Ordre Royal des Chevaliers de la Licorne


 
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 Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet

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Rhuyzar

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MessageSujet: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptySam 30 Mai 2015 - 18:33

Avoir été Chevalier, Maistre d'Armes, Capitaine et Grand Maistre présentait un certain nombre d'avantages non négligeables. Entre autres, et même quand on avait été déclaré mort, on pouvait circuler relativement librement dans la forteresse de l'Ordre au sein duquel on avait occupé toutes ces charges. D'autant plus quand on en avait maitrisé chaque passage discret, chaque recoin inconnu.

Rhuyzar n'était plus rien de tout ça désormais. Il n'était même plus certain d'être encore un Fils de la Licorne ailleurs que dans son esprit. La plupart des visages qui parcouraient Ryes lui étaient parfaitement inconnus et il n'avait pas encore demandé audience au Haut Conseil afin de discuter de son cas un peu particulier. Pour connaitre plutôt bien les rouages de l'endroit, il préférait laisser le Haut Conseil décider lui-même de l'instant plutôt que de les encombrer d'un nouveau dossier qui n'était peut-être pas une priorité absolue. L'avantage d'avoir été mort, c'est qu'on avait tout le temps pour vivre, désormais.

Alors il déambula quelques jours durant, s'imprégnant de nouveau des lieux, de leur parfum, de ces souvenirs qui encombraient les murs de pierre robustes et écrasant de majesté. Il passa des heures à consulter des ouvrages à la bibliothèques, se recueillit dans la galerie des braves et retourna même au Poste de Garde où il avait fait ses classes d'Errant en compagnie de celui qui avait été son plus que Frère: Raphaël de Vergy dict Kratos. Il s'évita cependant de trop passer par la Salle du Chapitre dont la vue était encore trop douloureuse. Trop de fantômes la hantaient et il n'était pas prêt à affronter leur probable regard réprobateur sur sa conduite. Il ne pouvait lutter sur plusieurs fronts à la fois et le combat qui s'annonçait le mettrait aux prises avec quelqu'un de parfaitement vivant.

Il ne dormait pas à Ryes non plus. Ne se considérant pas pleinement réintégré, il préférait loger au village et se voir comme un visiteur à qui on laissait une relative liberté en raison de son passé au service de l'Ordre et des lignes de son histoire qu'il avait contribué à écrire. Le temps seul et la discussion offriraient leur verdict. Et il avait appris les vertus de la patience.

Cette fois, pourtant, c'est à la Tour Achille que le conduisirent ses pas. Cette Tour où se trouvaient les chambres des Chevaliers à qui on donnait le droit de ne pas fréquenter les dortoirs. Privilège du titre qui, à la Licorne, n'était pas galvaudé. Elle était souvent silencieuse. La Chevalerie Royale n'autorisait pas beaucoup de temps libre et il était souvent consacré à reposer le corps et l'esprit en prévision de nouveaux combats à mener. En spécialiste de ces mécanismes, il ne fut pas surpris de l'ambiance presque monacale des couloirs et des escaliers.

Ce n'était pas un pèlerinage mais une visite. Impromptue, il est vrai, mais qu'il estimait nécessaire. Il avait laissé filer des jours depuis la Cérémonie qui l'avait vu reparaitre en public, parce que ce qu'il avait lu dans les yeux et l'attitude de celle qui focalisait aujourd'hui son attention lui avait bien fait comprendre que pour les retrouvailles familiales chaleureuses autour d'une bonne pièce de gibier, il serait prié de repasser une autre fois. Voire jamais. Ce n'était pas non plus exclu. Alors il l'avait laissée digérer, se préparer à l'inévitable, à ce qui s'apparentait à une véritable confrontation. Il l'avait laissée s'armer en connaissance de cause.

Ils ne se connaissaient finalement que très peu elle et lui. Une correspondance entamée avant sa fuite. Ils avaient tout pour être proches, au-delà de leur lien de parenté, mais cela aussi il l'avait effacé en disparaissant.

Tous ces mots s'empilaient dans sa tête tandis qu'il gravissait pas à pas les escaliers menant à l'étage où se trouvait sa chambre. Il n'avait pas réfléchi à ce qu'il allait lui dire, n'étant même pas certain qu'elle accepterait de l'écouter. Il s'était refusé à la construction d'une argumentation, lui préférant la naïve franchise du naturel et tous les risques inhérents à cet exercice. Et il savait sa nièce assez intelligente pour déceler ce qui avait été préparé et ce qui venait du coeur.

Et puis les mots devenaient tellement confus qu'ils prenaient toute la place, annihilant sa perception naturelle des choses. Sans vraiment se rappeler du chemin, il était face à la porte close. Cette fois il avait coiffé ses cheveux mêlant le gris et le blanc en un catogan assez classique. Sa tenue était sobre et son mantel noir sans arborer la Licorne argentée. Seule excentricité, son gant sur sa senestre ne comportant que trois doigts. Il ne portait pas d'armes, les laissant systématiquement au Poste de Garde afin de ne pas contrevenir à la procédure et ne pas mettre les Licorneux de faction face à un insoluble problème. De toute manière, vue sa carrure et son manque de pratique, ses armes ne l'aideraient pas beaucoup si on essayait de le tuer.

Il prit une grande inspiration, déglutit et frappa de sa dextre contre le bois de l'huis. Le saut était fait, resterait à voir l'ampleur de la chute.
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Ellesya

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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyMar 2 Juin 2015 - 23:13

Le coup mat contre l’huis lui fit relever la tête de l’ouvrage sur lequel elle était penchée. Un de ceux qu’elle devait sans cesse reporter en faveur d’autres tâches prioritaires.
Son cœur se mit à frapper contre ses côtes, comme à chaque fois -depuis la cérémonie- qu’on venait troubler son isolement dans cette chambre qu’elle s’était fait attribuer après avoir quitté le dortoir des écuyères. Il en avait été de même dès qu’elle apercevait la silhouette de Rhuyzar dans le bourg où elle logeait fréquemment auprès de sa dernière enfant, Neven, ou qu’elle le savait dans la forteresse. Toujours la jeune femme l’avait évité, quitte à tourner les talons aussi discrètement que possible. Elle n’était pas prête à affronter la situation. Alors lâchement, elle occultait ce qu’elle ne voulait pas encore voir. Parce qu’elle avait perdu ses enfants quelques semaines plus tôt. Son cousin, Anthoyne, plus récemment encore. Trop de morts précieux face à un revenant.
Sa pénitence l’avait achevée physiquement. Les émotions diverses de ces derniers temps lui avaient étrillé l’âme et le corps. Alors gérer tout ce qui avait trait avec son oncle, non, elle n’avait pu. Elle avait lâchement reporté cela à plus tard car il n’y avait pas que la surprise de son retour et ce nouveau travail de sape de ses certitudes à affronter. D’autres démons y étaient liés.

De bout de l’index, elle reclapa le couvercle de l’encrier. La plume fut déposée. Le souffle expiré. Ce n’était sûrement qu’un de ses frères ou un serviteur, comme d’habitude. Elle était stupide de s’emballer de la sorte. Il n’était pas venu jusqu’à présent. Aucune raison qu’il ne le fasse maintenant.

Faussement rassérénée et un masque serein sur les traits, elle ouvrit l’huis. Et se retrouva nez à nez avec Lui.
Un instant, elle resta là, l’air bête, ne sachant quoi dire ni quoi faire. Le regard dans le sien avec l’envie d’être étreinte par cet aîné de son sang qu’elle avait infiniment plus affectionné que son propre géniteur, malgré ses absences. Cette envie se disputait sauvagement avec la rancune de la peine causée à deux reprises inutilement à son cœur déjà rendu exsangue par trop de morts et que quelques personnes avaient réussi à réanimer après une si longue, si lente convalescence. L’injustice de revoir ce mort quand sa chemise bleu sombre au brassard noir désignait assez clairement que le deuil l’avait encore frappé, au creux du ventre cette fois.

L’ancienne petite Walkyrie de Tyr tourna les talons tout à coup pour revenir au centre de la petite pièce. Une couche chaudement garnie occupait un coin, faisant face à une cheminée éteinte où étaient soigneusement alignées quelques bûches. Son manteau accueillait une série de chandelles qui n’étaient pas encore allumées vu la clarté printanière qui se déversait dans la pièce par la fenêtre sous laquelle une table de travail était disposée. Plusieurs coffres étaient disposés le long des murs, ainsi qu’une crédence sur laquelle était déposé un petit oratoire portatif, un bassin et son broc, quelques livres et des parchemins en vrac dans un fouillis dénotant du rangement rigoureux du reste de la chambre. Un râtelier étroit accueillait quelques lames dont Glace et Promesse et celle encore sans nom. Certains pans de murs en moellons étaient couverts soit de tapisseries aux motifs tirés du bestiaire imaginaire, de part et d’autre de la fenêtre, pour couper la fraicheur émanant des parois du vaisseau de pierre, soit de bannières dont la jeune femme usait en déplacement comme celle de son emblème ou celle de la Licorne. Tout le mobilier était de bonne facture mais sobre, parfois garnis de cuir ou de motifs discrets.

D’une main, elle lui désigna un faudesteuil qu’elle venait machinalement de placer à quelques pas du siège qu’elle venait de quitter quelques instants plus tôt.


Prend place, je t’en prie.

Au diable le « vous » poli, respectueux ou de distance. Quitte à parler à un mort, autant y aller sans mondanité. Elle ouvrit le meuble principal et en tira deux gobelets d’étain et un flacon. Servir à boire lui permettait de conserver sa contenance. Elle ne lui demanda pas son avis. Et déposa les deux verres de vin sur la table, à portée.
Toujours sans un mot, elle sortit encore un coffret assez long et le posa devant les verres, les repoussant sans les renverser pour ménager assez de place. Tout cela, sans le regarder toujours.
Enfin, elle l’ouvrit et il put découvrir deux fauchons et, posés sur iceux, un fin paquet de lettres nouées ensemble. Elle en retira celle du haut et lui tendit.


Spoiler:

Me suis-je fait abuser ou était-ce vraiment de toi ?

La gorge nouée, de peur que la réponse détruise les nouveaux repères qu’elle s’était construite, le regard clair ne cilla pourtant pas, scrutant la moindre émotion, réaction.
Avant tout, elle voulait savoir ce qu’elle pouvait encore croire… Aedd l’avait trahi, mais jusqu’à quel point s’était-elle faite posséder, humiliée face à tous ceux qui l’avaient mise en garde ?

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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyMer 3 Juin 2015 - 10:45

Peu après qu'il eut frappé, la porte s'ouvrit. Figurant le lourd rideau d'un théâtre masquant la scène elle dévoila les acteurs l'un à l'autre, les mettant face à face, chacun, son rôle, chacun son texte, afin qu'ils jouent l'acte suivant de la tragédie familiale et humaine qui se trainait sur ces dernières années et n'avait pas encore trouvé sa conclusion.

Elle lui parut surprise de le voir, alors même qu'il pensait qu'elle avait prévu sa venue. Son désir de ne pas le voir était-il si fort qu'elle s'était persuadée qu'il n'oserait pas entreprendre la démarche ? Cela augurait-il d'un entretien bref et glacial qui s'apparenterait davantage à une mise au point qu'à des retrouvailles ? Le Chevalier avait affronté quantité d'ennemis, avait du faire face à nombre de situations hautement périlleuses, mais devant celle-ci, il se retrouvait désarmé. Aucune armure ne saurait le protéger des coups à venir et aucune tactique ne saurait l'extirper de la situation inconfortable dans laquelle il s'était lui-même mis. Avant qu'elle ne se retourne pour regagner l'intérieur de la pièce, il parvint à prononcer quelques mots. Deux, pour être précis.

Bonjour Ellesya.

Il eut pu dire "ma nièce" ou "Sya", mais il ne se sentait pas encore le droit d'exprimer une quelconque marque d'affection et il préférait ne pas offrir à la jeune femme l'occasion de répondre par une ironie cinglante aux formulations chaleureuses d'un homme qui n'avait pas franchement démontré, ces dernières années, toute l'affection et la confiance qu'il avait pour elle. Elle-même avait revêtu le masque froid de celle qui attend qu'on lui explique avant de décider quelle émotion exprimer. Colère, tristesse, déception, le panel était vaste et les possibilités ne manqueraient pas. Il savait que ses paroles, entre autres, impacteraient le très proche futur qui s'esquissait devant eux. Son esprit d'analyse était bien trop aiguisé pour que, même sous le coup de puissantes émotions, il n'en ait pas conscience.

Il la suivit et referma derrière lui la porte, laissant son regard s'égarer et détailler le logement chevaleresque qui allait servir de cadre à leur dialogue. En cela elle différait complètement de lui. Bien que respectant la sobriété du lieu, elle avait su y ajouter une touche de confort et d'élégance personnelle qui ne dénotait pas mais rendait la chambre plus chaleureuse et confortable. Elle avait du goût. L'ensemble n'était ni criard ni surchargé de richesses. Il rappelait avec justesse et tact qu'elle était issue d'une riche et puissante famille noble et qu'elle avait les moyens de vivre selon ses désirs sans pour autant en faire étalage. Ce n'était pas une démonstration de puissance, mais un rappel silencieux et délicat. Elle était ici chez elle.

A son invitation il s'agit sur le siège qu'elle lui désigna, repoussant les pans du mantel qui couvraient le devant de sa tunique. Gardant le silence pendant qu'elle s'affairait à servir du vin et disposer quelques effets il prit quelques instants pour l'observer, noter les changements de son corps et son état actuel. Le Corbeau avait toujours été observateur, c'était le propre même des fonctions qu'il avait occupées entre ces murs. Il ne put pas ne pas remarquer la fatigue que dévoilaient ses traits. Le genre de fatigue venant du corps autant que de l'âme. Sa nièce avait traversé bien des épreuves, visiblement et il comprenait maintenant que son retour en était une de plus. Peut-être même celle de trop.

Il regarda les deux fauchons qu'il connaissait bien pour les avoir portés. Un léger frisson parcourut son échine à la vue de ces deux armes et de la place qu'elles avaient occupée dans son existence. L'espace d'un instant, son esprit s'égara dans ses souvenirs et lui revinrent en mémoire les images des combats, des batailles, son premier métier. Cette soif de sang, cette ivresse dans la violence, cette quête éperdue d'abandon le plus absolu en dansant avec la mort. Et puis la lumière au détour d'un énième contrat. Elle. L'origine de tout. Sans s'en rendre compte, c'est le regard ému qu'il contemplait les lames, souriant presque tandis qu'un seul nom prenait toute la place dans son esprit. Il mit fin à l'instant brutalement pour l'écouter et prendre la lettre qu'elle lui tendait. Marquée de son scel et recouverte par son écriture. Il ne la relut pas. Il n'en avait nul besoin. Il s'en souvenait encore trop et se mordit la lèvre. La reposant doucement sur la table, il posa son regard sur Ellesya et prit la parole. Il était calme, en apparence mais l'épique combat intérieur avait déjà commencé.

Cette lettre était bien de moi. Yvaniès te l'a bien portée en mon nom.

Cela répondait à l'une de ses nombreuses questions. Le Chasseur avait visiblement exécuté ses ordres. Il était plus que curieux de savoir ce qu'il était devenu, après ça. Mais ce n'était pas à son tour de poser les questions, celle de sa nièce, bien que simple et directe, sous-entendait clairement qu'il lui explique le pourquoi de cette annonce et l'incohérence finale de son retour en ces lieux.

Je l'ai écrite aux portes de la mort. Mais une fois encore, elle m'a rejeté. Plus doucement et longuement cette fois. Je ne me suis pas battu. C'est elle qui n'a pas voulu de moi et m'a laissé, semaine après semaine, admettre que ce n'était pas encore fini. J'ai réappris à marcher, à manger, à monter à cheval.

Les mots venaient avec difficulté. Il ne les choisissait pas vraiment, les laissant s'extraire de son esprit et s'assembler pour former ce qu'il devait lui dire. Il ne savait pas vraiment par où commencer. Il avait tant à dire mais il doutait qu'elle eut, elle, envie de tout entendre.

Je suis désolé, Ellesya, de t'avoir peinée pour rien. Ce secret n'était pas nécessaire. J'aurais pu t'écrire et te faire savoir que j'étais en vie. Je pense avoir disparu assez longtemps pour que plus personne ne se souvienne réellement de moi ou ne voit l'intérêt de s'en prendre à ma personne. Je ne vais pas prétendre avoir voulu te protéger en restant dans les ombres, tu mérites mieux qu'un mensonge aussi grossier. Je n'ai pas écrit par habitude, parce que ce que je suis est la conséquence de ce tout ce que j'ai fait et vécu. Le secret a été bien plus que mon arme, il a été ma manière d'exister. Je suis de ces hommes qui ont trop joué à sacrifier ce qui comptait à leurs yeux pour savoir le préserver. Et de cela je m'en excuse. J'ai été le pire des parents.

Le pire des compagnons aussi. Mais ces excuses là ne lui seraient pas destinées. Le poids de l'oncle était déjà bien suffisant.
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyDim 7 Juin 2015 - 17:55

Si le Corbeau, ou celui qui restait le Loup blanc pour elle, était observateur, sa parente ne gardait pas non plus ses yeux dans sa poche. Pour les informations à en retirer, certes. Mais aussi pour le plaisir d’iceux, comme aurait dit un de ses frères à Langres. Enfin là, la jeune femme ne reluquait pas son oncle, outre ce qu’elle percevait de son langage non verbal, elle confrontait son souvenir de lui à sa physionomie générale. Il avait disparu quand elle sortait de l’enfance. Tous deux avaient changé. Le temps et les événements affrontés avaient fait leur œuvre.

Le verdict était tombé concernant la lettre d’adieu. Toutes ses certitudes n’allaient pas s’effondrer au moins. Restait donc la curiosité. Et l’agacement plus que la colère sur le nouveau silence dont il avait entouré son retour alors qu’elle le croyait mort pour la seconde fois depuis près d’une année.
Lorsqu’il avait annoncé avoir bien été l’auteur de la missive, Sya avait seulement hoché du chef sans commenter, savourant le réconfort apporté par cette affirmation.
Sa dextre, à la paume encore rougie de sa brulure de l’année, se tendit vers l’un des verres. Tout en écoutant Rhuyzar, elle put boire apparemment tranquillement quelques gorgées. Son air était impassible tandis que la voix de son oncle emplissait la pièce. Non qu’elle ne fut pas touchée par certaines de ses paroles mais elle se barricadait encore derrière le masque du détachement qui lui avait fait défaut lorsqu’il lui était apparu sur le seuil de sa chambre.
Au terme de son propos, Sya laissa un court silence s’installer. Non par calcul mais parce qu’il lui fallait un peu de temps pour savoir quoi dire. Finalement, un simple constat glissa de ses lèvres :


D’accord.

Pas d’effusion, pas de pardon, pas de larmichette, là tout de suite. Juste qu’elle avait entendu et accepté sa version de l’histoire.
Sa main libre poussa doucement le coffret des armes vers lui, en signe de retour vers leur propriétaire, après qu’elle eut retiré les quelques lettres qui reposaient sur le tout.
Cela étant fait, progressivement, elle se détendit à mesure que ses paroles se distillaient dans son esprit plus profondément. Elle reposa son gobelet sur la table.


Tu courtises sûrement trop la Mort pour qu’elle veuille de toi.

Le regard gris bleuté quitta l’observation pensive du gobelet pour se poser sans détour sur l’homme lui faisant face.

Evidemment, le fait d’avoir pris conscience des ratés de notre relation à l’époque ne t’a pas poussé à faire preuve d’un peu plus de soin pour ton retour… Logique.
Et tu avais bien choisi ton jour aussi…
J’ai failli te sauter à la gorge pour m’assurer que tu serais bien mort cette fois. Et je t’en voulais également d’attirer l’attention alors que c’était le moment dédié à Shiska.


Elle expira longuement pour dompter à nouveau la colère qui voulait reprendre avant de tout gâcher.

Je… suis heureuse de te voir en vie. Mais c’est très emmêlé avec d’autres sentiments, dont celui d’injustice parce que je porte le deuil encore.

Bref silence, avant de lâcher avec une résignation diffuse.

Il est rare qu’on se tourne vers moi pour le simple plaisir de ma compagnie, sans avoir de demandes. Alors… que puis-je pour toi ?
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyMar 9 Juin 2015 - 7:56

Il s'attendait, évidemment, à cette atmosphère tendue et de défiance. Même si leur parenté n'était pas des plus simples, il savait qu'elle possédait cette intelligence familiale, cet héritage du sang qui faisait d'elle une jeune femme bien éloignée des standards naïfs dont savait se parer la noblesse française. Elle avait souffert, cela sautait aux yeux lorsqu'on savait user de son regard autrement que pour s'attarder aux simples apparences. Le fait de porter la bannière de la Licorne pouvait en être une raison. Le service Royal. L'exercice de la défense d'un pouvoir qui ne se préoccupait guère des litres de sang versé ni des âmes brisées que rien ne pourrait plus jamais sauver. Elle avait évoqué le deuil, aussi. Qui avait-elle perdu ? Et en quoi sa survie à lui représentait-elle une injustice par rapport à cette, ou ces morts ? Préfèrerait-elle le voir trépasser pour de bon, au fond ? Revint alors cette question qu'il s'était posée maintes fois depuis le jour de son départ, depuis le jour où il avait acté sa prise de décision concernant son avenir: avait-il bien fait de revenir ? La Mort avait refusé de l'accueillir, mais ce monde voulait-il encore vraiment de lui ? Ne faisait-il pas partie de ces êtres, prisonniers de ces limbes, vivant dans le souvenir et interdit à redevenir complètement quelqu'un ? Depuis cet épisode long de plusieurs années, le Corbeau doutait. Les limites de son corps l'avaient frappé de plein fouet. Celles de son esprit s'imposaient désormais peu à peu et chaque pas en avant amenait son lot de questions, d'hésitations et de remords. Il savait que la route serait longue et parsemée d'embuches. Il n'imaginait pas qu'elle serait à ce point douloureuse. Peut-être, s'il avait eu connaissance de tout cela, ne l'aurait-il pas empruntée. Mais expliquer ceci à sa nièce reviendrait à lui transmettre une partie du poids qu'il portait sur ses épaules. Il n'en avait pas le droit. Elle n'y était pour rien et la colère qui sourdait en elle, l'injustice qu'elle devait ressentir face à cet oncle visiblement immortel et capable de jouer autant de tours avec la vie n'était que la conséquence logique de tous les tours de passe-passe auxquels il s'était adonné. Il avait vécu en ombre, en presque solitaire. Ne reconnaissant à personne, excepté une, le droit à porter un regard sur sa vie et se lier à lui. Il avait cultivé sa solitude, prétextant protéger et servir, rassurant son âme à grands coups de serment dont la portée prenait aujourd'hui tout son sens. Il était venu reconstruire, exister de nouveau. Mais pouvait-on rebâtir sur du vide et une absence presque totale de tout ?

Son regard soutint le sien, acceptant son ire silencieuse et les reproches à peine voilés qu'elle instillait dans ses mots. Il avait ses raisons, il eut pu se défendre, mais elles étaient mauvaises. Il s'était rendu coupable d'abandon, de fuite et de tromperie. Il avait usé, pour se sauver, des armes qui avaient toujours été les siennes. Formé à se battre dans les ombres, loin de la morale et des règles, il avait régi son existence de la manière. Des armes puissantes et efficaces, redoutables dans l'effet. Et porteuse de conséquences qu'il ne pouvait ni ignorer, ni refuser. Les faits étaient là, il en était la cause.

Ses yeux se posèrent sur le coffret qu'elle repoussait vers lui. Il contenait les deux fauchons qu'il lui avait fait remettre par l'intermédiaire de cet homme dont il faudrait qu'il entende l'histoire. Délicatement, sa dextre en saisit une par le manche et il la porta face à lui, la contemplant, elle et son flot de souvenirs, ce symbole qu'elle représentait, ce qu'elle révélait de sa vie. Un léger sourire teinté de tristesse passa sur ses lèvres tandis qu'il reposait l'instrument de mort dans son emplacement et qu'il refermait le contenant avant de le repousser vers Ellesya. Les mots suivirent le geste, prononcés par une voix qui, si elle restait globalement maitrisée, révélait une émotion qu'il ne cherchait pas à feindre.

Ils sont à toi, je te les ai offerts. Je ne reprends pas un cadeau. Et je n'ai plus le droit de les porter. Maintenant qu'elle n'est plus là, maintenant que je l'ai tuée... Elles ne m'appartiennent plus. Prends-les et sois la gardienne de leur histoire. Fais-en ce que tu désires. Détruis-les, donne-les. Je ne les mérite plus. Je préfère les savoir possessions d'une âme qui est en droit de les recevoir.

Le silence succéda à ces quelques paroles prononcées dans un souffle. S'il eut pu sembler théâtral, ce qu'il venait de dire n'était pas dénué de sens, et d'importance. Mais il devait parler encore, l'entretien n'était pas fini et la Walkyrie attendait encore certaines réponses à ses interrogations.

Je n'ai pas mis les formes ne sachant pas ce que j'allais trouver. J'ai pensé écrire, mais il m'est venu à l'esprit qu'on n'accorderait aucun crédit à la prose d'un mort. Alors je suis juste venu et le destin a fait que vous étiez tous réunis pour ces instants que je connais fort bien. Tu le sais surement, je ne suis pas très doué pour agir avec tact et prévenance. Si tu t'étais jetée sur moi, je t'aurais certainement laissé faire.


Je comprends ta colère et tes reproches, tout cela est légitime et n'est que la juste conséquence de ce que j'ai provoqué.


Il n'avait pas touché au vin. Il n'avait pas soif, pas d'alcool, en tout cas. La gravité de l'instant avait pris possession de lui et il se laissait aller à cette confession qu'il n'avait pas préparée mais qu'il redoutait tant. L'attitude de sa jeune nièce, quelque part, le rassurait. Certes elle se protégeait, mais elle ne refusait pas de l'écouter. Le meilleur moyen de l'en remercier était finalement de ne pas jouer à peser les mots et choisir les tournures.

Je suis heureux de te revoir ici. Et je n'ai rien à te demander, tu me l'as déjà donné. Je suis venu te parler, répondre à tes questions et subir ta colère. Tu es ma nièce, Ellesya de la Louveterie, et je t'ai toujours aimée à ma manière un peu étrange et peu compréhensible. J'ai bien vu quel effet mon apparition a eu. Il m'importait que tu aies l'occasion de ne pas garder en toi cette douleur que j'ai constatée et dont j'ai pu être la cause.

Il serra les trois doigts de sa senestre. Guéri, il l'était mais l'épreuve était rude. La surmonter faisait partie du processus. Ce n'était pas maintenant qu'il fallait lâcher prise.

Alors non, je ne te demande rien. Je t'ai déjà trop imposé et je serais le pire des ingrats à souhaiter quoi que ce soit après tout ce que j'ai pu faire. Je suis là, c'est tout. Je suis de retour. Tu peux me parler. Tu peux me demander de partir. Ce que je veux n'a pas d'importance. C'est le prix que j'accepte de payer.

Le verre atteignit ses lèvres et fut vidé d'une traite comme pour ponctuer son propos. La chaleur de l'alcool et la douceur du fruit n'eurent aucun effet véritable sur l'émotion qui l'avait gagné, mais il s'était juré de rester fort et droit. Tous les moyens étaient bons, alors.
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyLun 22 Juin 2015 - 19:11

Le regard gris, teinté d’azur, avait beau scruter les réactions de son oncle, il ne pouvait passer outre son front pour se plonger dans ses réflexions et pensées, y répondre, en débattre et lui livrer l’ensemble de son histoire pour qu’il comprenne que malgré toute l’affection qu’elle lui avait toujours porté, elle ne pouvait juste lui sauter au cou de bonheur. Ou lui apporter des réponses ou des pistes du moins pour les interrogations dont son esprit était truffé, au titre de parente mais aussi de licorneuse, de gardienne d’une certaine histoire également.
A la place, ils se faisaient face, chacun avec leurs non-dits, leurs paroles et le non verbal.
On la disait parfois rancunière. Cela arrivait. Mais seulement quand il n’y avait eu aucun geste d’apaisement. La démarche de son oncle était donc de nature à les mener vers plus de paix, même si il lui faudrait probablement encore supporter les récriminations justes ou non de celle à qui il n’avait même pas besoin de rendre de compte en réalité. Elle n’était pas la femme de sa vie. Elle n’était pas sa fille. Elle n’était que sa nièce et même pas la seule parente. N’était-il pas le parrain de son cadet alors que Wanou avait été le sien, même si elle ne gardait pas de souvenir de celui-ci ? Il serait toujours temps de lui parler du reste de la meute s’il le désirait plus tard.

L’acier de ses iris suivit celui de Tolède qui luisait, vivant, mu par la volonté de leur propriétaire. Elle se souvenait sans peine le jour où Yvaniès les lui avait confiés à Amboise. La première fois qu’elle les avait pris en main. Son époux d’alors, à quelques salles de là, s’inventait déjà des histoires qui allaient empoisonner leur existence et les mener à la ruine. Oui, c’était l’arrivée du messager du Corbeau qui avait signé l’arrêt de mort de ses mièvres amours, des lambeaux de ses espérances en un avenir brillant. Et pourtant, ce n’était pas de la faute de cet homme. Il en portait d’autres sur les épaules mais pas celles d’avoir révélé le bois moisi sous la dorure des lys.
Le souffle teinté de tristesse qu’il expira la surprit un instant, ne sachant qu’en penser. Prenait-il comme un nouvel affront qu’elle lui rendit ses armes ? Un sourcil se haussa alors que le coffret revenait vers elle. Des explications, elle ne saisit pas tout mais ne fut pas persuadée que le moment était venu de le bombarder de questions. Le bout des doigts glissa sur le rebord de l’écrin des armes.

Elle voulut prendre la parole mais il la garda. L’attention de la jeune femme quitta le présent pour regarder son oncle. S’imprégner de ses paroles et tâcher d’en retirer le bon, comme un onguent à mettre sur certaines plaies. Un baume qui brûlait aussi alors qu’il l’agaçait un peu avec sa conclusion.


Deux fois j’ai porté ton deuil. Ce jour, je porte celui de mes enfants et d’un de tes neveux, de mon cousin, Anthoyne. Tu es revenu alors tu ne peux pas repartir quand bien même je suis de mauvaise humeur et que je montre les crocs face à cette injustice de revoir un ancien lorsque les plus jeunes s’en sont allés. Et moi, toujours, je reste là, entre deux eaux. Walkyrie, oui… Charon, plus sûrement !

Sa voix posée s’était animée de quelques vibrations de colère, de révolte plutôt. Mais elle se reprit et contint le monstre qui se démenait à briser ses chaines. Non, elle ne pleurerait pas. Non, ses yeux n’étaient pas humides !
Les armes attirèrent à nouveau son attention, lui offrant une diversion.


Je ne sais pas me servir des deux. Ce n’est pas courant et je n’ai personne pour m’apprendre. Je ne sais même pas si j’ai vraiment la coordination pour.
Et ce n’était pas un cadeau. C’était un leg. Tu n’es pas mort alors je te le rendais. Maintenant, c’est un cadeau… Pour leur histoire, si tu veux que je la garde et la transmette un jour, il faudra me la conter. J’ai… partiellement vidé de mon esprit ce que l’homme que tu m’as envoyé a pu me dire.


Elle se détourna un peu. La trahison du Chasseur avait eu pour conséquence qu’elle avait fait en sorte de purger au mieux toute réminiscence trop vive. Le tout était en fait plutôt enfoui que vraiment extrait, mais c’était là sa manière, sur le moment, de supporter cet énième couteau dans le dos.
S’étant détournée, son regard se posa sur la bannière licorneuse, de quoi enchaîner encore, sans lui laisser le temps de peut-être parler de l’homme en question. Pas tout de suite.


Je sais que la Licorne t’importe plus que la Louveterie. Ce n’est pas moi vers qui tu as porté ton regard en t’imposant ce jour-là. C’est devant le Haut Conseil que tu t’es présenté. Je ne suis pas naïve à ce point.
Je ne doute pas plus de ton amour que de ta maladresse. Mais il y a des actions qui sont suffisamment parlantes pour ne pas souffrir d'incompréhension.


Elle émettait là juste le constat que ses réflexions avaient tirées. Elle en avait été blessée au départ mais plus maintenant.

Au moins ai-je été là ce jour-là. Quand tu es venu retrouver ton vrai chez toi.

Bref silence brisé par quelques mots, avec l’interrogation sous-jacente.

Je ne sais même pas ce que tu as ressenti ce jour-là...
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyJeu 25 Juin 2015 - 9:24

Les reproches à peine voilés avaient finalement décidés de s'afficher en pleine lumière et de franchir la barrière des lèvres de sa jeune nièce. Elle se contenait, c'était une évidence, mais l'émotion transparaissait tout de même à travers le son de sa voix, les minuscules gestes imperceptibles qui ponctuaient la succession de ses mots. Le Corbeau avait appris à être observateur durant toutes ces années où il avait navigué dans les ombres. Néanmoins, s'il avait déjà pratiqué l'exercice de la joute verbale et de l'affrontement diplomatique où rien ne se dit vraiment mais tout se transmet en silence, il ne s'agissait pas, cette fois, de la même chose. Aucune volonté de vaincre ou de prendre le dessus ne l'animait. Il ne souhaitait pas davantage la convaincre ou manipuler le retour de sa confiance après toutes ces années de silence, de mensonge et d'absence. Les liens familiaux, s'ils étaient un concept peu évident à appréhender pour lui-même, revêtaient tout de même une certaine importance depuis le jour où Morgwen avait découvert ceux qui les liaient. Lui, le solitaire, qui voyait son enfance comme une simple étape et qui ne s'était lié, jusqu'alors, qu'à une seule âme, avait vu s'entrouvrir devant lui la porte menant à autre chose, à un monde dont il ignorait tout. Son cheminement avait été maladroit, il l'était encore. Mais il n'était pas guidé par le sentiment d'obligation porté par le nom. Ce nom, justement, c'est avec fierté qu'il l'avait reçu. Il n'était pas anodin, plutôt bien choisi et preuve, dans son parcours, que le destin savait parfois jouer de manière amusante sans provoquer douleur et traumatisme.

Mais le destin savait aussi se parer de la cruauté la plus crue, et c'est ce que Ellesya lui démontra à nouveau. Annonçant, sans s'épancher les différentes pertes qu'elle avait subies, elle lui donna alors une idée du poids qu'avaient pu avoir les annonces de ses différentes disparitions ainsi que son retour inattendu. Loin de la soulager ou de la rassurer, le fait de le revoir ajoutait à sa peine et la replongeait, certainement, dans les affres des deuils qu'elle avait du porter. L'idée lui vint alors que peut-être même plus que cela, il avait éveillé en elle un profond sentiment d'injustice de colère. Deux fois mort, deux fois revenu. Par deux fois elle l'avait pleuré et par deux fois elle venait à apprendre qu'elle eut pu s'éviter cette souffrance s'il avait daigné faire preuve d'un tant soit peu d'honnêteté. Avait-elle également songé, qu'au fond, il ne méritait pas cette chance de revenir d'entre les morts à chacune de ses disparitions ?  Peut-être eut-elle préféré qu'il ne réapparaisse pas et que cesse cette danse macabre avec les sentiments. Surement ne le dirait-elle jamais, pas ouvertement, pas sans céder à la colère. Mais il réalisait maintenant toutes les possibles conséquences de ses choix désastreux et de la route qu'il avait prise. Le prix à payer serait lourd, à n'en pas douter. Et même s'il eut souhaité ne pas s'en acquitter, l'évidence ne pouvait que le frapper en ces instants de confession. Elle avait bien des raisons de le repousser et de ne plus souhaiter sa présence dans sa vie. Il avait semé les graines de cet état de fait.

Il devina aussi, lorsqu'elle parla des armes qu'il souhaitait lui offrir, qu'il s'était produit entre elle et Yvaniès des choses qu'il ignorait totalement. Il n'avait plus eu aucune nouvelle de lui, n'avait pas cherché à en avoir et s'il s'était fait la réflexion que son absence avait surement des causes bien précises, ce qu'elle venait de dire lui confirmait que l'histoire ne s'était peut-être pas bien terminée. Il avait cru lui envoyer un homme qui se mettrait à son service et ferait en sorte de veiller sur elle. Etait-ce alors son état ? Ses blessures ? La lutte qu'il menait contre lui-même ? Mais en tout état de cause, il s'était visiblement trompé, et dans les grandes largeurs qui plus est... Voila une histoire dont il demanderait le détail si d'aventure le dénouement de cette entrevue lui en offrait la possibilité.

La remarque sur la Licorne le toucha, elle, en plein coeur. S'il avait jusqu'alors correctement géré la succession des assauts de la jeune femme, il vacilla intérieurement face à cette dernière affirmation. Non qu'elle eut vraiment tort, au fond. Il avait choisi, pour sa première apparition, de revenir en ces terres qui accueillaient l'Ordre dont il pensait toujours faire partie. Pas un instant n'avait-il songé au symbole ou à la signification que cela pouvait avoir. Une évidence silencieuse révélatrice de l'importance qu'il accordait à la Licorne dans sa vie. Mais il le prit comme un autre reproche et sa senestre se serra pour contenir l'émotion qui jaillissait après le coup reçu. Eut-elle au fond préféré qu'il se présente sur ses terres avant que de revenir ici ? Qu'il lui réserve le droit de le juger et de le rejeter avant tous les autres ? Lui signifiait-elle, à demi-mots, qu'elle le jugeait indigne de porter encore ce nom qui, pourtant, était le sien ? Il lui fallait parler, répondre à tout cela et tenter de lui expliquer ou confirmer peut-être ce qu'elle semblait penser.

Un instant il demeura silencieux. La mine grave et le visage fermé. Puis sa main se desserra lentement un fin souffle d'air s'extirpa de ses lèvres avant que sa voix ne brise l'ambiance pesante qu'il laissait s'installer. Plus faible et moins assurée qu'au début de leur entretien. Le Corbeau vacillait un peu, mais les apparences tenaient à peu près bon.

Je ne partirai pas, alors, si telle est ta volonté. Car c'est aussi la mienne. Je ne sais quel crédit tu es en mesure de donner à une telle annonce venant de moi, mais il est bien dans mon intention de rester et de ne plus disparaitre jusqu'au jour, que j'espère désormais lointain, où je devrai effectuer mon dernier voyage.

Il marqua une courte pause, plongeant son regard dans le sien et cherchant à comprendre sa réaction à ce qu'il disait. Guettant une force qui lui était nécessaire à poursuivre.

Je suis... désolé... pour les pertes que tu as subies. Et plus désolé encore d'y avoir ajouté une douleur que j'eus pu t'éviter avec un peu plus de clairvoyance. Il est trop tard pour regretter, je le sais, et cependant je regrette, car là n'était pas mon intention. Je sais ce que peut engendrer le fait de perdre autant d'êtres chers ou proches en si peu de temps. Je l'ai vécu aussi. Je ne puis t'ôter ta tristesse et la porter pour prix de mes erreurs. Je ne peux pas effacer. Je peux juste accepter que ton pardon soit long à venir. S'il vient un jour. J'attendrai d'ici là.

Il n'avait jamais été quelqu'un de très humble, mais face à la fille de sa soeur, il éprouvait une affection qu'il ne liait pas uniquement à leur nom commun. Il n'eut su l'identifier avec certitude, mais quelque chose allait au-delà et le poussait à ne pas réagir avec la fierté qui avait si souvent été la sienne. Il avait changé, oui, et n'était pas tout à fait revenu pour reprendre le cours de sa vie. Pour en construire une nouvelle eut été un constat plus approprié.

Je te conterai l'histoire de ces armes et ce qu'elles ont représenté dans ma vie, si un jour tu veux entendre cette histoire. Tu comprendras alors, je pense, pourquoi je ne peux les garder et pourquoi je souhaite qu'elles te reviennent. Mais je ne te les offre pas pour que tu portes un énième fardeau supplémentaire Ellesya. Cette histoire reste mienne et j'en conserve le poids des souvenirs. C'est moi et ma vie qui les ont teintées de tristesse, mais elles furent aussi une grande source de bonheur et de joie. Elles sont à mes yeux ce que j'en ai fait.

J'aimerais, ceci dit... que tu me racontes, à l'occasion, ce qu'il est advenu de cet homme que je t'ai envoyé. Je devine avoir encore fait une erreur mais je n'en connais pas le récit...

Il détourna alors le regard et se mordit la lèvre tout en laissant, un instant, ses yeux errer dans le vague de la pièce. Il lui devenait de plus en plus difficile de contenir ses émotions et surement devrait-il s'arrêter avant que celles-ci ne le submergent pour de bon.

Je pourrai t'apprendre à les porter, à t'en servir. Il faudra que je retrouve un peu de pratique et que je me renforce, mais j'ai été Maistre d'Armes. Je dois encore avoir quelques restes.

Il sourit doucement, tentant maladroitement d'alléger la lourdeur de ses mots d'une petite saillie amusée. En cet instant il eut bu, mais il n'osait prendre l'initiative de remplir son verre vide. Etonnant comme il se sentait à la merci de tout, et faible. Très faible...

Oui, j'ai choisi Ryes et l'Ordre dont j'ai porté les couleurs. Surement cela révèle-t-il l'importance que j'accorde aux choses. Il est certain aussi que je ne me sentais pas le droit de me présenter face à toi sans y avoir été quelque part invité. J'ai été une Licorne avant d'apprendre quel était mon nom. J'ai sacrifié à mes Frères parce qu'ils m'ont accueilli, parce qu'ils m'ont fait grandir et ont forgé les armes avec lesquelles je me suis battu durant des années. Ici, c'est chez moi. Et ce le sera toujours.

Pour autant, le nom que je porte n'est pas dénué d'importance à mes yeux. Ta mère, avant d'être ma soeur, a été mon amie. Lorsqu'elle a découvert la vérité sur mes origines et qu'elle m'a révélé que j'étais le bâtard de son père, j'ai vécu cela comme un don qu'elle me faisait, même si elle n'y était pour rien, au fond. A ce titre je me sens redevable. Et je ne veux plus avancer seul, je n'en ai plus la force. S'il m'est possible de trouver une place au sein de la famille qui est la mienne, c'est un voeu que je fais. Par amour pour ta mère. Par amour pour toi, ma nièce. Pour que ma vie ne s'achève pas dans le solitude et le sentiment d'avoir gâché et d'être passé à côté de choses belles et utiles que j'aurais pu accomplir. Voila pourquoi je ne partirai pas.

Un nouveau soupir s'échappa de ses lèvres. Sa confession, quelque part, le libérait un peu. Même s'il n'en saisissait pas les conséquences, au moins aurait-il dit ce qui devait être prononcé. La réponse, de toute manière, ne lui appartenait pas, il le savait.

J'ai ressenti beaucoup de choses en me présentant face à vous tous. De la joie, d'être rentré et de voir que la Licorne, elle, n'avait pas disparu. De revoir aussi certains visages que j'ai connus. De la nostalgie, de la tristesse, au souvenir de tous ceux que j'ai côtoyés et qui ne sont plus là. J'ai répété malgré moi une attitude qu'un autre avait eue qui m'avait profondément touché. Celui dont j'ai pris la place, qui fut mon parrain en ce lieu et dont j'ai voulu être l'héritage avant de comprendre qu'il fallait que je sois moi-même et non l'ombre de ce qu'il avait été. Ici aussi j'ai fait beaucoup d'erreurs Ellesya et je te les raconterai si tu veux les connaitre. Si j'ai encore ma place parmi vous, je crois profondément que mon rôle sera celui-là. Vous transmettre mes errements afin que vous puissiez les éviter et ne pas répéter ce qui nous a coûté si cher par le passé.

Son propos, il s'en rendit compte, avait quelque peu dérivé. Il marqua un silence. Il avait beaucoup dit et il n'était pas certain qu'en ajouter encore aiderait la jeune femme à le comprendre.

Oui, tu es dans le vrai. Ici, c'est chez moi. Mais toi... tu es ma famille, tu es mon sang. Et je ne veux plus le négliger. Je ne veux plus être le Corbeau, je veux redevenir un loup.

Peut-être ne saisirait-elle pas le sens profond de ce qu'il venait de dire et qui faisait appel à toute la force de son passé. Mais la larme qui s'échappa de son oeil sans son consentement explicite lui serait certainement un indice plus révélateur. Il se tut. Cherchant dans le silence à contenir ce qui jaillissait alors. Tourner la page et avancer de nouveau se révélait bien plus complexe qu'il ne le pensait. Au fond, s'il s'était préparé, il n'avait jamais été prêt...
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyMer 8 Juil 2015 - 18:54

Sans souci d’être bien comprise, sans se douter des questionnements qui naissaient dans le chef de son vis-à-vis, sans peser la douceur ou la rudesse de ses paroles, elle s’était exprimée. Il réagissait mais la jeune femme se trouvait parfois dans l’incapacité de traduire correctement et sans doute possible ses attitudes, crispations et autres gestes presque imperceptibles. A cette heure, les mots avaient plus d’importance encore que les gestes, tant qu’ils ne s’étaient pas apprivoisés tout à fait, reconnus entièrement. Ils avaient tant changés l’un et l’autre, en sus.

La première de ses affirmations fut reçue par un petit hochement du chef. Elle n’y accorda qu’un crédit limité, en effet, et ne le cachait pas dans l’expression de son regard. On verrait bien dans quelques mois. Peut-être que d’ici quelques saisons, s’il était toujours présent, elle se déferait de son scepticisme. Elle s’était bien trop investie, prêtant le flanc à la lame qui avait plus d’une fois fourrager dans ses tripes pour tenter d’atteindre le cœur. Elle apprendrait bien la leçon, non ? Non…
Il ne lui était pas non plus possible de balayer son affirmation, un fond d’espoir toujours…

Les excuses l’ébranlèrent plus sûrement. Ce n’étaient pas de simples excuses. Une compréhension et pas une aumône pour l’adoucir. C’est ce qu’elle voulait croire puisqu’il était venu à elle, cette fois.

Ellesya approuva légèrement lorsque son oncle effleura le sujet des armes qu’il lui transmettait. Son attention s’accrocha à celles-ci. N’avaient-elles pas été offertes par Numalane, sa tante. Elles continueraient ainsi leur chemin, gardant, invisible, l’histoire de plusieurs membres de la Meute.


Je veux bien…

Un très léger sourire, à peine perceptible anima le coin de ses lèvres.
Il en était qui pourraient en dire long sur sa curiosité et son goût immodéré pour les récits divers, de l’anecdote à la saga. Le curiosité ne surpassait tout de même pas la compassion, aussi fut-ce un regard moins détaché, moins distant qu’elle adressa à l’homme qui lui parlait. Et qui se troubla un peu au souvenir de celui qu’il lui avait dépêché. Un surnom, Faolyn, soufflé, lui glissa dans l’âme et lui enserra le cœur. Tant d’incompréhension envers son dapifer et sa trahison. Deux facettes si incompatibles. Il lui manquait toujours la clé pour comprendre l’incompréhensible.

Heureusement, Rhuyzar n’insista pas encore. Elle marqua juste son accord avant qu’il ne reprit.
Une gorgée de vin glissa dans sa gorge, dé-serrant un peu le nœud qui s’y était formé lorsqu’elle avait lâché, sans ambages, quels êtres l’Ankou lui avait enlevé. Elle reprenait plus ou moins sa maîtrise après avoir manqué de s’effondrer en pleurs pour chercher quelque réconfort. Peut-être l’aurait-elle fait quelques semaines auparavant. En réalité, elle était toujours entre deux eaux, ayant achevé l’errance depuis longtemps mais n’ayant pas encore tout à fait assimilé qu’elle était chevalier, ce qui était attendu d’elle, en terme d’attitude notamment. Sa relative jeunesse lui rendait la tâche plus ardue encore. Même là, dans sa tanière rissoise, parce que ce n’était pas que son oncle qu’elle avait face à elle, mais un ancien chevalier de l’Ordre, un ancien Grand Maistre.
Contrôlant son geste, sa main apporta son gobelet à ses lèvres avant de le reposer avant qu’il ne vibre visiblement.

Enfin, le revenant lui exprima ses raisons d’avoir ainsi choisi la Licorne plutôt que la Louveterie pour marquer son retour. Depuis ce jour-là, la jeune cheffe de meute avait eu le temps d’y réfléchir. A défaut d’en être toujours blessée, les raisons l’intéressaient. Elle se plongea littéralement dans ses paroles, silencieuse et attentive. Si elle en fut touchée, elle n’en exprima rien, se résumant à une vive attention de la part de la louve à la meute décimée, recueillant les aspirations du vieux solitaire.

Au terme de la tirade de Rhuyzar, encore incapable d’un geste vers cette larme qu’elle avait vu poindre alors qu’elle avait si durement réprimé les siennes, elle se leva. Toujours coite.
Quelques pas furent faits sans but autre que de lui offrir l’occasion de se mouvoir plutôt que de rester sagement sous le regard du loup blanc. Les bannières licorneuses et personnelles habillaient le mur. Cela avait un petit côté ironique sans qu’elle eut su dire pourquoi. Elle tourna les talons, bras croisés sous sa poitrine, un peu raide et en pleine réflexion. Dans un long silence, son regard clair sembla le sonder froidement mais c’était en réalité une toute autre histoire dans sa caboche.

Enfin, un peu maladroite au début, puis ferme ensuite, la réponse vint.


Tu as toujours été un loup, même lorsque les plumes ont recouvert le poil. C’est juste ce que tu devais être à ce moment-là.
Je ne compte pas te renier, te refuser ce souhait que tu exprimes. Ce n’est pas une faveur. Je ne le vois pas ainsi. C’est juste … ainsi.
Il me faudra un peu de temps toutefois. Et toi, il te faudra apprendre qui est notre famille car de la Louve, du Wulfen et de tous ceux-ci, il ne reste plus que le souvenir.


Ses articulations blanchirent un peu alors que ses doigts serrèrent un peu plus ses bras sous l’effet des fantômes invoqués, longue cohorte lupine disparue pour toujours. Ou pas ?

Pour la Licorne, je doute qu’Elle oublie les siens. C’est tout que je puis dire car il te faudra, je pense, voir quelle place elle peut t’offrir. Quelle place tu peux te trouver. Cela ne relève pas de mon choix ou de ma compétence.

Un court silence ponctua cette dernière affirmation assez convenue. Ses mains relâchèrent leur prise et tombèrent le long de son corps.

Je …

Un profond soupir remplaça les paroles qui ne s’étaient pas formés dans sa bouche. Son esprit semblait vouloir s’enfoncer dans les brumes.
La jeune femme regagna le bord de la table et acheva d’un long trait son verre. Reposé sur le plateau, son regard resta un moment dessus.


Yvaniès a tout fait pour gagner ma confiance, sachant d’ailleurs fort bien comment s’y prendre, où se situaient mes manques et faiblesses.
Son entrée dans ma mesnie créa de vives tensions mais j’ai tenu bon, quand bien même il avait déjà commencé à revenir sur certains de ses engagements, avec mon accord compréhensif. Il est si agréable de se laisser illusionner parfois…


Elle ne risquait pas d’oublier la dernière lettre qu’il lui avait adressée alors qu’elle était sur le retour d’une mission, à quelques lieues de Tours.

Il a laissé tout le monde pantois, sauf ceux qui s’en méfiaient depuis le début, en disparaissant un jour sans un mot avec une cassette richement garnie. Pas juste subtilisée dans mes coffres. Pire que cela, à mes yeux, puisqu’il s’agissait du leg d’un de mes vassaux.
C’est… je n’ai pas compris.


Et l’une des conséquences était également que cela avait franchement fracturé son crédit auprès d’un certain nombre de gens. Il n’était pas étranger non plus à la désaffection de la jeune femme pour sa mesnie en faveur de l’Ordre. Car tout au travers de la tourmente, c’était un certain nombre de ses frères qui avaient été présents, plus que ceux de son sang, pour lui tenir la tête hors de l’eau, sciemment ou pas. Elle n’aurait pu y répondre.
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyVen 10 Juil 2015 - 9:50

Il comprit alors quel pouvoir aurait le temps dans la résolution de cette situation face à laquelle il les avait mis tous deux. Observant et écoutant sa nièce qui répondait à tout ce qu'il venait de dire, il réalisa qu'aujourd'hui ne verrait aucune résolution véritable, aucune conclusion à tout cela. Il y avait trop à dire et à emmagasiner, pour l'un, comme pour l'autre. La jeune femme semblait déployer des trésors de maitrise et de contrôle afin de ne pas lâcher certaines choses, de conserver sa contenance et peut-être de ne pas céder à la colère face à lui. Dans un premier temps, il se sentit déçu et ce sentiment le traversa de part en part. Qu'avait-il espéré, au fond ? Que lui rendre visite et lui offrir la vérité suffirait à l'adoucir et à lui pardonner ? Pensait-il sincèrement que cinq années de silence et de mensonge allaient disparaitre d'un claquement de doigts autour d'un verre de vin, juste parce qu'il était son oncle et qu'elle était sa nièce ? Intérieurement il se maudit d'avoir pu y croire et d'avoir ainsi cédé à un espoir insensé et indigne face à la douleur d'Ellesya. C'était pourtant si évident... Mais à l'évidence, il avait préféré l'utopie. Encore une fois.

Sa main glissa jusqu'à son verre et apporta à son coeur en proie à ce tourment qu'il venait de s'infliger un réconfort alcoolisé qui ne le détendit qu'en partie. La chaleur diffuse du breuvage lui ramena les pieds sur terre, surtout, mais ne dispersa pas les mots qui se formaient sous son crâne. Il essuya d'un geste vif et agacé la larme qui s'était permise de s'échapper de son oeil et de révéler sa faiblesse. Elle était de trop et n'avait pas sa place au cours de cet échange qui n'était pas qu'une simple confession de deux êtres proches l'un de l'autre.

Il avait frappé à la porte, elle lui avait ouvert. Voila à quoi pouvait se résumer ce qu'ils vivaient maintenant. Entrebâillant l'huis de sa vie, elle l'avait autorisé à s'expliquer et à parler pour lui permettre de faire un choix et d'accepter, un jour peut-être, sa présence à ses côtés. Mais il faudrait d'autres preuves, d'autres confessions avant qu'un peu de confiance ne vienne repriser les liens qu'il avait saccagés sans vergogne et dont il espérait maintenant qu'ils ne soient pas complètement disparus. Si le passé ne pouvait être oublié, occulté, il pouvait en revanche perdre de son poids dans la relation existant entre deux êtres. On pouvait le fouler et le piétiner à loisir. Elle avait fait sa vie sans lui. S'était construite à travers les épreuves et les peines et avait du trouver des remèdes à ses maux sans lui. Elle s'était forgée une armure qui, peut-être le pensait-elle, la protégeait des assauts de ce monde qui ne voulait jamais laisser les grandes âmes en paix. Elle n'en déferait pas les attaches pour lui ce jour. Elle attendrait de savoir si elle risquait d'être à nouveau poignarder et de souffrir au plus profond d'elle. Elle le jaugerait et le jugerait. Et s'il voulait vraiment obtenir ce qu'il désirait, il devrait se plier à cette règle et attendre. Rien de ce qu'il pourrait dire ne ferait de meilleur effet que celui provoqué par le temps, la patience et la raison.

Ce fut clairement ce qu'elle exprima quant à son retour au sein de la famille dont elle portait le nom. Non, elle ne le rejetterait pas, mais il devrait faire la preuve de ses efforts et sa volonté de s'inscrire durablement dans cette voie. Il hocha doucement la tête, dans un premier temps. La laissant finir de parler avant de répondre quoi que ce soit. Car elle n'en avait pas fini. Outre la Licorne, un dernier propos fut évoqué, avec un peu moins de mystère cette fois. Et Rhuyzar comprit alors qu'il aurait surement un prix à payer pour cette histoire dont il était, en partie ou indirectement, responsable.

Tout en l'écoutant, il la regardait se débattre dans son attitude mais ne fit rien qui puisse obliger à sortir ce qu'elle essayait manifestement de contenir. Le moment n'était pas venu, alors, si Ellesya parvenait à ne pas laisser rompre les digues. Et cela aussi il le respecterait. Par uniquement par pudeur, mais parce qu'il préférait attendre qu'elle lui donne, plutôt que de faire en sorte d'obtenir. Tant pis pour la frustration de ne pas savoir et d'être maintenu à l'écart. Il n'avait pas le droit, encore, d'aller aussi loin.

J'apprendrai. Oui, car c'est moi l'étranger désormais. Au sein de cette famille, je suis comme un jeune loup qui doit trouver sa place et comprendre les codes et les usages. Alors j'apprendrai. Comme il se doit, comme je le veux.

Humilité. Voila quel devait être le maître mot. Les efforts ne devaient pas relever que de sa présence maintenue ou de sa patience à attendre. Non. Son attitude aussi devait refléter son souhait et sa compréhension.

Je te remercie de répondre favorablement à mon souhait de revenir parmi vous. Que tu aies besoin de temps n'est que la conséquence logique de tout ce que j'ai pu faire, ou ne pas faire, qui a conduit à cette situation. Je ne réclame rien d'autre. Que le temps fasse son oeuvre et acte mes propos qui ne seront que du vent, autrement. Ton attitude est sage et je ne peux que la respecter. Tu affiches bien plus d'intelligence que je n'en ai jamais eue, je crois.

Un léger sourire vint ponctuer ses paroles avant de disparaitre aussi rapidement qu'il était venu. Il n'évoquerait pas la Licorne. Elle lui avait clairement signifié que, sur ce sujet là, elle ne pouvait lui apporter aucune réponse. La décision se prendrait avec l'Ordre, pas avec elle. Et même s'ils se trouvaient à deviser entre ses murs, ce n'était pas l'animal mythique qui était le centre et la fondation de leur propos.

Il marqua un instant de silence afin de digérer ce qu'il venait d'entendre concernant le Chasseur. Mettre de l'ordre dans ses pensées, ses souvenirs, lui fut alors plus que nécessaire et il eut besoin de saisir à quel point ce qu'il s'était passé avait pu toucher sa nièce. Une colère sourde et froide l'envahit à l'idée qu'il avait pu, en souhaitant la protéger une ultime fois, provoquer plus de douleur et de mal qu'autre chose. Il avait eu confiance en cet homme et son histoire l'avait incité à l'envoyer lui. N'était-il plus assez lucide, alors, pour prendre une telle décision ? S'était-il fourvoyé ? L'avait-il mal jugé ?

Ses mains se posèrent sur ses tempes afin de l'aider à combattre le tournis qui lui venait face à cette succession de questions et de doutes. Il ferma les yeux quelques secondes, puis les rouvrit, reprenant la parole sans avoir vraiment réussi à dominer cette découverte ni décidé clairement ce qu'il allait lui dire. La vérité peut-être, rien que la vérité...

Ce que tu me dis sur Yvaniès, je l'ignorais. Je n'ai plus eu de nouvelles de lui après qu'il t'ait rencontrée à Ryes et m'ait signifié avoir accompli la mission que je lui avais confiée. Je te ferai grâce d'une innocence parfaitement déplacée et je ne te dirai pas que je n'avais aucune idée du fait qu'il resterait à tes côtés. Je m'en doutais et quelque part... je l'espérais...

Il se mordit la lèvre. Faire cet aveu le condamnait à ajouter un nouveau poids à sa rédemption. Mais le mensonge n'arrangerait rien et il s'était résolu à porter le poids de toutes ses fautes. Aucun bienfait ne pouvait venir de l'occultation de quoi que ce soit. Et si cela devait provoquer sa colère, et bien soit. Au moins, cette fois, elle pourrait directement la lui exprimer.

J'avais confiance en lui malgré son profil pour le moins... atypique... et j'espérais sincèrement qu'il pourrait te protéger et t'apporter quelque chose que je ne pensais plus jamais pouvoir être en état de faire... Visiblement, encore une fois, je me suis trompé...

Ses poings se serrèrent avec violence alors même que la colère le gagnait. Il la contint avec difficulté et baissa la tête avant d'énoncer les paroles suivantes. Sa voix se fit dure et brisée à la fois. Il touchait là aux limites du supportable et voyait venir l'instant où il se contrôlerait de moins en moins. Il ne fallait pas que la journée s'achève sur ce genre de note, quitte à reprendre l'écriture de la symphonie une fois prochaine.

J'ignore pourquoi il a fait ça... pourquoi il s'est enfui et t'a volée. Je pensais bien le connaitre. Est-ce de la malhonnêteté ? De la folie ? Je n'en ai aucune idée... Je ne peux pas t'apporter les réponses que tu veux surement obtenir...

Il se leva alors, combattant par la dignité la haine profonde et le dégoût qui l'envahissaient. Contre lui-même, contre le Chasseur. A la vue de cette jeune femme qui n'aurait pas du souffrir des blessures à l'âme de deux hommes incapables de maitriser leurs pouvoirs et leurs actes. Les poings serrés et la lèvres légèrement tremblante, il la regarda droit dans les yeux.

Mais je te fais la promesse que tu auras ces réponses si tu les veux. Yvaniès peut se cacher de beaucoup, mais pas de moi. Je connais trop ce monde dans lequel il a du glisser pour ne plus être vu. Si je le traque, je le trouverai. Et si tu le souhaites, je te l'amènerai. Ou je lui ferai cracher sa confession et je le ferai disparaitre si seule l'histoire t'intéresse.

Il te suffira de me le dire, le jour où tu auras pris une décision. D'ici là je vais le trouver et faire en sorte de ne pas le perdre, si le jour vient où tu désires savoir.

La machine s'était déjà mise en branle et son esprit échafaudait les méthodes qu'il lui serait nécessaire d'appliquer afin de mettre à exécution son serment et sa réussite. La tension se calma un peu, l'ire fut contenue, avec difficulté. L'entretien touchait surement à sa fin mais il ne souhaitait pas la laisser sans être sur qu'elle n'avait rien d'autre à lui dire ou à lui demander. Lui laisser refermer la porte après lui. Ainsi, elle saurait, qu'il était vraiment revenu...
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptySam 18 Juil 2015 - 15:59

Oui, le narrateur avait bien résumé avec cette histoire de porte. Ou presque. Ellesya aurait gardé la tête dans le sable encore un moment s’il n’était pas venu. Elle l’aurait encore évité, occulté tout ce que son retour signifiait, pour garder une illusion de confort dans ses drames récents. Cette porte, malgré toute sa douceur dans la manière de faire, elle venait d’être enfoncée de son point de vue. Et elle ne s’était pas défendue, juste un peu protégée…
Si la déception habitait son vis-à-vis devant l’absence de retrouvailles chaleureuses et familiales où l’ardoise et les années auraient été effacées d’un grand revers de manche, l’épreuve n’en était pas moins rude dans le chef de la Walkyrie qui se serait damnée pour une étreinte paternelle agrémentée d’un pardon et de l’assurance que tout irait mieux désormais. Mais autant il venait de chasser la larme qui avait point, autant il lui était impossible pour l’heure de faire montre de plus d’abandon démonstratif envers le loup blanc. Il faudrait que la rencontre soit digérée, que les sentiments soient triés.
A son propos sur sa sagesse, alors qu’il le ponctuait d’un léger sourire, elle répondit d’un coup d’œil dubitatif.

L’exposé succinct de ses liens avec Aedd suscita une toute autre réaction qu’elle scruta avec intérêt. La curiosité érodant la douleur de la trahison, l’amertume du passé. Temporairement.
Elle ne manqua pas la moindre vibration, la moindre dureté. Et ne dévia pas son regard lorsqu’il s’engagea en braquant ses iris sur les siens. Sans mal, elle devina qu’il était déjà en pleine réflexion. Il ne pouvait en être autrement au vu des liens entre ces deux hommes et l’énigme née de son bref récit.
Un léger silence suivit les dernières paroles de Rhuyzar, puis sur un ton plus bas bien que ferme, Ellesya répondit.


Je sais que tu espérais que nous liions d’une certaine manière. Tu l’avais écrit, je crois me souvenir. Tu nous léguais en quelque sorte l’un à l’autre d’ailleurs.

Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il soit en mesure de lui livrer les raisons de son ancien homme de main, aussi ne releva-t-elle pas ses quelques paroles à ce sujet.

Mais pour le reste…


Je ne l’ai pas cherché, j’avais d’autres épreuves à affronter à l’époque. J’ai du faire des choix.
Si tu le retrouves, je veux la lumière sur ce qui s’est passé. De sa bouche.
De même que je te réclame le droit de le juger puisqu’il a quitté ton service pour se placer sous ma main. Si tu acceptes, je ne t’excluerai pas de la décision.


Culottée ? Mais noooon. A lui de voir, dans tous les cas. Ils n’étaient pas dupes. Il avait les connaissances qu’elle ne possédait pas dans cette affaire. Malgré les paroles de la duchesse qui réclamait de rendre la justice pour la traitrise de son dapifer, ce n’était que du vent et une volonté soumises, derrière l’apparence, à l’ainé, à celui qui avaient les clés. Son attitude ne s’en fit pas pour autant quémandeuse.
Ses épaules s’abaissèrent toutefois un peu alors que son maintien redevint plus souple.


Ce ne sera pas une affaire à régler dans l’heure, quoiqu’il en soit. Et si tu étais en mesure de le faire paraître demain, je ne suis pas prête. Je peux l’avouer, je crois. Tu le devines, au moins.

Un soupir ténu glissa de ses lèvres devant ce constat. Puis son chef se releva.

J’ignore si tu désires que nous abordions encore une question ou l’autre ce jour.
Je désirais encore me rendre en salle des hérauts pour œuvrer un peu. Tu peux toujours m’accompagner si besoin. Sinon, ma foi… tu sais où je loge l’essentiel du temps…

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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyMar 21 Juil 2015 - 6:35

Non. Ni l'un, ni l'autre n'iraient plus loin aujourd'hui et ne feraient un pas de plus dans la direction qu'ils avaient choisie. Ils s'arrêteraient là, au bord du chemin, afin de reposer les jambes après cette marche intense qui avait mis à contribution leurs esprits et, par voie de conséquence, leurs corps. Ils en avaient déjà dit beaucoup et tous les deux ressentaient certainement ce besoin profond de faire une pause, de laisser un peu de temps passé afin d'encaisser et les coups et les nouvelles, avant de se revoir, surement, et de reprendre le dialogue.

Il y avait, dans sa bouche, comme un goût d'inachevé, mais il se l'expliquait parfaitement. D'autant plus que la fin de la discussion avait porté sur un sujet on ne peut plus sensible et délicat, qu'il devrait démêler encore parce qu'il sentait bien qu'il existait une quantité de non-dits qui l'empêchaient de réellement comprendre la portée et les conséquences. Son ultime aveu ne fit que le confirmer. Du temps avait passé, pourtant, et elle n'était pas prête. Signe évident de la profondeur des faits et de la complexité qui l'entourait.

Seconde après seconde, il reprenait un peu de consistance. Réajustant le masque, l'armure. Il enfouissait et rangeait temporairement les choses afin de les extraire de nouveau dans la solitude de sa chambre et de ne plus craindre les réactions qu'elles susciteraient. Mais ici, et maintenant, il s'agissait pour lui de faire bonne figure après la déferlante d'émotions et de réactions dont elle avait été témoin et cause, malgré tout. Loup, Corbeau, Chevalier, ses identités et ses visages étaient pour le moins multiples. Il choisit le dernier, aidé en cela par le lieu et la force de l'habitude. Il se redressa un peu et se para d'un voile de dignité et de tempérance, cette figure qu'il affichait souvent, avant, mais qu'il devait lutter désormais pour s'imposer. Et sa voix grave et posée répondit à ce qu'elle venait de dire:

Oui... je vous ai légués. Vous laissant le choix d'accepter cet héritage sans réellement vous demander la permission. Et puisque je suis là, désormais, il m'est possible d'assumer ma place dans cette histoire.

Il ponctua d'un hochement de tête. Il ne digresserait pas davantage sur le Chasseur et elle aurait surement beaucoup de choses à lui apprendre sur cet homme.

Le juger est ton droit, à compter du moment où il est entré à ton service, c'est toi qu'il a trahie plus que moi. Aucun serment ne nous liait plus l'un à l'autre. Il m'est impossible cependant de fermer les yeux et d'accepter de ne pas comprendre ce qu'il s'est passé. Je vais respecter ta décision, le trouver et faire en sorte de l'avoir sous la main pour le jour où tu seras prête et où tu souhaiteras le voir paraitre devant toi. Et si ce jour, jamais, ne doit arriver, le dénouement se fera de lui à moi, et tu n'en sauras jamais rien.

La conclusion pouvait paraitre rude. Elle était néanmoins véridique. Il s'effaçait face à son volonté mais n'abandonnait pas complètement son projet. Le gardant en sommeil pour le cas où elle n'aurait ni le courage, ni l'envie, de mener le sien jusqu'au bout.

Il ne s'était pas rassis. Un très fin sourire étira ses lèvres. Il n'avait pas besoin de réfléchir à sa dernière proposition. Ils se reverraient. Le temps n'aurait pas toujours besoin de s'installer afin de réaliser son oeuvre.

Non. Je crois que pour aujourd'hui, nous en avons assez dit et assez entendu. Je vais me retirer et quitter Ryes dans la journée ou dans la nuit. Mais je vais revenir. Ici ou ailleurs, là où tu seras et où je pourrai te trouver. Si tu me cherches, je serai en Auvergne, à Montbrisson. C'est ma nouvelle résidence temporaire. J'y ai encore certaines choses à régler.

Ne sachant trop comment conclure, il la salua d'un signe de tête et se dirigea vers la porte. Dans sa tête refaisaient déjà surface les pensées enfouies et le combat ne pouvait être mené ici. Avant d'arriver à l'huis, il se retourna, et par un effort évident de volonté, sourit.

Merci, Ellesya, de m'avoir laissé te parler et te revoir. Je ne te fais aucune autre promesse en partant. L'avenir seul parlera pour moi. Tu as bien grandi, mais tu es toujours ma petite nièce.

Et sur ces mots, il ouvrit la porte et s'en fut, la refermant derrière lui avant de disparaitre dans ces couloirs qu'il connaissait comme sa poche, mieux que sa poche... La lutte, elle avait déjà commencé.
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MessageSujet: Re: Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet   Chambre d'Ellesya de la Louveterie Arduilet EmptyMer 18 Jan 2017 - 22:11

L’heure était venue. Celle de s’arracher les tripes. Elle laissait derrière elle tout ce qui était estampillé de la Licorne, le mobilier qu’elle avait apporté aussi dans cette vieille tour. Tout ce qui n’avait pas de note vraiment personnelle, ce qui n’était pas compliqué puisqu’elle appréciait la sobriété et la qualité. Un frère moins bien doté pourrait toujours en jouir en prenant ses quartiers en la Tour Achille.
Tous ses emblèmes de charge et de statut étaient restés en salle du Haut Conseil où elle s’était ainsi dénudée l’âme en même temps, non sans douleurs partagées. Lui restait deux mantels d’hiver azurs, brodés de licorne d’argent et doublés chaudement de fourrure blanches. L’un fut déposé discrètement dans la chambre de Gauvin et l’autre dans celle de Malwyn.
De son côté, quand elle quitta ce qui fut son refuge, c’était de noir qu’elle était revêtue. Non comme certains aimaient à le faire mais parce que le noir et le blanc étaient ses couleurs familiales. Toutefois, à défaut des représentations lupines, c’était son emblème personnel qui ondoyait au fil de ses pas vifs au travers des couloirs et escaliers pour gagner les écuries. C’était l’épée ailée dessinée quand elle n’était pas encore en âge de comprendre mais qui la définissait depuis bien avant son arrivée à Ryes.
Dans son poing ganté, un carnet étoffé, malmené, fermé d’un ruban bleu et au sein duquel pensées et myosotis étaient logées, réminiscences d’une belle et étrange année. La Louveterie avait attendu le Rouben contre toute logique, jusqu’au dernier moment. Au cas où. Sait-on jamais… Pour lui dire. Mais que lui dire finalement ?
Ses éperons de chevalier cliquetaient encore à ses pieds et la tête était haute, comme si de rien n’était. C’est ainsi qu’elle quitta les murs.

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