Mais que voilà ? Un mort?

Un homme à l’entrée de la forteresse.
Une cape élimée, tachée par la crasse et les années passées sur les chemins en guise d’unique signe de reconnaissance.
Il ne possédait plus rien d’autre. Son épée lui avait été dérobée par des mauresques à des milliers de lieues de là. Il avait vendu son armure par morceaux, là pour embarquer sur un navire, ici pour manger un repas chaud. Sa bourse était aussi vide que celle d’un lépreux miséreux et ses possessions se limitaient à deux champs où ne poussaient que des cailloux et une forge qui n’avait plus senti la chaleur de l’acier rougeoyant depuis des lustres.
Même ses fiefs lui avaient été retirés, ses gens donnés comme de vulgaires objets à d’autres, ses villages et châteaux possédés par des inconnus en mal de reconnaissance.

Il n’était plus rien.
Rien, sauf une dernière chose, qui le raccrochait à son passé.
Ce blason à la licorne cabrée qu’il savait encore là, quelque part, sous sa cape en lambeaux.
Et une missive, reçue quelques jours plus tôt, annonçant un nouveau chapitre.

Alors, il avait pris la route. Pour retrouver les murs de Ryès. Pour revoir ses frères. En restait-il d’ailleurs encore de vivants ? La forteresse elle-même se dressait-elle toujours aussi fièrement sur les falaises normandes ? Ou bien avait-elle été emportée par les flots de la déchéance et de l’oubli ?

Un homme à l’entrée de la forteresse.
Un licorne, de retour dans ce qu’il considérait encore sa dernière maison.

Silencieux, il se tenait devant la grille fermée.
Silencieux, il attendait.

Nombre de messages : 264 Grade : Ecuyer Date d'inscription : 19/05/2017

Un homme se tenait silencieux devant l'entrée de Ryes. Silhouette et attitude d'où s'échappait dignité et pourtant une certaine tristesse. Orthon le vit immobile, sans mot, seule son haleine sortant de sa bouche, sous la forme d'une fine vapeur, trahissait une respiration calme. Un semblant de vie sortait encore de ce corps caché par des vêtements usagers.

Orthon s'approcha de la herse, posant une main gantée sur le fer glacé.

Bien le bonjour voyageur ! Vous êtes ici en la forteresse de Ryes, maison de l'Ordre Royal de la Licorne ! Avez-vous un quelconque laisser-passer avant de vous faire bénéficier de nos installations ?

Orthon essayait de voir les traits de l'inconnu dont la majeure partie étaient dissimulés par une capuche gavée d'eau de pluie qui ne cessait de tomber.

Euh comment dire, le suivre le suivre... Il avait mangé, elle ne savait quoi ce matin qui l'avait rendu comment dire déjà ? Non oublions pour le moment...

Qu'avait elle bien pu faire pour mériter ça ? Elle avait fait au plus vite pour se préparer, elle ne l'avait pas taquiné au réveil, ni même demandé quoi que ce soit qui aurait pu le mettre dans cette sombrattitude... Oui je sais ça ne se dit pas mais là en attendant d'en savoir plus il faudra le prendre... Ou pas !
Lui avait elle à un moment fait une remarque sur sa cape? Il fallait dire qu'elle était dans un de ses états aussi. Mais non pas dans ses souvenirs, elle savait qu'il y tenait comme à la prunelle de ses yeux voir sans doute plus... Donc non ça ne pouvait pas être cela non plus...

Bref pour l'heure elle avait préféré rester un peu en retrait de sa senestre qui était pire qu'un ours plus ils approchaient de Ryes... Elle ne savait pas si Enguerrand avait déjà ouvert la bouche pour émettre un son autre qu'un grognement, mais elle entendit très bien les propos du garde qui se tenait devant la grille fermée, même si elle était restée toujours un poil en retrait... Bah oui les ours ça mord !

Bien le bonjour voyageur ! Vous êtes ici en la forteresse de Ryes, maison de l'Ordre Royal de la Licorne ! Avez-vous un quelconque laisser-passer avant de vous faire bénéficier de nos installations ?

La rousse laissa son nez tortiller comme à son habitude en entendant les propos du garde, dediou il n'avait pas peur le bougre... Elle se mordit la lèvre pour éviter d'esquisser un sourire dans un moment qui pourrait vite tourner à l'orage, et préféra se faire discrète, du moins si l'on peut dire cela ainsi, car elle leva la main pour faire signe à l’accueillante personne pour faire voir que l'ours qui l'accompagnait n'était point venu seul !

Nombre de messages : 264 Grade : Ecuyer Date d'inscription : 19/05/2017

Le temps s'assombrissait, on pouvait dire que la nuit allait tomber et pourtant il ne se faisait pas tard. Les torches à l'entrée ronflaient et un coup de vent plus fort qu'un autre laissa deviner une seconde silhouette cachée par la première. Orthon se perdait dans des explications personnelles. Une main fine, gracile, dépassa la stature du voyageur. Comme il ne pouvait posséder trois membres supérieurs, Orthon fit un léger pas de côté afin de comprendre cette illusion qui ne semblait pas en être une. L'une des torches déroba aux ténèbres une forme féminine au visage doux et à la chevelure flamboyante.

Madame ! dit Orthon. Veuillez m'excuser de ne point vous avoir remarqué. Entre silence et discrétion de ce côté de la herse, je vous prie de pardonner mon manquement devant une dame !

Orthon se tourna vers un garde et parla tout bas.

Va chercher le frère capitaine en lui disant qu'un couple se trouve devant l'entrée principale. Va et reviens rapidement avec lui.

Puis il regarda le couple.

J'espère que votre attente ne sera plus longue, j'ai fait mander un supérieur. Si vous pouviez, dame, me dire si vous possédez un laisser-passer, je pourrai demander à faire lever la herse, le temps de vous protéger quelque peu des intempéries.

La situation devenait pittoresque. Orthon avait-il devant lui deux pauvres voyageurs muets ? Il pria Aristote pour qu'enfin il entende le son d'une voix afin de mieux gérer l'entrée.

La Licorne possédait donc toujours bien un poste de garde. Voilà au moins une bonne chose.
La main gantée lui rappela des moments enfouis au plus profond de son âme. D’autres gantelets, faits d’acier, qu’il avait lui-même porté. Il y avait plus encore qu’une éternité. Il se souvenait en avoir ressenti de la fierté. Il se remémorait la crainte qu’ils pouvaient imposer. Il n’en avait été qu’un utilisateur parmi tant d’autres avant lui.
Morts, pour la plupart, se corrigea-t-il, amère.

Il reporta son attention sur le licorneux. Il s’était adressé à lui, il le savait. Quelques mots pénétrèrent son esprit. De ceux que l’on prononçait en pareille occasion. Lorsqu’un inconnu se présentait à la herse.
L’Ordre avait toujours été méfiant à l’encontre des voyageurs. Peut-être était-ce ce qui lui avait permis de survivre au-delà des siècles ?
Il s’apprêtait à formuler sa réponse quand il sentit une présence derrière lui.
Des années de combat lui avaient enseigné de ne jamais laisser quelqu’un se dissimuler dans son ombre.
Des mois de solitude lui avaient appris qu’il ne devait pas laisser les fantômes s’approcher au-dessus de son épaule.
Il allait se retourner, misérable homme désarmé qu’il était. Autant affronter celui qui se cache. Quitte à périr, il avait toujours préféré regarder la mort en face.
Ewaële.
Bien sûr.
Il l’avait quittée ce matin. S’était levé en silence pour parcourir seul les dernières lieues qui le séparaient de Ryès. Un chemin solitaire. Un besoin qu’il ressentait au fond de lui. Il aurait pu lui dire. Elle aurait compris. Mais il n’en avait pas trouvé la force. Alors, par lâcheté, une fois de plus, il avait fui.
Il aurait peut-être grogné, en d’autres temps.
S’il avait été adepte de théâtre, il aurait pu lui expliquer qu’elle lui faisait rater son entrée. Et qu’une entrée, ça comptait bien plus que tout le reste.

Alors il soupira.
Juste ça, un soupire.

Il se passionnait pour la théorie du chaos. Il avait suffi qu’il se présente devant la forteresse pour qu’un enchaînement d’événements se succède en quelques instants. Le garde, son épouse, un échange rapide, un sous-fifre envoyé chercher un sur-fifre. Et tout irait de plus en plus loin, de plus en plus vite. Déjà, il imaginait le messager arpenter les murs froids et humides du vaisseau de granit. Il pouvait même se le repérer en pensée, l’avertir de se méfier de telle marche branlante, de telle pierre vicieuse à vous casser un orteil. Il aurait pu au passage lui refiler le secret d’un ou deux raccourcis qui aurait faits de lui une source d’admiration dans son dortoir quand, disparu d’un couloir, il réapparaîtrait dans une coursive sans explication.
Il observa à nouveau l’homme de garde. Quel nom avait-il donné ? À la réflexion, il ne lui semblait pas qu’il s’était nommé. Un grade, peut-être ? De toute façon, son mantel gris trahissait son rang d’écuyer.
Que devait-il faire, déjà ? Ha ! Oui. Lui répondre.
Il porta la main à sa ceinture, en retira un morceau de parchemin froissé et à moitié effacé qu’il lui tendit à travers les barreaux.

Spoiler:

Je suis Lazare, se contenta-t-il d’articuler d’une voix rauque.

Et démerde-toi avec ça, aurait-il même pu ajouter.

Alors qu'il était en train de terminer la préparation de la salle d'armes pour qu'elle accueille la cérémonie d'intronisation du jour, Walan fut prévenu par un garde de la présence d'un couple aux portes. Si l'écuyer en charge estimait nécessaire de le faire prévenir, c'est qu'il y avait quelque chose de particulier dans cette visite, si bien que le chevalier -non sans un mot rapide à destination de la silhouette attendant dans la pièce voisine- se dirigea prestement vers le poste de garde. Une fois la herse intérieure franchie, il interrogea Orthon.

Je suis là, que se passe-t-il ?

Observant à travers la herse extérieure pour se faire une idée en même temps qu'il recevait ses explications, quelle ne fut pas sa surprise d'y voir ... un chevalier de l'ordre, accessoirement son beau-frère. Et derrière lui sa rousse épouse. Ils avaient certes changé, mais pas au point de ne pas les reconnaître. S'il avait été prévenu, quelque temps plus tôt, du retour du couple sur les terres de France, il ne s'attendait pas à les voir à Ryes si tôt. Avec un léger sourire aux deux depuis l'autre côté de la herse, il fit signe de monter celle-ci. Ce faisant, il commença les présentations.

Écuyer, voici Enguerrand de Lazare, chevalier de l'ordre, qui nous revient ... d'où, il ne le savait pas, mais ... après une bien longue absence.
Et son épouse Ewaële de la Boesnière, qui faisait partie de l'ordre également en tant qu'errante. Brutalement, le chevalier se rendit compte qu'il lui faudrait faire diverses explications sur ce qui s'était déroulé durant leur absence, mais il commença à s'adresser au couple.

Je suis heureux de vous revoir, et je ne serai pas le seul. Voici l'écuyer Orthon, qui nous a rejoint depuis quelque temps.
Il va falloir que nous discutions ... et avec le Haut Conseil également ... mais puisque vous êtes là, je crois que vous allez pouvoir agrémenter ma surprise. Nous avons une cérémonie qui débute sous peu.

(Edit : correction coquille au nom d'Ewaële)

Nombre de messages : 264 Grade : Ecuyer Date d'inscription : 19/05/2017

Orthon tenait le parchemin qui lui avait été tendu et voyait bien les dégâts de la pluie sur l’encre. Il entendit derrière lui des pas reconnaissables. C’était le frère capitaine qu’il avait mandé. S’effaçant, il écouta, négligeant le parchemin difficilement lisible.

Ainsi c’était un vétéran, l’inconnu silencieux qui n’en était plus un, Enguerrand de Lazare, accompagné de sa dame Ewaëlle de la Boesnière. Il se figea au garde à vous à leur passage.

Un visage connu arriva... Son sourire s'élargit d'un coup... Mais il retomba aussi vite qu'un soufflé aux propos de Walan qu'elle n'eut même pas la force de le saluer en entendant ses mots.

Elle recula inconsciemment de deux pas quand on la présenta comme épouse d'Enguerrand et que ce qui suivit fut... faisait partie... pardon ? Faisait ? Faisait ?

Ce mot retentissait dans sa caboche comme un mauvais son de cloche... Alors s'entendre dire qu'elle était errante au lieu de cavalier n'avait aucune forme d'importance... Faisait? Faisait ? Faisait ?

Déglutissant difficilement, elle allait prendre la parole mais ses lèvres restaient clouées, fermées, elle venait de prendre un sacré coup et la blessure était profonde bien plus profonde que toutes les blessures qu'elle avait pues recevoir en servant l'ordre de chevalerie pour qui elle aurait tout donné... Cela faisait mal, très mal !!!

Elle regarda les hommes présents tour à tour, et d'un coup ne se sentit plus à sa place... Pourquoi avait elle décidé de le suivre ce matin là? Il voulait être seul, peut être que cela aurait été mieux, de toute façon les mots de Walan étaient on ne peut plus clairs, elle n'avait plus rien à faire ici, elle perdait tout au fur et à mesure de son retour dans ce Royaume qu'elle avait servi et chéri... Son corps s'était raidi, ses mains se crispaient par à coup. Ceux qui connaissaient la rousse aurait pu pressentir une colère poindre, mais non elle n'exploserait pas, pas ici, elle ne ferait pas voir sa déception et la peine que lui infligeait ces mots... Et ce qu'elle imaginait être le pire.

Elle recula encore de deux trois pas...

Impossible de manquer la réaction de la rousse, et c'est donc avec un bref soupir que Walan entama les explications qu'il aurait préféré avoir à faire ailleurs, s'adressant aux deux "revenants" d'une voix calme au pied de la herse.

Vous avez été longtemps sans donner de nouvelles ... et les choses bougent.
Il y a quelque chose comme trois ans, le Haut Conseil de l'époque a décidé d'exclure les membres absents sans avoir prévenu, à l'exception des chevaliers. Ce qui fait que tu es encore membre et normalement reconnu comme l'un des chevaliers de l'Ordre, Enguerrand, mais qu'Ewaële, Flaiche et d'autres ont été exclus à ce moment.

Il ne pouvait pas faire plus direct comme explication, et ne tâcha pas vraiment d'enrober la chose, puisque de toute manière ils savaient déjà. Il compléta toutefois.

La cérémonie va bientôt commencer, vous devriez entrer. Votre retour sera une surprise agréable pour les membres qui vous connaissent, et en complètera une autre. Il faudra que le Haut Conseil discute de tout ça, mais je ne vois pas pourquoi il n'accepterait pas votre retour. Je ne sais pas dans quelles conditions par contre, mais nous sommes toujours -plus que jamais- prêts à accueillir tous ceux qui veulent nous rejoindre.

Avec un petit signe vers l'intérieur de la forteresse, le brun réitéra son invitation.

Avait-il bien entendu ce que son frère licorneux venait de leur annoncer? Le chevalier resta silencieux un court instant, se repassa en pensées les paroles prononcées.
Les premiers mots de Walan, pour commencer. Des paroles de bienvenue, tandis que la herse se relevait. Présentations de rigueur. Lui, pour commencer puis...c’était là que les choses s’étaient dégradées.
Faisait partie de l’ordre...en tant que errrante.
C’était quoi, ces conneries!
Faisait partie de l’ordre.

La sentence résonnait dans sa tête. Et s’il avait eu un doute, le trouble ressenti par son épouse l’aurait dissipé immédiatement. Il avait noté son recul. Il avait senti sa colère monter. A mesure que la sienne montait également.

Le chevalier serra les poings.
Et son beau-frère de rajouter qu’il allait falloir discuter? Pourquoi discuter?

Le Lazare prit une profonde inspiration. Il repoussa en arrière la capuche qui dissimulait son visage. Ses yeux flamboyèrent comme ils ne l’avaient pas fait depuis longtemps. Sa voix claqua dans l’air humide. Glaciale. Tempétueuse.

Est ce une plaisanterie, frère? Depuis quand notre sœur Ewaële ne serait-elle plus une licorne?

Il sentait cette incontrôlable colère monter en lui. Elle l’avait détruit si souvent déjà qu’il en connaissait tous les détails.
Il fixa les murs de la forteresse, rechercha le calme au plus profond de lui même, puis reporta son attention sur les deux licorne face à lui.

Si tu veux parler, nous parlerons. Mais certainement pas dans les murs de la forteresse! Tu pourras nous trouver à l’auberge du vieux. En attendant ta venue, je te confie cela, je ne suis pas sûr de vouloir encore la porter.

Il défit la fibule qui retenait sa cape et laissa tomber l’étoffe usée aux pieds de Walan.
Elle était le dernier objet matériel qui le liait encore à l’ordre.

Il se tourna vers Ewaële, lui adressa un sourire crispé :

Tu m’accompagnes?

Elle avait plongé dans ses souvenirs.
Souvenirs avec ses frères d'armes.
Souvenirs qui lui coutaient chers, très chers...

La Normandie, La Bourgogne, L'Anjou et elle en passait... De chemins en chemins, de champ en champ, de bois en forêts, combien de fois ils avaient foulé les terres de France pour l'Ordre ?

Combien de fois avaient ils répondu présents ?
Lui sa senestre, elle sa dextre...

Elle voyait les vertes prairies avant les combats, les camps avec ses frères licorneux qu'ils fallaient monter et démonter, elle esquissa un sourire à ces souvenirs. Il fut fugace sur ses lèvres mais pas dans sa tête, car elle se souvenait aussi de ces moment heureux qu'ils passaient tous ensemble. Peut être une forme de réconfort avant le choc des armes, mais ils étaient bien tous ensemble à se chercher de tente en tente, à courir après l'un pour un parchemin à transmettre et tant d'autres choses encore...
Et encore des souvenirs à la pelle remontaient à la surface... Elle ne savait plus où mais elle savait que c'était lors d'un campement qu'elle avait perdu Marie, elle attendait un enfant, elle se souvint que c'est là qu'avec sa senestre ils s'étaient enfin rapprochés...
Puis le souvenir d'ailleurs, des combats, Marie blessée, un affrontement avec Walan qui voulait absolument aller la venger, ce qui avait mis à mal la relation entre l'ourson et la rousse. quelques jours après ce fut Eng qui disparut, et à son tour elle se perdit, de peur, de mal, de doutes, son 'tout' n'était plus là, laissé pour mort, elle était devenue mourante elle aussi...

Elle se secoua pour sortir de ce piège qu'elle était en train de se construire inconsciemment.
Retour au présent, des voix s'interposaient, Walan et son époux...
Ce qu'elle craignait en entendant ce "faisait" arrivait!
Enguerrand se braquait et refusait de rejoindre la forteresse et ses frères, ses compagnons.
Elle aurait dû s'abstenir de le suivre...

Elle redressa fièrement son museau façon très connue et boesnieresque, vint se placer aux côtés de sa senestre et posa la main sur son épaule en signe de soutien et, peut être, pour apaiser ce qu'elle sentait monter puissance dix en lui, juste le temps de lui faire passer ce flux nécessaire.
Mais rien, en ce jour cela ne servait à rien.
Elle regarda les gestes du barbu un à un.
Les détaillant presque.
Elle vit la cape aux pieds de Walan.
Un soupir. un murmure...

Qu'il en soit ainsi alors!

Elle leva son regard vers son époux, vit son sourire crispé et d'un simple hochement de tête lui fit comprendre qu'elle irait avec lui.

Un léger soupir, de dépit, franchit à nouveau les lèvres de Walan face à la réaction d'Enguerrand. Il comprenait la déception, évidemment, comment ne pourrait-il pas ? Se voir retirer des choses où l'on s'était investi des années ne pouvait qu'être déplaisant. Et en même temps, il avait du mal à saisir la surprise. Pour autant qu'il le sache, l'Ordre excluait depuis longtemps ceux de ses membres qui étaient morts, disparus ou simplement absents depuis trop longtemps sans avoir prévenu, et n'était d'ailleurs pas le seul organisme à le faire. Malheureusement le couple, comme d'autres avant et après, avait bien été porté disparu plusieurs années ... D'où le soupir, partagé entre la compassion et l'incompréhension.

S'accroupissant brièvement, le brun ramassa la cape et la plia soigneusement avant de la soutenir d'un bras. Il se releva de manière un peu plus raide, sa hanche se rappelant comme toujours à son bon souvenir.

Nous viendrons.

Mais il ne précisa pas qui était le "nous" en question.

Il avait noté le trouble dans l'attitude de son vieux compagnon d'arme.
Il ne pouvait que le comprendre.
Il aurait voulu lui expliquer, lui dire qu'il n'avait rien contre lui, ni même contre l'Ordre, après tout.
Il en avait juste assez.
Tout avait tellement changé sur cette terre depuis qu'il y était revenu.
Il ne pouvait plus.

Il ne réagit pas en apparence lorsqu'il entendit ce "nous" prononcé par le Capitaine. Que voulait-il dire, il n'en savait rien, et en cet instant présent, il n'en avait cure.
Il adressa un signe de tête au Licorneux, amical et grave, puis, comme le ferait un jeune homme de sa compagne, prit la main d'Ewaële.

Sans un mot de plus, juste un sourire difficilement esquissé, il se mit en route vers l'auberge du vieux François

» mort de Will
» Où ? Mais où ?
» [SdC] Mort de Kreuz
» Perdue mais pas que...
» Heuu...oui, mais?