiche, ou les ennuyer…Oh que non ! Il y’avait certainement un autre sens à ceux-ci !

Attachées par deux, contraintes à s’entendre pour avancer dans la tâche qui leur était demandée… Travail d’équipe…

Et la brune de se perdre dans les méandres de son esprit, son regard dans le vague, ses sourcils légèrement froncés… Travail d’équipe… A deux, elles ne pourraient pas faire grand-chose, puis ajouter à cela un certain handicap dû à une jambe blessée, elles n’iraient pas bien loin… Travail d’équipe… Entente pour avancer, malgré tout ce qu’il s’était passé les jours précédents… La voilà, la réponse à l’énigme ! Ils veulent tout simplement qu’elles arrivent à faire quelque chose ensemble, qu’elles mettent à contribution leurs compétences, pour effectuer au mieux la tâche demandée… Des liens, leur serment ... Indéfectible, pour la vie, à jamais...

La normande fut tirée de sa réflexion, par les à-coups que sa sœur d’armes sur la corde afin d’en tester la longueur, et sa prise de parole… Ecouter

- Ca ne va pas faciliter les choses mais ce n’est pas le but. J’ai peur que le plus difficile soit de descendre à l’échelle. Et si on doit multiplier les allers retours ça risque même de devenir critique. En plus… j’ai l’impression que vous avez mal à la cuisse non ? Écoutez, il semble évident que l’on doive travailler à deux mais rien n’interdit qu’on le fasse à quatre. Enfin, c’est à vérifier auprès de Flaiche mais je propose que nous nous rapprochions d’Antlia et d’Ewaële pour voir si on peut limiter nos déplacements. Enfin… si ça vous convient…

Instant de reflexion de nouveau… Toute façon, elles devaient procéder de la sorte, répondre à sa camarade, elle devait savoir, cela ne servirait à rien que de ne rien dire, juste à compliquer les choses.

- Une blessure, durant mon séjour à Lyon, une chute à cheval, cela se remet doucement, mais je pense que je serai marquée à vie… Et pour ta proposition... – Bref regard vers la rousse et la blonde – Il serait plus sage oui d’agir de la sorte, sinon nous ne serons pas capables de grand-chose, je veux bien leur proposer si tu le souhaites, et ensuite nous exposerons cela à Flaiche…

Hochement de la tête de l’auvergnate, proposition acceptée… Elle lui adresse un sourire, et se rapproche d’Antlia et Ewaële, claudiquant plus ou moins. Une fois devant elles, elle les interpella calmement.

- Mesdames, mon binôme et moi-même avons quelque chose à vous proposer…A vous de voir par la suite si cela vous convient ou non, ce n'est qu'une simple suggestion...Après nous pourrons soumettre l'idée à Flaiche pour s'assurer que cela est applicable...

Guetter leurs réactions, l'écouteraient elles ? Accepteraient elles cette option ?

Une chute de cheval à Lyon… Si Akane pense être marquée à vie c’est que ça a du être une sacrée chute, ou qu’il y a eu autre chose. Mais Alethea croise le regard du Cavalier et sent qu’elle ne tien pas à en parler. Elle n’insiste donc pas. D’un tacite accord elles reviennent au sujet de leur organisation. Et lorsque Akane propose d’aller voir les deux autres pour en discuter Alethea répond d’un simple hochement de tête. Mais en se déplaçant, cette fois, elle observe la démarche de son binôme et voit que sa douleur reste assez handicapante. Elle lève ensuite les yeux vers Antlia et Ewaële pendant que Akane leur explique leur démarche. Elle observe alors l’autre couple. La main d’Ewaële se pose régulièrement sur son ventre.

Voilà qui n’est pas bon signe non plus. Elles écoutent la proposition mais Ewaële fait une remarque à Antlia. Elle ne trouve pas indispensable de prévenir Flaiche avant de s’être organisé. Alethea se dit que bien qu’en aparté la remarque était audible et qu’elle peut se permettre d’y répondre. Lorsque la rousse croise son regard elle prend alors la parole : « hummm Ewaële vous connaissez sans doute assez bien Flaiche, j’en suis persuadée, mais ce n’est pas mon cas. Du tout. Qui plus est, je pense qu’il suit les consignes de Cerridween et il se peut que pour une raison quelconque elle ait spécifié qu’on ne devait pas le faire à quatre. On peut, bien entendu, s’entendre sur les grandes lignes afin d’avoir quelque chose à proposer en allant le voir mais mieux vaut, tout de même, nous assurer que c’est possible et ne pas perdre notre temps sur une hypothèse qui sera balayée juste après. Ce serait dommage… » Elle avait usé de circonvolutions, essayant de faire valoir son point de vue sans heurter Ewaële dont le visage fermé laissait penser qu’elle était en colère. Mais lorsque Antlia enchaîna, elle comprit que Akane n’était pas la seule à avoir un souci de santé. Son regarde revint alors sur la main d’Ewaële. Antlia avait parlé de plusieurs personnes et Alethea savait qu’elle n’était pas concernée. Encore une fois elle n’insisterait pas. Cette fois elle ne poserait même pas la question d’ailleurs. Si la blonde parlait de tête de mule c’est qu’elle n’avait pas eu plus de réponse qu’elle. Il restait à trouver une idée d’organisation et à la proposer. Alethea essaie de faire quelques pas vers les douves pour voir ce qui les attend mais lorsqu’elle entame le second pas, son poignet la rappelle à l’ordre. Surprise, elle se retourne vers les autres avec un sourire amusé. Il est plus difficile qu’elle ne elle le pensait de se faire à cette contrainte. « Bon je ne me suis pas encore habituée… Alors… comme ça, rapidement… et sans aller voir surtout… je proposerai que deux d’entre nous stationnent en bas, découpent les ronces et entassent les autres saletés puis en remplissent les seaux. Au fur et à mesure elles les feront passer aux deux autres qui se relaieront sur l’échelle et jetteront leur contenu en haut. Au bout d’un moment on peut inverser les taches. Ca évitera qu’on s’épuise sur un seul type de corvée mais aussi qu’on se déplace trop. » Cette fois c’est le regard de l’Errante qui fait le tour de ses sœurs d’armes dans l’attente d’une réponse. Elle sent confusément que son idée n’est pas très bonne, qu’elle va poser des problèmes, notamment pour celles qui vont devoir stationner sur l’échelle en restant attachées. Mais il faut bien commencer quelque part et c’est seulement en soumettant ce qu’elle pense aux autres qu’elles pourront avancer et puis là elle commence à avoir froid de toute façon. Machinalement elle croise d’ailleurs les bras pour se réchauffer en les frottant mais une fois de plus elle entraîne avec elle une des mains d’Akane et se ravise rapidement avec un sourire navré et un bref « désolée ! » à l’attention de la Cavalière.

Puis elle se retourne vers le matériel que Flaiche a déballé et l’observe plus attentivement. Des pelles… des seaux… rien pour couper et … pas de gants. La brune regarde ses mains gelées qu’elle vient de frotter entre elles encore une fois et ajoute à l’attention des trois autres : « peut être aussi qu’on pourrait demander des gants… je sais qu’avec l’entraînement on n’a pas des mains de douces oiselles mais franchement, ça m’ennuierait de devoir l’arrêter, même provisoirement, parce que je me suis trop écorchée les mains avec des ronces ou parce que je me suis fait des ampoules avec une pelle »

En attendant que les deux jeunes femmes les rejoignent, Ewa leva une nouvelle fois le nez vers le ciel. Elle savait qu’elle était là et qu’elle lui apportait son soutien, elle savait que si elle tournoyait ainsi cela n’était pas pour rien, mais elle ne pouvait pas lever le bras et la siffler pour la faire descendre. Plus tard peut-être, quand elle en aurait fini avec tout ce cirque… Son esprit vagabonda alors que sa buse continuait ses grands cercles qui lui disaient appelle-moi, je veux venir me poser sur ton bras. Machinalement Ewa sortit son gant de cuir mais elle s’arrêta dans son geste en serrant les poings se souvenant de l’attitude qu’elle avait failli avoir la veille… Elle avait suivi la cérémonie jusqu’au moment où son nom avait résonné, elle avait froncé les sourcils, plus surprise par l’incompréhension qu’autre chose. Elle aurait voulu laisser échapper un « quoi ». Elle avait accroché le regard de Cerridween au moment où elle l’avait regardée et son visage s’était fermé définitivement… Elle aurait dû se lever et, avant que Macks n’ait le temps de rejoindre l’autre rousse au milieu de la salle du chapitre, se placer le regard ferme, les pieds en parallèle essayant de se tenir aussi droite qu’elle le pouvait au vu de la situation qui était la sienne. Elle aurait sans doute commencé par délacer sa cape azur…

Elle balaya d’un geste de la main tout cela, ce n’était plus le moment de revenir en arrière, plus le moment d’essayer de comprendre pourquoi, le mal était fait et elle était là. Maintenant elle devait faire contre mauvaise fortune bon cœur et essayer d’écouter ce qui allait suivre d’ailleurs. Des choses furent proposées, avancées, Ewa tortillait du nez ou grimaçait, une main palpait de temps à autre son ventre, mais elle ne dit rien, laissant les autres s’exprimer pour le moment. Elle haussa un sourcil quand l’errante parla de l’état de santé de certaines et des têtes de mules présentse, elle aurait pu laisser sortir un ‘humpf’ mais s’abstint… Alethea fit une remarque pertinente mais… Continuer d’écouter avant d’intervenir. Elle aurait le temps d’ouvrir la bouche à son tour quand ses soeurs en auraient fini. Regard qui passait de l’une à l’autre puis à la troisième. La rouquine observait chaque mimique, chaque geste. Observer donnait des fois plus de renseignement qu’on ne le pensait et en se rendant compte de ce qu’elle faisait, elle stoppa la caresse de ses doigts sur son ventre et ferma à nouveau son visage, ne voulant pas qu’on put lire en elle comme dans un livre, même s’il était sans doute trop tard pour cela, vu que la colère était maitresse de ses sentiments et qu’elle n’arrivait pas à passer outre.

Non que je veuille aller contre ce qu’ils attendent de nous. Juste que je pense que c’est à nous de nous organiser. Flaiche est justement là pour nous chapeauter ou nous remettre dans le droit chemin si ce que nous faisons ne convient pas à ce que le Haut Conseil attend de nous. Et je gage qu’il interviendra rapidement s’il pense cela utile. Maintenant nous avons toutes des bleus au corps ou à l’âme. Certaines sont peut être plus affaiblies que d’autres, mais en ce qui me concerne tête mule et sale caractère que je suis, je ferais ce que je dois faire, quitte à finir à plat ventre ou à m’endormir dans les douves.

Elle leur lança un regard qui en disait long sur le fait que ce n’était pas la peine de revenir sur cette décision.

Mais je crois qu’il serait sage qu’on aille s’installer dans un endroit moins venteux et que l’on détermine exactement les actions que l’on doit faire pour nettoyer ces douves.

Elle les entraina et s’installa à même le sol, n’attendant pas que les autres en fasses autant pour continuer, à chacune de voir ce qu’elle voulait ou pas faire.

Nous savons que nous sommes en binome et cela nous ne pouvons rien y faire, donc automatiquement nous allons devoir fonctionner par deux… Si la possibilité de travailler toutes les quatre nous est accordée et que le rouquin ne nous dit rien, on peut effectivement essayer de faire une sorte de chaine et faire un roulement pour que nous participions toutes à l’effort de la sanction de la même façon.

Puis elle regarda Alethéa avec un triste sourire…

Je n’ai que mes gants qui me servent à réceptionner ma buse, mais s’ils peuvent t’aider pour l’heure, ils sont à toi.

Elle lui tendit simplement et continua ses explications en prenant une brindille et dessinant sur le sol les remparts et tout ce que cela comprenait pour essayer enfin de mettre en place un plan d’attaque pour le nettoyage des douves de la forteresse.

Visiblement, l’idée d’un travail de groupe fut acceptée…
Lever l’espace d’un instant ses yeux vers le ciel, y apercevoir une buse volant au-dessus d’elles, en écoutant la stratégie d’Alethea... Elle n’y connaissait rien en rapaces, rien de rien, mais en voyant l’attitude de l’oiseau, il était aisé de comprendre que son ou sa propriétaire devait se trouver dans les parages… En voyant le reflexe d’Ewaële d’enfiler un gant de cuir, elle réalisa que sa reflexion s’avéra juste
Pouvait-elle parler de soulagement quant à l’acceptation de sa proposition ? Oui et non… Il y’avait beau avoir eu toutes ces querelles, ces histoires, elle avait remarqué le geste de la rousse, machinal lui aussi, d’une main sur son ventre…Ce geste pourtant anodin d’ordinaire, pouvait être interprété de diverses manières, mais le plus plausible selon elle était la perte d’un enfant et tout ce qui en découlait… Pour l’avoir vécu il y’a quelques années, elle ne pouvait que comprendre.Blessure de femme, de mère meurtrie dans ses chairs. Ne pas dire le moindre mot quand l’écuyère exprima le fait que quoi qu’elle advienne, elle ferait sa tâche, ne pas réagir pour le moment à l’allusion sur les « têtes de mules », elle en aurait l’occasion par la suite.
Le vent se mit à souffler sur Ryes, renforçant l’effet de froid, regarder ses mains calleuses rougies par la rigueur de l’hiver, un peu plus un peu moins… Non, elle n’avait pas des mains de nobles, soignées et douces, non, elles étaient habituées à manier les armes, et pas à faire de la broderie au coin du feu, et quand Ewaële fit une suggestion, elle ne protesta pas et entraina une fois n’est pas coutume Alethea sans s’en rendre forcément compte… La tâche sera déjà bien ardue en soit, et elles se devaient d’économiser leurs forces, d’épargner leurs corps pour bien faire, pour réaliser cette corvée…Repassant une fois devant les douves, elle se rendit compte de certains détails, et surtout que la tâche ne serait pas une partie de plaisir, sourire à Thea comme pour s’excuser de son geste, mais après tout, la brune auvergnate avait eu auparavant des gestes qui avaient surpris la brune… Ah, qu’il était dur d’être libre de ses faits et gestes ainsi liées ! En claudiquant, elle avait suivit la limousine, et une fois un peu abritée du vent, elle l’observa, étudia son plan, écoutant son idée avec attention, comme elle l’avait fait pour Thea… Chaque idée se valait, mais chaque idée pouvait peut être se trouver améliorée...Nouveau regard sur le dit schéma au sol, esprit qui entre en effervescence, en ébullition… Tant bien que mal, elle s’accroupit quand Ewaële en eu finit de son explication, entrainant encore une fois sa camarade, et lui sourit d’un sourire des plus crispés, la douleur la lançant suite à ce geste bien trop violent… Peut être qu’involontairement, elle voulait leur montrer que ça allait, mais son corps, surtout sa jambe ne voulait pas suivre… Qu’importe, l’esprit est bien plus fort qu’une simple enveloppe charnelle dit on, et la volonté fait faire de sacrées choses…Sortie de cette envolée spirituelle, elle tentait de se représenter la scène à proprement parler, une fois qu’elles seraient dans les douves…Une éventualité se présentait à elle, et elle tenait à l’exposer au restant du groupe.

- Thea, Ewaële, vos suggestions ne sont pas mauvaises effectivement, bien au contraire, mais je viens de constater une chose : Nous serons bien plus efficaces si nous travaillons en groupe en scindant la tâche en deux… D’abord couper les ronces, nettoyer à l’aide des pelles, remplir les seaux puis faire un tas….- Et de joindre le geste à la parole en dessinant un rapide croquis sur le sol de ses dires – Par la suite, pour se débarrasser des déchets divers et variés, nous pouvons mettre en place une chaine humaine, comme l’a suggéré Ewaële précédemment… - Autre croquis qui prend forme sous l'index gauche de la cavalière - A titre d’exemple, Thea remplit un seau, me le tend, je le passe à Ewaële qui se situe en bas de l’échelle qui le transmet à Tlia sur l’échelle qui le videra… On peut même organiser un roulement pour que éviter de léser quiconque… A vous de voir… Tlia peut être as-tu une autre idée, je ne sais, je vous laisse y réfléchir, je m’adapterai… Et à propos, je suis une normande mesdames, et je vous rappelle que niveau caractère, certes je suis têtue, mais aussi des plus déterminées, et ce n’est pas une blessure qui m’arrêtera ! Par contre, je pense qu’avant de trancher sur une manière d’agir au mieux, il serait vraiment indispensable de demander s’il est possible de travailler de la sorte au gardon…

Et de se lever lentement pour ménager Thea cette fois, en regardant chacune d’entre elles, et de reformuler la question au mieux

- Alors mesdames ? Que faisons-nous ? Nous l’avisons ou pas ?

Quelques instants… il fallait quelques instants à l’Errante pour faire le point et répondre à ce qui se disait. Quoi que certaines remarques n’appelaient pas vraiment de réponses. Il était désormais entendu que Akane et Ewaële ne voulaient pas parler de leurs blessures. Il semblait convenu également qu’elles travailleraient à quatre. Mais à sa remarque sur les gants Ewaële avait répondu en proposant les siens et ça elle devait y répondre tout de suite. Un sourire et un petit mouvement du menton vers les mains de la rousse accompagnent ses paroles : « Merci c’est très gentil de me les proposer mais ils vous manqueraient et de toute façon nous en avons toutes besoin. J’ai les miens, je dois juste aller les chercher. Peut être qu’Akane et Antlia voudront en faire de même ou peut-être qu’un Homme d’Armes peut nous les ramener. »

C’est le moment que choisit le vent pour souffler plus fort. Rester là, immobiles, devient de plus en plus pénible. La proposition d’Ewaële est la bienvenue et Alethea emboîte le pas à Akane sans sourcilier. Ensemble elles passent près des douves et prennent un instant pour les observer mieux puis elles retournent auprès des autres mais à l’abri et cette fois c’est Akane qui prend la parole. Lorsqu’elle explique son point de vue ça devient évident, elle a trouvé ce qui n’allait pas. Si deux personnes travaillent en bas et deux sur l’échelle, pour leur passer les seaux elles devront rester à proximité ce qui est plutôt gênant. Il faut donc faire ça en deux temps. D’un hochement de tête elle approuve la suggestion de la Normande. Mais celle-ci attend une réponse à sa dernière question : prévenir Flaiche ou pas… Machinalement, Alethea se tourne un peu vers l’assistant du Maître d’armes, le temps d’y réfléchir mais, que ce soit son intuition ou son ouïe particulièrement fine, vu la distance qu’elles ont mise entre eux en s’éloignant, quelque chose a alerté le roux et c’est lui qui prend la parole. La voix est posée et forte car Flaiche est resté sur sa chaise.

Le ton, lui, semble un brin agacé mais peut-être y voit-elle ce qui n’est pas ? En tout cas l’homme s’impatiente, c’est évident. Il est vrai qu’il doit s’ennuyer un peu. Le temps doit lui sembler extrêmement long à rester là, assis, dans le petit matin glacé, sans bouger. Et les lectures dans lesquelles il essaie de se plonger ne semblent pas pallier la lassitude qui le gagne car les quatre licorneuses ne discutent en réalité que depuis quelques minutes. Il reste que la menace porte et que, même si elles ne se concertent pas depuis longtemps, l’idée que ça puisse les obliger à revenir le lendemain est une épée de Damoclès très efficace. Mais puisque les réponses qu’elles doivent trouver seules ne concernent pas seulement les raisons de leur présence et leurs atermoiements intérieurs, elles n’ont plus qu’à s’organiser en conséquence. Alethea avait écouté Flaiche avec une expression légèrement étonnée. A présent elle prend une grande respiration et affiche un visage décidé lorsqu’elle se retourne vers ses sœurs. « Bien ! Je crois que Ewaële avait bien vu, c’est à nous de nous organiser, et vite ! Alors, pour ma part, je vais aller tout de suite demander qu’on me porte mes gants et pendant ce temps je récupèrerai le matériel. Akane, vous êtes contrainte de me suivre malheureusement, donc si vous voulez qu’on vous porte les votre vous pourrez les demander. Antlia, je peux en demander pour vous si vous le souhaitez et on se retrouve en bas. » Et l’Auvergnate de joindre le geste à la parole. La distance au poste de garde est à présent très courte. Les deux brunes rejoignent les gardes qui y stationnent et leur indiquent où ils pourront trouver ce dont elles ont besoin. Elles retournent ensuite auprès de la chaise et du médicastre qui l’occupe et ramassent une pelle et un seau chacune, puis rejoignent les échelles.

Arrivées devant le gouffre Alethea balance la pelle et le seau sur le tapis de ronces et, avant de descendre, se retourne vers Akane. Elle lui sourit et lui montre son poignet attaché. « Vous voyez, on commence à s’habituer, voilà bien cinq minutes qu’aucune de nous deux n’a emporté l’autre brusquement et contre sa volonté. » Un bruit de pas lui fait alors tourner la tête. C’est le garde qui leur apporte ce qu’elles ont demandé. Après l’avoir remercié l’Errante enfile ses gants et se rapproche de deux échelles placées côté à côte. Elle s’installe en haut de l’un d’elle, vérifie sa stabilité et lâche la main encordée pour laisser à l’autre brune la marge de manœuvre dont elle a besoin pour en faire autant.

Bon il fallait un temps certain pour faire taire des choses qui avaient été, faire en sorte d'être au clair afin de bien s'entendre autour d'un travail demandé. Il fallait du temps aussi pour savoir comment elles allaient pouvoir faire elles eux, puis elle quatre. Du temps pour partager non pas leurs impressions mais leurs réflexions. Pour cela qu'elle ne comprit pas l'intervention quelque peu .... énervée de Flaische. Elle ne dit mot, écouta tout ce qu'il avait à dire de façon très ... aristotélicienne.. Sinon il aurait certainement eu la très mauvaise idée de leur rajouter de retrouver des lapins pour les alentours de Ryes ou encore de devoir récurer les pierres des remparts.
Il allait falloir trouver et rapidement comment fonctionner les quatre ensemble et cela n'allait pas être une mince affaire. Elle s'inquiétait surtout pour Ewaele et Akane, mais n'en fit pas cas. Il ne valait mieux pas d'ailleurs car cela aurait été mal venu . Plus tard, plus tard elle verrait comment faire sans froisser celle qui lui était liée pour.... ce temps ci .
Aussi réunion au haut sommet du plat devant les douves des quatre Licorneuses, se regardant, dans le blanc des yeux, soufflant un halo de fumée à chaque respiration signe que la température n'était pas très élevée et que d'ici peu sans actions elles allaient avoir froid.
Léger coup d'œil à flaiche qui lui ne semblait pas le moins du monde souffrir du froid. Il fallait dire que l'Errante était frileuse, plutôt habituée à la chaleur de la Provence et la Normandie représentait un extrême pour elle.

Les gants, oui les gants ... elle n'y avait pas pensé. Elle avait mis ses cuissardes de cuir graissées si jamais il restait de l'humidité des dernières pluies mais rien à propos des ronces et rosiers sauvages qui jonchaient le sol des douves.
Pour ma part, je veux bien en effet des gants. j'ai laissé les miens dans ma cellule, ils sont en évidence sur ma couche. Sinon, je ne pourrais rien faire .
Elle laissa un temps de pose, ayant pris soin que chacune s'exprime pour avancer son interrogation.
Question : ils nous demandent de nettoyer, je veux bien .... Mais cela consiste bien à enlever le peu de limon au fond et pas les ronces? Sinon cela ferait place nette pour une possible attaque .
Puis elle continua sur le même ton.
Les Douves sont des douves sèches, et non pas asséchées. Cela veut donc dire qu'elles n'ont pas été traversées par un cours d'eau et qu'il ne s'agit donc pas des dépôts dus à la turpitude et autres que l'on connait des cours d'eau. Donc le fond ne doit pas être si vaseux que cela, ni si sale que cela. Je sais j'aime les "donc". Donc, petit froncement du nez et air taquin, devrait pas y avoir trop de travail... enfin espérons .
Ewaele, pendant que ces dames * petit sourire amusé* prennent le matériel nous pouvons déjà regarder ce qu'il en est , non ?
Et petit à petit, dans une démarche qui assurément n'était pas celle qu'elles auraient eu en cas d'attaque ou de combat, elles arrivèrent devant le fossé, de le regarder un moment des remparts jusqu'à elles puis de lâcher un petit sifflement.
Ben vois tu , si je n'avais pas eu à m'y intéresser de plus près, jamais je n'aurais vu qu'il était si .... grand , ni si ... épineux .
A ce dernier mot, l'Etoile fit une grimace qui ne disait rien qui vaille, à l'idée même qu'il allait falloir aller là dedans. Puis son regard sinople alla d'une main à la corde puis à l'autre main a laquelle celle ci était liée, puis s'en détachant à l'échelle.
Ewaelle, dis moi que tu as une idée lumineuse pour descendre par là sans se casser quelque chose ....
Son regard se reporta sur sa compagne d'infortune, tapant légèrement des pieds qui commençaient à se refroidir et ses jambes se tétaniser.
A première vue, pas grand chose à faire, quelques petits tas de terre écroulée par ci, des cailloux éboulés par là.
La tâche en elle même n'était pas si rude que cela si ce n'était les blessures de leurs sœurs qui lui occupaient l'esprit mais aussi ces cordes qui entravaient leurs mouvements.

Pas le temps d’obtenir une réponse à son questionnement… l’assistant du Maistre d’Armes se dirigea vers eux et leur fit une remarque des plus pertinentes : Elles perdaient trop de temps avec ce conciliabule, vraiment trop… Et Akane de serrer les dents en écoutant les objections de Flaiche… Objections plus que justifiées… En temps de guerre, prendre tant de temps pour élaborer une stratégie les mènerait à leur propre perte pour sûr. Puis vint l’idée de revenir le lendemain pour finir le labeur, pour elle, il en était hors de question, elles devaient finir leur tâche aujourd’hui, coûte que coûte, même si elles devaient pour certaines, suer sang et eau.
Alethea fit une remarque des plus sages, hochement de tête pour approuver ses dires, elle la suivait pour exprimer sa requête et obtenir elle aussi ses gants de cuir. Expliquer au garde où il pourrait les trouver, et lesquels il devait prendre… Non pas que la cavalière soit coquète, loin de là, mais elle possédait bon nombre d’effets qui avaient tous une utilité des plus certaines pour une personne des plus actives, et non pas pour une noble de son rang, des gants jusqu’aux bottes ou cuissardes. Les personnes qui se targuaient de pouvoir connaître pouvaient confirmer aisément que la brune se sentait plus à l’aise dans une tenue quasi masculine, que dans des toilettes sophistiquées. Requête exprimée, direction les pelles et seaux qu’il fallait emporter jusqu’en haut des douves. Le froid se faisait plus incisif encore, alors que la matinée avançait, et le fait de bouger enfin n’était pas pour déplaire à la normande, même si elle était habituée aux frimas de sa contrée. Seau et pelle sous le bras, en claudiquant, elle suivit sa sœur, sans trop parler, espérant que le temps reste aussi « clément » avec elles. Si cela n’était pas le cas, et vu le froid ambiant, ce ne serait pas de la pluie qui tomberait mais de la neige, rendant la tâche plus difficile encore pour celles qui ne connaissaient pas encore le climat hivernal de la Normandie.

Une fois arrivées devant les douves, elles jetèrent le matériel dans le gouffre puis Thea prit la parole, et fit une allusion qui fit sourire la brune. Non, plus aucun geste brusque entre elles deux, plutôt une harmonie naissante qui faisait que toutes les deux n’avaient plus de soucis pour coordonner leurs mouvements. Elle s’apprêtait à lui répondre quand un garde amena enfin leurs gants. En un geste, elle les enfila, appréciant la texture de ceux ci, bougeant ses doigts pour assouplir le cuir. Regard rapide vers l’autre brune, maintenant il leur fallait descendre.
L’auvergnate prit les devants, une fois de plus, libérant sa main encordée pour laisser un champ d’action à sa camarade. Réflexion rapide, elle décida à descendre par l’échelle voisine, doucement, s’accordant au rythme de l’errante à côté d’elle, veillant à ne pas trébucher ce qui pourrait leur être fatal. Alethea semblait ne pas perdre la cadence de mouvement, ce qui la rassura quelque peu.

Arrivées en bas, et distinguant enfin l’étendue ce qui les attendaient, elle semblait perplexe : Les ronces semblèrent plus épineuses qu’elle ne pensait. De son pied, elle tape le sol, constate qu’il est simplement un peu humide, humidité certainement due aux récentes pluies, mais rien de plus. Bon, c’était déjà ça de pris, restait donc les ronces qui lui posaient grand problème, il ne fallait pas qu’aucune d’elles ne tombe dans ces tas d’épines. D’en bas, elle entendit Antlia parler, puis fit un signe de sa main libre. Remarquer qu’elle hésite, qu’elle cherche quelque chose, qu’elle semble tétanisée par le froid. Advienne que pourra, elle lui adressa ainsi qu’à sa voisine, une recommandation des plus utiles
– Mesdames, pour descendre, il vaudrait mieux que d’abord l’une d’entre vous passe devant, descende juste un peu et libère la main qui vous lie, la seconde , quant à elle, s’installe sur l’échelle voisine. Par la suite, vous vous accordez au rythme de l’autre ainsi vous ne risquerez rien, nous vous attendons pour commencer, soyez prudentes tout de même.
Grand soupir, si elle avait su elle aurait passé une tenue de cuir complète, par chance qu’elle portait des cuissardes. Trouver un moyen maintenant de réaliser leur devoir sans trop de dégâts, faire travailler ses méninges, chercher une réponse à cette question, retourner le problème dans tous les sens. Elle restait sur sa prime idée. Sourire qui se veut rassurant à l’égard d’Alethea, légère tape à l’épaule de sa main libre, et propos à son attention :
– Et bien, semblerait que les lieux soient des plus épineux, normal me diras tu pour des douves, elles doivent être imprenables, mais es ce cela qui va nous arrêter ? Non, restons fières et braves, et mettons nous au travail, je suggère que nous attendons nos camarades et que nous voyons pour mettre en place assez rapidement le roulement que nous avons évoqué avant de descendre. Plus vite nous nous mettrons au travail, et plus vite nous en aurons fini, tu ne crois pas ? Le sol est à peine humide, c’est une chance, et si nous restons synchronisées nous y arriverons aisément. A cœur vaillant, rien ne résiste dit on. En tous cas, une chose est sûre, l'ennemi n'a qu'a bien se tenir.
Léger rire franc qu’elle étouffe rapidement, la nervosité sans doute, mais elle ne semblait rien paraître, restant droite et fière pour ne pas inquiéter sa compagne.

L'homme d'armes avait tout de même quelques instants de répits entre tous les tours de garde qu'il faisait. Vérifier des noms sur un cahier, il y avait plus passionnant mais cela lui plaisait.. Il se sentait utile et cela occupait ses journées a Ryes.
Mais malgré tout cela, il occupait ses moments de répits à parcourir les centaines de mètres des remparts de la forteresse, à force il en connaissait tous les recoins.
En partant du poste de garde il avait vu un de ses congénères partir en courant avec des gants à la main vers l'extérieur de la forteresse, celui-ci piqua la curiosité du héraut qui du haut des remparts le regardait se diriger vers un petit attroupement drôlement original.

Un homme assis, et 4 femmes qui s'affairaient près des douves.
Le Poitevin que le vent venait frapper de plein fouet plissait les yeux essayant de discerner les détails de la scène.
Voila que le quatuor licorneux se mettait à descendre dans les douves avec des échelles.. voila qui était pour le moins curieux. Au bout de quelques minutes et d'intense réflexion il réussit à distinguer une personne qu'il connaissait.. la responsable des Hommes d'Armes.. La "Chef'taine" comme Era aimait l'appeler (ce qui était loin, oh très loin d'être réciproque).

Et comme il ne pouvait contenir sa joie de voir sa "chef'taine" adorée il ne pût s'empêcher de s'exclamer à s'en casser les bronches un :

Youhouuuuuuu! Chef'taine vous allez bien?

De loin on aurait pû voir une silhouette agiter les bras tel un dément et quelques mots se perdant dans le vent.
Le Poitevin sentait déjà l'exaspération de sa chef'taine.. elle avait pas hérité d'un cadeau avec lui..

Il avait dit plus de palabres... Que les décisions devaient être prises rapidement . Humpfff ben allez zou ! Dans la fosse aux lions , non pardon aux épineux .
Elle approuva alors le choix d'Ewaele, ne lui faisant qu'un signe de tête, puis elle prit la corde qui restait au sol, avançant au même rythme que son binôme.
En bas, les deux autres Licorneuses allaient se mettre au travail tandis que la Blonde mettait les gants que l'on venait de leur faire parvenir, les bénissant presque intérieurement à la vue des ronces et des cordes à remonter.

Approchant du bord elle lança à l'autre couple :
On touche pas aux herbes n'est ce pas? Enfin aux trucs à épines . Quoique s'ils étaient trop haut cela pourrait servir de tapis aux machines de guerre offensives des attaquants. Juste les petits dépôts du fond...
Dans sa tête elle se demanda qui pouvait être assez fou pour attaquer une forteresse pleine de Licorneux .
Nous restons en haut afin de remonter les seaux, je pense qu'ainsi cela ira plus vite. Nous vous relaierons à la moitié des douves ou si l'une en a ... marre d'être au fond.
Elle leur lâcha un petit sourire taquin puis se retourna vers Ewaele.

Elle attacha la corde tout comme Ewaele, l'effort serait moindre mais .... Elle avait bien vu le geste de la rousse qui avait enserré son ventre mais est ce que cela allait être suffisant?
Elle aurait voulu lui dire que si elle avait besoin elle serait là, qu'elle pouvait transporter plus ce n'était pas un soucis. Elle travaillait ensemble et si l'une d'elle ne pouvait plus, l'autre serait pénalisée. Elle eut un petit moment d'arrêt. Et si c'était là la façon de la convaincre?
Elle se retourna, faisant bien attention que personne n'ait vent, ni n'entende ce qui allait suivre :

Ewaele, j'ai aperçu ce dont tu souffrais tout à l'heure, lorsque tu te bandais le ventre là haut.
Ne pas lui montrer de pitié, elle n'en voudrait pas et se braquerait. Elle aurait voulu la serrer dans ses bras, ne comprenant que trop bien ce qu'elle avait du subir mais elle n'aurait pas apprécié la connaissant, ou croyant la connaitre ..
A mon avis ce que nous nous apprêtons à faire est loin de convenir à ton état. Si un point lâchait où si ta plaie se rouvrait, cela serait fort ...
embêtant? non ce n'était pas le mot adéquat. Dommageable? cela le serait oui pour la Rousse.
Elle cherchait le mot adéquat pour ne pas faire bondir la Rousse puis sortit tout bêtement: cela ferait mal.
Pfff ce qu'il ne fallait pas entendre des fois lorsque l'on ne trouvait pas les mots qui convenaient.
Alors je te propose une chose : de t'aider sans que cela paraisse .
Soit l'on remplit moins ton seau, ou alors nous nous arrangeons pour monter un seau à deux, cela reduirait l'effort que aurais à fournir.
Puis le ton qu'elle employa fut plus lourd de sens, peut être plus dur afin non pas de la faire plier mais qu'elle comprenne que l'interêt était pour elles deux.
On est là pour travailler ensemble, et si tu te blesses davantage, je vais être obligée de te porter sur le dos, en plus des seaux, et ça je veux pas !

Elle la regardait droit dans les yeux, essayant de faire la méchante mais au fond d'elle même elle ne l'était point. Elle pensait juste à son état, lorsqu'un cri la fit se retourner, sinoples dirigées là haut. Qui était donc l'énergumène venu les titiller et les narguer de là haut? Déjà que la tache n'était pas plaisante, qu'elle s'annonçait fatigante, en plus il allait falloir faire face aux railleries ou aux plaisantins ?
Elle fit une moue l'Etoile, puis se retourna vers Ewaelle ne faisant plus cas du spectateur logé aux places de secondes.
Il est venu nous donner un coup de main tu penses? Par solidarité entre Licorneux?

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres puis elle revint à la conversation qui les intéressait : Qu'en dis tu Ewaele ? On s'y met comme cela? Une corde pour deux?

Elle regarda Antlia, surprise, quand elle prit la décision de lui parler de sa cicatrice. Elle se renferma un peu plus dans un premier temps. Avouer ce qu’il s’était passé et tout ce qui en découlait était trop douloureux pour la rousse mais elle comprit où elle voulait en venir. Elle ne lui demandait pas forcément de lui parler de tout cela mais lui proposait tout simplement son aide pour éviter souffrance et pire que ce qui n’était déjà. Elle la regarda et pencha lentement la tête, geste qui chez Ewa annonçait un moment d’observation et de réflexion. Elle prit une bouffée d’air plus grande que d’accoutumé afin de lui répondre mais ce fut un soupir qui s’échappa des lèvres de la jeune femme, ses yeux se fermèrent aussi, essayant de balayer tout ce qui pouvait arriver dans sa tête concernant l’histoire de cette blessure. Sa poitrine se souleva et s’abaissa à maintes reprises avant qu’un léger murmure s’échappa de sa bouche.

Je te remercie de ta prévenance Antlia, je… Non point que je refuse ton aide mais je suis là et je me dois de faire autant que vous, je sais ce qu’il m’en coûte et peut m’en coûter de trop forcer, je sais aussi que ma plaie est déjà dans un état que j’aurais préféré éviter… Un point a déjà lâché. Ce que nous allons faire, c’est que je vais tenter au maximum de faire ce pourquoi nous sommes là et si jamais je faillis à ce moment là je solliciterais ton aide. Si tu veux bien…

Elle scruta le visage de la blonde, n’arrivant pas à sourire, son cerveau trop embrumé par le mal qui la rongeait mais ses yeux étaient devenus plus doux pour celle qui était son binôme. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre à ses propos qu’un cri provenant d’au-dessus de leur tête se fit entendre, elle dirigea son regard vers ce dernier pour voir de quoi il retournait.

Nous aider? Tu crois ? Hum… Hé bien si ce n’est pas le cas on peut l’inviter non, ça ferait de la main d’œuvre en sus et ce ne serait pas négligeable.

Puis elle regarda Flaiche non loin de là.

‘Fin faudrait il encore qu’on nous laisse le choix…

Elle s’arrêta là quand elle entendit la blonde proposer une corde pour deux et hocha la tête négativement…

Non essayons déjà d’en faire un maximum et si je vois que cela me coûte trop à ce moment là nous prendrons une corde pour deux.

Elle regarda la blonde en coin, ne voulant pas non plus se faire trop insistante sur sa demande d’indépendance de la sanction. A ce moment ses émeraudes se dirigèrent vers le ciel à la recherche de sa buse. Elle était toujours là, à tournoyer au-dessus des remparts, qu’est ce qu’elle pouvait lui envier cette liberté de sentir le vent s’engouffrer et glisser sur elle. Ressentir cette ivresse de voler et de voir de là haut cette terre où ils évoluaient comme des pantins. Mais qui savait un jour l’homme volerait lui aussi. Ce n’était sans doute pas pour demain et en attendant de s’enivrer avec son oiseau elle devait redescendre sur terre et faire ce qu’on attendait d’elle.

Sans un mot de plus les deux femmes allèrent un peu plus prés du fossé. Ewa enfila enfin ses gants afin de protéger ses mains, il n’était pas nécessaire de se faire d’autres bobos. Elles s’activèrent a remonter et vider les premiers seaux que leurs sœurs leur faisaient coulisser. Puis elles les virent remonter et retrouver Flaiche. Quelque chose ne tournait pas rond? Il y avait un souci? La rousse regarda la blonde puis d’un commun accord elles descendirent dans la fosse à leur tour sans glisser sur leurs fondements comme l’avait proposé Ewaele à Antlia un peu plus tôt et en attendant de connaitre la suite pour leurs sœurs elles commencèrent à nettoyer elles aussi.

La jeune femme une fois les seaux pleins et dans l’attente de leurs partenaires, réajusta les liens de sa tunique puis passa sa main à quelques millimètres de son ventre et vînt l'effleurer. La peau sous les gants semblait rugueuse, visiblement les travaux effectués ne viendrait pas à bout de la cicatrice. Soudain, Ewaele se montra plus songeuse. Il semblait que la situation se soit éclairée à ses yeux sous un jour nouveau. Elle posa derechef son regard sur sa buse qui se targuait de son ampleur, fit glisser son regard sur les somptueuses ailes de la créature qui frémissaient au passage de la douce et fraîche brise matinale. Elle commença soudain à redouter la suite mais n’en laissa rien paraitre, la journée lui semblait bien longue malgré l’occupation constante qui était la leur. Puis jeta un regard en coin à son équipière pour être sure qu’elle n’avait rien remarqué de son manège.

Flaiche s'était replongé dans sa lecture, ouvrage de médecine bien entendu, autant occupé son temps libre de manière constructive, mais je dois radoter la. Toujours est il qu'il était concentré sur sa lecture, ne faisant plus cas des filles qui devaient commencer à œuvrer quelques mètres plus bas. Le vent soufflait, rendant plus difficile l'écoute des paroles de celles ci, mais le gardon profitait de son livre pour "couper" un peu le vent, ses sœurs elles devaient en être un peu plus gênées pour parler, et ainsi, devraient forcément élever la voix pour se faire entendre. Voila qui jouait en faveur de l'errant. Cela dit, il n'écoutait pas, ou disons que d'une oreille inattentive, veillant seulement à ce que le ton des paroles reste dans ce qu'il y avait de plus normal, même si de devoir parler fort n'allait pas aider. De toute façon, Flaiche pensait bien qu'il serait peu probable que ses quatre soeurs n'en arrivent à se chamailler ouvertement en plein travail. Déjà elles n'en avait pas le temps, surement pas l'envie vu la tâche qu'elles avaient à faire, et puis, si elles étaient là, c'est qu'une corvée avait été décidée pour elles, il n'aurait pas été très malin de se lancer dans un spectacle tout en arrogance et colère tant celui ci aurait de chance de leur couter leur place au sein même de l'Ordre. Mais aucune des quatre n'en avait envie, ou ne serait assez bête pour s'y atteler, du moins de l'avis du Gardon. Rien ne viendrait donc troubler sa lecture.....si ce n'était....

Haussement de sourcil du Gardon. La voix avait été un peu trop masculine pour appartenir à l'une de ses sœurs. Bras qui se reposent, regard intrigué et surtout perplexe sur le nouveau venu.
"Youhouuuuuuu! Chef'taine vous allez bien?"

Comment pouvait on poser une telle question dans une situation pareille ? Ne voyait il pas que la fameuse "cheftaine" était avec ses trois consœurs d'infortune, descendue dans les douves et commençait le nettoyage, attachées deux par deux par de solides cordes qui entravaient leurs mouvements en plus de les obliger à s'accorder un minimum ? L'homme d'arme était jeune, et ne se doutait peut être pas encore des punitions qui étaient infligées au sein de la forteresse, imaginant peut être même que ce genre de tâches ingrates étaient un plaisir tel, que ses soeurs avaient même prit soin de s'attacher pour rendre le jeu encore un peu plus drôle...Non quand même pas, à ce niveau ça ne serait plus de la naïveté mais du crétinisme incurable. Autre solution, plus plausible celle la, il avait très bien comprit ce qui se tramait sous ses yeux et la question, loin d'être stupide, était plutôt une pique destinée à se moquer de la dites cheftaine. Simple homme d'arme et déjà si sadique ? Recrue des plus prometteuse dirons certains, même si Flaiche savait bien que ce trait de caractère n'était nullement en rapport avec le grade. Quoi que, cela dépendait surement des cas de figure. Lui même n'était pas contre une pointe d'humour noir ou un brin de sadisme, sinon il ne serait pas sur sa chaise non loin des remparts en cet instant. Un gardon saisit toute occasion de s'amuser, mais dans la limite du raisonnable toutefois. Quoi que pour cette fois, il fallait bien admettre que ça le titillait. Veiller sur la corvée était cependant son objectif, et par la même s'assurer que rien n'entrave celle ci. Cela dit....l'un empêchait pas l'autre non ? Léger sourire en coin qui se dessine sur les traits du gardon.

Quelques instants plus tard, c'était une Alethea visiblement très remontée qui répondait à son bourreau, lui ordonnant de descendre voir ce qui n'allait pas pour elle. Situation des plus cocasses que celle ci, tirant un nouveau sourire au gardon. Qu'allait donc faire Eragon a cet ordre plus qu'impérieux, même si visiblement la cheftaine n'était pas à première vue dans une situation propice pour en donner. Gardon qui se contente de regarder, ne voulant troubler le spectacle. Il serait bien temps d'agir s'il s'avérait que la situation dégénère ou si le licorneux était embrigadé de force dans les travaux de ces dames. Contre toute attente, l'homme d'arme suivit l'ordre à la lettre, descendant des remparts alors que Alethea, et Akane bien évidemment, remontaient elles dans le sens inverse. Haussement de sourcil du gardon. Proposition faites par l'errante, mine intransigeante du médicastre.

Tu m'en vois désolé ma soeur mais je ne peux accéder à cette requête. Nettoyer les douves est votre corvée, punition que le haut conseil à considérer comme juste par rapport aux fautes commises, je ne peux donc pas et n'ai pas autorité pour vous fournir une aide, quelque soit la forme qu'elle prendrait et même si le motif est j'en conviens, des plus valables.

Flaiche se lève alors, faisant quelques pas pour se placer là ou il pourrait voir ses quatre soeurs ainsi que l'arrivée d'Eragon vers eux.

Se tournant vers Alethea et Akane, il reprit :

Je comprend bien ton agacement Alethea, et je crois sincèrement que la punition a été faites aussi dans cette optique. Ménager sa susceptibilité et sa colère dans une situation difficile est des plus ardu parfois, c'est donc à mon avis tout autant une corvée qu'un test. Cela dit....si cela vaut particulièrement pour vous dans ce cas, je pense sans mauvais jeu de mot que j'ai bien moins les mains liées.

Sourire qui s'élargit sur la face du gardon alors que Eragon arrive vers le petit groupe.

Tu comprendras frère Eragon que ta question à ta "cheftaine" puisse passer au mieux pour une question un brin naïve au vu de la situation de la dites chef, au pire pour une pique moqueuse fort indélicate pour les mêmes raisons. Il convient qu'un futur chevalier, du moins je te souhaite de le devenir un jour, apprenne à modérer ses paroles et à garder tant les moqueries gratuites que les paroles non avisées pour les situations appropriées, celle d'aujourd'hui ne faisant a mon avis pas partie de ces dernières.

Ainsi comme pourrait le dire mon maitre à penser, il ne faut jamais manquer une occasion de joindre l'utile au désagréable ! Je vais donc te donner tout loisir de réfléchir à mes dernières paroles tout en te permettant d'assimiler la difficulté de la situation actuelle de tes soeurs, dans ton intérêt exclusif bien entendu. Je ne pense pas que tu refuseras une occasion de t'améliorer n'est ce pas ? Et si c'était le cas malgré tout, étant donné que je ne suis sur d'être habilité à t'y contraindre, Alethea le fera, elle le peut puisque tu la considères comme ta chef, il serait par conséquent très mal avisé de ta part de ne pas obéir à l'un de ses ordres directs.
Donc, puisque le nettoyage des douves est le travail qui leur a été confié à elles, tu ne pourras les y aider, cela dit, tu pourras très bien aller vider leurs seaux pendant qu'elles nettoient. Cela permettra de plus que le nettoyage avance plus vite, et si vous y mettez tous coeur, nous n'aurons pas à revenir demain, car je ne pense pas que le haut conseil se contentera d'un travail partiel. Ils ont dit nettoyage des douves, cela implique que l'intégralité des douves le soient.
Petit bémol cela dit, il est évident que pour bien méditer sur les nombreux points dont je t'ai fait part, il faut que tu partages leurs conditions de travail dans leur intégralité. Il n'y a rien de sorcier à faire des allers retours sur une échelle avec des seaux en main après tout, même si j'admets que à la longue cela puisse être fatiguant. Tu me vois donc contraint de te faire cadeau d'une jolie corde comme les leurs.

Joignant le geste à la parole, le gardon retourne vers le sac, le fouille et s'empare d'une longue corde, revient vers Eragon, noue l'extrémité de celle ci à son poignet droit, la fait descendre et l'enroule autour de sa cheville gauche, puis la droite, pour enfin revenir attacher celle ci à son poignet gauche, prenant soin à chaque fois de mettre des vêtements entre la corde et la peau pour éviter les frottements, gardon est médicastre n'oublions pas, et de laisser un peu de leste, juste ce qu'il faut mais pas plus, afin de laisser à l'homme d'arme la capacité de se déplacer mais en l'entravant quand même de façon assez gênante pour la tâche qui lui était confiée.Sourire du gardon qui se relève.

Voila, au travail braves gens.