[LC Chancelier] Alfgard (acceptée le 22/12/1457), démission 18/12/1464

courrier reçu le 2709/1457
vote du HC du 27/09 au 12/10/1457: 2 pour
vote des Licorneux du 14/12 au 21/12/1457 : 22 pour écuyère
Cavalerie : décembre 1461
Adoubement chevalier 22 mai 1462
Démission acceptée le 18 décembre 1464
_______________________________________________

Spoiler:

Citation :: Expéditeur : Alfgard
Date d'envoi : 2009-09-27 22:42:48
Le bon soir Grand Maistre,

Je me permets de requérir un peu de votre temps pour vous proposer ma candidature au sein de l�Ordre des Chevaliers de la Licorne.
Ma volonté depuis toujours est de mettre ma vie au service du Royaume de France et de Notre Majesté le Roy Levan.
J�ai commencé par servir l�Ost, en tant que simple soldat puis comme lieutenant de la caserne de Nîmes, sous le commandement de Julios, Chevalier de La Licorne.
J�ai participé à la guerre de Bretagne de 1455 et je suis actuellement à Montpellier en tant qu�expert militaire sous le commandement du Vicomte Actarius d�Euphor chef de l�Armée &quot;La Devesaira Lengadociana&quot; dans la guerre qui oppose le Languedoc au Rouergue après avoir mis ces mêmes compétences au service de Debba_1er, commandant de l�Armée &quot;La capoladoira langadociana&quot;.
Je suis aussi étudiante et professeur dans la voie de l�état et spécialisée dans la voie de l�armée.
Je ne fais pas de politique et n�en ai jamais fait. Ma seule ambition est de défendre Notre Royaume et Notre Roy au-delà des querelles intestines qui ravagent le Languedoc.
Mon casier judiciaire est vierge de tout méfait.

Mes compétences en chiffres :
Niveau 3.
Force : 255.
Charisme : 255.
Intelligence : 255.
Armes : épée et bouclier.

Mes Connaissances :
Maîtrise du latin : 59%
Maîtrise du grec : 38%
Maîtrise des langues modernes: 43%
Connaissances historiques de base : 100 %
Fonctionnement des institutions : 100 %
Principes du droit : 19 %
Techniques de communication : 16 %
Mécanismes de collecte de l'impôt : 15 %
Commerce : 13 %
Connaissances militaires de base : 100 %
Tactique de base : 100 %
Stratégie de base : 100 %
Stratégie avancée : 95 %
Maçonnerie : 19 %.

Que le Très-haut veille sur vous.

Alfgard

Cette candidature se termine ce soir... L'un de vous peut contacter Julios pour prendre un avis ? Je le ferai bien pour vous aider, mais je vous rappelle que je ne suis plus sensé me mêler des affaires du HC, donc bon...

Les informations HRP, ça fait vraiment tâche sur une candidature, mais si on passe dessus, cela pourrait être intéressant.
A suivre pour moi.

Je suis pour la suite aussi

2 pour, envoi de la missive pour demande de date d'entretien

Citation :: Le Haut Conseil de l'Ordre royal de la Licorne à dam Alfgard, Salut et connaissance de vérité.

Qu'il vous soit connu que votre lettre a reçu la meilleure attention de la part dudit Haut Conseil dans son ensemble.
Item que les votes ont souligné vos qualités et les promesses qu'elle contenait.
Item que nous attendons en ce jour que vous nous communiquiez vos disponibilités pour un entretien avec ledit Haut Conseil afin de juger au mieux de vos motivations.

Donné en Ryes ce 12e jour d'octobre de l'an de grasce MCDLVII

[HRP : le RP de l'entretien se déroulera sur 7 jours IRL, pas un de plus.]

Alfgard a écrit:: Salutations,

Je remercie le Haut Conseil d'avoir pris en compte et favorablement ma candidature.
Je serai présente à l'entretien qu'il veut bien m'accorder et attends avec impatience qu'il m'indique l'endroit et l'heure qui lui conviendront.

Alfgard

de même, qui veut s'y coller?

Oui oui ... ça va ... j'm'y colle ...

Citation :: L'Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne,
à Damoiselle Alfgard,
Salutations et connaissance de vérité.

Le Haut Conseil de l'Ordre de la Licorne vous attend en la forteresse de Ryes, afin de pouvoir procéder à un entretien avec des membres dudit Conseil.
Cet entretien débutera le 7ème jour du mois de décembre, en cette année même.
Veuillez vous présenter au poste de garde, il vous sera alors indiqué le lieu de cette réunion.

Faict en Ryes, ce 5ème jour de décembre de l'an de grâce MCDLVII.

Sujet: [Ecuyère] Alfgard (acceptée le 22/12/1457) Sam 5 Déc 2009 - 11:21

L'entretien aura lieu à compter du 7 décembre.

Spoiler:

Citation :: Expéditeur : Alfgard
Date d'envoi : 2009-09-27 22:42:48
Le bon soir Grand Maistre,

Je me permets de requérir un peu de votre temps pour vous proposer ma candidature au sein de l�Ordre des Chevaliers de la Licorne.
Ma volonté depuis toujours est de mettre ma vie au service du Royaume de France et de Notre Majesté le Roy Levan.
J�ai commencé par servir l�Ost, en tant que simple soldat puis comme lieutenant de la caserne de Nîmes, sous le commandement de Julios, Chevalier de La Licorne.
J�ai participé à la guerre de Bretagne de 1455 et je suis actuellement à Montpellier en tant qu�expert militaire sous le commandement du Vicomte Actarius d�Euphor chef de l�Armée "La Devesaira Lengadociana" dans la guerre qui oppose le Languedoc au Rouergue après avoir mis ces mêmes compétences au service de Debba_1er, commandant de l�Armée "La capoladoira langadociana".
Je suis aussi étudiante et professeur dans la voie de l�état et spécialisée dans la voie de l�armée.
Je ne fais pas de politique et n�en ai jamais fait. Ma seule ambition est de défendre Notre Royaume et Notre Roy au-delà des querelles intestines qui ravagent le Languedoc.
Mon casier judiciaire est vierge de tout méfait.

Mes compétences en chiffres :
Niveau 3.
Force : 255.
Charisme : 255.
Intelligence : 255.
Armes : épée et bouclier.

Mes Connaissances :
Maîtrise du latin : 59%
Maîtrise du grec : 38%
Maîtrise des langues modernes: 43%
Connaissances historiques de base : 100 %
Fonctionnement des institutions : 100 %
Principes du droit : 19 %
Techniques de communication : 16 %
Mécanismes de collecte de l'impôt : 15 %
Commerce : 13 %
Connaissances militaires de base : 100 %
Tactique de base : 100 %
Stratégie de base : 100 %
Stratégie avancée : 95 %
Maçonnerie : 19 %.

Que le Très-haut veille sur vous.

Alfgard

Bien sûr, pas de contact au sujet de l'entretien tant que durera la procédure.
les questions types:

Citation :: - pourquoi demander à entrer dans un OR ?
- pourquoi la Licorne plutôt qu'un autre OR ?
- parcours personnel si ce n'est pas dans la lettre de motivation.
- ce qu'il pense que la Licorne peut lui apporter
- ce qu'il pense apporter à la Licorne

Entretien précédent à peine terminé, et compte rendu donné à ses frères et sœurs Licorneux, que le Capitaine changeait de salle pour accueillir un nouveau candidat. Etonnant comme certaines situations pouvaient provoquer l’émulation parfois. Il allait à nouveau accueillir un Lieutenant de l’Ost Languedocien ayant côtoyé Julios. Se pouvait-il donc que le Languedoc ait changé autant, pour que chacun de ses principaux gradés militaires en viennent à vouloir le quitter ? Ou bien le vieux chevalier était-il à ce point persuasif qu’il parviendrait seul à remplir les rangs du prestigieux Ordre ?

La salle Nico était quelque peu plus spacieuse que celle de Jeneffe, et profitait d’une cheminée qui délivrait une douce chaleur dans cette pièce dépourvue de toute fioriture. Seules une table et trois chaises trônaient en son centre. Il arrivait que les entretiens soient menés par deux Licorneux, mais en ces temps froids et maussades de l’hiver naissant, Ryes semblait dépourvue de toute vie.

Il passait le plus clair de son temps à tenter de gérer tous les dossiers en retard, le Licorneux. Les parchemins, missives et paperasses diverses et variées s’accumulaient lamentablement sur sa table de travail de fortune en les catacombes. Il semblait sentir le découragement le gagner, se demandant s’il était à la hauteur de la tâche dont on l’avait gratifié. Était-ce donc cela que l’on attendait de lui ? Cependant il continuait, inlassablement, faisant tout ce qui était en son pouvoir pour assumer au mieux, rares étant ceux qui pouvaient se douter de la charge qui lui incombait.

En ce jour pluvieux, à quelques semaines des fêtes de Noël qu’il passerait sans doute seul, il avait pris place dos à la cheminée, tentant de réchauffer son corps. Rien ne pouvait démarquer de son rang en l’Ordre, car il ne portait aucun des apparats qu’on lui avait offert. Seules sa vieille cape élimée aux couleurs d’un azur désormais grisonnant, et l’épée frappée à l’effigie de l’animal mythique ne le quittaient jamais. Il était comme au premier jour de son intronisation en fait, avec la fatigue et l’usure du temps en plus …

Alfgard a écrit:: Salutations,

Je serai au jour et lieu dits comme stipulé dans votre missive.

Alfgard

Elle se tenait enfin devant la salle Frère Nico. Frère Nico… Elle avait à l’occasion compulsé quelques- uns de ses écrits à la bibliothèque du Royaume. Un grand érudit que cet homme ! N’était-il pas « parti » ? Il lui semblait en avoir eu l’écho… Une grande perte pour le pays !

Les explications du chef du garde suivies à la lettre, Alfgard ne s’était pas perdue et avait fait le chemin au pas de course, autant mue par une impatience grandissante de rencontrer les membres de l’Ordre que par la nécessité qu’avait son corps de trouver un peu de chaleur dans l’exercice physique.

Rapidement, elle remit de l’ordre dans sa tenue : les morceaux de laine qui entouraient ses mains disparurent dans sa besace après qu’elle les eut utilisés pour nettoyer ses bottes crasseuses. Elle enleva son mantel et le secoua énergiquement, remis en place sa Vénéneuse qui avait tendance à vouloir sortir de sa ceinture et se rassura en touchant sa dague, bien en place elle. Le manteau de nouveau sur les épaules, elle frappa à la porte et attendit. Qui allait-elle rencontrer ?

Elle pensa à El Dictator qui avait approuvé leur décision à Rems et elle, de vouloir se rendre utiles en entrant à l’Ordre. Bien sûr, il les avait prévenus que ce ne serait pas facile mais la difficulté en valait souvent la chandelle.

Le Généralissime, ses compagnons d’armes et la caserne de Nîmes. Bizarrement tout lui revenait, pêle-mêle. Ils avaient fait la connaissance de Julios dès leur arrivée à Nîmes et très vite convaincus, Rems et Alfgard avaient intégré l’Ost Languedocien, sous son commandement et celui de Richard, lieutenant de la caserne à l’époque.

Les deux hommes leur avaient tout appris et après le départ du lieutenant, le Général lui avait fait confiance à elle, Alfgard, en la nommant à la tête de la caserne. L’homme, sous ses allures rudes et d’un caractère taciturne, avait toujours été là pour répondre à ses questions, à ses doutes et il en avait été de même quand Rems était à son tour devenu lieutenant. Les deux militaires avaient donc naturellement suivis leur mentor en Bretagne où une guerre atroce avait décimé des centaines d’hommes valeureux.

Le visage de la Rouquine se cripa soudain, des visions d’horreur qu’elle croyait pourtant avoir bien verrouillées dans un coin de sa mémoire la submergeant sans crier gare. Elle fut un instant prise de panique, son cœur s’accéléra et une perle de sueur coula le long de sa tempe tandis que ses jambes menaçaient de la lâcher.
Elle dût réagir promptement et s’adossa au mur, ferma les yeux et se força à évoquer d’autres souvenirs : la caserne, les boulasses, les blagues de militaires et les corvées de latrines … Peu à peu, elle retrouva son aplomb et son cœur reprit un rythme normal.

Foutredieu, mais quelle idiote ! C’est pas le moment de se mettre dans des états pareils ! Et si la porte s’était ouverte ?
D’un geste rageur, elle essuya la sueur sur son front et pria pour que la porte soit son alliée en ne s’ouvrant pas dans l’instant.

Toujours près de l’âtre, il se perdait dans ses pensées réfléchissant au meilleur moyen de fédérer les Licorneux autour d’un projet commun. Noël approchait avec son lot de réjouissance pour les croyants. Il se remémora que l’un de ses présumés aïeux avait été couronné roi d’Angleterre en l’abbaye de Westminster le jour de Noël. En fait, tous les Normands dignes de ce nom étaient convaincus descendre de Guillaume, tous comme ils étaient certains d’avoir des ancêtres Vikings. Peut-être était-ce là le moment choisi de réinstaurer une fête païenne du passé ? La fête des fous et son anachronisme, serait peut-être un bon moyen de faire entrevoir à certains ce que pouvait endurer le Haut Conseil … À l’origine, cette journée était un temps de liberté où les domestiques devenaient les maîtres et les maîtres les domestiques. Et si les membres du Haut Conseil redevenaient de simples écuyers, et qu’un nombre identique d’écuyers devenait les membres du Haut Conseil ?

Il esquissa un sourire à l’idée que quelqu’un ait pu lire dans ses pensées. L’inquisition elle-même aurait eu là la preuve de son athéisme et l’aurait brûlé immédiatement en place publique. Heureusement, c’était là l’une des rares choses qu’on ne pouvait lui ôter, sa liberté de penser. Il en était là de ses pérégrinations fantasmagoriques quand il entendit frapper à la porte de la salle.

Cessant là toute réflexion, il s’enquit d’aller ouvrir promptement et découvrit une chevelure rousse encadrant le visage blafard d’une Damoiselle qui s’essuyait le front. Regard inquisiteur du Licorneux se demandant s’il s’agissait bien là de son visiteur, et si celle-ci se sentait bien. Elle tenait encore debout, donc elle ne devait pas aller si mal que cela. Avait-elle couru ? Était-elle malade ? Ou bien enceinte ? Tant de questions qui demeureraient certainement sans réponse, tant son sens de l’interdit était encré en lui. Il était de ces choses que l’on ne devait nullement demander sans connaître la personne qui vous faisait face.

La scène n’avait duré qu’une fraction de seconde, habitué qu’il était à jauger les situations. Il était temps pour lui de se présenter et de s’assurer que c’était bien la candidate qu’il attendait.
Bonjour Damoiselle, vous sentez-vous bien ?
Je me prénomme Ethan, seriez-vous le Lieutenant Alfgard avec laquelle j’ai rendez-vous ?

Déjà, il s’écartait de devant la porte, lui livrant passage … s’attendant à tout instant à devoir la soutenir s’il en était besoin …

Le sort en était jeté : la porte s’ouvrit alors qu’elle finissait à peine de s’éponger le front et un homme apparut dans l’encadrement, la dévisageant avec une certaine inquiétude.

Par bonheur, Alfgard reprit instantanément ses esprits et son corps suivit immédiatement : ses jambes retrouvèrent leur stabilité. Malgré tout, elle devait avoir une drôle de tête, puisque la personne qui lui faisait face s’inquiéta d’abord de sa santé avant de se présenter et de lui demander si elle était bien la personne qu’il attendait.

L’ex- lieutenant se redressa instinctivement, lui sourit et d’un ton enjoué répondit :
- Je vous remercie de vous inquiéter pour ma santé mais je vais bien… très bien même. Sans doute la fatigue du voyage et le froid m’ont-ils un instant affaibli mais je me sens déjà mieux. Et je suis enchantée de vous rencontrer Ethan. Mais... ne vous aurai-je point déjà croisé en Languedoc ? Votre visage ne m’est pas inconnu... Au sein de l’état-major de l’Ost peut-être ?

Fichtre, voilà qu’elle se montrait maintenant trop curieuse. La rouquine avait retrouvé son impulsivité, preuve qu’elle allait vraiment bien.
Elle ajouta aussitôt afin de ne pas contraindre son interlocuteur à répondre en laissant le silence s’installer :
- Vous savez, si je suis bien Alfgard, je ne suis plus lieutenant depuis quelque temps déjà.

Tout en parlant, elle découvrait une vaste salle et fut tout de suite réconfortée par la chaleur agréable que diffusait une cheminée, providentielle en ces temps rigoureux. Elle avisa au centre de la pièce, pour tout mobilier, une table et trois sièges et eut beau chercher, personne d’autre que son hôte ne se tenait en ce lieu. Les autres membres de l’Ordre arriveraient-ils plus tard ?

Hum … Elle semblait récupérer très vite, la Damoiselle, et peut-être n’était-ce là en effet que le contrecoup du voyage depuis les terres méridionales du Royaume. Il en connaissait quelque chose de ces fatigues passagères dues aux longues chevauchées harassantes, le Licorneux. Combien de fois s’était-il lui-même senti épuisé à parcourir les contrées en tous sens ? Il ne s’en souvenait plus tant il avait passé de temps sur les routes, allant de missions d’escortes en celles de protections rapprochées, sans en oublier les combats et les guerres … Il retint un soupire, signe involontaire, mais ô combien avant-coureur de l’épuisement qui le gagnait.

À croire que gérer l’Ordre dans son intégralité, était encore plus épuisant que d’avoir à combattre des hordes de brigands. Il découvrait cet état de fait depuis des semaines qu’il avait intégré le Haut Conseil. Chaque jour voyait son lot quotidien de missives plus importantes les unes que les autres, arrivant par nuées entières de pigeons provenant de toutes les directions du Royaume. Des sœurs et frères Licorneux leur communiquant moult information des terres où ils résidaient, des régnants Ducaux ou Comtaux leur mandant aide expresse, et d’autres encore les suppliant presque de se joindre à eux pour leurs petites guerres privées. À chacune de ces demandes, réponse devait être formulée dans l’esprit de la Chevalerie, demandant en cela une grande responsabilité pour engager ou non les Licorneux sur ces théâtres d’opérations, où ils pouvaient voire leurs vies menacées au quotidien.

À cela s’ajoutaient toutes les candidatures émanant de ceux qui se voulaient devenir Chevaliers. Mais combien savaient réellement ce qu’était la Chevalerie ? Combien pouvaient envisager l’engagement que cela imposait ? La Damoiselle lui faisant face était l’une des rares à avoir franchi la première étape du tri de sa candidature manuscrite. Elle allait maintenant avoir à supporter l’entretien au cours duquel le « Ténébreux » allait s’attacher à lui faire révéler sa véritable nature. Et même si elle semblait l’avoir déjà croisé, elle ne bénéficierait d’aucun privilège, car il en était ainsi de la Licorne où chacun se devait de faire ses preuves.

Eu égard à son long trajet et au froid humide normand qu’elle venait de supporter, il lui désigna le siège le plus proche de la cheminée et s’installa face à elle. Comme à l’accoutumée, son masque d’impassibilité reprit possession des traits du Licorneux, veillant ainsi à ne laisser transparaître aucune émotion. Il s’enquit cependant de répondre à la question posée.
Ma foi, j’ai longtemps séjourné en Languedoc, et maintes missions m’ont amené à y circuler.
J’ai, il est vrai, accès à de nombreux lieux de par les obligations qui sont les miennes.
Vous m’excuserez de n’être point aussi physionomiste que vous, mais je ne me souviens pas vous avoir déjà croisée.

Il se décida à lui accorder quelques secondes, le temps de s’installer le plus confortablement possible, malgré la rudesse des assises. Fallait dire qu’on n’était pas au Louvre là, les seuls fauteuils dont disposait Ryes étaient ceux pour les vieux Chevaliers auxquels on attachait une attention toute particulière. S’emparant d’un parchemin vierge, il trempa une plume toute neuve dans l’encrier et inscrivit quelques mots incompréhensibles pour son interlocutrice. Puis relevant la tête vers la candidate, il prit de nouveau la parole.
Comme vous pouvez vous en douter, votre candidature a retenu toute notre attention. Cependant, je dois avouer qu’elle était plutôt succincte, et nous allons donc nous attacher à compléter les informations qui nous sont nécessaires pour statuer sur votre intégration ou non en notre sein.
En tout premier lieu, pourriez-vous me dire ce qui vous pousse à postuler au sein d’un Ordre Royal ?

La candidate prit le siège que lui proposait Ethan, remerciant sa bonne étoile que ce ne fut pas un siège trop confortable, propice à l’endormissement ! Par les pharettes de Thor, après un malaise, un petit somme au moment de répondre aux questions et adieu l’ordre !
La rouquine toussota pour ne pas laisser échaper un ricanement nerveux. Elle remarqua alors que le chevalier lui avait laissé la meilleure place, celle près de la cheminée et se dit qu’il faisait ainsi honneur à son serment.

A cet instant, elle commença à sentir des fourmis aux bouts de ses doigts et de ses orteils, signe que le sang irriguait de nouveau ses extrémités. Son visage devait certainement avoir repris quelque couleur car un léger picotement lui chatouillait les joues. Machinalement, elle porta une main sur le bout de son nez, comme pour en évaluer la température.

Pendant ce temps, son interlocuteur couchait quelques mots sur un parchemin ; Alfgard en profita pour s’installer plus confortablement, bien consciente que les choses sérieuses allaient commencer. Et comme était en train de lui faire remarquer maintenant Ethan, sa lettre de candidature manquait d’informations à son sujet. Son sujet…Un sujet sur lequel Alfgard n’aimait pas beaucoup s’étendre d’ailleurs. Non pas qu’elle eût des choses à cacher mais elle ne trouvait aucun intérêt à parler d’elle. Sa préférence allait à l’écoute, elle détestait les baveux qui souvent se gorgeaient de leur propres paroles comme si l’extase se trouvait au bout de leur bavardage bien souvent inutile.

Elle sourit aimablement au chevalier avant de lui répondre :
-Oui, ma lettre manquait certainement d’informations…Ou bien est-ce le résumé d’une pauvre vie pas très remplie ? Mais je suis ici pour répondre à toutes vos interrogations et j’y répondrai avec honnêteté, même si cette franchise me doit le refus d’intégrer votre Ordre.

En tout premier lieu, pourriez-vous me dire ce qui vous pousse à postuler au sein d’un Ordre Royal ?

La question n'avait rien de surprenant, elle s'y attendait et y répondit aussitôt :
-Et bien… Je ne vous dirais pas que c’est un rêve depuis que je suis toute petite, ce serait mentir. Ma motivation principale est de servir. Alors vous allez certainement me répondre que mon implication dans l’Ost pouvait suffire … Non, pas vraiment, je me suis vite sentie à l’étroit, comme dans un vêtement trop étriqué. J’ai servi mais « petitement », enfin il me semble. Mais c’est cependant à cette période de ma vie que j’ai réalisé que me mettre au service de mon prochain était pour moi essentiel.
Je veux à la fois servir mon Roy, mon Royaume et mon prochain mais pas n’importe comment. Attention, je ne suis pas entrain de dire que servir dans l’Ost c’est n’importe quoi mais la politique qui s’en mêle et les guerres d’ego qui s’y déroulent ne sont pas pour moi.

Alors pourquoi un ordre Royal ? Pour élargir mon horizon peut-être…Elle sourit à son vis-à-vis. En vérité, parce que je pense qu’un ordre Royal répond à ce que je cherche, des valeurs solides et saines. Etre au service de la justice et la paix dans l’honnêteté et avec bravoure. Et mettre ma vie au service des autres dans ces conditions, oui. Et puis, j’aime le voyage et l’aventure, le danger sied mieux à mon caractère que les mains dans l’eau de vaisselle.

Elle se tut brusquement et se rendit compte qu'elle avait parlé sans faire la moindre pause... Foutredieu ! voilà qu’elle devenait … bavarde !

Elle changea de position sur son siège et essaya de sonder le visage du chevalier : l’avait-elle ennuyé ? Mais les traits impassibles d’Ethan ne lui donnèrent aucune information. La bouche soudainement desséchée, elle déglutit et prit le parti d’attendre la suite.

Et son Rems, en bas, dans le froid, qui devait se ronger les sangs en se demandant comment se déroulait l’entretien…

Bon, c’était parti, et la Damoiselle ne semblait pas vouloir tourner autour du pot, elle au moins. Ethan prenait une attention toute particulière à l’écouter, ne voulant en aucun cas corrompre le jugement qu’auraient à porter ses frères et sœurs sur l’intégration ou non de la candidate. C’est que l’on avait déjà vu certain se voir refuser l’accès en l’Ordre pour avoir été incompris. Ce faisant, il prenait aussi grand soin à détailler son attitude au demeurant décontractée. Apparemment la chaleur dégagée par l’âtre lui faisait effet, puisqu’elle en avait retrouvé un teint bien plus coloré.

Ainsi donc, la politique été parvenue à gangréner une fois encore des institutions telles que les Ost … Quant aux guerres d’égos, la Damoiselle aurait tôt fait d’apprendre qu’il n’y avait pas qu’en ces lieux qu’elles étaient de mise. Même au sein des Ordres Chevaleresques, il advenait que certaines ambitions soient tellement démesurées, qu’elles en arrivaient à vouloir tout faire pour en arriver à leurs fins. Mais c’était là que certains se trompaient, parce que bien qu’ayant un effet désastreux, l’individualisme, l’égocentrisme, le nombrilisme et l’arrivisme n’avaient nulle place en leur sein. C’était pourquoi le Haut Conseil se devait d’avoir un jugement averti concernant leurs sœurs et frères, et veiller à remettre dans le droit chemin voire même à évincer définitivement, toute personne de par trop ambitieuse. Combien déjà en avait fait la triste expérience ? Un trop grand nombre certainement … Heureusement, ils avaient toujours été reconnus et défaits, même si cela n’avait pu être révélé lors de leurs entretiens. Les vrais natures des hommes ne pouvaient être définitivement cachées, ne disait-on pas que « chassez le naturel »… ?

Elle avait donc postulé pour servir, non pas ses ambitions personnelles, mais les autres. Elle entendait par là le Roy et le Royaume tout en entier. Elle pensait pouvoir trouver les valeurs qui étaient celles qu’elle recherchait au sein d’un Ordre Royal. Et pour en finir, elle avait le goût du voyage et de l’aventure. Pour sur que si elle venait à être des leurs, elle allait être servie question voyages, mais quant à ce qui était de l’aventure … Elle n’était pas toujours ce que l’on pensait qu’elle soit, une fois que l’on servait au sein d’un Ordre. Et pour l’eau de vaisselle, y’en avait aussi en Ryes, fallait bien se restaurer tout d’même …

Elle semblait en avoir terminé de sa tirade, et se repositionnait sur son siège tout en déglutissant avec difficulté. Il s’en voulut de n’y avoir songé auparavant et se leva prestement, tout en s’excusant, pour aller mander un pichet d’eau fraîche et deux timbales à l’homme d’arme en faction devant la porte. Reprenant sa place, il profita de cet instant de répit pour prendre quelques notes supplémentaires. L’homme d’arme fut prompt à revenir et déposa le tout au milieu de la table. Ethan l’en remercia tout en remplissant les deux timbales, et proposa l’une d’elle à la Damoiselle. De nouveau seuls, et ce léger entracte ayant suffisamment duré, il reprit la parole.
J’entends bien que vos aspirations personnelles vous poussent à vouloir élargir votre champ d’action, et que pour ce faire vous ayez choisi d’intégrer un Ordre Royal.
Cependant, avez-vous seulement postulé en la Licorne ?
Et si oui, pourquoi avoir choisi notre Ordre plutôt qu’un autre ?

Etait-ce la chaleur de la cheminée ou le déroulement de l’entretien qui l’échauffait ainsi ? Peut-être les deux. Ce n’est pas qu’elle soit vraiment anxieuse car le chevalier était plutôt bienveillant, même si il gardait une certaine distance. Mais son rang et sa position de questionneur aujourd’hui expliquaient aisément son comportement. Evidemment, Alfgard ne prenait pas cette situation à la légère, elle voulait fortement intégrer l’Ordre bien sûr et désirait lui montrer sans artifice sa détermination. Toujours est-il que la rouquine avait de plus en plus chaud. Elle ôta son mantel et le posa sur le dossier de son siège. Elle allait se permettre de demander de l’eau quand Ethan s’excusa, se leva et alla commander à l’homme en faction devant la porte un pichet d’eau. Quel soulagement ! Elle était aussi desséchée que ces fameux raisins tous fripés que les riches appréciaient dans leur nourriture. Evidemment elle n’avait jamais eu l’occasion d’y goûter, ce n’était pas pour sa bourse, mais elle en avait déjà vu sur le marché.
Ils se retrouvèrent rapidement chacun avec un gobelet plein et elle but à petites gorgées la moitié de sa timbale.
L’homme d’armes refermait à peine la porte qu’Ethan la questionnait de nouveau, sans faire de commentaire sur ce qu’il avait entendu précédemment.

Cependant, avez-vous seulement postulé en la Licorne ?
Et si oui, pourquoi avoir choisi notre Ordre plutôt qu’un autre ?

La première question la surprit grandement. Quelle drôle d’idée ! Demander son intégration dans un Ordre Royal autre que la Licorne ne lui était même pas venue à l’esprit. Elle porta de nouveau son gobelet à moitié plein à ses lèvres et avala d’un trait son contenu. Elle reposa son verre, l’étonnement encore ancré dans son regard émeraude. Elle secoua la tête affirmativement et parla :

- Oui, bien sûr, je n’ai fait qu’une seule et unique demande ! A vrai dire, je n’ai même pas pensé à intégrer un autre Ordre que la Licorne.
Elle ajouta aussitôt, sur le ton de la plaisanterie : il existe d’autres Ordres Royaux ?

Une seconde de silence et son explication quant à ce choix bien particulier tomba :
- Ma décision d’intégrer cet Ordre s’est imposé comme une évidence parce que je ne connaissais alors pas d’autres Ordres. Et puis…

Elle marqua une pause, ramena ses bottes sous son siège et continua :
- Vous ne le savez peut-être pas mais je connais Julios depuis mon arrivée à Nîmes. Il m’a tout appris de l’Ost et je lui dois tout concernant mon expérience « avec armes ». tout le temps que j’ai dirigé la caserne, il a été présent par ses conseils avisés à la novice que j’étais.
Sourire.
- Ce que je veux dire par là, c’est qu’en tant qu’homme de guerre, il est un peu comme un modèle, un exemple pour moi. Oui ça peut peut-être paraître étonnant qu’une femme ait comme modèle un homme mais c’est ainsi.
Alors quand il a quitté l’Ost –« quitté »… Balivernes ! il s’est fait virer comme un malfaisant oui ! – pour se consacrer à l’Ordre, ça m’a inspiré. Je me suis renseignée sur la Licorne et aujourd’hui, je suis devant vous à essayer de vous convaincre.

Une mèche de cheveux roux vint s’entortiller autour de son majeur et elle parut soudain mal à l’aise. Le ton de sa voix changea et c’est avec moins d’assurance qu’elle avoua :
- Je ne pensais pas devoir parler du Généralissime parce que je ne veux pas que vous interprétiez son évocation comme une demande implicite de faveur ou de passe-droit. Bien que je ne pense pas que ce soit l’habitude de la « maison ».

La rouquine loucha vers le pichet, rendit à sa mèche à présent torsadée la liberté de rejoindre les autres et conclut :
- Et puis j’aime les licornes !

Quand elle réalisa la puérilité de sa dernière assertion, c’était trop tard. Aïe aïe aïe mais quelle gourde ! « J’aime les licornes » Bravo Dame Patate, ça c’est un argument de choc qui va, pour sûr, jouer en ta faveur !

Elle aurait aimé se cacher sous la table mais c’eut été encore plus ridicule, aussi resta-t-elle sur son siège, sentant le rouge lui envahir le visage. Une autre mèche se retrouva prisonnière de son doigt et tournicota à grande vitesse. Elle tenta maladroitement une explication, en prenant soin de s'excuser :

- Je vous demande d'accepter mes excuses pour cette remarque... Je ne sais pas ce qui m'a pris... La fatigue peut-être ?

L’avantage avec ces entretiens, c’était que les candidats étaient bien souvent plus loquaces que dans leurs missives, et la Damoiselle n’était pas en reste. Cela comblait par ailleurs la tendance inverse dont faisait preuve Ethan. Il n’était pas de ceux à s’exprimer aisément et se contentait bien souvent d’en dire le moins possible. Mais preuve venait encore d’être faite, qu’il n’y avait nul besoin d’en dire trop pour se faire comprendre. Sa première question venait de faire « mouche », et l’étonnement put se lire aussi bien dans le regard que dans les gestes de son interlocutrice. Le temps de se rasséréner, et elle lui confirma ne connaître nul autre Ordre Royal que celui de la Licorne. Au moins cela lui avait facilité son choix, mais si elle l’avait su, aurait-elle choisi la Licorne pour autant ?

Il était vrai que côtoyer Julios presqu’au quotidien, laissait peu de place pour s’affranchir des autres Ordres. Même si chacun respectait l’autre, il était de ces différences dont il faisait qu’ils étaient forts dissemblables. Bien entendu, leurs légitimités respectives étaient identiques et fondées sur les valeurs mêmes de la Chevalerie mises au service du Roy. Mais s’il était vrai que les Dames Blanches soient un Ordre exclusivement féminin, il n’en demeurait pas moins que celui des Hospitaliers était bien plus tourné vers la religion. Comme quoi, chacun pouvait avoir le loisir de faire ses choix en fonction même de ses préférences.

Tiens donc, elle devenait timide à l’évocation du « Généralissime » comme elle l’appelait. Ethan nota dans un coin de son cerveau qu’il lui faudrait titiller quelque peu le Chevalier sur ce surnom pour le moins affectif que la Damoiselle lui avait attribué. À moins que cela soit là toutes les garnisons Languedociennes qui lui rendait ainsi un hommage particulier. Il était vrai qu’il était connu pour sa carrière militaire, Julios, et qu’en dépit de toutes autres choses, il avait souvent eu à combattre pour ce Comté. Mais le Licorneux ne tiqua pas pour autant, et ne releva pas cette marque d’émotion dont elle venait de faire preuve. Pas plus qu’il ne tiendrait compte du fait qu’elle connaissait l’un d’entre eux, ce n’était qu’une référence et non un accessit.

Tandis qu’elle continuait à jouer avec ses cheveux, l’attention d’Ethan fut attirée par le regard d’Alfgard qui se portait sur le pichet. Il était vrai qu’avec son débit de paroles, elle avait de quoi s’assécher. Sans plus attendre, il lui remplit de nouveau son gobelet, écoutant toujours attentivement le moindre de ses propos. Et il fit bien, parce que sa dernière répartie avait de quoi porter à confusion, et il allait s’attacher à en tirer parti, à sa façon. Il était demeuré silencieux tout au long de son exposé, et plutôt que de la laisser se morfondre en plates excuses, il choisit de prendre la parole à son tour.
Et bien, Damoiselle Alfgard, permettez moi de vous apprendre qu’il existe deux autres Ordres Royaux que sont celui des Dames Blanches à l’Écu Vert, et celui des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Si vous aviez eu connaissance de ceux-ci, auriez-vous pour autant postulé en la Licorne sans savoir ce qu’il en était de ces deux autres Ordres ?

Il était maintenant temps de la dérider quelque peu en lui posant La question qui lui brûlait les lèvres …
Quand vous dites aimer les Licornes, vous parlez de l’animal mythique … ou bien des membres qui composent notre Ordre ?
Et puisque nous en sommes à parler de cela, que pensez-vous pouvoir apporter à la Licorne ?

Le tact dont fit preuve le chevalier en ignorant la futilité de son dernier propos lui redonna confiance en elle. Elle lâcha sa mèche, se redressa et remercia Ethan quand son gobelet se trouva à nouveau rempli.
Fichtre, ce que c’est bon !pensa-t-elle en reposant son verre.
Soudain, une pensée lui traversa l’esprit et elle lutta pour que son visage n’exprime rien de ce qu’elle ressentait. Et si le Licorneux allait à penser qu’entre Julios et elle…
Puis elle se calma instantanément : après tout, il pouvait penser ce que bon lui semblait. Elle sourit discrètement. Le « taciturne » qu’elle admirait en tant que militaire n’était vraiment pas son genre d’homme ! Son cœur était pris depuis longtemps quand elle avait fait la connaissance d’El Dictator. Et puis, elle n’était pas rentrée dans l’armée pour y faire son marché. De même que son désir profond de faire partie de l’Ordre de la Licorne n’avait en aucune façon pour but de trouver un compagnon, elle en avait déjà un.
Elle chassa bien vite ses pensées quand Ethan lui adressa à nouveau la parole et lui nomma les deux autres ordres existants auxquels elle aurait pu faire une demande d’intégration.

- Ce que j’ai dit tout à l’heure, c’est qu’au moment où j’ai démarché auprès de votre Ordre, je ne connaissais alors pas les autres ordres. Mais depuis Messire, je me suis renseignée. Et en effet, peut-être que si un de ces Ordres avait mieux convenu à mes aspirations…

Elle laissa sa phrase en suspend et poursuivit :
- Je ne suis pas du genre à foncer tête baissée même si parfois je devrais réfléchir avant de parler. Mais mes engagements sont mûrement étudiés. Alors pour répondre à votre première question, je peux vous expliquer pourquoi le choix de l’Ordre de la Licorne n’a pas variée. En ce qui concerne Les Dames Blanches à l’Ecu Vert… Honnêtement, je ne me vois pas dans un Ordre exclusivement féminin ! Une séparation des genres qui ne me sied pas. Je crois que l’on apprend plus des différences. Et puis j’aurai l’impression d’être au cloître ! Et je ne suis pas d’accord avec l’idée que ces Dames avancent, que la femme est l’égal de l’homme. Ne serait-ce que physiquement n’est-ce pas ? Après le reste…

L’ex-lieutenant eut un geste de la main qui signifiait qu’elle ne developperait pas plus avant.

Elle reprit donc, après avoir trempé ses lèvres dans la timbale.
- Quant aux Hospitaliers… Elle hésita : devait-elle avouer franchement au Licorneux que la foi ne l’avait pas encore visitée ? Et puis elle se rappela qu’elle avait parlé de franchise dès le début de l’entretien et que la Licorne acceptait tout le monde, croyants ou pas. Alors elle se lança :
- A vrai dire, je ne suis pas baptisée et je vis dans le péché, sans avoir fait officialiser mon union avec mon compagnon par Aristote. Je n’ai pas de croyance, à part en les hommes et encore pas en tous !
Sourire. Adonc, ces connaissances à propos des Dames et des Hospitaliers ont, au contraire, renforcées mon envie d’appartenir à votre Ordre et non à un autre.

Ethan avait écouté, impassible comme toujours et enchaîna avec une autre question qui, si elle avait eu quelques années en moins, aurait pu la faire rougir : Quand vous dites aimer les Licornes, vous parlez de l’animal mythique … ou bien des membres qui composent notre Ordre ?

Elle ne put retenir un rire et pensa que l’homme en face d’elle devait avoir de l’humour quand il n’était pas assujetti à sa charge ! Il doit penser que je n’aime que l’uniforme !
- Voyons Chevalier, je parlais de l’animal !– bien que certains Licorneux doivent s’en rapprocher.. de l’animal, pas de la Licorne! - et de ce qu’elle représente : la puissance et la pureté. Et puis, pour ceux qui en ont vu, c’est un animal de bon augure !
Personnellement, elle ne croyait absolument pas en l’existence d’une telle créature mais elle avait rencontré des gens qui ajoutaient foi à ces billevesées.

La rouquine changea à nouveau de position avant d’expliquer maintenant ce qu’elle pouvait apporter à l’Ordre. Elle commençait sérieusement à sentir la dureté du siège dans cette partie de son anatomie déjà bien malmenée par vingt jours de chevauchée sur une selle incommode.
- Et bien… Mon sens du devoir, je sais aussi bien recevoir un ordre et rester à ma place qu’en donner. Toutes mes compétences militaires, je suis experte et j’ai déjà eu l’occasion de travailler en tant que tel. Ma connaissance de l’Homme en général, gérer une caserne apprend beaucoup sur l’Humain et la façon de l’approcher avec délicatesse et tact. Ma fidélité quand je m’engage dans une entreprise, ma disponibilité… Je pense aussi être courageuse, je l’ai démontré lors de la campagne de Bretagne de 1455.

Après un court instant de réflexion qui ne lui apporta rien d’autre à ajouter, elle décida de conclure :
- Tout ceci dans le désordre, comme ça me vient ; j’en oublie peut-être…

Le genre de question qui la mettait toujours mal à l’aise : que dire sans avoir l’air d’une hâbleuse ? Pourtant elle n’inventait rien mais il était toujours plus difficile de s’apprécier que de se faire apprécier

A son tour, Ethan s’empara de son gobelet et en avala quelques gorgées, plus pour se donner une contenance que parce qu’il avait réellement soif. Il était vrai que d’avoir quelqu’un tel que lui en face de soi, pouvait véritablement faire passer un entretien pour un interrogatoire de l’inquisition. Il se savait taciturne, voire même ténébreux, au point que certains de ses frères ou sœurs préféraient l’éviter. Non pas qu’il soit méchant ou agressif, mais plutôt que sa constante froideur, son mutisme permanent et son regard de braises avaient le don de mettre mal à l’aise. Rares étaient les occasions où on avait pu le voir sourire, et surtout ces derniers mois. Il s’était renfermé de plus en plus sur lui-même, évitant ainsi d’avoir à partager les maux qui le rongeaient. Et la Damoiselle en face de lui n’avait pas à en faire les frais, pas plus que quiconque par ailleurs.

Mais cela ne semblait pas la perturber puisqu’elle continua à lui expliquer les motivations de son choix à postuler en la Licorne. Ainsi donc elle s’était tout de même renseignée sur les deux autres Ordres Royaux, et avait jugé d’elle-même que cela ne pouvait lui convenir. Qui aurait d’ailleurs pu lui reprocher de ne pas vouloir intégrer un Ordre exclusivement féminin ou tourné vers la Religion ? En tous les cas pas lui, parce que pour ce qui était de la religion, il n’avait rien à lui conseiller. Il était athée, et même agnostique à ce qu’on lui avait dit. Il n’avait pas vraiment tout compris à cela, sauf qu’un ancien Grand Maître d’un Ordre se disant Chevaleresque lui avait promis d’aller le traduire devant l’Inquisition. Ceux-là même qui avaient décimé bon nombre de Cathares et de Templiers, sous les prétextes fallacieux d’avoir renoncé à Aristote, de pratiques indécentes, de blasphèmes, et d’autres péchés sexuels. Ils faisaient avouer les prétendus coupables sous d’affreuses tortures, qu’étaient la dislocation des articulations, les brûlures et la mutilation, quand ils n’étaient pas brûlés vifs après avoir été condamnés pour hérésie. Et ça se disait Chevaliers …

Elle en arriva enfin à son "amour" pour la Licorne. Ethan contint un léger sourire, content de lui d’avoir provoqué une réaction différente d’Alfgard. Au moins elle avait aussi de l’humour, ce qui pourrait certainement apporter un peu de fraîcheur si elle venait à devenir l’un des membres de l’Ordre. Mais bon, de là à croire que cet animal mythique puisse exister … Si tel était le cas, il y en aurait une foultitude au sein du Haras de Ryes, et chacun en chevaucherait une.

Pour en finir, on en revenait à des choses plus sérieuses. Elle semblait bénéficier de toutes les compétences liées à la gestion d’un Ost, ce qui n’était déjà pas si mal, même si la Licorne n’avait rien de comparable. Et elle avait déjà bataillé, elle aussi lors de la campagne de Bretagne, au sein de laquelle bon nombre de valeureux combattants de tous horizons étaient tombés sous les coups de l’ennemi. Il ne pouvait que bien s’en souvenir, y ayant lui-même participé intégralement, et ayant eu la chance de n’y être blessé que légèrement par deux fois. Mais là n’était pas le sujet de l’entretien, et l’heure passant, il allait falloir penser à en finir. Aussi, et de nouveau sans faire aucun commentaire sur ses derniers propos, reprit-il la parole.
Je vous remercie grandement pour votre franchise.
Pour en terminer, je souhaiterais que vous m’expliquiez ce que vous attendez de la Licorne ? De ce que vous pensez qu’elle puisse vous apporter ?
Et enfin, que vous me fassiez part de vos questions, si tant est que vous en ayez.

L'entretien prend fin, alors si vous avez des questions, merci de vous dépécher.

Petite question si ce n'est pas encore trop tard ^^.

Elle dit dans sa dernière intervention qu'elle est experte dans les compétences militaires, cela dit elle commencera comme tous en bas de l'échelle comme écuyère ou femme d'arme. Est ce qu'elle est prête à cela, et prête a accepter que malgré ce qu'elle considère comme sa maitrise elle ne sait pas tout ?

Un instant, certes fugace, Alfgard crut que le visage du Chevalier allait s’éclairer d’un sourire. Mais elle avait dû mal interpréter ce signe car de sourire, que nenni !
Elle se tortilla sur son siège, de plus en plus mal à l’aise : en plus d’un fondement endolori, une envie pressante commençait à la gagner. Pour sûr, elle saurait se retenir encore quelques temps, mais la sensation était très désagréable…
Que faisait Rems à cet instant ? Tentait-il, comme il le lui avait assuré avant qu’elle ne commence son ascension pédestre vers le poste de garde, d’occire maladroitement un gibier ou un volatile susceptible de leur servir de dîner ? Elle sourit intérieurement en songeant qu’ils devraient certainement se contenter d’une miche de pain, de maïs et d’un morceau de fromage. La viande, ce serait pour plus tard. Curieusement, son estomac devait être relié directement à son cerveau car il se mit aussitôt à gargouiller dans un bruit que la rouquine espéra discret voire inaudible pour son interlocuteur. Elle jeta un œil discret sur l’homme qui semblait un peu perdu dans ses pensées et ne vit rien qui lui permit d’identifier une surprise ou une gêne quelconque.
Ouf, il n’entend rien !
Elle vida son gobelet qui touchait à peine la table quand Ethan lui signifia que l’entretien était bientôt arrivé à son terme. Elle retint un soupir de soulagement pour ne pas paraître grossière. En effet, ce soupir aurait pu être mal interprété alors qu’il n’était mu que par des contraintes d’ordre physique.

… je souhaiterais que vous m’expliquiez ce que vous attendez de la Licorne ? De ce que vous pensez qu’elle puisse vous apporter ?
Et enfin, que vous me fassiez part de vos questions, si tant est que vous en ayez.

La jeune femme se racla doucement la gorge et prit le temps d’une brève introspection avant de répondre :
- J’espère trouver en la Licorne qu’elle m’aide à évoluer en tant que militaire et humainement. Qu’elle me donne toutes les clés pour me surpasser en chaque action qu’elle me demandera d’accomplir. Peut-être ainsi apprendrais-je de moi afin de mieux servir les autres… Qu’elle m’apporte aide et soutien pour faire de moi, si elle m’en juge digne, un bon chevalier.
Elle enchaîna, pressée d’en finir tout à coup :
- Et bien la question essentielle à ce stade de mon parcours jusqu’à vous c’est de savoir quand j’aurai une réponse de votre part. Oh je pense que vous n'êtes pas seul décisionnaire et vous devez certainement en référer à vos frères et sœurs. Ce n'est pas demain qu’un pigeon de bon ou mauvais augure – si tel était le cas, par les pharettes de Thor, je transformerais le volatile en pigeon rôti aux petits pois ! - m’apportera une réponse mais si vous pouviez évaluer peu ou prou l’attente ?
Pour le reste, je me pose bien des questions mais je préfère ne pas trop anticiper. Et si j’ai la chance de faire partie des vôtres, je suppose qu’on m’informera de ce que je dois connaître. Et je poserai les questions utiles alors.

Foutredieu ! Comme sa Vénéneuse lui paraissait lourde soudain ! Et ce besoin de plus en plus pressant …

Alors, elle ajouta vivement :
- Ah oui, une dernière question cependant : hum…euh… pourriez- vous m’indiquer les latrines les plus proches ?

Combien il savait que les assises des salles d’entretiens n’étaient que peu confortable, et combien il préférait grandement la vieille selle dont il équipait Storm pour chevaucher de par les routes du Royaume. À en croire les mouvements incessants d’Alfgard, il ne devait pas être le seul dans ce cas. Cependant, il continua à prendre des notes comme si de rien n’était, ne relevant même pas la tête lorsqu’un discret gargouillis vint rompre le silence de la pièce. Il jeta un coup d’œil à la fenêtre et constata que l’heure était déjà bien avancée, et qu’il était vrai que la faim pouvait commencer à se faire ressentir. Heureusement, les salles d’entretiens étaient en la taverne, et tous ceux qui en ressentaient l’envie ou la nécessité pouvaient s’y sustenter sans souci.

Les réponses ne se firent point attendre, et Ethan sut noter à juste titre l’esquisse d’humilité dont la candidate faisait preuve. Cela le changeait de certains autres donc l’unique objectif était de devenir Chevalier, comme si cela était à la portée du premier venu. Mais au moins là, elle savait qu’elle aurait à faire face au jugement de ses pairs pour en arriver à ce stade. Il se surprit cependant à se demander ce qu’elle entendait par un « bon chevalier » ? En avait-elle déjà rencontré de « mauvais », ou tout du moins des Licorneux ? Parce qu’il était vrai qu’il en connaissait de « pacotille » des Chevaliers, lui, pour en avoir croisé de nombreux au cours de ses divers périples. Mais qu’en était-il donc de cette jeune femme ?

Il ne put s’empêcher d’esquisser un sourire quand elle lui demanda l’emplacement des latrines. Voilà ce que c’était que d’abuser de l’eau fraîche … Il se dépêcha donc de reprendre la parole avant qu’elle n’ait à souffrir de trop se retenir.
Pour ce qui est de la suite donnée à notre entretien, décision sera pris sous dix jours à l’issue de celui-ci.
Pour ce qui est des latrines, elles sont juste en dessous de nous, au sein de la taverne. Si vous ne pouvez vous retenir plus longtemps, je vais patienter votre retour.
Mais si vous pouvez patienter encore quelque peu, je souhaiterais juste trois précisions …
Qu’est selon vous un « bon Chevalier » ? En avez-vous déjà croisé de « mauvais » ?
Et pour en finir avec cet entretien, vous avez déjà connu les hautes sphères du pouvoir en vos qualités de Lieutenant d’un Ost et d’experte dans les compétences militaires. Malgré cela, vous sentez-vous prête à recommencer au bas de la hiérarchie de l’Ordre, en qualité d’Écuyère, voire simplement de Femme d’Armes ?

Question posée. Y'en a d'autre ou j'peux la laisser aller aux latrines ?

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