Les routes, ça grise. Et ce n'étais pas que pour faire un jeu de mot avec le titre.
Tous les voyageurs vous le diront, une fois parti sur les chemins, on ne peux plus s'en passer. Charles en avais fait l'expérience il y a de cela de longues années, en quittant le berceau gascon. Rupture immense pour lui qui chérissais cette terre, déchirement pour lui qui détestais son peuple et fuyais ses anciens amis, mélancolie propre à l'exilé... Et malgré tout cela, cela avais été une bénédiction pour lui de sortir du cocon.
Il laissais depuis son empreinte par monts et par vaux, au gré de ses missions ou des guerres qui teintais la terre de rouge. Son fidèle Huec au nom de feu se fatiguais de plus en plus, son pas se faisais plus lourd et lent. Il faut dire que ces deux-là en ont fait du chemin ensemble. Et c'est pour encore un peu de trajet qu'il lui faisais aller au trot alors qu'il observais le paysage alentour de Normandie. Au loin, en haut d'une colline, une forteresse se dressais.
Le vaillant cheval pangaré grimpais sur le chemin d'accès alors que son maitre avais le nez levé sur les hautes murailles. Assurément un bâtiment impressionnant vu en contre-plongée. Il arriva finalement au poste de garde et mis pied à terre lourdement, le voyage ayant été long, puis s'adressa au garde qui arrivais à sa rencontre de son fort accent du Sud aux « r » rocailleux en enlevant la couche de poussière recouvrant sa cape blanche, frappée de la croix de Saint-Jean.
- Messer bonjorn. Je suis Charles de Warenghien et le Chevalier Saincte-Merveille m'a demandé de venir ici pour qu'elle puisse réorganiser les lances royalistes. Étant maintenant entièrement opérationnel, j'aimerais rejoindre la salle dédié à cet effet.
Il lui fit un sourire franc et chaleureux. Malgré la fatigue qui lui pesais sur les épaules, il savais rester courtois. Il passa la bride d'Huec au dessus de sa tête et lui flatta l'encolure, sans lacher son interlocuteur du regard.