[RP] L'arrivée d'Eugène Rastignac

Nombre de messages : 27 Date d'inscription : 04/04/2020

Le jeune languedocien avait fait ses paquetages avec empressement. Un rendez-vous de cette importance, ça ne se faisait pas attendre. Il prit avec soin son épée. Un cadeau d'une si grande valeur à ses yeux, et d'autant plus maintenant qu'il intégrait un ordre.
Il avait mis quelques provisions dans son sac de toile, jeté ce dernier sur son épaule et avait pris la route sans prendre la peine de fermer à clé sa porte. Il savait qu'il ne reviendrait sans doute jamais à Lodève maintenant. Et il avait pris la route, marchant tout le jour et une grande partie de la nuit.
L'avantage, quand on avait cet âge, c'était qu'on ne se fatiguait. Il dormait le plus souvent dans les étables, ou parfois en auberge.

Enfin, il était arrivé en vue de la forteresse. Ni une ni deux, il s'était déshabillé et s'était lavé dans une rivière alentours. Il était hors de question qu'il se présente sale à l'entrée. Il prit le temps de se coiffer, et revêtit les vêtements neufs qu'il avait acheté pour l'occasion.
Et le voici donc devant la porte, sa voix claire et teintée de cet accent chantant du sud s'adressa au garde devant la porte :

Bonjorn ! Je suis Eugène Rastignac, j'ai rendez-vous avec le chevalier Axel. Je... Je suis désolé elle ne m'a donné son nom, mais je crois que c'est Baccard ?

Et il attendit, la main sur l'épée, les talons joints.

Les trois gardes de faction virent arriver une jeunot à peine mûr. Ils commençaient à rigoler à l'idée de s'amuser un peu avec lui. Mais le gamin les héla avec tout l'enthousiasme de la jeunesse et leur annonça qu'il voulait entrer. A la mention du Chevalier Axel, Gérard eut envie de l'envoyer paître, la Blonde était un cailloux dans sa chaussure, une épine dans sa culotte, un chat dans sa gorge, bref, il la détestait et savoir que cette mégère était devenu chevalier alors que lui végétait à l'état d'homme d'armes le faisait enrager. Il commença par faire de l'humour sur le fait que la Blonde donnait des rendez-vous à des jouvenceaux désormais, et alors qu'il demandait si le barbu regardait sa femme dans ces moments là, Jéhan lui intima l'ordre de se taire, qu'il ne voulait plus l'entendre médire et qu'il devait rester sur les remparts. Le garde annonça qu'il irait donc à la rencontre du gosse, tandis que Jules irait quérir le Chevalier. Ce dernier tapota l'épaule de Gérard qui fulminait et s'éloigna amusé de la réaction de son comparse.

Jéhan descendit et alla accueillir le jeune garçon à la grille.

Alors comme ça le jeunôt , on a rendez-vous avec le Chevalier Axel ?
Vous lui voulez quoi au Chevalier Axel? Vous avez un courrier qui prouve qu'elle vous attend?

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Le jeune languedocien sourit, il se mit à fouiller dans son sac et tendit enfin sa lettre

Oh, oui pardon… Bien sûr j'ai une lettre, je vous la donne tout de suite

Citation :: Bonjour,

Au nom de l'Ordre royal de la Licorne et suite à la candidature que vous avez exposée à la porte Saint-Michel, j'ai le plaisir de vous annoncer que le chevalier Axel Baccard a accepté de vous prendre comme page personnel le temps que vous soyez en âge. Vous resterez ainsi parmi les impétrants de l'Ordre le temps de vous former et de faire vos preuves.

Je vous invite à vous rendre si tôt que vous le pourrez à la forteresse de Ryès* muni de cette missive, où vous serez accueillie et où commencera votre vie dans l'ordre.

Puisse le Très Haut vous accorder sa grâce,
Walan de Meyrieux, grand maître de l'Ordre de la Licorne.

Puis, il attendit, les mains jointes devant sa poitrine.

Jehan ne savait pas vraiment lire, mais il connaissait l'entête des courriers de l'ordre et la signature et le caché de Walan, ce qui lui suffisait pour accepter le courrier comme un passe valide. Il commença à tailler le bout de gras avec Eugène en attendant que la Blonde ne débarque.

Bon alors comm'ça, zêtes convoqués par l' Chevalier Axel ? Vous la connaissez un peu ou pas plus qu'ça?
J'dis ça parce qu'on dirait pas comme ça avec son visage d'ange mais c'est , 'fin c'est pas une tendr' quoi.
Voyez , l'a envoyée mon collègue qu'est là-haut au trou p'rce qu'il l'y avait mal parlé, d'puis on est d'corvée de grille généralement. Non l'est pas commode si j'étais vous j'me méfierai.

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Le jeune Rastignac regarda ses pieds un instant. Il ne connaissait pas vraiment le chevalier, mais il n'était pas très satisfait du discours du garde. Aussi, il prit son courage à deux mains et reprit la parole, la voix un peu tremblante :

Je... Je ne connais pas le chevalier très bien non. Mais elle est chevalier. Aussi, vous lui devez le respect non ? Et puis... Après tout, si votre collègue a mal parlé... Je pense qu'elle avait raison.

Rastignac n'était pas rassuré, mais il ne pouvait laisser dire cela. Après, à voir ce qui arriverait... Il plongea ses yeux dans ceux du garde, en levant la tête. Il était plus petit que lui... Une bonne tête à vu de nez.

Jehan n'en revenait pas le gamin qui paraissait apeuré comme un agneau de 2 semaines une minute avant, venait de lui répondre et pas qu'un peu ! Il était monté sur ses grands chevaux et avait pris le parti du chevalier . Bon sang et cette grille qu'était toujours baissée ! Il le regarda l'air furieux, la bouche tordue par la colère il lui rétorqua :

T'as bien d'la chance qu'la grille soit encore clouée le drôle, comment t'as osé m'parlé ?Sur mon 'heur j'en s'rai bien venu t'chauffer les oreilles , pour t'apprendr' les bonnes manières.

-Ah parce que c'est à coups de battoir qu'on apprend les bonnes manières ?

Une voix douce et pourtant amère venait de prononcer ces quelques mots dans le dos de Jehan, qui vira au cramoisi. Il avait depuis bientôt trois appris à reconnaître le timbre si particulier de la Dauphinoise, à la fois chantant et glacial, comme un brin de lavande exposé au gel. Il se retourna la tête basse et s'apprêta à articuler quelques mots, alors que derrière Axel , Jules lui faisait signe de la fermer bien comme il fallait sous peine d'aggraver son cas. En effet si la Précieuse n'avait pas entendu ce que le garde lui avait dit en amont, elle avait assisté tout sourire à la chevalresque défense d'Eugène. Il était évident qu'elle appréciait en revanche moyennement les menaces de rossage qui n'avait pas même été déguisées.

Jehan, ferme bien ta mouille, si tu veux pas subir le même sort que ton comparse de là-haut. Tu vas m'ouvrir cette grille à présent que je puisse accueillir convenablement Eugène et tu vas lui présenter de véritables excuses. Et parce que je t'estime on en restera là, sinon c'est pas le trou qui t'attend c'est carrément la révocation. Car ce jeune homme que tu viens de menacer, c'est tout simplement celui que j'accueille en ce jour comme page, il est l'avenir de l'Ordre. Rappelle-toi bien cela, s'il te prenait l'envie de lui apprendre la vie comme tu l'entendais, car non seulement ce sera à moi que tu auras à faire, mais également à la justice de l'ordre ! C'est bien compris ?

Le ton impérieux ne souffrait d'autre réponse qu'un hochement de tête et un abaissement des épaules. La pastille était un peu difficile à avaler pour l'homme d'arme, mais il savait que son attitude pouvait signifier le renvoi. Un membre de la Licorne ne menaçait pas les individus, ni ne leur tombait dessus à bras raccourcis, ils n'étaient pas des mercenaires, ni pis encore des brigands. Ils étaient destinés à défendre l'opprimé, à secourir la veuve et l'orphelin pas à devenir le tyran qui les asservissaient.Ils se devaient de servir la justice et vivre honorablement. Tout ce qu'il venait de bafouer en quelques phrases. Il savait que la Blonde n'irait pas se plaindre de son comportement auprès du Grand Maitre à condition qu'il se montre digne de la tempérance dont elle faisait preuve en cet instant. Alors sans mot dire, et après avoir demandé de l'aide du coin de l'oeil à Jules, les deux gardes remontèrent la grille. De son poste d'observation Gérard qui n'avait pas raté une miette de l'altercation buvait du petit lait. Celui-ci se disait que le minuscule chevalier lui foutrait peut-être un peu la paix désormais que Jehan avait démontré qu'il était un soudard, et qu'elle préférerait s'assurer que ce dernier se tenait à carreau.

A mesure que la grille s'élevait, le sourire d'Axel qui avait complètement disparu durant sa remise en place du garde, reparaissait. Elle accueillit alors le jeune homme avec toute la bienveillance et la douceur dont elle faisait preuve le plus souvent.

Eugène quelle joie de te voir. Tu as fait bonne route? TU n'es pas trop fatigué? Tu as faim? Ce rustre ne t'a pas effrayé au moins, il aime bien plaisanter. Allez viens, nous allons poser tes affaires dans tes quartiers, et je vais te faire visiter la forteresse .

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Le jeune Rastignac avait croisé ses bras sur son torse en entendant le garde lui répondre. Pour se donner une consistance, mais aussi pour ne pas montrer que ses bras tremblaient. Pour sûr qu'il n'était pas rassuré. A vrai dire, il était même content que la grille soit fermée. Et puis… Voilà que le garde lui promet une bonne dérouillée… Clairement, le sudiste n'en mène pas large.
Avant qu'il ne puisse répondre cependant, une voix connue se fit entendre. Il ne put s'empêcher de pousser un soupire de soulagement.

Il s'inclina bien bas, la main sur son épée toute neuve. Il sourit au garde, sans rancune. Rastignac n'était pas revanchard, il était simplement heureux que ce soit bien terminé.

La route ne m'a pas posé de problème, j'aime bien marché. Je n'ai pas faim, j'ai grignoté sur la route. Je suis bien heureux de vous revoir… Pour être honnête, si il m'a un peu fait peur. J'espère que je n'ai pas fait une bêtise en lui répondant ainsi… Vous allez bien depuis la dernière fois ?

Une petite grimace, et il emboîta le pas au chevalier :

Je vous remercie, j'ai très peu d'affaires pour le moment, mais je serais ravi de découvrir mes quartiers.

Axel rit doucement en entendant les réponses du jeune garçon. Elle lui tapota lui indiquant par là même la direction à prendre , c'est à dire la cours intérieure qui desservait les différentes tours et bâtisses de la forteresse.

C'est bien d'être honnête, faire le fanfaron n'aide en rien en général, d'autres et des plus costauds que toi l'ont appris à leur dépend tu sais.
Allez viens , mais avant toute chose.

Jéhan ? Tu n'as rien à dire à Eugène ?

L'homme d'arme retint un soupir et ravalant sa fierté releva les yeux et les planta dans ceux du languedocien. Il lui empoigna le bras et lui dit :

Mon frère, je t' souhaite la bienvenue, pour m'faire pardonner mon accueil de butor, j'te paierai un coup à la tavern' tantôt. On est quitte ?

Merci Jéhan, et pour le coup à la taverne, il faudra y aller mollo, il est tout jeune notre Eugène allez pas me l’enivrer !

Cette fois, la Précieuse sourit à nouveau avec chaleur au garde, l'ardoise était effacée.Car s'il y avait une chose qu'elle avait appris depuis qu'elle était entrée à l'ordre, c'était que la fraternité qui unissait les membres de l'ordre avait un but précis, leur sécurité à tous. Il était donc primordial qu'ils se respectent et s'entendent suffisamment pour avoir confiance les uns dans les autres les jours de bataille. Et faire preuve d'humilité, accepter des excuses ou en présenter faisait partie de ce respect mutuel si indispensable.

Alors voilà Eugène tu es officiellement membre de l'ordre en tant que Page à mon service, ici nous nous trouvons à l'entrée de -la-cour-de-la-forteresse c'est là que nous aurons à nous retrouver de temps à autre lorsque nous serons convoqués par exemple,
Cette tour ici à droite, c'est la La tour Hestia, c'est là que se trouvent les dortoirs.
De ce côté tu as aussisalle d'arme pour les entraînements au maniement des armes et la taverne où nous prenons nos repas et où parfois on fait un peu la fête...
Ahum de l'autre côté tu trouveras les écuries et le chenil
Voilà on va d'abord aller dans la Trou Hestia tu auras tout le temps du monde pour découvrir par toi même cette si grande forteresse et demain je t’emmènerai avec moi au haras

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Eugène hocha doucement la tête. Il était très fier que Jehan l'appelle son frère. Alors avec un grand sourire sincère, il répondit :

Je vous remercie mon frère. Nous sommes plus que quitte. Je suis ravi.

Puis le page suivi le chevalier, notant des indications dans son carnet de cuir, traçant un petit plan au fur et à mesure, pour ne pas se perdre. Il faut dire qu'il n'avait vraiment pas eu l'occasion de pénétrer dans un château, donc il était intimidé.

Et puis, c'était devenu un genre de tic chez lui. Tout noter, cela lui donner l'impression de pouvoir contrôler certaines choses qui lui échappaient. Bien sûr certains y voyaient une volonté de toute puissance, mais c'était plus pour se rassurer. Bref, il continuait la visite, trottinant derrière le chevalier.

Parfait Axel, j'ai hâte de me former à vos côtés. Pour le dortoir, je dors dans celui des maîtres d'armes, ou des écuyers ? Je n'ai pas vu celui des pages...

» [Page] Eugène Rastignac (démission le 26/12/1468)