[RP] Découverte des lieux par un écuyer.

Les forteresses étaient à la fois des lieux simples, toute personne habituée pouvait aisément se rendre d'un point à un autre assez rapidement, notamment en cas d'attaque, il était nécessaire de pouvoir rameuter tous les hommes vaillants sur les endroits stratégiques afin de défendre les murs. Mais elles étaient tout à la fois de véritables labyrinthes, avec des pièces partout, pas forcément regroupées de façon logique pour une personne non initiée et c'était après tout logique que ça ne le soit pas. Une aile c'était une aile, y avait de la proportion dans le tout, on ne pouvait donc pas mettre la quasi totalité des pièces dans une aile et qu'une ou deux dans une autre. On ne pouvait guère augmenter indéfiniment le nombre de pièces dans un espace réduit, alors on finissait par regrouper les lieux plus aléatoirement, on mettait telle chambre où il y avait de la place, tel salon ici parce que Tartenpion (fainéant mais influant) passait souvent par ce couloir et ne voulait pas traverser tout le château pour recevoir des gens...

Bref pour un nouvel arrivant dans un château c'était toujours fort difficile de trouver son chemin, cela nécessitait de la pratique, des années à tâtonner. Très peu de personnes pouvaient en définitive se vanter de connaître parfaitement les lieux, il ne manquait pas parfois exister des passages souterrains bien dissimulés ou des passages "secrets" entre diverses pièces. Peut être que le tout premier propriétaire des lieux et le concepteur des plans de la forteresse pouvaient se vanter d'en savoir autant, mais les secrets finissaient souvent par ses perdre, et depuis le temps que ce domaine existait, le grand maître en personne devait ignorer certains faits.

Arthur faisait parti de la catégorie nouvel arrivant. Aussi se contenta-t-il de suivre les indications formulées par son parrain pour se rendre des écuries à la taverne, de frottant par intermittence le visage de ses mains tant pour finir un peu de se décrasser, que pour se détendre et relâcher un peu la pression de journées passer à s'épuiser et s'inquiéter de tout événement indésirable qui pouvait compliquer un voyage en solitaire : brigands, animaux agressifs, épuisement de la monture, chutes... C'était pas vraiment des sinécures ces chevauchées.

Le blond à peine passées les portes observa un instant en silence les lieux : larges, de la pierre à perte de vue, des tables et chaises de bois brut, la traditionnelle cheminée que l'on retrouvait dans toutes les pièces pour ne pas trembler de froid toute l'année. L'endroit lui sembla instinctivement vide et de fait un peu froid, mais il imagina sans mal la pièce pleine au retour des campagnes, chacun buvant pour la mémoire d'un frère ou pour fêter la victoire... Une pièce où il devait faire bon venir quand la journée n'était pas à peine commencée et chacun rendu à ses activités.

Après un instant, le blond afficha un sourire satisfait et alla s'installer à une table. Il se souvenait de son rendez vous préalable à l'intégration où on lui avait servi du Calva, alcool assez fort et agressif avec la fatigue de journées de voyage. Peut être pas le plus adapté pour une pause dans une journée de visite des lieux et prise en main de son rôle d'écuyer.

Heuuum, qu'avez vous l'habitude de boire ici ? Ah et tient j'y pense : y a t'il des règles au sein de l'ordre concernant l'alcool. Je sais que dans certains endroit on interdit l'alcool en permanence, dans d'autres seulement en mission et jours de garde...

[De la herse à la taverne, en passant par les écuries]

En effet, elle a mérité plus que d’être étrillé. Allons-y de ce pas, ce ne serait pas très respectueux de l'oublier, comment ça se passe dans les écuries ? Y a t'il des palefreniers employés dans les villages voisins, chacun s'occupe de ses propres bêtes, y a des palefreniers volontaires ou c'est une tâche qui incombe aux mauvais élèves en punition ?

Question fort intéressante, qui va me permettre de soulever plusieurs points importants. Pour les écuries, c'est simple, il y a des licorneux et des employés. L'explication tiens au fait qu'en général, l'Ordre fonctionne en grande partie grâce au volontariat, cela permet aux nouveaux entrants comme aux membres aguerrit de prouver leur attachement et leur implication dans l'ordre, mais cela ne suffit pas parfois. Par exemple, lorsque la plupart des membres répondent à une mission, il y a bien moins de bêtes aux écuries, mais il en reste, alors que la majeure partie des membres ne sont plus à la forteresse. Bien sur il reste des membre au poste de garde par exemple, et tout fonction réservée aux licorneux et dont on ne peut se passer en temps de mission, mais il y en a d'autres que l'on peut déléguer. Ainsi quelques hommes non membres s'occupent des chevaux, permettant ainsi au plus grand nombre de frères et sœurs de participer à la mission sans avoir à rester pour s'occuper des chevaux.
Le premier point intéressant est donc le principe de volontariat. Si tu veux prouver ton intérêt et ton implication, il y a forcément quelque chose que tu pourras faire ici. L'intérêt est aussi de pouvoir de cette façon apprendre ce que tu peux ignorer. Pour celui qui ne saurait pas s'occuper d'une monture, proposer son aide aux écuries pourra lui permettre d'apprendre sous la férule d'un frère ou une sœur y travaillant aussi.
Le second point intéressant concerne les punitions. Depuis que je suis ici, très peu ont eu lieu, car la plupart du temps, ce ne sont que des petites erreurs qui sont à l'origine de réprimandes verbales sans autres conséquences. Comme partout, la gravité et l'importance des faits engendre une réponse en conséquence, et il est arrivé qu'un de nos membres soit rétrogradé, mais pour cela, je suppose qu'il faut avoir largement dépassé les bornes, donc à moins d'être inconscient, chacun sait ce qu'il fait et ce qu'il a à faire. Il y a bien sur comme tu t'en doutes sûrement, d'autres sanctions entre les réprimandes verbales et la rétrogradation, mais il n'est aucunement question de travail comme tu pourrais le faire aux écuries ou dans un atelier. Il s'agit de punition n'ayant qu'un seul et unique but : passer toute envie à la personne concernée de se retrouver une seconde fois dans cette situation, et croit bien que depuis que la Licorne existe, certains ont su élaborer des moyens très efficace pour cela. Cela dit, tu m'as l'air plutot malin, donc tu devrais être en mesure de te passer de ce genre de choses.

[A la taverne]

Les deux hommes avaient prit la route des écuries, le jeune écuyer y avait laissé sa monture et prit soin d'enregistrer celle ci. Ils avaient alors prit la route de la taverne, le roux appréciant quand rien d'urgent ne l'appelait et qu'il avait un peu de temps pour lui, d'aller se désaltérer un peu après une longue chevauchée. Il y avait d'ailleurs un moment qu'il n'y avait pas mis les pieds, et retrouva donc avec plaisir l'ambiance particulière du lieu. Laissant à son filleul le temps de découvrir et de s'imprégner de ce lieu qu'il côtoierait sûrement assez régulièrement lors de ses passages à la forteresse, pour peu qu'il apprécie de boire un coup en compagnie de frères et sœurs licorneux, il le laissa choisir une table et s'installer avant de le rejoindre.

Heuuum, qu'avez vous l'habitude de boire ici ? Ah et tient j'y pense : y a t'il des règles au sein de l'ordre concernant l'alcool. Je sais que dans certains endroit on interdit l'alcool en permanence, dans d'autres seulement en mission et jours de garde...

Pour les habitudes, tu imagines bien que chacun a les siennes, et comme les membres de l'ordre viennent parfois d'horizons très différents, certains aiment à fournir cet endroit en boissons de chez eux, donc on peut parfois y trouver des choses particulières. Cela dit en règle générale, on y trouve un large assortiment de bières, des alcools plus forts, comme le calva qu'affectionne tout particulièrement notre frère Boucanier, différents types de vins français ou non et diverses eaux de vie. L'ordre engendre pas mal de commerce, la taverne profite aussi de ce fait pour acquérir des boissons qui sont plus difficiles à trouver ici en général. Je crois d'ailleurs qu'il y a un tableau avec les différents alcools que tu peux boire ici.

Pour l'alcool à l'intérieur de la forteresse, c'est le bon sens qui prévaut, je ne doute pas que certains membres du haut conseil aient de quoi offrir un verre à leurs invités, ou même pour leur consommation personnelle, de même que certains frères et sœurs de grade divers. Bien sur, si quelqu'un finit ivre mort dans l'enceinte de la forteresse, il y a de fortes chances qu'il finissent par dessaouler dans une cellule du sous sol et que par la suite, comme on le disait tout à l'heure, on lui passe l'envie de recommencer par le biais d'une corvée méticuleusement choisie et à effectuer en pleine gueule de bois.

Il est à rappeler aussi ce que dit notre charte : « Tout membre se doit d'afficher un comportement exemplaire et de donner une bonne image, autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Ordre ». Je te laisse imaginer ce que pourrait engendrer un manquement répété à cette règle. Mais tout le monde sait se tenir ici, les candidats sont déjà triés par les entretiens, ce qui limite l'arrivée d'alcooliques dégénérés, et puis, si un jour le moral n'est pas au rendez vous, il y aura toujours un frère ou une sœur pour t'épauler plutôt que de te laisser sombrer dans l'alcool. Parler ne guérit pas les blessures, mais ça aide en partie à les rendre supportables.

Mais trêve de bavardages, buvons un coup, et dis m'en plus sur toi si tu veux bien

Oui, en vérité le tableau, il l’avait aperçu en passant, mais sa demande était plus… Subtile que ça. Boire était un acte social, on prenait un verre avec une nouvelle connaissance tout en discutant de tout et de rien pour se découvrir, on trinquait avec un nouvel associé en signant un contrat, on buvait entre amis après des défaites pour les oublier et transformer l’instant en bons souvenirs… Quel que soit l’occasion et le motif, il y avait un alcool particulier. Savoir ce que contenait le verre d’une connaissance, c’était un peu apprendre à connaître cette personne. Et c’était là que résidait la subtilité. Il avait voulu savoir ce qu’affectionnait son parrain : alcool fort, alcool « exotique », bière traditionnelle, vin raffiné… Pour appréhender un peu l’homme qu’il était.

Arthur par exemple affectionnait principalement les vins, un alcool noble, qu’il buvait avec son père en parlant affaires. Il appréciait aussi une bonne bière lors des soirées de détente en taverne. Mais tout ce qui était alcool fort n’était que question de paraître, il n’appréciait pas l’impression de chaleur, de boule qui se contractait dans la gorge… Mais pouvait se forcer à en boire lors de ces « combats de coqs » où il voulait montrer qu’il était un homme, un vrai…

M’enfin là il n’était pas d’humeur petit coq…

Parler de moi… Pfiouuuu ça va au moins nous prendre une minute, voir deux !

Le blond ponctua sa réponse d’un rire franc, avant de s’expliquer avec un sourire.

J’ai cru comprendre que beaucoup de Licorneux, quel que soit leur rang dans l’ordre étaient assez titrés, et si les titres ne signifient rien ici bien sûr, c’est souvent signe d’une vie politique bien remplie, avec pour y accéder un passage par la case armée, diplomatie, et aide du maire… A 17 ans, je dois avouer n’avoir presque rien fait de mon début de vie. Je suis un fils à papa. J’ai été élevé en digne héritier de mon père, selon l’idée qu’il s’est fait de ce que devait être l’éducation d’un noble de sang. J’étais tout petit quand ma marraine de baptême a été anoblie par mon père, à la suite de cette cérémonie, ils m’ont intronisé écuyer de ladite marraine, et j’ai quitté ma demeure et ma famille pour accompagner celle qui était encore presque une inconnue. Elle m’a presque tout apprit, l’équitation, les armes, et toutes les choses de ce genre jusqu’à… Sa mort. Après quoi je suis parti au collège Saint Louis, sous le rectorat de Dame Nennya Blackney… Une grande rectrice, j’ai trouvé la paix là-bas, j’ai reçu une éducation plus « noble », c’était plutôt une transmission de valeurs, bien qu’on ai eu aussi des cours plus pratiques, m’enfin on s’en fiche, on ne va pas faire la liste. Puis il n’y avait pas que l’apprentissage, tu m’as dit à l’entrée que si je voulais courir les donzelles ça ne serait pas ici, bah je dois dire que là-bas c’était le bon endroit, un jeune garçon de bonne famille pour une quinzaine de damoiselles… Je dois dire que l’adoration non fondée des damoiselles à mon égard j’en ai soupé, ce n’est pas ce que je cherche. Bref je suis resté au collège jusqu’à la mort de Nennya, ce n’était plus pareil ensuite…

Le blond se ferma un instant, entre sa mère qu’il n’avait jamais connu, bien qu’elle soit encore vivante, puis les femmes qui avaient tenté de le guider sur la bonne voie, femmes auxquelles il s’était attaché et qui étaient mortes, il avait commencé sa vie en connaissant plus de pertes chères que de mérites dont il pourrait se vanter… Pour changer un peu le ton de l’histoire, il prit le temps d’aller chercher deux bières, et se réinstalla à la table, en proposant une à son parrain, avant de se demander s'il n'aurait pas dut lui demander avant ce qu'il voulait...

Puis j’ai repris mon rôle de bon fils, et j’ai obéis à mon père en lui servant officieusement d’écuyer, je l’ai accompagné aux batailles contre le Ponant malgré mon entrainement désastreux, je pense avoir eu beaucoup de chance de m’en sortir, j’ai alterné brèves batailles, blessures assez graves, repos, batailles, blessures… Jusqu’à la fin de la guerre. Je me suis plongé ensuite dans l’oisiveté jusqu’à n’en plus pouvoir, et alors je me suis mis au service d’une Comtesse Languedocienne en tant qu’écuyer… Encore une fois. Mais elle était trop prise par la politique, j’étais donc toujours oisif, mais sous le soleil Languedocien. J’ai postulé alors à la Licorne. Entre temps, j’ai eu une brève expérience politique avec un mandat de maire. Puis j’ai voyagé à travers la France avec ma fiancé et une de mes sœurs, et pis voilà ! J’ai fini sur ce banc à dire en dix minutes, ce que je pourrais résumer sur un curriculum vitae en trois mots. Huuuum dans le fond, qui suis-je vraiment ? Un frère surprotecteur, un fils obéissant, un fiancé aimant, et un homme qui voudrait trouver sa vie dans les armes, je veux voyager, découvrir la France et les français. M’entrainer et m’endurcir pour être capable de défendre ma famille, et l’honneur des miens lors des prochains combats, sans tomber à la première bataille, puisque la noblesse entraine fatalement de devoir se battre à chaque levée de ban, autant s’y préparer. Je me suis déjà beaucoup entrainé depuis le Ponant à la chasse, aux duels à l’épée et aux joutes, m’enfin ça ne sert pas beaucoup sur un champ de bataille. Mais je ne suis pas certains qu'on puisse de toute façon être prêt pour le champ de bataille... ça nécessite surtout de la chance. M'enfin voilà, tu connais toute ma vie ou presque. Trinquons.