D'azur et d'argent - quand la Licorne surplombe l'océan

Comme à son habitude, elle avait quitté la couche maritale le plus silencieusement possible afin de se préparer. C'est qu'il y avait du travail à vérifier cette fois. Ben oui qui dit cérémonie à l'extérieur, dit préparation de la dict cérémonie dans un lieu pas prévu à cet effet. Aprés ses ablutions, elle fit attention à sa vêture. Ce ne serait pas la première fois qu'elle officierait... mais la première en tant que GM, et pour cela elle devait faire mieux. Elle qui d'habitude faisait le minimum elle ne pouvait s'en contenter aujourd'hui. Ne rêvez pas, vous ne reverrez pas sur elle, le genre de tenue qu'avait porté le Chevalier Nith en son temps, non non je vous rassure. Par contre la surprise de la voir toute d'azur vêtue ça oui. Même le Shiska ça allait lui faire drôle, lui qui avait l'habitude de la voir plutôt toute de couleurs ternes et sombres vêtue ....

Enfin vous l'aurez compris, c'est donc l'azur qui allait faire sa grande entrée quand le temps serait venu, braies et pourpoint, l'épée qu'elle avait choisie lors de son intronisation par le Chevalier de Jeneffe, autrement appelé Chevalier Grand Grand, la dague offert par son époux il y avait de cela longtemps, glissé à la ceinture. Ses bottes de cuir propre à s'y mirer et enfin la Licorne d'Or glissée à son cou. Pas de couronne et autres babioles toutes aussi futiles. Non rien de tout cela, comme à son habitude, elle serra ses cheveux dans une tresse, sans ruban et autre fioriture.

Pas de cape, enfin pas pour l'heure, étant donné le lieu de cette cérémonie un peu spéciale, le vent pourrait être au rendez-vous et il serait peu pratique d'officier alors qu'un lourd drap claque dans votre dos, sans compter les étendards qui seraient déjà disposés sur l'estrade.

Bref, le temps été venu d'aller vérifier les préparatifs, que tout soit comme il faut, là ou il faut, et que rien n'ait été oublié. Elle traversa le dédale de couloirs avant de sortir de la cour de la forteresse et gagner les bâtiments de la première enceinte pour aller y chercher Cardinal qui devrait être prêt comme elle l'avait mandé la veille. Pas qu'elle n'aimait pas s'occuper de lui, mais elle doutait de bien commencer la journée en se battant avec lui dés potron minet. Elle flatta l'animal qui roulait des yeux, mécontent semble-t-il du traitement qu'il avait reçu... murmurant une litanie connue d'eux seuls, elle continua de lui tapoter l'encolure, avant de prendre les rennes et l’entraîner vers le poste de garde et rejoindre l'extérieur. C'est là seulement qu'elle mit le pied à l'étrier afin de grimper sur le frison qui n'attendait que ça, se dégourdir les jambes, ce qu'il ne se priva pas de faire, et elle ne lui tint pas la bride, le laissant passer rapidement au galop, le dirigeant vers les falaises, en direction de l'océan.

[Un peu avant prime, du haut de la falaise.]

La falaise donnait plein nord, et serait derrière la tribune qui avait été disposée de manière à faire face au sud, laissant donc le paysage magnifique de l'océan à perte de vue, au seul regard des membres de l'ordre, le Haut Conseil se contenterait bien de regarder les Licornes qui elles attendraient de savoir à quelle sauce ils seraient manger, voir jetés du haut du surplomb sait on jamais ce qui peut passer par la tête de ce HC ?

Tout était prêt. La tribune ou siégeaient les cathèdres au centre, des tréteaux soutenant des "choses" pour l'heure cachées par un drap frappé d'une licorne cabrée, les oriflammes aux couleurs de l'ordre claquant au vent. Le soleil n'avait pas encore pointé le bout de son nez, mais le ciel totalement dégagé laissé voir qu'à l'est l'azur prenait le pas sur la nuit, la clarté s'étendant au fur et à mesure que le soleil se levait. Nonobstant le vent qui forcirait sans doute d'ici quelques heures, cela augurait une journée plutôt agréable.

Les bancs des membres avaient été disposés comme en la salle du châpitre, les plus éloignés de la tribune réservés aux escuyer, les plus proches aux chevaliers. Par delà, resteraient les hommes et femmes d'armes, ainsi que les escuyers personnels. Pas de banc pour ceux-ci, déjà devront-ils être heureux d'assister à cette cérémonie dont ils étaient généralement tenus à l'écart. Entre les bancs et la tribune, se trouvait un siège, en retrait sur le côté. Il serait destiné au Héraut Plénipotentiaire qui serait présent.

Tout était en ordre, ne restait que l'ensemble de l'Ordre à attendre, et les membres du Haut Conseil qui prendraient leur place sur les cathèdres.

Un sourire aux lèvres, ravie que tout soit comme il faut, comme elle l'avait décidé, Bess s'était approché de la falaise, regardant l'océan dont elle avait si peur, frapper les pierres en contrebas. Elle ne voyait pas grand chose, mais le bruit qui lui parvenait lui semblait assourdissant, et l'écume blanche lui semblait des blessures promptes à s'ouvrir et se refermer dans l'ombre menaçante. Dieu qu'elle détestait cette longue étendue d'eau.

Secouant la tête, elle fit demi-tour pour rejoindre l'estrade. Le plancher de bois résonne sous les clous de ses bottes. L'heure était bientôt venue.

[HRP]Pour compréhension hrp et éviter les incohérences :

La falaise est face au nord.
L'estrade du conseil lui tourne le dos.
Les membres de l'ordre feront donc face à l'estrade et à l'océan.
Le soleil se lèvera donc à la droite des membres et à la gauche du HC ^^
Les HA/FA et Escuyers perso sont au delà des bancs des escuyers et se tiendront debout.[ HRP]

Nombre de messages : 108 Date d'inscription : 29/03/2012

A l'heure, elle était à l'heure !
C'est qu'elle ne voulait manquer pour rien au monde cette cérémonie et à plus d'un titre. Oh certes des cérémonies elle en connaissait diverses, mais celle-ci serait particulière.
Pour elle, une premiere. Pour la Grand Maitre de l'Ordre aussi, se rappela-t-elle, en vérifiant les documents qu'elle avait en sa possession.

Laquelle GM se trouvait pour le moment seule. L'approcher ? ou pas ?
Elle nota la tribune, les bancs qui lui faisaient face. Et là où l'astre se levait, un siege accompagné de la classique écritoire de qui allait annoter des documents. Dos à la lumière, pour mieux voir ce qu'il faudrait écrire, enregistrer. Pour rester aussi dans l'ombre discrete.
L'ordre possédait-il un officier scribe ou alors serait-ce sa place ? Dans le doute, elle conserva sa besace à son coté, et s'approcha finalement de la silhouette isolée.

Silhouette d'azur, là où la sienne était vetue tout aussi sobrement d'un gris perle, ou argent terni aurait dit une autre. C'est qu'à force de lavages... Chevelure tout aussi tressée, pour la blonde normande. Regard d'emeraude qui fixa un instant le ressac sous ses pieds, réconfortant et coutumier en Normandie. Le vent léger pour la normande, battait les étendards, leur donnant vie propre, gonflant les jupes. La normande se sentait chez elle sur cette falaise, et inconnue tout à la fois face à cet Ordre reconnu et renommé. C'est presque dans un murmure par respect pour ces éléments naturels, qu'elle prit finalement la parole.

Le Salut, Grand Maitre.
Quel grand jour pour un Ordre que celui où il voit reconnu l'investissement de ses membres.

C'est au bord d'autres falaises qu'elle a grandit la Sorcière. Face à l'océan, face au déchainement des tempêtes se brisant sur les lames des roches bretonnes. Elle n'avait jamais été sur les falaises normandes et c'est le cœur battant qu'elle avançait sur le chemin pentu qui menait à la pointe des terres de Ryes. L'odeur si particulière, madeleine de Proust s'il en est, lui fit ressurgir tant et tant de souvenirs. Et ce bruit lancinant avec lequel elle s'endormait dans son enfance, bercée même pendant les plus violentes tempêtes.

Elle était venue à pieds. Oui, pour une écuyère ça paraissait toujours étrange. Mais même si elle avait appris à monter depuis quelques mois, elle préférait, malgré tout, toujours la marche.

De nuit, elle avait arpenté les chemins jusqu'au lieu dit où elle arriva à l'aube, quelques minutes après le Grand Maitre et le Héraut qu'elle ne connaissait pas.
Vêtue comme à l'accoutumé, de lourdes bottes de marche noir, braie et cape de même couleur. Seule sa chemise anthracite donnait un semblant de couleur au sombre tableau. Tout comme le Grand Maitre, aucune couronne, aucun collier, aucun bijou si ce n'est l'alliance qu'elle ne quitte plus.
Passant à coté des bancs des écuyers, elle se délesta de sa cape noire, arborant alors le mantel gris de son rang, le fauchon, qu'elle avait fait gravé d'une licorne à sa pointe, et qu'elle avait choisit lors de son entrée dans l'ordre à son flanc droit.
Posant le lourd pan de tissu et son bâton de marche sur le siège, elle s'approcha de l'Azur et la salua, s'inclinant, main gauche sur le cœur.

Mes hommages Grand Maitre...

Reportant son attention sur Perrinne, ne sachant pas vraiment quel dénomination lui donner, elle se contenta de faire simple quitte à se faire foudroyer.

Dame...

Ne voulant les déranger, elle prit le parti de les laisser et d'aller au bord de la falaise pour s'abreuver de l'énergie de l'océan, sa puissance, sa force.
Et elle attendit ici que les autres arrivent pour les rejoindre et débuter cette cérémonie particulière.

Il avait quitté tôt les murs rassurants et protecteurs de la forteresse.
La cérémonie devant se tenir hors les remparts, prenant place en surplomb des imposantes falaises normandes, comme gardant depuis des millénaires et pour encore des siècles et des siècles les frontières du Royaume face à cet Océan immense, il avait souhaiter user de cette occasion pour chevaucher quelque peu auparavant.

Le vent frais de ce prometteur matin avait tôt fait de totalement le désensomeiller, les bourrasques iodées fouettant son visage, emplissant ses poumons d'un air pur et réparateur.
A mesure que sa monture avalait les lieues, il avait le sentiment que tracas et inquiétudes s'envolaient en volutes disparates dans son sillage, le soulageant, pour un court instant hélas, du poids pesant sur ses épaules depuis tant et tant d'années.

Et pour un instant enfin, quelques brefs moments volés à une vie entièrement dévouée à son Ordre et à son Royaume, il était parvenu à retrouver une forme de légèreté, de celle qu'il lui semblait avoir quitté longtemps auparavant, alors qu'il n'était encore qu'un simple et pauvre homme errant, tout juste arrivé en les terres limousines qui furent celles qui surent l'accueillir enfin.

Aurait il pu, en cet instant précis, lâcher bride à sa monture et chevaucher ainsi des heures durant, tentant vainement d'échapper ainsi à son destin?
Aurait il voulu ne pas rebrousser chemin et ne jamais retrouver les préoccupations et charges qui étaient les siennes?
Aurait il réussi à s'enfuir, là, sur ce que d'aucun auraient pu appeler un simple coup de tête?

Qui sait?

Mais avant même que ces pensées ne prennent entièrement pied en l'esprit du chevalier, celui-ci avait fait tourner bride à son cheval, regagnant directement, mais à pas plus lent désormais, le lieu de la cérémonie future.

Mettant pied à terre et confiant sa monture à l'un des hommes d'armes dédié en ce jour à cette fonction, il se dirigea rapidement vers l'estrade dressée, sa cape azur flottant quelque peu derrière lui, dévoilant vêtements sombres qu'il avait coutume de porter en toute occasion, son épée à la licorne frappée battant son flanc.
Il sentait la sueur dans son dos, résultat de sa toute récente chevauchée. Baste! Ce n'est pas le Grand Maitre qui lui ferait remarque pour ne pas s'être pimploché et poudré avant que de venir icelieu, n'est ce pas?

Regard rapide embrassant le paysage et les lieux préparés.
Voilà une cérémonie qui serait pour le moins originale, sans toutefois sombrer dans les artifices de mauvais goût.

Trois personnes déjà étaient présentes, leur soeur Karyann légèrement en retrait, proche du bord de la falaise, Le Grand Maitre justement, en compagnie d'une jeune femme qu'il en semblait pas pour l'heure encore reconnaitre.
S'approchant du duo, il les salua d'un silencieux signe de tête, agrémenté d'un léger et très discret sourire à Bess dédié, avant de prendre, tout aussi silencieusement, place sur l'estrade en son fauteuil, situé à côté de celui du Grand Maitre.
Il n'aimait pas parler en ces cérémonies, silence et recueillement devant être à ses yeux l'un des piliers de pareil moment.

Immobile, scrutant l'horizon et les murs de Ryes, il attendait.

Le 28 mai, rendez-vous sur les falaises. Cela aurait pu passé pour une invitation romantique, une rencontre entre amants au petit jour naissant, à une escapade. Mais non. C'était surtout le lieu où le Haut Conseil les attendait pour une cérémonie. Ce n'était pas la première fois qu'elle se passerait hors des murs de la forteresse même si cela restait tout de même rare. La dernière fois c'était en Maine si elle se souvenait bien. Là encore tout le monde avait pu y assister tandis qu'elle était de faction et apprenait à Rems et Alfgard le cul de chouette. Du moins avait tenté de.

Il faisait donc encore nuit lorsqu'elle se leva et commença à se préparer, se lavant rapidement avant d'enfiler braies et bottes habituelles en ce lien et de revêtir sa cape aux armes de l'Ordre. La vie avait commencé à s'éveiller au sein des murs de pierres tandis qu'elle parcourait les couloirs pour se diriger vers la sortie puis les écuries, d'un pas rapide. Elle ne serait certes pas en retard, chose qu'elle n'aimait point mais qui lui arrivait bien souvent hélas. Noisette, sa jument, était là à l'attendre et ce fut à l'animal d'être préparé pour amener sa maitresse jusqu'en bord de mer. Là encore ce fut rapide, tout comme le galop à peine sortie. Court moment où Marie se sentait légère, où son esprit se vidait, laissant place à une sorte de griserie.

Sur place, le décor était déjà planté: estrade et oriflammes claquant doucement et quatre silhouettes se profilaient sur le décor sauvage et grandiose. En contrebas, nul besoin de se pencher pour vérifier que l'eau était bien là, celle-ci venait se fracasser contre le calcaire à intervalle plus ou moins régulier, battant une curieuse mesure, presque comme un battement de coeur. La mer. Cette étendue d'eau immense qui fascinait Marie au-delà de toute mesure. Plus tard elle irait certainement s'en approcher pour s'y perdre, en pensées. Mais pour l'heure elle glissa à bas de sa monture, l'attachant à l'endroit prévu avant de s'avancer vers les personnes présentes, un sourire aux lèvres.

Bonjour Grand Maitre.

Hop ça c'était fait pour Bessou.

Perrine, heureuse de vous voir. Comment vous portez-vous?

Ah la blonde normande, que de souvenirs provoquait-elle à chaque rencontre.

Bonjour Karyann.

Assez fort pour que la jeune femme en retrait puisse l'entendre puis cette fois à son frère.

Bonjour mon Quiqui.

Bien, restait à attendre, sagement.

Aucun bruit, rien, la forteresse était muette, hormis le bruit du vent. La forteresse dormait, et lui aussi il y avait encore peu de temps. Et il serait d'ailleurs bien resté encore un peu au lit. Mais non, il ne le pouvait, elle avait été claire la veille et voilà donc qu'Elias avance d'un pas lent pour s'acquitter de sa mission. Non sans une certaine appréhension. Déjà en temps normal, la bête n'est pas des plus aimables avec lui, bien qu'à présent elle lui ait accordé un peu de confiance, après tous ces mois à prendre soin d'elle. Mais là, à cet heure-ci, il espère qu'elle réagira au mieux. Le voilà donc prêt à préparer l'animal. Doucement il s'approche de ce dernier tout en veillant à garder une certaine distance de sécurité entre l'équidé et lui. Deux oreilles qui bougent, un long soupir s’échappant des naseaux. A l'évidence, il est réveillé. Tant mieux soupire Elias.
Veiller toutefois à amadouer un minimum la bête.

Cardinal, mon beau, c'est moi Elias.

Et de poser sa main sur l'encolure pour flatter le cheval d'une caresse. Tout en continuant à lui parler doucement, avec douceur. Et là miracle, tout se passe au mieux.
Quelques minutes plus tard, le cheval de Bess est prêt à être monté, comme elle l'avait exigé la veille.
Nouvelle caresse adressée au grison, légère tape de la main ouverte. C'est à présent à son tour de se préparer pour cette cérémonie.
Puis direction les falaises. Une cérémonie doit s'y tenir, et il est à nouveau convié. Mais bon, il n'est que simple écuyer d'un membre de l'ordre, certes le GM, mais simple écuyer personnel. Quoiqu'il en soit il est heureux de pouvoir y assister, tout en ignorant de quoi il va s'agir. Bess ne lui ayant dit mot de ce qui allait se passer sur ces falaises.
L'endroit est magnifique, l'océan, ces falaises, les étendards et le vent.
Un instand il hésite pour s'avancer vers le bord des falaises, comme pour admirer la vue, tout comme semblait le faire Karyaan. Mais il n'en fait rien, il n'ose pas. Il salue respectueusement les personnes déjà présentes, sans vraiment se faire remarquer, et reste là, debout immobile, à l'endroit où on lui a expliqué qu'il devait s'installer. Au delà des bancs, face à l'estrade et à l'océan

Une nouvelle cérémonie d'intronisation. C'était la quatrième à laquelle assisterait Walan depuis son arrivée dans l'Ordre. Ou la cinquième ? A moins que ce ne soit que la troisième. Il était présent depuis si peu de temps -comparé à beaucoup d'autres, bien entendu- et voilà qu'il commençait déjà à perdre le compte ... La chose n'était guère sérieuse mais pourtant terriblement vraie. Fallait-il y voir un signe quelconque ? Non, probablement pas, juste un réveil aux aurores -et même avant- pas encore complétement terminé.
En tous les cas, une chose était sure : c'était la première cérémonie qui se ferait hors les murs de la citadelle à laquelle il assisterait. Et la première où seraient conviés également les hommes d'armes. Fallait-il y voir un signe quelconque ? Cette fois oui, probablement. Après tout, que ce soit à la Licorne ou ailleurs, chaque dirigeant d'une organisation avait ses méthodes et façons de faire, chacun laissait sa propre marque. Celle du Grand Maître Bess serait-elle une marque ~~de bronzage~~ d'extériorisation et d'ouverture, à l'image de cette cérémonie ? La Licorne sort de ses murs et va au grand air et au grand jour ? L'avenir le dirait.

Toujours est-il que Walan se présenta sur la falaise, vêtu de l'une de ses habituelles tenus de noirs, d'azurs et d'argents. Ses propres couleurs, qui étaient également pour partie celles de l'Ordre. Heureusement que ses armes n'étaient pas de sinople, de pourpre et de gueules sans quoi le mélange aurait-il été ... particulier. Sur ses épaules, la cape d'Errant, et à son côté son habituelle épée. Sans Repos n'avait jamais cru aux armes d'apparat. Avec divers signes de têtes respectueux et légers sourires aux un(e)s et aux autres (devinez qui a eut droit au léger sourire le plus long ?), le vicomte alla se placer sur le banc d'où il suivrait la cérémonie, observant cette masse d'eau mouvante, vivante, de l'air mi-perplexe mi-fasciné de ceux qui n'ont découvert une telle chose que fort tard. C'était le cas de Walan, né et élevé lorrain, puis dauphinois après l'exil et la fuite, qui n'avait découvert l'océan qu'alors qu'il avait passé la vingtaine.

Silencieux, contemplatif presque, il patienta donc face aux embruns.

Quand ça se passe au châpitre aucune surprise sur qui qui arrive en premier ... d'ailleurs c'est le quiqui qu'elle s'attendait à voir en premier, mais non c'est une Perrine qui fit son entrée en scène. Elles se connaissaient pour avoir travaillé ensembles à la Curia, ce fut d'ailleurs une bonne surprise de voir qu'elle était héraut plénipotentiaire de l'ordre, c'est toujours plus facile quand on sait avec qui on doit travailler.

C'est donc avec un large sourire que Bess accueillit l'Héraut

Bonjour à vous Normandie... et oui vous avez raison, un grand jour surtout pour ceux qui seront appelés et qui ne le savent pas encore.

Regard vers les bancs alors que Karyan et le Maitre de Guerre entre eux aussi en scène, suivi de peu d'une marie et les arrivées qui se succèdent les unes aux autres.

Je pense que chacun d'entre nous se rappel ces cérémonies ou l'on se voit récompensé d'un dur labeur et de concession au delà de ce que peuvent imaginer celles et ceux qui ne voient en nous que des soldats. Sourire qui s'élargit C'est un jour spécial pour ceux là, et j'espère qu'ils s'en souviendront comme je m'en souviens.

Et les saluts qui se succèdent les uns aux autres, bon elle va pas faire la bise à tout le monde, faut arrêter de déconner. Elle se tourne à nouveau vers Normandie, et lui indique le siège installé en bas de l'estrade.Vous aurez vue imprenable sur cette cérémonie, ce qui n'est pas donné à tout le monde, j'espère que cela vous suffira.

Voilà, l'heure approchait à grand pas, ne restait que les retardataires qui avaient intérêt à pas être en retard d'ailleurs... sinon ils allaient voir du pays moi j'vous l'dis

Il y a des mots qui faisaient écho, et ceux-là n'avaient pas manqué d'interpeller la rousse... Les falaises... Elle ressentit au plus profond de son être un ressac mouvementé, une houle bienfaitrice. Sentir les embruns sur son visage, fermer les yeux et laisser son visage au vent alors que son cheval l’emmènerait au galop au lieu-dit... Elle s'était préparée la veille au soir prévoyant éventuellement de quoi se changer avant d'arriver à la cérémonie d'intronisation qui pour une fois éveillait autre chose en elle de par son lieu. Elle n'avait rien dit à personne, juste préparé son escapade nocturne, pour voir le soleil se coucher dans l'eau et se laisser bercer par les clapotis. Combien de temps cela faisait qu'elle ne s'était pas ressourcée vers ces étendues qui la submergeaient et l'envoyaient toujours dans des souvenirs profonds. Ils n'étaient pas tous très joyeux, mais le temps avait fait son chemin, calmé son cœur et pansé l'âme de l'irlandaise. Une autre chose lui avait fait retrouver son équilibre, mais cela elle préférait le garder en son sein, savourant chaque instant ce que la vie lui permettait de vivre.

Assisse toute proche des falaises elle se souvenait de ce que son père lui avait conté plus d'une fois pour qu'elle ait en elle cette terre où elle était née et que par obligation ils avaient quittée :
Qui n'a pas un jour flâné le long d'un petit chemin empierré ne peut prétendre le sens profond des mots douceur, calme, sérénité. Tout autour de nous, les murets de pierres parcouraient la campagne en tous sens, comme dans un gigantesque ballet, et quelques moutons paissaient au pied de ce manège immobile.
A l'horizon, les nuages continuaient de s'accrocher aux montagnes, comme une couronne sur la tête d'un roi. Sans doute devraient-ils s'alléger de quelques gouttes de pluie pour les franchir. Et cette tourbe noire et humide que l'on détachait du sol et qui nous servaient à réchauffer nos maisons. Plus d'un ne s'imaginerait pas voir cela brûler dans leur cheminée...
Et en bord de mer, le roulement des vagues et les cris des mouettes venaient rythmer cette quiétude, plutôt qu'elles ne venaient la troubler, et le vent d'ouest qui nous caressait le visage nous faisait penser que celui-ci venait peut-être directement de l'autre côté de l'océan : le prochain pays, après cette falaise vertigineuse... Nous scrutions le ciel en espérant être rentrés avant l'averse qui ne manquerait sans doute pas de se produire. Mais même si l'on se mouillait un peu, ce n'était pas grave...

Elle s'enroula dans sa cape alors que le soleil avait déjà rejoint ce mouvement incessant de l'eau, se noyant et s'absorbant, ne faisant plus qu'un... La nuit maintenant était installée, et elle replongea dans ses souvenirs, quand après avoir quitté Paris et rejoint l'Auvergne, le soir son père lui lisait les contes et légendes d'Eireann... Qui des elfes, des fées ou des leprechauns viendraient pendant ses nuits peupler ses rêves...
Sans oublier sa langue maternelle, le gaélique. Ici il ne lui servait pas à grand chose, bien que plus d'une fois elle y avait eu recours, croisant de ci de là des descendant de clans à jamais perdus ou oubliés... Et les mots venaient résonner dans sa tête... Ruadh. Muir. Athair. Fàilte...*

Elle finit par lâcher prise, se laissant aller à même le sol pour trouver un peu de repos avant que les premiers rayons du soleil ne fassent leur apparition... Elle voulait avant de retrouver ses frères et sœurs, monter en selle et s’enivrer, galoper et faire battre son organe vital à le faire exploser, sentir cette adrénaline si forte qu'après elle ne pourrait qu'être envahie pas ce bien être, fatiguée sans doute mais si agréablement.

Et ce fut l'heure, elle était prête, elle était là. Face à la mer... Bien avant les autres, voir sans être vu... Droite dans ses cuissardes, tenue noire sauf sa cape qui volait au vent. Tenue noire sauf ses cheveux roux claquant comme les azurs de la Licorne... Ils arrivaient les uns après les autres, elle tenant fermement la longe elle s'avança enfin, confiant sa monture à un homme d'armes. Elle remit son épée frappée de la bête à corne et tout dans un état second fit son entrée. Simple signe de tête à l'assistance elle rejoignit le banc des errants.

* Roux. Mer.Père. Bienvenue.

28 au matin, pas de Bess à l'horizon. La chose n'avait rien de bien exceptionnelle mais pour une fois qu'il avait reçu une invitation en main propre qui expliquait le pourquoi du comment il allait pas faire la fine bouche. Elle était comme ça la Bess, elle prenait grand soin de se préparer seule pour toutes les grandes cérémonies auxquelles elle avait à faire face. ça avait été le cas depuis qu'il la connaissait et il savait très bien qu'il fallait lui laisser son intimité. Ces moment n'appartenaient qu'à elle et de toute façon elle savait très bien qu'il n'était jamais loin. C'est donc sans grande précipitation ou attention envers ce que faisait sa Louve que le Loup se leva et s'habilla pour la cérémonie qui allait se dérouler. Tenue de cérémonie de rigueur, il avait revêtu la cape frappée de la licorne que son statut d'Errant lui conférait le droit de porter. Il avait ceint l'épée qu'il avait reçu lors de son intronisation et avait pris la direction de la falaise qui allait accueillir la cérémonie.

Il avait pris un certain temps avant de trouver effectivement la dite falaise. La première raison était que son canasson qui avait autant que caractère que Cardinal avait pris un malin plaisir à balader n'importe où son propriétaire. Mais il y avait de bonnes différences entre les deux chevaux qui se côtoyait souvent. La première était que le frison du Loup adorait par dessus tout faire enrager son maitre. A croire que les grognements émis dès lors sonnaient comme musique à ses oreilles et que les coups dans les flancs le massaient à merveille. La seconde était que le Loup était très loin d'être un cavalier hors pair contrairement à Bess. Prenez un chemin pentu, une cape prise dans le vent qui fouette le cheval et son cavalier et le temps file comme le vent.

L'estrade surplombait la falaise et la mer en contrebas. Comme si cet endroit était le dernier rempart du monde civilisé et que tout ce qui en dépassait se faisait irrémédiablement happer par l'insondable étendue bleue. Enfin bleue... dans le meilleur des cas. Parce que quand elle se déchaine j'aime autant vous dire que les clichés du bleu tout ça ben ça tombe à l'eau... Un vrai cauchemars pour le Loup qui avait une sainte horreur de l'eau et qui nageait comme une pierre. Enfin bref plusieurs membres de l'ordre avaient déjà pris position lorsqu'il se rapprocha vers les places réservées aux Errants. C'est alors que son regard se pausa sur le grand maitre de l'ordre tout d’azur vêtu. Les yeux étaient grands ouverts, figés dans une stupeur dont il ne s'attendait certes pas. Les tremblements fort heureusement ne furent pas de la partie et c'est avec un sourire plein de fierté qu'il alla saluer ses frères et sœurs déjà présents.

Bise faite à la Marie, parce qu'elle le valait bien. Salutations respectueuses à Walan et Eng, parce qu'ils le valaient bien aussi. Baise main de rigueur aux personnages féminins qui étaient présents bien que certains lui étaient inconnus. Dessus du crane de l’écuyer personnel de la louve tapoté puis il se planta devant la Grande Maitresse de l'ordre Royal de la Licorne avec un sourire en coin.

Bonjour grand maistre, j'aime beaucoup votre tenue. Ainsi que votre dague d'ailleurs. M'est avis que celui qui vous l'a offert est un fin connaisseur...

Il se rapprocha alors d'elle pour lui murmurer à l'oreille.

Tu es très belle... et tu vas faire forte impression. Rappelle toi, je ne suis pas loin...

Sourire en coin, main prise et serrée avec discrétion, le Loup lâcha prise et alla rejoindre les places laissées aux Errants de l'ordre et prendre place près d'une certaine rouquine.

Cela faisait quelques jours que Fool résidait à la forteresse en prévision de la cérémonie d'intronisation. Cela l'avait changé d'être quelques jours de suite dans un même endroit connu, en lieu et place de chemins boueux ou de villes étrangères.
Le lieu de la cérémonie aussi changeait. Encore qu'il ait peu connu de cérémonie auparavant. Il se rappelait d'une autre cérémonie menée aussi en dehors de la salle du chapitre, dans une forêt mais il ne savait plus très bien de quelle contrée...

Toujours est-il que pour celle-ci, il connaissait le pays. Il avait choisit d'y aller à pied ça lui changeait du cheval. L'air frais du matin naissant était bien agréable et utile, surtout, pour terminer de disperser les dernières vapeurs de la nuit.

La cape volait au vent. Son épée d'un coté et le fléau d'arme frappé de la licorne, arme qu'il avait choisit à son passage comme écuyer, de l'autre battaient la mesure de ses pas. Il s'entrainait dès qu'il pouvait avec cette arme atypique. Ses progrès étaient certes lents mais réguliers malgré tout.

Il arriva enfin face à la mer; et accessoirement à l'estrade montée pour l'occasion. Les premières mouettes et gouelands prenaient leur envol. Fool leur jeta un coup oeil suspicieux. Ces maudites bêtes avaient la mauvaise manie de prendre votre chef pour un pot de chambre. Il ne souhaitait pas terminer la cérémonie recouvert de guano.

Cet océan l'étonnait. Lui habitué à cette mer si calme qu'est la Méditerranée. L'océan était à la fois un sujet de crainte devant la force déployée et de curiosité sur les raisons qui le rendait différent de la Mare Nostrum. Entre la crainte et la curiosité, il n'y avait qu'un pas à franchir, un jour, pour succomber à l'appel du large...

Déjà plusieurs silhouettes étaient présentes. Certaines regroupées, d'autres déjà à leur place. Il se dirigea vers elles et les salua.

Le bonjorn chers soeurs et frères. J'espère que le temps qui s'annonce sera de bonne augure pour cette journée.

Les dernières étoiles disparaissaient vers l'occident alors que le feu de l'astre solaire commençait à réchauffer l'orient.

Roseraie en Ryes

La roseraie avait repris vie, et les fleurs embaumaient enfin l'air de la forteresse. Que dire de la lubie de l'Etoile dans la tenue de cet endroit qu'elle avait fait naitre au sein de ce lieu si droits, gris, de pierres. Qu'elle y tenait.
Aussi ce matin là ses pas l'avaient menée dans les allées bordées de ces roses en pleine floraison. Un instant elle s'octroya le luxe de s'assoir un instant, moment de calme et de quiétude, lui permettant de fermer les yeux un instant, humant l'air, faisant fuir ses démons.
Alors l'Etoile, elle en était où au fait de sa vie ? Une âme de soldat oui bien sûr, sinon elle ne serait pas là. Mais est ce que le fait d'être licorne faisait il l'homme ou la femme en ce cas? Certainement pas. Chacun avait ici âme, histoire, famille et vie antérieure... vie future à construire. Là c'était peut être moins évident lorsque l'on donnait sa vie pour son Ordre, son Royaume. C'était peut être l'erreur qu'elle avait commise à ces débuts en la Licorne, s'oublier complétement.... à en perdre sa famille. Bien sûr , elle était entourée de ses frères et soeurs en l'Ordre mais ...
Elle rouvrit les yeux puis sourit alors que l'image d'Alan venait à elle
.. jolie rencontre d'un Instructeur de l'Ost et d'un aspirant, puis d'une Licorneuse et d'un Impétrant, devenu Homme d'arme.
Ils avaient traversé la dernière levée de ban en des armées différentes, ne s'étaient pas vu durant de trop longs mois jusqu'à revenir en Dauphiné afin de plier bagages. ILs coulaient enfin quelques instants de répits.

Le temps lui ne s'arrêtait pas et continuait sa course dans le ciel. La silhouette se leva alors sans peine et une main lissa sa tenue par habitude peut être. Ses cheveux lissés, maintenus en chignon vu l'endroit indiqué pour ce nouveau Chapitre. Les cheveux hirsutes, volant au dessus de la tête, ça fait toujours désordre, non ?
Par contre, comme à son habitude, sa tenue était sobre. Seuls les signes de la Licorne se détachaient de sa tenue : son épée plaquée contre sa cuisse, gantelets, un peu d'azur. Il ne fallait pas être en retard sinon c'était les foudres de Bess qu'elle devrait subir....

Au vent sur la falaise

Le Grand Maitre avait des lieux de réunion assez atypiques, mais c'est ce qui faisait son... charme. ALors , cette fois ci, elle avait décidé de prendre le large, de faire rouiller les pièces d'armure face aux embruns de la mer et d'aérer quelque peu les chevaliers qui ne prenaient plus l'air enfermés dans leur bureau.
Léger sourire aux lèvres, ses pas l'amenaient vers la petite assemblée qui s'était déjà formée. Elle salua ses frères et soeurs, inclinant le port de tête puis s'inclina plus à propos devant le Grand Maitre.

Le bonjour à vous s'adressant au petit comité Nous avons encore la chance de ne pas avoir de tempête ce jour ....
Un petit sourire taquin vers le Grand Maitre et elle recula se faisant plus discrète vers les rangs des Cavaliers

28 mai, de bon matin. Le cavalier se rendait en silence sur le lieu de la nouvelle cérémonie. Décidément, les traditions semblaient se perdre ces derniers temps, la salle du chapitre n'ayant pas pu ses lourdes portes s'ouvrir depuis bien des semaines. Si toutefois changement il y avait, ce n'était sûrement pas pour déplaire au gardon, non pas qu'il n'aimait pas l'ambiance particulièrement solennelle de la dite salle, mais un peu d'air frais, et la présence toute proche de l'océan serait autrement plus revigorante que l'austérité d'une salle de la forteresse, quels que soient les efforts déployés pour donner à celle ci une envergure certaine. S'ils pouvaient avoir en plus une journée chaude et ensoleillée, cela finirait de ravir le rouquin.

A peine le poste de garde était il passé, que Flaiche prit la direction des falaises. Il aimait particulièrement voir la déferlante de vagues toutes aussi puissantes les une que les autres s'écraser avec forces sur les rochers en contrebas. Il pouvait s'y perdre, restant immobile a contempler le spectacles des heures durant, juste bercer par les mots et autres tournures qui ne manquaient que rarement de chantonner dans la tête du troubadour. Qu'en serait il maintenant qu'il ne pouvait plus voir que d'un oeil ? Le décor perdrait il de son charme, de son intensité ? Il n'avait pas encore fait l'effort d'y retourner, et l'occasion qui lui était donné n'en tombait que mieux, ainsi, il saurait. Les bonnes dispositions dans lesquelles il se trouvait l'empêcherait peut être de repenser aux événements tragiques de son existences, qui s'amusaient à l'assaillir lorsqu'un que quelque chose venait suffisamment assombrir son humeur. Cela n'arrivait cependant que rarement, d'un caractère jovial et rieur de nature, il n'en fallait quand même pas peu pour parvenir à ternir son entrain. Un gardon reste un gardon après tout.

Le cavalier longea la falaise, sourire au coin des lèvres, ayant constaté que d'un oeil, le panorama était toujours aussi grandiose. Pour cette fois cela dit, il ne risquerait pas de se perdre en contemplation, il n'était pas venu pour le plaisir de la vue mais bien parce qu'on l'y avait convié, lui comme tous les autres membres de la forteresse. La vie de l'Ordre suivait son cours. Aujourd'hui certains se verraient récompenser de leur implication, de leur dévouement. Nulle doute que d'autres verraient espoirs et illusions partir avec le reflux des embruns. Redoubler d'effort serait alors la seule chose à faire, être seul juge de ses propres mérites était une erreur dangereuse qui conduisait souvent sur la voie de la faute. Il avait lui même emprunté il y avait quelques années les voies de la colère, mais avait vite constaté que cette voie ne pourraient que le desservir, et que s'octroyer soi même des mérites n'aboutissaient qu'a un égoïsme bien loin de la voie qu'il voulait embrasser. Trop nombreux étaient encore ceux qui estimaient l'obtention d'un titre comme le but à atteindre, alors que les vrais chevaliers ne le devenait qu'en faisant corps avec la voie qu'ils avaient choisit.

Ce fut sur ces considérations que le rouquin aperçu membres et autres préparatifs de la cérémonie à venir. Il s'approcha en silence et saluant ses frères et soeurs, trouva une place sur le banc des cavaliers. Soupirant légèrement de satisfaction, il remercia intérieurement la personne ayant eu l'idée de ce lieu parfait pour une cérémonie, et attendit paisiblement que cette dernière commence, un léger sourire au coin des lèvres.

Tous sur la falaise pour la prochaine cérémonie d’intronisation, qu’ils avaient suggéré … Quelle chianlit ! Déjà qu’il passait le plus clair de son temps à se cailler les miches sur les routes, à ramasser des seaux de flotte sur la cafetière, à cuire lamentablement au soleil sur les créneaux des divers châteaux du Royaume, à lutter contre vents et bourrasques pour tenter d’allumer un petit feu dans leurs campements de fortune … il allait falloir se mesurer aux aléas de la météo Normande réputée pour ses caprices !

Miroir, mon beau miroir, dis-moi qu’il ne va pas pleuvoir. S’il la météorologie avait existé à l’époque, il se serait directement adressé à Catherine ou à Evelyne [Laborde et Dhéliat, pour ceux qui ne connaissent pas]. Mais là, c’est en contemplant sa bassine emplie d’eau pour se débarbouiller qu’il se posait la question … Ben oui, parce qu’en plus, les miroirs c’est que pour les Dames qui veulent se faire belles … Lui n’en avait pas …

Il la connaissait bien cette falaise escarpée surplombant la Manche, et protégeant en partie le Royaume des tentatives d’incursions Angloises. Ça ne faisait pas que quelques jours ou semaines qu’il traînait ses bottes en Normandie. Des lustres, dont il ne savait plus combien en fait, qu’il y revenait entre deux missions, quand l’occasion lui en était offerte.
Des intronisations, il en avait suivi à la pelle, tant et tant qu’il ne savait même plus combien. Chacun des officiants y était allé de sa touche personnelle, y allant de la décoration à sa propre vêture. Mais là, y’avait de l’abus.

Revenons-en donc à nos moutons, qui en Normandie se font plutôt rares, priorité étant donnée aux bovins. Le lait, la crème fraiche, les fromages, c’est qu’il en fallait des vaches pour alimenter tout ça. Mais tout ceci ne l’avançait guère dans ses ablutions matinales, et encore moins dans le choix de sa garde-robe. Alors, chemise blanche ou chemise blanche ? Braies noires ou noires ? Le choix était des plus cornéliens, n’est-ce pas ? Après en avoir terminé en douze minutes, vingt-cinq secondes et huit centièmes, notre Ténébreux de circonstances était enfin paré à aller jeter tous les impétrants du haut de la dite falaise … Bah quoi ? Tu ne leur as pas dit Bess qu’il y’avait un baptême de l’air et de l’eau ? Et que le feu ce serait après pour le méchoui ? Ah ben tant pis, la surprise est gâchée.

Allez hop, son épée bien remisée, son collier passé autour du cou (collier qui semblait peser une tonne de plumes, et même en plumes une tonne demeure une tonne …), sa cape jetée sur les épaules, notre Blondinet alla récupérer Storm, sa fidèle monture pour rejoindre l’assemblée. Coups de bols ou pas, d’une part il n’était pas le dernier, mais pas le premier non plus je vous le concède, mais en plus il ne drachait pas (dracher pour les incultes non normands, voulant dire pleuvoir). Il s’enquit de rejoindre en rapides enjambées, l’esplanade qui leur avait été soigneusement installée, n’oubliant pas de saluer poliment chacun des protagonistes déjà présents.

Y’avait pas encore foule, mais ça ne devrait pas tarder. Heureusement, la Grande Maîtresse dans toute sa bonté, avait pensé à ses vieux Chevaliers, et leur avait fait mener leurs beaux fauteuils. Quoi ? Y’a des jaloux ? Ben quand on est vieux, rouillés, cassés, couturés comme on le devient à œuvrer pour la Licorne, vous êtes bien contents de pouvoir bénéficier de cette maigre récompense. Le fauteuil de Bess étant aisément reconnaissable, Engue étant déjà confortablement installé à côté de ce dernier, il n’avait plus qu’à prendre place de l’autre côté de ce même fauteuil. Ben oui quoi, un Cap’taine de chaque côté de la Grande Maîtresse que c’est dit dans le protocole ! Z’avez pas lu le protocole ? Ben moi non plus, mais ce s’ra comme ça pour aujourd’hui ! Pis celui qu’est pas content, l’aura cinq secondes pour apprendre à voler, et soixante pour apprendre à nager ! Naméo ! D’toute façon vous y passerez tous, pourquoi croyez-vous que Bess elle a choisi cet endroit ???

L’Errant avait eu la convocation pour assister a une nouvelle cérémonie d'intronisation,mais son soucis immédiat était de mettre la main sur ce satané Maurice afin que celui ci fasse acte de présence a la herse secondé par le jeune garde déjà présent auprès de Boucanier, jeune garde qui n avait pas été difficile a trouver contrairement a l'homme d'arme ;
en cas de problème Maurice n'aurait qu'a envoyer son adjoint pour avertir le responsable du poste
mais Boucanier été persuadé que le vieux garde viendrait lui même et ne laisserait personne avoir le plaisir de voir la cérémonie et surtout de faire un détour par la taverne histoire de tenir un peut compagnie a René et le soulager de deux ou trois chopes

mais voilà ou le vieil ivrogne devait se cacher ? ,,a la taverne bien mais pas celle de la forteresse trop connu ; tout le monde connaissait son penchant pour la boisson ; par contre la taverne du village oui ! ,ou le vieux garde avait la bas femme et enfants la belle excuse si on le trouvait là bas
il préféra y envoyer le jeune garde avec ordre de le ramener au plus vite avant que le poivrot ne puisse plus faire la différence entre sa main gauche et sa main droite,chose déjà pas évidente a jeun

Boucanier était déjà prêt ,bottes astiquées mantel plié sur le tabouret qu'il affectionnait ,les bras croises sur sa poitrine le regard au delà de la herse scrutant l'arrivée des deux gardes;l'attente ne fut pas trop longue ,le jeune garde ne buvant que du lait de chèvre été un piètre compagnon de beuverie pour le soiffard qu’était Maurice et c est en grognant que le vieux garde arriva
après avoir bien expliqué ce qu'il attendait d'eux Boucanier franchi la herse et se dirigea vers la falaise

qu'elle idée d'avoir choisi un endroit pareil ,la vue été magnifique mais cette mer d'un triste a faire déprimer un troubadour Languedocien ,lui habitait près de l’océan trois ou quatre jours de marche et d'un cote il avait l’Océan majestueux de l'autre la belle Méditerranée chaude et accueillante avec ses belles couleurs aussi belle qu'une jeune fille;mais des bruits de conversation le tirérent de sa rêverie ,déjà un groupe été là ,il s'approcha de l'estrade pas trop près de sa voix puissante il salua ses Sœurs et Frères regarda le Grand Maistre et poliment inclina la tète;ceci étant fait il parti vers le troisième rang et s'installa en bout de rang afin de ne gêner personne si jamais Maurice venait le chercher pour un quelconque problème au poste de garde

Lord arrivait en retard, pas que cela était un credo pour lui, mais l homme d action était peu adepte des grandes ceremonies. Trop de fois par le passé, il s'était ennuyé à mourrir dans de grande messe dédié à l'un ou à l'autre. Toutefois, il nota que le panache des ceremonies de la Licorne lui ressemblait bien plus, un bon panorama, entouré de personnes agréable et fidèle. Voila une journée qui allait bien se passer pourvu qu il y ai un buffet avec de la biere bien fraiche.
Arrivé en haut des falaises il mis pied à terre, descendant de sa monture habillé de la cape grise des ecuyers, il marcha non sans mal vers la ceremonie, suite à sa blessure lors de la levée de ban en Flandres.
Se trouvait là nombre de ses freres et soeurs déjà rassemblés. Passant devant le grand maitre il la salua, ainsi que les autres chevaliers présent à ses côtés, d'un hochement de tête ainsi que d'un léger sourire, trop souvent difficile à dechiffrer sur son visage.

Lord se diriga directement vers le banc des ecuyers, non sans avoir pris le tempsde saluer ses freres et soeurs. Il venait sans nul doute rendre hommage à certains d'entre eux, fier de cette famille rassemblée.

[Tour Hestia - Dortoir des HA]

A la lueur dansante d'une bougie, Ceretto parcourait ce matin là les lignes d'un incunable fraîchement acquis à grand renfort de piécettes et de vin piémontais. Le Talleyrand ne laissait pas d'en parcourir les pages d'avant en arrière et inversement... De fait, il ne savait pas lire l'Allemand ce qui aurait rendu la possession d'un tel ouvrage honteusement inutile s'il n'avait eu ce valet fidèle issu d'au delà du Rhin. Pour l'heure donc, Alan se contentait de parcourir, page après page, les enluminures d'une telle merveille, attendant avec hâte de voir poindre le bout d'une permission pour retrouver son Borgne.
Soudain, la douce lumière de sa lampe vacilla fortement pour finalement s'éteindre. D'un mouvement ample et vigoureux, un camarade venait de remuer les tissus occultant le jour dans le dortoir. Plissant les yeux, seule défense face à une attaque de cette envergure, Ceretto s'étonna du geste. La Garde n'était pas pour lui aujourd'hui.

-C'est l'aube du 28ème jour de mai, Alan... La cérémonie d'intronisation débute dans peu de temps.
-La céré-quoi ? rétorqua celui-ci, visiblement surpris.
-L'intronisation l'ami ! Y a d'la promotion dans l'air... Tu n'as pas reçu de convocation ?

Le Nuitel se leva d'un bond et s'en alla palper et fouiller chaque poche de ses vêtements soigneusement déposés sur une chaise... Son regard se porta alors vers l'homme d'arme qui le regardait et, quasiment sans voix, répondit :

-Rien...

La mine de son compagnon ne manqua pas de le démoraliser tandis qu'il regardait le tas de vêtements... Il se sentait déjà reparti pour des jours de planton.

-Bah... Prépare toi va ! Invitation ou pas, tout l'ordre doit y être présent.
-Ah ? s'enquit-il d'une voix atone.
-Mais oui ! D'ailleurs magne toi parce que la cérémonie ne tardera plus à commencer !

Le Nuitel haussa les épaules. Après tout, il savait en arrivant ici que le chemin serait long. Sans plus attendre, il entama de se débarbouiller, puis de se vêtir de son équipement sobre, comme de coutume. Une brigandine sombre sur une chemise noire, des gants d'un cuir souple et foncé et des bottes de cavalerie. Le tout soigneusement orné d'une bâtarde au flanc. Un coup d'oeil dans le reflet miroitant de la bassine. Le Talleyrand passa une main nerveuse dans ses cheveux, rabattant le tout vers l'arrière. Il était temps.
Tandis qu'il descendait les marches de la Tour, son regard se porta au travers d'une meurtrière. De là, il pouvait voir que bon nombre de ses compagnons se mouvait d'ors et déjà vers le Poste de Garde. A coup sûr, sa missive s'était perdu car tout l'ordre semblait en chemin. La Nuitel se hâta donc de rejoindre ses pairs et suivit le cortège sans trop savoir où aller.

[Les Falaises]

Finalement, la destination apparut. La tribune du Haut-Conseil venait scinder la ligne de vue et, devant celle-ci, se regroupait bientôt les membres de l'Ordre. D'un regard, Ceretto tenta de trouver sa place. Il se serra donc, debout, à ses frères et soeurs de la Tour Hestia et entreprit d'attendre.

La cape d’azur rehaussée d’une licorne carbée d’argent, c’est fait. L’armure de combat à pied briquée et huilée comme pour paraître devant le roy, c’est fait. Le baudrier fleurdelysé protégeant l’épée licorneuse, c’est fait. Le collier d’argent, ça aussi c’est fait. Et… la canne de bois d’if, c’est fait aussi. Parce qu’après le léger désagrément subi au pied de Tournai, à savoir 45 jours sans pouvoir remonter dans une armée, il est vrai que, tout chevalier qu’il soit, Guillaume de Jeneffe éprouvait encore quelques difficultés à marcher sans aide. C’était moins pire que ce qu’il avait craint un moment, mais tout de même.

Il avait ensuite fait seller une haquenée pour rejoindre le lieu désigné par la Grand Maître. Un peu d’originalité ne faisait jamais de mal, certes, mais là, elle y allait plutôt fort avec le ventre de la cuillère, la Saincte Merveille. Quoi que, en fait, la merveille pour le coup, ce serait que personne ne finisse par nourrir la poiscaille, quelques toises en contrebas. Puis, rejoint par sa fille, son écuyère personnelle qui semblait revenir à la vie ces dernières semaines – un lien avec l’invité de Marchiennes ? –, il avait couvert au pas la distance qui séparait la forteresse du lieu où plusieurs d’entre eux seraient élevés à une nouvelle dignité.

Sur le chemin, plusieurs sujets furent abordés par les deux Jeneffe, dont les pensées communes étaient plutôt tournées vers le Nord que vers le Domaine royal, pour le moment, ainsi qu’à un décès qui venait de fortement les chambouler, pour des raisons certes différentes, mais le résultat était là. Leur maison avait été amputée. Des questions bien matérielles succèderaient à cette nouvelle, mais plus tard. D’abord, il faudrait LE pleurer.

Aussi leurs visages n’étaient-ils pas particulièrement épanouis quand se dévoila devant eux le décor de bois et de toiles ordonné par la chevalier limousine. Il fallut d’ailleurs quelques instants pour passer du rapace à la chimère quadrupède. Et quand ce fut fait, il se tourna à nouveau vers celle qui un jour deviendrait son héritière.

- Nous voici arrivés, Bérénice. Il va nous falloir rejoindre nos places. La tienne sera ici, fit-il en joignant le geste à la parole, tandis que je vais rejoindre le rang des chevaliers.

Lui glissant un clin d’œil paternel, il remonta ensuite les rangs, saluant d’un sourire et d’un signe de la tête ceux de ses sœurs et frères qui se trouvaient déjà présent. De façon plus appuyée pour celui qui l’avait accompagné au Nord contre les félons noirs. Et enfin, se disant qu’il passerait certainement cette cérémonie sans compagnon de droite ou de gauche, il s’assit sur le banc le plus proche de ce qui serait bientôt le centre de l’attention de l’Ordre, non sans, finalement, sourire aux trois chevaliers et à la héraut d’armes. Restait plus qu’à attendre et de regarder. Jusqu’à la fin. Car, s’il était une chose de sûr pour lui, c’est qu’il ne serait pas appelé pour quelque promotion.

Oh que non, le visage de la jeune fille n'était pas épanouie du tout. Quelques temps auparavant il avait reprise de belles couleurs, le rouge de la vie, l'amarante de l'envie, le carmin des premiers sentiments, le corail de la jeunesse. Le sanguin du renouveau, de la naissance et dans son cas, de la renaissance. Mais résurrection émotionnelle en avait pris un sacré coup. Lui non plus, elle ne l'avait pas cru mortel même s'il avait été depuis longtemps aussi silencieux qu'un mort. Dans son esprit, l'oiseau de proie aux plumes noires viendrait éternellement la voir le soir, lui raconter des histoires, la veiller dans le noir, rompre la solitude dans laquelle elle s'était plongée sans s'en rendre compte. Jamais elle n'aurait pu imaginer un seul instant que sa vie bascule en aussi peu de temps.

Pleurer.
Combien de larmes avait elle versé? Combien de gouttes de cette pluie de tristesse avaient coulé sur son doux visage tacheté, au point que le vert de ses yeux était devenu rouge chagrin. Il était encore une fois du rouge, mais cette fois, la couleur était celle de la mort et de la douleur. Ses larmes, elle les avait retenu devant son Père pour ne pas montrer qu'elle aussi, au fond, était faillible comme lui. Elle avait perdu un être cher, mais n'avait pas partagé sa terrible affliction. Elle aurait pu, mais elle n'avait pas osé. Comment partager cet étrange sentiment qu'elle ne comprenait pas avec le Chevalier? Il était depuis le début, Tout. Rien que d'imaginer son visage lui faisait se retourner ses entrailles. Rien que de repenser aux rares étreintes qu'ils avaient partagé, lui refaisait vivre l'émoi qu'elle ressentait à ces moments là. Son corps contre le sien, son souffle si rassurant et sa chaleur si enivrante. Elles n'avaient pas été nombreuses, ces étreintes, mais cela avait suffit a allumer un feu étrange, un feu qui n'aurait sans doute jamais du être. Mais la conscience de l'interdit qui pesait sur certaines choses ne s'était pas encore inscrite dans son esprit. Mais quelque chose lui disait qu'elle ne devait pas en parler à son Père.

Pour sûr qu'ils avaient parlé de lui, mais il avait été dur pour elle de ne pas pleurer encore plus, surtout quand se présentèrent devant eux les belles terres de Ryes. Ce n'était pas l'émotion de qui revient au bercail après de longues années qui la submergea, mais celle d'un lointain souvenir ou l'Ordre leur avait ouvert les portes à son frère et elle, lorsque leur mère leur avait définitivement fermé la porte de son coeur et de son esprit abîmé. C'est donc étrangement soulagée qu'elle laissa le Chevalier gagner la place qui était sienne, tandis qu'elle allait se positionner là où devait se trouver les écuyers personnels. Elle n'osa pas laisser traîner son regard alentours sur les personnes déjà présentes. Tout juste devina t elle des visages plus ou moins connus, et d'autres qui n'avaient encore pour elle aucun nom. Elle était ailleurs, dans ses songes, dans sa tristesse, dans sa détresse douloureuse et s'enroula dans une mante légère mais sombre, semblable à son humeur du moment.

Si tout avait un début, tout avait une fin et ce terrible constat lui faisait faire un pas de plus forcé dans le monde des adultes.

- Je suis sûre que le paysage t'aurait plu... Comme j'aurais aimé être avec toi, ici.... Pourquoi es tu parti? Pourquoi m'as tu laissée toute seule...? Parler au vent, parler au vide. Parler à un souvenir, elle ne s'en était même pas rendu compte tandis que ses perles pers libéraient leur tristesse.

[le 28 mai 1460 - avant l'aube, Auberge du Vieux François]

Jak s'était réveillé brusquement, en alerte, comme si un bruit, une sensation de présence l'avait prevenu. Sa main s'était instinctivement posée sur sa dague, cachée sous la couverture.
Respiration bloquée pendant une dizaine de secondes, le temps que ses yeux s'habituent à la pénombre qui regnait encore dans la chambre, que ses oreilles le rassurent.
Non, rien, aucune menace, juste le souvenir de l'importance de la journée.

Il se leva prestement, versant un peu d'eau fraiche du broc, dans la cuvette posée sur la table.
La veille il s'était offert le luxe d'un bain, préparée par Sylvette, l'une des jeunes servantes de l'Auberge.

Elle ne s'était pas contentée de préparer le baquet d'ailleurs, elle l'avait aidé à se laver, le frottant de ce savon de lavande qu'il affectionnait et qui venait hors de France, de Provence. Puis, comme cela arrivait parfois, après l'avoir séché, elle l'avait rejointe sur sa couche et partagé le plaisir des sens avec lui. Elle l'avait quitté tard dans la nuit, après un dernier baiser.

Jolie fille cette Sylvette, douce, propre, pas compliquée. L'idéal en somme pour celui qui n'avait pas rencontré encore l'Amour. Il arrivait parfois à Jak, quand il n'était pas de service, de passer la soirée à l'Auberge et quelquefois la nuit. Toujours avec Sylvette.

Il était prêt maintenant. Vêtu de gris comme à son habitude plus ou moins clair... ou foncé. Il ne portait couleurs qu'en de rares occasions et certainement pas pour assister au genre de cérémonie à laquelle il avait été convié. Ne pas se faire remarquer mais être présent, là où il devait être, servir, être utile, voilà ce qu'il avait appris de l'Ordre jusqu'à présent.
C'est ce qu'il s'efforcait de faire ayant parfois quelques difficultés en endiguer son caractère jovial, prêt à rire ou à faire de l'esprit... ou à intervenir au lieu de rester coit.

Après avoir fixé son baudrier, il mit son épée au foureau après avoir vérifié que les armes de Kernow étaient bien à l'extérieur de la garde. Il n'avait pas envie d'expliquer pourquoi de l'autre côté, une licorne à corne noire était gravée.

Il mit sa cape grise, plus claire que celle des Ecuyers et sans broderie. Pas qu'on lui reproche de porter un signe ou un symbole qu'il ne méritait pas. Les leçons de Marie quant à son attitude commençaient à avoir son effet. Il souriait en pensant à elle et bénissait le fait qu'elle ait accepté de le guider. Peut-être serait-elle l'une de ses Frères et Soeurs qui deviendrait Chevalier aujourd'hui?

Sortant dans la cour de l'auberge, il récupéra Black Pearl aux écuries, son Frison de 5 ans. Il mangerait en route, une pomme, un peu de pain bis et boirait au goulot ce lait normand qu'il affectionnait.

Quelques lieues à peine et il arrivait aux falaises. Il attachait sa monture près des autres, laissant sa besace accrochée à sa selle. Il savait qu'il devrait se tenir debout, en arrière, autant éviter de porter quelque chose à l'épaule.

La plupart des participants déjà présents lui tournaient le dos, sauf le Grand Maître, qu'il salua d'un signe de tête en baissant les yeux et Normandie qui regardait vers la mer.

Il se mit à côté d'Allan, lui posa brièvement la main sur l'épaule pour le saluer d'un bref "Bonjour Frère" et, campé sur ses pieds légèrement écartés, bien droit, la cape relevée sur son épaule gauche, il attendit...

L'aube se pointait enfin.

Invité

Elle n'avait jamais été aussi proche physiquement de la Forteresse et pourtant ne s'en était jamais sentie aussi éloignée mentalement. Contradiction et dualité qui pour le moment caractérisaient bien la noiraude qui se posait beaucoup - trop ? - de question sur son devenir.

Elle avait été prévenue d'une intronisation, sa seconde en ces lieux et sa première en tant que membre officiel. Curieusement celle-ci se faisait près de la falaise. Vinou aimait l'eau, elle avait grandi près d'un lac, avait déménagé près d'un lac, avait vu grandir ses enfants près d'un lac et pourtant, elle n’aimait pas les falaises. Trop de mouvements ? Trop d’inconnues ? Trop d'imprévus possible ? Probablement un peu de tout cela. Les falaises lui rappelant à quel point la nature pouvait être capricieuse et indomptable. La nature, elle l'aimait. Surtout la "nature verte" comme disait sa plus jeune. Celle qui vient de la terre qui pousse, grandit, qui fane aussi.

Elle avait demandé l'autorisation pour se rendre à la Forteresse car oui, elle avait besoin de l'autorisation de "Caribou" pour se déplacer puisqu'actuellement elle faisait partie de sa garde personnelle. Elle l'avait eue évidemment et se trouvait actuellement tout près de falaises, elle s'arrêta un instant pour quand même profiter de la vue et du spectacle avant de s'avancer, de saluer les frères et soeurs déjà présents et d eprnedre place à l'endroit réservé.

Dans la forteresse, un Julios fort préoccupé allait de salle en salle dans trouver âme qui vive à part les gardes de faction. Une cérémonie devait pourtant bien se tenir dans la journée, il n'avait pas encore la tête assez rouillée pour avoir inventé ça. Non, le jour où il s'inventerait des cérémonies sera bien son dernier, des invasions en provence pourquoi pas mais pas des cérémonies.

Finalement, ne sachant que faire, il retourna au donjon et trifouilla quelques instant dans les archives du conseil à la recherche d'une indication. Gnagnagna, guerre, gnagnagna, cérémonie, gnagnagn....a "falaise" ? Tout penaud, il se mit à relire la ligne contenant l'information scélérate... La falaise.
Il soupira un instant puis se ressaisit en grommelant qu'on faisait vraiment des cérémonies n'importe où à présent.
Sans perdre un instant, il se mit en route pour le lieu dit en récupérant sa cape au passage, suffisamment grande pour cacher son accoutrement qu'il n'avait pas le temps de changer.

Lorsqu'il arriva, tout le monde ou presque était présent. Il se plaça l'air de rien aux côtés du haut conseil en leur adressant un petit sourire d'excuse embarrassé pour le retard.

Il avait fallu un peu plus de temps qu'elle n'escomptait pour que tout le monde soit en place. Elle patientait sans trop s'en faire, toute manière celui qui ne serait pas là alors qu'on l'appelait n'aurait qu'à s'en mordre les doigts le moment venu. Par contre on pouvait voir au fur et à mesure que le temps s'écoulait, une petite pointe d'impatience. Car retardataire peut être ... mais pas parmi le conseil. En l'occurrence elle avait déjà ses deux capitaines, le Chevalier Grand Grand bien que membre honoraire était là sur le banc des chevaliers, manquait encore Cerrid qu'elle doutait de voir parmi eux, d'ailleurs un souci qu'il lui faudrait aborder un jour ou l'autre ... et pour l'heure c'était pas pour ça qu'elle était là.

Bref donc Bess attendait Julios ... qui avait du retard, enfin pas non plus un retard énorme mais bon ... le soleil pointait maintenant à l'horizon et elle aurait voulu commencer. C'est que voyez-vous d'abord elle avait un p'tit discours de début de cérémonie à faire, et ensuite il faudrait appeler les uns et les autres les un aprés les autres, ce qui prendrait du temps, et ... oui ben toute manière y a une heure pour les choses et là c'était l'heure de débuter la cérémonie. La montre existerait qu'elle serait sans cesse à la regarder alors que tout le monde ou presque était en place.

Et enfin, tel le messie attendu, vlà notre Chevalier qui se pointe l'air de rien, avec tout de même un air embarrassé, hochement de tête de la Bess parce qu'elle a beau être la méchante, elle les aime bien les hommes qui l'entourent, c'est donc un léger plissement de nez suivi d'un sourire qu'elle rendit à Julios. On pouvait donc commencer. Elle inspira avant de s'avancer au centre de la tribune, prenant le temps de regarder chaque membre de l'ordre, y compris ceux un peu en retrait debout derrière les escuyers.

C'est une chose de présider une cérémonie parce qu'on vous a demandé de le faire ... comme se fut le cas de la précédente. S'en est une autre de le faire parce que c'est à vous de le faire... Lorsque j'ai fait mes premiers pas dans la forteresse, lorsque j'ai mit le premier pied en la salle du châpitre, lorsque le Chevalier De Jeneffe m'a fait mander... je pensais finir ma vie ici et les mots que j'ai prononcé à l'époque ne furent point mot en l'air. Ce que je n'imaginait pas par contre, c'était me voir à la place qui est mienne aujourd'hui.

Et pourtant j'y suis ... preuve s'il en est que même si le chemin est long et ardu, il reste pratiquable.

Jusqu'à aujourd'hui, la Licorne à perduré, s'est imposée, s'est démarquée, et est restée l'apanage de la Chevalerie. Mais les temps changent, le monde change, la france change. L'ordre s'est peut à peut replié sur lui même, et à trop chercher la perfection on perd ceux qui ont encore tout à prouver et qui pourtant n'attendent que ça... qu'on leur donne la chance de prouver. A ceux qui trouvent le haut conseil dur et intransigeant, je leur demande de réfléchir aux derniers propos qu'ils ont tenus lorsqu'il a fallu discuter des derniers impétrants.

Je me souviens d'un temps ou les hommes et femmes d'armes étaient rares, et étaient réservés à ceux qui avaient pu faire quelques erreurs passées, ou qui n'avaient pas la fibre chevaleresque mais à qui l'on donnait la chance de la trouver. Aujourd'hui j'en suis à me demander combien il vous faudrait de mandat de capitaine d'une OST, ou combien d'année au service d'une OST pour que vous puissiez ne serait-ce qu'envisager qu'il ou elle puisse rejoindre le banc des escuyers.

Je vous demande à tous de bien réfléchir à ceci, la prochaine fois que des candidats se proposeront. La Licorne survivra par les générations futures et ça n'est pas en ne faisant pas confiance à ces générations futures.

Et hop un pavé dans la marre ! C'est un sujet que le HC avait abordé il y a de cela quelques temps, et quel meilleur moyen d'aborder le sujet que cette cérémonie d'intronisation ? Elle laisse quelques instants le silence perturbé par le vent qui souffle et le ressac en bas de la falaise, avant d'entamer la cérémonie en elle même.

Sur ce .... j'appelle maintenant l'homme d'armes Alan de Talleyrand

Et que la danse commence !

[HRP : pour ceux qui n'ont pas encore posté leur arrivée, vous pouvez encore le faire en indiquant que c'était avant le commencement de la cérémonie ... pour les autres qui souhaitent marquer leur retard qu'ils s'attendent à une remarque de la Bess Wink

à vous de voir Mr. Green

]

Les rangs se remplissaient peu à peu sous le regard des membres du Haut Conseil. Dans l'attirail de chacun miroitaient, de plus en plus intenses, les premières lueurs du levant. L'assistance, digne et silencieuse, attendait que commence une cérémonie que certains connaissaient déjà. D'autres, en revanche, cherchaient leurs marques, tâchant, autant que possible, de ne pas faire tâche dans le décors. Ceretto était de ceux là. Fixé comme un roc parmi ses frères et soeurs, il patientait. La mine grave, voulue de circonstance, le regard attentif tant aux nouveaux arrivants qu'à ceux déjà présents. Une main se posa sur son épaule, accompagné d'un amical salut auquel il répondit. Jak, fidèle planton, s'était joins à lui. Dans la foules, des visages familiers. Certains qu'Alan n'avait revu depuis les champs de bataille Mainois. Assurément, beaucoup avait retrouvé le repos et les mises s'en ressentaient.

Et puis, le silence s'accentua, les derniers chuchotis s'éteignirent et les faciès se tournèrent vers le GM qui s'avançait au devant de la tribune. Le regard du Chevalier passait de l'un à l'autre des soldats réunis. Le Nuitel perçut un instant ce regard clair croiser le sien. La voix de la Saincte Merveille s'éleva enfin, limpide et assurée. L'introduction se fit d'abord nostalgique, puis le ton se forcit, comme un reproche... Le Chapitre, assemblée inconnue du Talleyrand, semblait mis en cause. Le silence fut la seule réponse à ces remarques, un silence qu'Alan tenta de déchiffrer en observant ses pairs : quels étaient ceux qui en étaient gênés ou bien vexés ? Tels était le sujet qui absorbait le Talleyrand lorsque son nom fut prononcé.

Un instant surpris, Ceretto se reprit bien vite. Il n'avait beau avoir aucune idée concernant le déroulement de la cérémonie, il n'en avait cure. Quelle pouvait en être l'importance à côté du fait de rejoindre enfin les rangs de l'Ordre... Du moins l'espérait-il. Il jeta un petit coup d'oeil à ses compagnons alentours, puis se tourna vers l'estrade. Le Talleyrand se redressa donc, lissant sa tenue d'une main, tenant la garde de sa bâtarde de l'autre. Puis, il gagna d'un pas leste, qu'il tâcha de ralentir, la tribune. Il en grimpa les marches et, dans l'inconnu, préféra garder le silence, plongeant son regard dans celui de Bess qui se tenait devant.

Peu importait comment, la Carsenac avait fini par trouver ces boudioux de falaises. L'épreuve avait été dure pour ses nerfs presque totalement déshabitués de ce genre de débordements, et ce fut avec un sang bouillonnant qu'elle aborda un chemin qui devait finalement s'avérer être le bon. A son détour se dévoila le paysage qu'elle cherchait, qu'elle appelait de ses voeux depuis que l'horizon s'était éclairé de la lumière grise annonçant l'aube.

L'estrade du Haut Conseil se détachait sur un horizon infini illuminé par le Soleil levant. Les oriflammes aux couleurs de la Licorne se soulevaient dans la brise du matin, comme palpitants d'une vie propre. Face au Haut Conseil, dos à elle, ses Frères et Soeurs d'armes assemblés. Aristote, que c'était beau... Au détour d'un motif d'agacement et de nervosité, la Carsenac trouvait un rêve. Une pression sur les rênes arrêta la jument baie. Rester là, devant cette vision, et mourir... Contempler l'immensité de la mer lumineuse, deviner son odeur iodée comme on perçoit le parfum de l'amant avant même de le voir, et par dessus tout, admirer cet Ordre vivre, semblable à lui-même et toujours changeant, renouvelé, remodelé, de la même manière que les vagues animaient un océan pourtant immuable. Pourquoi pas, après tout... Un sourire serein naquit sur le visage ordinairement neutre et, sinon fermé, du moins froid de la jeune femme. Chez soi, c'est là où on est bien. Et elle était bien.

Instant de grâce...

Mouvement. Bess, toute d'azur vêtue au lieu des tons sombres du quotidien et de l'habitude, s'avançait. Hors de question de trainer plus. Tirée brusquement de son heureuse contemplation, la Cavalière poussa de nouveau sa monture jusqu'à distance raisonnable, puis mis pied à terre et confia Vengeance à un homme d'armes qui s'était avancé vers elle. Elle pouvait remonter les travées... Les remonter par l'extérieur bien sûr, histoire d'éviter de se faire plus encore remarquer. Le trot de sa monture avait sans doute déjà signalé son retard aux rangs des Hommes d'Armes et des Ecuyers, point n'était besoin d'en rajouter une couche. Bien sûr, le sombre de sa vêture était largement contrebalancé par l'azur et l'argent qui flottaient derrière elle dans le souffle du vent. La discrétion était donc impossible, et ce fut en se faisant le plus petite possible que Sindanarie s'avança jusqu'au rang des Cavaliers, saluant ceux à côté de qui elle passait si d'aventure leurs regards se croisaient.

Le Grand Maître parlait quand la Carsenac prit place, si près et si loin des Chevaliers. Un regard lui apprit la présence d'une femme blonde qu'elle n'avait encore jamais vue. Supposition après l'autre, elle en vint à supputer qu'il n'était pas logique qu'une personne étrangère à l'Ordre et autre qu'un Héraut soit présent, et qu'il fallait donc, puisqu'elle n'était pas de l'Ordre, qu'elle fût de l'Hérauderie. Ce qui signifiait adoubement. "Homongieu !" aurait magnifiquement traduit le ressenti de la Cavalière. Les derniers adoubements auxquels elle avait assisté étaient ceux de feue Alethea de Saint-Yriex et, justement, de Bess... Et que de chemin parcouru depuis, par tous ! L'image du ressac s'imposa de nouveau à son esprit, un bref instant, avant qu'elle n'en revienne aux mots du Grand Maître. Evocation de la difficulté du parcours... Aristote, qu'elle avait raison. Et puis ces mots sur les impétrants... L'idée fit son chemin en la Carsenac, un léger sourire flotta furtivement sur ses lèvres. Pas faux, touché ! Puis fut appelé le premier Homme d'Armes. Alan de Talleyrand. Sourire, de nouveau.

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