Perdue mais pas que...

Ce qui devait arriver arriva. Lorsqu'on a le sens de l'orientation d'un bulot, on se perd... Axel avait perdu son chemin en cherchant son époux. Oui c'était plutôt cocasse comme situation je vous l'accorde. Toutefois, dans sa quête désespérée de l'être aimé, ses pas la guidèrent vers son premier amour.
Son cheval !

Elle avait eu dans l'idée de trouver Thib en train de jouer au palefrenier, à panser ou ravitailler leurs montures. Les mauvaises langues, dont elle était, aurait dit que c'était ce qu'il faisait de mieux avec un cheval . Car en effet quand on avait vu Thiberian Baccard à cheval on se trouvait toujours plus de style même à dos de mulet.
Quoi qu'il en était la Blonde entra dans les écuries en sifflant . Ce à quoi plusieurs canassons répondirent en hénissant , Axel les salua amusée mais se dirigea vers un autre qui préféra piaffer et taper du fer contre sa porte.

Asty ! Tu vas encore te faire virer du box si tu fracasses la porte à peine arrivé !

L'étalon sembla comprendre et secoua vigoureusement sa tête avant de ruer à nouveau faisant cingler le bois.

Je sais Je sais... dès demain je demande à ce qu'on te mette au pré. Sois sage veux tu? Regardé tu as une belle litière fraîche de l'eau et du foin . Tu es comme un roi!

Astyanax vint lover sa tête contre la cotte toute fraîche et propre de sa cavalière au risque de la lui ruiner. Mais Axel le laissa faire, elle le savait anxieux et angoissé à l'idée d'être enfermé entre 4 murs. Elle lui parla encore doucement en caressant son étoile du bout des ongles. Elle espérait qu'il se tienne tranquille quelques heures durant.

Finalement la blonde n'avait pas dormi seule...elle s'était assoupie épuisée sur la litière aux côtés de son fidèle compagnon qui s'était couché tel un poulain pour l'occasion. Son andalou avait un jour failli être brûlé vif dans son box lors d'un incendie accidentel, depuis lors il n'y avait pour lui pire punition, pire torture même que de se retrouver dans un lieu clos, alors patiemment Axel l'avait réconforté et apaisé jusqu'à ce que Morphée les prenne l'un et l'autre dans ses bras.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux , il n'était pas encore tout à fait l'aube, mais la nuit sans lune ne lui permettait pas de se promener dans cet environnement encore inconnu. Sa cotte blanche bordée de noir était maculée de terre et des brins de paille la hérissait. Ah elle était dans un bel état notre Précieuse! Sa longue chevelure soyeuse à l'origine était un entrelacs de blés qu'il faudrait longuement brosser pour les démêler. Personne ne l'avait cherchée semblait-il ou du moins nul ne l'avait trouvée. Ses suivantes la croyaient très probablement auprès de son époux et lui devait la croire à se morfondre sur sa paillasse dans le dortoir des dames.
Étrangement, elle se sentait rassérénée par cette courte nuit. Comme lorsqu'elle était enfant les écuries étaient finalement toujours son refuge, et bien que les années aient passé et que son rang (et sa réputation!) ne le lui permette plus, dormir auprès de ses bêtes restait le moyen d'évasion le plus efficace pour l'Irissarri.

De bonne heure Gauvin s'était levé cette fois ci. Le jour pointait le bout de son nez qu'il se dirigeait déjà aux écuries. Vêtu simplement d'un braie, d'une chemise de lin et d'une paire de bottes en cuire, mais toujours avec son baudrier auquel était attaché son épée bâtarde rangé dans son fourreau de cuire comme d'habitude, au pommeau frappé de la Licorne cabré. Une dague était également présente dans son dos, accroché également au baudrier.

Il allait aux écuries pour récupérer son destrier, un frison de 8 ans d'une robe noir de jaie, aussi efficace sur les champs de batailles que pour tirer un attelage. C'est pour cette deuxième mission que l'Errant venait chercher « Grand Soir ».

En arrivant dans les écuries de la forteresse il y trouva une femme qu'il ne connaissait pas encore, mais qui était sûrement une des deux nouvelles femmes d'armes récemment arrivée. Il lui sourit et se présenta alors :

Bonjour, je suis Gauvin, Errant de l'Ordre. Vous êtes bien matinale pour être dans les écuries des l'aube. Vous cherchez quelques chose ?

Il lui sourit à nouveau, puis l'écoutant, il attrapa le licol présent sur la poutre qui était juste en face du box de Grand Soir. Tous en caressant sa monture il lui passa le licol et retira la longe. Il récupéra le nécessaire pour l'atteler une charrette et équipa son cheval avec.

Axel avait quasiment réussi à retirer les brindilles de sa cotte et de ses cheveux quand un bruit de pas la fit sursauter. Elle se serait bien cachée dans le box mais rouvrir le battant et refermer le loquet aurait été tout sauf discret.
Elle ne bougea donc pas de sa place essayant de paraître le plus naturelle, innocente et sans défense possible. Ça faisait la meilleure des diversions généralement.
L'homme qui lui fit bientôt face se présenta sans tarder et la Blonde fut rassurée. Un chevalier de l'ordre, ouf ce netait pas quelque malandrin en quête d'un mauvais coup a faire. Bon en même temps vu qu'il fallait montrer patte blanche voire museau et trombine pour pénétrer dans la forteresse . Le voyou aurait été sacrement culotté !
Alors qu'il s'approchait d'un splendide frison. Elle lui répondit en souriant.

Bonjour mon ... frere . Je suis Axel, je suis arrivee hier dans la soirée. Et matinale pas vraiment.. . A dire vrai, j'ai dormi ici. Mon cheval déteste les endroits clos et je craignais qu'il ne brise son portail pour fuir. Je suis venu le rassurer et j'ai sombré. Le voyage a été long et semble-t-il plus épuisant que je ne l'aurais songé. D'ailleurs, si cela pouvait ne pas arriver jusquaux oreilles de mon epoux qui se moque suffisamment de moi et du fait que je gate trop ma monture, je vous en serai très reconnaissante.

La Précieuse offrit un sourire gêné à Gauvin et laissa un peu de rouge s'épanouir sur ses pommettes. Elle changea alors de sujet reportant son attention sur Grand Soir.

C'est le votre? Une bien belle bête si je peux me permettre.
Vous partez en promenade?

Il n'avait pas vu sa femme depuis la veille, curieuse chose mais il est vrai que ces derniers mois tous deux s'étaient habitués aux séparations et il avait simplement supposé qu'elle était tombée sur une pièce du genre salle de bain pour oublier totalement son existence et du coup son agacement de devoir dormir dans un dortoir pour femmes.
Il faudrait qu'il réfléchisse à l'acquisition de terres dans le coin s'ils devaient s'éterniser dans l'ordre...C'est pas qu'ils étaient blindés les Baccards mais presque.

Ce matin là il était donc sorti tout droit du vestiaire sans même prendre le temps d'aller se restaurer, pas sans sa femme en tous cas, il se rendit donc aux dortoir de la gente féminine et après avoir frappé la porte comme un forcené sans entendre la moindre réponse, il avait entrouvert la porte prudemment pour jeter un oeil et constater la vide sidéral qui y régnait.

Réflechis Baccard, réflechis. C'est ta femme après tout ! Bon, il se décida à appliquer le principe de parcimonie et se répéta "si tu entends galoper, penses à des chevaux, pas à des zèbres".
Quel lieu avait le plus de chance d'être celui choisit par sa femme à ce moment là :

Premièrement, la salle de bain, mais il ne s'y risquerait pas, si elle était occupée par une autre il allait se prendre une chasse par non une mais deux femmes en colère. Il élimina donc cette solution d'emblée et tant pis si elle s'y trouvait vraiment.

Deuxièmement, la salle à manger, parce que la blonde adore se farcir le bec de gâteaux au miel...Mais elle n'irait pas déjeuner sans lui, surtout dans une forteresse qui leur est encore inconnue.

Troisièmement, l'écurie. Et c'est donc par là qu'il se dirigea puisqu'il avait éliminé les solutions les plus évidentes.
Cela tombait bien, il devait voir si sa bourrique était bien traitée...L'étalon avait un sale caractère, il l'avait plus d'une fois fait tomber dans la boue des joutes, une fois même son pied s'était coincé dans l'étrier et le canasson l'avait traîné dans une quantité astronomique de gadoue si bien qu'on aurait su dire si son armure était plus remplie de Thib ou de boue.
C'était les joutes du copain Sancte, le jour de la naissance de son dernier...Quelle gloire...

Alors qu'il repensait à cela il passa la porte des écuries et sourit à voir que sa femme était bien présente, l'un de ses nouveaux frères était là également.
Il vint les saluer, embrassant son épouse et serrant la main de Gauvin.

Bonjour, bonjour...Je t'ai cherché partout chérie !

Menti t-il effrontément, mais elle ne croirait pas d'avantage que son brillant esprit de déduction l'avait conduit droit à elle...Prenez pour épouse une femme qui sait que vous êtes un idiot...J'vous jure !

Tu as bien dormi ? C'est un peu bizarre ces dortoirs séparés je te l'avoue...Ca me plaisait bien quand j'étais jeune recrue mais je n'avais pas encore de femme et elle ne dormait pas dans une autre pièce...Bref

Et il reporta son attention sur l'homme :

Bonjour mon frère.

Réussit il a dire d'un ton presque convaincu cette fois, en progrès Baccard, en progrès !

Je m'appelle Thiberian, enchanté.

L'Errant sourit en l'écoutant. Il finit rapidement d'équiper sa monture puis il la regarda :

J'espère que vous avez fait bonne route, je vous ai vue arrivé j'étais dans le poste de garde, juste au dessus de vos têtes quand vous avez passé la grande porte.

Si vous voulez on peut mettre votre monture au prés, l'Ordre à un haras juste à côté de la forteresse, les prés sont grand et verdoyant.

Il sourit à la question son son destrier.

Oui c'est mon compagnon de route, de bataille et... de labeur pour aujourd’hui.

Il rit avant de poursuivre :

Il s'appel Grand Soir. Il préfère être au prés mais je dois changer ça ferrure je la ferais un peu plus tard, du coup en attendant je le laisse ici. Je ne pars pas en balade avec lui, du moins pas ce matin, il va nous aidez à transporter des pierres pour un muret... Une surprise pour les six nouvelles recrues dont vous faite partie ma sœur.

L'Errant lui sourit, et Thiberian arriva à ce moment, Gauvin le salua d'un signe de tête avant de se présenter.

Bien le bonjour mon frère, Gauvin, Errant de l'Ordre, bienvenue à Ryes mon frère.

Il serra la main tendue. Puis laissant le couple à leur retrouvaille de bon matin il attacha la longe de travaille au licol de Grand Soir. Puis il ouvrit en grand la porte. Il dit alors à Axel :

Si vous voulez mettre votre monture au prés je peux vous montrer où ils sont, je passe à côté pour me rendre sur mon chantier.

Mettre Astyanax au pré ? Ah oui alors avec plaisir. La pauvre bête a manqué de peu de périr dans l'incendie de ses écuries lorsqu'il était encore tout jeune et il semble qu'il en ait gardé un farouche souvenir.

Disant cela Axel avait passé sa main par dessus la porte et caressait la tête curieuse qui s'était approchée à l'annonce de son nom. La dauphinoise écoutait son interlocuteur lui parler du frison, lorsque son Géant parut . Un sourire béat se dessina sur ses lippes qui ne se firent pas prier pour s'unir à celles de l'Impetueux . Dieu que cet homme savait se faire aimer. Bon autant que détester c'était d'ailleurs un exploit sans cesse renouvelé par lui : être capable de provoquer chez autrui autant de haine que de fascination.
Il était plutôt en veine en cet instant, Axel était vulnérable depuis leur départ du Dauphiné et avait besoin de lui plus encore que d'air pour respirer .

Oh mon ange je suis navrée de t'avoir fait courir partout... Tu me pardonnes j'espère Asty avait besoin de compagnie.

Un petit papillonnage des cils en regle, une petite moue désolée et un baiser sur la main puissante en guise d'allégeance à deux deniers. Voilà comment passer sous silence le fait qu'elle se soit perdue à la nuit tombée et qu'elle ait fini auprès d'un bel étalon ( huhu ) .

Merci de cette aimable proposition mon frère.
Thib tu m'accompagnes? Nairébith serait peut être plus à son aise au pré aussi, non ?

» Petite hirondelle perdue cherche rousse flamboyante...
» Appel à l'aide d'une Rose égarée pour une Licorne perdue
» Où ? Mais où ?
» Heuu...oui, mais?
» Mais où que vous z'êtes ?