De l'arrivée d'une ambassadrice en la salle lui étant réservée

En chemin, ladite diplomate flamainoise ne roucoulait qu’à peine son absence de désir et ses lubies suprêmes, avançant tout en se pâmant d’un éternel masque d’airain inébranlable et d’un marbre indubitable, véritable parangon du stoïcisme cerné d’une vêture aussi sombre que d’accoutumée.
Quoique riche, la vêture, aux volutes finement cousues et à la pelisse de petit gris rehaussant le tout en un mélange attendu.

En bref, elle remerciera courtoisement la Dame Prévôt de sa bienveillance et du temps accordé pour la mener jusqu’en ces lieux, avant de pousser elle-même la porte toute désignée pour contenir le nouveau refuge aux relents de parchemins poussiéreux, d’usure et de travail acharné.
Là, la Maldeghem constatera à nouveau d’un bref balayage des prunelles d’obsidiennes les charmes désuets, simples et menus de la sobriété qu’offrent les bureaux ambassadoriaux de tout ordre royal qui se respecte.
Puis, avisant l’homme tout désigné pour être son interlocuteur de choix, à la Deswaard de s’incliner poliment avant de se redresser pour mieux déclarer les habituels maux d’usage.

Le Bonjour, Excellence Chevalier.
Je suis l’Ambassadrice du Maine en charge de représenter ledit Comté auprès de l’Ordre de la Licorne, si cela vous agrée.

Les gants doctement fournis seront entre temps retirés pour ne révéler que deux serres blanches, ivoirines, se refermant dès lors sur le cuir délaissé, tandis qu’elle s’avancera plus avant dans la pièce, prenant quelque peu les devants sur une très probable invite à festoyer.
C’est dire qu’elle n’aime pas ça.

Mais je vous en prie, ne vous fatiguez nullement à m’offrir boissons et autres copieux mets que je n’aurais pas à cœur de déguster, et entamons plutôt ce qui nous amène ce jour à nous rencontrer.

Si seulement elle en avait un, de cœur…

De diou, ils allaient bien s’entendre, l’Ethan et la Quiou !
Car à reconnaitre un Chevalier, il faut dire que dans sa tournée des divers ordres nécessitant présence Mainoise, on ne l’avait nullement fait converser avec débutant, jeune premier et autres jolis enfants écumants tout juste sortis de l’œuf salvateur du jupon maternel.
Adoncques la Maldeghem secoue-t-elle la dextre, lentement, doucement, sans autre à priori que celui qui pouvait s’imposer aux plus avantageux esprits, à savoir que l’homme, dans toute son aigreur, possédait plus de qualités diplomatiques que le funambule aux révérences bucoliques.

J’ai ouï-dire pourtant que l’Usage était l’un des premiers maux à inculquer à tout prétendant ambassadorial et, loin de complaisamment m'acoquiner auxdits sots, il vous faudra souffrir de mon intention de conserver ce qui doit l'être, à savoir le protocole et les joyeusetés qui le complètent.

Sourire en coin sera arraché de la bobine de glace et d’acier d’une Deswaard probablement amusée, ce qui n’est jamais bon pour qui que ce soit. A moins qu’à trop la dérider, l’on prétende pouvoir lui redonner un semblant de vie, tandis qu’elle prétendra à beaucoup d’intérêt.

Je sais l’apparent inconfort d’une vie en forteresse et m’en accommoderait aisément, soyez-en assuré.

C’est dire que la rigueur et la froideur que la Terreur s’imposait elle-même concordait indubitablement aux attentes d’une vie militaire, et que plus qu’une simple expérience, elle s’y était longuement prélassée, engoncée, embourbée, jusqu’à satiété, avant que d’aller voir ailleurs.
Dès lors, prenant place à la suite du Chevalier, elle poursuivra.

Nullement je ne cherche à ce que l’Ordre Royal de la Licorne se montre utile au Maine. Du moins, pas tant que la chose ne soit bilatéralement partagée.
De fait, avant de vous présenter ce pour quoi l’on m’aura nommée, il me faudrait avoir connaissance de la composition du Haut Conseil de l’Ordre.

Une pause, comme pour souligner ce qui va suivre.

Du reste, il semblerait dès lors que le Domaine Royal et ses plus hauts diplomates aspirent à plus qu’une Charte unifiant le DR et les Ordres Royaux dans leur généralité, charte qui existe déjà.
Après proposition, et suite à la prime volonté du Maine de présenter un front uni avec le Domaine Royal, je viens à vous, Excellence, afin que de savoir si la Licorne serait intéressée par une Charte plus personnalisée entre le DR et elle-même, et ce, dans un souci de reconnaitre les différences de fonctionnement et d’organisation qui ne sont nullement présentes dans la Charte générale DR/OR et par la même pour faire honneur aux liens existants et qui tendent à se faire inaliénables.