Blackhorn était arrivé depuis plus d'une semaine.
Il avait pris une chambre à l'auberge, la seule du village. Il se levait tôt le matin, entrainait son corps à l'effort pendant une heure ou deux, puis après quelques ablutions salutaires (l'hygiène n'était-elle pas la meilleure des préventions contre les maladies?), prenait un solide repas. Puis il allait bouchonner et nourrir son cheval à l'écurie et chercherait un travail pour la journée.
Le soir, il montait à la Citadelle, regardait le Garde dans les yeux, lui faisait un signe de tête. Celui-ci écartait les mains, haussant légèrement les épaules, lui signifiant par là qu'il n'avait rien pour lui...
Black lui répondait d'un sourire, lui faisait un signe de la main et retournait vers l'auberge, paisiblement.
Black aimait ces dialogues muets. Doté d'un profonde empathie naturelle, il savait transmettre et recevoir attentes ou sentiments. Il cultivait en outre un stoïcisme inébranlable, une sérénité affichée et bien réelle.
Lorsqu'il avait reçu la veille un courrier du Chambellan, lui annonçant que le Duc George consentait à le nommer Grand Ambassadeur du Berry pour les Terres Angloises, c'est à peine si un sourire avait plissé ses lèvres.
Il le savait déjà...
Il s'était adressé à la bonne personne, l'ancien Duc Thomas, avait utilisé les mots qu'il fallait, les arguments nécessaires et traité les objections de George avant même qu'elles ne soient formulées...
Bien que le Duc n'ignorait pas que Black était un de ses opposants politiques, il n'avait pas hésité un seul instant...
Puis redescendant à pied jusqu'à l'auberge, il y faisait ses courriers dès l'arrivée, mangeait un fruit ou buvait un verre de lait et se couchait le ventre creux.
Il savait qu'un certain ascétisme favorisait la méditation et se devait de développer ses vertus.
L'attente se continuait, sans impatience...