[RP] L'écritoire du Guillaume, là où tout se passe...

La suite du portrait que sa pupille dressa de Thierry adoucit un peu le cœur du Flamand. Certes Thierry n’avait pas marqué l’Ordre à l’image d’un Bralic ou d’un Erwyn, loin de là, mais il avait été l’un des leurs. Et celui qui l’avait adoubé, un jour dont il se souvenait comme s’il l’avait vécu la veille. Était-ce là la raison qui le faisait tenir autant au souvenir du chevalier disparu depuis si longtemps aujourd’hui ? Peut-être, après tout. Comme s’il y avait, encore aujourd’hui, une dette à rembourser…
 
Mais déjà, elle lui posait une question. Oui, fallait-il lui faire travailler une nouvelle fois le blason de l’Azayes ? Cela reviendrait à l’envoyer remuer les contreseings de destitution divers et variés dont il avait été frappé pour déterminer quels titres il possédait encore au moment de se voir exclu, à son tour, de Ryes. Non, cela pouvait attendre. Et surtout, jongler avec les registres, c’était là un de ses passe-temps favoris. Il allait donc lui dire de se concen…
 
Ah non en fait, voila que Fool reprenait la parole. Et que les deux écuyers entamaient un pas de deux que, en vieil homme soucieux du bien-être de ses prochains, il les laissa poursuivre le temps de quelques échanges. Pour s’inviter au bal au moment où ils lui en laissèrent l’occasion.
 
- Je l’autorise avec grand’plaisir, écuyer. À une seule condition, toutefois. Que vous cessiez d’affirmer qu’être sorti de roture excuse ou empêche quoi que ce soit. Je suis moi-même extrait de paysans, ainsi que nombre des nobles de notre royaume, comme vous le constaterez ou le savez déjà. Ce n’est pas cela qui doit être un frein à vos desseins. Sans cela, la Licorne ne recruterait que parmi l’aristocratie. Ce qui serait sa fin, d’ailleurs. Bref, quoi qu’il en soit, vous pouvez désormais vous considérer comme attaché à votre sœur, fit-il dans un fin sourire faussement mystérieux.
 
« Quant à vous, Ellesya, je pense qu’il vaut mieux laisser le blason du chevalier Thierry pour plus tard. Que diriez-vous de vous occuper des armes d’une dame chevalier, la première de notre ordre, j’ai nommé Enox. Les informations sont présentes en ces murs pour leur donner la forme et le style des blasons qui figurent actuellement dans notre armorial ».

Et la poursuivante d'armes de laisser un petit mot à Guillaume. Mais cette fois, il n'était nullement question des rets d'Asmodée ou des grâces de Sylphaël...

Citation :

Guillaume,

si tu désires me faire part de la manière dont tu désires que nous nous organisions suite à ton retour, fais moi appeler.

Sya

- Oh, ma troisième patte sert plus souvent à rassurer mes médicastres qu'à tourmenter la jouvencelle, je vous en assure, affirma-t-il avec l'aplomb du plus menteur joueur de ramponneau qui se puisse concevoir. C'est qu'on ne détricotait jamais vraiment la fibre du hâbleur, celui-ci fût-il plus près de la fin que du début de son existence terrestre.

Et voici donc comment furent amorcées les retrouvailles entre ces deux Licorneux, le parrain et sa pupille, le héraut et sa poursuivante, l'aîné et la cadette, le passé et, peut-être, le futur. Mais déjà le sérieux reprit ses droits car s'ils étaient là ce n'était point pour concevoir bâtard ou négocier mariage – du moins n'y ont-ils pas pensé – mais pour régler les questions héraldiques encore pendantes en Ryes. Guillaume n'avait pu venir à bout du chantier, grâce aux guerres, mobilisations, campagnes et autres maladies de ces derniers mois. Pour autant, il n'avait jamais vraiment perdu de vue cet objectif, quand ses maux lui laissaient assez de temps pour concevoir des plans d'action en son esprit. L'âge n'était pas encore parvenu à venir à bout de son esprit de système qui lui avait été si souvent utile, que ce soit à Ryes, au Parlement flamand ou dans les nombreux offices parisiens où il avait été convié, voire où il s'était invité...

« Le héraut que je suis a, je gage, bien des choses à régler urgemment. Expose-les moi brièvement, je te prie, que j'avise sur la conduite à tenir. Outre mettre le nobiliaire à jour, à Paris et ici, que mon absence a-t-elle empêché de régler ? Nous passerons ensuite au structurel et enfin à l'accessoire ».

Et, dernière boutade lancée en guise d'invite: « Et si tu te sens fatiguée, n'hésite point à t'asseoir. Je ne voudrais pas sembler maltraiter une princesse... »

Quelque chose dans le ton qu'elle avait employé pour dire qu'il n'y avait pas de princesse en ces murs avait retenu l'attention de Guillaume. C'était plus que la vivace tradition licorneuse d'abandonner ses titres de noblesse au seuil de la forteresse mais, pour autant, il ne pouvait déterminer ce dont il s'agissait. Pour sûr, son jugement des âmes autrefois si rapide semblait lui faire défaut. « L'âge » pensa-t-il dans un mélange de regret et de résignation. Mais la voix de la Tourangelle l'avait rapidement amené à d'autres horizons. Ceux de Saint-Antoine, en l'occurrence, où il savait qu'il avait encore à faire sa réapparition. Mais pourtant, ce lieu qui lui avait si longtemps plu se dessinait désormais à son esprit comme une véritable étape, un nouveau défi. Non que le travail héraldique se soit mis à lui déplaire à la suite de son long mal mais bien qu'il doutait parfois avoir encore l'énergie nécessaire à suivre les dossiers qui y étaient déposés et à affirmer son jugement sous l'ombre des caducées fleurdelysés. Et puis, paraissait-il, il n'y avait même plus Montjoye pour trouver quelque plaisir ou énergie à la controverse. Qui sait si la neuve reyne d'armes serait si disposée à trouver un adversaire ès-joutes verbales...

Quand les parchemins furent déposés devant lui, il les attaqua d'un œil vif, habitué à chercher dans l'entrelacs des mots ce qui devait retenir l'attention et être débattu. Il s'accrocha donc à ce qui lui était offert, encra une plume d'oie avec laquelle il prit quelques notes sur une chute de papier à mesure qu'il parcourait les documents pour lesquels on faisait appel à sa « sagacité ».

- Je vois, c'est clair, à défaut d'être court. Mais je gage que pour que cela soit, il eut fallu que je ne me plaise point si longtemps en la compagnie des maîtres de Montpellier... A croire qu'avec le temps je les trouve plus appétissants que les escadrons de jeunesses dont on a fait mes maîtresses... Quoiqu'il en soit, il faudra que je trouve comment te remercier, et de même pour Per... pour Saint-Jean. Dieu sait d'ailleurs que j'eus aimé la compter parmi nous plutôt que de la voir porter la croix... Mais tu as fait ce qui devait être. Ici comme ailleurs, ta responsabilité commence là où tu le décides. Si d'autres sont moins actifs ou efficaces que toi, c'est ne rien faire qui est une faute, et non le contraire. Quoique les parasites de tous genres s'efforceront toujours de te convaincre qu'il n'en est rien. Ton père l'avait parfaitement compris, bien des années avant moi.