Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne


 
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 [Dans l'ombre d'un deuil ]

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Cerridween

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MessageSujet: [Dans l'ombre d'un deuil ]   [Dans l'ombre d'un deuil ] EmptyJeu 4 Nov 2010 - 3:39

[HRP : rp se situant après la mort de Rhuyzar et le retour de la Pivoine d'Anjou]



Il fait nuit noire sur Ryes.
Rien ne bouge que les rondes des gardes et quelques oriflammes sous le vent du large qui annonce l'hiver approchant. La forteresse est calme. Comme toujours. Seuls les fous s'y attaqueraient. Une citadelle de cette taille, gouvernée par le lys et les encornés, fait peur depuis ses pierres de granit. Il n'y a qu'une silhouette noire qui fait ton sur ton avec les ombres vacillantes des torches de la cour.

La fenêtre de sa chambre a trahi bien longtemps une veille nocturne en laissant échapper la lueur faible de bougies. Elle s'y est réfugiée pour quelques jours qu'elle passe à la forteresse. Elle est restée là, prostrée, assise sur le sol, regardant l'armure qui trône encore sur le chevalet où elle repose depuis des années. La grande armure imposante qu'elle avait vu tant de fois porter.


Raphaël... il est parti...

Les larmes ont coulé sur les joues blanches, se perdant dans la cicatrice de la joue gauche et le doublet de laine. La main valide a porté une nouvelle fois le goulot de la bouteille aux lèvres tremblantes. Elle noie son chagrin, plus que de raison peut être. Mais la raison n'a plus la place, cette nuit, dans son cœur solitaire.

Je sentais.... je sentais lorsque nous étions en Anjou.... je sentais qu'il faiblissait...

Il était le dernier. Le dernier des légendes à avoir connu son frère. Le dernier qu'elle regardait toujours avec ses yeux d'écuyère, à la fois admiratifs et craintifs, quand la silhouette passait dans les couloirs de Ryes. Elle était devenue son pair à ses pieds. Elle n'avait jamais été son égale... Les souvenirs reviennent en flots avec les vapeurs d'alcool. C'était lui qu'elle avait servi dans l'ombre, les doigts noircis d'encre, les yeux rougis par l'écriture à la chandelle. C'était à lui qu'elle avait donné son dernier serment. Et c'était une nuit, à la lune, sur les remparts du Mans.

Je t'ai nommée parce que tu étais capable, et tu as prouvé que je ne m'étais pas trompé. Tu n'es pas moi, tu n'es pas Guillaume, ou Deny, et tu ne seras jamais ce que nous avons été, tout comme je ne serai jamais ce qu'ont été Bralic, Rassaln ou Erwyn. C'est notre différence qui fait notre force. Et c'est en elle que nous puisons ce qui manque partout dans ce Royaume. Nous savons tout faire, combattre n'importe quel ennemi, étudier n'importe quel traité, parler en public sans passer pour des ignorants. Nous sommes un mythe avant d'être des Hommes, et nous sommes un Symbole avant d'être des soldats. Et c'est pour cela qu'on désire notre mort.

Elle vide d'un trait le fond de la bouteille de vin. Le deuxième cette année qu'elle retrouve. Deux de trop. Elle revoit les visions du corps de Mackx certaines nuits. Le corps déchiqueté qu'elle lave dans ses songes sans pouvoir en enlever le sang qui coule, coule, malgré toute l'eau qu'elle peut y verser. Il sera au moins mort sans souffrance, le vieux Corbeau décati. Sans souffrance...

Cette nuit, elle étouffe.... trop de noir sur elle... et pourtant elle n'a que cela... que cette couleur qui lui colle à la peau, elle aussi, oiseau de malheur, qui avait une nouvelle fois dû écrire la disparition dans des termes si incomplets. Il n'y a rien qui puisse décrire le vide. Elle avait dû prendre encore la parole pour rayer un nom. Ils t'appellent bien le Bourreau, Pivoine... et la voix de Rhuyzar résonne encore, flamboyante à ses oreilles.

Tu es Licorne ! Tes cicatrices en attestent ! Tu es de ceux qui donnent leur chair pour préserver celle des autres ! Et tu trembleras jusqu'à ta mort, parce qu'au fond, dans tes tripes, dans ton sang, tu es une martyre, tu es née pour l'être.

Damnés du Roy... le terme, c'est lui qui l'avait choisi... condamnés à perdre quoi qu'il arrive.... un petit rire aux accents de détresse se fait entendre un instant... jusqu'à ce que la voix se meurt, coincée au fond de sa gorge. Un murmure.


Je te hais, connard de volatile...


Elle ne sait pas comment elle a réussi à descendre les escaliers à vis avec les bras chargés. Elle a traversé la cour battue par le froid, la capuche de son mantel relevée, vers le Donjon. De couloirs en couloirs, elle arrive dans le sanctuaire. Celui des disparus. Lentement, elle y entre, serrant les dents quand ses yeux croisent les quintefeuilles.

Puis elle accroche, difficilement, de sa main valide aidée maladroitement par celle qui ne l'est plus, l'écu aux armes de Delle à l'emplacement qu'elle a fait préparer, près de celui de son frère, des larmes de rage cette fois se déversant à plein rouleaux. Dans un dernier cri étouffé, l'écu finit enfin par trouver sa place au milieu des nombreux autres qui l'observent en silence.

Elle se recule, titubante et tombe à genou...

Pivoine, il te l'avait pourtant dit... c'est toujours seul qu'on finit...


Dernière édition par Cerridween le Mer 6 Avr 2011 - 11:22, édité 1 fois
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Bralic

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MessageSujet: Re: [Dans l'ombre d'un deuil ]   [Dans l'ombre d'un deuil ] EmptyJeu 4 Nov 2010 - 10:45

Alors soldat, On se repose ?

La voix sépulcrale résonna dans la fraicheur caverneuse de la galerie, frappant les murs de roche glacée avec la violence de l'imprévu et se répandant en échos comme une nuée de sauterelle jusqu'aux esgourdes de la licorneuse. Le ton était puissant, le timbre était profond. La voix grave était celle d'un homme habitué à ordonner plutôt qu'à demander, la voix d'un homme habitué à hurler pour se faire entendre par dessus le fracas des armes, le choc de l'acier contre l'acier...
Nulles doutes que les instincts guerriers du chevalier de Vergy la poussèrent sur la défensive, les prunelles d'émeraudes se braquant malgré les vapeurs d'alcool dans l'approximative direction de la menace... car lorsque l'on a fait serment de porter l'épée, l'inconnu est toujours une menace. Mais dans les ténèbres nocturnes encerclant la pivoine recroquevillée, à travers le voile chaud et salé des larmes embuant sa vue, nulle forme humaine ne semblait se dessiner. Nul vaillant frère encorné. Nul homme d'arme trop zélé faisant preuve d'une incongrue familiarité. Que l'ombre, à présent redevenue silencieuse comme une tombe.


On récupère, on se délasse, on se détends.... on glande ? C'est jour de perm alors on se laisse aller à couiner comme une pucelle après son premier viol ?

Était-ce l'effet de l'écho où la voix inconnue avait-elle changée d'origine pour se transporter maintenant dans son dos ? Une étude approfondie de la galerie constituant le panthéon de l'ordre ne révélerait rien. Le manteau de ténèbres enveloppant le monde, à la façon du deuil tombant sur les épaules de la maitre d'arme, semblait des plus impénétrable ce soir.
Tout était d'une noirceure de jais, d'un lugubre que la lumière dérisoire crachoté par les torchères ne faisait que souligner au lieu de chasser. C'était une nuit digne de Samhain, bien que la date soit passée depuis quelques temps. Une nuit comme celles qu'appréciait le corbeau dont l'écu venait de trouver sa place auprès de ses prédécesseurs. Une nuit complice de ceux qui ont su apprivoiser la part sombre de leurs êtres. Une nuit de chasse sauvage et de prédation, où même la lune se cachait pour ne pas se teinter de sang tandis que le reste des astres semblait s'efforcer de regarder ailleurs qu'à la surface de ce monde.

C'était une nuit de mort.


Ou alors on s'avoue vaincue et on s'agenouille face à son destin en attendant de sentir l'acier froid de la faucheuse contre sa gorge ?

Un courant d'air, d'un froid transcendant, glissa avec lenteur le long de la jugulaire de la rousse. Il s'infiltra en elle à travers sa peau, pénétra chacun de ses muscles frissonnant, et couru le long de son épine dorsale en un instant qui sembla durer toute une vie... et peut être plus. A quelque pas sur la gauche de la pleureuse, lentement, comme morceaux par morceaux, une forme semblait se dessiner, se matérialiser à travers les ténèbres. Ou plutôt, en émerger comme si la nuit en était la seule constituante. Un puzzle indistinct à forme humaine, haut, aux manches larges et portant sur lui un vêtement long descendant à mi-jambes telle la robe de bure noire de quelque moine maléfique.

Et tu te dis Chevalier ? Est-ce réellement ça être Chevalier ? S'agenouiller face à l'ennemi, face à l'adversité, la douleur et la peine, et attendre qu'on daigne enfin venir te cueillir, "Pivoine" ?
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Cerridween

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MessageSujet: Re: [Dans l'ombre d'un deuil ]   [Dans l'ombre d'un deuil ] EmptyVen 12 Nov 2010 - 4:07

[La folie est le prix à payer pour le temps passé à être trop lucide.]

Alors soldat, On se repose ?


La voix n'a pas claqué. Les yeux brouillés s'ouvrent d'un coup. Elle a entendu la phrase. Elle n'a pas su dire... réelle ou déformée par la nuit et la souffrance qu'elle endure, alors qu'elle se croit solitaire. La tête se relève lentement. Le silence fait de nouveau place.
Rêve.
Elle a rêvé.
Imagination débordante, soutenue par Bacchus qui a bien entamé ses pensées en les engluant dans les vapeurs d'alcool.
La tête va se rabaisser. Elle va se replonger. Mais non.

On récupère, on se délasse, on se détends.... on glande ? C'est jour de perm alors on se laisse aller à couiner comme une pucelle après son premier viol ?

Elle est sur ses pieds.
En alerte. L'épée au clair. L'incompréhension. La déferlante d'adrénaline dans les veines comme un électrochoc. Le corps parle toujours en premier. Intrus. C'est un intrus. Ici, personne n'oserait lui parler de cette façon. Son nom fait peur ou impressionne. Elle est la maîtresse des corvées, des semonces et des hurlantes, celle qui est à demi, à moitié, incernée, cernées par les secrets qu'elle trimballe comme un poids et qui marque ses rétines. La Capitaine Noire. Le Tyran et le Bourreau dont on craint peut être plus les colères que la lame maintenant. Ajouté, le sentiment d'indiscrétion et ce haut le coeur d'avoir été prise en situation de faiblesse. On n'est jamais faible quand on a des gantelets. Sauf dans l'ombre des nuits et des sanctuaires.

Au détour des ombres des torches, avec le regard embrumé, elle cherche. Elle cherche sa position... il suffira de peu. Un pas. Un bruit de trop. L'épée sera rangée, la main gauche dans un ballet prédéfini ira chercher le couteau lové dans son dos qui partira d'un trait vers une épaule. Droite de préférence. La course ira ensuite jusqu'à lui et la lame tranchera. Une, deux, trois fois s'il le faut, avec une précision chirurgicale. Cou, ventre, genou. Dans l'ordre ou le désordre. Tout est une question d'opportunité. Mais rien ne transperce, rien ne se montre. L'endroit résonne juste du cliquetis de métal suivi du rythme de son coeur qui tambourine.

Ou alors on s'avoue vaincue et on s'agenouille face à son destin en attendant de sentir l'acier froid de la faucheuse contre sa gorge ?

Elle frissonne. L'impression d'un acier fondu et pourtant glacé qui coule lentement comme une caresse, sensuellement mortelle, sur son cou. Elle étouffe un cri... on la déchiquette lentement de l'intérieur. Poison. Non. Elle l'aurait su..... elle l'aurait senti... son coeur n'aurait pas tenu. Les yeux deviennent fous à la recherche d'une explication, pendant qu'elle tourne sur elle même pour voir, comprendre, savoir alors qu'elle sent sa peau se hérisser et ses sens partir en vrille.

Et tu te dis Chevalier ? Est-ce réellement ça être Chevalier ? S'agenouiller face à l'ennemi, face à l'adversité, la douleur et la peine, et attendre qu'on daigne enfin venir te cueillir, "Pivoine" ?


Elle tourne lentement la tête vers la gauche et le découvre.
Le froid semble vouloir quitter ses veines lentement. Il est noir. Des pieds à la tête. Mais elle ne voit qu'une chose de la forme éthérée qui s'est présentée devant elle. Ce regard. Noir lui aussi. Profond. Inquisiteur. Avec cette étincelle qui la regarde narquoise, irritante, blessante. Effrayante de compassion feinte qui semble lire au plus profond de ses entrailles.

Ce n'est qu'au bout d'interminables secondes qu'elle détaille. Et au milieu de ses pensées embrumées par le vin et le chagrin, la conclusion éclate, brusquement, comme un tonneau de poudre. Lumineuse et tonnante.

Il est là. Elle l'a appelé de ses vœux. Elle l'a attendu. Elle l'a même espéré. Elle l'a provoqué. Elle l'a servi et subi. Ce moment devait arriver. Et c'est donc ce soir.

La Mort*, le Destin est devant elle.

L'épée n'a pas bougé. Si c'est son heure soit, mais elle la gardera. Elle n'a pas d'espoir dans ce combat inégal et dont l'issue est inévitable. Et la colère monte, grimpe, dans un désespoir et un sursaut d'orgueil et de dégoût. Elle regarde la forme fantomatique avec la rage de toute une vie qui se déverse comme un torrent furieux, une ire presque démoniaque.

Cela t'amuse n'est ce pas ?

La voix est urticante, vibrante, violente.


Tu les as prit un par un.... un par un !

La respiration est difficile, pendant que le ton monte comme un orage un soir d'été.

Tu l'as fait mourir dans mes bras... tu l'as fait tombé devant les remparts de Rennes... tu l'as fait disparaître au coin d'une route.... tu l'as fait crever dans un éternuement de sang... tu l'as fait mourir comme un chien sur un chemin transpercé par des lames.... tu l'as cueilli desséché dans un monastère à la con !

La fureur s'épend contre le plafond voûté.

Et tu m'as fait aller les chercher un par un... tu m'as fait ta messagère... Foutredieu de vérole de pape ! Est ce que j'ai mérité ça !!

La lame va s'écraser contre un pilier dans un gémissement crissant.

Épargne moi donc tes sarcasmes.... tu n'as pas de coeur, tu ne connais pas la souffrance, la douleur et le vide ! Tu n'as pas idée de ce qu'est la perte de ce qui est cher et qui te laisse la poitrine béante, vidée, à chaque fois, un peu plus, quand il en reste quelque chose !

Elle écarte les bras en riant au milieu de son ivresse.

Alors ferme la et fais ton office, bourreau...

Elle se remet en garde dans un espoir ridicule, la lame de Tolède en avant.

Viens !


* Tout le monde sait que la Mort est masculin, de toute façon c'est vrai, c'est Terry Pratchett qui l'a dit...

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Bralic

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MessageSujet: Re: [Dans l'ombre d'un deuil ]   [Dans l'ombre d'un deuil ] EmptyLun 15 Nov 2010 - 0:04

L'ardeur de la vie semble avoir repris ses droits dans la poupée de chiffon démantibulée qu'était la maître d'arme quelques instants auparavant. Est-ce l'effet de l'alcool ? Est-ce celui de la colère... Ou bien est-ce la peur ? Peu importe au final, seul compte le fait qu'elle se (re)met difficilement debout, et que d'un geste chargé de l'ardeur qu'imprime la colère profonde elle dégaine son épée et se met en position de combat... ou du moins dans un semblant désordonné de garde médiane.
Dans le corps de la pivoine qui se stabilise, lentement, le sang se remet à bouillir et à irriguer ses muscles.
Les yeux enregistrent par saccade des évènements que le cerveau, brouillé par l'alcool, a du mal à comprendre et à analyser. Si le cinéma existait au moyen age, ce qui se présente à l'illustre tyran de la licorne pourrait ressembler à un film amateur en super 8 mal cadré par un parkinsonien et éclairé par un stroboscope ayant des faux-contacts... Un truc à vomir. Nuls doutes d'ailleurs que seul l'estomac bien accroché de la guerrière l’empêche de repeindre le sol avec le contenu de la bouteille de rouge dont le cadavre fini d'agoniser sur le bureau de sa chambre.

Mais une chose est sure, face à elle se trouve... quelque-chose. Une horreur terrifiante et aberrante flottant avec à quelques pas au dessus des dalles de pierre de la galerie. Comme entourée d'un champ d'horreur et de désespoir immanents. Une voix profonde comme l'océan par une nuit sans lune, vêtue d'une robe d'un noir contrastant avec la blancheur osseuse d'un visage seulement marqué par deux étoiles noires au creux des orbites.. si ce n'est pas la mort, la créature qu'elle voir flotter face à elle dans les ténèbres y ressemble comme son terrible jumeau.

Cette vision ne pouvait résulter que de trois causes : l'alcool, la folie... ou alors c'était bel et bien un spectre qu'elle devait affronter... De ces trois solutions, la première est de loin la plus agréable des alternatives.
Mais trois possibilité c'était déjà deux de trop pour le cerveau de la pivoine tiraillé entre les yeux essayant de lui montrer ce quelque-chose d'insupportable autant qu'irréaliste, le subconscient au cœur d'une crise de dépression, les oreilles gérant avec difficulté un équilibre bringuebalant, et l'estomac désireux de pouvoir aller faire un tour à l'extérieur pour voir si l'ambiance y est plus festive.
N'y comprenant plus rien et ne sachant trop quoi faire, la démission s'imposa alors aux méninges de la pivoine qui décrétèrent d'un commun accord qu'ils en avaient marre de ces conneries, qu'ils passaient en mode automatique et allaient se coucher en essayant de ne pas penser à la gueule de bois de demain.
Dans le doute, les connexions nerveuses transmettent des signaux électriques, puis chimiques. Rapidement l'adrénaline vient contracter les vaisseaux sanguins, faire tonner comme un Angélus le cœur qui siège sous son sein, dilater ses pupilles et lui faire le teint rouge. La bête Cerridween était en place pour le combat. Et après les insultes d'usage, l'heure de l'attaque était venue.

C'était un coup franc, de taille, sans fioriture et asséné avec force. De ces coups qui traversent les vêtements, déchirent la chaire et tranchent les os. Mais la seule résistance qu'il dut affronter en traversant la tenue désincarnés fut celle du vent... puis celle de la pierre abimant l'acier en heurtant une colonne avec toute la force d'années de colères et de haines refoulées. L'onde de choc remontant comme un serpent le long de la lame aurait sans nul doute pu surprendre et désarmer quelqu'un de moins expérimenté, mais pas le maître d'arme de la licorne, fut-il plein comme une outre...


Alors ferme la et fais ton office, bourreau...

Elle se remet en garde dans un espoir ridicule, la lame de Tolède en avant.

Viens !

Quelques secondes de silence profond marquèrent cet instant, seulement brisé par le souffle du vent norrois au dehors. Comme si la forme drapée, en détaillant l'épée d'un regard inquisiteur, réfléchissait à la réponse qu'elle devait apporter à cette invitation presque incongrue.

On ne peut tuer ce qui est déjà mort...

La réponse tomba nette, avec lourdeur, comme si elle portait le poids de siècles de réflexion. Mais les derniers mots continuèrent à se laisser porter par le froid quelques instants avant d'être emportés dans le vide. Sans un souffle, la forme s'approcha avec lenteur, quittant les ténèbres pour entrer dans le halo d'une torchère. La robe laissant place à un épais manteau de cuir noir surmontant une paire de bottes de cavalier du même ton.
L'humanité presque réelle de ces vêtements aurait pu être rassurants, s'il en avait été de même de leur porteur dont le visage gardait son blanc translucide.


... Donc tu ferais mieux de poser ton coupe-papier avant de t'ouvrir les boudins poussifs qui te servent de doigts. D'autant que je n'ai pas d'armes sur moi et qu'aux dernières nouvelles le code de la chevalerie réprouve que l'on s'attaque à quelqu'un qui n'a aucuns moyens de se défendre.

Avec lenteur, un sourire carnassier vint enlaidir le visage blême. Les muscles se contractant avec difficulté pour former une de ces grimace que l'on ne retrouve que sur les façades des cathédrales, les visages de ceux qui ont trop souvent marché dans les pas de la faucheuse et les vigiles en costard des boites de nuit de la jet-set.

Et pour ton information, oui, ça m'a toujours amusé de botter le cul des gens quand ils sont au plus bas. Mais à ma décharger, je dois avouer que c'est la seule méthode efficace que je connaisse pour les forcer à se sortir un peu les doigts et à ressaisir. Tu devrais connaitre ça, toi qui te prétends tyran d'icelieu.
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MessageSujet: Re: [Dans l'ombre d'un deuil ]   [Dans l'ombre d'un deuil ] EmptyJeu 31 Mar 2011 - 17:09

La mâchoire crispée, l'air sort difficilement par les narines de la Pivoine, engluées par des heures de pleurs étouffés. Elle attend... elle attend ce moment. Il la délivrera des peines, des heurs, des souvenirs, de la vie de souffrance. Elle le reverra lui dont les traits lui manquent à chaque inspiration, à chaque fois qu'elle ferme les paupières et qui l'a pourtant condamnée à vivre, pieds et poings liés dans un serment indéfectible.

Elle attend, l'épée au poing, comme doit mourir un chevalier. Comme ils devraient tous mourir.


On ne peut tuer ce qui est déjà mort...

Elle aurait ri en d'autres circonstances. Une partie d'elle est morte, petit à petit, au fur et à mesure, au grès des départs et des abandons. Une partie d'elle est fanée dans un irrémédiable hiver qui l'a rendu éternellement sans vie. Pourtant elle respire, elle marche, elle commande, elle vit. Dualité impossible dans le frêle corps, qui supporte cette tension depuis des années maintenant.

La forme avance et elle détaille à la lueur mouvante d'une flamme et de sa conscience, l'homme qui se tient devant elle. Evanescent, terrible de noirceur, pâle comme la mort et pourtant qui ne l'est pas... l'épée trésaille et vascille au son des paroles comme elle se perd de plus en plus dans les méandres de la situation.

... Donc tu ferais mieux de poser ton coupe-papier avant de t'ouvrir les boudins poussifs qui te servent de doigts. D'autant que je n'ai pas d'armes sur moi et qu'aux dernières nouvelles le code de la chevalerie réprouve que l'on s'attaque à quelqu'un qui n'a aucuns moyens de se défendre.

La bouche s'entrouvre, les pensées fusent dans un dédale chaotique. Qui est ce ? Qu'est ce ? Il sait beaucoup... beaucoup... trop.... elle ne sait pas assez. Elle ne sait pas assez qui elle affronte. Celui qui a été plus terrifiant qu'elle et qui fait encore frissonner les murs de Ryes à l'évocation de son nom. Le sourire presque diabolique qui se peint sur le visage émacié ne lui apprendra rien de plus. Il est mort quelques mois avant qu'elle passe la herse de la forteresse... elle n'aura croisé que son souvenir et l'évocation de sa légende et de ses hauts faits. Il n'y a que l'inconséquence motivé par l'alcool qui ne la fait pas reculer d'un pas devant la figure qu'il lui présente.

Et pour ton information, oui, ça m'a toujours amusé de botter le cul des gens quand ils sont au plus bas. Mais à ma décharger, je dois avouer que c'est la seule méthode efficace que je connaisse pour les forcer à se sortir un peu les doigts et à ressaisir. Tu devrais connaitre ça, toi qui te prétends tyran d'icelieu.

Petit rire sarcastique... la lame de Tolède s'affaise pour tomber près de son corps. La main ne la lâche pourtant pas, comme si elle constituait la seule figure de proue qu'il lui reste.

Prétendre... si seulement....

Les yeux verts, colorés de rouge, hagards, affrontent le visage inconnu.

Ils me l'ont donné ce titre... je l'ai peut être cherché... j'ai juste essayé de faire ce qu'on m'a demandé... ce qu'il m'a demandé.

L'épée pointe le blason qu'elle a accroché, quelques instant avant, quelques heures ou une éternité... elle ne sait plus vraiment.

Les garder en vie et en faire un élite. A coup de corvées souvent et avec peu de compliments... parce que je sais très bien ce qu'ils vont trouver ici... autant qu'ils souffrent le moins possible... et qu'ils soient près à en prendre plein la gueule... de la douleur, ils en auront jusqu'à en vomir... comme de la frustration...

Ils explorent les traits comme pour y chercher une réponse, quelque chose. Elle a croisé tant de visages... celui là ne lui dit rien... pourtant un instinct lui dit qu'elle devrait savoir... qu'elle doit savoir...

Qui es-tu... que viens tu faire ici, à part te repaitre ?
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Bralic

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MessageSujet: Re: [Dans l'ombre d'un deuil ]   [Dans l'ombre d'un deuil ] EmptyMar 5 Avr 2011 - 22:37

Avec une lenteur géologique, l'incarnation vêtue de noir se tourne sans le moindre mouvement vers le blason du nouveau venu dans les rangs de l'armée des morts. Un clignement de paupière rapide comme l'érosion d'une montagne vient occulter l'espace d'un éon le regard abyssal qui scrute et détaille les armoiries.

Sur le champ de sable, un loup blanc fixe de son œil unique la masse d'ombres immobiles. Dans la lueur des torches semble alors se dessiner l'image d'un loup blanc qui regarde un loup noir, comme avant un chevalier noir regardait un chevalier blanc, les deux sourires carnassiers des prédateurs prêt à éclater de rire... ou hurler à la mort.


Ce que je suis ?

La question explose et se réverbère comme un cri dans le silence, résonnant sur les tempes rousses de la maître d'arme en vrillant son crane. Le regard de la forme immobile, dos tourné à quelques pas de la pivoine, n'a pas quitté le blason. Mais la voix qui parvient aux tympans semble originaire de toutes les directions à la foi, aussi bien près que loin, aussi bien intérieure qu'extérieure.

Que penses-tu que je puisse être, jeune fille ?
Peut être suis-je un delirium alcoolique provoqué par une surconsommation de mauvais vin de Bordeaux, et je disparaîtrais demain alors que la gueule de bois envahira la casserole pleine d'air qui te sert de caboche ?
Peut-être suis-je un spectre assoiffé de sang qui hante ces couloirs glacials en attendant qu'un preu parmi les preux daigne enfin venger sa mort en portant haut les armes qui ont anciennement fait sa gloire ?
Peut-être suis-je un lutin facétieux qui n’apparaît qu'aux pucelles en larmes pour leur apporter chaleur et réconfort dans les moments difficiles ?
Peut-être suis-je un espion infiltré en ces murs et qui espère profiter de ta faiblesse pour te bataculer dans une alcôve avant de rentrer chez ses maîtres ?
Peut-être suis-je l'émanation symbolique d'un désir inassouvi, de ce que tu aurais aimé être, apparut ce soir afin de te permettre de faire le point avec toi même ?
Ou peut-être que t'es juste définitivement cintrée et que tu parles aux murs depuis une moitié d'heure ?

Un mouvement aussi léger qu'une cathédrale vient faire jouer la masse de ténèbres sur les épaules de l'apparition. Un haussement d'épaule signe d'indécision autant que de dédain qui fait bruisser dans une cacophonie assourdissante le manteau scarifié d'une forme par trop reconnaissable. A nouveau, la face blanchâtre et indistincte se tourne vers la descendante de Vergy, faisant disparaître l’icône hors du champ de vision des émeraudes noyées dans un lac de saphir.

Quoi qu'il en soit, quand tu auras trouvé ce que je suis, je pense que tu auras aussi trouvé quel peut bien être mon but icelieu.

Une main recouverte d'un cuir noir et usé au point d'en être rêche vient relever le menton du tyran. Une profonde sensation de froid semble alors s'emparer d'elle et remonter au rythme du regard de l'apparition le long de la cicatrice ornant sa joue gauche.

Tu dis que tu as essayé de faire ce qu'on t'avait demandé... Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à cela. C'est notre lot à tous. Qu'on soit homme d'arme, cavalier, chevalier ou bien membre du conseil, c'est ça le boulot de chevalier. C'est à cela que ça se résume : accomplir son devoir... faire son boulot.

A nouveau la galerie n'est plus troublée que par la lente et difficile respiration du capitaine, accompagnée de loin en loin par les bruits assourdis du fonctionnement du gigantesque organisme qu'est l'ordre ; titan mégalithique à l'appétit jamais assouvit, qui se nourrit de la vie et de la force des chevaliers pour ne recracher au final que des morts ou des êtres brisés. Quatre yeux se croisent ; deux émeraudes et deux reflets d'émeraudes apparaissant comme à travers un brouillard de givre.

On fait le boulot qu'on a sur les bras, aussi bien qu'on le puisse, avec au fond du cœur l'espoir de rendre un jour le monde meilleur.
Parfois on y arrive pas... et des gens innocents meurent.
Parfois on y arrive... et avec de la chance on parvient à en sauver quelques-un.

A nouveau le froid sépulcral vient s'emparer de la joue de la pivoine. Le contact irritant du cuir a glissé jusqu'aux pommettes pour s'imbiber plus qu'essuyer les larmes mourantes qui débordent des yeux tristes.

On a un accord avec la société : On protège les gens contre les gens d'en face, parfois contre leurs voisins, souvent contre eux-mêmes.
On le fait quel qu’en soit le prix, et en échange ils nous fournissent de quoi manger, boire ce dernier mot ayant été laché avec ce qui semble être le reflet d'un sourire, du respect et une qualité de vie bien supérieure à la leur...
'fin, ça c'est sur le parchemin, hein... en réalité, on passe notre vie à se tanner le cul à dos de carnes, à bouffer de l'écureuil à la broche en se gelant les os douloureux dans le vent nocturne et à prendre la flotte sur des routes boueuses que même un bouquetin préférerait éviter. Et tout ça pour aller se mettre sur la gueule avec des pauvres types dans un champ de tripes et de cadavres à l'autre bout du pays, pour la plus grande gloire d'une bande de connards ingrats qui daignent parfois nous jeter la viande de leurs chiens en guise de paiement.

Lentement la chaleur revient dans la joue endolorie tandis que le cuir quitte le tissus cicatriciel pour embrasser d'un geste théâtral l'immensité, semblant alors presque infinie, de la galerie des braves. Le ton de la voix, jusqu'alors assez bas et rassurant malgré son caractère inquiétant, se fait soudain plus puissant. Comme si un feu de bûcher, un feu d'enfer, prenait lentement pied sur ce plan et s’apprêtait à engouffrer le monde dans la pureté de sa haine.

On est pas des héros ! Non !... On est juste des bonnes poires assez connes pour accepter de tout sacrifier à un boulot que personne d'autre ne serait assez taré pour faire ! Parceque quand on y réfléchit, si on était pas là pour faire ce boulot... Qui le ferait ?

Le brasier semble retomber, plus doux mais toujours présent, comme un prédateur à l’affût qui s’apprête à bondir sur tout ce dont il pourrait se repaître.

Alors on le fait ce boulot de merde... On prend des gnons, moralement, physiquement... D'abord à l’entraînement, pour s'endurcir et devenir insensible. Puis pour de vrai. On perd des amis, de la famille, une partie de sois-même aussi bien physique que psychique... On tombe. On se relève. Et on continue d'avancer, pour soi, pour les autres, pour ceux qui sont encore là et ceux qui sont partis.
Puis avec l'age l'enthousiasme de la jeunesse laisse place au cynisme et au réalisme d'une société décadente et inhumaine.
On se rend compte que l'ennemi ne vient pas seulement de l'extérieur, mais aussi de l'intérieur.
On se rend compte que tout ce qu'on a fait, que tous ceux qu'on a tué, que tous ceux qu'on a vu mourir ne sont par morts pour rendre le monde meilleur mais seulement pour permettre à une bande de profiteurs-connars-emperlousés de devenirs les maitres d'un carré de terrain qui pue la pisse et le fumier.
Alors on en a marre... Et soit on part... soit on s'accroche... parceque quand on se retourne et qu'on regarde la réalité en face... On voit qu' on a tout sacrifié et que la Licorne, en fait, c'est tout ce qu'il nous reste.

Le gant se tends, le bras s'allonge, la paume s'ouvre... en direction de la pivoine.

Si tu as envie de tout laisser tomber, fais le, personne ne t'en empêche. Et je pense que tout le monde te comprendra....
Mais que crois-tu devenir ? Que penses-tu que sera le peu qui te reste de vie ?
Celle d'une bonne femme éclopée, enfermée dans son manoir comme une nonne dans son couvent, occupée à pleurer les morts en attendant de les rejoindre tandis que sa cohorte de chats miteux pissent sur le divan délavé ?

Est-ce que c'est réellement toi ?
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