[RP] Où il est dit qu'il faut toujours soigner son entrée

Le Goupil avait promptement laissé ses minces affaires dans ce qui s’apparentait à un dortoir et avait commencé à déambuler penaudement dans l’enceinte de la forteresse. Il y régnait une ambiance martiale certaine et le jeune Zwyrowsky n’était pas mécontent d’avoir conservé son épée car, ici, il semblait que ne pas porter d’armes s’apparentaient à une déambulation nu. Il fureta donc, rencontrant par ci des hommes affectés fort probablement à la garde des murailles tant ils allaient et venaient, l’œil vers le lointain. D’autres s’entrainaient sans qu’ils ne puissent voir où mais ils entendaient les lames qui s’entrechoquaient dans un bruit furieux mais pourtant mélodique. D’autres encore, étaient affectés à des tâches d’entretien et s’affairaient pour l’heure autour d’une porte massive qu’ils cherchaient à ôter de ses gonds afin de la réparer. Malgré la présence de plusieurs gaillards, dont certains aussi massifs que Samson, semblaient pouvoir dégonder toutes les portes et herses de la forteresse, la porte ne venait pas. Thomas s’approcha donc modestement et mêlant geste à la parole, il vint lui aussi donner de l’épaule sur la porte.

- Bien ! Clama un membre de l’ordre à l’arrivée de Thomas.

- Il semble que vous ne seriez pas contre une épaule supplémentaire.

- Juste ! Et j’espère qu’à nous cinq se sera suffisant où je crois bien qu’il sera plus pertinent de briser directement la porte. Allez poussons en silence, cela nous donnera une certaine convenance !

Et, tel un seul homme, les cinq gaillards donnèrent à l’unisson sur la porte qui commença à se dégonder. Cette merveilleuse démonstration de l’intelligence de groupe aurait fait frémir de joie le plus blasé des capitaines. Il ne fallut que quelques minutes d’un rude effort pour que la porte céda finalement. Aussitôt basculée elle fut emportée avec efficacité par les quatre hommes, non sans avoir au préalable remercié du menton Thomas. Laissé seul, quelque peu trempé de sueur par l’effort, il reprit sa route avec cette fois plus de vigueur. Il songeait alors que s’il devait encore tomber sur un groupe de ce type à aider, il y avait fort à parier qu’il ne serait plus bon à rien pour la journée attendu qu’il avait déjà avalé trop de lieues à cheval.

Fort heureusement, il parvint à ce qui s’apparentait fort probablement à une taverne de par le délicat fumet qui s’en échappait. Thomas fit claquer son palais en homme qui sent venir un instant de détente, car même les âmes les plus combatives font honneur aux instants de repos. Il poussa donc la porte qui elle céda plus aisément. L’intérieur chaleureux semblait encore bien vide et il s’avança donc vers ce qui semblait être le tenancier. Instinctivement il mit la main à sa bourse mais se figura que, peut-être, la pratique était différente ici. Il demanda donc s’il était permis d’avoir une bouteille de vin et attendit de voir l’attitude du tenancier à son égard. Face à l’œil interrogateur, Thomas jugea bon de se présenter.

- Pardon, je ne connais les us de l’ordre. Je me prénomme Thomas Zwyrowsky, et l’Errant Axel vient à peine de me faire entrer.

En parlant, Thomas rougit quelque peu, il venait de remarquer que sa première destination après avoir intégré l’ordre était de rejoindre la taverne : une très vilaine entrée en matière jugea-t-il…

Axel était allée trouver le Grand Maître pour lui annoncer l'arrivée de Thomas. Celui-ci avait accepté que la Précieuse soit le guide du jeune homme en l'absence de Thibérian et dans l'attente de la nomination d'un parrain pour celui-ci. Après l'entrevue avec Meyrieu, la dauphinoise se dirigea au dortoir des hommes où elle ne croisa pas âme qui vivait. En revanche, la paillasse de libre dans la chambre des hommes d'armes semblait avoir trouvé preneur. Après avoir questionné, des gardes qui faisaient leur ronde, elle conclut que son conseil avait été entendu. Axel se dirigea donc vers la taverne.
Ce lieu n'était pas son favori à Ryès, pas que l'ambiance y soit mauvaise, mais lorsqu'elle avait envie d'évasion, c'était plutôt le haras qui l'appelait . Pour son époux elle savait que c'était plutôt la salle d'armes, chacun avait ses préférences...
La Blondine poussa la lourde porte de bois et avisa derrière le comptoir, la vieille femme qui servait de cuisinière, elle lui adressa un sourire et balaya la salle des yeux . Le tavernier, époux de la veille qui n'était probablement guère plus vieille que notre Axel soit dit en passant, discutait avec un jeune homme. Fort bien, Zwy junior était là.

AH Thomas, je vous trouve!
Gaston sers lui ce qu'il désire et pour moi ce sera un lait de chèvre au miel comme d'habitude je te prie. Peux-tu demander à ton épouse de nous servir un peu de soupe, du pain et du lard également ?

Reportant son attention sur Thomas, elle lui demanda alors que la commande était déjà passée :

Vous aimez ça n'est-ce pas? Je suis sûre que vous devez mourir de faim... L'on mange simplement mais c'est très bon vous verrez.
J'ai l'autorisation de vous faire visiter la forteresse, lorsque vous vous serez restaurer et si le cœur vous en dit, nous irons à la découverte de la salle d'arme, puis des écuries ou vous pourrez vous assurer que votre monture se porte bien. En temps normal, les hommes d'arme doivent montrer leur valeur à l'épée avant toute chose, mais je suis la pire Errante que l'ordre ait jamais connu, je suis plus dangereuse pour moi-même que pour mon adversaire une épée à la main, donc vous serez dispensé de passe d'arme pour l'heure.
Si l'on croise l'Ecuyère Kewanee ou son compagnon ils seront plus à même de croiser le fer avec vous.

Mais je parle, je parle... dites-moi, racontez-moi vous avez dit avoir vengé Jean, qui était le coupable ?

- Le coupable ? Baste la belle affaire, je me revois encore monter les plus grotesques plans possibles, y logeant par ailleurs la famille Devirieux. Il se trouve que mon père avait retrouvé sur un des hommes un insigne à l'effigie d'un ours alors même qu'il était mortellement blessé en terres Briançonnaises. J'étais jeune, le sang me monta à la tête et il ne fallut pas grand chose pour que je me mette à la tête de quelques troupes et que je me lance sur les Devirieux en disant "et bien Messieurs, vous avez eu le père, venez donc tâter du fils!".

Malgré les années on sentait que ce récit perturbait toujours autant Thomas car le sang quitta pleinement son visage.

- Mais après de nombreuses recherches, et force écus investis dans des informations, je retrouvais mon contingent d'hommes. N'écoutant que mon coeur et peu ma tête, je me m'y au devant du parti d'hommes que j'avais sur Crots à cette époque et je fondis sur Tours où mes gaillards se trouvaient. Ô nous étions mal montés, je ne prenais pas le temps de donner du repos aux hommes et aux chevaux. Mal équipés nous vinrent donc donner dans un petit contingent de mercenaires qui, avec plus de préparation, ne nous aurait pas donné plus de difficultés que si ce fut un groupe de gros paysans. Mais, comme j'ai l'honneur de vous le dire, j'étais jeune et impétueux. Mon groupe fondit comme neige au soleil et ce n'est qu'au prix d'un suprême effort, du sacrifice de nombreux hommes et d'une belle blessure qui me prit ma santé, dix ans de ma vie et les titres de ma famille que nous parvinrent à devenir maître des derniers mercenaires.

Une goutte de sueur perla sur sa tempe et vint finir sa course sur sa joue.

- Ô que le sang me monta à la tête... Je questionnais sans avoir de réponse, mes mercenaires étaient aussi muets que des gardes suisse*. Voyant que c'était bien mes hommes, car je retrouvais chez l'un d'eux un anneau qui appartenait à mon Père, je pris la place du juge et expédia toute cette soldatesque vers le très haut. Croyez bien, je regrette maintenant cet excès d'emportement car je perdis là probablement le mobile et le potentiel commanditaire. C'est cette faute qui me rappellera toujours que je n'avais pas le droit de prendre ainsi la vie et je porterai cette pénitence toute ma vie.

Il avala un verre de vin d'Anjou que l'on avait eu la grâce de lui apporter et reporta son regard sur celui d'Axel.

- Mais ma blessure était sérieuse et je fus transporté avec vigueur vers Tours. Il fut arrêté que le sang perdu m'empêchait tout transport vers mes terres et je fus un temps prisonnier de mon propre corps. Ô l'on chercha bien après moi mais pétri de honte, je cru un instant que la justice des hommes venait me rattraper et, je l'avoue, je me suis quelque peu caché. J'eu honte que le fils ait, en voulant venger le père, oublié qu'il devait surtout le servir lui et son nom. Je serai bien resté là, à mourir à Tours dans la honte et l'oubli. Mais, je le crois, le nom des Zwyrowsky ne m'appartient pas et de fait je n'ai pas le loisir de le perdre. Ainsi, je pris le parti de redorer ce blason si vaillamment défendu par le père et si honteuse perdu par le fils. Je ne me dirigea donc pas vers le Lyonnais où je craignais d'être méjugé. Et, à dire vrai, il y eu de cela. J'écrivis à Plume, que vous connaissez et qui était des intimes de ma mère comme vous. J'attends toujours une réponse. La mémoire est une maitresse ingrate et elle aura probablement desservi Plume.

Il avala un second verre comme abruti par une histoire qui le minait.

- Je pris donc le parti de donner ma vie pour un idéal plus grand encore, celui de la chevalerie. Ce que mon Père aurait tant voulu, je le crois. J'écrivis donc au Grand-Maitre et il me fit l'honneur de l'invitation. Et me voici, j'arrivais esseulé mais je retrouve une famille ; voire deux puisque vous me faites l'honneur de vous réclamer de moi et je loue cette fidélité que vous me portez. Je ne pourrai jamais vous rendre cette simple main tendue qui est pour moi un gage incroyable.

Puis Thomas se laissa aller à un profond soupir avant de changer abruptement de sujet.

- Pour ce qui est de tester mes aptitudes à l'épée. Je crains de n'être plus que l'ombre de moi même. Et j'étais déjà peu de choses initialement. Il y a dix ans j'étais un capitaine de l'Ost passable, me voilà maintenant un homme d'armes à la limite de l'acceptable...

_____
*anachronique puisque la garde suisse ne sera fondé qu'en 1506, mais permettez moi cette forfanterie.

Axel écouta avec attention le récit du jeune Goupil, elle glissa une main consolatrice sur la pogne de l'homme d'arme, et lui sourit avec bienveillance et empathie. Elle lui glissa une tartine sous le nez quand il eut fini de parler.

Vous êtes le frère que ma fille n'a plus, votre mère et moi-même vous avons porté à la même époque. Elle fut la marraine de Léane et moi la vôtre, ce lien est pour moi aussi indéfectible que celui du sang.

Elle lui resservit un godet de vin, et porta son lait de chèvre à ses lèvres. Avant de répondre concernant ses qualités d'homme d'arme.

Je n'ai jamais été douée une épée à la main, je sais tirer à l'arc et plus ou moins tenir une lance lors des tournois mais je suis véritablement une piètre combattante. Je compense par d'autres qualités. Je suis sûre que si vous avez hérité du quart de la verve de chacun de vos parents vous serez un stratège hors pair.

Le Baccard était dans la salle d'armes à réfléchir aux résultats des tests d'aptitude lorsqu'on lui rapporta la nouvelle, un spectre aurait été aperçu dans l'enceinte de Ryes, le spectre d'un renard d'argent entouré d'un halo de sinople, le rejeton de Zwyrowsky, l'un des hommes qui avaient inculqué à l'Impétueux des leçons et des valeurs qu'il ne perdrait surement jamais. Un géants parmi les Lyonnais-Dauphinois, un exemple pour tous ceux de la génération du colosse blond.

Il avait voulu prendre un temps Thomas sous son aile, le conseillant alors qu'il devenait Capitaine, lui expliquant les valeurs d'un soldats et d'un grand commandant, mais c'était un Zwy et aussi jeune qu'il soit il avait réussi à instruire le Baccard comme son père avant lui, sur la sigillographie notamment où il avait pu devenir une sommité grâce à ce jeune homme au final.

Les souvenirs de sa jeunesse, de sa rencontre avec Jean, puis avec Thomas, les flashs se succédaient tandis que l'Impétueux s'était déjà levé de son ouvrage et avait tout planté là pour se diriger d'un pas leste vers a taverne.
Et c'est explosant à moitié les gonds qu'il entra dans la taverne, repérant immédiatement sa merveilleuse femme et le jeune goupil à l'air fatigué qui se trouvait à côté d'elle.
Et c'est un rugissement de joie qui s'échappa de sa gorge et qui se muta en un grand rire de bonheur :

Je le savais ! Cette famille est increvable !!

S'approchant du gaillard en envoyant valser les chaises sur son passage il le souleva et lui donna une accolade digne de l'ours des montagnes qu'il semblait parfois incarner ici dans le plat pays Normand.

Ah Thomas ! Thomas, Thomas, Thomas...Ne me fais plus jamais croire que ton sang à disparu mon garçon ! Il m'est aussi précieux que le miens.
Je suis content, je suis si content, comment vas tu ?

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