Serpentant sur le chemin qui menait à Ryes, Lynette avançait d'un pas tranquille, montée sur le cheval qu'elle avait récupéré en Maine avant de partir en Anjou. Cheval qu'elle avait d'ailleurs renommé Cheval, parce qu'elle n'arrivait pas à lui trouver de nom. Il était tranquille, sans saute d'humeur, n'essayait pas de se sauver et n’avait pas de crises de coliques intempestives. Autant dire que la baronne avait du mal à s'habituer à ce drôle de canasson d'un calme à toute épreuve.
Arrivée devant le poste de gardes, elle leva les yeux, impressionnée par le bâtiment qui s’érigeait devant elle. Souvent elle avait entendu parler de ce lieu, mais n'y avait jamais mis les pieds. Et il fallait une guerre pour que ce fut le cas...
Normalement ça aurait dû être le Vicomte de Lassay à sa place en ce jour, mais il ne s'était pas encore tout à fait remis de ses blessures. Elle non plus d'ailleurs, son flanc droit la tiraillant douloureusement dès qu'elle faisait un mouvement. Mais elle avait été tout de même moins blessée que son ami, et préférait prendre le relai plutôt que de risquer une infection de ses blessures à Eymerick.
Elle se présenta donc au garde en faction.
Le bon jour, je suis Erwelyn Corleone, et je viens suite à la demande de notre Comtesse, pour représenter le Maine en ces temps troublés.
Rhaaaa, jamais elle n'aurait cru dire ça non plus la Corleone. Elle, une diplomate, une ponette qui depuis quelques années ne songeait plus qu'à flemmarder et à profiter du farniente. Voici qu'elle se retrouvait ici, blessée, armée, et prête à combattre encore plus fort que quand tout cela avait commencé. Ce qui la faisait tenir, c'est surtout l'idée qui ne la quittait plus de venger sa suzeraine qui était tombée au combat, à peine dix jours plus tôt.