[RP] Un accouchement bien particulier

Dernière édition par Flaiche le Ven 11 Sep 2009 - 13:54, édité 1 fois

Poste de garde, infirmerie.

Flaiche ne pouvait vraiment dire avoir parcouru ce trajet des centaines de fois, cela dit, il se doutait bien que celle ci serait l'une des plus longues traversées qu'il aurait à faire en tant que Licorne.
Départ du poste de garde, avec une future mère à première vue en plein délire ce qui n'allait pas facilité la tâche des deux hommes devant l'amener à bon port. Il faudrait d'ailleurs faire en sorte de la ramener à la raison avant que l'accouchement ne commence réellement. Il allait avoir besoin de sa participation active, et non des éventuelles crises que semblait lui donner ses hallucinations. Passé difficile et réminiscences douloureuses ou simple délire sans cohérence, mêlant dans sa tête toute sorte d'informations non reliées pour en faire un charivari indescriptible de sensations et d'images dans la tête de l'errante. D'après ce qu'il avait pu apercevoir au poste de garde, il aurait tendance à penser à la première solution, cela dit, n'étant sur de rien et cette question ne revêtant somme toute que peu d'importance, il l'oublia bien vite.

La première volée de marches conduisant à l'infirmerie n'avait posé aucun problème, c'est donc avec une certaine dose de confiance qu'il avancèrent sans trop de précaution quand aux possibilités qu'elle fasse tout un remue ménage.
Erreur d'appréciation, la future mère s'agite, semble résister à un évènement hors de la réalité des deux hommes la soutenant. Grimace de Flaiche. Il fallait réussir absolument à la soutenir sans la laisser choir, tout en l'empêchant de les entrainer dans des secousses et gestes trop brusques, risquant de les faire chuter. Respirer lentement, trouver la force, priant pour que Nith en face de même de son coté. Il était le père de l'enfant à naitre, sans doute devait il mettre toute ses forces à retenir sa femme pour épargner autant l'un que l'autre.

Légère pause en haut des marches, le temps de se reprendre un peu, et reprise de la route, avec plus de précaution cette fois. Les quelques marches, quelques couloirs et autres recoins a traverser semblaient
interminables, rendant Flaiche un peu plus anxieux chaque seconde.

Enfin la porte apparu à leurs yeux, leur redonnant un peu de force pour les derniers mètres à parcourir. Entrée dégagée d'un savant coup de pied, 11dépôt de l'errante en lieu su.
Un fois ceci fait, il laissa Akane aux bons soins de son mari alors qu'il cherchait dans les fioles et autres simple ce qui pourrait l'intéresser pour faire stopper les délires de celle ci

Sujet: Re: [RP] Un accouchement bien particulier Jeu 5 Mar 2009 - 12:37

Traversée de la forteresse, depuis le poste de garde jusqu'à l'infirmerie. Jamais traversée ne lui avait paru si longue... Depuis des années il avait arpenter les couloirs de Ryes, mais il n'avait jamais été affublé de pareil fardeau. Même après sa convalescence, il avait pu traverser ces chemins de pierre plus rapidement qu'aujourd'hui. Rien n'allait, rien n'aurait dû se produire de cette façon, arriver en de telles circonstances. Lui, d'une part, affaibli et toujours malade, n'avait pas la force pour transporter quoi que ce soit à bout de bras... D'où ce rythme des plus lents, assurant son équilibre à chaque pas, faisant en sorte d'éviter si possible toute chute ou glissade malvenue. Il fallait aussi assurer sa prise, entre la moiteur de ses mains qui ramollissait le peu d'énergie au bout de ses doigts, et les délires de sa femme qui n'arrangeait pas les choses... Ce qui nous amène au deuxième point: elle... Pouvait-on vraiment parler de relation lorsque l'un n'était pas présent lorsque l'autre était dans le besoin?

Enfin, ce n'était pas vraiment le bon moment pour s'épancher sur ses problèmes de couple, d'autant que la principale concernée n'était pour l'heure pas en mesure de participer à une conversation qui promettait d'être houleuse, sans compter qu'elle avait, au passage, un tout autre sujet de préoccupation...Finalement, ils parvinrent à amener la patiente à l'infirmerie, ce qui ne fut pas chose aisée... La dame est allongée sur un lit, tandis que le Perplexe, haletant d'avoir dû fournir pareil effort dans sa condition, tentant bon gré mal gré de maintenir en plus son épouse, histoire d'éviter qu'elle ne chute, pendant que le médicastre préparait quelque décoction à lui donner. Peut être devait-il lui demander quelque chose pour lui aussi... Il reste silencieux, ne sachant que dire... De toute façon, quoiqu'il puisse dire, cela ne changerait guère la situation...

Sujet: Re: [RP] Un accouchement bien particulier Jeu 5 Mar 2009 - 20:25

( Petite note HRP : Ce RP est ouvert à tous, si vous voulez y prendre part, n'hésitez pas à me mp, pour m'expliquer comment vous souhaitez y participer... )

Perdue dans ses délires …
Elle hurle, encore et encore, se voit nourrisson emportée par sa famille d’adoption, loin de sa sœur, qui porte le nom de Julik…Bruits de sabots qui martèlent les pavés des routes…La Normandie s’éloigne peu à peu…Bercée, l’enfant s’endort…
Sursaut de l’errante, elle ouvre les yeux, ses cheveux sont collés par la sueur autour de son visage. Elle suffoque légèrement et tente de respirer. Chaud, trop chaud…
Elle regarde autour d’elle, dur de reconnaître les lieux ou les personnes quand la fièvre vous prend. Non loin d’elle se trouve un homme blond assis, elle fronce ses yeux. Du bruit, bruits de verre, de flacons que l’on remue, ils n’étaient donc pas seuls. Ses yeux restent rivés sur l’homme blond qui se trouve devant elle. Aimantés, attirée… Un nom lui vint à l’esprit : Nith.
Il semble tout autant mal en point qu’elle. Elle se souvint qu’il était malade. Moment de raison, allait il durer ? La brune tente d’articuler quelque mots, elle sent son ventre qui se durcit de plus en plus, l’enfantement était proche…

- Soif… Chaud…Nith…Où suis-je ? Le bébé…

A peine eut elle fini d’articuler les derniers mots qu’elle prononça qu’une douleur lui irradia le bas du ventre, le faisant également se contracter. Elle hurle. Ses doigts se crispent sur le drap. Elle tente de respirer, de garder son calme. Plus facile à dire qu’a faire lorsque l’on sent en soit ses entrailles qui vont se déchirer…Son cri devait s’entendre jusque les bas fonds de la forteresse. En dehors, les éléments se déchainaient, phénomène de mauvais augure...
Un fils ou une fille de licorne allait enfin voir le jour.

Sujet: Re: [RP] Un accouchement bien particulier Lun 9 Mar 2009 - 23:45

Tout semblait clair dans l'esprit de Flaiche. Ils étaient arrivés, la mère, l'enfant, le mari et lui à l'infirmerie sans tragédie ni mauvaise surprises durant le trajet. Monter les marches auraient même un effet positif sur tout cela puisqu'il aiderait surement à faire descendre l'enfant. Surement....et même plus.
Alors que le médicastre s'affaire a concocter une solution pour rendre les esprits de la future mère, celle ci semble les retrouver. Bonne nouvelle en perspective. Ce qui semblait à première vue être un accouchement difficile voyait les complications se réduire une à une, ce qui n'était pas pour déplaire à Flaiche.
Seule ombre au tableau, Nith paraissait plus affecté qu'il ne l'aurait du par le trajet jusqu'à l'infirmerie. Il faudrait savoir ce qu'il en était...par la suite.

Akane demandant de l'eau, Flaiche s'activa pour lui en fournir un, ce qui était le plus urgent à faire à cet instant. Il ne fallait pas que celle ci manque d'eau, mes efforts dans l'escalier ainsi que la fièvre ayant déjà du lui en faire perdre pas mal.
Cri de douleur...les contractions commençaient. Ayant déjà perdu les eaux, l'enfant ne tarderait pas à arriver. Bref, il fallait agir.

Revenant vers la future mère, il lui donna de quoi boire une fois celle ci remise de sa contraction. N'attendant pas que la suivante arrive, il la fit s'installer, à demi assise, calant son dos contre le mur avec ce qu'il avait pu trouver de linges pour rendre la position plus agréable qu'en contact direct avec la pierre froide de la forteresse. Nith allant être sa seule aide possible, il tenait à le garder à disposition en cas d'éventuel souci. Mise en tenue adéquate d'Akane, avec précaution d'usage.

Retour vers les produits et matériel en tout genre. Quelques plates, un pot en terre, et quelques instants plus tard, une fumigation est déposée entre les jambes de l'errante, détendant ses chairs pour faciliter l'accouchement.

Le médicastre profite de ce répit pour trouver ce dont il a besoin, huile de violette et de laurier, pétale de rose, miel et sel, fils de soie et aiguilles au cas ou, diverses plantes, lignes et accessoires.

Fumigation terminée, celle ci est récupérée et mise à l'écart.
Retour à sa soeur après avoir enduit ses mains d'huiles. Première inspection, jetant quelque coups d'oeil à Nith, par précaution.
Col qui commençait à s'ouvrir. Les contractions allaient faire la suite. Pour l'instant, tout semblait normal, le médicastre n'allait pas s'en plaindre.
Sourire rassurant à la future mère.

Sujet: Re: [RP] Un accouchement bien particulier Mer 11 Mar 2009 - 21:40

"Mais qu'est-ce que je fous là?..." Voilà ce que n'arrêtait pas de se répéter le Perplexe dans sa tête... Non, il ne se sentait vraiment pas à sa place, et ce n'était pas peu dire: n'ayant aucune connaissance médicale, la seule chose qu'il pouvait faire en ces lieux était de gêner. Fatigué par cette traversée épique équipé d'un lourd fardeau, affaibli au préalable par la maladie, le manque de sommeil et la charge de travail, il ne demandait qu'à se retrouver dans sa chambre à prendre un bon somme sur son matelas de plume. Qu'avait-il faut pour mériter ça?

Le pire était qu'il n'y avait rien pour le soulager de cette charge: ils étaient trois dans la pièce, enfin physiquement: le médicastre parti préparer ses herbes, une patiente partie très loin dans le monde spirituel, bien loin de son atteinte... Et lui, aussi utile et efficace qu'un vieillard grabataire sur un champ de bataille...

Puis des mots compréhensibles sortirent de la bouche de sa femme. Oui, mais que faire? Chaud? Il ne pouvait pas faire grand chose... lui ôter ses vêtements ou bien l'arroser d'eau froide, tous idées aussi loufoques qu'inutiles... Soif? pouvait-elle boire dans son état? Ne risquait-elle pas de d'avaler de travers dans son état de confusion? Regard vers le médicastre, mieux valait ne rien faire sans obtenir son approbation préalable, mieux même, ne rien faire et le laisser agir, voilà qui serait plus sage pour tous... Puis un cri, perçant, horrible... "Mais qu'est-ce que je fais là?...", et ce n'allait sûrement pas être la dernière fois qu'il pensait pareille chose...

Et bah, heureusement qu'il y en avait au moins un dans le lot qui savait ce qui devait être fait... IL lui donne à boire, il l'installe dans une position qui paraissait au Perplexe assez inconfortable... Enfin bon... Tiens une fumigation entre les jambes, cela doit donner de drôles de sensations... Le médicastre regarde le Perplexe, comme pour demander son approbation, ce que ce dernier lui signifie d'un hochement de tête. Il n'était pas en état, moral en tout cas, de faire plus... Et encore, heureusement qu'il était à la tête lui... Rhalala, il aurait vraiment préféré assisté à l'accouchement comme au seul et unique enfantement auquel il avait assisté, et c'était avec un mur épais de pierre pour les séparer...

Un sourire réconfortant de celui qui deviendrait son partenaire à l’infirmerie… Elle souffre comme jamais elle n’avait souffert… Même le supplice de Vendôme paraissait plus doux à côté de ce qu’elle était en train de vivre… Elle hurle, comme pour se raccrocher à la réalité, et ne pas perdre pied… Ses doigts restent crispés sur les draps, ses chairs se détendent peu à peu, cependant la brune sent que quelque chose ne tourne pas rond, que l’accouchement sera des plus rudes…

Regard sur sa droite, elle voit les instruments… Les délires la rappellent encore et encore, et c’est le repère des Lucioles qui lui revient en tête… Elle, étendue à terre, une ouverture au flanc, et en train de mettre au monde bien trop tôt le fils d’une aventure sans lendemain, le bâtard mort né aux parents nobles… Elle tente d’articuler quelques mots… Fixe son regard vide sur son époux…

- Je…me...

Ne lutte plus, laisses toi emporter…
Chimère qui t’appelle, loin de ce monde réel…
Un sourire, sourire franc qui sonne comme une libération...
Une odeur… Odeur de mort qui peu à peu envahit son esprit… Des blessés non loin d’elle…
Vendôme à nouveau… Cette scène de désolation… Cette femme à ses côtés navrée pour elle…Qui était-elle ? Une voix douce qui tente de la calmer, de l’aider à enfanter au mieux…
Ce sang … Tout ce sang qui s’écoule de ses chairs… Accouchement trop rapide…La femme se saisit de l’enfant ensanglanté bien trop petit pour survivre, et indique à la mère qu’il s’agit d’un garçon…
Un garçon…
Prénom susurré de ses lèvres carmin.

- William…

Tel était le nom qui lui était prédestiné… Le même que son grand oncle…
Elle demande à le voir, la jeune femme s’exécute et lui montre le petit corps sans vie…
Qu’avait elle fait ? Son manque de raisonnement avait encore fait des siennes…
Hurlement, rage, colère, en cet instant, elle voulait cesser de vivre…Mais elle devait lutter, lutter pour écrire une nouvelle page de son existence après une promesse faite dans les jardins de Montmirail…Lutte entre une partie de soi meurtrie par le décès du nourrisson et l’autre partie qui ne demandait que de connaître des jours meilleurs…
Elle pleure…Se laissant soigner par cette inconnue, cette femme du clan ennemi…Et sombre dans un profond sommeil sans rêve, au milieu des cris de douleur des nombreuses victimes blessées des lucioles qui se trouvaient là…

Réalité…
Son corps semble trop inerte…inanimé… Les contractions l’assaillent, elle n’hurle plus à chacune d’entre elles, elle parle dans son délire, exprime sa peine…Ses mains reposent à présent sur le drap froissé…
Perdue dans les limbes, blême…
La Tempête, l’espace d’un instant, n’était plus …
Le travail continuait… La nouvelle vie, nouvelle vie prodigue, souhaitait voir rapidement le jour…

Flaiche préparait le matériel, gardant un oeil sur la mère. Les contractions faisait leur lent, et douloureux travail. Il allait bientôt être temps. La délivrance arriverait bientôt, et la mère en serait enfin soulagée. Le médicastre n'osait imaginer l'épreuve que pouvait devenir un accouchement. Douleurs terribles parfois, comme cela semblait être le cas pour la pauvre Akane. Les crampes provoquaient déjà des souffrances intenses, mais ce seul point de comparaison n'était que dérisoire face aux douleurs naissant de l'accouchement.

Quelques mots prononcés, Flaiche se rendit compte en grimaçant que sa soeur venait de repartir dans ses délires, et qu'elle n'était plus tout a fait avec eux. Il trempa un linge dans une bassine d'eau dans laquelle il avait préalablement ajouter une décoction fébrifuge et légèrement analgésique. Il se dirigea vers la future mère et lui déposa le linge sur le front. Les cris avait cessé, Akane s'étant évanouie.
Grimace, puis s'adressant à Nith, il lui dit a voix basse:

Il semble qu'elle se soit évanouie en plein milieu de son délire. Pourrais tu tremper le linge dans l'eau régulièrement, l'essorer un peu et lui remettre sur le front, ça lui fera du bien.
Et......essaies de lui parler, calmement, pour la réveiller et par la suite pour la réconforter. Il faut tenter de la faire rester e plus possible avec nous. Il serait plus facile de faire sortir le bébé si elle suit mes directive un minimum.

Revenant à son matériel, il le place non loin de la future mère, à portée de main et la rejoint, s'enquérant une nouvelle fois de l'état d'avancement du bébé. L'effet des contractions avait été plus rapide que prévu, au détriment de la mère pour sur, mais cela était sans doute un mal pour un bien. Le col était bien ouvert cette fois. Le bébé arrivait. Parlant une nouvelle fois, une peu plus fort cependant mais toujours a voix feutrée, il prévint son frère, espérant que la mère allait pouvoir reprendre ses esprits.

Bien....L'enfant sera bientôt avec nous. Le plus dur reste à faire, mais au moins cela ne sera plus très long.

Le moment crucial approchait. Celui ou mère et enfant serait soumis à leurs plus rudes épreuves, celui ou chaque erreur pourrait couter une vie, celui où les problèmes pouvaient surgir le plus, et il faudrait y réagir vite, si toutefois il était possible de réagir. Le destin était parfois cruel et l'intervention humaine ne pouvait parfois rien. Flaiche le savais, mais il ferait tout son possible pour que cela n'arrive pas. Akane comptait sur lui. Et l'ordre tout entier du fait de son savoir. Il devrait réussir, pour elle, et pour lui aussi. Il n'aimait pas l'échec, et encore moins la mort. Il la combattrait avec acharnement, même s'il fallait y passer des nuits sans sommeil.

Le Perplexe était donc à la tête de la patiente, louée soit son inaptitude à tout ce qui concernant de prêt ou de loin à la médecine. Rien que d’imaginer ce qu’il pouvait bien se passer lorsque l’enfant viendrait au monde lui donnait déjà des frissons dans le dos. Non, il ne voulait en aucun cas, d’aucune manière, ne serait-ce qu’avoir un aperçu de ce qu’il pouvait bien passer dans cette région particulière. Non, la tête lui convenait parfaitement, et le résultat était bien plus important que les différentes étapes par lesquelles passaient les dames. Et bien, heureusement qu’il n’avait pas à subir pareil traitement… Loué soit le Très Haut pour ce partage des tâches assez convenable aux yeux du mâle qu’il était.

Revenons donc là où nous en étions, la tête donc. Le Perplexe n’était vraiment pas à son aise, à des lieues de ses domaines de compétences, aussi se sentait-il aussi bienvenu que les poux sur la tête des gens. Mais il devait être là… Le devait-il au fait? C’est que, depuis le mariage, les deux époux ne s’étaient pas vraiment parlé, si ce n’étaient quelques altercations, notamment dans cette salle même, ce qui avait encore enflé le cœur du Perplexe quant aux griefs qu’il avait envers sa femme. Très peu d’échange de mots, très peu de présence l’un envers l’autre, chacun absorbé dans sa tâche, chacun travaillant de son côté. Et puis venait cet enfant… Serait-il heureux avec des parents qui, au final, ne se connaissaient pas tant que ça? Était-il judicieux de concevoir un enfant en ces temps troublés, de le faire vivre loin de ses parents partis préserver la paix aux quatre coins du Royaume? Plus il y pensait, plus il plongeait dans l’affliction: ce n’était pas le bon moment, ce n’était pas les bonnes circonstances… La Licorne est une maîtresse exigeante, qui prime sur tout le reste, quand bien même il s’agit de sa propre progéniture. Aussi, était-t-il vraiment judicieux qu’une mère doive pratiquement abandonné son enfant à la garde d’une nourrice? S’il n’était pas dans cette pièce même avec de la compagnie, il se serait pris la tête entre les mains, frappant son front contre n’importe quelle surface qu’il aurait trouvé. A trop penser, on envisage le pire, et c’était bien ce qui était en train d’arriver dans la tête du Perplexe.

Mais non, il ne peut se relâcher, il ne peut laisser court à ce que son cœur ressentait vraiment sur le moment. Aussi, son regard se porta donc sur la patiente, qui elle aussi le regardait. Mais on ne pouvait pas dire qu’il s’agissait d’un véritable échange, car, dans ses yeux d’habitude en colère à son encontre, il ne put rien y lire, rien ressentir. Le vide… Voilà tout ce qu’il pouvait apercevoir. Et qui n’avait rien de rassurant… Qu’allait-il se passer si la principale concernée par l’événement ne se trouvait pas présente, tout du moins psychiquement? Car, enfin d’après ce qu’il avait entendu, il y avait quelques efforts à fournir pour mettre un enfant au monde… Mais ce n’était que des « on-dit », bien sûr… Puis, il lui sembla voir les lèvres de sa femme bouger. Cependant, il n’arriva pas à déterminer ce qui avait bien pu sortir de la bouche de la dame, le filet de voix à peine audible, des syllabes à peine articuler, voilà qui rendait le décryptage des plus complexes. Puis les lèvres s’entrouvrirent une seconde fois, et là il comprit le mot prononcé même si son sens lui échappé encore. « William »? Mais qui était ce William? Lui n’en connaissait aucun, si ce n’était le nom d’un défunt Normand, Will Blackney. Mais pourquoi donc prononcé ici et maintenant ce nom? A quoi cela servait-il de l’appeler? Cela faisait bien longtemps qu’il avait rejoint les cieux. Et puis, aucun ici dans cette pièce ne s’appelait William… Déjà qu’il ne comprenait pas les femmes, là, il avait atteint le fond de l’incompréhension totale…

Puis plus rien: plus de mouvement, si ce n’était qu’un légère balancement de la cage thoracique, les bras et les jambes restaient inertes et le visage désespérément inexpressif. Les bruits des bocaux et autres instruments se rapprochèrent, indiquant au Perplexe l’arrivée du médicastre. Il se tourna donc vers lui, et ne put que constater la grimace qui se dessina sur le visage de Flaiche. Non, cela n’annonçait vraiment rien de bon pour l’avenir… Le Limousin ne s’arrêta pas sur cette constatation et sur l’examen de sa patiente, mais lui donna des instructions, heureusement pas trop compliquées. Éponger le front? Bon, ce n’est pas trop dur. Lui parler doucement pour la réveiller et la réconforter? Voilà qui risquait par contre d’être beaucoup plus sujet à controverse… Non, en ce moment même, il aurait voulu lui crier de se réveiller, de lui hurler qu’elle avait encore une tâche à accomplir, lui reprocher qu’elle n’aurait pas dû parcourir les routes dans son état. Donc rien qui pourrait la réconforter en somme…

Enfin, il fallait bien faire comme il le pouvait, après tout, il était les deux seules mains disponibles en ce moment même pour un événement qui n’allait pas tarder à arriver, alors autant prendre son mal en patience et tenter de faire en sorte que tout se passe du mieux possible. La bassine était à ses côtés, là où Flaiche venait de la déposer avant de reprendre son poste. Quant il fallait y aller…

Akane… Akane… Akane, réveille-toi bon sang!

D’accord, niveau réconfort, on pouvait faire mieux… Mais là, le Perplexe n’était pas vraiment en état de réfléchir, aussi, ses sentiments se reflétaient dans ses gestes et ses propos. Maintenant, il espérait que le médicastre avait raison et que cela ne durerait pas trop longtemps…

Au fin fond des limbes…
Un long couloir, des portes le long de celui-ci, une vingtaine…
Elle court court, entend un nourrisson pleurer, ouvre toutes les portes, en vain…
Panique, angoisse, la sueur perle sur son front.
Les pleurs se veulent plus insistants, plus plaintifs, et la brune reste impuissante, tombant à genoux…

Une voix plus lointaine, venue d’outre-tombe, au timbre rocailleux, sec.
Elle lève ses yeux embués vers le ciel… Nith, mais où était il ? Elle articule son nom, l’appelle, effrayée…

Sur le lit, la brune lutta contre ses démons intérieurs, articulant fébrilement le nom de son époux. Son corps s’agita de plus en plus, la sueur coulait encore de son front.
Quand soudain…
L’errante ouvrit grand ses yeux, regard encore vide, et s’assoit d’un seul coup sur la couche, haletante, comme après une longue apnée. Elle tente de se calmer, de s’apaiser seule, de revenir à la réalité. Petit à petit, son souffle redevint normal malgré quelques spasmes.

Elle se rallonge, n’articule pas un mot, son regard perdu dans le vague.
Perdue entre deux mondes, lutte inexorable. Battante comme toujours, elle ne faillira pas, elle n’en avait pas le droit…Elle devait continuer le combat jusqu’au bout, Aristote pourra ensuite disposer de sa vie à sa guise…

L'heure, c'est l'heure. Derniers préparatifs pour le médicastre. Patiente laissée aux bons soins de son mari. Le pauvre, en y repensant, Flaiche se dit que la situation actuelle ne devait pas être simple pour lui. Ils étaient trois. Lui même, un médicastre, et la future mère. Fort peu au vu de l'évènement à venir, et si il avait ne serait ce que la moindre idée des complications et autres problèmes que l'accouchement pouvait engendré, nul doute que cela ne devait pas arrangé son mal être.

Regard discret sur le chevalier. Visage anxieux, mais rien d'anormal. La fatigue sy' invitait bien plus que l'angoissante mordante que pouvait induire de se retrouver en si petite compagnie alors que l'un des membres de celles ci est inconsciente alors même qu'elle doit mette au monde un enfant. Le silence semblait régner dans la pièce, les cris de la future mère s'étant tu pour un instant. Silence qui semblerait inquiétant si d'autres avaient attendus derrière la porte l'annonce de la naissance.

Appel du futur père à son épouse inconsciente. Son angoisse transparaissait dans ses paroles, dans sa façon de parler. De l'avis du médicastre, ce n'était pas étonnant, difficile de rester calme et posé quand une situation pareille vous tombait dessus. N'ayant aucune connaissance médicale, il était possible que le chevalier s'en sentent d'autant plus impuissant.

L'image de Marie, inconsciente après avoir mis au monde les jumeaux l'assaillit soudain. Sans doute comprenait il l'état actuel du chevalier, même s'il ne pouvait réellement l'affirmer, ne connaissant rien de son histoire avec l'errante.

Apparemment l'appel avait fait son oeuvre. Peut être avait il fallu ce ton. 2tait ce sa voix ou la façon doit il avait parlé qui l'avait tiré de sa torpeur. Nul ne saurait jamais le dire, Akane, la seule éventuellement capable de répondre, ne se rappellerais surement pas ce de passage, trop entourée encore par les limbes de son esprit.

Le médicastre profita des quelques instant de vague de la future mère pour parler au chevalier a ses cotés, d'une voix tout juste murmurée:

Mon frère, quelque soit la ou les raisons, même si je peut comprendre celles ci, il va nous falloir garder notre calme en tout. Akane va avoir besoin de soutien de ta part, pas de colère, et moi de la même façon. Si tu sens que tu ne le pourras, tente de trouver quelqu'un en la forteresse qui pourrait nous être utile.

Revenant vers la future mère après un léger sourire encourageant à Nith, il prit la main de l'errante dans la sienne pour finir de la ramener dans la réalité, et lui murmura a son tour:

Akane ? Tout se passe bien, le bébé arrive. Il faut maintenant que tu restes avec nous, j'ai besoin de ton aide et le petit aussi. Ton mari est la. Tout sera bientôt finit et tu pourras prendre cet enfant dans tes bras pour le cajoler tant que tu voudras.
Il va te falloir pousser de toutes tes forces pendant les contractions, et te relâcher quand celles ci s'arrêtent. Pour le reste, je m'occupe de tout.

Que le temps est long… Combien de temps était-il resté immobile, à, contempler cette forme inerte qui était sa femme? Était-ce quelques secondes, s’il se fiait à ce que ses yeux voyaient: il n’y avait pas eu de mouvement, tout était resté à la même place que la dernière fois qu’il avait prêté attention à ses détails. Ou alors s’était-il écoulé plusieurs heures, comme il le ressentait, perdu dans ses sombres pensées? Il était autant à sa place qu’un renard dans un poulailler, sauf que ce dernier, contrairement à lui, apprécier la perspective d’un bon repas. Le Perplexe, lui, ne savait pas trop à quoi s’attendre à la suite de ces événements: bon, un petit être allait naître, ça au moins il en était sûr. Mais dans quelle condition? Qu’en serait-il de son sexe, de son état, de sa vigueur? Qu’adviendra-t-il de celle qui l’a mise au monde, déjà qu’elle ne semblait pas en forme, c’était le moins que l’on pouvait dire… Inconscience, voyage dans les limbes, on ne pouvait pas dire que cet accouchement débutait sous les meilleures hospices.

Il cligne des yeux, comme pour reprendre conscience de son environnement physique. Retour dans ce lieu craint, mystique presque qu’est l’infirmerie. Il n’y venait pas de gaieté de cœur, et encore aujourd’hui, il ressentait cette même appréhension dans cette pièce particulière. Ah, quel soulagement ce serait pour lui que de se retrouver loin de cet endroit, loin de ses problèmes, loin de ses tracas.

Sa femme semblait reprendre un peu ses esprits, ce qui semblait nécessaire pour pouvoir enfanter dans de bonnes conditions. Enfin de ce qu’il avait entendu, il s’agissait d’un gros travail de la parturiente, il ne pouvait imaginer ce qui pouvait se passer si elle sombrait dans l’inconscience… Cependant, cela ne fit qu’accroître les sentiments qui se battaient dans la tête du Normand: frustration, mépris, incompréhension. Pourquoi n’était-elle pas venu plus tôt? Pourquoi a-t-elle attendu le dernier moment pour se rendre dans un lieu propice à accoucher, avec des personnes compétentes pour la soutenir? Pourquoi a-t-il fallu qu’elle chevauche par monts et marées alors qu’elle s’approchait du terme? Non, il ne comprenait pas ses décisions, et pourtant, il lui avait maintes fois conseiller de ralentir dans ses missions. Peut être aurait-il fallu qu’il lui ordonne? Non, il n’était pas ce genre de personne, pour lui, obliger sous la contrainte était une défaite, pas pour celui qui recevait l’ordre mais pour celui qui le donnait. Non, il fallait faire prendre conscience, orienter, conseiller pour prendre la bonne décision. Mais les Normands étaient têtus, ce trait de caractère était bien connu pour les habitants du Duché aux deux léopards. S’il se trouvait dans d’autre condition, enfin surtout sans enfant prêt à sortir la tête de sa mère, il l’aurait pris entre quatre yeux pour lui exprimer ce qu’il avait sur le cœur. Un peu ce qu’il s’était passé il y a peu de temps en ce même lieu…

Mais heureusement qu’il y avait au moins une personne qui savait ce qu’il fallait faire… Bizarrement, il chuchotait, alors que le Perplexe, s’il ne se contenait pas, aurait été plutôt partant à crier, hurler, se décharger de ce poids en l’exprimant haut et fort. « Garder son calme » … Il en avait de bonne quand même. Comment garder son calme alors que l’on est impuissant, que l’on ne sait quoi faire, comment agir? Rester calme, stoïque alors qu’il avait nombre de reproches à faire? Dans un autre contexte, il aurait trouvé la situation comique, ironique. Mais lorsque l’on se trouvait en plein cœur des événements, bizarrement la part comique était beaucoup plus difficile à trouver et à apprécier.

Puis vint une proposition de la part du médicastre: partir et trouver quelqu’un d’autre. Et bien, il ne s’attendait pas à une telle demande. Pendant un instant, il la considéra avec attention: c’est sûr, il serait bien mieux ailleurs qu’ici, il trouverait sûrement quelqu’un qui serait plus utile à Flaiche, et qui pourrait aider à l’accouchement, contrairement à lui. Dilemme dans la tête du Normand… Puis il y renonça: autant finir cela au plus vite! Il hocha la tête, faisant ainsi signe au médicastre qu’il pouvait poursuivre son œuvre. Lui, de toute façon, n’était qu’un spectateur passif de la scène…

Reprise de conscience des plus lentes.
Une voix la guide, l’aide, à émerger des limbes dans lesquelles elle se trouvait encore un peu… Voix douce et masculine…
Puis un contact charnel, une main serrant une autre, main chaude contre main froide, souffle de vie… Cette main n’est pas celle de son époux. Elle se fait violence, tourne la tête, aperçoit Nith, dépassé par la situation, ne sachant que faire, puis voit Flaiche, main dans la sienne. Sa tête est lourde, la fatigue lui pèse, le moindre geste lui semble être un calvaire. Elle tente d’articuler quelques mots à voix basse

- Ça va aller…Il…Faut en finir…Flaiche, si il y’a le moindre souci… le bébé… Avant tout…Il faut… prévenir Enguerrand qu’il sache…

Pourquoi réclamait-elle le Grand Maistre ? Chose étrange ? Pas tant que cela… Elle avait une idée en tête…Idée partagée avec son époux, point sur lequel ils semblèrent d’accord.
Elle ne souhaitait pas que l’accouchement se complique, non elle ne voulait pas. Elle voulait voir grandir cet enfant, même si elle se doutait qu’avec son engagement dans l’ordre, il serait parfois difficile de concilier les deux… Choses les plus chères à ses yeux… Et son mariage qu’en était-il ? Non, ce n’était pas le moment d’y réfléchir… Sa tête tournait… Se reconcentrer sur l’enfantement… Pousser à chaque contraction, se relâcher ensuite… Répéter inlassablement ces mêmes gestes, qu’elle connaissait par cœur… En aurait elle la force ? Elle en doutait en cet instant, et le cacha aux deux hommes qui se trouvaient là, déjà que l’un d’entre eux se sentait des plus mal à l’aise et presque paniqué… Non, elle aviserait si vraiment elle viendrait à perdre pied. De nouveau un regard vers le gardon. Il était temps. Dans un murmure elle s’adressa à lui.

- Je suis prête…

Advienne que pourra, Akane, advienne que pourra…

Situation semblant un brin complexe, mais paraissait vouloir s'arranger au fur et à mesure que le temps passait. Le futur père s'était apparemment décidé à rester, après un combat intérieur qui semblait des plus rudes. Flaiche se doutait de ce qu'il en était, ayant du assister au premier accouchement de Marie en spectateur un brin désœuvré, n'étant alors pas encore médicastre, surtout lorsque les problèmes étaient survenus. Nith avait fait le bon choix, du moins était ce là son avis, personne en dehors de la mère peut être, ne serait plus adapté pour prendre le bébé lorsque Flaiche aurait besoin d'apporter les soins à la jeune mère.

Sans doute cela créerait il des liens entre père et enfant plus fort que ne s'y attendrais le lieutenant commandeur. Peut être, après tout il n'en savait rien, mais il l'espérait fortement.
Akane avait à première vue recouvré ses esprits et le contrôle d'elle même. Ses paroles vinrent confirmer cet état de fait, même si le sens que ne devait pas manqué d'avoir l'allusion au GM échappa au médicastre.
Bébé avant tout. Pour cela, il allait falloir que des problèmes suffisamment importants viennent mettre en danger la vie de la mère comme celle u petit, et ça, il en était hors de question. Flaiche, plus concentré que jamais, avait bien l'intention d'enrayer et d'étouffer dans l'oeuf tout souci par des réactions rapides et réfléchies....du moins autant qu'il serait possible. Aristote seul savait ce qui pouvait se produire.

Une main sur le ventre de la future mère, Flaiche acquiesça lorsque celle ci lui dit être prête, sentant quelques seconde plus tard le ventre se durcir et se tendre sous l'effet d'une contraction. Le médicastre exhorta l'errant à pousser, répétant ce mot tel un ordre, le rabâchant sans cesse, sans un répit, jusqu'a ce que la contraction se termine. Il l'invita alors à souffler quelque peu, attendant la prochaine vague. Gémissements de douleurs, souffles de soulagement et soupirs d'efforts acharnés se succédèrent ainsi, comme rythmés par les paroles du médicastre, et ponctué de temps à autres par l'état d'avancement de l'arrivée du bébé, dans le but de stimuler la mère. Tout concentré sur sa tâche et sur le bébé à venir, Flaiche ne savait ce qu'il advenait de Nith, ignorant s'il jouait un rôle réconfortant vis à vis de la mère ou s'il restait un témoin inactif de la scène, ne sachant trop quoi dire ou faire. Flaiche ne savait si la mère avait déjà connu une ou plusieurs grossesse, et l'empressement de la situation avait fait qu'il n'avait pris le temps de demander, puisque l'information ne serait pas vitale. Cependant l'accouchement se déroulant sans encombre, il se dit qu'il y avait de bonne chance pour que cela soitt le cas, un premier enfant état bien souvent plus difficile, même si aucun cas n'était similaire et que des exceptions faisaient sans aucun doute contradiction.
L'enfant presque sortit, Flaiche encouragea une dernière fois la mère.

Allez, c'est bien oui, encore un petit effort, le dernier surement, le voila, le bébé est la. Pousse encore un peu, encore encore encore....

Aidant le bébé à sortir, le médicastre s'assura en premier lieu que tout allait bien puis l'essuya légèrement et s'enquit du sexe de l'enfant.

Vous voila avec une jolie princesse, mes félicitations. Cela dit avant que vous n'en profitiez pleinement, il y a encore quelques petites choses à faire. Nith, désires tu couper le cordon ? Les ciseaux sont la.

Désignant l'ustensile de sa main libre, il saisit le cordon, montrant au lieutenant commandeur là où il lui faudrait couper dans le cas ou celui ci le voudrait.

Si tu ne te sens pas, il n'y a pas de honte à cela, mais il te faudra me prendre la petite une seconde que je le fasse moi même.

Le médicastre sourit, attendant une réponse de son frère licorneux.

Que fait le badaud lorsqu’il se retrouve devant un horrible spectacle face auquel il ne peut rien faire? Prend-il un verre, sirotant son doux breuvage tout en contemplant la scène qui se déroulait devant lui, tel un spectateur d’une pièce de théâtre de très mauvais goût? Non, le Perplexe ne peut pas se le permettre, cela prendrait sûrement trop de temps pour faire apporter boisson et verre jusqu’à lui, d’autant que le deux autres protagonistes n’étaient pas vraiment en position de bouger… Ou alors le badaud attise-t-il la flamme, exhortant, encourageant encore et toujours les différents belligérants afin d’entretenir la rage dans une rixe? Après tout, un combat devait beaucoup ressembler à ce qu’il avait sous les yeux, cris, douleurs, sang, pleurs… Il n’y avait que la localisation qui changeait, quoiqu’un coup bien placé dans l’entrejambe… Mais là non plus, le Perplexe ne pouvait ni clamer quelques vers réconfortant, ni héler sa compagne, qui, de toute façon, n’était pas vraiment parmi eux. Non, il était tellement abasourdi par ce qu’il voyait, ce qu’il vivait, ce qu’il ressentait. Non, il n’avait pas voulu ça. Non, il n’avait jamais imaginé que cela pouvait se passer de la sorte. Et non, malheureusement, il ne pouvait rien faire, rien d’accessible, rien dans ses capacités ne pouvait arranger les choses.

Puis sa femme revient à lui, enfin revenir est un grand mot. Ses propos sont incohérents aux oreilles du Perplexe. Mais pourquoi donc voulait-elle absolument prévenir Enguerrand? Et puis, d’abord, depuis quand s’adresse-t-on au Grand Maistre de la sorte, surtout pour une Errante? Non, franchement, plus il restait dans la pièce à ses côtés, moins il la comprenait. Pendant qu’elle y était, elle n’avait qu’à inviter toute la forteresse à venir la contempler dans l’infirmerie, à moitié nue, les jambes écartés avec le médicastre s’affairant… là où il devait agir… Mais pourquoi tenait-elle tant à avertir Enguerrand? Une question trotta dans la tête du Perplexe, des soupçons, de vieilles histoires qui remontaient à la surface, attisait par des propos tenus en ces lieux, il y a quelques mois de cela, où il apprenait que sa femme était enceinte. Mais était-ce vraiment de lui? Ou alors l’éminente Licorne d’Or y était pour quelque chose, y avait-il un lien avec ce ventre proéminent et cette arrivée imminente? En fait, plus elle parlait, plus le trouble et la confusion s’installaient dans l’esprit du Perplexe…

Mais heureusement qu’il y en avait un qui savait ce qu’il faisait, et ce n’était pas le Chevalier, loin de là! Non, le Normand ne voyait plus rien, n’entendait plus rien, perdu dans ses sombres pensées, ses ruminations de plus en plus obscures, sans qu’il parvienne véritablement à arrêter un opinion sur la question. Enfin si, il y avait bien quelques sujets sur lesquels il avait déjà posé un verdict, vieux réflexe d’ancien Juge et légiste, mais l’heure de la sentence n’était pas encore arrivée. Même si on pouvait considérer que l’accouchement était, en soit, une peine suffisamment grande… Enfin c’est ce que l’on disait, ce qu’il avait entendu, et ce qu’il ne vivrait jamais. Heureusement!

Il entendit, comme si la voix provenait de très loin, les mots prononcés par Flaiche, enfin surtout son nom qu’on interpellait, ce qui le tira des méandres de son cerveau mis à mal.

Vous voilà avec une jolie princesse, mes félicitations. Cela dit avant que vous n'en profitiez pleinement, il y a encore quelques petites choses à faire. Nith, désires-tu couper le cordon ? Les ciseaux sont là.

Hein? Telle fut la première pensée du Perplexe en entendant ces mots. Ciseaux, cordon… Houlà, tout ça n’annoncer rien de bon, non? Il lui fallait un peu de temps pour assimiler tout ça, il n’était pas vraiment actif dans le temps présent, dépassé par les événements. Bon, il lui fallait donc agir…

Si tu ne te sens pas, il n'y a pas de honte à cela, mais il te faudra me prendre la petite une seconde que je le fasse moi même.

Je vais le faire. dit-il d’une voix un peu fébrile.

Il prit les ciseaux, enfin après les avoir trouvés, heureusement que leur emplacement fut désigné par le médicastre. Il fallait le dire, ses doigts tremblaient un peu, beaucoup même au début, mais il put se ressaisir. Avoir quelque chose de concret lui permettait au moins de se focaliser sur une action, sur quelque chose à faire. Et puis, après tout, il n’avait rien d’autre à faire… Flaiche tenait le cordon, montrait l’endroit où il faudrait le sectionner. Et bien, quand il faut y aller, il faut y aller. Mais il fallait quand même l’avouer, c’est bizarre! Ce cordon, ce lieu de chair reliant la mère à l’enfant, cette liane formant des tours et détours. Mais la consistance était toute autre, il pouvait le sentir alors qu’il déposait les lames des ciseaux de part et d’autre du cordon, à l’endroit désigné par Flaiche. Plutôt spongieux, mais plus résistant, comme s’il était recouvert d’un bout de peau. Mais ce n’était pas vraiment le moment de s’émerveiller, ou de s’horrifier, devant le spectacle du cordon. Chting, les lames se rapprochent, sectionnant ce fin bout de chair, séparant, du moins physiquement, mère et enfant. Et bien, sa part de travail était donc achevé, laissons faire le médicastre, lui au moins savait ce qu’il devait faire…

La brune mécaniquement s’appliqua à pousser pour mettre au monde l’enfant, prise d’une force qu’elle ne se connaissait pas, alors qu’elle se sentait ailleurs… Elle suivit les conseils du médicastre, cria à chaque poussée, sentant ses entrailles s’ouvrir au passage du nouveau né… Pourquoi l’enfantement devait il être si douloureux en soit ?
Elle se sentait faiblir de plus en plus, et s’apprêtait à en faire part à Flaiche quand elle fut avertit par celui-ci que l’enfant vit le jour… Son cœur s’accélère… Allait il bien ?
Elle reprend sa respiration, regarde son camarade prendre le nourrisson dans ses bras... Elle aperçut le nouveau né de loin, petit et fin, et cette chevelure…Non… Impossible…
Des cheveux roux…
Mais comment alors que ? Peut être du côté du père, même s’il était blond, il ne connaissait pas ses origines après tout…
Elle voulut se pincer, et détailla une fois de plus l’enfant. Pas de doute, des cheveux cuivrés, entre le blond et le roux précisément…
Et là…

- Vous voila avec une jolie princesse, mes félicitations. Cela dit avant que vous n'en profitiez pleinement, il y a encore quelques petites choses à faire. Nith, désires tu couper le cordon ? Les ciseaux sont la.

Une fille…
Ils avaient une fille…
Don du ciel…
Regard vers le père, qui fébrilement s’empare du ciseau alors que Flaiche tenait la petite dans ses bras. Il coupe le cordon, rompant ainsi le lien entre la mère et l’enfant, lien symbolique…
Soudain…Des pleurs stridents, alors qu’au dehors un éclair déchira le ciel…Pleure et laisse entrer la vie en toi, mon enfant…
Vivante, elle l’était, et démontrait déjà une énergie hors du commun.
Et Akane de se laisser retomber sur la couche de l’infirmerie, soulagée, le sourire aux lèvres… Faiblement, elle articula quelques mots à l’attention des deux hommes…

- Flaiche, je crois qu’il vaut mieux que Nith et la petite se tiennent plus …Loin… Ainsi il pourrait la laver et l’emmailloter, après que tu lui ai laissé quelques instructions, pendant que tu m’aides à la délivrance, c’est … ragoutant comme scène donc…Nith, tu peux faire cela penses tu ? Mais… Ramènes la moi rapidement, je veux la voir et la serrer dans mes bras… Puis quand je serai correctement vêtue, il me faut impérativement parler à Enguerrand… ce sera… le parrain…

Elle avait noté la grimace de Nith quand elle demanda la présence du Grand Maistre. Avait il oublié leur discussion sur ce point ? Pourtant, ils étaient du même avis tous les deux… Elle s’arrêta de parler, et se concentra sur la suite des événements, épuisée, car pour elle, l’accouchement était loin d'être terminé…

Instant magique que la naissance d'un enfant, de découvrir ses traits, les premières ressemblances avec sa famille....
Flaiche laissa les parents profiter de quelques instants et, voyant la mère s'allonger a nouveau sur sa couche, s'apprêta à poursuivre lorsqu'elle lui parla.

Il sourit à ses premières paroles et jeta un oeil sur le visage de Nith alors qu'elle voulait lui confier le premier bain de leur fille. Les mains légèrement tremblantes qui avaient coupé le cordon seraient elles assez assurées pour ce genre de chose ? Flaiche ne pouvait que douter, l'anxiété et le manque d'habitude pourrait ne pas aider le jeune père devant la fragilité du nourrisson. Une mère aurait sans doute été plus apte à improviser dans cette situation, cela dit rarement il avait vu un tout nouveau père savoir comment seulement tenir son enfant sans être assez gauche et peu assuré.

Ma chère Akane je ne voudrais pas privé notre nouveau papa de cette joie mais je préfèrerais que cela se fasse dans de meilleures conditions....je ne voudrais pas qu'une erreur toute bête du au manque d'habitude puisse venir gâcher le plaisir de cette nouvelle venue. Je crois que la journée a déjà été suffisamment mouvementée pour nous tous. Je vais la laver rapidement et je m'occuperais de toi pendant que papa fera connaissance avec sa fille. Vous aurez nombre d'occasion de lui donner son bain.

N'attendant pas une seconde de plus, Flaiche se mit a l'oeuvre, nettoyant scrupuleusement la petite qui brailla sous les soins du médicastre, celui ci s'assurant par la même occasion de la bonne santé du bébé. Une petite rousse, voila qui était fort amusant pour le médicastre, partageant sa couleur de cheveux.
Il l'emmaillota convenablement une fois la toilette terminée et revint vers Nith, lui confiant la petite et lui montrant au cas ou comment la tenir.

Voila, garde bien ton bras derrière sa tête, la nuque est une partie fragile et elle n'a pas encore la force de tenir seule sa tête.

Retournant vers Akane, il prit les instruments dont il avait besoin et prit soin de retirer la pensine, organe créer par le corps maternel pour nourrir l'enfant, mais qui s'avérait mortelle pour bien des mères s'il n'était pas complètement retiré du corps de celle ci. Fort heureusement, celui ci était intact, les complications seraient donc écartées. Il prit soin de bien laver la mère, de recoudre légèrement celle ci et, ayant terminé son travail, la recouvrit d'une couverture chaude. Fatiguée et affaiblie, il fallait s'assurer qu'elle n'attrape pas quelque chose qui, dans son état, pourrait prendre des proportions gênantes. Le médicastre finit de ranger son matériel après l'avoir correctement lavé.

Bien, tu peux amener la petite à sa mère Nith, sans doute à elle un peu faim, et puis retrouver sa mère ne devrait pas être pour lui déplaire. Je vais vous laisser profiter quelques instants et faire rassurer le poste de garde. Je ferais mander Enguerrand par la même occasion. Je reviens de suite après

Laissant le couple partagé cet instant, Flaiche sourit et sortit, se remémorant la naissance de sa petite rousse à elle.

Quelle douce musique… Des cris à chaque poussée, avec les encouragements du médicastre. Puis les pleurs en provenance de cette chose visqueuse et gluante. Non, mais qu’est-ce qu’il leur prenait? Elle était encore là, Akane, ou bien elle était encore dans ses délires? Non, parce que ce qu’elle disait n’avait vraiment pas de sens, enfin les mots étaient bien enchaînés, mais c’était irréfléchi. Non, mais elle était insensée ou quoi? Plus il écoutait, et moins il la comprenait, c’était un comble. S’il l’avait su, il aurait pris de quoi se boucher ses oreilles, des bruits, des cris provenant de toute part, il ne savait plus vraiment où donner de la tête. Non, là, il aurait bien aimé s’isoler de tout ce bruit, de toute cette ambiance de précipitation, tout ce sang, ces fluides dont il ne connaissait même pas le nom, et cette étrange boule de chair recouverte de… bah de ces fluides justement… Et elle voulait qu’il la prenne dans ses bras, qu’il la baigne et qu’il la lange. Non mais et puis quoi encore? Ça va pas la tête? Oh oui, bien sûr, il avait appris à s’occuper des enfants alors qu’il s’entraîner aux armes, c’était bien connu que le maniement des langes et des pinces faisait parti des compétences de base pour tout soldat qui se respectait, cela devrait même être écrit dans la charte comme pré requis pour faire partie de l’Ordre… Et la laver, et puis quoi encore? Il lui faudrait bien de ses deux mains, voire plus s’il pouvait en posséder, rien que pour parvenir à tenir ce petit bout de chou, alors la laver… Il fallait faire comment? Non, c’était tout à fait logique que de vouloir confier la vie qui venait de naître à un novice en tout point. Et puis le sujet d’Enguerrand revenait sur le tapis. Non, mais c’était bien connu que le parrain devait être le plus rapidement présent sur le lieu de la naissance, et que c’était encore mieux lorsque c’était lui qui faisait accoucher la mère… Comme si cela ne pouvait pas attendre, c’est sûr qu’on doit être très frais et disponible lorsque l’on vient d’accoucher, ça ne fait pas mal du tout, hein!

Plus elle parlait, et plus les yeux du Perplexe s’ouvrait en grand, pour finir avec les mythiques yeux de merlan frit. Non, je ne comprends pas. Non, on ne devait pas venir du même monde là. Et non, il ne savait toujours pas quoi faire, il se demandait d’ailleurs toujours pourquoi on l’avait mandé, puisque, finalement, il n’avait pas servi à grand-chose. Et puis, des accouchements auxquels il a pu assister, et bien c’est que justement il ne pouvait pas y assister, les hommes se devaient de se rendre à la taverne où à tout autre endroit où il ne gênerait pas, au moins. Car à par s’inquiéter, et écouter la douce musique des cris, d’abord de la mère puis de l’enfant, il n’y avait vraiment pas grand-chose à faire pour le mari… Mais, heureusement, ce temps de malaise passa rapidement, Flaiche reprenant les choses en main. Loué soit-il, au moins il savait y faire. Après tout, comment on devait tenir cette petite chose, enfin c’est qu’il ne fallait pas trop serrer pour ne pas l’étouffer, mais d’un autre côté, il ne fallait pas la laisser tomber… Et puis, on l’a tient comment? Ce n’était pas comme si il allait avoir besoin de ses deux mains… Un sourire reconnaissant envers le médicastre, avant de lui murmurer:

Merci.

Mais ce n’était pas encore fini… D’abord, c’était quoi cette couleur de cheveux? Un blond et une brune, ça ne donnait pas des roux, si? Non, mais d’où est-ce que la couleur de cette chevelure pouvait bien provenir? C’était peut être des résidus de sang qui donnait ce teint, oui ce devait être ça… Et bah non, perdu, la rousseur était toujours d’actualité après le bain du médicastre… Bon, on était sûr de la mère, enfin d’après ce qu’il a vu, la petite ne pouvait pas sortir d’autre part… Mais le père? Y avait-il un roux dans les environs? Il faudrait qu’il mène sa petite enquête, après tout, cette teinte n’était pas très fréquente par nos contrées. Enfin, normalement, bien sûr… Mais voilà qu’il était mis à contribution, il allait devoir se concentrer sur sa nouvelle tâche. Prenant avidement les conseils de Flaiche afin de ne pas faire de gaffe, il prit donc, enfin on lui déposa plutôt le nourrisson dans ses bras, après les avoir mis comme on lui avait indiqué. Non, il ne tremblait pas, c’était la forteresse qui tremblait, bien sûr. Mais non, il n’avait pas peur de la lâcher, c’était juste une illusion d’optique. Enfin bref, comment se tenir ensuite? Comment faire avec ce petit être à l’aube de son existence, et qui, d’ailleurs, faisait savoir au monde son arrivée par des cris perçants… Après maintes hésitations et tentatives, il avait finalement trouvé une position confortable, tout contre son corps alors que la tête de l’enfant reposait dans le creux de son bras. Et on lui demanda alors de rendre son précieux trésor, alors qu’il venait tout juste de trouver la posture adéquate. Arf… Bon, on prend par les aisselles tout en tenant la tête sans trop la faire ballotter. On essaie de la soulever délicatement puis de la reposer tout aussi doucement contre le ventre de sa mère. Mais maintenant, il fallait s’occuper de la mère, et deux questions lui vinrent alors à l’esprit:

Tu es sûre que c’est moi le père?
Et pourquoi faire mander Enguerrand aussi rapidement? Et puis, le choix des parrains ne doit-il pas se faire à deux?
Et comment souhaites-tu l‘appeler?

Froid, lui? Non, à peine… Avec toutes ses interrogations, le doute le reprenait. Non, rien ne se passait comme il l’aurait souhaité, du mariage, il avait vraiment l’impression de n’avoir écopé que du pire…

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HRP: pour moi, MSN est HRP, donc non, il n’y a pas eu de concertation entre Akane et Nith.

Même pas la moindre question sur son état après l’accouchement…
Rien…
La brune était à bout, épuisée d’avoir mis au monde leur enfant, et lui continuait de déverser son venin sur elle… Pouvait-il avoir une trêve pour cette occasion ? Non ?
Visiblement, non…
Et ces questions sur sa paternité, de quoi la mettre hors d’elle en temps normal… Oui, il était le père de cet enfant, oui elle avait tenu sa promesse. Regard vers la petite, la couleur de ses yeux entre deux sanglots…Ce bleu… Même si tous les nourrissons ont les yeux bleus, ce bleu là était similaire à la couleur des prunelles de son époux. Tout se mélange dans sa tête, les sentiments qu’elle a pour lui et la colère grandissante qu’elle réprime pour ne pas empirer la situation déjà plus que critique.
Elle manque de force, la tempête, à quoi bon encore se justifier ? Pourtant, elle essaye et se force tant bien que mal, alors que Nith repose la petite sur son ventre… Les pleurs du nouveau né s’apaisent, premier échange mère-enfant, premier regard… Elle se retient de pleurer, se mord la joue au passage et caresse doucement le dos de la petite rousse, premiers mots dits avec douceur à son intention, elle répondrait au perplexe ensuite…

- Bonjour ma princesse… Je t’attendais tu sais… Le monsieur qui t’as prit dans ses bras tout à l’heure c’est ton père… Même s’il en doute…

Regard légèrement brouillé de larmes à l’intention du blondinet, avant de reporter son attention sur l’enfant qui cherchait déjà à prendre son premier repas… Elle ne s’en sentait pas capable, et surtout avait l’impression qu’elle ne pourrait mener à bien l’alimentation d’un si petit être. Elle aurait voulu le faire, mais la bienséance aussi lui interdisait. Son mari serait certainement intransigeant là-dessus. C’est là qu’elle haïssait la noblesse, son côté froid la rongeait souvent… Enfin elle se décide à parler au chevalier…

- Il lui faudra une nourrice, une Normande, j’y tiens. Pour ce qui est de ta paternité…- signe à l’attention du normand pour qu’il se rapproche et qu’il regarde avec attention l’enfant – Regardes la couleur de ses yeux, et la forme de son nez…Cela vient de toi…Je suis tout autant étonnée que toi qu’elle soit… rousse…enfin sa chevelure blonde vire sur le roux oui… Mais toi-même tu ne connais rien de tes origines. Quant aux miennes, elles ne sont pas précises également…Pour ce qui est du parrain… Tu sembles surpris alors qu’à plusieurs reprises, je t’ai fait part de mon choix dans mes courriers…Tu semblais consentant lors de tes réponses. La mémoire doit te faire vraiment défaut suite à ta maladie…Pourquoi je souhaite le voir si rapidement ? Simplement parce qu’il me semble logique qu’une fille de Licorne lui soit présentée qui plus est, s’il en est le parrain…

La question du prénom…Vaste sujet… Elle avait bien une idée oui, et cela aussi, elle lui en avait fait part… Qu’importe…Elle lui laisserait le libre arbitre sur ce point.

- Pour le prénom, c’est une décision qui se prend à deux… Mais cette fois, je te laisse la liberté concernant le choix….

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HRP :Mea culpa pour le coup pompompom...

Et bien non, il ne comprenait toujours pas. Lui, père? Bon, ce n’était pas impossible, mais il pensait que cela allait lui arriver bien des années plus tard… On dit que les chiens ne font pas des chats, ou l’inverse, il ne savait plus trop vraiment, alors pourquoi des blonds feraient des rousses? Là, il ne comprend pas, enfin il ne comprenait pas grand-chose aux lois de la nature, immuables, parfois logiques, parfois totalement aléatoires… Enfin bref, de toute façon, il n’était pas le Très haut pour prétendre tout connaître du monde, mais il fallait avouer que cette découverte l’étonnait au plus haut point. Roux… Et c’était quoi ces insinuations quant à la santé mentale? Il voulait bien croire qu’il était affaibli lors de cette période mouvementée, mais à ne plus se souvenir des faits et gestes, non, il ne fallait pas exagérer. Mais, finalement, c’était peut être elle qui délirait encore… Après tout, n’avait-elle pas crié le nom d’une personne ne se trouvant pas dans la pièce, appelant un inconnu qui ne pouvait se trouver dans le forteresse… Bon, on se contient, ce n’est peut être pas le moment de hausser le ton. On respire, et on répond tranquillement…

Oui, je ferais rapidement mandé une nourrice qui prendra soin de notre enfant. Même ainsi, cela lui paraissait bizarre, « notre enfant »… Lui qui a longtemps vécu seul, il se retrouvait désormais avec une petite famille…
Tu dois te tromper, je n’ai reçu aucune lettre faisant part de ce choix. Mais, finalement, c’est un assez bon choix, même si je doute qu’Enguerrand ait beaucoup de temps à accorder en ce moment.
Et, Grand Maistre ou pas, parrain ou pas, non, je ne permettrai pas à ce qu’on vienne de suite. Vous devez, toi et la petite, vous reposez, ce n’est absolument pas le moment de voir débarquer des visiteurs toutes les heures. Et c’est une fille de Licornes, mais pas une fille de la Licorne. Elle n’appartient pas à l’Ordre, mais à nous, à nous seuls.

Le choix du nom… Arf, cela risquait de s’avérer difficile. D’une part, ne connaissant pas sa famille, il ne pouvait avoir d’exemple aisé, par exemple le prénom de sa grand-mère… Et, d’autre part, il n’avait jamais vraiment réalisé que l’enfantement était imminent, il avait fallu qu’il porte l’enfant pour véritablement se rendre compte de son nouveau statut de père. Puis, un nom ressortit:

Que dirais-tu de Odeline?

Non, bien sûr, rien à voir avec la petite fille qui chante « Capri, c’est fini » et qui veut devenir poissonnière pour pouvoir manger des poissons avec de l’huile… Non, elle avait un avenir beaucoup plus prometteur, bien sûr!

Notre enfant … Quand son époux prononça ces mots, le cœur de la brune se serra…
Pourquoi les choses étaient si compliquées entre eux deux, alors que tout semblait si parfait au départ ? Peut être un peu trop finalement…
…La perfection n’existe pas…
Elle se mord les lèvres, continue à caresser le dos de la petite, et note que cela l’apaise…

Il acquiesce sa demande concernant l’aide d’une nourrice, et semble d’accord avec le choix du parrain…Cependant, quelque chose la préoccupait, et elle se reposait la question à savoir si elle lui avait demandé ou pas son avis… Qu’importe…

Leur princesse… Une fille de licornes, mais pas une fille de la Licorne, il avait raison… Quant au repos, également… Il oubliait juste une chose : Lui aussi devait absolument se ménager, il semblait en cet instant si dépassé par les événements… Elle ne l’épargnait pas avec ses frasques et s’en voulut sur le coup… Il réalise doucement qu’il est père … Doucement mais surement… Cela l’émeut… Quel sentimentalisme… Reste de fouttues hormones qui la travaillent … D’un côté, elle cherche à lutter contre cet état, d’un autre, elle ne peut résister… Elle se cache derrière un masque de façade, dans un grand rôle de composition, de ceux qui lui permettent de résister contre vents et marées…
Suggestion d’un prénom…Odeline… Quelque chose perturbait la sonorité…

- Odeline… Odeline…Odeline…Odeline de Clairval

Non… Ca n’allait pas…
Instant de réflexion…Elle essaye de trouver un compromis…

- Que dirais tu de Edeline ? Edeline de Clairval…

Elle laisse un temps de silence, puis reprit le dialogue…

- Je vais écouter tes sages recommandations et me reposer mais… Je veux que tu fasses de même…Tu veux… Rester un peu avec nous ? Il doit avoir de quoi t’installer confortablement dans les parages… Je comprendrais que tu veuilles retrouver la douce quiétude de ta chambre au donjon., mais si l’envie te dis… Je sais que notre fille nous appartient à nous et nous seuls, mais j’espère qu’elle aspirera à un destin des plus prometteurs…

Léger sourire qui se lisait sur ce visage fatigué et blême… Regard de nouveau vers le petit ange qui se remet à chercher de quoi se sustenter…

- Je… Enfin… Me permets-tu de soulager l’estomac de notre princesse ? Je crois que la faim commence à la travailler… Si cela te déranges… Dis-moi-le… Mais j’aimerai au moins lui donner cette première tétée, et, je sais d’après quelques ouvrages que c’est important pour un nouveau né …

Elle était rassurée, la normande, de voir que le nourrisson semblait plein de vie… Elle avait connu une fin de grossesse des plus difficiles…
Une nouvelle page allait s’écrire…

Papa... Gloups... Et bah, en voilà du changement... Mais, par contre, cela ne changeait en rien ses anciennes attributions, non, pire, il fallait maintenant compter avec un enfant à gérer. Et bien, la vie ne lui facilitait pas la tâche... Enfin bref, il pourrait y repenser plus tard, il y avait d'autres sujets de préoccupation sur lequel s'épancher. Tout d'abord, le prénom: Odeline, Edeline, c'était du pareil au même, non? Après, s'il y a des allusions particulières, le Perplexe n'en sait rien du tout.

D'accord pour Edeline.

Pas très bavard, non. Et de toute façon, cela ne servait à rien de débattre pendant des heures sur un prénom. Mais finalement, il était temps de reprendre un cours à peu près normal des choses:

Tu peux y aller pour sa première tétée, de toute façon, il est un peu tard pour trouver une nourrice afin de lui accorder son premier repas, où alors on m'a bien caché qu'il se trouvait pareille personne en Ryes.

Par contre, je dois vous quitter, je suis déjà resté trop longtemps ici. Le repos, ce sera pour plus tard, enfin pour moi.

Et le Perplexe prenait déjà ses distances... Après tout, il était indécent, pour une noble, qui plus est, de déployer sa poitrine afin de laisser le nourrisson téter, d'autant plus lorsqu'il y avait un homme à proximité. Il y avait des choses qui se devait de rester cacher aux hommes, notamment l'accouchement... Et, malheureusement pour lui, il avait dû y assister. Et non, ce n'était pas une partie de plaisir, il allait falloir du temps, et sûrement beaucoup de calva afin d'oublier tout ça...

Je dois retourner au Haut Conseil. Toi, par contre, tu te reposes.

Et le voilà parti. Papa... Et bas... qui l'eût cru!

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