Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne


 
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 [Lieu] Auberge du Vieux François

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Pons d'Ambroise

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyLun 15 Oct 2012 - 17:24

    « Vous savez que la nôtre est blanche de licorne ? »
Un franc éclat de rire fut émis par la gorge du chevalier avant de sourire à la femme et sa remarque naïve.
    – Un symbole de pureté, répondit-il. La mienne était peut-être à mon image ?
Puis tandis que Pons d'Ambroise la laissait terminer, sa main repliait le vélin où il avait écrit son souhait d'intégrer l'Ordre. Sans le relever de la table, il le fit glisser, ses doigts dessus en direction de son vis-à-vis...
    « Voilà pour votre conseil, Marie Alice. »
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Mariealice

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyLun 15 Oct 2012 - 23:01

Le rire de son interlocuteur la fit sourire. Au moins il ne prenait pas mal sa réserve.

Vous vous voyez bien noir alors pour penser qu'elle est à votre image. Et nous ne sommes pas des saints. En tous les cas, pas moi.

La main se tendit pour récupérer le vélin sans le lire. Ce serait fait avec le reste du Haut Conseil.

Voulez-vous rajouter quelque chose ou puis-je vous laisser? Vous pouvez prendre une chambre ici le temps que nous délibérions et bien sûr si vous souhaitez à nouveau me parler, il suffira de me faire mander.
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Pons d'Ambroise

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMar 16 Oct 2012 - 6:35

    – Vaquez donc à vos occupations, lui dit-il, je ne vous retiens pas plus longtemps.
Saisissant la hanse de sa chope, le chevalier la porta aux lèvres tout en regardant Marie Alice.
    « Je suis las, madame, et je louerai une chambre pour me reposer d'ici-là. »
Se relevant enfin, Pons d'Ambroise s'inclina, déférent devant la femme pour la saluer.
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Ombres

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMer 19 Déc 2012 - 15:17

Ombres rentra dans l'auberge que lui avait conseillé boucanier. Elle semblait un peu vide mais certainement quelqu'un allait venir et le tavernier n'était certainement pas loin. Par expérience, Ombres savait qu'un tavernier n'était jamais loin.


La femme salua quand même pour faire savoir qu'elle était entrée.


Bonjour, il y a quelqu'un?

Puis sans attendre la réponse s'installa à une table pour écrire sa lettre avec le plus d'attention possible.
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Ishtara

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptySam 18 Jan 2014 - 13:00

[Petite Brune deviendra Grande]



Ishtara était partie du poste de garde sans même demander où se trouvait cette auberge. Elle se croyait peut-être chez elle à Mauléon, cette ville qui n’avait plus aucun secret pour elle ? Réalisant son erreur, elle s’arrêta quelques secondes pour se laisser le temps de se sermonner toute seule. Même pas une carte de Normandie elle s’était débrouillée pour avoir, rien de rien, elle était partie comme ça, avec tout juste de quoi se couvrir. Enfin, là aussi il faut vite le dire. A croire que les habits ne sont pas les mêmes dans le Sud et dans le Nord du Royaume de France. Son manteau était gelé par le froid, pourtant pas si fin, elle l’avait cru assez épais quand son tisserand lui avait confectionné, peut être pour chez elle, car il était sur qu’il n’était pas fait pour la région.

La jeune femme n’était pourtant pas partie sur un coup de tête, elle avait longuement réfléchi, et hésité. Car, il faut le savoir, elle hésitait toujours, la confiance en elle étant loin d’être une de ses qualités, d’ailleurs en avait-elle ? Elle se le demandait souvent, ne se trouvant pas très jolie et pourtant nombreux lui avait dit le contraire, ne se trouvant pas très intelligente et là encore, elle trouvait tout doucement sa place dans certaines institutions, elle venait même d’être élue mairesse de sa ville, mais rien n'y faisait. L’éducation, là aussi, les nonnes c’est bien, mais cela ne vous apprend pas tout, bien au contraire même, la couture elle avait détesté ça, la cuisine encore, elle s'y était intéressée. Malheureusement certains sujets au couvent ne pouvaient être abordés, comme les relations entre un homme et une femme, d’après elles c’était le mal. La lecture, l’écriture elle l’avait acquis seule au cours de ses voyages qu’elle avait entrepris pour retrouver ce frère qu’elle avait et qu’elle ne connaissait pas. Et alors quand la brune demanda aux nonnes à apprendre à manier l’épée, se fut un scandale et ce fut ce jour-ci ou Ishtara quitta le couvent, avec pour seul bien personnel son médaillon qu’elle ne quittait jamais, en se jurant qu’elle l’apprendrait par ses propres moyens.

Et ce jour était enfin arrivé, un regard autour d’elle après avoir fini de s’en prendre à elle-même. Il fallait trouver des villageois, pas le temps de penser à ce qui allait se passer sou peu, priorité à trouver cette auberge car il serait regrettable qu’elle ait réussi à obtenir un entretien avec lui, et qu’elle ne soit pas là, elle ne s’en remettrait pas. Ryes ne devait pas être si grand, si ? Elle se faufila dans quelques ruelles, mais ne trouva personne. Était-ce un jour particulier, ou alors jour de marché ? La jeune femme chercha à entendre si il y avait âme qui vive non loin, puis du bruit arriva jusqu’à ses oreilles. Cheval tenu par les rennes elle s’y dirigea et par chance elle croisa une veille dame à qui elle demanda sa route. Elle lui indiqua et fît même un bout de chemin à ses cotés ce qui toucha la jeune femme.

L’auberge fit son apparition au détour d’une ruelle. Nouveau nœud à l’estomac, angoissée elle s’approcha. Voila, elle était là, encore quelques heures avant de savoir si elle avait eu raison ou pas. Une douce caresse à son cheval qu’elle laissa et entra Chez le Vieux François. Émeraudes vertes qui parcourent la salle, puis elle s’approcha de l’aubergiste.


Bonjorn Messer, je suis là pour m’entretenir avec le Chevalier Enguerrand de Lazare, il m’a fait savoir de patienter ici.
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Le vieux François

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyLun 20 Jan 2014 - 0:32

Et il attendait l'vieux. Il attendait la mort. Parce que c'foutu vent ne ferait rien d'mieux que de souffler à coup sûr encore toute la journée et au moins la s'maine suivante.
Et dans ces cas là, il savait bien ce qu'il se passait, le tavernier. Les habituels poivrots préféraient rester calfeutrés chez eux. Vu qu'sortir de son auberge bourré comme un coing par un froid pareil, c'était des coups à se voir r'trouvé le lend'main matin gelé jusqu'à l'os, la gueule dans la neige et les arpions noircis par le gel.
Alors dans ce cas, l'alcoolique, il est prudent. Il préfère se faire crever à petit feu par un alcool frelaté, plutôt que de risquer se retrouver durci comme la pierre sans avoir eu l'temps d'dégobiller ses derniers litres de vin. Alors il reste chez lui. Et il essaye d'pas voir les bestioles qui courent au plafond et sur les murs, qu'y parait qu'y a qu'lui qu'il les voit, du moins jusqu'à c'qu'il puisse à nouveau avoir sa dose d'vinasse.

Toute la journée il avait attendu.
Il avait même fait un brin d'ménage, c'est vous dire...
Un coup d'torchon -sale- sur des choppes en étain dont la crasse et la saleté s'étaient comme incrustées dedans. Tout juste arrivait il à étaler uniformément la couche de graisse les recouvrant pour donner l'apparence d'une saleté, certes, mais uniforme, monsieur.
Il était même allé jusqu'à balancer un peu de paille sur le sol dallé de la gran'salle. A peine à terre que déjà elle s'était emplie de boue et de déjections diverses, oubliant son statut initial pour se transformer en une forme de purin capable de faire pousser un pommier en plein hiver.

Il en était à compter les mouches crevées sur son large bar en chêne massif, songeant qu'il faudrait quand même se résoudre à réveiller l'compaing Pierre qui cuvait sa cuite de la veille depuis toute la journée déjà. Il en était donc à son calcul, dur et besogneux pour ce qu'il n'avait jamais réussi à dépasser le nombre dix de toute sa vie, quand une jeune femme fit son apparition dans la salle.
Elle semblait frêle et hésitante, toute droit sortie de ces entrées qui en temps normal, dans les histoires du coin du feu, font venir silence en la salle bondée d'une taverne animée, tous les regards convergents vers l'arrivante.
En la matière, ce furent les deux paires d'yeux du Vieux qui la fixaient, ainsi qu'environ 352 autres correspondant à celles des mouches encore vivantes des lieux, plus une demi paire, à savoir un oeil, donc, celui du chien du François, borgne depuis qu'il avait essayé de voir si un tison brulant pouvait facilement rentrer dans une orbite (il faut le reconnaitre, il était un peu con ce clebs).


Bonjorn Messer, je suis là pour m’entretenir avec le Chevalier Enguerrand de Lazare, il m’a fait savoir de patienter ici.

L'Lazare.
Mazette, ça faisait une paye qu'il l'avait pas vu c'ui là. Pas depuis au moins l'incendie de Ryes, c'est vous dire.
Quoi qu'il en soit, il savait qu'il fallait pas trainer avec c'Licorneux là. Et qu'il allait devoir prendre soin de la d'moiselle.
Une voix rauque se fit alors entendre, avec même une ébauche de ce qui pourrait de loin ressembler à un sourire crispé:


Suivez moi donc jusqu'à l'Alcove qu'le Chevalier utilise dans ces cas là...Vous y s'rez...tranquilles assez.

Nulle malice dans ces propos, il savait que le Licorneux n'était pas de cette graine ci Et rien que d'imaginer qu'il pourrait se laisser aller à plaisanterie à ce sujet...

Accompagnant l'inconnue dans ladite alcove, il revint rapidement portant broc de vin, deux gobelets -propres ceux-ci- réservés pour pareille occasion, larges et épaisses tranches de jambon, couteau et pain blanc.


En attendant qu'messire l'Chevalier arrive, v'là d'quoi patienter un peu...vot'...heu...mad'moiselle.

Et le vieux de s'incliner en grinçant avant de s'en retourner vers son bar, refermant derrière lui le tissu dissimulant l'alcove aux regards indiscrets.
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Ishtara

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMer 22 Jan 2014 - 8:25

Le regard que l’aubergiste posa sur la jeune femme la mit mal à l’aise. On ne pouvait pas dire que les lieux étaient très chaleureux, si sales, en temps normal elle aurait fuit ce genre de lieux. Mais là, elle n’avait pas le choix, il fallait y rester. Si ses amis savaient où elle était, ils l’auraient certainement traitée d’inconsciente pour y être venue seule, mais voila, ils ne le sauraient pas tout de suite, c’était son choix, bien qu’il fût dur à décider.

 
Sa voix rauque raisonna dans l’auberge, ce genre de voix qui pourrait faire craquer certaines femmes comme Gilda, quoiqu’elle les aime jeune d’après ce qu’elle lui avait dit la fois ou elles avaient fait connaissance dans le bureau du Procureur. Ce genre de voix n’effrayait pas la jeune femme, au contraire même, un petit coté rassurant, elle ne savait pas pourquoi, mais c’était ainsi. Elle répondit au sourire forcé du vieil aubergiste par un joli petit sourire discret, on lui avait appris à toujours cacher ce qu’elle ressentait par un sourire car il ne fallait pas étaler ses émotions et encore moins la peur, l’angoisse. Sacrées nonnes ! Si simplement elles lui avaient appris ce qu’elle leurs avait demandé, elle ne serait pas là ce jour.


 
Suivez moi donc jusqu'à l'Alcove qu'le Chevalier utilise dans ces cas là...Vous y s'rez...tranquilles assez.

 
Sans dire mot, elle le suivit jusqu’à l’alcôve, après avoir observé ce pauvre chien borgne, qu’elle serait bien allée voir de prés, mais elle se retint, non qu’elle en ait eu peur, elle irait surement plus tard, ou peut être même que celui-ci viendrait à elle seul.

 
Se déshabiller de sa cape et de son manteau, hésitante, elle avait encore froid, mais si elle restait couverte de trop, pour sure elle tomberait malade en partant d’ici et ne reverrait peut être jamais sa ville adoptive. Le vieil homme était parti et revenu presque aussi vite avec de quoi se restaurer et se désaltérer. Un nouveau sourire, touchée par ce geste.

 

En attendant qu'messire l'Chevalier arrive, v'là d'quoi patienter un peu...vot'...heu...mad'moiselle.

 
Je vous remercie Messer, très aimable à vous.
 

Elle s’ôta la capuche et sa cape, laissant tomber sa longue chevelure qu’elle se forçait à dire brune, mais elle ne l’était plus depuis quelques temps maintenant. Ses cheveux avaient changés de couleur d’un noir corbeau qu’elle aimait tant, elle avait maintenant une tête blanche, un blanc comme le lait ou la neige lorsque celle-ci tombait du ciel. Un héritage de famille, son frère était comme elle et sa défunte sœur l’avait été également d’après ce qu’il lui avait conté. Son manteau débarrassé aussi, elle prit place, la boule au ventre de cette rencontre, de se retrouver face au Chevalier qui n'en aurait surement que faire d'elle et de sa demande.

 
La jeune femme se plongea dans ses pensées, se demandant à quoi il pouvait bien ressembler exactement ce dit Chevalier. Comment il prendrait le fait de s’être fait déranger et de devoir se déplacer jusqu’ici pour sa demande. Nouveau petit soupir. Elle détestait être comme ca, si peureuse de certaines choses et pas d’autres. Elle aimerait tellement ne plus se poser tant de questions sur tout, ne plus hésiter de rien, juste être sure d’elle pour pouvoir avancer dans la vie sans que chaque décision ne lui prenne des semaines.

Mais la jeune femme était comme ça, changerait-elle ? Seul l’avenir le dirait.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyJeu 23 Jan 2014 - 17:36

Le froid, mordant, semblait avoir pétrifié les pierres de la forteresse. Vaisseau de granit traversé par le souffle glacial du vigoureux hiver normand, l'édifice résistait aux assauts de l'hiver, à défaut de ceux d'ennemis depuis longtemps craintifs à la simple idée de passer en vue de l'édifice.
Il semblait venir de l’océan quelques parfums de l’au-delà des mers, de ces gouffres et précipices hantés par les bêtes hideuses que la plupart pensaient bien réels.

Juché sur son lourd destrier, pour ce qu’un peu d’exercice ne ferait pas de mal à la Bête, il avait franchi au galop les herses de Ryès, celles-ci se refermant comme à l’accoutumée immédiatement derrière lui. Simple signe de tête en direction des Hommes d’arme de faction, emmitouflés qu’ils étaient dans leurs épais manteaux, tapant des pieds sur le sol gelé afin de tenter de réchauffer autant que possible leurs extrémités. L'apprentissage passait par là, chacun le savait.

Il avait, comme à chaque fois qu’il quittait les murs protecteurs de l’Ordre, revêtu l’armure qui parfois semblait lui être comme seconde peau,  protection faite de cuir et d’acier si familière qu’il ne la remarquait presque plus.
Le métal, d’un noir mat, portait les stigmates des nombreux coups reçus. Mille fois réparée, mille fois abimée, tordue, pliée, elle était tel le corps et l’âme de son propriétaire. Nul plastron étincelant au soleil, nulle spallière richement décorée.
Une unique licorne d’argent sur la senestre en guise de fioriture, afin que nul n’ignore, dans l’âpreté des combats, l’origine de son propriétaire. Les deux gantelets d’acier, signes de sa charge de Capitaine, avaient été revêtus, l’épée reçue lors de son adoubement battant son flanc dextre.
Tête nue, seul écart fait à son habitude, il sentait le vent lui mordre la peau, savourant ce froid qui parfois parvenait encore à le ranimer assez.
 
Ralentissant légèrement l’allure de sa monture à l’arrivée dans le village, il piqua directement vers l’auberge du Vieux, non sans un regard vers le lavoir encore déserté pour ce que son eau, gelée depuis plusieurs jours déjà, ne pouvait plus apporter excuse valable aux commères du bourg pour se retrouver et débiter fadaises et ragots tout en faisant mine de laver quelques bouts de tissu.
Laissant le quadrupède dans la grange qui faisait office d’écurie, il pénétra dans la bâtisse où l’attendait cette inconnue qu’il allait en cet instant encontrer.
 
Regard alentour afin d’inspecter les lieux.
La crasse habituelle. Quelque ôdeur rance de vomissement, de moisissure et d’urine mêlés.
Un poivrot finissant sa nuit. Ou entamant sa journée. Le bâtard borgne.
Et le Vieux évidemment.
Rien de neuf en somme.
 
Quelques enjambées en direction du propriétaire, puis d’une voix neutre :

 
Où est-elle ?
 
Un signe de la tête de la part du François montrant du regard l’alcôve habituelle aux tentures fermées. Etait-ce un coin de sourire que le Chevalier avait aperçu sur le visage usé du vendeur de vinasse ?

Regard perçant fixé sur celui-ci. L’esquisse disparut comme par magie aussi rapidement qu’elle était venue.
Quelques pas encore puis, la main dextre attrapant l’un des pans du lourd tissu aux taches aussi multiples qu'inidentifiables, il l’écarta d’un geste, découvrant la jeune femme qui l’attendait.

Jeune, elle semblait l’être, de toute évidence. Effrayée, probablement, ou pour le moins anxieuse et pensive. La silhouette était fine, les traits délicats. La vêture paraissait simple et il aurait pu, à la première observation, lui donner dans les vingt ans tout au plus. Moins, peut-être même.
Si ce n’était cette chevelure de neige cascadant sur ses épaules.
Il y avait quelque chose d’hypnotisant dans cette vision, comme celle de deux êtres mélangés par un facétieux destin en un seul corps.
Salut bref de la tête alors que le visage du Chevalier tentait de se détendre quelque peu.
Il n’y avait nulle trace de piège dans cette rencontre, tout du moins le croyait-il: ces lieux étaient par lui plus que connus et le Vieux, habitué à la visite des Licorneux, savait depuis longtemps prévenir discrètement ses visiteurs d’un éventuel danger tapi quelque part dans l’ombre.

 
Je suis le Chevalier Enguerrand de Lazare, Capitaine de la Licorne. Ainsi que vous me l’avez mandé, me voici venu à vous afin de vous encontrer.
 
Le ton se voulait posé, sans trace ni d’agressivité ni de sympathie particulière. Il avait conscience de probablement impressionner la jeune femme plus qu’il ne le souhaitait réellement, mais ainsi en allait-il aussi de pareille rencontre.
Après tout, il ne savait réellement ce qui l’avait fait venir ici ni le pourquoi de la demande de la jeune femme.
Aussi, prenant place en face d’elle, refermant la tenture juste assez pour voir la salle sans être vu depuis celle-ci, il posa ensuite sa main senestre recouverte d’acier sur le plateau de la table, la dextre négligemment appuyée sur sa cuisse, non loin de la dague qu’il portait à la ceinture. Jamais trop prudent, parait il.
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Ishtara

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptySam 25 Jan 2014 - 9:08

Il y a peu on lui avait encore soufflé à l’oreille qu’elle se fouettait bien trop souvent, qu’elle devait cesser de se faire du mal à réfléchir de la sorte tout le temps et surtout, à tel point qu’elle était souvent physiquement là, mais son esprit voguait parmi ses doutes, et même si compliment il y avait, elle n’y croyait pas, il y avait rien à faire.

Un passé, un présent et un futur qu’elle désirait autre, ne pas reproduire les erreurs de certains, de ses parents qui avaient fui,  la confiant à son si jeune frère au moment des faits qui lui l’abandonna à son tour, bien trop jeune pour faire son éducation. Un passé qui se dévoilait à elle comme le feraient quelques rayons de soleil un jour de gros orages, de fin du monde comme diraient certains.

La jeune femme ne l’avait pas entendu entrer dans l’Auberge, ni même quand il l’avait rejointe dans l’alcôve. Juste cette voix qui brisa le silence, juste assez pour lui faire comprendre qu’il était trop tard pour faire machine arrière. Une première explosion dans le cœur de la jeune femme quand elle réalisa que ce n’était plus le vieil aubergiste.

Gênée d’avoir été surprise pensive, elle se redressa, le teint légèrement rosi, joignant ses deux mains qu’elle serra un peu plus comme pour se donner du courage, une inclinaison de la tête pour le saluer, laissant ses émeraudes l’observer le plus discrètement possible. Elle ne s’attendait à rien de particulier et n’en était pas déçue au contraire, froid il l’était. Il était imposant, si marqué par la vie, des nombreux combats auxquels il avait du participer. Elle se sentait si petite, si fragile face à lui. Son cœur avait pris un rythme inhabituel, accélérant à chacune de ses pensées qui se percutaient entre elles dans sa petite tête sans qu’elle puisse les contrôler.

Elle se rassit pour soulager ses jambes qui s’étaient ramollies. Elle était face à lui, un nouveau regard qui croisa ses yeux gris et qui eut pour effet immédiat de lui provoquer une inclinaison de la tête sur ses fines mains. Elle n’arriverait pas à tenir son regard. Pourquoi était-elle venue ?! Pourquoi n’avait-elle pas attendu encore ? Était-elle réellement prête pour cette entrevue ? Une discrète expiration, du courage, il fallait... il fallait parler, se présenter, d’une petite voix elle se lança.


Enchantée, je suis Ishtara Von Witteslbach. Je vous remercie infiniment de vous être déplacé pour moi.

Ses mains, posées sur ses cuisses, n’arrivaient pas à rester calmes, ses doigts ne cessaient de bouger. Elle essayait tant bien que mal de contrôler ce qu’elle ressentait. En vain, une boule au ventre avait pris place maintenant.

Je suis venue depuis le Béarn pour vous rencontrer. Nous ne nous connaissons pas, et je doute fort que nous ayons une connaissance en commun. Cependant j’ai entendu parler d’un Chevalier prénommé Enguerrand et d’une Licorne lors de mon errance sur les routes. On conte quelques histoires dans les tavernes dont celles des chevaliers. Surement le coté chevaleresque qui attire les gens. Pour ma part, il est vrai, le fait que vous soyez Chevalier m’a poussé à venir à vous, car qui d’autre que vous pourrait m’aider mieux ?

Son cœur ne tiendrait surement pas malgré son jeune âge, enfin le pensait-elle. Son regard se pose sur ses mains puis sur son médaillon caché sous sa tenue.


J’aimerais apprendre le maniement des armes, apprendre l’art de la guerre. Apprendre tout ce que vous voudrez bien partager avec moi.

Elle redressa la tête vers son interlocuteur.

Pourquoi vous et pas un Maitre d’ Armes me diriez-vous... Simplement car un soldat bien que fidèle à ses frères et sœurs d’armes, je ne le pense pas aussi loyal et fidèle qu’un Chevalier. Je pense qu’on peut l’acheter contre quelques écus, enfin pas tous et j’ose le croire. Comment trouver la bonne personne pour mon apprentissage ? Aussi ai-je fais le choix de venir à vous pour être sure de ne pas me tromper sur mon futur Maitre bien que je ne vous connaisse pas.

La jeune femme se tut, elle se sentait déjà un peu mieux, la demande avait été faite. S’était-elle bien exprimée, là aussi, sa jeunesse faisait qu’elle y arrivait rarement comme elle le pensait et l’espérait.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptySam 25 Jan 2014 - 12:38

De prime, le Capitaine crut que la jeune femme allait finir par défaillir devant lui.

D'aucuns s'en seraient satisfaits voire gaussés, il n'avait toutefois jamais apprécié pour sa part telles situations, pour ce qu'elles en étaient par trop caricaturales à ses yeux.
L'angoisse et la nervosité étaient plus que visibles chez son interlocutrice, elles en étaient presque palpables, tant celle-ci semblait pétrifiée par la crainte qu’il lui inspirait visiblement.

Ecoutant celle-ci avec attention, sa main dextre se relâcha légèrement en entendant les motifs de leur entrevue.
Ainsi donc il ne s’agissait là ni de complot menaçant le Royaume ou l’Ordre, ni de danger risquant de renverser le Roy, ni même menace d’invasion de telle ou telle province cible des appétits féroces d’un voisin par trop gourmand: la jeune femme souhaite apprendre maniement des armes.

En était-il déçu ? Après tout, se déplacer jusqu’au village pour rien de plus que prendre Ecuyer personnel sous sa protection...Mais finalement, sortir pour quelques instants des complots et cabales qui habituellement l’entouraient n’était pas si déplaisant que cela.

Tandis que son interlocutrice finissait de se présenter et d’expliquer les raisons de sa demande, le Licorneux tentait de se rappeler depuis combien de temps il n’avait eu à prendre en charge pareille tâche …Quelques images, plus que floues, passant en son esprit. Une jeune femme, plus d’un an auparavant, peut être deux. Des missives échangées alors qu’il s’apprêtait à entrer en guerre. Un guet-apens dont elle fut la victime. Et puis plus rien. Était-elle morte ? Avait-elle finalement préféré épouser quelque métayer, pour ce que la vie bien réglée du travail de la terre avait cela de rassurant et évitait avant tout de se retrouver avec deux pouces d’acier dans les tripes ?

Le silence s’était fait.
Depuis combien de temps ?
Il reporta toute son attention sur celle qui, il le savait à présent, se prénommait Ishtara :


Or donc, tu dis vouloir apprendre le jeu des armes et de la guerre.

Fin sourire se faisant jour sur le visage grave du Capitaine.

Voilà vaste programme qui pourrait bien te prendre toute une vie…

Signe du menton en direction de la jeune femme, le regard à présent pénétrant et dur.

Mais que connais tu finalement à cette vie-là ? As-tu déjà vu périr vieux et fidèle compagnon, ventre ouvert en deux par un coup d’épée, agonisant pendant des heures à tes côtés pour ce que pareille navrure prend tout son temps de souffrance et de douleur ? As-tu déjà entendu les râles des blessés sur le champ de bataille, alors que les corbeaux déjà se repaissent des meilleures morceaux, que les maraudeurs et autres écumeurs de cadavres dénudent et pillent ceux qui encore ont quelques onces de souffle ? As-tu déjà senti le craquement d’un crâne lorsque ta lame fend en deux le casque de ton adversaire et que, déjà mort, il reste encore en ses yeux une infime étincelle de vie, le sang et le cerveau lui dégoulinant sur le visage en puante et visqueuse cascade ?

Se penchant légèrement en avant alors qu’il poursuivait, le gris de ses yeux s'assombrissant :

Que sais-tu de cette vie-là toi qui veut l’embrasser ? Il n’y a pas de pire maitresse que la guerre, que pire amant que son Dieu. Tu connaitras la souffrance. La peine. La misère. Tu mourras de soif et de faim, sans espoir de passer à travers les lignes ennemies, prisonnière dans une nasse nauséabonde depuis des jours et des jours. Tu seras épuisée par la fatigue, tandis que tes chefs t’ordonneront d’aller encore et encore au front, quitte à t’y trainer à genoux. Tu seras écrasée par le désespoir et la crainte. Pétrifiée par l’angoisse d’entendre à nouveau les cris des ennemis tués. Tu ne dormiras plus, réveillée chaque nuit en sursaut par les terribles visions qui hanteront ton esprit.

Marquant une pause.

Est-ce cela que tu veux ? Cela que tu souhaites adopter comme vie future ?
En seras tu capable ? Sauras tu protéger ton camarade, ton frère, ta sœur, plus que tu ne te protèges toi-même ? Pourras-tu m’assurer ne pas être fardeau pour tes compagnons, au risque que cela ne leur coute la vie ? Parviendras-tu à ne pas t’effondrer en larmes, le corps secoué de sanglots, quand autour de toi la fureur de la bataille sera partout ?


Se reculant alors, reprenant sa prime position, les traits à peine plus détendus :

Car si c’est ce que tu veux réellement au fond de toi, je pourrai te l’apprendre.
Tu sauras ce que cela fait d’être entouré de personnes sur qui tu peux plus compter que n’importe qui au monde.
Tu apprendras la solidarité, l’esprit de corps unissant chaque membre de l’Ordre.
Tu verras ton corps changer. Devenir plus fort. Dur. Précis.
Tes réflexes seront affutés. Ton arme sera le prolongement de ta main.
Tu seras blessée, torturée, mutilée, se peut. Mais tout ceci aura un sens. Tu auras un but. Un devoir. Une vie.


Ultime pause, le regard du Chevalier vrillant celui de la jeune femme :

Mais cela, le veux-tu ? Le peux-tu ?

Il savait avoir tapé plus fort que de raison. Mais les années et l’expérience lui avaient appris que très vite l’esprit endurci se révélait et que plutôt que de perdre du temps à enseigner au faible ou au corrompu, il était préférable de rapidement savoir faire le tri entre les futurs combattants et les doux rêveurs.

La soule était à présent dans le camp de la jeune femme.
Il avait soif, aussi se servit il un gobelet de vin apporté par le vieux. Le vidant d'un trait, il remplit ensuite celui de la jeune femme.

Silencieux, immobile, il attendait.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyDim 26 Jan 2014 - 13:51

Les mots que le Chevalier venait de prononcer se bousculaient à leur tour dans sa tête, imaginant certaines scènes qui lui donnaient mal au cœur. Si elle n’avait pas fait toute cette route, elle serait surement partie. S’il l’avait sciemment malmenée par le verbe, elle lui aurait reproché sa brutalité. Mais voila, elle l’avait cherché, il avait été des plus honnêtes envers elle sur ce qui risquait d’attendre la jeune femme en choisissant cette vie.

Elle laissa le silence planer dans l’alcôve, le regard légèrement perdu. Allait-elle devenir comme lui ? Si froide, si dure ? Cette vie ôtait donc toute sensibilité humaine ?

Je sais très bien que si je venais à choisir cette voie, ce ne serait pas pour faire de la couture ni même de la broderie...  que je ne sais pas faire non plus d’ailleurs. Je ne sais pas faire grand-chose
, rajouta-t-elle d’une voix presque silencieuse.

Je ne sais rien de cette vie, je ne sais de celle-ci que ce j’ai pu entendre sur les routes quand je me cherchais. Mais jamais personne n’en avait parlé comme vous à l’instant. Alors oui cela fait peur, alors oui je devrais fuir, je ne crois pas qu’une seule personne en ce monde soit prêtre à vivre cela toute sa vie sans avoir des démons qui lui rappellent chaque minutes de sa vie qu’il n’est qu’un monstre.

La jeune femme marqua une petite pause.

Je ne serais jamais prêtre si je devais écouter mon cœur, je ne veux pas non plus devenir une femme qui ne ressent plus rien. Et je jure que je ferai tout ce que je peux pour garder une part d’âme, je sais très bien qu’en faisant ça, cela me torturera, mais au moins cela me rappellera qui je suis réellement.

J’ai longuement réfléchi à tout cela avant de venir jusqu’à vous et vous faire cette demande. Je prends rarement certaines de mes décisions sur un coup de tête surtout quand celles-ci en couteraient à ma vie et à mes frères et sœurs d’armes.

Une parole du Chevalier lui avait jeté un gros doute cependant.

Vous m’avez parlé d’Ordre et je pense avoir bien compris de quoi il en retourne, cependant, cela ne fait pas partie de ce que je désire pour le moment, un jour peut-être lorsque je serai plus sure de moi. Je suis déjà membre d’une compagnie privé, on peut même dire qu’il s’agit de l’armée du Béarn.  Mais j’occupe actuellement un poste au sein de ma ville qui m’empêche de prendre la route avec eux. Et je suppose qu’être membre des deux posera certainement un problème, sauf si devenir votre écuyère personnelle ne fait pas de moi une Licorneuse.

Elle posa son regard sur le Chevalier.

Pourriez vous m’expliquer au mieux de quoi il en retourne si vous veniez à accepter ?



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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyJeu 30 Jan 2014 - 16:14

Or donc la jeune femme avait encaissé les paroles du Capitaine.

D’aucuns avant elle avaient en cet instant précis déjà vomis leur quatre-heure, et leur midi aussi. Il en arrivait, parfois, à se demander si le Vieux ne prenait pas malin plaisir à servir victuailles et boissons afin de faciliter le mal de ventre consécutif au tableau dressé habituellement au postulant …

L’esprit vif aurait pu faire remarquer que, tenancier des lieux, l’idée de voir se répandre le contenu du gargamel du pauvre malheureux n’aurait pas été pour lui faire tant plaisir, pour ce qu’il se devait de nettoyer après l’épisode vomitif. Certes. Mais nous parlions là du Vieux. Et de sa Taverne. Qui ne devait pas avoir vu la couleur d’un lavage à l’eau claire depuis de longs et longs mois.
C’est d’ailleurs cette philosophie de l’entretien ménager tout particulier qui donnait au sol de l’établissement cette couleur et cette texture si particulières…ainsi que cette forte et pénétrante odeur, à même de tirer quelques larmes aux cœurs mal accrochés.
 
Observant la jeune femme, le Capitaine nota mentalement sa réaction, satisfait, il devait bien le reconnaitre, de celle-ci.
Et un fin sourire de se faire jour sur le visage grave, tandis que son interlocutrice lui répondait.
L’écoutant en silence, il hochait de temps en temps de la tête, en signe d’attention.

 
Etre membre de l’Ordre de la Licorne nécessite effectivement investissement plein et entier au sein de celle-ci car ainsi en a-t-il toujours été et ainsi en sera-t-il toujours.

Ménageant une courte pause.

Toutefois, l’écuyer personnel a ceci de particulier qu’il n’est pas réellement considéré comme Licorneux. Quelques accès lui sont permis, restreints, bien évidemment, mais il est avant tout lié au Chevalier qui l’a pris sous sa protection et son enseignement. Il lui est affilié et est son principal lien au sein de la forteresse, en coopération avec le Responsable des Hommes d’armes qui peut avoir à prendre en charge les Ecuyers personnels pour quelques entrainements ou formations.
 
Se resservant un  verre de vin, il le porta à nouveau à bouche puis, après avoir bu quelques gorgées, plongea à son tour le regard dans celui de la jeune femme.
Elle semblait encore pour l’heure frêle et peu assurée. Mais combien déjà avaient franchi les portes de Ryès en pareil aspect, angoissés, impressionnés qu’ils étaient par la vision de la Forteresse, par la vie qui les attendait peut être ? Et parmi ceux-ci certains avaient pu devenir Licorneux de premier ordre, Chevaliers pour certains, même.

 
Tu as déjà commencé ton apprentissage militaire, ce qui est une bonne chose.
Tu sembles avoir longuement pesé, pour ce que tu m’en dis, le pour et le contre de ta demande, ce qui ne peut qu’être en ta faveur.

 
Un instant de réflexion, comme s’il prenait le temps avant de poursuivre. Puis, d’un ton neutre :
Or donc, si tu es prête à t’engager sur cette voie là, je suis pour ma part prêt à te prendre pour écuyère personnelle.
 
La main dextre s’était levée de la table où elle était posée, l’index pointé.
Son regard se fit plus appuyé encore, profond, le visage se faisant un instant plus dur qu’il n’était quelques secondes plus tôt.

 
Toutefois.
Sans te demander obéissance aveugle et stupide, j’exigerai de toi de la rigueur et de l’abnégation. Les épreuves, parfois, pourront te sembler dures, inaccessibles, sans intérêt, se peut. Mais sache qu’elles auront toutes été réfléchies, pesées. Et que toutes, tu devras les accomplir.
Tu ne seras cependant pas larbin dévoué au récurage des écuries et des latrines, nous avons suffisamment de punis et de bras plus ou moins volontaires pour cela.
Tu ne seras pas serviteur dédié au portage des mets et autres vins capiteux pour ce que cette vie-là est à des lieues de la nôtre.
Tu ne seras pas celle qui attendra des heures durant, plantée devant une porte le bon vouloir de son maitre pour ce que ces tâches-là ne vont qu’aux médiocres et aux inutiles.
Il te faudra de la patience. Il te faudra de la force et de la résistance. Il te faudra parfois te questionner, chercher au fond de toi le sens de ce qui t’a été demandé.
Mais sache cependant, que je serai toujours là pour répondre à tes questions, sans toutefois mâcher ton travail ou par trop faciliter ton apprentissage.
Sache également que chaque Licorneux, à défaut pour l’heure d’être ton frère ou ta sœur, sera à même de t’épauler, de te prodiguer conseil ou assistance en cas de besoin.

 
Et le Capitaine de se taire.
Il avait déjà parlé bien plus qu’à son habitude.
Observant un ultime instant la jeune femme, les deux mains à présent posées sur le plat de la table, appuyé sur le dossier de sa chaise, il conclut :

 
Si ceci te convient, tu devras attendre icelieu où il te faudra prendre chambre. Tu recevras alors missive te permettant d’accéder à la forteresse où je t’attendrai.
 
A nouveau silencieux, il attendait à présent la réponse de la jeune femme.
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Ishtara

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyDim 2 Fév 2014 - 9:21

La jeune femme écoutait chaque parole pour bien comprendre ce que lui expliquait celui qui deviendrait peut être son Maitre, quoique ce n’était pas difficile, pas de demi-mot, pas de sous entendu, tout était clair comme de l’eau de roche et faut dire que la jeune femme était satisfaite de cela, la franchise qu’elle blesse ou pas, était une de ses qualités qu’elle cachait quelques fois par le silence par manque de tact.

Les Dragons, une douce pensée pour eux, ses frères et sœurs d’armes qui l’avaient accueillis les bras grands ouverts, surement car elle était jeune et frêle certains prenaient soin d’elle par quelques encouragements discrets, et de cela elle en était consciente. Une des raisons qui l’avait conduite ici était celle-ci, devenir grande, prendre confiance en elle auprès d’un homme qui saurait lui apprendre et pouvoir enfin se placer à leurs cotés le jour venu sans que ceux-ci aient peur pour elle.

La jeune femme baissa le regard pour éviter celui du Chevalier qui arrivait à la déstabiliser en une fraction de seconde. Quoi de plus normal que ce qu’il lui expliquait sur ses attentes et ce qu’elle serait à ses cotés.


De la patience, ce ne sera pas dur pour moi que de l’être, obéir aveuglement il est certain que non, je me laisse toujours le choix de comprendre et de discuter avant d’obéir si cela va à l’encontre de mes opinions ou autres.

A nouveau un silence de courte durée.


Sachez que je ferai toujours en sorte de ne jamais vous décevoir... et que je profiterai pleinement ce tout ce que vous m’apprendrez et que je n’hésiterai jamais à venir à vous ou à un Licorneux pour demander conseil si vraiment j’ai besoin d’assistance.

Un léger soulagement libéra la jeune femme, décision était prise, et le Chevalier acceptait également. Ce n’était que le début.

Je prendrais donc chambre ici le temps de recevoir une missive de vous.

Un léger sourire se dessina sur le visage de la jeune femme, elle était heureuse à cet instant précis.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMer 5 Fév 2014 - 11:27

Ainsi donc tout était dit.

La jeune femme pour l’heure restait en toute apparence impressionnée et hésitante, mais le Chevalier avait toutefois pu discerner derrière ce vernis quelque chose. Une volonté. Une force qui, se peut, ne demanderait qu’à être révélée.
A moins bien sûr qu’il ne se trompe. Que la fatigue, les années, l’usure, pourquoi pas, n’aient émoussé son esprit et sa capacité de jugement.
S’il s’était pareillement fourvoyé, quoi qu’il en soit, il le saurait bien assez tôt. L’épuisement, la crainte, la lassitude, les blessures…voire la mort, avaient déjà été par le passé les sanctions s’abattant impitoyablement sur les recrues ayant franchi les portes de Ryès sans en avoir les réelles capacités.

Et le Capitaine d’observer une dernière fois la jeune femme, gardant visage de marbre, plongeant son regard dans celui de son interlocutrice, comme pour essayer d’y trouver un indice, une faille, toute marque de faiblesse ou de potentielle réussite.
Alors, lentement, un fin sourire se fit jour sur son visage, les traits se détendant légèrement.
Les deux mains avaient repris place depuis quelque temps déjà sur le plat de la table, gantelets d’acier fermement posés sur le bois poli par les ans.
Discret hochement de tête avant de conclure :

 
Or donc te voici à présent mon écuyère personnelle.
 
Voilà qui était bref une fois de plus et sans fioriture.
Le Licorneux, lentement, se leva, se dressant de toute sa hauteur face à la jeune femme.

 
Tu recevras missive sous quelques jours tout au plus. Sois prête.
Tu t’habilleras simplement. Prévois vêtements chauds, la saison n’est pas bonne pour qui manque de se couvrir et trop de cadavres, déjà, se sont amoncelés sur le bas des chemins depuis le début de cet hiver.


Avait-il malicieusement sourit alors qu’il prononçait ces derniers mots ?
Ultime salut de la tête, bref, alors que sa main senestre empoignait la tenture jusqu’à présent close.

 
Tu présenteras la missive à l’entrée de la forteresse. Présente toi sans armes, elles ne te seront pour l’heure d’aucune utilité et nul entrant ne peut pénétrer en les lieux armé.

Je te souhaite la bonne journée et te dis donc à bientôt, écuyère.

 
Et sans un mot de plus, sans un regard en arrière, le Capitaine avait ouvert les deux pans de tissu, faisant entrer en leur alcôve la pâle lumière de la pièce principale de la taverne.
Traversant la salle d’un pas vif, il lança au vieux deux écus. Voilà qui payerait les frais de leur entretien, une chambre éventuelle pour la jeune femme si la richesse lui faisait défaut et, surtout, achèterait le silence au tenancier.

 
Prends en soin vieux bougre. Elle est désormais mon écuyère personnelle et sous ma protection.
 
Une pause, la main à présent sur la poignée de la porte.
Regard appuyé vers le Vieux, sourire froid sur le visage.

 
Et je te défends de lui servir de ton ragout maison, sans quoi il t’en cuira.
 
Et le Licorneux de quitter les lieux.
Qui n’avait pas gouté le fameux ragout ne pouvait pas savoir.
Et qui l’avait gouté le regrettait invariablement pendant au mieux plusieurs jours pour ce que sa composition était pour le moins…tout particulière. Il aurait été des plus dommageable que sa future écuyère, avant même d’affronter la première épreuve, ne succombe aux assauts culinaires du François…
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptySam 8 Fév 2014 - 9:42

Son avenir était donc sien maintenant, il avait prononcé les mots, elle était son écuyère. Heureuse elle l’était, elle en aurait sauté de joie, lui aurait fait une franche accolade pour le remercier mais voila, il était le Chevalier, elle l’écuyère, ils ne se connaissaient pas, et un tel débordement de joie ne se faisait pas, aussi elle resta assise, juste ses émeraudes trahiraient ce qu’elle ressentait réellement.


Il faut dire aussi que le regard du Chevalier suffisait pour immobiliser la jeune femme, il n’aurait pas à crier fort sur elle si elle venait à faire des bêtises, ça c’était sur, et honnêtement pour le moment elle ne souhaitait réellement pas le voir en colère et encore moins après elle.


Une montagne, il était impressionnant, elle n’avait pas remarqué à son arrivée surement car il l’avait surprise dans ses pensées. Mais là, elle l’observait se lever, se redresser, elle se sentait toute petite, encore plus petite que quand elle était aux cotés du Géant, le commandant. Surement du à la situation qu’elle ressentait cela, un ami qui était grand l’impressionnerait moins que face à celui qui devenait ce jour son Maistre.


S’habiller chaudement, ce n’était pas le cas pour le moment, et elle en souffrait, le sud ouest était moins froid qu’ici. Elle irait se trouver quelques vêtements chauds pour la région car mourir de froid n’était pas son but en venant en Normandie.

Il sortit de l’alcôve et elle en fit de même pour le saluer avant que celui-ci ne disparaisse aussi vite qu’il n’était arrivé.


La bonne journée à vous également et encore merci. A bientôt Maitre.

Et d’une voix basse elle s’énuméra les détails importants : s’habiller chaudement, y aller sans armes, se présenter à l’entrée de la forteresse avec la future missive qu’elle devait attendre ici, et surtout ne pas manger du ragout de l’aubergiste d’après les dire du Chevalier. Quoique ce n’était pas dur pour elle ça, elle mangeait peu, voir quand elle y pensait surtout.

Elle s’approcha de l’aubergiste une fois que son Maitre sortit des lieux et demanda une chambre afin de s’installer, elle devait aussi envoyer une missive importante à l’Ours pour lui faire part de la bonne nouvelle, le prévenir qu’elle ne rentrerait pas tout de suite et qu’il ne s’inquiète pas pour elle.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMer 28 Oct 2015 - 15:15

Une Silhouette s'avançant aux abords des faubourgs de Ryès. Quelques masures rassemblées mur à mur, tels pauvres hères cherchant chaleur et réconfort dans les frimas d'un hiver s'annonçant déjà vigoureux, annonçaient l'approche du village protégé par l'imposante forteresse dont la silhouette se distinguait encore en ce jour finissant.
Des toits d'ardoise se détachaient cheminées de guingois crachotant âcre et épaisse fumée noire, relents d'un bois de chauffage incandescent se frayant pénible et difficile passage au milieu d'épaisseurs de suie et de crasse que nuls ramonages n'avaient jamais réussi à vaincre.

Un homme, cheminant lentement sur le chemin boueux au large de la route de Lisieux, pataugeant parfois jusqu'aux chevilles dans cette terre normande détrempée par les ruisseaux de pluie qui souvent semblaient tomber en cascade des cieux chargés et menaçants. Par habitude, par prudence, il évitait les chemins balisés, par trop fréquentés et où l'on risquait de lui poser bien trop de questions.
Quelques silhouettes furtives croisées dans la traversée de la forêt leixovienne n'avaient été que les seules âmes vivantes encontrées depuis la début de la journée, charbonniers effectuant leur harassante tâche et ne souhaitant, tout comme lui, nulle compagnie autre que la leur.
Les champs alentours, mis au repos en prévision des froidures à venir, n'étaient plus habités à cette heure que par renards chassant leurs proies et corbeaux jetant par instants croassements lugubres venant rompre le morne silence environnant. Blé et foins avaient été prestement récoltés, potagers et vergers dûment nettoyés par les habitants des alentours à présent réfugiés en leurs demeures et la nature, seule maitresse en ces lieux, reprenait lentement ses droits pour les quelques mois à venir.
Les arbres quant à eux, encore à présent pour la plupart parés de leurs atours automnaux, perdaient peu à peu leur ramage chatoyant, se transformant ainsi en squelettes décharnés, s'ajoutant bientôt, spectres lugubres émergeant de la brume, aux paysages mornes et désincarnés de la campagne hivernale.

Une cape. Élimée. Crottée. Rapiécée. Jadis d'un éclatant bleu azur, signe de puissance craint et respecté, elle n'était plus à présent que l'ombre d'elle même, tout juste pièce d'étoffe à peine bonne à couvrir tel malheureux n'ayant pu trouver réconfort dans la nuit glaciale, risquant de crever gelé par delà le chemin sans cette dérisoire protection. L'animal cabré jadis finement brodé sur celle-ci n'était plus que délabrement, quelques fils tachés ne semblant résister que pour cruellement rappeler ce que le vêtement avait pu être, si longtemps auparavant.
La capuche abaissée sur le visage du marcheur en dissimulait presque entièrement ses traits. Usée par le soleil cuisant dont elle avait protégé son porteur, alourdie par les trombes d'eau dont elle l'avait couvert, elle ne devait plus offrir que dérisoire abri, l'humidité dont elle s'était emplie transperçant d'un froid glacial l'échine de son porteur.

Une épée, seule, semblait dernier vestige de ce qui avait été. Dissimulée sous l'étoffe usée, elle se faisait par instant jour, battant le flanc dextre de l'homme et jetant alors éclats étincelants si d'aventure le faible soleil d'automne parvenait à percer quelques rayons au travers des lourds nuages normands.
Son pommeau d'argent avait été patiné par le temps, marqué par la poigne de celui à qui elle avait été confiée bien des années plus tôt, et la licorne qui y avait été gravée n'était plus qu'une silhouette fantomatique, témoin de trop nombreux combats.
Bien que nue, la lame en gardait son tranchant, la qualité du métal dont elle était faite et le soin particulier que le voyageur lui apportait jour après jour en faisant encore arme terrible, prolongement d'un bras qui avait été juste, au service d'une cause non moins droite et vénérable.

Un regard gris acier, fixe et perçant, ne semblait plus être que la dernière lueur de vie de l'homme.
Il se tenait légèrement vouté alors qu'il poursuivait sa route, ne s'appuyant toutefois sur nul bâton de marche.
Ces derniers pas lui en coûtaient. Il avait ainsi parcouru tant et tant de lieues, depuis tant de longs mois. Et alors qu'il approchait enfin de son but, la lassitude l'envahissait, engourdissant ses membres peu à peu.

La nuit était à présent tombée sur le village et c'est silencieusement et se tenant au plus près des murs des demeures, évitant soigneusement, par une habitude profondément ancrée en ses sens, les flaques de lumière jetées ça et là dans les ruelles par quelques fenêtres non encore closes.

Quelques instants encore et il se trouva debout devant la porte de l'édifice.
Une brève inspiration, comme pour peser une dernière fois le pour et le contre de ce qu'il allait s'apprêter à faire et la main calleuse se posa enfin sur la lourde poignée de la porte, ouvrant lentement l'huis de la taverne, ce lieu par lui tant connu qu'il en avait arpenté tous les coins et recoins durant des années.
Regards indifférents se tournant dans sa direction. Un ou deux colporteurs de passage, un couple de marchands de tissus venant de Flandre, quelques habitués des lieux déjà hantés par leurs avinés cauchemars et le Vieux, surtout, posant pour sa part un œil perçant sur cet inconnu en quasi haillons pénétrant en son antre à une heure avancée. Méfiance naturelle de celui qui, malgré la protection de la Licorne, avait déjà du affronter nombre de périls au cours de sa vie déjà bien trop longue à son gout.
Et alors que le tenancier s'apprêtait à vertement chasser l'importun, s'il le fallait à l'aide de ce bâton qui avait par le passé écrasé nombre de crânes récalcitrant, estimant d'un rapide coup d’œil que celui-là, de par son allure dépenaillée et sa mine défaite, ne lui apporterait nul écu sonnant et trébuchant, la gorge se noua, le geste de rejet s'arrêta avant même qu'il ne s'ébauche.
Il l'avait vu. L'avait reconnu. Ce regard à nul autre pareil l'avait une fois encore percé de part en part.
Il le croyait mort pourtant, comme tant d'autres. La rumeur, insidieuse et incontrôlable, avait serpenté en les murs de la forteresse pour s'écouler lentement de par les ruelles du village: le Capitaine avait quitté la Licorne des mois auparavant. Sans prévenir quiconque, sans nulle information, même à ses plus proches. On l'avait dit moine, quelle ironie. On l'avait cru parti pour lointaines terres, qui au nord, qui au sud. On avait juré l'avoir croisé en les rues sombres et puantes de Paris, Lyon ou Marseille, ou au détour d'un sommet d'Auvergne ou franchissant un col des Alpes. Et puis, lentement, les nouvelles s'étaient faites plus rares, s'espaçant de semaines en semaines puis de mois en mois. Et alors, silencieusement, sans même que l'on s'en aperçoive, son Nom s'était retrouvé perdu en les méandres de l'oubli, rejoignant tant d'autres avant lui.


Le temps s'était suspendu entre les deux protagonistes.


Un signe de tête, du Vieux, en direction de l’alcôve discrète que le Licorneux prisait particulièrement. Dissimulée en recoin de la grande pièce, elle permettait d'en observer sa quasi totalité d'un seul coup d’œil, tout en se ménageant possible issue tout autant discrète que potentiellement salvatrice par la porte de service cise non loin.

L'homme traversa la salle principale en silence, n'attirant plus à présent sur lui la moindre attention de l'assistance. Prenant place à la table qui lui était réservée, il sortit un parchemin usé et racorni dont il gratta la surface d'une plume presqu'entièrement décomposée.



Citation :

Au prévôt de l'Ordre Royal de la Licorne

Salutations et connaissance de vérité.

Je, par la présente frère de l'Ordre Royal de la Licorne, demande à te rencontrer hors les murs de Ryès pour personnelle affaire.
Je t'attendrai en la taverne du Vieux Françoys ce jour et les jours suivants.

Fraternellement

E


Et lorsque le Vieux s'approcha de lui à pas mesurés, déposant pichet de vin, jambon épais et pain frais du jour, celui qui avait été Chevalier lui glissa dans la main le message à l'instant rédigé, accompagné d'une broche d'argent représentant la licorne cabrée, soufflant d'une voix à peine audible, rendue rauque par des semaines sans échanger le moindre mot avec âme qui vive:

Forteresse. Prévôt. Discrétion.

Trois mots.
A quoi bon user de phrases quand quelques mots suffisaient à se faire clairement comprendre.

Il avait volontairement laissé missive anonyme. Il voulait son retour aux pieds des murs de l'Ordre discret et méconnu de tous. Il espérait, par la licorne qui l'accompagnait, que le Prévôt daignerait descendre de la Forteresse pour rejoindre le bourg. Sans quoi, le destin en serait tracé et il ne lui resterait plus qu'à poursuivre son chemin.

Et tandis que le Vieux, pétrifié encore par la rencontre qu'il venait de faire quittait la taverne, non sans avoir revêtu cette vieille cape huilée aussi épaisse que le meilleur des cuirs, le voyageur se carra dans sa chaise, laissant ses pensées, pour l'heure apaisées, se réfugier dans les remembrances d'un passé perdu.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyLun 2 Nov 2015 - 16:10

Une bordée de jurons étouffés s’étaient échappé de l’amas de couvertures sous lequel Ellesya avait trouvé refuge depuis quelques heures, le corps perclus de douleurs. La nouvelle épidémie s’était répandue comme une trainée de poudre un jour de grand vent. M’enfin, de son entourage, elle savait lequel avait été le premier touché. Pour sûr qu’il l’entendrait encore gronder un moment lorsque les tisanes et vins épicés n’estomperaient pas assez le malaise.
A Lu qui s’était fait le relais de confiance du message, elle réitéra sa question.


Juste signé « E » ? Manque pas un bout déchiré ou l’encre a été délavée ?

Mêmes réponses, patientes. Négatives.
Un profond soupir sembla signifier que la walkyrie venait de changer de registre sonore. Un bras émergea et, d’un geste las, elle désigna la petite table de travail encombrée qui occupait une part de sa chambre.


Dépose le tout là… Je regarderai tantôt.

Sauf qu’harassée et malade, le tantôt s’était transformé en demain. La Louveterie ayant resombré sous l’effet du mal et de l’épuisement accumulés.
Puis le lendemain, durant un moment où son esprit lui avait paru plus clair, elle était restée un instant à étudier le message, à en pointer les indices et tout ce que cela soulevait comme interrogations. Si elle n’avait été si mal en point, dans l’heure, la veille, l’huis de l’auberge aurait été poussé. Tête brûlée pour certaines choses, histoire de contrebalancer d’autres. Et surtout curieuse. Comme avait lancé Fool au début de la mobilisation, il y avait une éternité : un vraie curieuse insatiable. Pas sûr que ce fut un compliment d’ailleurs en y repensant. Et combien de mois, l’année précédente, Julios l’avait-il faite courir pour quelques notes dans un carnet ? Oui, certains savaient comment la faire marcher sans aucun doute.
Quoiqu’il en soit, le lendemain s’était transformé en surlendemain. Le message parlait des « jours suivants » et, lors de ses moments où elle parvenait à rassembler ses lambeaux de motivation, c’étaient les urgences qui se rappelaient à elle. 

Puis, la question était apparue : Lui dire ou non ? Elle avait fini par en toucher un mot au Loup. S’il l’apprenait a posteriori, il grognerait fort. S’il l’apprenait a priori mais avec interdiction d’être dans ses pattes, il grognerait aussi et viendrait quand même. Et là, c’était elle qui découvrirait les crocs. Il y avait certaines choses qu’elle craignait mais pas de trépasser dans un guet-apens. En cela, il n’était pas d’accord. Alors compromis avait été trouvé, avec un soupçon de sagesse. Il viendrait. Discrètement.

Peu après sexte, profitant d’un moment où un repas chaud et quelques soins l’avaient ragaillardie et lui avaient rendu meilleure mine, elle quitta le navire de pierre échoué à quelques lieues de la côte normande. Les préparatifs pour les travaux de la nouvelle porte n’allaient pas tarder à débuter. Pour l’heure, il était encore aisé d'aller et venir sans devoir passer par une poterne renforcée. La dernière attaque, datant d’avant la guerre avec l’Empire -qui ne semblait pas vouloir trouver le mot « Ende »-, avait eu l’heur de leur rappeler la circonspection, la prudence. La walkyrie n’était pas là ce jour-là, elle errait pour une fois hors de Ryes. Mais cela lui avait semblé de mauvais augure, un reflet peu flatteur de l’agonie dont nombre de murmures colportait la rumeur, enterrant encore vive la Licorne. Vive mais entravée, presque amorphe.
Beaucoup d’événements s’étaient déroulés depuis. Mais pas encore eu le temps de se retourner dessus pour voir en arrière. Il y avait trop de choses à affronter devant, à marche forcée. En cela, au moins, le message reçu changeait-il de l’ordinaire.

Eminence allait d’un pas tranquille vers le bourg tandis que l’esprit de la licorneuse battait la campagne. Toujours curieuse, oui. Mais moins enthousiaste depuis la trahison d’Yvaniès et d’autres. 

Des anciens membres ayant à l’esprit d’user de la tournure assez caractéristique des salutations et dont le prénom débutait par « E », il n’y en avait pas à la pelle. Mais cela pouvait tout aussi être un leurre, malgré la broche qui reposait avec son message dans la bourse accrochée à sa ceinture. Qu’importait, au final, il était dit qu’elle irait. Prévisible.
La bise tâchait de mettre le désordre dans ses cheveux mi-longs, d’un noir Arduilet. Toutefois, ils étaient domptés par un ruban tout aussi sombre, rappelant le brassard de deuil qui se devinait, au gré du vent tirant sur son mantel azur agrafé d’un fermail tout simple, d’argent, comme la Licorne dans son dos, comme celle dans l’escarcelle. Le reste était de laines bleues sans clinquant, de cuir, de métal.

L’enseigne de l’auberge apparut à son regard clair, gris bleu de la Louveterie. C’était un templier qui l’avait élevée et aimée comme sa fille, mais impossible pour son corps de renier l’héritage des deux sangs mêlés. Rehaël l’avait précédé à Ryes, trop tôt, trop vite. Sa sœur n’y était arrivée que bien plus tard, après un long cheminement très personnel, malgré sa parentèle et non par « tradition ».

La monture fut confiée avec quelques sous à un palefrenier avec ordre de la garder prête à repartir dans l’instant. Son attention ne chercha pas le traqueur. Avant de partir, un message lui avait été adressé pour lui signifier le départ. La manière d’être discret lui revenait. Elle préférait cette illusion de solitude.
Cette auberge-là ne l’avait jamais accueillie, lui semblait-il. Un temps, elle avait mis quelques fois les pieds dans l’autre bouge. Sinon, ses visites au bourg étaient réservées à l’église et au logis qu’elle louait à l’année pour y retrouver ses louveteaux désormais trépassés.

Sa main fer-gantée poussa la porte. Un bref instant pour jauger de l’agencement des lieux sans tergiverser et elle gagna le comptoir. Lu lui avait dit qui avait fait porter message et bijou, aussi fut-ce vers le tenancier qu’elle s’était dirigée d’emblée. Il n’était jamais compliqué de le reconnaître.
Si la fatigue, les profondes navrures de corps et d’esprit, les jeûnes et les épreuves avaient semblé tailler plus vif ses traits, éroder leur douceur, son sourire pouvait encore être avenant pourvu qu’il monte jusqu’aux yeux et dévoile alors la part encore intacte et belle de son esprit. Pour l’heure, ce fut plutôt une politesse amène qu’elle servit au vieil homme en faisant apparaître dans le creux de son poing senestre la broche.


On m’a demandé. La personne est-elle encore icelieu ?

"Ouais, on a raclé les fonds de tiroir cette année. V'là l'Prévôt que vous avez mandé ! Allez allez, il est encore temps, comme à un mauvais rendez-vous, de s'esbigner en prétextant s'être trompé" faillit-elle rajouter sur un ton d'autodérision mordante. Pas de chance, le taulier n'était que l'intermédiaire.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMar 10 Nov 2015 - 15:14

L'attente aurait pu être longue pour le quidam espérant réponse, mu par l'impatience de la jeunesse, tel puceau tout juste sevré de ses maternelles mamelles priant pour une prompte approbation du Haut Conseil à sa postulation au sein de l'Ordre. Ces bancs et chaises, pour sûr, usés par les ans, avaient du en voir plus d'un, déçu par la sibylline mais négative missive, reprendre le chemin en sens inverse, tandis que d'autres, acceptés dans le saint des saints, s'en retrouvaient en un instant propulsés dans cette vie nouvelle qui allait sous peu s'offrir à eux.
L'homme avait enduré bien longtemps auparavant cette épreuve. Les années, la lassitude, les affrontements, avaient considérablement lissé son impétuosité et son impatience, et c'est immobile, prenant chaque jour place au même endroit, qu'il avait attendu, le temps passant et l'auberge se vidant et se remplissant au gré des quotidiennes marées alcooliques, tel ressac envahissant et refluant en un bras de mer isolé.

Chaque jour, le Vieux lui apportait pitance et boissons. Chaque soir tout repartait en cuisine sans qu'il n'y ait touché. A croire, se disait le tenancier, que celui-là était déjà si presque mort qu'il n'avait plus besoin de terrestre nourriture.
Nuls mots ne furent échangés entre ces deux là durant cette période, nul visiteur ou habitué ne vint tenter d'engager conversation avec cet étrange et silencieux voyageur. Personne ne semblait vouloir se risquer à s'approcher plus que nécessaire de sa silhouette, bien que déjà, au milieu des tablées, paris se faisaient pour tenter de savoir qui il était, le Vieux pourtant assidument questionné, restant quant à lui plus taiseux et discret encore qu'à l'accoutumée.

La capuche de sa cape à présent séchée, mais non moins usée et élimée, toujours dissimulant pour partie son visage, les mains, décharnées, posées à plat sur la table au chêne poli par les années, il attendait, le regard imperturbablement fixé sur la porte d'entrée.
Nulle émotion ne se dessinait sur ses traits tandis que ses yeux acier ne quittaient la porte d'entrée.
On eut dit à le regarder ainsi qu'il s'enfonçait peu à peu dans quelque lente inconscience, franchissant instant après instant le chemin menant vers le silence et l'abandon.

Une arrivée, enfin, le tirant de son attente. Pupilles se faisant plus vives et se fixant sur l'arrivant.
Gantelet d'acier par lui si bien connu. Cape azur telle celle qui fut sienne. Démarche assurée, vive, aux gestes sûrs et précis d'un Licorneux, aucun doute n'était permis.
Une femme.
Ses traits, bien que dissipés par le temps passé et les ombres de sa remembrance, lui parurent familiers. Un nom, franchissant peu à peu les méandres de ses souvenirs: Ellesya.
Il lui semblait se rappeler à présent cette femme. Une sœur de la Licorne au destin prometteur.
Poursuivant son observation, alors que le Prévôt s'était dirigée vers le Vieux, le Chevalier prenait soin de déceler chaque détail pouvant lui apporter informations ou renseignements de quelque utilité: un geste, un regard, une attitude pouvaient en dire bien plus que n'importe quelles paroles ou actions.
Il semblait percer d'elle quelque profonde lassitude, de la fatigue, se peut. Peut être même une forme d'irritation...de colère? Allons. S'il l'avait pu, il aurait probablement, à l'aune de ces observations, esquissé en cet instant l'un de ces fins sourires en coin qui jadis étaient siens. A croire que plus encore que la cape ou l'animal mythique, ces marques là finissaient par se retrouver chez tout licorneux ayant usé son énergie par tous les chemins du royaume.


On m'a demandé. La personne est-elle encore icelieu?

Aucune trace de soulagement sur le visage du tenancier. Avait-il fini par croire que nul ne viendrait à la rencontre du Voyageur? Qu'il achèverait ses jours dans ce recoin de sa taverne, se transformant lentement en poussière qu'un souffle de vent finirait par disperser aux quatre vents? A moins qu'il ne fut habitué, les années aidant, à la relative lenteur qui parfois semblait rythmer les battements de la Forteresse?
Geste bref d'approbation du chef de la part du Vieux, teinté de la marque de respect inhérente à tout habitant de Ryès à l'égard des Licorneux. Une main se tendant dans la direction du Licorneux. Nul mot prononcé. Taiseux il était, taiseux il resterait.

Et tandis que le Prévôt se dirigeait vers lui, le Chevalier s'était lentement levé, le corps engourdi par son attente immobile, les articulations usées et fatiguées par des mois et des mois de voyage. Les paumes des mains s'étaient tournées vers le haut, signe d'invitation à prendre place en face de lui, tout en annonçant à la jeune femme qu'il ne dissimulait nulle arme et ne présentait nulle potentielle menace.

Les deux licorneux se faisaient à présent face, chacun d'un côté de la table rectangulaire.
Le visage du chevalier semblait imperceptiblement et lentement se détendre. Peut-être était-ce le soulagement de retrouver enfin l'un des siens, après tant d'errance et d'épreuve? Peut-être enfin cette entrevue marquerait-t-elle la fin de ce long voyage?
La capuche fut alors repoussée en arrière, dévoilant pleinement les traits du Lazare. Considérablement amaigri, il n'était plus que l'ombre de lui même: disparue, l'assurance ancienne, envolée cette prestance qu'il pouvait alors afficher. Une barbe poivre et sel mangeait la quasi totalité du reste de ce visage émacié, comme pour le dissimuler à toute observation attentive. On discernait à son col le creux de ses clavicules, dont la peau, tendue et fragile comme du parchemin, semblait prête à se fissurer. Les yeux étaient profondément enfoncés dans leurs orbites, tandis que des cernes grises semblaient les dissimuler plus encore. Il ressortait de ce tableau l'impression d'un corps longtemps négligé, dont l'esprit toutefois semblait encore animé d'une flamme vacillante.
La voix, rauque, comme venant d'outre tombe, celle d'un homme n'ayant pas prononcé plus de dix mots au cours des dernières semaines, se fit alors entendre:


Sœur. Merci à toi d'être venue.

Au diable les longs discours, il ne les avait jamais d'ailleurs appréciés.
Un bref hochement de tête accompagnant ses paroles puis, se tournant vers sa senestre, il s'empara d'un objet oblong jusqu'à présent posé contre le mur, entouré d'un tissu taché et en partie rapiécé, qu'il déposa ensuite sur la table. Seule partie visible, une poignée de cuir usée par les ans, au pommeau gravé d'une presque disparue licorne d'argent. Qui connaissait le Licorneux aurait pu comprendre qu'il s'agissait là d'un acte anormal: jamais depuis qu'elle lui avait été remise, cette épée n'avait quitté son flanc. Jamais elle n'avait été sortie de son fourreau pour autre raison que de défendre les vertus de son Ordre.
Jamais.
Sauf une fois. Une seule et unique fois. Raison pour laquelle il était revenu à Ryes et avait mandé cet entretien.
Ce jour maudit où sa lame avait versé un sang qui n'aurait pas du couler. Ce jour, qu'il devrait pourtant regretter, où son esprit avait été entaché par le geste qu'il avait accompli.
Ce jour où une vieille et insoutenable vengeance avait été enfin assouvie.
Si loin d'ici pourtant que personne n'en aurait jamais rien su. Il aurait pu ne rien en dire, enterrer cela en compagnie de tant d'autres choses dans les tréfonds de sa mémoire.
Mais son âme, déjà fragilisée par de nombreuses et violentes luttes, cette âme qui avait échappé de peu à l'éternelle damnation, n'était plus forte assez pour supporter nouvelle et par elle insurmontable épreuve.
Fixant son regard gris dans celui de la Licorneuse, il reprit alors, d'une voix monocorde:


Ceci, Soeur Prévôt, fut mon épée. Ce fut celle qui m'a été remise par l'Ordre. Cette épée a servi durant des années le Royaume sans jamais férir.

Une pause, le Chevalier poussant du bout des doigts l'objet en direction de son interlocutrice, dénouant les fils usés retenant les lambeaux de chiffon. La lame fut alors dévoilée aux yeux de celle-ci. Affutée comme au premier jour, elle en était toutefois maculée d'un sang séché, rendu noirâtre par le temps passé.

Cette épée à présent n'est plus mienne. Elle a versé un sang qui n'aurait du couler et je n'en suis plus digne. Il en est de même de mon serment. Aussi, je la remets à l'Ordre et demande à être entendu par la Cour de Justice afin d'être par mes frères et sœurs jugé.

Et l'homme, de reprendre silence.
Le regard était à présent presque éteint mais toujours fixé sur celui d'Ellesya, une profonde et lente inspiration semblant un instant lui redonner la stature qu'il avait pu jadis avoir. Il se sentait désormais soulagé, libéré pour partie de son fardeau: le long chemin qu'il avait parcouru, mortelle et solitaire errance, ces mois durant, touchait enfin à son terme.
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Ellesya

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyLun 16 Nov 2015 - 16:18

A la réponse muette du Vieux, le Prévôt opina du chef avant de regarder brièvement et superficiellement dans la direction indiquée.

Merci.

Etrange, impossible mélange que celui qui animait son esprit. A la fois curieux. Et blasé.
Elle pivota en direction de celui qui l’avait mandée. Approcha. Et à mesure que ses pas réduisaient la distance entre eux, il se déployait, se dévoilait à elle à peine mais assez pour que ses doutes soient levés. L’illusion voulait qu’à ses yeux, et malgré la réalité, ce fut la réminiscence de ce capitaine sévère et à la fois bienveillant qui se surimposa à l’allure qu’il arborait ce jour d’huy. Quand Guillaume avait fait défaut, peu après son arrivée, c’était Enguerrand qui avait tâché de ne pas laisser mourir sa motivation en prenant la peine de répondre à ses questions en salle des hérauts notamment. Puis Julios avait pris le relais et avait poussé plus loin en l’impliquant véritablement. Ils étaient de ceux qui partageaient, transmettaient à la place uniquement de ruminer sur les gloires passées. Du moins était-ce là l’expérience qu’elle avait d’eux et à laquelle elle songeait plus souvent encore depuis que les gantelets lui étaient échus.

Le geste d’invite ne lui échappa pas. Sa bénignité de même puisqu’elle avait l’habitude d’étudier les postures et expressions et à en user si besoin était. Comme pour tout, cela pouvait être mensonge mais cela lui importait toujours aussi peu.
La découverte de ses traits la ramena au présent via un grand bond au-dessus d’un gouffre de sombre ignorance. N’était-il pas suffisant de s’user pour leur cavale chimérique qu’il fallait en sus aller courtiser la Mort loin de leur fraternité ?
Son attention se porta sans vergogne sur les traits d’Enguerrand. Il ne s’était pas présenté à la forteresse, aussi tint-elle sa langue, lui laissant le soin de lever progressivement le voile sur le mystère. Le regard gris teinté de bleu dévoilait à son interlocuteur un subtil mélange de sentiments dont le souci, la joie, la méfiance, …

« Sœur. Merci à toi d’être venue. »


Je t’en prie.

Elle aurait pu s’excuser de ne venir que maintenant. Enchainer directement avec les questions qui lui brulaient les lèvres. Lui exprimer le soulagement de le revoir, alors que quelques jours plus tôt, elle regrettait justement sa disparition avec Victoire. Mais elle ne dit toujours rien. Il était à l’initiative de la rencontre et semblait porter un poids. Il n’était pas temps qu’elle tente de prendre la main, aussi lui laissa-t-elle naturellement, sans brusquer, patiente. Les bras croisés et le regard sans détour, la joie naturelle le disputant toujours avec la méfiance acquise.
Les gestes furent suivis sans qu’elle ne broncha. L’espace d’un instant, l’idée qu’ « elle » revienne aussi avec la prochaine marée de fantômes fit glisser une sueur froide le long de son échine. Non qu’elle lui souhaita du mal. Non. Mais parce que la vie avait continué et qu’elle-même tâchait de réparer certaines plaies qui n’aspiraient pas à voir leurs sutures arrachées. Y pensait-il lui aussi ? Elle ne tourna toutefois pas la tête pour tâcher de le deviner dans les parages. Était-il grimé en vieillard boitillant comme à Joinville ou avait-il opté pour un autre masque ? La voix de son Frère, si différente du jour où il l’avait faite errante, en compagnie du défunt Arthur, aiguisa son attention sur l’objet. Loin de ce jour d’une autre vie, elle était alourdie d’un hoir désormais sous le marbre et, lui, offrant des remugles des écuries d’Augias. Là encore, l’histoire ne finissait pas bien…

La lame souillée la fit froncer les sourcils avant que la Louve d’Amboise ne vint relever le regard vers son maître. Les mots martelèrent son esprit, le faisant regimber. Il aurait pu revenir, plus ou moins humblement, dans cet Ordre qui vénérait la poussière. Et tous auraient probablement fermés les yeux sur les torts. Auraient cru quelques fables. N’avait-elle pas elle-même tu ce qu’elle avait appris ?
L’espace d’un instant, la jeune femme fut reconnaissante à l’ancien capitaine d’agir plus honorablement, moins aisément, quoiqu’il en coutât.


J’ai bien entendu les prémices de l’explication de ton retour et de tes actes. Cela soulève évidemment plus de questions encore.

De sa bourse, elle tira la petite licorne d’argent et la déposa sur la table à côté de l’épée.
Malgré tous les doutes et les milles réflexions qui créaient un chahut difficilement contenable dans sa caboche, sa voix était posée, autant que son attitude. Calme.


Ceci, Chevalier, est ton épée.
Toujours.
Tu n’es pas libéré de ton serment, ni de ton épée, que ton âme et ta parole soient aussi souillées que ces premiers.


Des deux paumes, elle les repoussa un peu vers lui. Et reprit.

Et c’est pour cela que tu peux en appeler au jugement de notre fraternité.
Indigne d’être un Fils de la Licorne ? Qu’en sais-je ? Ta silencieuse absence est une faute, certes. Apparemment pas la seule.
Pour le reste, ta conscience semble te dicter tes actes de ce jour. La mienne te répond.


Était-ce ce à quoi il s’attendait ? Agissait-elle avec justesse ? Elle n’en savait rien mais voilà qui était dit et fait.
Elle quitta son attitude plus roide et se frotta brièvement l’arête du nez en réfléchissant.


Tu aurais pu adresser ton message au Grand Maitre. Ou au Chancelier.

Un soupir passa ses lèvres alors qu’elle le regardait à nouveau, toujours en train de trier ses réflexions.

Je ne t’apprends rien : c’est le Chancelier qui peut lancer de son initiative un procès.
Sinon, il te faut l’aval de deux membres du Haut Conseil.


Un bon verre, voilà ce qu’elle voulait à l’instant. Elle initia le geste puis se ravisa, ne voulant pas couper la discussion ou faire approcher une paire d’oreilles.
A la place, c’étaient leurs oreilles qu’elle abreuvait avec une note d’amertume.


Sœur Alfgard est le Chancelier.
Deux choix s’offrent donc à toi.
Tu l’entretiens de tes raisons pour qu’elle rassemble la Cour de Justice.
Ou tu me convaincs, ainsi que notre autre frère ici présent, de soutenir ta démarche.


Tadam, elle était accompagnée. Ou pas. Ou il le savait déjà.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyLun 12 Sep 2016 - 9:59

(...) Une éternité. Un siècle, peut-être. Un bref battement de paupières ? Le Licorneux s'était tu, observant avec attention sa sœur assise en face de lui.

Délicatement, elle avait repoussé sa lame vers lui, geste simple empli de respect et de tempérance. Il y a peu encore, aveuglé par cette folle rage le hantant jour et nuit, il aurait pu prendre ombrage de ce refus. Se lever. Tempêter. Qui sait même ce qu'il aurait pu découler de l'un de ces accès de furie qu'il n'avait su contrôler durant ces longs mois passés. Mais il se sentait à présent tel corde usée menaçant à tout instant de se rompre, réduite à fil ténu effiloché et aussi fin qu'un soupir, et il n'avait plus de force assez pour se concentrer sur autre chose que sur ce but qu'il s'était fixé. Qui avait décidé son retour à la Forteresse. Qui avait justifié son retour d'entre les morts.

Silencieux, il avait écouté les sages paroles du Prévôt. Il connaissait les règles, bien sûr, gravées plus profondément en son esprit encore qu'en les pierres de Ryès : il avait usé nombre d'heures à s'échiner à déchiffrer les antiques parchemins, récoltant plus souvent quintes de toux poussiéreuses que réponses limpides et chemin tout tracé par les Anciens. L'Ordre, il le savait bien, avait toujours autant vénéré les remugles d'un lointain passé que les mystères les plus insondables.

Et tandis qu'il repassait en sa remembrance les dernières paroles de la jeune femme, il ne pu empêcher son regard de brièvement parcourir les lieux. Un autre frère, icelieu ? S'il n'avait pas été si las, il en aurait souri. Lui qui se targuait jadis d'avoir l'oeil à tout, bottant les fondements de l'écuyer somnolant sur les remparts de la forteresse, échappant à nombre de tentatives d'embuscades ou d'assassinat, n'avait pas été en mesure de repérer l'un de leurs frères dans cet espace restreint dont il connaissait pourtant les moindres recoins. Serait-ce ce poivrot au nez épaté avachi dans son écuelle ? A moins que les deux hommes discutant silencieusement non loin de la cheminée ne cachent un Licorneux aux traits déguisés ? Les marchands peut-être ? Non, lui était trop sec et elle bien trop gironde pour convenir à pareille dissimulation. Regard perçant vers le Vieux. Une fois l'affaire finie, il entendrait parler de cette déconvenue. Ils avaient pourtant un accord. Presque aussi vieux que la taverne, ou pour le moins datant de sa reconstruction : le Vieux l'accueillerait à toute heure du jour ou de la nuit, sans poser la moindre question. Charge à celui-ci de l'avertir de tout risque de danger qui le menacerait à son entrant par signes d'eux seuls connus. Le temps, malheureusement, avait passé, et les anciens accords s'étaient distendus...Et le dissimulé, s'il le souhaitait, ou s'il était bien réel, de les rejoindre quand il le jugerait bon, après tout...

Reportant son regard sur le Prévôt, il reprit contenance, sa main se posant négligemment sur le pommeau de son épée, symbole immobile comme traçant une ligne nette entre leurs deux mondes au travers de la table de chêne usée par les années. Il fallait qu'elle comprenne.


J'aurais pensé que nous serions seuls...Mais soit...Soeur, il n'est nullement question pour moi d'enfreindre les règles de l'Ordre...Pas plus que je ne l'ai déjà fait, aurait-il pu ajouter...Il n'est par ailleurs nullement question pour moi de me perdre en arguties stériles. Si j'avais voulu m'astreindre à quelques administrative démarche, j'aurais pu rédiger courrier dûment scellé et expédié. J'aurais pu me présenter à la porte de Ryès et demander à rencontrer Chancelier ou Grand Maitre. J'aurais pu aussi ne jamais revenir et rejoindre la cohorte des fantômes hantant ces lieux.

Le regard s'était fait plus sombre encore. Les traits s'étaient tirés un peu plus et la main sur l'épée s'était soudainement crispée sur la poignée.
Non. Pas maintenant. Pas ici...Pas elle. Plus tard, peut être...Oui...Peut-être...
Prenant une profonde aspiration d'un air rendu âcre par la fumée et les relents de sueur emplissant la salle, il reprit lentement son calme avant de reprendre :


Ne t'en déplaise, tu es pour moi, Ellesya, mon dernier salut. Les mots, je le comprendrais, peuvent te sembler par trop empreints d'une trop lourde profondeur, mais il en est ainsi. Si je ne paye pas ici mes dettes, je ne pourrai jamais espérer me racheter, et surtout, je ne pourrai plus jamais être digne de la Licorne, ni même que celle-ci garde trace de mon passage en ces lieux. Mais si tu ne le peux pas, si la tâche te semble trop ardue ou délicate, je le comprendrai.

Sur ces derniers mots, il s'était reculé sur sa chaise puis, lentement, s'était levé, délaissant sa lame, pâle reflet du Chevalier qu'il avait été, silhouette amoindrie et affaiblie, mais toutefois encore emplie d'une profonde et indéfectible résolution.
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Ellesya

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyJeu 27 Oct 2016 - 22:47

Une éternité. Un siècle, peut-être. Un bref battement de paupières ? Tout à la fois.
Quant à la présence de son discret frère, en réalité, il avait poussé la discrétion à son extrémité la plus improbable. Il n’était pas là. Elle ne le savait pas encore. Il ne serait bientôt plus du tout là d’ailleurs, alors qu’il lui avait fait promettre à elle de ne jamais disparaitre sans un mot. Ironie.

Cela se passerait donc entre les deux licorneux. L’aîné et la cadette. L’ancien capitaine et le nouveau. Tout en l’observant, la question lui revint à nouveau. Saurait-elle comme eux accepter de partir et un jour revenir ? Ses départs étaient de nature définitive. Et elle en était passée tout près. Si près…

Une corde tendue dans son être perdit sa tension lorsqu’il reposa sa main sur le pommeau. Voilà au moins un point de réglé. Et qui ne relevait pas tout à fait du détail insignifiant.
Il reprit la parole et elle se concentra pour bien comprendre ce qu’il attendait, espérait.
L’orage qui semblait couver en lui transparut un moment lorsque le poing serra la fusée. Un bref instant, elle imagina sa tête voler sur une courte distance avant de retomber avec un poc sourd et lourd sur le plancher qu’elle aurait imbibé de son « noble » sang pour le changer de l’urine, du vomi et des crachats avinés. Une mort rapide, inattendue, sans peur, qui mettrait fin à tout ce qui la concernerait. La paix.
Toute à cette perspective apaisante, elle n’avait pas vraiment fait attention à la reprise de lui-même qu’Enguerrand avait opéré. Il reprit, semant plus amplement les interrogations dans son esprit. Curieuse insatiable, selon Fool. Un peu trop blasée pour l’instant, mais le naturel ne s’esbigne jamais loin.


Tu parles de profondeur, de lourdeur. Je comprends la portée de tes mots, aussi ma réponse n’est-elle pas aussi légère et naïve qu’elle pourrait sembler l’être.

Ses paupières se plissèrent un peu alors qu’elle se penchait un peu vers lui, sérieusement mais avec la désagréable impression de paraitre sotte.

Tu avais parlé d’être jugé par tes frères et sœurs, il me semblait donc logique de te rappeler la procédure.
Toutefois, tu sembles vouloir l’écarter ou ai-je mal compris ? Point de jugement, je désire juste comprendre parfaitement ce qui te semble être nécessaire pour avancer ou du moins décider de ton sort.

J’accepte avant même de savoir, vois-tu.
Qu’attends-tu de moi, Enguerrand ?


Ses doigts s’étaient aboutés, marquant l’intérêt et l’attention.
Avec le temps, elle avait autant perdu en tempérance qu’en subtilité diplomate. Du moins, dans certains contextes. Et il lui semblait se souvenir que « le capitaine » était plutôt du genre direct à l’époque. Mais tant de choses pouvaient avoir changés…

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMar 13 Fév 2018 - 23:05

La Tempête avait fait irruption dans l'auberge comme le faisait la bise glaciale. Brutalement, alors que la porte s'ouvrait à la volée, elle s'était avancée dans la salle commune. 
Le Vieux mit plusieurs secondes avant de reconnaitre le nouveau venu. Il le croyait mort, depuis des mois voire des années. Les licorneux avaient ce défaut majeur: ils passaient une vie à se brûler les ailes de batailles en combats et disparaissaient plus vite qu'une pucelle à l'approche d'un régiment de soudard. 
Il ne comptait plus le nombre de tables "privées" fréquentées par tel ou tel chevalier qu'il avait dû recycler passées de longs mois d'attente sans nouvelle d'eux. 
Parfois, certains revenaient. Et en général, cela faisait des étincelles. 
Et à la vue du fantôme qui venait d'entrer, suivi de près par une seconde revenante, les réserves de poudre de la forteresse avaient tout intérêt à être bien à l'abri derrière des murs épais. 


L'homme s'avança sans jeter un regard aux habitués cuvant leur bière. 
Il progressa jusqu'à l'alcôve qu'il avait décrétée être sienne longtemps auparavant, attendit que son épouse prenne place, et s'affala sur un banc de bois autour de la table. 
Il fulminait. Rageait. Grondait. 


Le vieux s'était approché. La mort, droit dans les yeux, lui avait toujours dit son père. Jamais de dos. 
Le licorneux l'avait regardé approcher. 

Du vin! A manger! Pas de questions!

La commande avait claqué. Classique, en somme. Rien d'original, ces chevaliers. 
Le vieux s'était éloigné, laissant là le couple, visiblement en proie à des problèmes dont lui-même voulait pour l'heure ignorer tous les tenants et aboutissants. 


Dans l'attente de son retour, le licorneux ne desserra pas les dents, laissant son regard errer vers l'âtre fumant un peu plus loin dans la pièce.
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Walan

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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMar 6 Mar 2018 - 11:37

Quelque temps plus tard, une fois que la cérémonie d'intronisation de la forteresse fut terminée et que Walan ait pu informer le reste du Haut Conseil de la situation pour qu'ils en discutent, le brun descendit au bourg et plus précisément à l'auberge. Il avait récupéré avec lui la cape déposée plus tôt par Enguerrand et la portait maintenant pliée sur son bras. Alors qu'il entrait dans l'édifice, le chevalier fit une petite pause, autant pour laisser ses yeux s'adapter au changement de luminosité que pour repérer où était le couple.

Une fois celui-ci repéré, le brun s'avança vers eux. Il déposa la cape sur l'un des coins propres de la table, avant de prendre la parole.


J'ai parlé avec le Haut Conseil de votre retour et de notre discussion aux portes. Puis nous avons débattu ... et nous allons probablement continuer à le faire pour quelque temps encore. Nous avons toutefois convenu de deux choses.

Tout d'abord te concernant Enguerrand, ainsi que Marie Alice. Vous n'avez pas été déchus de vos titres de chevalier, ni par l'Ordre ni par la Hérauderie, et vous restez donc membres de la Licorne.

Ensuite, à propos de ta situation Ewaële, le Haut Conseil souhaite s'entretenir directement avec toi, en privé, pour discuter de tout ceci. Tu seras réintégrée directement à l'ordre si tu le souhaites, c'est acquis et cela ne fait pas de débat au Haut Conseil. Ce qui est débattu est la question du rang auquel tu le seras, car il y a différents points de vue sur le sujet et il y a eut des changements dans la charte de l'ordre. Toujours est-il que les membres du haut Conseil voudraient pouvoir discuter de tout cela avec toi afin que, lorsque la décision sera prise, tu puisse comprendre ce qui a mené à celle-ci.

Souhaites-tu que nous y allions directement, ou préfères-tu prendre un peu de repos et que l'on fasse ça demain ?


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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMar 27 Mar 2018 - 12:52

Son regard navigua de l'un à l'autre... Eng, Walan, Walan, Eng, elle essayait d'ingérer les mots qu'on venait de lui dire... Oh elle avait bien compris elle n'était pas blonde, mais quelque chose la chiffonnait dans tout cela!

Alors comme ça si j'avais été chevalier j'aurais eu droit aux même faveurs que Marie et Eng ? Un petit sourire ironique vint se poser sur ses lèvres... C'est bizarre la vie quand même... On est là aux côtés de ses frères pour le meilleur comme pour le pire, mais surtout le pire, et parce qu'on a pas le même rang, d'un coup pour des raisons qui vous échappe... Elle secoua la tête, lasse, très lasse même...

Nouveau regard pour son mari, elle cherchait un signe, une attitude à tenir, peut être des réponses, elle s'attarda dedans, s'y noya peut être un bref instant, mais il était son tout ici ou ailleurs elle avait besoin de lui.
Que cherchait elle à y puiser en fait ? Elle ne savait pas... Si elle le savait!


Elle prit une profonde inspiration, essaya de garder son calme qui lui manquait cruellement en temps ordinaire, puis tourna son visage vers Walan.

Pourquoi ne pas nous en dire plus dés maintenant ? Enguerrand a le droit de savoir, tu peux déjà nous expliquer ce qui coince ? Elle évita de rire jaune sur ce mot, tellement elle avait l'impression qu'elle avait encore à faire à une injustice...
Dans tous les cas je ne te suivrai pas de suite car avec ou sans explications de ta part, j'ai besoin de parler avec mon époux mais aussi avec Marie Alice et ça je pense que tu peux le comprendre.

Elle se tut et attendit de voir qui allait prendre la parole en premier de son mari ou de Walan.
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MessageSujet: Re: [Lieu] Auberge du Vieux François   [Lieu] Auberge du Vieux François - Page 5 EmptyMar 27 Mar 2018 - 14:22

Le brun ne le savait pas encore, mais ces différents retours n'avait pas fini de le préoccuper et de provoquer divers problèmes qu'il lui faudrait gérer d'une manière ou d'une autre. Mais pour l'heure, il se retrouvait juste à devoir affronter celui-ci, en se retrouvant qui plus est dans la délicate position d'intermédiaire.

Oui, il y a une différence de traitement entre les chevaliers et les autres.
Elle est inhérente à la charte et à la structure de l'Ordre, notamment. Il y a des raisons à cela, je ne suis pas forcément le mieux à même de les expliquer, mais cela tient essentiellement au fait que l'on considère que lorsque quelqu'un atteint le rang de chevalier, c'est qu'il a fait preuve d'une singularité et d'un "accomplissement personnel" qui fait que l'on ne peut quasiment plus lui retirer ce titre. Ce qui n'est pas le cas des autres rangs.
Mais à nouveau, d'autres pourront détailler ça mieux que moi.


En l'occurrence, le "d'autres" était surtout constitué d'une personne, Guillaume, qui maîtrisait le sujet sur le bout des doigts -au sens de Walan en tout cas- et avait en outre toute la perspective historique de l'ordre pour alimenter son propos.

Et c'est l'une des raisons pour laquelle je n'en dis pas plus. Je suis certes membre du Haut Conseil, mais pas son représentant ou son porte-parole : chacun a un avis et est mieux à même de l'exprimer et de l'expliquer que moi.

Comme je l'ai dit, ta réintégration dans l'Ordre ne fait pas de problème en soit, c'est la question du rang qui est débattue.
Ayant été officiellement exclue, si l'on s'en tient strictement à la charte de l'ordre tu devrais reprendre comme femme d'armes. Et si l'on suit tout aussi strictement nos textes, le passage comme écuyer nécessite un vote du Chapitre entier, celui comme errant est décidé par le Haut Conseil, quant au rang de cavalier il n'existe plus.
Sauf que nous avons au sein du Haut Conseil trois ou quatre visions différentes de la manière dont la charte s'applique à ton cas, de la façon de prendre en compte ton investissement antérieur pour l'Ordre -que tout le monde reconnait-, de ce qu'il est possible de faire ou non. Et ce sans même compter les aspects "extérieurs", comme la manière dont la décision que l'on prendra affectera les "nouveaux" membres de l'Ordre.

Voilà pourquoi le Haut Conseil veut discuter avec toi, et aussi pour que, qu'elle que soit la décision qui soit prise, les raisons des uns et des autres ne te restent pas inconnues. Si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera plus tard, mais le plus tôt sera le mieux pour tout le monde, j'imagine.
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