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| [RP] Sur les pas du temps perdu. | |
| | Auteur | Message |
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Cerridween
Nombre de messages : 2234 Grade : Tyran, Bourreau, Chevalier. Date d'inscription : 07/08/2007
Feuille de personnage Nom: Cerridween Rang de noblesse: Rôle/grade: Lieutenant Commandeur, Maistre d'Armes
| Sujet: [RP] Sur les pas du temps perdu. Jeu 7 Avr 2011 - 17:26 | |
| [ Suite du retour de Guillaume de Jeneffe ] Merci chevalier. Je suis heureux de vous voir ici, Cerridween de Vergy.La figure n'ose plus croiser les deux yeux. C'est idiot mais … c'est comme cela.... la faiblesse chez ces gens-là, on en cause pas monsieur, non, on en cause pas...
La main valide essuie le reste de résidus mouillés et elle sourit. Elle n'est pas le Tyran pour lui ni le Capitaine. Le poids s'efface un peu … comme si l'ancien Grand Maître venait de l'en décharger avec sa seule présence, ce retour inattendu. Rien qu'avec ces quelques mots, chuchotés à son oreille.Mais m'offrirez-vous votre bras pour me faire visiter cette forteresse imprenable et en connaître tous les secrets ? Elle rit en premier lieu. Il n'y a pas de secrets qu'il ne connait déjà. Tout du moins pas une pièce, pas un couloir, pas une cour ou pas une marche qu'il n'ait déjà foulé. Guillaume sait toujours paraître. Il est celui qui a été le grand des cours à Ryes, habile en conversations comme en intrigues, de celles qui se murmurent au Louvre et entre les couloirs de la Curia. La légèreté extrême qui masque les querelles les plus acerbes, les situations les plus graves, les propos les plus troublants... un orphèvre. Mais en second lieu, au moment d'offrir son bras, la réalité se rappelle avec un pied de nez railleur... de bras, Pivoine, à donner, tu n'en as plus qu'un... et à offrir pour tout portrait s'il le prend, ce bras gauche, une face scarifiée. Loin du temps jadis, n'est ce pas... très loin...
Temporise...
La tête enflammée se tourne vers la suite et hoche la tête vers Bérénice. Elle lui sourit doucement. Ecuyère, le bonjour... je ne peux qu'imaginer qu'il doit être de revoir ton père. Il va falloir cependant que je te le vole quelques instants... j'ai quelques mots à lui dire. Retournant son visage vers Guillaume, d'ajouter... Je crois que rien ne sera mieux que le jardin, chevalier, pour que nous devisions... après une petite visite du propriétaire... qui n'a pas vraiment changé lui... Elle attrape le bras paré de fer et de tissu plus qu'elle ne lui offre le sien et avance vers l'intérieur. Un sourire à Fool, qui sent l'excuse, avant de lui dire :La suite de Guillaume est la bienvenue dans la première enceinte de Ryes... assure toi que les chevaux soient bien traités, indique le chemin de la taverne... demande qu'on nous apporte du vin et prend ta journée... La Pivoine entraine lentement le chevalier vers les remparts. Tout dans sa tête calcule... depuis quand est-il parti ? Que va-t-elle devoir lui annoncer ? Les évènements se mélangent, se croisent, se percutent dans ses souvenirs. Des années... tant de chemins, de nouvelles, de visages... tant de choses à décortiquer. Et tant de questions.... qu'a-t-il fait pendant toutes ses années ? Etait-il loin ? Ou si près ? A-t-il disparu volontairement comme Erwyn ? Son bras est encore fort, elle peut le sentir sous la pression de ses doigts. La Maître d'arme calcule, suppute... il n'a pas abandonner les armes... le port de l'armure, si prestigieux soit-il, n'est pas une galéjade à qui n'y est pas physiquement préparé... tout en devisant sur les améliorations des terres, du commerce et de la saison agricole qui se prépare avec succès, elle l'attire irrémédiablement vers le petit havre de paix loin de l'agitation. Elle l'a choisi sciemment. Le lieu n'est pas formel. Il n'a rien de la lourdeur d'un bureau du haut conseil... il n'a pas le secret d'une salle de la taverne... il est à l'air libre au milieu d'une nature qui se réveille... mais il est clos et on y peut renvoyer les importuns.
Arrivée, elle s'assoie sur un des bancs sommaires et invite d'un geste le vieux chevalier à faire de même. Après un petit temps de silence, elle se lance... à l'instinct. J'ai tant de questions... il y a tant d'années... Les yeux verts se plongent dans les azurs pour qu'ils ne fuient pas. Où étais-tu enfermé pour avoir été si longtemps absent ? Et qui a bien pu te délivrer pour que tu nous revienne ? |
| | | Guillaume_de_Jeneffe
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Feuille de personnage Nom: Guillaume_de_Jeneffe Rang de noblesse: Chevalier Rôle/grade: Grand Maistre
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Jeu 7 Avr 2011 - 23:50 | |
| Si l'image avait pu laisser planer un doute, le son l'avait dissipé. L'attitude de la Vergy avait en elle quelque chose de martial qui ne s'acquérait pas par la répétition ou le paraître, mais par l'exercice du pouvoir qu'un capitaine exerçait sur ses hommes. Peut-être, depuis tout ce temps, avait-elle reçu le gouvernement d'un ost provincial, ou le bâton de maréchal de France. Ce ne serait là qu'un nouvel avatar d'une longue tradition militaire licorneuse. En quelques phrases, elle avait affirmé son autorité sur le Languedocien du poste de garde et établi aux yeux du vieux chevalier sa place dans la forteresse. Elle avait vu son écu de parade prendre une forme particulière, que bien peu pouvait exhiber sans se faire traiter d'usurpateur.
Puis ce fut le retour à la réalité, ou plutôt l'abandon des réflexions. Comme d'autres avant elle, elle avait accroché le bras du comte. Mais ici, il ne s'agissait pas de bals et de fêtes. Ni de courtisaneries. Tout était bien plus sérieux. Et quand elle l'amena à quitter le poste de garde, il n'avait pas oublié, comme parfois à la cour, ce qui se déroulait autour de lui. Aussi, s'excusant lui aussi du regard – cela deviendrait-il une tradition en ces lieux ? – il se dégagea un instant de l'emprise manchote de la bâtarde pour revenir près de sa fille.
- Bérénice, je vais te demander de m'excuser. Mais je me dois de passer quelques instants en ces murs afin d'apprendre ce qui a touché la Licorne. D'ici une heure, au plus je te serai revenu. Si je t'ai promis de ne plus te quitter, ce n'est pas pour fouler cette promesse aux pieds à la première occasion. A très bientôt ma fille.
Ponctuant ses paroles d'un baiser déposé sur le front de la baronne de Calmont, Guillaume sourit à cette dernière avant de rejoindre sa sœur d'armes. À chaque pas, il scrutait les murs, les portes, les créneaux et autres mâchicoulis, analysant les modifications apportées à la forteresse et – soyons honnêtes – espérant ne pas trouver de lacunes dans l'entretien des bâtiments.
Et quand elle l'amène à s'asseoir à ses côtés, c'est rassuré de ce qu'il avait vu qu'il peut lui répondre. Mais déconcerté. Lui qui maniait le vouvoiement comme une deuxième nature, le voila confronté au tutoiement. Certes, c'est ainsi qu'il s'adressait à sa fille, et qu'il avait l'habitude de le faire à l'endroit de ses frères d'armes, mais se le voir imposé de la sorte le mettait légèrement mal à l'aise.
« Trop d'années, bien trop d'années ». Bravo Guillaume, ça c'est de l'approche digne de play-boy des bacs à sable... « Si seulement tu savais... Je suis passé là où je ne voudrais pas envoyer mon pire ennemi... J'ai vécu plusieurs années enchaîné, dans une galère, après, visiblement, avoir été enlevé par quelque ennemi. Dont je n'ai toujours pas deviné le nom. Et que j'ai bien envie de démasquer, un jour. Puis j'ai été libéré, loin d'ici, par des hommes qui luttent pour défendre leurs terres des Infidèles. Et j'ai combattu à leurs côtés. Plusieurs années. Tu le comprendras, je ne pouvais les quitter sans m'acquitter de ma dette. Et cela n'est pas allé sans souffrance. Là et ici, surtout. Je vous ai laissé sans nouvelle, j'ai causé la mort de ma femme, j'ai failli perdre même l'amour de ma fille. Si un jour tu deviens mère, tu sauras ce que cela fait... »
Il soupira un bref instant, avant de laisser son regard voguer ailleurs que dans les eaux de sinople. Il s'était trop exposé, si rapidement. Il ne comprenait pas pourquoi cela était si facile. Mais ça l'était. Détaillant la maçonnerie d'un tour, il repensa à celle qui devait l'attendre non loin de là. À elle aussi, il devrait encore se livrer de la sorte. Sans cela, il resterait toujours un rempart qui refuserait de s'abattre entre eux. Gravant cela en sa mémoire, il reporta son attention sur son interlocutrice du moment.
« Et puis, au final, j'ai regagné ma liberté. Mais la route était longue depuis ses contrées, que certains nomment Esclavonie. Et toutes étaient ravagées par la guerre. Imagine que jamais ne s'arrêteraient les batailles entre Bretagne et France. Là, tout était pareil aux mois que nous passions sur les remparts du Maine et sur les champs de Rennes ou d'Angers. Il m'a donc fallu faire mon chemin aux travers de ces désastres, au point qu'il m'a plusieurs fois été impossible de prendre le bateau pour rejoindre les côtes de l'Italie. Et ce n'est qu'il y a quelques jours que j'ai enfin regagné Marchiennes. D'où j'ai refait, à cheval, la route qui m'a conduit ici, face à toi ». |
| | | Cerridween
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| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Mar 12 Avr 2011 - 13:02 | |
| De l’art de taper dans le mille… Elle écoute, la Pivoine. Elle écoute patiemment. Elle écoute les mots presque éraillés, tendus qui sortent d’abord difficilement.
Si seulement tu savais... Justement je veux savoir.
Le savoir, elle l’a appris, est une arme redoutable. Elle l’a appris sur le tard, au fil des routes, des chemins. Au détour d’une vengeance. Elle a appris à apprendre, à se fondre, à s’abîmer pour aller chercher un nom. Elle a appris à mentir par omission, à écrire entre les lignes, à lire les messages cachés dans une formule de politesse un peu trop appuyée. Elle veut savoir. Dans cette curiosité presque maladive, acquise à force d’urgence dans les longues années où l’ordre n’a pas cessé d’être perpétuellement sur les routes. Ce calme ambiant est si … étrange et déroutant après les tempêtes qu’ils ont traversés.
Elle écoute, la Pivoine. Elle écoute patiemment. Elle écoute les mots presque éraillés, tendus qui sortent d’abord difficilement. Ils se déroulent au fur à mesure. Elle écoute les silences et les approximations. Elle retient les détails infimes. Il ne donne que peu de noms. Elle sent la souffrance et le désespoir, elle sent les morsures. Elle ne bouge pas. Elle sait que si une seule expression se peint, sur son visage, une ombre de surprise, de compassion, si elle esquisse un froncement de sourcil, il reviendra sur les quelques pas qu’il a entamé, hésitant. Son instinct est parti en chasse… comme quand elle a vengé Stannis avec l’ordre d’un autre Grand Maître. Il sera difficile de retrouver ceux qui avaient participer et commander cet acte… il y a trop d’années. Mais peut être… peut être… elle en apprendra plus auprès de lui… mais il ne faudra rien forcer, rien brusquer. Il se livrera lentement, elle le sent. Avec cette réserve qu’elle connaît bien chez tous ceux qui ont souffert… elle résiste un instant pour ne pas fermer les yeux.
« Si un jour tu deviens mère, tu sauras ce que cela fait... » Un sourire amer a frémit sur ses lèvres. Elle n’a pas souffert comme lui. Elle n’a pas été privée de liberté. Mais elle sait oui, du plus profond de ses entrailles, ce qu’il faut sacrifier pour avoir le collier qu’il porte lui aussi. Si un jour il rencontre Laïs, il saura ce que cela lui a coûté… entre bien d’autres choses. La liste est longue… Le regard de Guillaume fuit un instant… un valet s’approche avec précaution de l’entrée du jardin. Un geste de la main l’invite à poser le pichet et les deux verres puis un petit sourire le remercie et le congédie sans mot. Le vieux chevalier revient de sa courte rêverie et continue à raconter son histoire…
« Imagine que jamais ne s'arrêteraient les batailles entre Bretagne et France. Là, tout était pareil aux mois que nous passions sur les remparts du Maine et sur les champs de Rennes ou d'Angers. » Elle tressaille un instant… elle va devoir lui raconter aussi leur guerre… insidieuse celle-ci, violente tout autant. Celles qu’ils ont mené sans coup férir, aucun. Garder cette indépendance qu’ils leur avaient léguée et qui était un lourd fardeau. Le Royaume qui se divise doucement mais sûrement. Les mois de routes et de rationnement. Les pertes…
Il s’est arrêté de parler. Elle sait que c’est son tour. Lentement la main se porte sur la hanse du pichet et verse le liquide pourpre dans les deux gobelets. L’un deux est posé à côté de Guillaume, à sa guise de le prendre ou non. Elle porte le sien à ses lèvres, goûtant un instant le fruit d’un automne passé. Je me suis toujours demandé ce qu’il y avait hors du Royaume de France…. Maintenant je pense pouvoir dire que tu y as trouvé l’Enfer… mes rêves de voyages s’éteignent donc. Elle ponctue la phrase d’un petit sourire. De voyage hors de France, elle n’a jamais osé rêver. Elle sait bien que le serment qu’elle a prêté, devant lui à genou, ne le permet pas. Que le collier qu’elle a accepté de ceindre n’est qu’une chaîne qui l’attache ici. Les ailleurs sont pour les autres. Il faudra me parler de cet enfer, Guillaume… il est toujours bon de savoir à qui on peut avoir à faire. Le bon comme le mauvais… quant à ceux qui ont osé t’enlever… La main repose le verre sur la pierre du banc. Il faudra aussi que nous essayons de tirer cela au clair… les années passées ne nous aideront pas, certes. Mais du peu que tu pourras nous apprendre, mieux nous serons armé. Pour que cela ne se reproduise pas… et parce qu’il y a toujours un espoir de Justice… Les émeraudes se perdent un instant à leur tour. Un espoir de Justice qui coût beaucoup. Sa main valide se porte un instant sur le bras qui reste pour l’instant replié, avatar de la période de sa convalescence, contre son torse. Elle a vengé. Elle a donné. Elle a pardonné. Par quoi puis-je commencer pour te mettre au courant des affaires… car tu sais qu’à ta disparition, nous t’avons remplacer… l’Ordre avait besoin d’une tête, d’un chef, d’un meneur… sans ça nous sombrions et nous perdions notre reconnaissance royale. Pour certains, une raison de vivre. Mais qu’il a bien été notifié que si tu devais revenir, alors une nouvelle élection serait menée… Un nouveau sourire naît doucement, ironique et presque tendre. Tu ne croyais tout de même pas revenir pour rester agréablement assis sur une chaise de taverne avec René à tes bons soins ? Mais je pense que tu as encore droit à du repos… la procédure ne se lancera que dans un moment… *Il passe une main dans ses cheveux, lui souriant doucement. Elle est encore jeune, pleine d'espoir dans l'ailleurs, toujours plus vert dans le fief du voisin. Il n'y a vu que mort et désespoir, comme souvent en France & Bretagne. Mais il ne peut lui ôter les derniers espoirs. Les lui enlever serait se priver de cette espérance idiote et infondée, mais dont il ne peut se passer."Ailleurs, il reste une chance. Maigre. Infime. Vaincre peut-être. Mais le repli serait synonyme de mort. Définitive. Continuer à lutter est la seule voie. Sans cela, autant fuir vers l'Ouest à la recherche de l'Atlantide... Mais ce qui nous maintient vivant, ici-bas, est le respect de nos serments. Je ne suis donc guère revenu pour écluser quantité de godets, quand bien même la taverne du gros René serait l'endroit le mieux approvisionné du royaume." Tu m'étonnes, avec les provenances de ces pochetrons de Licorneux... "Non, je suis revenu ici pour vous servir. Licorne et France. Et Flandres. Où penses-tu, soeur, que je puisse être le plus utile. En Ryes ou ailleurs? Et puis, qui sait, cela me permettra peut-être de démasquer l'enfant de rat musqué qui a ordonné mon enlèvement..."* Elle lui en veut... il n'avait pas le droit. Elle avait essayé d'enlever cette lourdeur des retrouvailles. Elle a essayé de rendre ce qu'elle allait lui raconter plus facile. Plus doux. Moins ardu autant pour lui que pour elle. Il a gommé cette légèreté d'une sentence, pleine de sermons. Il ne sait pas qu'elle les connait sur le bout des doigts maintenant, pour pouvoir les apprendre aux autres. Elle lui en veut oui... Vous servir… Un petit rire sort des lèvres de la Pivoine, diffus et éphémère… vous servir… elle haït ce mot souvent. Ce mot qui est pourtant le fondement des murs qui les entourent, celui qui l’a construite. Elle ferme un instant les yeux pour faire le vide... laisser les sentiments ailleurs même à son égard. Rappelle toi Pivoine. Le devoir nous tient lieu d’épouse et l’honneur de maîtresse. Où penses-tu que je puisse être le plus utile… Pour l’instant, sans savoir ce que nous affrontons, tu ne le seras pas.
Alors elle raconte… doucement… sans introduction. D’une voix d’émissaire pour cacher tout ce que les souvenirs lui rappellent. Surtout ceux qu’elle taira. Elle raconte l’inquiétude grandissante, le désespoir quand il a disparu. Elle raconte le collier d’or ceint par Rhuyzar. L’adoubement à ses pieds de ceux qui devaient reprendre les rênes du Haut Conseil, catapultés pour deux d’entre eux d’errant à chevalier. Elle raconte la Guerre de Bretagne, menée par la nouvelle Licorne d’or, Connétable de France. Elle ne dira pas les geoles et la douleur. Elle raconte les missions ensuite difficiles, le mépris des duchés aidés. Elle raconte l’assassinat de Stannis. Elle raconte la traque, cette fois sans silence aucun sur ce qu’elle a fait et le rôle qu’elle a endossé. Elle ne montrera que ses blessures physiques. Puis elle raconte la démission d’Enguerrand, l’avènement du Perplexe. Les longs mois, seule, à tenir la Licorne à bout de bras. La crise, son départ. Elle raconte les nouvelles promotions. Elle parle de Fauconnier, écuyer apprivoisé au fur et à mesure. Elle narre le Ponant, l’Anjou rebelle, la Touraine qui les méprise pendant qu’ils restent en figure de proue sur des remparts. Elle raconte les années sur les routes, la diplomatie, le jeu d’échec qu’elle a appris à regarder et qui se résume déjouer le coup de l’autre pour éviter les coups d’avance. Elle raconte… la mort de Simonin… le corps de Mackx qu’elle a lavé de ses mains… elle raconte la disparition de Rhuyzar et la croix anonyme retrouvée dans un monastère austère et sans âme. Elle narre l’élection de la Reyne et le calme du moment, la charge vacante de Grand Ecuyer.Elle ne dit pas l’épuisement… elle ne dit pas le désespoir… elle ne dit pas l’amour secret qui est loin et dont elle n’a aucune nouvelle…. Elle taira la fatigue omniprésente. Celle qui a failli la tuer...
Un long silence clôt le monologue. Les émeraudes, embrumées de souvenirs et retenant des larmes qui voulaient affluer au fur et à mesure des couteaux qu'elle a elle-même retourné dans ses plaies, se relèvent vers les yeux azur du vieux chevalier. La bouche ne s’ouvre plus comme si la source des mots venaient de se tarir d’elle-même.
Où penses-tu que je puisse être le plus utile ? Chevalier, choisis toi-même… il y a tant à faire.
_______________________________ HRP : le passage avec les étoiles a été écrit par ljd Guillaume. |
| | | Guillaume_de_Jeneffe
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| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Mer 13 Avr 2011 - 2:06 | |
| Elle avait toujours fui son regard, ou presque. Elle lui avait asséné les vérités comme d'autres l'auraient navré de blessures. Ce qu'elles devenaient, au corps défendant des deux chevaliers. Les morts, les morts, toujours les morts. Et le regret d'encore rester en vie alors que les autres, meilleurs qu'eux, les avaient quittés depuis longtemps, sans plus pouvoir donner l'exemple, encourager et guider ceux qui devaient leur succéder. Si la Rousse y a perdu des frères et un Corbeau tutélaire, Guillaume voit mourir à ses oreilles des élèves, des pupilles. Arrivés plus jeunes que lui à Ryes, ils avaient grandi, pour certains hors de sa présence. Le père qui abandonne ses enfants, voila comment se considérait le Flamand.
Et voila comment il se voyait dans les yeux chevaleresques. Noyés dans des pleurs qui ne voulaient pas sortir, ils lui renvoyaient au surplus le visage d'une femme brisée, qu'il n'avait connue que comme une enfant. Là, on aurait pu la croire prête à se briser, comme une brindille que l'on tient entre le pouce et l'index. Ce n'est plus lui qu'il voit, mais les conséquences de ses choix, et de son absence.
Petit à petit, il comprend ce qu'il se passe, et ce qui s'est passé. Et les sentiments s'exacerbent. Dans le silence qu'il ne veut encore briser. Qu'il ne peut briser, encore trop marqué par ce qui vient d'être dit. Entre les échecs, les regrets et les peines, il distingue un espoir, ténu et aussitôt soufflé par le vent de la haine. Il la sent investie dans certaines questions plus qu'en d'autres. L'éducation du nouveau comte de Scye, le soin apporté au corps du Poitevin, l'espoir d'une justice qui punirait les assassins du chevalier du Ray.
Il y a bien longtemps, loin d'ici, il avait déjà assisté au même spectacle, et il avait alors serré la femme en ses bras, forts et protecteurs. Mais pas ici. Chez ces gens-ci monsieur, on ne montre pas, monsieur, on paraît. Il se permet simplement, de ses longs doigts, de recoiffer les mèches de feu qui viennent cacher ce visage marqué par le fer d'une hache mercenaire. Il lui sourit. Pour un temps il donne le change.
Puis son regard fuit, va voir ailleurs, se pose un instant sur les ravitaillements apportés plus tôt. Il ne se sert pas encore. Pas cette fois. Il se sent léger, impuissant, incapable. Comme lorsque sa propre fille lui avait tout annoncé, à Marchiennes, quelques jours plus tôt. Qu'il s'était senti vide. Cela le reprend, ici. Le ventre se tord pendant que l'esprit se concentre sur des cadavres qu'il ne reconnaît que par des armoiries ou des signes propres à chacun de ses frères perdus. Ce n'est plus de son épouse que l'on parle, ici, mais de sa maîtresse. De celle qui a commandé toute son existence, sans nulle considération pour ce qui aurait pu être ses vies privée, prestigieuse et curiale qu'il aurait embrassées sans hésitation si la chevalerie n'avait été là. Il respire plus lentement, essaye d'endiguer la panique qu'il sent poindre pour ne pas la communiquer. Et pourtant, il voudrait la laisser éclater et la diriger contre un mannequin ou une quintaine. Or, ce n'est pas une masse informe qui lui fait face, mais bien la réalité d'une vie. Il sent le désir de tout quitter pour fuir à dos de cavale. Il sent le besoin du calme d'une chaumière et de la chaleur d'un bon feu pour se reposer. Il voit la mort qui l'attend et se joue de lui en lui volant ses proches un à un. Il veut mourir et ne plus rien affronter, rien que la certitude d'un destin éternel et répétitif. Mais plutôt que les flammes de l'enfer, ce sont les éclairs d'un chevelure qui lui infligent mille maux. Sa porteuse ne se raccroche pas à lui comme à un roc, comme elle aurait pu le faire avec le comte de Beaumont, mais le regarde comme un égal. Il ne peut plus se sentir libre de se montrer faible.
Lentement les azurs rejoignent les émeraudes, et la mâchoire se dessert.
- Te dire que je comprends entièrement serait mentir, Cerridween. Te dire que demain tout sera réglé serait trahir la confiance que tu mets encore en moi. Te dire que dès aujourd'hui je travaillerai avec vous à poursuivre votre œuvre est la seule parole digne de toi. J'irai dans la salle du Conseil, si tu me dis que je puis y être d'une quelconque utilité. J'irai rencontrer Marie, si tu me dis qu'il faut un nouveau Grand Ecuyer de France. J'irai jusqu'en enfer, encore, lorsque cela sera nécessaire. Je n'ai que trop tardé, et tu n'en as que trop fait. Et pourtant je ne te relâcherai pas encore maintenant. Tu es indispensable à Ryes, plus que d'autres. Je sais ce que je te demande, et je sais comme tu peux me haïr en ce moment. Tu m'accueilles et qu'est-ce que je te demande ? De poursuivre ta damnation...
Un nouveau et court silence. Puis les mots se font plus personnels encore, sans être réfléchis. Hélas...
« Je te vois, toi, maintenant, plus usée et brisée que nombre d'entre nous ne le furent ou ne le seront jamais. Je te vois marquée d'une blessure au visage que l'on dit séduisante chez un homme et affreuse chez une dame. Je te vois privée d'un bras que tu as certainement perdu ailleurs qu'à la soule. Je te vois Licorne ferme face au défi d'un monde qui ne comprend toujours vers quelle perte il se dirige. La chevalerie est belle lorsqu'elle a vos traits, Vergy... » |
| | | Cerridween
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| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Lun 18 Avr 2011 - 23:42 | |
| Tu m'accueilles et qu'est-ce que je te demande ? De poursuivre ta damnation...
A-t-elle jamais eu un autre choix ? Tout choix est un renoncement. Le plus fondateur ne lui en a pas laissé d'autre. On ne démissionne pas de ces murs, malgré ce que certains pensent. On démissionne d'une charge, d'une fonction. Ici on a prêté serment, on ne peut qu'en être relevé à sa demande et espérer qu'on enlève ses chaines qu'on a soi-même accepté de porter. Elle ne peut pas dire non. Car c'est à lui qu'elle a fait ce serment. Dans une clairière près de Paris, à la lueur des torches, sous les yeux azuréens qui ont dit bien plus que si sa bouche s'était ouverte, en retrait sur sa chaise de Lieutenant Commandeur. Elle s'en rappelle comme hier. Elle se rappelle de l'odeur des bois, du silence presque religieux... elle ne peut pas dire non. A lui encore moins qu'à un autre.
Elle a juste hoché la tête, par évidence encore troublé par les mots qu'il a prononcé comme par le geste. Ce geste anodin et pourtant troublant de la main du chevalier, qui a effleuré sa joue scarifiée, pour se terminer sur son oreille... on la touche rarement. Elle a esquissé un mouvement de recul, interrompu. Les pupilles dilatées dans un mouvement réflexe se sont calmées. Elle s'est laissée faire. Geste anodin et bref... un peu de compassion qu'elle ne trouve que rarement exprimée, hors des regards qui soulignent son trait, entre écœurement contenu et pitié sirupeuse. Il lui rappelle le manque de celui qui a vu ses blessures et est parti. Encore un... lui est revenu, ce maître maintenant pair mais non égal à ses yeux. Elle se surprend à être touchée... par cette main burinée qui doucement, d'un simple toucher fluet, la débarrasse d'un peu de ce tout. Elle est aussi soulagée de ne pas avoir contre elle l'ire de la douleur qui s'abat d'un coup... on ne tue pas les messagers... et elle est celle des mauvais augures.
Le silence s'installe doucement, seulement interrompu par la brise qui s'engouffre mollement, jouant entre les archères et les murs. Elle voudrait lui dire qu'elle est désolée. Désolée pour les morts, le retour brutal... elle voudrait lui demander pardon, même si c'est inutile, pour ce qu'il va devoir endosser. Car elle sait que mieux que personne, il pourra être Grand Ecuyer. Elle n'est pas faite pour le monde des hauteurs. Elle est viscéralement liée à la terre et à la boue, aux chemins et aux dalles de pierres des cours d'arme et non de celles, jonchées de foin frais et de fleurs des chambres et corridors des castels. Ils sont des lieux qu'elle fuit. Lui sait se sortir de tous les pièges qui y sont tendus. Elle voudrait... le remercier aussi... d'être là simplement... comme un bateau qu'on attendait plus sur les rives, au milieu d'un gros temps. Pour ce peu d'espoir, ce qui semble une miette de joie... pour ça simplement... et pour tout le reste. Car il a donné sa parole et elle le sait sincère et honnête, le chevalier de Jeneffe. Il ne la reprendra pas...
Lorsqu'elle inspire et relève les yeux vers lui, pour exprimer toutes ses pensées qui lui passent une à une au travers de la tête, elle rencontre les yeux mers qui la détaillent et les mots qui affluent.
Je te vois, toi, maintenant, plus usée et brisée que nombre d'entre nous ne le furent ou ne le seront jamais. Je te vois marquée d'une blessure au visage que l'on dit séduisante chez un homme et affreuse chez une dame. Je te vois privée d'un bras que tu as certainement perdu ailleurs qu'à la soule. Je te vois Licorne ferme face au défi d'un monde qui ne comprend toujours vers quelle perte il se dirige.
Elle reste stoïque du mieux qu'elle peut. Il la déshabille un peu plus à chaque phrase... sans préavis... Avec cette voix douce, presque caressante... elle est habituée à tout... au fracas des armes, aux éclats de voix, à la bassesse des hommes, aux cris de douleurs, au dédain et au mépris. Mais cette douceur là, elle la désarme, totalement... surtout dans la bouche de celui qu'elle considère l'un des Grands pour lesquels elle est venu dans ces murs. Et elle se retrouve là, sur un pied d'estal sur lequel il la propulse, effeuillée mot par mot. Les émeraudes fuient... elle s'échappe comme elle peut de ce déluge qui tombe sur elle... le rouge monte lentement sur les pommettes blanches. Elle a envie de lui hurler de se taire. Les mots sont presque tendres, tellement qu'ils en sont douloureux. L'émotion des retrouvailles se mêle à la colère ressentie et qui a laissé des traces quand Maurice est venu la chercher, la joie, l'attente... elle s'enchevêtre avec celles laissées par le récit des souvenirs et la même pensée, jumelle de celle qui a heurté le chevalier, d'être toujours vivante, et de ne pas le mériter au vu de ceux qui sont tombés. Le coup de grâce...
La chevalerie est belle lorsqu'elle a vos traits, Vergy...
La main valide empoigne violemment le bord du banc qui les accueille, pendant que l'autre se lève à hauteur de sa poitrine agrippant la laine de son doublet. La respiration difficile, siffle. Les yeux fermés... elle souffre... lentement elle se force à contrôler son souffle qui s'emballe. La tête s'appuie contre l'épaule du chevalier.
Maître...
La voix murmure entre deux respirations forcées. Quelques instants de silence et la crise passe lentement comme un océan qui reflue... les mots sortent désordonnés...sans être réfléchis...hélas...
Merci... j'espère être digne de rester longtemps aussi belle à vos yeux...
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| | | Guillaume_de_Jeneffe
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Feuille de personnage Nom: Guillaume_de_Jeneffe Rang de noblesse: Chevalier Rôle/grade: Grand Maistre
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Mer 20 Avr 2011 - 15:48 | |
| C'est peu dire que depuis longtemps la limite de la décence avait été franchie, et foulée aux pieds. Deux adultes, sans aucun lien de famille – même s'ils ignorent encore à ce moment que le mariage qui devait joindre comté de Beaumont et vicomté de Marchiennes échouerait bientôt –, qui n'ont que peu d'aventures en commun, se livraient l'un à l'autre sans aucune retenue. Et, outrage suprême, les voici qui se touchaient, sans souci d'un monde qui, autour d'eux, continuait à tourner. Monde qui, à voir une jeunesse dans les bras, ou presque, du Flamand aurait vite fait de conclure à une nouvelle victime du charme chevaleresque. Les on-dit, base de la connaissance médiévale, lui avait d'ailleurs attribué feue la reine Catherine Victoire comme maîtresse. La rumeur pouvait-elle tant se tromper ?...
Mais à Ryes, rien n'était comme ailleurs. Les titres disparaissaient aux portes et le duc était heureux de servir d'écuyer au seigneur. Le marquis ne voyait aucune honte à obéir à un baron. Les richesses servaient, cependant, à voir l'état des armes, cavales et bouteilles qui rejoignaient, aux départs de leurs terres, la forteresse normande. On ne les oubliait pas. Tout au plus leur donnait-on une nouvelle destination. Comme un nouveau rôle était attribué à chaque nouveau membre de l'Ordre. En ces murs, la proximité ne devait pas appeler de remarques déplacées. Remarques qui, avec le Tyran pour cible, auraient certainement valu les champs du mal d'horreur à celui qui avait osé les énoncer.
Rien donc ne devait venir troubler cette proximité. La chevalier se reposait désormais entièrement sur celui qui l'avait accueilli en l'Ordre. Et le chevalier pouvait sentir l'odeur des longs cheveux roux lui monter au nez. Il pouvait aussi sourire du soulagement de ne pas la voir l'accuser, de s'offrir à lui comme un guide dans un monde qu'il ne connaît plus, et ce sans qu'elle le voit. Il perçoit, de même, la respiration qui se fait difficile mais qui se calme, petit à petit, de sa sœur en chevalerie. Il la devine malade, souffrante, usée en somme. Il déglutit lentement. Il comprend désormais. Il sait qu'il la condamne, à plus encore qu'à la damnation. À quelles épreuves se soumet-elle pour porter l'armure de la Licorne, quels efforts sont les siens pour paraître toujours forte devant ses amis, qu'elle ne veut inquiéter, et face à ses ennemis, qu'elle ne veut rassurer ? Les chevauchées, les discussions avec des politiques à l'esprit trop étroit pour même gouverner une demi-tasse d'eau du Loch Ness, les guerres et les batailles, à cheval ou sur une muraille, rien ne lui avait été épargné, il en aurait juré.
C'est certainement pour cela, parce qu'il la voit comme une enfant perdue et non comme Lili la Tigresse, que de sa senestre il caresse ses cheveux comme il le faisait pour réconforter sa fille quand, encore petite, celle-ci se blessait dans la cour de son castel, et abaisse sa bouche à hauteur de son oreille.
- Et moi digne de recevoir toujours ta confiance. Car qui pourrait abandonner celle qui, comme toi, se fie à l'autre même s'il a abandonné ceux qu'il avait promis de préserver ? Celle qui voit au-delà des faits pour comprendre les raisons ?
La senestre vient maintenant relever le visage que ne crispe plus la crise pourtant récente et amène les sinoples à rencontrer les azurs.
« Celle qui pourtant a tant souffert, si seule... » |
| | | Cerridween
Nombre de messages : 2234 Grade : Tyran, Bourreau, Chevalier. Date d'inscription : 07/08/2007
Feuille de personnage Nom: Cerridween Rang de noblesse: Rôle/grade: Lieutenant Commandeur, Maistre d'Armes
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Jeu 21 Avr 2011 - 2:19 | |
| Il n'a rien dit, pas appelé la garde, à l'aide. Il aurait pu. Elle a prié pour que cela ne soit pas. Pour une fois que là-haut, quelqu'un veut bien répondre à une de ses prières. Elle n'ose pas se relever, consciente d'un coup de la situation... impropre, dépourvu de toute étiquette... qu'elle n'aurait jamais envisager. Pivoine, c'est le Grand Maître qui t'a fait naître icelieu, que fais-tu là, à t'épandre, te répandre en pleurs ? Ta tête, lève la ! Reprend toi ! Tu es le tyran de Ryes, celle dont le regard fait pâlir, celle qui sévit, celle qui frappe. Celle qui a survécu à plusieurs guerres, au plus grand des mercenaires... tu as fait mourir de peur, tu as défié plus fort que toi, hurlé... tu es tombé, tu t'es relevée. L'honneur, Pivoine ! De l'épée jusqu'au fond de l'âme, honte à toi !
Mais avant qu'elle puisse esquisser un geste, elle sent les doigts du chevalier parcourir les boucles domptées, lentement... la douceur revient, assassine. Elle ne le connaît que trop peu cet apaisement. Lâcher prise... presque terrifiée, elle sent que ses défenses tombent. Elle qui manipule, régule, compte, prévoit. Elle qui a appris à contrôler chaque muscle de son visage, devenu impassible, à forcer son corps à s'adapter, coûte que coûte, chaque matin aux mouvements d'escrime, éduqué ses doigts à chaque aspérité de la garde de son épée, pour se transformer en ce qu'elle est maintenant...
Et moi digne de recevoir toujours ta confiance. Car qui pourrait abandonner celle qui, comme toi, se fie à l'autre même s'il a abandonné ceux qu'il avait promis de préserver ? Celle qui voit au-delà des faits pour comprendre les raisons ?
Le souffle chaud contre sa nuque... les mots qui s'incrustent avec délicatesse … il lui parle d'abandon... il lui parle de ses plus grandes blessures. Il est parti comme tous les autres, la laissant seule avec ce masque qui est si lourd à porter. Il dévide lentement les attaches... il parle comme celui qu'elle a servi tant d'année avant qu'il ne meurt dans un sourire... et qu'elle meurt avec lui. Dans la pénombre des chambres et des nuits qui n'étaient réservées qu'à elle, rares et si précieuses. Il susurre des promesses du bout des lèvres, qui soulignent tous les jalons de sa vie. Les noms passent, trépassés ou passés.. Raphaël, Morphalas, Enguerrand... et ce nom à cinq lettres, le plus dangereux, pourtant le plus admiré. Celui qui a lu entre les lignes. Celui qui lui a enlevé ses chaines et remises en partant. Un mélange de douleur et de mansuétude qui la bouleverse... emprisonnée contre l'épaule qu'elle n'ose pas quitter.
La main la quitte... elle pense la douleur exquise achevée. Jusqu'à ce qu'elle caresse sa peau et qu'elle se heurte lentement à ce regard.
Celle qui pourtant a tant souffert, si seule...
Les larmes sont revenues silencieuses. Si elle était lucide, elle retiendrait cette méthode de torture, qui doit être approuvée par le Sans Nom... caresse diabolique... elle a la joue prisonnière contre la chaleur d'une main. Il a effleuré avec un ouragan tout ce qui la perd. L'eau est à la fois tristesse et reconnaissance, renoncement... même une sorte de soulagement, inexplicable... elle ferme les yeux. Elle ne peut supporter ce regard qui lui rappelle qu'il n'est pas le sien. Elle savoure un instant de ne plus être une autre. Ce moment qu'il lui offre, au milieu d'un jardin qui chante sous le vent. La main valide vient se mettre sur celle du chevalier et la presse. Sa tête se fait un peu plus lourde contre ce tuteur, repos de l'instant. Les lèvres viennent effleurer la paume burinée et y inscrivent son remerciement silencieux. Aucun mot ne s'égrainent pendant de longues minutes. Elle reste, immobile les yeux fermés. Puis... les émeraudes se réouvrent apaisées, calmes. Les pépites qui dorment dans l'eau verte crépitent un instant.
Je ne le suis plus vraiment maintenant...
Un murmure pendant qu'elle détache ses doigts de leur maigre emprise. Elle sourit doucement.
Il faudra que je te parle de certaines affaires qui concernent nos deux familles, chevalier... mais pas maintenant, non.... pas maintenant... je crois qu'aujourd'hui a suffi à sa peine... et que je t'ai déjà beaucoup accaparé... mais j'espère que tu resteras parmi nous un peu plus longtemps... nous avons encore beaucoup à nous dire...
Les sinoples parlent elles, dans leur langage. Il est de ceux qui lisent entre les lignes. Il déchiffrera la merci pour sa peine... une certaine gêne, cette pudeur qui n'appartient qu'à ceux de leur race, quand il s'agit de parler de ce qui peut approcher de près ou de loin, une once de sentiments.
Le masque s'est fêlé, Jeneffe... tu as pu apercevoir ce que certains ne verront jamais dans une vie... que vas-tu en faire ? |
| | | nith
Nombre de messages : 3614 Grade : Fantôme des couloirs Date d'inscription : 15/05/2007
Feuille de personnage Nom: Nith Rang de noblesse: Duc, Vicomte*3, seigneur Rôle/grade: Grand Maistre du crépi
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Mer 18 Mai 2011 - 19:16 | |
| [Sur les remparts]
Le Perplexe attendait patiemment la réponse de l'homme d'armes de faction. Bon, il fallait reconnaître qu'il devait l'avoir quelque peu mal à l'aise, ce n'était pas tous les jours que le Normand se déplaçait au poste de garde afin de surveiller les allers et venus des visiteurs et autres travailleurs de l'Ordre, mais, comme par hasard, c'était en ce jour précis qu'un invité insolite faisait son apparition. Mais une petite tête rousse l'interrompt dans ses pensées, s'avançant pas si discrètement que ça vers lui. Elle marche doucement, la mine semblant contrite, un peu comme lorsqu'un enfant doit se rendre voir ses parents et avouer quelques entourloupes, erreurs ou autres bêtises. On tente de charmer, d'enjoliver, peut être d'attirer la sympathie, la tolérance voir la pitié, histoire de diminuer la probable sanction qui n'allait pas tarder à tomber... Mais voilà, le Perplexe n'était pas vraiment d'humeur à l'indulgence, son projet de construction devait voir rapidement le jour, et cette entrée inconnue l'intriguait. Aussi, lorsque la jeune lionne le salua d'un timide "Bonjour Maistre...", il ne répondit qu'avec un bref hochement de tête, indiquant par là qu'il avait bien repéré sa présence, si longtemps attendu...
Son attention de tourna de nouveau vers Fool, quand ce dernier prit la parole:
- Sire, c’est qu’il semble que notre visiteur ne soit pas totalement un inconnu pour l’ordre…
Bizarre, il n'avait pourtant pas entendu parler d'un visiteur pour l'ordre, et encore moins d'un autre membre de la Licorne revenant d'une lointaine mission. Et puis, il les connaissait tous au moins de vue, il aurait rapidement reconnu un visage familier... Mais visiblement, ce n'était pas la seule surprise qu'on lui réservait.
- Si j’ai bien compris, il a été anciennement un grand maitre de l’ordre tout comme vous, avant d’être cru mort… Il s’agit du chevalier Guillaume de Jeneffe, le père de votre écuyère. Elle était là aussi pour attester de son identité. J’ai fait mander un membre du haut conseil, et sœur Cerridween qui m’a ordonné de laisser entrer le chevalier. Il semble qu’elle le connaisse très bien et l’a reconnu de suite… j’ai fait installer son escorte dans la première enceinte. Voilà tout ce que je peux vous dire, Sire.
- Quoi?
Oui, il était toujours très classe dans l'hébétude... Au moins n'avait-il pas lancé son bien connu cri de ralliement, "Gné!" Mais pour le coup, il était sur le cul! Guillaume de Jeneffe, ici présent? Cela fait tellement longtemps que les recherches ont cessé, que sa disparition depuis plus de trois ans le faisait passer pour mort avec une quasi certitude... Non, ce n'était pas possible, ce devait être une farce, une bien mauvaise blague... Et pourtant, tout le monde semblait en être persuadé. Cerridween le connaissait bien, elle n'aurait pu se tromper. Et la présence de la petite de Jeneffe pouvait donc expliquer pas mal de chose...
Le Perplexe était perdu entre plusieurs sentiments: étonnement, soulagement, mais aussi colère et ressentiment. Tout cela en même temps et dans un cours laps de temps, ce n'était pas bien pour son équilibre mental, déjà bien précaire... Il entendait à peine lorsque Fool lui adressa à nouveau la parole.
- Souhaitez-vous autre chose sire ?
- Euh... Non, cela ira... Merci... Tu peux continuer ton tour de garde...
Il était à nouveau perdu dans ses pensées, essayant de réfléchir rapidement et de mettre ses idées en place. C'est bon, il était décidé, il savait ce qu'il lui restait à faire. Un coup d'oeil du côté de Bérénice, avec un signe de tête et un "Viens" qui ne laissait place au refus, et le voilà qu'il commençait à descendre les escaliers menant aux rempart. Par où les avait-il vu partir? La première enceinte, puis la direction des jardins, non? C'est par là-bas qu'il alla, à trois pattes comme toujours...
[Le jardin des retrouvailles]
Le bruit de sa canne frappant le sol résonne dans les couloirs de la forteresse alors que le Grand Maistre se dirige vers les jardins de Ryes. Le flot d'émotions est toujours présent, le portant vers sa direction comme un courant de doute, de colère et de soulagement. Il y avait tellement de chose à dire, tellement d'événements, pour la plupart triste, qui se sont produits depuis la disparition du Chevalier Blanc de la Licorne, tant de choses à rattraper, et pourtant, aussi, beaucoup de sujets de discorde à venir... Et que voit-il lorsqu'il arrive enfin dans les jardins? Comme s'il lui fallait quelque chose de plus pour se sentir complètement perdu et abasourdi par cette situation des plus utopiques, irréalistes, incroyables, abracadabrantesques? Il en perd pratiquement son vocabulaire... Mais en tout cas, il lâche sa canne, qui résonne à nouveau d'un bruit mat alors qu'elle se retrouve au sol.
- Euh... Ah... Oh...
Oui, il est très intelligible dans la surprise, n'est-ce pas? Bon, on va dire qu'il s'entrainait à prononcer les voyelles par ces onomatopées qui lui donnent un air des plus intelligents, non? Mais d'un coup, il ne reste plus qu'une seule et unique émotion dans la tête perturbée du Perplexe: la COLERE. Primaire, bête et brutale, il ne lui restait plus que cela alors qu'il retrouve assis sagement Guillaume de Jeneffe, ce qu'il y a de plus vivant, reconnaissable malgré les affres du temps et des privations, calmement au côté de la Rouquine Tyranne. Et que font-ils? Ils sont l'un contre l'autre, la main du Chevalier sur la joue de la Chevalière... Non mais c'est quoi ce mauvais rêve? Le sang lui monte à la tête, et les mots lui parviennent à la bouche sans qu'il n'y pense, sans aucun contrôle.
- Alors, c'est tout? On revient d'entre les morts et on se remet aussitôt après d'une jeune demoiselle? Pas même un bonjour, pas même un salut? Pas même ne serait-ce qu'une petite visite, quelques nouvelles, une missive, un mot, une trace... La voix du Perplexe se fait de plus en plus forte, de plus en plus possédé par cette rage refoulée depuis si longtemps, se déversant comme un geyser, explosant suite à cet incident, cette étincelle inattendue. Et on revient les mains vides, pas de calva, pas même la moindre bouteille d'alcool pour signer son retour! Et à peine de retour, c'est dans les bras d'une dame qu'on le retrouve! Bizarre, pas même un bâtard n'est venu pour prévenir de votre arrivée! Jeneffe, vous me décevez!
La frustration le faisait tremblait alors que se déversait le flot de sa colère. Ce n'est pas souvent qu'on voit le Perplexe en colère, mais qui dit occasion spéciale dit comportement un peu particulier...
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| | | Bérénice de Jeneffe
Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 30/11/2008
Feuille de personnage Nom: de Jeneffe Rang de noblesse: Baronne de Calmont de Plancatge et Damoiselle de Lorgie Rôle/grade: Ecuyer Personnel d'un vieux Chevalier vénéré
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Sam 4 Juin 2011 - 20:47 | |
| Suite à des phénomènes météorologiques d'ordre intemporel, elle avait passé peu de temps à ses côtés. Toutefois, cela ne l'avait pas empêcher de remarquer que le Perplexe, et bien il avait pas l'air bien jouasse. Fou ou suicidaire aurait été celui qui aurait osé à son encontre une petite bravade du type "alors l'Grand Maistre, vous en faites une tronche? Vous avez perdu vot' poney rose dans l'cul de Chli? Dois être à la seconde à droite". Chaque chose avait son moment, et là, c'était pas le moment. D'ailleurs, c'était pas le moment de grand chose, à part celui de continuer à garder bouche close et de suivre le Chevalier qui avait semble t il recouvrer un peu de regain. En général l'homme retrouve jeunesse lorsqu'il est question de trousser jupons (quels qu'ils soient, nobles ou domestiques). Mais là, à moins qu'on nous ai délibérément caché quelque chose, il n'était pas question ici de jupon. Juste d'un Flamand revenu dont on ne sait ou. Mais se pourrait il que...? Mais bref, cela ne nous regarde pas et il y a des choses qu'il est préférable de ne pas savoir, surtout pour un jeune esprit comme celui de la Lionne, encore chaste de toutes ces choses qui agrémentent passionnément la vie des adultes.
Père est revenu... Vous savez moi non plus je ne le croyais pas, mais... Je vous assure c'est lui. Il a changé. Mais c'est bien lui. Père est revenu... Paroles qui tournent en boucle sous ses boucles rousses. Elle a tant envie de le dire, de le crier même, parce qu'il est temps, bordel que tout le monde le sache, même si cela voudra dire qu'elle ne l'aura plus pour lui. de toute façon, elle ne l'a déjà plus à lui, il est parti avec ce Chevalier aux cheveux roux comme elle, Chevalier qui lui a volé un temps son frère et qui porte ce nom si dérangeant et synonyme de mort intérieure. Mais de sa bouche ne sort aucun son. Pas même ses lèvres ne s'ouvrent pour tenter de laisser s'échapper ces mots naissants. Son père est revenu et elle se frustre intérieurement de ne pas pouvoir le crier haut et fort . Elle sait que c'est lui, elle peut lui servir de caution et vu que la Rose est morte, elle seule peut désormais assurer ce rôle. Elle pourra le jurer sur son âme et son coeur. Père est revenu. Bon certes, elle n'avouera pas qu'elle lui a refusé l'accès à Marchiennes, qu'elle l'a forcé à établir campement sous les murailles du Castel en attendant qu'elle veuille bien lui accorder sa bienveillance. Elle ne dira pas non plus que, sur les honorables conseils de Bertille elle l'a finalement convié à une dîner pour un face à face des plus critiques. Elle n'avouera pas non plus qu'il n'a pas tout à fait retrouver son paternel statut, mais cela ne l'aiderait pas beaucoup. Et puis bon, avouons qu'elle n'est pas bien fière de son comportement peu digne de celui de la fifille à son papounet.
Enfin, notons qu'elle ne va pas culpabiliser longtemps la jeune de Jeneffe, juste le temps d'opérer un clash contact avec le Normand et de laisser, malgré elle, s'échapper quelques jurons. Si les retrouvailles avec le géniteur légitime avaient été marquantes, celles avec le Grand Maistre allaient être toutes aussi sympathiques. Non mais franchement, ça allait lui retomber sur le museau et c'est lui qui s'était arrêté comme une glandouille en plein milieu du chemin! Ca coute si cher que ça un Nithounet chéri avec des feux stop? Remarque, les Normands, parait qu'ils sont assez rapiats. Mais bon, ça va quand même lui retomber dessus. A moins qu'il soit tellement à s'essayer aux vocalises. C'est qu'il y a encore du boulot. C'était pas écrit dans la fiche technique qu'un Grand Maistre normand c'était multi tâche... Ou alors fallait lire les petites lignes? Cette arnaque, surtout si en échange il n'y a pas de quoi se satisfaire le gosier. N'est il pas?
Mais c'est là un autre débat. Parce que sur le coup, la poupée rousse, délaissa mentalement complètement le Grand Maitre. Elle occulta ainsi qu'elle l'avait bousculé, qu'elle avait disgracieusement juré et qu'elle devait au moins s'excuser. Excuses que le Perplexe n'aurait peut être pas entendues, vu qu'il s'était mis à exercer l'art du sermon, sermon qu'elle n'écouta pas. Elle avait vu son Père. Mais sa joie ne dura que quelques secondes, jusqu'à ce qu'elle remarqua qu'il était trop proche du Chevalier aux cheveux de feu. Bien trop proche. Sa Mère était morte et il venait à peine de revenir. Sa mère était morte et devant ses yeux il touchait une autre femme. Quand une blessure fait mal, elle vous arrache des larmes et vous donne l'envie de vous enfuir mais ne vous permet pas de le faire. Ses pieds sont comme scellés, elle reste immobile, comme si on la forçait à rester là, à attendre. Quoi? Il faut justement attendre pour le savoir...
Je vous déteste...
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| | | Guillaume_de_Jeneffe
Nombre de messages : 5019 Grade : Chevalier Date d'inscription : 16/07/2005
Feuille de personnage Nom: Guillaume_de_Jeneffe Rang de noblesse: Chevalier Rôle/grade: Grand Maistre
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Sam 11 Juin 2011 - 16:20 | |
| Et si le Grand Maistre n'avait pas fait son apparition, que se serait-il passé? Les confidences entre les chevaliers à l'écu barré se seraient-ils laissés aller à poursuivre leur dialogue ? D'autres non-dits auraient-ils été levés ? Peut-être, mais nul ne le saura jamais, reportant une fois encore la délivrance du flot des sentiments qui, trop engoncés dans leur gangue de métal, ne sortaient que rarement et créaient de véritables monstres à visage humain, qu'il soit ou non marqué des injures de lames trop entreprenantes. Car le Perplexe, ainsi que le plus vieux du trio l'avait baptisé il y avait de cela bien des années, était intervenu, brisant là la rencontre des deux esprits brisés.
Tout chez lui était colère, et le Flamand l'avait senti dès les premières syllabes. Toutefois, avant de porter son regard sur le Normand, il avait profité des derniers instants de contact avec la Vergy. Doucement, il retira sa main du visage féminin, laissant encore son regard se promener quelques instants sur cette face maintenant étrangement apaisée. Il lui sourit encore, comme pour clore leur échange sur une note de sympathie, ou d'empathie.
Désormais, les deux hommes se faisaient face, se jaugeant du regard comme deux duellistes prêts à sortir leur épée. Le Duc avait dégainé le premier, éructant comme le pire des nobliauds qui n'avait pas reçu sa dernière commande de pourpoints des Galleries Lafayotte avant de visiter Saint-Denis pour honorer des souverains défunts. Et pour faire face à cette situation, le Flamand avait une solution bien à lui : changer de sujet, ou d'humeur. Voire les deux. Ici, ce serait le ton qui serait modifié, car il ne voulait pas que l'ombre de mésententes recouvre son arrivée.
C'est le plat de sa main gauche qui vient marquer le changement, puisque d'un coup il vient la poser sur l'épaule de l'actuel porteur du collier d'or.
- La déception ? Oui, j'avoue, je ne me suis pas fait précédé par des trouvères, des jongleurs et des montreurs d'ours. Mais pour tout cela, je gage que le Louvre doit regorger de courtisans bien plus capables que moi de distraire l'esprit de ceux qui servent la couronne. D'ailleurs, nous irons les égayer tous les deux plus tard. Saint-Michel pourrait devenir notre pavillon de chasse parisien, en somme...
Il avait dit tout cela comme il aurait plaisanté avec un ami de longue date, ce qu'était certainement, d'une façon ou d'une autre, le Cassan. Savoir comment celui-ci réagirait, par contre, était une toute autre affaire. Un pari, au vrai, puisque cela pouvait également accroître la colère normande. Machinalement, le Flamand serra son pouce senestre, signe extérieur de nervosité intérieure. Puis il essaya de lire le regard de son interlocuteur, tentant d'y déceler le signe avant-coureur de la réponse qui lui serait servie.
Tant et si bien que son regard rencontra la crinière de feu qu'il chérissait tant, celle de sa jeune fille, de sa seule fille, qu'il voulait heureuse mais qu'il craignait toujours de blesser. Et à la voir en ce moment, le doute n'était plus permis. C'est bien une Lionne touchée au plus profond de son être qui lui faisait face, trahissant par d'irréguliers tremblements des sentiments qui ne faisaient guère de mystère. Elle ne voulait pas être là mais ne pouvait s'enfuir. Et lui donner l'autorisation de s'en aller reviendrait sans doute à lui faire sentir qu'il ne la voulait pas dans ses pieds, ce qui était tout le contraire de la réalité. Alors, il décida de la laisser souffrir plutôt que de lui donner une nouvelle raison de le haïr.
« Bérénice, te voici donc. Tu connais déjà le chevalier de Vergy, je pense. Nous discutions de la Licorne et de la France, et de choses qui lient les membres d'un Ordre royal. Des choses que tu apprendras, et dont tu souffriras, je le sais et le redoute ». |
| | | Cerridween
Nombre de messages : 2234 Grade : Tyran, Bourreau, Chevalier. Date d'inscription : 07/08/2007
Feuille de personnage Nom: Cerridween Rang de noblesse: Rôle/grade: Lieutenant Commandeur, Maistre d'Armes
| Sujet: Re: [RP] Sur les pas du temps perdu. Mer 15 Juin 2011 - 12:45 | |
| Allez savoir avec le Perplexe... leur grand jeu à tous deux étant de se taquiner à demi mots...
Elle ne l'a pas vu faire irruption. Elle n'a pas entendu les pas et le cliquetis de la canne. Elle a entendu la harangue. Elle a voulu détourner la tête, mais pendant une fraction de seconde, la main l'a maintenue dans l'espace des yeux bleus qui se sont détournés avec retard, ponctués d'un sourire. Elle est donc redescendue brutalement dans la réalité de sa fonction comme on tombe d'une chaise. Elle ne dit rien laissant la fureur s'abattre. Elle ne bronche pas jusqu'à ce qu'un mot vienne lui écorcher les tympans.
L'émotion avait déjà été grande. Au jeu des montagnes russes, le coeur de la Pivoine n'avait pas démérité. L'annonce, la vue du revenant, les confessions, la douleur, la douceur peu commune, la tristesse, la délicate chaleur d'un réconfort. Et elle sent là, s'échauffer ce petit point, cette petite fierté écorchée, celle d'avoir été faible, mais surtout le fait qu'ils l'aient vu faible. On ne devient pas chevalier, étant femme, sans se construire une carapace d'apparente indestructibilité, dissuasive. Presque théâtrale. Pour tous ici, elle était le Tyran, la réalité froide des lames, dont elle enseignait le maniement, la dureté, la cruauté aussi. Elle enseignait la douleur. Elle enseignait la façon de l'endurer jusqu'à la lie, à rester de marbre. Et elle l'incarnait, de pied en cape, comme la pierre.
Elle était lourde à porter cette armure d'airain, qui, si on l'observait attentivement, comportait un bon nombre de fêlures. On les voyait de loin, mais si on arrivait à s'approcher assez, si elle laissait faire, elles ressemblaient à de véritables ravins menant à des cicatrices, plus ou moins refermés, suppurantes encore, ou même maculées de sang.
Et à peine de retour, c'est dans les bras d'une dame qu'on le retrouve! Bizarre, pas même un bâtard n'est venu pour prévenir de votre arrivée!
Bâtard. L'insulte. Celle qui lui a collé à la peau. Bâtard. La faute. Celle d'avoir fait endurer ce qu'elle avait enduré elle-même. Accusée là, de frivolité, affublée d'un « dame » qui n'a rien de gracieux dans les propos irascibles du Perplexe, qui vient de perdre la contenance qu'elle lui connaissait dans toute situation. Il vient de la jeter dans la condition qui la marque au fer rouge jusqu'au bout de l'écu qu'elle arbore. Il vient de dévoiler cette cicatrice noire sur les armes De Vergy, en y rajoutant le crachat de la «dame», comme il aurait pu dire « catin ». Si elle en faisait sa fierté devant ses adversaires, là, non ce n'était pas pareil. C'était Nith, c'était lui, le Grand Maître, celui qu'elle sert depuis des années, celui à côté duquel elle a combattu. Le coup vient au flanc, du côté ami, comme en traitre.
Guillaume est déjà debout devant le Grand Maître, main sur l'épaule, en calmant l'orage. Avant qu'il ne rallume le feu... elle entend bien, dans les paroles adressées à sa fille, qui est en train de la fusiller du regard, qu'il se dédouane. Le soufflet revient en revers.... cuisant.
Elle se lève lentement. Le regard est dur, elle ne le cachera pas. Elle s'approche lentement des deux hommes avant de dire sur un ton posé, mais absolument pas avenant.
S'il n'y a que cela pour vous faire plaisir, Grand Maître, j'annoncerai moi même l'arrivée du chevalier la prochaine fois... ou bien je vous enverrai ma fille... j'ai par contre le déplaisir de vous dire que si nous sommes toutes deux bâtardes, ce n'est pas du fait du chevalier De Jeneffe...
Elle s'incline, sèchement pour prendre congés.
Chevaliers... écuyère...
Avant que ses pas la fasse sortir du jardin. |
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