Le Corbeau sur le toit

Sujet: Le Corbeau sur le toit Mar 7 Jan 2014 - 20:30

PARTIE SECONDE: L'HOMME DU CORBEAU

Le temps est maussade à Ryes. La saison en est surement la cause. La région aussi. Normandie, Normandie... Terre d'un Roy. Pays des Héros. Berceau de la Licorne. Avant même que ne lui pousse sa Corne, elle cabrait vers le Ciel et défiait le destin. Nul autre Duché n'aurait pu couver avec tant d'attention le Géant qui allait naitre. Et c'est dans le petit village de Ryes que se cristallisa cette apparition bénie. C'est à cet endroit perdu et oublié de tous que poussèrent ces murs souverains, imposants, terrifiants pour qui avait quelque chose à se reprocher. La Forteresse était née et elle devait provoquer le même effet sur chaque visiteur, sur chaque postulant, sur chaque espion. Car en plus d'en imposer par la vue, quiconque la connait sait qui la défend et comment. Pensée par le plus grand soldat de l'histoire récente du Royaume, sa défense ne connait presque aucune faille. Le bâtisseur d'armées y a veillé. Lui, l'homme sans coeur s'est donné sans compter pour ses Frères et pour son Ordre. Lui qui a pris tant de vies a tout fait pour celles qui s'abriteraient derrière ces murs soient sans crainte et puissent combattre le bras sur et confiant. Ainsi était Ryes. Ainsi était l'Ordre. Du moins un pan.

Et face à ce géant de pierre, sur le chemin de terre sableuse qui sinuait entre les bosquets et les champs, s'avançait un homme, un encapuchonné comme disent les Couriens, au pas lent et régulier, à la démarche assurée et tranquille. On pouvait le prendre pour un gueux avec son habit délavé et usé par le temps et les intempéries. Ses bottes sales et non cirées. Il ne respirait ni la richesse, ni le pouvoir.

Arrivé à quelques toises de la gigantesque porte du lieu, il s'arrêta, rabaissa son capuchon et jeta un regard de défi aux murs. Son visage était maigre et vieux. Ses cheveux blanchis, gris par endroits et ses tempes ridées. Il arborait le catogan pour coiffure, identique à celui que portait un certain Capitaine et Maistre d'Armes célèbre de l'Ordre. De multiples petites cicatrices zébraient son visage peu avenant, et un sourire sadique vint les dessiner un peu plus tandis que quelques mots s'échappaient doucement de ses lèvres.

Je t'ai retrouvée vieille putain de jument... Sa mémoire était bonne au Corbac.

Souriant toujours il rabattit le tissu sur son visage et reprit sa marche de son pas serein. Le froid mordait sa peau et son coeur et la peur commençait à le gagner, mais il avançait toujours. Chaque chose en son temps. Il venait là pour la fille de la Louve. Se délivrer du poids du Corbeau avant d'entamer son propre chemin. Les titrés comprendraient bien assez tôt sur quoi ils étaient assis. Chevaliers ou pas. Mais pour l'heure il s'agissait de tempérer la nièce. Le vieux l'avait mis en garde contre sa colère qui pouvait abattre des châteaux. Elle avait pris de sa mère l'assurance, la détermination et de son père le caractère et la manière de l'exprimer. Autant vous dire que l'Enfer pouvait vous apparaitre bien doux en comparaison de la tempête qui vous déracinait. Mais l'homme était confiant. Il portait les mots de son mentor et maître et les savait capables d'adoucir la plus dure des bêtes sauvages. Le plus difficile serait de trouver une explication crédible à la disparition. Il n'y en avait aucune... Certains secrets devaient rester enfouis à jamais.

Finalement son chemin dut s'arrêter devant les deux battants fermés. Bien informé, il savait que la Licorne confiait son Poste de Garde aux jeunes entrants pour les former et les endurcir à l'aide de longues gardes ennuyeuses. Peut-être même l'observait-on depuis les remparts et le tenait-on en joue à l'aide d'une arbalète ou d'un arc. Mais c'est sans peur qu'il s'annonça d'une voix forte et claire où pointait l'expérience et le vécu:

Je suis Yvaniès Daktom ! Je viens rendre visite à la Fille de la Veuve Noire ! Faites savoir à la Louveterie que la Voix du Bâtard est à vos portes ! Et faites prévenir le Haut Conseil que le Chevalier Corbeau est en vie et les salue !

Il se tut alors et fit tomber au sol son mantel usé d'un geste théâtral et volontairement exagéré. Découvrant, dans le froid mordant, ses mains couvertes d'engelures, l'une présentant une Miséricorde gravée à la lame d'une Licorne et au manche d'un Taureau, l'autre tenant un mantel de cuir noir brodé d'une Licorne d'Argent. Et il mit un genoux en terre. Attendant la décision qui ne manquerait pas de tomber. Le carreau ou le cliquetis de la herse. Le destin avait déjà choisi sa voie et le Destructeur ricanait dans son sommeil.

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Quelques arrivés et rien de plus. Tout redevenait au plus calme en la forteresse de la Licorne à Ricqles...euh Ryes. Pas lassé loin de là du poste de garde même si au final ce sont toujours les même qui font les tours de garde dût aux absences des autres.
L'estomac de l'Ar Sparfel commençait à gargouiller, la faim le gagne, un peu trop ces derniers temps qu'il commençait à en prendre quelques kilos et surtout un petit ventre qui apparaissait.

Debout au niveau de la herse, l'Ar Sparfel entendît un bruit puis une voix. Albin laissa l'homme s'exprimer.

Dans sa tête autant retenir les mots importants "Louveterie, veuve noir, conseil et Chevalier Corbeau'. Autant dire comment déchiffré et comprendre tout ça? Qui prévenir? Haut conseil et Chevalier Corbeau il comprenait mais le reste?
Que faire? Comment agir? Qui prévenir en premier lieu?

Bon il y a le cornet à proximité autant s'en servir.

Oh hé de l'autre côté, faites prévenir Frère Fool et le Haut Conseil il y a un homme qui se prétend être un certains " Chevalier Corbeau".

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Jeu 9 Jan 2014 - 20:17

J'étais toujours au registre, j'y avais mes repères à présent, quand le cornet brailla. Un chevalier du Corbeau ??? Je me dirigeais vers le registre et cherchais ce nom. Je me demandais pourquoi le frère Albin n'envoyait pas lui-même Maurice chercher le frère Fool. Enfin ce n'était pas grave. Je fis le nécessaire pour qu'on aille chercher le frère.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Sam 11 Jan 2014 - 16:27

Fool mettait la dernière touche à sa procédure de garde pour les nouveaux arrivants, et les moins nouveaux, pour faciliter le bon fonctionnement du poste de garde. Il espérait ainsi faciliter l'intégration des nouveaux hommes d'armes et leur permettre de prouver à l'Ordre leur valeur.

L'homme d'armes Malwyn arriva dans son bureau. Un élément prometteur ce Malwyn... pas bavard mais personne n'était parfait. Il indiqua qu'un chevalier corbeau était à la herse. C'était Albin qui était de faction. Qu'est ce que c'était que cette histoire de corbeau chevalier ou de chevalier corbeau ? Si même les corbac se mettait à avoir leur chevalier...

Il quitta prestement son office et se dirigea vers la herse. Cette dernière était toujours close et l'Homme d'armes Albin était d'un coté regardant un homme de l'autre. En s'approchant l'errant détailla le personnage.
Il ne ressemblait en rien à un chevalier... peut-être à un corbeau ?

S'adressant en premier lieu au frère Albin.
Le bonjorn, frère. Que se passe t il icelieu ? On m'a fait dire qu'un dénommé chevalier corbeau était à la herse. Est ce cet individu le dénommé ?

Nombre de messages : 534 Date d'inscription : 12/03/2013

Fool arriva enfin ce n'est pas dire que l'Ar Sparfel commençait à trouver le temps long devant cette situation. Saluant Fool il lui répondit aussitôt.

Bonjour Frère Fool, oui c'est cet individu. Il faut dire que ces paroles me surprennent. Il demande La Louveterie mais je me demande qui cela peut bien être précisément nous en avons plusieurs de ce nom là.

Lui même dans le Limousin il connaissait une Louveterie en la personne d'Esyllt Catarina qui était sa tête de liste lors des deux dernières élections comtale du Limousin.

Quelle réponse avoir à ses interrogations allait on pouvoir lui donner.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Mer 15 Jan 2014 - 21:44

Fool scruta de nouveau le visiteur digérant le compte rendu de l'homme d'armes. Cela le laissait un peu sur sa faim. Il pensait bien à quelque chose; à un mot laissé par un membre de l'ordre à son attention...

L'homme lui paraissait pas très net. Il décida de pousser plus avant le questionnement avant de faire prévenir qui de droit. Il devait s'assurer qu'il était la personne attendue avant de déranger un membre de l'ordre.

Vous êtes donc le chevalier Corbeau? Que voulez vous à la Louveterie? Savez vous que n'entre pas qui veut icelieu?

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Jeu 16 Jan 2014 - 4:38

Froid. Attente. Solitude. Long... Le Savoyard regrettait déjà d'avoir fait choir son mantel et entreprit durant la période interminable qui s'écoula entre son annonce et la réponse de l'Errant, de le remettre et de se réchauffer quelque peu. Pour cela, Ryes avait tout de même un peu changé. Il fut un temps où le Prévôt n'aurait laissé une visite en suspens aussi longtemps. Avec Fauconnier la réponse était simple, rapide et tenait en deux mots offrant deux possibilités: entre. Meurs. Alors qu'Yvaniès avait l'impression, aujourd'hui, de remplir une demande d'allocations comtales pour son champ de navets d'Annecy... Il respira un grand coup et attendit, jusqu'à ce qu'enfin vienne la réponse, à la hauteur de l'attente... Nul besoin de rester dans l'énigmatique, les deux hommes semblaient trop jeunes pour comprendre. Il allait faire court, concis, de manière à cesser de ses geler les parties en attendant une énième fin de palabres entre les deux comiques de l'entrée.

Je ne suis pas le Chevalier Corbeau... Mais ça vous le sauriez si vous passiez plus de temps à la Bibliothèque de l'Ordre et moins à la taverne... Et j'ai jamais dit vouloir rentrer, j'ai dit vouloir voir la fille de la Veuve Noire et passer un message au Haut Conseil.

Il prit une grande inspiration et expliqua doucement, lentement, ce qu'il voulait exactement.

Vous allez aller me chercher Ellesya de la Louveterie en cavalant comme des rats que vous êtes et vous allez lui dire que depuis une heure vous faites attendre l'homme qu'elle attend, le messager du bâtard. Et ensuite vous irez dire au Haut Conseil ou à n'importe quel responsable que le Chevalier Rhuyzar de la Louveterie les salue et que s'ils veulent bien me rencontrer, je leur apporte quelque chose de sa part.

Il se tut, rabattit son capuchon, et attendit en frissonnant.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Jeu 16 Jan 2014 - 21:22

Au moins le bonhomme s'expliquait clairement et en avait finit avec ses grandes phrases à mystères. Pourquoi certaines personnes aimaient tout compliquer juste pour faire croire qu'ils en avait une plus grosse ?

D'un ton faussement étonné mais souriant.

Vous vous trompez voyageur. Vous n'êtes point à l'ordre des rats mais à celui de la Licorne. Je préfère vous le préciser, vous semblez confondre les rats et les Licornes.

Puis reprenant.

Par contre, il ne sied point à l'ivrogne que je suis de me détourner du chemin de la taverne où il a mieux à faire que de délivrer les messages dont vous êtes le porteur. J'y boirai une chope à votre santé quand même...

Au plaisir, sieur messager du bâtard.

Puis se détournant du personnage, il pris le chemin de la salle des gardes. Fool avait les informations qu'il voulait, il pouvait informer qui de droit. Arrivé dans la salle, il griffonna deux missives qu'il demanda à Maurice de porter à leur destinataire.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Ven 17 Jan 2014 - 13:45

Demande particulière avait été faite.
Réajustant son mantel d'azur, son fauchon à sa hanche droite. La Sombre se rendit à la herse, croisant Fool, elle se mit à sa disposition et attendit, en silence.
Saluant les personnes présentes, elle ne se formalisa pas de l'inconnu, même si elle le détailla, jugeant rapidement certaines choses au cas où, sait-on jamais.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Ven 17 Jan 2014 - 13:55

Maurice lui avait parvenir un petit mot de la part de Fool. Le vieux factotum devait savoir exactement où elle se trouvait, vieux fouineur !
Alfgard soupira : en armes, elle l'était toujours, pas besoin de s'équiper outre mesure. Et c'est d'humeur taciturne qu'elle fit son apparition à la herse.

Bonjorn Frère Fool ... Frère Albin ... Soeur Karyaan ...

Un homme sale à l'allure de gueux attendait là, l'oeil mauvais : les gardes avaient dû le mettre en pétard ou peut-être était-ce sa nature. La rousse baissa les yeux et son instinct de soldat se réveilla aussitôt à la vue de la Miséricorde au manche de taureau que l'inconnu tenait en main. Et c'est ce qui l'étonnait, que l'arme soit dans sa main, comme une provocation et pas comme il se doit, bien planquée.

Les sourcils froncés, elle se rapprocha du Languedocien et chuchota : c'est qui celui-là ? Tu as vu ce qu'il tient ? Qu'est-ce qu'il veut, il t'a expliqué ?

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Ven 17 Jan 2014 - 16:55

Prévoyant de visiter un logement au bourg de Ryes pour son fils et sa nourrice en vue de la prochaine belle saison, Ellesya se changeait dans le dortoir réservé à la gent féminine lorsqu'un message de Fool lui parvint. La rencontre était donc imminente. La gamme des sentiments de la nièce du « Bâtard » était large, dangereusement variée. Il risquait d'en falloir assez peu pour faire pencher la balance. C'est qu'il n'était pas si évident que cela d'imaginer qu'on a porté le deuil pour un vivant. Heureusement, celui qui venait à sa rencontre pouvait encore pour l'instant compter sur la curiosité de celle qui fut la petite Walkyrie de Tyr. A voir combien de temps cela durerait.

Agrafant sa cape grise sur son pourpoint fourré aux réjouissantes couleurs de sa Maison, elle sortit de la chambrée. Et d'un pas vif prit le chemin de l'entrée de la Forteresse.

Pour avoir le sentiment, arrivée à destination, d'être complètement à côté de la plaque... Quelque chose devait lui échapper. Avisant les deux cavaliers en arme et les hommes du poste de garde, elle salua ceux qu'elle n'avait pas encore croisé de la journée. Poussa quelques pas plus loin pour découvrir qu'il n'y avait qu'un homme devant la herse et non une flotte. Un étrange sentiment l'envahit en remarquant que ce qu'elle crut reconnaître comme une cape noire n'était pas unie mais se voyait éclairée, tranchante, d'une licorne d'argent.
Les brefs échanges épistolaires, avec leur mystère, se voyaient prendre forme et consistance. Sya sentit ses doigts refroidir malgré ses gants. Et l'intérêt jouer des coudes avec l'ire.
Le regard d'acier chercha un instant celui du visiteur, comme pour s'en faire reconnaître, avant de se tourner vers Fool auquel Alfgard venait de s'adresser à voix basse.
C'est que l'air de rien, il lui manquait quelques pièces du puzzle, ce qui n'était guère étonnant vu son rang. Apparemment, l'ambassadeur du « défunt » loup blanc suscitait quelques réactions dont elle ne saisissait pas toutes les implications.

Mon frère, merci de m'avoir prévenue. Mais j'ai manqué un épisode, je crois.

Un sourire éclaira légèrement ses traits alors qu'elle regardait Fool et Alfgard, histoire de détendre un peu l'atmosphère qui lui glaçait les os. Une chose était certaine, cette impression ne venait pas de la bise hivernale.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Ven 17 Jan 2014 - 21:55

L'attente, cette fois n'avait pas pris des allures d'éternité. Un début, une fin, un cadre connu, reconnu et attendu. L'Errant avait-il compris la leçon, où s'était on réveillé en haut lieu à l'évocation de quelques noms et quelques figures de style ? Peut-être même lui avait-on un peu soufflé dans les bronches d'avoir tant tardé pour apporter ces étranges nouvelles. Le Destructeur serait, lui, entré dans une colère noire et dévastatrice. Mais peut-être les temps avaient-ils changé ?

Pas le temps de réagir que le Poste de Garde se trouvait investi par une armée, équipée de pied en cape. Face à ce qui ressemblait à un vagabond mal dégrossi, le tableau avait de quoi faire rire. Deux Cavaliers dans leurs riches atours et leurs beaux équipements faisant face gravement à un vieil homme tout juste armé d'une Miséricorde d'un vieux Gantelet. Yvaniès dévisagea les deux arrivants et explosa d'un rire nerveux et incontrôlé. Avaient-ils à ce point peur du Corbeau et de ses sbires ? L'âge devait certainement les intimider. Il attendait avec hâte de savoir qui était à l'origine de cette mascarade.

Vous êtes sur d'être assez nombreux ? Allez donc chercher quelques archers et une bombarde, on n'est jamais trop prudents...

Il se gaussait ? Allons donc, il n'aurait pas osé. Lui l'intrépide et vieillissant mercenaire, qui en avait vu bien d'autres, et des pires. Sourire narquois aux lèvres il posa à terre la Miséricorde, le Gantelet, suivi du second et replia le mantel noir, le gardant sous le bras. Puis, il écarta sa propre cape miteuse, dévoilant un manche d'épée en cuir, noir et simple. Il dégaina l'arme d'une main et fit jouer la lame à la lumière. A tout armurier qui se respecte serait aussitôt venue la surprise: le fil était parfait et l'équilibre semblait avoir été trouvé par un forgeron plus qu'émérite. A la garde, sous la lame se dessinait une Licorne, encore. Et sur l'acier pouvaient se lire quelques mots: Ad Augusta Per Angusta. Lentement, pour ne pas effrayer l'armada, Yvaniès posa là aussi l'arme au sol.

Me voila nu face à vous les cornus ! Mais prenez garde à ces terrifiants artefacts, ce sont de véritables reliques. Perdez-les et vous encourrez la potence ! Le mantel reste avec moi, il ne vous appartient pas de le toucher.

Et il disait vrai. Ce mantel était réservé. Du moins par le passé l'avait-il toujours été. La tradition avait-elle été respectée ou foulée au pied par le modernisme ? Yvaniès était resté bien loin de France trop longtemps pour pouvoir le dire.

Rien ne semblait bouger. L'escorte avait l'air d'attendre quelque chose, un signal. Et de s'observer ainsi en chiens de faïence. Drôle de guerre, drôle de jour, drôle d'époque. De quoi le Haut Conseil avait-il peur pour faire ainsi bloc face au premier écueil venu ?

Puis, le visage du Savoyard se décomposa soudain. La peur ? La mort ? Un Chevalier en armure ? Rien de cela... une jeune femme, certes armée et élancée, allure de guerrière, mais peut-être pucelle, du moins son visage ne portait-il pas les marques d'un Immortel. La Louveterie venait d'arriver au Poste de Garde. L'Errant avait fait les choses bien. Des heures d'attente et une vraie cohue ! Yvaniès dévisagea entièrement Ellesya et lui sourit. Sourire triste de celui qui sait, a vu et compris mille choses à travers son existence. Il lui adressa un rapide clin d'oeil, et une petite phrase, incompréhensible certainement:

Bonjour petite. Tu as bien grandi. Tu es une belle femme maintenant. Toi aussi tu viens me tuer où auras-tu l'intelligence, comme ta mère, de d'abord poser les questions ?

Il reprit ses esprits, soupira, et cria:

Allez Licorne, ouvre ton ventre ou écrase-moi la tête ! J'en ai marre de l'hiver !

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Ven 17 Jan 2014 - 22:25

Son mentor dirait en silence, par des regards échangés - regarde donc ce grandiloquent, ce mâle impuissant qui se donne des allures de grand homme ou en tout cas, d'homme important.
Bravache, grande gueule, il n'en restera pas moins puant et nauséabond.
Et la Sombre de ne pas bouger, même à l'arriver de son alter égo Cavalier, même à l'arrivée de l’Écuyère à l'héritage un peu trop marqué.
Rivant ses yeux de brume sur la bête immonde et insipide. Un autre qui se prend pour ce qu'il n'est pas.
Jeu dont ils sont habitués ici. Combien se pointent à la herse pour toiser, pour provoquer ceux qui sont derrière les murs ?
Pensant que sous prétexte ils donnent un nom, ils auront les honneurs ou en tout cas, l'intéressement de tout l'Ensemble.

Le regard inquisiteur de la Sorcière glisse sur la Miséricorde, nullement effrayée et encore moins impressionnée.
Il aurait jonglé avec des balles de soules enflammées que ça n'aurait pas eu plus d'effet.
Juste blasée la Sombre, elle attend et reste attentive.
Sait-on jamais que le clown ait des envies de jouer un numéro moins burlesque mais tout aussi pathétique.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Sam 18 Jan 2014 - 0:04

Fool retourna à la herse. Très vite arriva les 2 cavalières. Il les salua.

Le bonjorn sœur Karyaan, le bonjorn sœur Alfgard. Merci d'être venue rapidement. Il m'a été demandé d'amener cet individu jusqu'au chevalier De Lazare.

Et pour répondre à la bourguignonne,

Soit disant il souhaite apporter quelque chose au HC de la part du chevalier Rhuyzar...
Le chevalier souhaite donc que nous accompagnons cet individu en salle Rhuyzar dès qu'elle sera apprêtée et nous y resterons à la porte pour le raccompagner à la fin de l'entretien.

Vous avez des questions, soeurs ?

A ce moment arriva Ellesya. Il l'avait presque oubliée avec ce remue ménage.

Heu... Le bonjorn sœur Ellesya. Votre visiteur est là, mais il a par ailleurs demandé à rencontrer un membre du HC. Les sœurs ici présentes vont l'accompagner jusqu'à la salle prévue pour rencontrer le chevalier De Lazare. Je ne peux pas dire que l'homme me mette en confiance. Et à choisir je préfère éviter les problèmes... D'où ces précautions. Vous connaissez cet homme, soeur ? Est ce bien votre visiteur ?

Fool ne prêta pas attention à l'homme de l'autre côté de la herse, pas pour le moment du moins. Il pouvait bien faire ses simagrées. Il n'était pas dans les moeurs de la Licorne d'assassiner ses visiteurs. Preuve que cet homme ne connaissait pas si bien que cela l'Ordre. La seule chose qui intéressait Fool était de remplir la mission confiée, pour cela les informations qu'Ellesya lui donnerait pouvait être précieuses. Le pourquoi du comment viendrait après.

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Se faisant discret, Albin disait rien il hésita même à s'éclipser discrètement. Tout ça le concernait pas, il en prêtait à peine attention et entendre le mot bâtard lui faisait un pincement au coeur.
Bâtard, il en était un. Confié aux moines par sa mère incapable de l'élever et de le nourrir par faute d'argent il devait désormais beaucoup et une famille grâce à sa mère adoptive, Hersent. Un second pincement en pensant à son fils, lui aussi un bâtard pour le coup l'ayant légèrement délaissé surtout la mère de se fils alors enceinte.

Karyaan arriva, il la salua puis c'est Alfgard qui ne tarda pas à pointer le bout de son nez également. Devant le "Bonjour Frère Albin" il lui répondit en retour.

Bonjour Soeur Alfgard.

Suivant discrètement la suite des échanges verbaux il nota dans un coin de sa tête les petits détails qui sont importants pour lui même si Frère Fool est là.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Sam 18 Jan 2014 - 13:03

Le mal embouché avait déposé ses armes, les gratifiant au passage de « cornus ». Vrai, cornus ils l'étaient et Alfgard le prit comme un compliment. Pendant que Fool lui résumait la situation, elle gardait discrètement un oeil sur l'homme qui titillait sa curiosité. Pourtant le nom qu'il venait de prononcer la ramena aussitôt à la conversation : Rhuyzar … Rhuyzar … Au delà d'un nom de salle, elle se rappela avoir croisé le Chevalier, mais était-ce ici ? Dans le languedoc ? Les deux ? Sa mémoire vieillissante lui faisait de plus en plus défaut mais elle était certaine de son fait, elle l'avait connu, peu, certes. Et il était mort, de ça aussi Alfgard en était sûre.
Drôle d'histoire que celle-ci : le Haut-conseil envoyait des Licorneux en armes pour accueillir un inconnu à la mine de mercenaire qui se disait l'envoyé d'un mort ? Elle sourit à demi, consciente que quelque chose de pas banal allait se passer, secouant la Vieille Dame de pierres assoupie dans l'hiver Normand. Enfin de l'action ? Elle en était à l'espérer très fort quand Soeur Elesya apparut à son tour, amenant sur le visage peu avenant du mal embouché un sourire avant qu'il ne s'adresse à elle comme si ils se connaissaient. Un sourire triste, un clin d'oeil, une voix quelque peu radoucie …

La Cavalière laissa Fool avec Elesya et alla se placer aux côtés de Karyaan et Albin qui avait l'air dépassé par les évènements. En même temps depuis que l'ancienne Nîmoise était à Ryes, on avait jamais vu telle situation !

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Sam 18 Jan 2014 - 18:01

Ellesya accueillit les paroles qui lui étaient adressées par delà la herse avec un fin sourire.

Le bon jour vous va de même.
Vous avez le goût de la théâtralité en sus de celui des mystères. Moi, celui des palabres et des questions. Vous en aurez votre content. Mais plus tard, je gage.
Quant à tuer... c'est mon oncle que j'achèverais bien pour le coup. Pas son truchement.

Il lui fallait répondre à Fool qu'Alfgard venait de laisser pour accomplir sa mission.
Au vu de la dégaine de l'homme, de l'ironie et de l'espèce de morgue qu'il émanait de lui, elle comprenait un peu mieux certaines attitudes sans pour autant avoir un tableau complet. Mieux valait des précautions excessives qu'un excès d'angélisme. Fool lui avait toujours paru d'un sérieux et d'une loyauté envers l'Ordre qui la poussait à la confiance. Avec un autre, sûrement aurait-elle louvoyé. Tels que les mauvais penseurs, race exécrable au possible.
L'errant ayant laissé le tutoiement pour la salle du héraut, elle se cala sur son modèle et lui répondit un ton plus bas.

Je comprend votre défiance.
Mais l'on dit souvent de se fier aux actes plutôt qu'aux paroles. Et je vois qu'il est seul, qu'il s'est désarmé, qu'il a apparemment patienté et qu'il a par devers lui des objets lourds d'histoires et de valeur pour la Licorne.
Eu égard à son maître et à la route qu'il a parcouru, je ne puis que le reconnaître comme étant celui qui s'était annoncé à moi.

L'affaire qu'il a à traiter avec moi ne concerne pas l'Ordre mais est du domaine familial, si je ne m'abuse. Comme vous me l'avez conseillé, je le verrai au bourg. J'avais prévu de m'y rendre pour d'autres raisons de toute façon. J'y ferai d'une pierre deux coups ainsi.

Puis-je passer, s'il vous plait, mes frères ? J'ai à faire à Ryes.

La question avait été prononcé plus haut, incluant Albin bien que, n'ayant pas chuchoté, ce dernier eut pu entendre ce qu'elle avait adressé à Fool.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Dim 19 Jan 2014 - 8:58

Le soldat écouta ce que lui dit la chevaucheuse d'armes et le digéra un court instant en silence passant son regard de la jeune femme au visiteur toujours derrière la herse.

Bien sœur je ne peux pas vous empêcher de sortir et l'individu à rendez vous avec le chevalier Lazare maintenant, donc rien ne s'oppose à ce que je fasse lever la herse.

Puis désignant l'individu.

Toutefois il serai bon ce drôle apprenne que la morgue et les bravades ne sont point les meilleurs moyens pour se faire inviter icelieu.

Revenant à sa mission, il s'approcha du cornet.

Levez la herse !

Quelques instants après, les bruyants cliquetis et les grincements accompagnèrent la lente ascension de la lourde grille en fer forgé.

Bonne journée sœur Ellesya ! Comme vous avez à faire avec cet homme, je tâcherai que ce dernier quitte la forteresse comme il est venu dès que le HC aura fait son affaire avec lui.

Le soldat appréciait la jeune femme. Peut-être un peu reconnaissant du temps qu'elle passait à tenter de lui inculquer quelques notions d'hérauderie. Lourde tâche !
Il salua la jeune femme et se retourna vers les deux cavalières.

Nous allons donc accompagner ce personnage en salle Rhuyzar. Ne vous fiez point au fait qu'il se soit désarmé, si vous voulez mon sentiment personnel.

Puis il pris un ton plus bas pour n'être entendu qu'elle deux.

J'ai promis à la sœur Ellesya de retourner l'individu à Ryes comme il est venu. Alors s'il nous cause des problèmes, on essaye d'éviter les solutions définitives.

Un sourire.

Il était content que cela soit les 2 cavalières qui se soient portées volontaires. Il avait voyagé de nombreuses lieues avec Alfgard et son inséparable compagnon. Et Karyaan malgré son air parfois renfermée, il la savait sérieuse et investie. Nul doute que cela se passerait bien.
Il s'adressa au visiteur alors que la herse avait presque finie d'être levée.

Vous pouvez entrer, sieur messager du bâtard. Avez vous un autre nom peut-être ?
Nous allons vous conduire au Capitaine Lazare qui est prêt à vous recevoir en salle Rhuyzar.

L'errant sourit intérieurement de la symbolique qu'avait souhaité le chevalier pour cette rencontre.

Pas de folleries et vous quitterez la forteresse sans encombres pour retrouver sœur Ellesya au village. Et ne sous-estimez pas mes 2 sœurs ici-présentes. Je crains leur lame bien plus que la votre.

Un petite mise en garde et un rappel des priorités ne pouvait que faciliter les choses, quelque soit les individus.

Il prit les artefacts tendus par l'homme et contrôla qu'il ne portait nulle autres armes ou qui pouvaient en faire office.
Prenant la tête de la petit troupe et laissant aux cavalières la mission de fermer la marche, ils s'apprêtèrent à aller en Salle Rhuyzar.

Frère Albin, merci de faire fermer la herse. Je serai de retour pour raccompagner le visiteur.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Dim 19 Jan 2014 - 9:24

Fini le temps des palabres. Dans le cliquetis et les grincements qui la caractérisaient, la herse se releva face à l'homme, lui ouvrant le passage vers les entrailles de la bête. Désarmé, portant uniquement, replié, le fameux mantel, il s'avança d'un pas tranquille et assuré. Assuré ou fataliste ? Car c'est tel un condamné à la peine capitale qu'il suivit l'Errant qui entreprenait de l'escorter à travers les couloirs. Il sourit intérieurement. Cette facette là il ne la connaissait pas. Mais aujourd'hui il se devait de marcher au soleil pour retrouver sa liberté. Bien suivi par les deux intraitables Cavalières, il se savait surveillé et épié. Aucun geste brusque, aucun comportement suspect, ou il le paierait certainement de sa vie. Mais quand il passa près d'Ellesya, il lui adressa un léger signe de tête et quelques mots:

Prends patience et attends moi. Nous avons des choses à nous dire...

Et il reprit sa marche derrière Fool, rabaissant son capuchon sur sa tête, vieux réflexe passé, sorte d'habitude mécanique qu'inspirait le lieu. Son pas était lui aussi devenu léger, presque inaudible en comparaison des claquements des Licorneux qui l'entouraient. Tout en marchant, il se décida à répondre aux questions. La liberté, bientôt...

Je m'appelle Yvaniès, Licorne. Mais je doute que ce nom évoque en toi quoi que ce soit. Et ne me vouvoie pas. Je ne suis pas ton supérieur.

Avec soin il choisissait ses mots. Quelques bribes, par ci, par là... Instiller doutes et questions était nécessaire et utile. Observer les réactions. Personne ne savait, c'était certain.

Et ne t'en fais pas, j'ai bien l'intention de sortir d'ici. Vous avez drôlement mal arrangé la déco. C'était mieux avant...

Un sourire sous la capuche et il continua d'avancer sans plus décrocher un mot. Remplissant sa tête d'images et d'idées.

Nombre de messages : 534 Date d'inscription : 12/03/2013

Il suffisait de le demander et chose faites la herse fût lever. Le reste était des histoires de "grands" et lui était "petit". Il avait écouté très brièvement toute façon se contentant de faire ce qui le concernait.

Et une fois tout le monde parti, Albin referma la herse.

Sujet: Re: Le Corbeau sur le toit Mer 22 Jan 2014 - 10:58

Sya acquiesça aux paroles de Fool, vaguement souriante, en resserrant son mantel doublé de goupil noir.

Oh mais je ne suis pas responsable de son éducation, heureusement.

La musique métallique des chaînes remontant la herse fit vibrer l'air glacial de ce début d'année.

Je ne doute pas que chacun fera ce qu'il doit à faire.

La bonne journée à vous, frères.

L'un pénétrait dans l'ombre de la Forteresse. L'autre sortait flâner à quelques tâches sous le ciel gris de Normandie.
Le pas d'Ellesya se suspendit un court moment et son regard acier suivit la petite troupe s'éloigner. Des choses à se dire... Sans aucun doute. Tant de choses dont elle n'avait même pas idée très certainement. Au fond d'elle, derrière son sourire maintenant estompé, couvaient un brasier de colère et de curiosité, des émanations du passé qui ne pouvait trouver qu'un écho pénétrant chez qui avait poussé sur un terreau tel que le sien et dont les racines avaient été tranchées à vif. Elle avait chu, écrasée par les ténèbres, sans plus de piliers ou de tuteurs. Avant de renaître des années plus tard avec des certitudes que l'homme venu à sa rencontre avait balayé.
Pour la enième fois ces derniers mois, elle gronda et souffla :

Maudits soient les hommes de ma Maison...

Et la Louve d'Amboise s'éloigna.

» Construction d'un parement et d'un toit pour le rond de longe.