[RP]Intronisation

Après un instant de silence en mémoire de Stannis, la cérémonie était lancée avec sa valse d’intronisations. Il est vrai que les dernières remontaient déjà à plusieurs mois et la liste des reçus dans l’Ordre n’avait cessé de s’allonger. Il était temps de régulariser ces nouveaux membres et de leur faire prêter serment pour qu’ils deviennent officiellement et pleinement fils et filles du Noble animal.

Zalina écoutait les paroles d’Enguerrand mais son regard ne quittait les arrivants, de leur passage de la lourde porte, symbole de l’entrée dans une nouvelle vie, à leur installation sur le banc qui sera leur jusqu’à ce qu’ils aient prouvés leur valeur et se soient montrés dignes de passer à l’étape suivante. Combien de temps y resteront ils ? Quelques mois pour certains. Plusieurs années pour d’autres. Seuls leurs actes, leur implication en la Licorne et leur dévouement pour le Royaume dans son intégralité en détermineront la durée. Des écuyers étaient morts sans jamais attendre le banc des Errants. D’autres n’y étaient que passés furtivement.

A peine l’un des écuyers assit, le regard de la Peste reprenait déjà le chemin de la porte pour ne rien rater de l’entrée du suivant.
Tous, un à un, s’avançaient, pliaient genou à terre devant le Grand Maistre et prononçait LE serment. Frère et Sœur encore inconnus, vaguement croisés au cours d’une mission, fréquentés dans d’autres offices, ou déjà un peu Frères. Peu importait leur passé. Leur présent scellait leur avenir par une nouvelle naissance.
Un à un, la Capitaine les fixa dans les yeux en écoutant les mots prononcés. Combien parmi eux arriveraient au grade tant convoité de Chevalier de la Licorne ? Combien passeraient la première année sans se briser sous les contraintes de la vie qu’ils étaient en train d’embrasser ? Comme à chaque cérémonie, la jeune femme espérait que tous avaient conscience de ce qu’ils promettaient et qu’ils seraient à la hauteur. Ceux la connaissant savaient qu’elle serait intransigeante avec ceux ne tenant pas parole.

C’est le même visage fermé et froid qui accueillit sa filleule. A son tour elle prêta serment et engagea sa vie. La jeune femme décide de ne pas reculer. Elle ne le pourra désormais plus sans déclancher la colère de sa marraine. Seul la mort délivre de ce serment, tel celui du mariage. Et c’est là la seule raison qu’acceptait la Capitaine.
Un léger hochement de la tête, et l’écuyère a rejoint sa place, laissant la sienne à l’impétrant suivant.
Oui, il y en avait du sang neuf pour cette cérémonie…

Cérémonie qui se déroule rapidement, du moins du point de vue de la Peste. Peut être n’était elle seulement pas pressée d’arriver à la fin.
Famille réunie dans une même salle pour un moment, même si des Frères manquaient encore, perdus sous d’autres horizons. Les serments s’enchaînaient, tous prononcés avec la même détermination. Puis viendraient les promotions.
Un instant, elle laissa les futurs écuyers pour regarder le Grand Maistre. Enguerrand gérait sa première à merveille. Zalina se surprit à penser que Guillaume serait fière de lui. Les Frères avaient fait le bon choix, l’Ordre était entre de bonnes mains.
Oui… tout irait bien…

La jeune femme avait à son tour pris place devant lui, genou plié à terre, attendant son intronisation. Regard de prime échangé avec le Diplomate de l'Ordre avec qui elle avait du passer son entretien pour se reporter ensuite sur le Grand Maitre.
Le chevalier l'observa un instant, laissant peu à peu souvenirs et pensées remonter en surface. Images d'une vie passée, profondément ancrée en son esprit, qui avait fait de lui ce qu'il était à présent, fondations solides d'une vie tortueuse.
Quelques secondes de silence encore, tandis que le Grand Maitre, lentement, se reconcentrait sur la jeune femme cise devant lui. Quelques secondes, avant d'enfin prendre parole.

Sindanarie. En ce jour, tu es la dernière des intronisées qui va rejoindre la Licorne. Nul classement. Nulle hiérarchie. En notre Ordre, le plus ancien peut parfois se retrouver dernier et le plus jeune obtenir responsabilités ou primeur, sans qu'aucun ne s'en émeuve, car tous ici sommes serviteurs de l'Ordre et de ses principes.

Tu as long passé militaire, comme certains de tes prédecesseurs, et à de nombreuses reprises nos routes se sont croisées, que ce soit sur les champs de bataille, comme en les murs du château de Limoges ou de l'académie. Tu as su prouver ta valeur à de nombreuses reprises et c'est à compter de ce jour que tu devras le faire au sein de l'Ordre royal de la Licorne.

Répète à présent après moi les paroles du serment qui fera de toi nouvelle écuyère de la Licorne:

"De par ma bouche je déclare, que nul homme, paysan, soldat, noble ou roy ne pourra me soustraire à mon serment.

Qu'il soit su aux oreilles de tous qu'aujourd'hui en ce jour je deviens une fille de la Licorne.

Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure allégeance à sa majesté Lévan III, roy de France par la grâce de Dieu, à la vie et à la mort, pour les siècles des siècles, et à jamais. Que si par ma vie ou ma mort, par ma langue, mon esprit ou ma lame, je puis le servir et le défendre, je n'aurai nulle hésitation, nulle contrainte, nul obstacle face à moi.

Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure allégeance à l'ordre royal de Chevalerie de la Licorne, et par la même à la personne de sire Enguerrand de lazare, son Grand Maître. Je jure de le protéger, l'assister, le secourir face à n'importe quel péril, face à n'importe quelle adversité.

Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure fidélité au peuple de France, pour aujourd'hui et à jamais. Que de par mon bras je défendrai veuve, orphelin, innocent, simple d'esprit, opprimé, éclopé, ou simple paysan, comme n'importe quelle autre personne de ce royaume.

Que je combattrai de toutes mes forces le mal sous toutes ses formes. Que je combattrai tyrans, guerriers assoiffés de mort, mafioso avec la même efficacité, et le même sens du devoir.

Que je ferai respecter à jamais Honneur, Justice, Bravoure, Loyauté, Bonté d'âme, et mes valeurs.

Que la devise séculaire de l'ordre devienne mienne par ma bouche qui la prononce, et que

JUSTICE ET BRAVOURE

devienne le mot d'ordre de mon attachement au royaume."

Plus jamais tu ne reculeras… Voilà la pensée qui surpassa toutes les autres dans l’esprit de Sindanarie aux mots d’Enguerrand de Lazare. Et elle répéta, dans le silence de la Salle du Chapitre, les mots qui scellaient son destin, avec ferveur et détermination à la fois :

De par ma bouche je déclare, que nul homme, paysan, soldat, noble ou roy ne pourra me soustraire à mon serment.

Qu'il soit su aux oreilles de tous qu'aujourd'hui en ce jour je deviens une fille de la Licorne.

Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure allégeance à sa majesté Lévan III, roy de France par la grâce de Dieu, à la vie et à la mort, pour les siècles des siècles, et à jamais. Que si par ma vie ou ma mort, par ma langue, mon esprit ou ma lame, je puis le servir et le défendre, je n'aurai nulle hésitation, nulle contrainte, nul obstacle face à moi.

Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure allégeance à l'ordre royal de Chevalerie de la Licorne, et par la même à la personne de sire Enguerrand de Lazare, son Grand Maître. Je jure de le protéger, l'assister, le secourir face à n'importe quel péril, face à n'importe quelle adversité.

Qu'il soit su aux oreilles de tous aujourd'hui que je jure fidélité au peuple de France, pour aujourd'hui et à jamais. Que de par mon bras je défendrai veuve, orphelin, innocent, simple d'esprit, opprimé, éclopé, ou simple paysan, comme n'importe quelle autre personne de ce royaume.

Que je combattrai de toutes mes forces le mal sous toutes ses formes. Que je combattrai tyrans, guerriers assoiffés de mort, mafioso avec la même efficacité, et le même sens du devoir.

Que je ferai respecter à jamais Honneur, Justice, Bravoure, Loyauté, Bonté d'âme, et mes valeurs.

Que la devise séculaire de l'ordre devienne mienne par ma bouche qui la prononce, et que

JUSTICE ET BRAVOURE

devienne le mot d'ordre de mon attachement au royaume.

Les paroles étaient prononcées. Serment mille et mille fois répété avant cet instant, mais toujours fort, toujours vivant, toujours plein de sens. Aujourd’hui, ta vie bascule. Pour servir ton Roy, pour servir ce en quoi tu crois. Plus jamais tu ne reculeras.

Silence à nouveau revenu en la salle du Chapitre.
Paroles prononcées et répétées, introduisant nouvelle sœur au sein de l'Ordre.
Le Grand Maitre avait attentivement observé Sindanarie afin de tenter de déceler indications de ses pensées profondes.
Gardant silence encore un instant, il ne put s'empêcher de porter son regard vers les lourdes portes toujours ouvertes. La première partie de la cérémonie venait de s'achever. Viendrait ensuite les promotions et quelques annonces qui pourraient en surprendre certains.
Quelques pas sur sa senestre pour s'emparer de la dernière des capes placée sur la longue table de bois.
Retour sur la jeune femme toujours genou à terre, le Grand Maitre passant l'étoffe sur les épaules de l'intronisée.

Sindanarie. Tu es à présent écuyère de l'Ordre royal de la Licorne. Comme tes prédecesseurs, cette cape sera le symbole physique de ce premier pas que tu effectues ce jour le long de la route menant à la chevalerie. Sois en fière et sers la dignement, car à compter de ce jour chacun de tes actes aura répercussion sur l'Ordre dans son ensemble.

Désignant la seconde table située sur sa senestre d'un geste de la main.

Tu peux à présent choisir l'arme qui sera tienne et qui ne manquera pas d'apporter l'aide nécessaire à la femme que tu es. Fais ton choix à présent, soeur Sindanarie.

La cape azur, symbole de son appartenance à l’Ordre de la Licorne, avait été placée sur ses épaules par celui qui était désormais son Grand Maître, lequel invita Sindanarie à se relever pour choisir une lame sur la seconde table que ce dernier avait désigné.

Alors que la jeune femme s’en approchait, après un sourire empreint de reconnaissance, l’une d’entre elles attira son attention. Elle était parfaite. Cette lame se détachait de toutes les autres. Une lame fine, parfaite, pure comme l’aube, lumineuse comme le jour. La ligne de cette épée, régulière et brillante, présentait la qualité de la lame, sa robustesse, sa force... Quand Sindanarie la prit, il lui sembla trouver en elle parfait prolongement de son bras, comme si l’épée et elle étaient un seul et même corps.

Si vous me le permettez, je prendrai celle-ci.

Hochement de tête lent de la part du Grand Maitre tandis que la nouvelle intronisée lui présentait l'épée choisie.

Ainsi donc, sœur, cette lame sera désormais tienne. Elle ne te décevra jamais, comme toi même ne la décevra pas. Tu peux à présent rejoindre les bancs des écuyers, car telle est désormais ta place au sein de notre Ordre.

Tandis que la jeune femme remontait les rangs de la Licorne, le Grand Maitre laissa son regard errer de l'un à l'autre des frères et sœurs réunis. Les rangs s'étaient considérablement remplis au cours de cette cérémonie. Il fallait désormais poursuivre et promouvoir ceux qui en avaient été jugés dignes assez par le Haut Conseil. Choix difficile s'il en était que celui de récompenser des frères d'armes. Difficile et délicat. Certains ne comprendraient pas. D'autres accepteraient, utilisant relative déception ou se peut désillusion pour avancer encore et encore, franchissant les derniers obstacles les séparant du grade supérieur.

Le calme était revenu en la salle.
Regard se dirigeant un instant vers le haut du plafond, comme pour y puiser force nécessaire, avant de se refixer sur l'assemblée.

Soeurs, frères. Voici achevées les intronisations qui ont vu nouvelles recrues rejoindre nos rangs. Que s'avance à présent l'écuyer Mackx et qu'il s'agenouille devant moi.

La phrase avait sonné dans la grande salle, claquant presque dans ce silence, par sa simplicité et sa force directe.
Le Grand Maitre à présent observait l'écuyer appelé, non sans laisser discrètement son regard errer de dextre et de senestre afin d'observer les premières réactions à cet appel.

Les intronisations d'écuyers s'étaient terminées. Enfin diraient certains - ou pas ... seulement diraient d'autres - plus on est de fous, plus on rit non ? L'écuyer, lui, ne disait rien. Il était heureux de cette arrivée de sang neuf et de voir que plus d'une dizaine de frères avaient rejoint le cercle sacré des intronisés de la Licorne. Cela ferait 10 épées de plus levées contre la malpeste dans le Royaume et même si plus il y en avait, mieux c'était, il n'en fallait pas trop. Car il préférait un nombre réduit mais efficace - l'archétype même de la Licorne - à un grand nombre de gens qui ne se connaissaient pas et ne savaient même peut-être pas pourquoi ils combattaient.

Il n'empêche, même si le rythme avait été soutenu, la première partie de la cérémonie avait pris du temps, un temps nécessaire, mais un temps quand même. Un temps où Mackx n'avait pas pu aller boire des bières ? Hum, ce serait médire, mais ce ne serait peut-être pas si éloigné que ça de la vérité.
Néanmoins, ce temps était passé et bientôt - enfin, normalement ... traditionnellement quoi - commencerait la seconde partie : l'appel à l'errance. Viendrait ensuite la voie de la cavalerie et enfin l'adoubement hypothétique de quelque licorneux au titre de Chevalier. Hypothétique car il n'y avait pas de cavalier actuellement à La Licorne. Et que même si il arrivait à certains de sauter le grade pour passer directement de l'errance à la chevalerie, le cas restait quand même relativement rare sans pour autant être impossible aujourd'hui.

Ruminant ces pensées sur le banc de écuyers, qui, s'il avait eu une voix, aurait sans nul doute gémis de la masse corporelle placée sur son dos, le poitevin leva la tête lorsque le silence se fit durant quelques secondes après que Sindanarie eût choisi son arme. Ce silence fut brisé par Engue, dict le Grand Maitre, qui appela l'écuyer assis et écoutant, dict Mackx, à se lever et venir s'agenouiller devant lui.

Sans mot dire, avec un demi sourire caché par une demi grimace de peur de mal faire - ce qui donnait, vous vous en doutez, un tableau des plus rocambolesques à la figure poitevine -, l'écuyer fit comme demandé et s'avança vers les pieds du Boss (comme l'on dirait plus tard). Foutrepoilu, il avait oublié ce que ça faisait quand toute une assemblée vous regardait vous avancer de pareille sorte ! C'était impressionnant, et cela ne fit qu'augmenter la demi grimace de crainte de mal faire. Continuer à regarder tout droit, respirer, jeter un ou deux coups d'oeil au sol pour éviter d'achopper dans une dalle mal jointe, ne pas regarder sur les côtés, surtout ne pas regarder sur les côtés ...

Arrivé au lieu dit, qui n'en était pas un, l'écuyer mit un genou en terre et leva la tête vers la Licorne d'or. Alea jacta est mon gars, ça va être dur de se lever et de courir en criant vers la sortie de la salle du Chapitre maintenant ...

L'écuyer s'était levé et avait avancé jusqu'à sa hauteur, avant de mettre genou à terre. Le Grand Maitre l'avait observé, silencieux, attendant qu'il prenne place. Il connaissait celui-ci depuis longtemps maintenant, même si leurs chemins n'avaient fait que se croiser. Souvenirs de temps passés, parfois tendus et difficiles, parfois emplis de ces liens fraternels qui faisaient la Licorne.
Regard se portant un instant sur la table située à sa dextre, couverte de diverses pièces d'armure, avant que de se reporter sur l'homme devant lui.

Mackx. Temps est venu pour toi de gravir nouvel échelon dans cette ascension qui mènera à la chevalerie. Temps de l'errance et de la découverte. Temps de la solitude qui te fera chevaucher en les terres de notre Royaume de France, découvrant contrées et populations que tu ne connais point encore. Etape nécessaire et primordiale pour tout chevalier en devenir que celle-ci, à la fois quête intérieure et ouverture au monde. Tu porteras ton épée partout où cela se fera sentir. Tu mèneras ta monture là où le danger menace la paix de notre Royaume. Et lorsque ceci sera accompli, tu reviendras en la forteresse, empli d'une richesse et d'une sagesse nouvelles.

Répète à présent ces mots qui sont ceux de ton serment, frère. Ce serment qui fera de toi un Chevalier errant de l'Ordre royal de la Licorne:

" Sur mon honneur je déclare, qu'il n'existe nul labeur, nulle souffrance, nul mal qui puisse m'empêcher d'accomplir mon devoir.
Bien que notre royaume traverse crises, troubles, guerres, trahisons, complots et vilenies, notre ordre s'élèvera toujours là, toujours tel un astre flamboyant pour rappeler aux hommes notre règle: justice et bravoure.
Tel un soleil au milieu des nuages, que je devienne l'élément organisateur du bien, et que je serve la veuve et l'orphelin, le faible d'esprit comme le malingre, et que je choisisse avant toutes les solutions celles qui engagent au dialogue et au partage plutôt qu'au conflit et à la guerre.

Je jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon coeur, sur mon âme, de devenir un chevalier errant de la licorne tel que je dois l'être, à mi chemin entre Justice et Bravoure, comme il se doit. "

Les yeux du grand maître accrochèrent ceux de l'écuyer, puis se détournèrent vers la gauche. Enfin, la gauche de Mackx qui était la droite d'Enguerrand, selon la très connue théorie des miroirs. Un rapide coup d'oeil du poitevin vers sa gauche lui montra une table. Sauf que, à genou, de la table, il ne voyait que le dessous et la tranche et était bien incapable de dire ce qu'il y avait dessus, n'y ayant pas vraiment porté attention au préalable.

Les yeux magistraux revinrent alors vers lui avant qu'un serment ne sorte de sa bouche.

Un serment que le rochelais reprit, non sans hésitations : "souffrance, il est avant ou après labeur ? Et mal ? Il est où mal ? Groumpf !".

Sur mon honneur je déclare, qu'il n'existe nul labeur, nulle souffrance, nul mal qui puisse m'empêcher d'accomplir mon devoir.
Bien que notre royaume traverse crises, troubles, guerres, trahisons, complots et vilenies, notre ordre s'élèvera toujours là, toujours tel un astre flamboyant pour rappeler aux hommes notre règle: justice et bravoure.
Tel un soleil au milieu des nuages, que je devienne l'élément organisateur du bien, et que je serve la veuve et l'orphelin, le faible d'esprit comme le malingre, et que je choisisse avant toutes les solutions celles qui engagent au dialogue et au partage plutôt qu'au conflit et à la guerre.

Je jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon coeur, sur mon âme, de devenir un chevalier errant de la licorne tel que je dois l'être, à mi chemin entre Justice et Bravoure, comme il se doit.

Une fois le serment récité, le futur ex écuyer - où était-il déjà Errant ? - réintégra le monde du silence. C'est que les petits discours à la fin des serments étaient assez rares en ce monde azur et argent mais qu'en plus, l'agenouillé n'était pas du genre à en faire d'habitude alors à quoi bon aller contre sa nature ?

Mackx venait de finir de répéter le serment qui faisait de lui nouveau Chevalier Errant. Etape supplémentaire dans sa vie au sein de l'Ordre, scellée par ces paroles tant de fois répétées par tous ceux qui avaient fait les grandes heures de la Licorne.
Sans un mot de plus, le Grand Maitre se dirigea vers la table supportant les pieces d'armure et revient devant l'errant, tenant entre ses mains un armet de bonne facture, simple en apparence, comme toute pièce prisée par les chevaliers licorneux, mais résistante a nul autre pareil. A l'apparat, chacun en ces murs préférait l'efficacité et l'utilité. Seule touche distinctive, une licorne cabrée gravée sur les deux côté de l'armet, signe de l'appartenance de son propriétaire.
Remettant celui entre les mains de l'errant, le Grand Maitre reprit ensuite la parole.

Te voici à présent chevalier errant de la Licorne, frère Mackx. Cet Armet est le symbole de l'armure qui te sera remise ainsi que de la monture à toi confiée par notre Ordre. Tous deux te permettront de remplir tes missions futures, ainsi que tu viens de le promettre.

Désignant les bancs des errants de la main dextre, il poursuivit.

Va maintenant rejoindre ta place, frère, parmi ceux qui arpentent les voies de l'errance.

Voila que les yeux bougeaient encore, et pour cause ... c'était l'intégralité du corps du Grand Maistre qui se déplaçait !
Suivant des yeux le corps susnommé, les yeux de Mackx virent celui-ci se déporter vers la gauche, vers la table. Et de cette table fut arraché un objet brillant par les mains d'Engue ... un armet qui vint se déposer aux creux des mains du désormais Errant avant qu'il ne lui fut proposé de rejoindre son nouveau banc où .. gloire à Aristote, il y avait un peu plus de place !

Sa pièce dans les mains, le poitevin se releva, et tourna sa tête vers la Enguerrand, revenu à sa place de gardien de cette cérémonie. Il lui adressa un bref sourire en même temps qu'une brève inclinaison de tête. Un salut rapide pour dire en quelques secondes "merci", "je tâcherai d'en être digne" et "bonne chance pour la suite de la cérémonie".

Une fois cela fait, il se retourna et revint vers les bancs, même si il s'arrêta un poil plus tôt que d'où il était parti. Puis, il s'assit, et recommença à observer le devant de la scène. Quel était-il ? Qu'allait-il se passer ? Qui ? Voilà toutes les questions qui pouvaient se masser aux portes du crâne du rochelais.

L'errant avait rejoint les rangs de ses frères et sœurs, sous le regard du Grand Maitre. Parcourant à nouveau les bancs et chaises emplissant la salle, il s'arrêta sur l'un des écuyers. Celui là avait reçu surnom tout particulier lors d'une cérémonie maintenant éloignée. Surnom à lui donné par un ancien Grand Maitre, qui avec le temps était devenu presque plus présent encore que le nom de son porteur.
Fin sourire apparaissant sur le visage du Grand Maitre avant que le son de sa voix ne se fasse entendre une fois de plus.

Que s'avance à présent notre frère Semnos dict le Vif et qu'il s'agenouille devant moi.

Les derniers hommes d'armes, puis ensuite les nouveaux arrivant dans les murs de la forteresse et acceptés en ce jour au rang d'écuyers.
Semnos les regarda se présenter devant le Grand Maitre de l'ordre, Enguerrand de Lazare. Comme ses prédécesseurs, il représentait la force même de l'ordre, gardien de responsabilités qui auraient écrasé plus d'un homme vivant sur les terres du royaume.

Vint ensuite le tour de Mackx, preuve que les derniers nouveaux écuyers avaient rejoints le banc des écuyers. Le temps pour lui de les côtoyer sur le banc des écuyers touchait à sa fin.
Il s'était avancé et agenouillé comme de nombreux écuyers avant lui. Le nouveau serment s'éleva sous les voutes de la salle.
Premier serment d'un nouveau rang prononcé face à tous ceux qui avaient rejoint en ce jour le banc des écuyers.

Chacun en cette salle avait prononcé un jour le premier serment, liant sa vie avec celle de l'ordre entier.
Chacun s'était ainsi offert corps et âme pour des idéaux que défendaient la Licorne de sa corne gracile et effilée.
Il y avait eut comme à chaque fois un instant de .. nostalgie? peut être bien, en entendant résonner ces mots avec chaque nouvelle voix.

Sans reprendre chaque parole, l'esprit du vif s'égarait chaque fois sur les deux derniers mots qu'il s'entendait presque gronder voila de cela de nombreux mois...

Mack récita donc le serment faisant de lui un errant de l'ordre. Titre au nom évocateur à plus d'un sens, car pour avancer il fallait errer puis trouver. Une métaphore de toute vie qui devenait nécessaire parmi tous ceux présents ici et en ces terres.
Ce serment ressemblait trop aux questions que Semnos avaient posées à l'ancien grand maitre disparut, et aux réponse qu'il avait reçu.
Bah, cela n'avait pas à entrer en compte en ce lieux, en ce moment.

Prenant soin de garder un visage neutre, il se concentra de nouveau sur ce qui se passait.
Mackx venait de finir de prononcer le serment et le grand maitre se tournait vers la table où reposaient... non un , maintenant qu'il y faisait attention, mais plusieurs heaumes. Qui seraient les suivants ou les suivantes. Il passa mentalement en revus les écuyers présents sur le banc au début de la cérémonie, sans les regarder, la curiosité ne comptait pas aux réjouissances du moment. Quelques noms lui virent mais les réponses viendraient d'elles mêmes après tout.
Il suivit du regard Enguerand qui présenta un des armets à Mackx, symbolisant son accession à son nouveau titre.

Ce dernier se redressa, portant la pièce d'armure si chargée de sens entre ses mains. Un dernier regard vers le grand maitre et il alla rejoindre le banc des errant sous le regard attentif de ce dernier.

Mackx assis, Enguerrand tourna à nouveau son regard vers les écuyer, sondant certainement le bien fondé des choix fait pour cette cérémonie.
Une petite voix se demandait quel frère ou quelle sœur se lèverait à la suite de Mackx pour aller se présenter devant le conseil, quelque part dans les pensées de l'écuyer.

Lorsque la voix retenti de nouveau dans la salle, Semnos mis le temps d'une respiration à comprendre qu'il était celui là. La respiration suivante sembla ne jamais devoir arriver. Les pensées se mirent à voleter en tout sens, lui donnant simplement la sensation d'une erreur alors que le temps avait cessé de s'écouler.
Ce fragment de seconde avait eut un gout amer pour le vif, le malaise ne voulant pas disparaitre.
Il aurait dut être fier que l'on le juge digne de cet honneur, mais il n'était pas certains lui même de le mériter en cet instant.

Il se leva en douceur du banc, calme en apparence, mais trop tiraillé encore intérieurement pour laisser paraitre quelque chose. Une légère tension sur son visage l'espace d'un instant avant qu'il ne se recompose.

S'avançant vers le grand maitre il se redressa de toute sa taille. Une fois n'est pas coutume, en ce lieu il n'avait nulle raison de se changer, même s'il ne devait pas lever les yeux pour regarder l'homme qui se trouvait face à lui, il se sentait bien plus petit que ce dernier en cet instant.
Le doute pouvait se lire au fond de son regard mais nul signe ne parut sur les traits d'Enguerrant.
Chaque enjambé l'approchait de lui, chaque instant s'écoulant l'obligeait à effacer ces doutes qui laissait place aux paroles échangées dans un des jardin de la forteresse. Un autre temps et pourtant aujourd'hui cela le guidait.
Chaque pas apportait une respiration et chaque bouffée d'air remettait en places des images ou des paroles qui rappelaient en lui pourquoi il était là aujourd'hui.

Bien que tout cela parut durer un temps infini pour l'écuyer, ses longues jambes eurent tôt fait de le porter où l'on le demandait.
Il croisa une dernière fois le regard du grand maitre avant de poser le genoux dextre à terre. A cet instant le serment qu'il avait entendu quelques instant auparavant comme d'autres fois longtemps avant, se forma dans son esprit.
Il aurait pu sourire de cette erreur qui remontait à son arrivée en ces lieux, mais elle lui avait valu un nom, une identité qu'il était fier de porter et qu'il défendrait avec autant d'énergie que la licorne qui avait ondulé dans sa trace, se mouvant avec les plis de sa cape.

Sa main sénestre vint reposer sur son genoux alors que la dextre forma un poing qu'il déposa droit sur le sol, n'ayant pas de garde à laquelle se tenir.

Son mouvement apportait la poignée de son arme, dépassant au dessus de son épaule, à auteur de main de l'homme mais il réprima inconsciemment tout mouvement, ce qu'il aurait fait pour bien peu d'homme ou de femme.
Un guerrier ne se donnait jamais en pâture mais en cet homme il savait pouvoir vouer une confiance sans limite, comme en ce qu'il représentait en cet instant.

Il avait hésité à la sortir du fourreau pour la présenter mais cela semblait démesuré pour un simple écuyer et il n'avait pas souvenir de l'avoir deja vu faire. Cela couplé au fait que sa lame ne datait pas de sa propre intronisation au rand d'écuyer, il se serait senti souillé, chose à laquelle il évitait soigneusement de penser en cet instant.

Sans y prendre garde il inspira profondément à l'instant où il s'immobilisa, il était alors trop tard, il avait choisit et sa vie était déjà liée.
Une écharde de joie perça en lui, manquant de peu de lui faire ouvrir la bouche trop tot.

L'écuyer s'était avancé jusqu'au Grand Maitre. Pour avoir déjà franchi cette étape là, il pouvait deviner partie des sentiments ressentis. Observant l'homme progressant parmi les rangs de la Licorne, il ne put déceler qu'un calme apparent, couvrant aussi bien que possible toute émotion particulière. Maitrise qui ne pu manquer de rappeler au chevalier combien lui même s'était senti impressionné et hésitant au point d'avoir grand mal à se contenir et avancer jusqu'à la place qu'il occupait ce jour.

L'écuyer venait de s'agenouiller. Posture d'attente et de déférence.
Profonde inspiration de l'écuyer alors qu'il finissait de prendre place.
Silence s'installant à nouveau, comme ponctuant le début de cette promotion.
Voix du Grand Maitre enfin, rompant à nouveau celui ci.

Semnos. Depuis de longs mois déjà tu arpentes les couloirs de cette forteresse. Discret et quelque fois réservé, tu t'es trouvé présent lorsque la Licorne a eu besoin de ton service, car tel a été ton serment et tel est désormais ta vie.
A présent, Semnos, est venu le temps pour toi également de connaitre les chemins de l'errance, laissant aller ta monture au gré de tes envies ou des besoins. Tu ne seras pas seul en ce chemin, frère, car toujours la forteresse sera là pour t'accueillir, havre de paix et de fraternité, et chacun de tes frères et sœurs prêts à te recevoir en quelque lieu que ce soit de notre Royaume.
Il est temps pour toi à présent, Semnos dict le vif, de prononcer le serment de l'errance:

Sur mon honneur je déclare, qu'il n'existe nul labeur, nulle souffrance, nul mal qui puisse m'empêcher d'accomplir mon devoir.
Bien que notre royaume traverse crises, troubles, guerres, trahisons, complots et vilenies, notre ordre s'élèvera toujours là, toujours tel un astre flamboyant pour rappeler aux hommes notre règle: justice et bravoure.
Tel un soleil au milieu des nuages, que je devienne l'élément organisateur du bien, et que je serve la veuve et l'orphelin, le faible d'esprit comme le malingre, et que je choisisse avant toutes les solutions celles qui engagent au dialogue et au partage plutôt qu'au conflit et à la guerre.

Je jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon coeur, sur mon âme, de devenir un chevalier errant de la licorne tel que je dois l'être, à mi chemin entre Justice et Bravoure, comme il se doit.

Un genoux à terre, il aurait pu regarder dans les yeux nombre des personnes assises dans son dos sans avoir à lever la tête, mais pour le moment il ne les voyait plus.
Une seule voix, un seul homme, mais à travers lui un ordre de chevaliers dont beaucoup aux noms illustres dans le royaume. Il n'exista en cet instant plus que cette voix pour le vif.
Étranges sentiments dont il n'arrivait pas à démêler les entrelacs.

Ô combien les mots du grand maître eurent plus d'un sens pour lui. Étais ce voulu, ou simplement les circonstances qui rejoignaient en cet instant les plus profonds moments de doute de sa vie.
Pouvait il décemment mériter cette promotion. Il avait côtoyé trop de personnes méritantes en ces murs et il en avait vu partir plus d'une pour ne pas se sentir bien peu de chose en ce monde.

Enguerrand récita alors le serment qui allait devenir sien. Le temps n'était plus au doute et ces derniers furent balayer comme ils étaient venus.
Les mots ressortaient de son esprit à mesure qu'il étaient prononcé devant lui.
Une seule petite variante semblait vouloir s'y glisser mais il la retint, la citant en son être alors qu'il prenait une nouvelle inspiration.

Sur mon honneur, et sur mon nom, je déclare, qu'il n'existe nul labeur, nulle souffrance, nul mal qui puisse m'empêcher d'accomplir mon devoir.
Bien que notre royaume traverse crises, troubles, guerres, trahisons, complots et vilenies, notre ordre s'élèvera toujours là, toujours tel un astre flamboyant pour rappeler aux hommes notre règle: justice et bravoure.
Tel un soleil au milieu des nuages, que je devienne l'élément organisateur du bien, et que je serve la veuve et l'orphelin, le faible d'esprit comme le malingre, et que je choisisse avant toutes les solutions celles qui engagent au dialogue et au partage plutôt qu'au conflit et à la guerre.

Je jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon coeur, sur mon âme, de devenir un chevalier errant de la licorne tel que je dois l'être, à mi chemin entre Justice et Bravoure, comme il se doit.

Passé les premiers mots et ce qui était passé pour un manque de souffle aux yeux de l'assemblée pensa t-il, sa voix repris le timbre grave que l'on pouvait lui connaitre. Sans ténor cependant, elle emplissait la salle car il présentait ce serment à l'acceptation du grand maitre mais aussi de l'ordre tout entier, dont chaque pierre était le témoin depuis tant de temps, imprégnée de l'âme de chaque personne ayant pénétré ce lieux.

Puis il se tut. Comme certains mots auraient pus paraitre bénin à un autre, en ces lieux ils venait de revêtir un nouveau mantel, fort de son appartenance, fort de ses convictions.

Après les intronisations des nouveaux impétrants, vint le moment des passages de grade…
Qui allait les rejoindre sur le banc des errants ? Akane se posait la question… Des doutes sur les noms des nouveaux élus, mais après tout, elle pouvait aisément se tromper…
Avec la plus grande attention, elle attendit que le Grand Maistre se prononce, et le premier à faire son serment fut Mackx, autre filleul de Simonin… Une partie de ses pronostics s’avérait donc juste, et quand le nouvel errant se dirigea vers le banc finement ouvragé, elle lui se poussa instinctivement, pour lui faire une place et lui adresser un regard. Elle ne pouvait pas faire plus, l’errante, les félicitations en bonne et due forme attendraient la fin de la cérémonie où ils ne manqueraient certainement pas de fêter cela…Il serait fier, leur parrain…

La valse continua, et Le Vif fut appelé à son tour…Finalement, son instinct ne l’avait pas trompé, elle pensait également que celui-ci allait les rejoindre. Le Vif…Il faisait parti de sa génération et de nombreux membres du Haut Conseil, Grand Maistre y compris. Prise de conscience rapide. Les années passaient vite si vite… Elle se souvint alors des paroles d’Enguerrand « Et lorsque ceci sera accompli, tu reviendras en la forteresse, empli d'une richesse et d'une sagesse nouvelles. » Paroles si vraies, l’errante avait énormément changé, s’enrichissant des missions effectuées aux quatre coins du Royaume, et se modérant de plus en plus, moins instinctive, plus réfléchie et à l’écoute d’autrui.

Sortie de ses pensées, elle regarda son frère recevoir ses nouveaux atours…Qu’allait leur réserver la suite de cette cérémonie ? Elle se doutait en cet instant, qu’un errant allait quitter ce banc.

Lorsque le serment fut prononcé, le Grand Maitre se dirigea une fois de plus à sa dextre, ramenant entre ses mains armet en tout point identique à celui donné quelques instants plus tôt à Mackx.
Le tenant devant l'homme genou à terre, il resta un court instant immobile, avant de reprendre la parole.

Semnos. Que les paroles de ce serment restent gravées en ton esprit comme en ton cœur, à l'instar de celles que tu prononça il y a longtemps de cela lorsque tu devins écuyer de l'Ordre. Que ces paroles t'apportent confiance en toi et force suffisante pour poursuivre ton chemin au sein de l'Ordre.

Déposant l'armet entre les mains de l'errant, il poursuivit.

Voici pour toi également pièce de l'armure qui te revient et qui sera la marque de ton grade. Elle sera ta protection tout comme ton étendard. Qu'elle soit crainte par tous ceux qui se mettent en travers de la justice, de l'honneur et de la bravoure, et espérée par tous les justes dans le besoin.

Signe de tête vers les bancs des chevaliers errant.

Va frère et rejoins les tiens, à la juste place qui est désormais la tienne.

Enguerrand se tourna pour récupérer sur la table proche un armet, tel celui qu'il avait remis quelques instant auparavant à Mackx.
Semnos se sentait étrangement calme. Le serment n'avait été pour lui qu'une confirmation de ce qu'il faisait en ces lieux. Les implications qui en découlaient n'étaient que des parties de ses réflexions passées.

Une fois que l'homme eut repris place devant lui, un instant tout cessa de bouger. Un regard, une infime seconde d'éternité. En ce lieux, en cette occasion, cette personne était bien plus qu'elle ne semblait s'en douter malgré sa clairvoyance.

Cet instant lui permis de se repasser quelques pensées personnelles. Il était l'un des dernier si ce n'était le dernier de son époque d'arrivé dans l'ordre à gravir cet échelon. Cela aurait pu lui peser, mais il ne s'était jamais senti suffisament méritant pour cela. Aujourd'hui qu'il laissait le banc des écuyers derrière lui, ainsi que le service de deux hommes dignes de louanges, il se sentait calme, enfin.
On l'avait jugé digne et quoiqu'il ait pu penser avant cela, se serait à lui, maintenant, de le prouver.
Il n'avait rien à se prouver à lui même, sinon il serait probablement déjà mort quelque part sur un sentier mais ce lieux et les gens qui l'habitait donnait un sens a ce besoin.

Il avait vu partir trop des leurs, il devait à son tour tendre vers ce qui lui permettrait de soutenir cet édifice monumental et cela il le ferait, il n'avait plus le droit de fléchir comme il l'avait déjà fait.

Sa réflexion laissa place à la réalité alors que le heaume réfléchissait la lumière en descendant vers lui. il porta les deux main à la rencontre de celles du grand maître pour qu'il puisse l'y déposer.

Les mots qui vinrent ensuite il les écouta sans bouger. Fort il l'avait été, il avait cru, mais il le deviendrait, il ne pouvait y échapper. Loup il fut, licorne il serait. Les deux faisaient parties des comtes sur les brumes d'autrefois, du temps de leurs ancêtres. Peut être pouvaient ils encore coexister en un aujourd'hui...

Lorsqu'il conclut, Enguerrand lui désigna de la tête le nouveau banc qu'il devait rejoindre, suivant les traces de Mackx.
Se relevant, il lui adressa un hochement de tête, fermant les yeux par réflexe, au vue du caractère solennel de l'instant. Ses lèvres murmurèrent pour les ombres " Justice et Bravoure"

Se détournant pour rejoindre sa place, il manqua de repartir vers le banc des écuyers, sot qu'il était, mais corrigeât sa trajectoire avant d'avoir posé le talon au sol.
Il rejoignit le banc rapidement, sa démarche souple hérité des courses en forets et ses longues jambes le portant prestement. il ne songeât pas un instant à ne pas se tenir droit, mais y aurait il pensé en cet instant, il n'aurait surement rien fait pour masquer sa taille comme en tout autre lieux.

Avant de s'assoir il adressa un faible hochement de tête à son frère deja assis et à Akane. Elle avait été une de ses élève peu auparavant, la moindre occasion était donc bonne pour lui rappeller l'originalité de cette situation ? il fallait croire.

il s'assit en silence, l'armet sous le bras sénestre pour veiller de la main dextre à dégager la longue lame pendant dans son dos.
Il reporta aussitot son attention sur la cérémonie.
N'ayant pas vu si il restait d'autre pièces d'armures sur la table, il ne savait ce qui allait suivre.

Semnos s'était éloigné, regagnant les bancs des errants, s'asseyant parmi les siens, nouvelle étape dans la vie d'un licorneux. Enguerrand le suivit des yeux, avant de reporter son regard sur les bancs des écuyers.
Nombreux étaient ceux ci en ce jour, particulièrement du fait des récentes intronisations.
Regard passant de l'un à l'autre, parcourant les rangées, sans oublier un frère, une soeur.
Regard retournant se poser sur l'un d'entre eux. L'une d'entre elles pour être plus précis.
Écuyère qu'il connaissait depuis...quelque temps déjà.
Écuyère qui ne manquerait pas de marquer quelque désaccord avec la promotion à venir.
Écuyère qui, en peu de temps, s'était investi au sein de l'Ordre, apportant ses connaissances et ses qualités dès que cela était possible.
Écuyère adepte d'un certain lancer de chausses qui fit intérieurement sourire le Grand Maitre.
Alors sa voix résonna une fois encore dans la grande salle, appelant celle qui allait devenir errant de l'Ordre.

Que s'avance à présent Marie Alice, et qu'elle vienne s'agenouiller devant moi.

Sagement, si si elle en était capable, Marie suivait la cérémonie. Plus de regard que des oreilles d'ailleurs, presque bercée par le ronron des voix et serments. Non pas qu'elle prit les seconds par dessus la jambe mais parce que comme souvent, toujours même d'aucuns diraient, son esprit était préoccupé par divers faits, mâtinés d'une culpabilité qui était désormais récurrente.

Hochement de tête affirmant aux yeux d'un quelconque observateur son accord avec les arrivées, les promotions. Jusqu'à ce qu'un regard connu par coeur, à l'instar de son propriétaire, ne vint se poser avec trop d'insistance sur elle.

Titillement, petite voix lui susurrant que quelque chose clochait, alerte en branle, noisettes se rivant dans l'ambre de son sang. Oh non...

Tintement de cloches, carillons à tout va mais ne parvenant point à couvrir le bruit de la voix d'Enguerrand. Ben si. C'était bien cela.

Froncement de nez, haussement de sourcil. Non mais il plaisantait hein? Regard à droite et à gauche. Savait-on jamais. Des fois qu'une autre Marie Alice ferait partie des rangs et qu'on ne lui ait rien dit.

Voyant les têtes se tourner, elle dût bien admettre que oui, il s'agissait bien d'elle. Et si elle avait lu dans ses pensées elle aurait répondu qu'en effet elle ne comprenait pas que si vite elle soit appelée. Lèvre inférieure mordillée tandis que la possibilité de se lever et de le dire à haute voix effleurait son esprit. De plus en plus fort d'ailleurs l'effleurement. Séduisante la voix.

Jusqu'à ce qu'une autre, ancienne, vienne contrebalancer. De celle dont elle n'avait jamais discuté le moindre ordre, la moindre parole. Jogaila, père aimé, idolâtré même sans doute sans qu'elle s'en rendit compte. Pas plus qu'elle ne le fit en se levant.

Quelques pas, beaucoup et peu à la fois, quelques pas pour arriver devant son frère.

Regard levé vers lui, juste quelques secondes, message clair de l'un à l'autre. Frangin, faudra qu'on cause.

Lentement, son genou se plia, s'approcha de la pierre, tête baissée, elle respira lentement, s'y efforça du moins. Oh oui, il n'y couperait pas.

Spoiler:

Cérémonie qui se poursuivait comme prévu. Les intronisations touchaient à la fin, les promotions commençaient. Zalina prit une profonde inspiration et tenta se chasser ses pensées sur la suite de la journée pour se concentrer sur le moment présent. Mais en vain.
Le pincement au cœur ne partait pas, quelque soit l’occupation qu’elle donnait à son esprit.
Elle fit une nouvelle tentative pour Mackx. Elle lui devait bien un sourire à ce Poitevin qui l’avait tant aidé. Alors elle sourit timidement et hocha la tête lorsqu’il mit le genou à terre devant le Grand Maistre. Ils avaient décidé de lui donner sa chance, au vu de son travail des derniers mois. Mais s’il s’amusait à refaire une escapade en Anjou avec le Poitou, les conséquences seraient plus sévères. Il n’avait désormais plus droit à l’erreur. Et il n’était pas le seul.

Semnos aussi reçu, enfin, sa promotion. L’ancien écuyer, longtemps absent avait finalement réussi à trouver sa place au sein de l’Ordre et commençait à s’impliquer. Il rejoignit les Errants à la suite de Mackx.

Puis vient le tour de Marie Alice. Zalina finit par lâcher un court sourire plus franc devant la surprise de la jeune femme.
Longue attente ou bref passage. Cela ne dépendait que des membres et de leur travail. Le Haut Conseil n’a pas tant divergé que la Peste l’aurait cru, lorsque était venu le jour de faire la liste des promus. Mais elle était amusée de constater que Marie restait aussi surprise que l’avait été la Poitevine lors de chaque appel du Grand Maistre.
Elle avait pourtant fini par se lever et poser genou à terre. Heureuse pour l’actuelle promue, Zalina reprit rapidement son visage fermé et son pincement au cœur.
La roue doit tourner… et elle tournera.

Savourait il cet instant? Pour sur. Chacune des secondes s'égrenant se retrouvait gravée en sa mémoire. Le surprise de la jeune femme, son avancée, son regard dont il avait déjà pu être gratifié en d'autres temps spécialement à lui dédié.
Sûr également que le retour de bâton serait à la hauteur de la surprise et de la stupéfaction.
Mais pour l'heure, il se devait de poursuivre la cérémonie. Bien plus que sa sœur de sang, c'était une sœur de la Licorne en cet instant précis qui se trouvait genou à terre devant lui. Soeur qui, quoi qu'elle en dise ou pense, avait été jugée par le Haut Conseil dans son ensemble apte assez pour recevoir cette promotion.
Long regard silencieux du Grand Maitre sur l'écuyère avant que le son de sa voix ne se fasse entendre à nouveau.

Marie Alice. Long et empreint de hauts faits est ton passé. Dévouée aux tiens, à la couronne, à tes principes, tu l'as été de tout temps, depuis le premier instant où je t'ai connue et même bien avant que mes pas ne me mènent en cette taverne limousine où je t'ai rencontrée pour la première fois. Choix par toi ont été faits. Choix de quitter un Ordre dans lequel tu ne te retrouvais plus, malgré tout ce qu'il t'avait apporté. Choix de recommencer le chemin dans l'Ordre de la Licorne, espérant y trouver ce qui te manquait.

Depuis le premier jour de ton entrée en les murs de Ryès tu as fait preuve de ta volonté d'apporter tout ce qui était en ton pouvoir à l'Ordre. Pour cela, aujourd'hui, il a été décidé de te faire passer nouvelle étape en notre sein. Chemins de l'errance que l'on emprunte parfois par dépit ou par hasard, mais qui à compter de ce jour seront ceux qui feront de toi ce que tu es.

Marie, avant d'emprunter cette voie, il te faut prononcer nouveau serment, venant compléter celui que tu as déjà prononcé en ces murs lors de ton intronisation.

Regard à nouveau appuyé, posé sur la jeune femme, avant qu'il ne reprenne une fois de plus les mots du serment.

" Sur mon honneur je déclare, qu'il n'existe nul labeur, nulle souffrance, nul mal qui puisse m'empêcher d'accomplir mon devoir.
Bien que notre royaume traverse crises, troubles, guerres, trahisons, complots et vilenies, notre ordre s'élèvera toujours là, toujours tel un astre flamboyant pour rappeler aux hommes notre règle: justice et bravoure.
Tel un soleil au milieu des nuages, que je devienne l'élément organisateur du bien, et que je serve la veuve et l'orphelin, le faible d'esprit comme le malingre, et que je choisisse avant toutes les solutions celles qui engagent au dialogue et au partage plutôt qu'au conflit et à la guerre.

Je jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon coeur, sur mon âme, de devenir un chevalier errant de la licorne tel que je dois l'être, à mi chemin entre Justice et Bravoure, comme il se doit. "

Nostalgie quand tu nous tiens.... elle regrettais et de loin la campagne militaire, sa place n'était pas dans les bureaux, enfermée entre quatres murs à s'abîmer les yeux à lire, décortiquer et analyser des dossiers à ne plus savoir qu'en faire. C'est pourtant ce qu'elle faisait le plus depuis des mois. C'est en voyant certains de ses frères et soeurs d'armes du Limousin rejoindre le banc des escuyers que la mélancolie qui la guettait. Comment expliquer ce qu'elle ressentait à d'autres ? peut être était-ce pareil pour eux ? qui sait ?

Elle observait, une pointe de tristesse dans les yeux qu'un sourire au coin de ses lèvres adoucissait.

Des nouveaux escuyers et pas qu'un peu pour une fois ! c'était une belle brochette d'hommes et de femmes qui venaient de faire leur entrée en Ryes, mais il était temps de faire place à celles et ceux qui graviraient un échelon au sein de la Licorne, parce qu'ainsi est la route des futurs chevaliers, avancer encore et toujours, souffrir le plus souvent parce que nulle route n'est douce à celui qui la arpente. Mackx.... Semnos.... et maintenant Marie.... d'autres suivraient, aujourd'hui, demain, aprés demain, encore et encore. Chacun apportant sa pierre à l'édifice, faisant l'histoire de l'ordre au fil des ans, de façon discrète pour certains, avec éclat pour d'autres. Mais tous à leur manière apportaient le "petit truc".

Fixant le Grand Maistre alors que Marie le rejoignait, elle s'ébroua mentalement afin de revenir au présent.

Elle écoutait, les yeux rivés au sol, suivant les anfractuosités des pavés, préférant ne pas lever les yeux.

Tout ceci c'était elle? Hauts faits? Mouais... A ses propres yeux, guère mais lui faire remarquer ne serait pas forcément apprécié sur le moment. Ni après d'ailleurs mais passons.

Dévouée aux siens? Sans doute pas assez encore, la Couronne passait avant. Depuis longtemps déjà, elle avait intégré cette façon d'être, tentait parfois de lutter contre mais sans grand succès. Ceux qui la connaissait savaient qu'une fois lancée, la Vicomtesse ne pouvait être arrêtée, ou alors en employant les grands moyens.

Donner tout ce qu'elle pouvait à l'Ordre? Elle n'avait jamais su faire autrement. Donner pour elle c'était entier, pas de demi-mesure, jamais. Pas dans son sang à la base que cette notion là, la mesure même si il lui arrivait de devoir en faire preuve.

Nouveau serment à faire, encore un. Ils jalonnaient son existence ceux-ci. Un peu comme les parchemins en somme. Mais en moins encombrant. D'un certain point de vu uniquement matériel.

La tête tout comme le buste se redressèrent et sa voix s'éleva, claire et résolue.

Sur mon honneur je déclare, qu'il n'existe nul labeur, nulle souffrance, nul mal qui puisse m'empêcher d'accomplir mon devoir.
Bien que notre royaume traverse crises, troubles, guerres, trahisons, complots et vilenies, notre ordre s'élèvera toujours là, toujours tel un astre flamboyant pour rappeler aux hommes notre règle: justice et bravoure.
Tel un soleil au milieu des nuages, que je devienne l'élément organisateur du bien, et que je serve la veuve et l'orphelin, le faible d'esprit comme le malingre, et que je choisisse avant toutes les solutions celles qui engagent au dialogue et au partage plutôt qu'au conflit et à la guerre.

Je jure sur mon honneur, sur ma vie, sur mon coeur, sur mon âme, de devenir un chevalier errant de la licorne tel que je dois l'être, à mi chemin entre Justice et Bravoure, comme il se doit.

Se redressant alors, elle avait répété les paroles du serment. La voix était assurée, sans once de doute décelable pour les auditeurs. Il la connaissait toutefois assez pour savoir qu'en ce moment précis, et depuis que son nom avait résonné en la salle du chapitre, le doute l'avait hantée. Comme souvent lorsque gratification ou récompense lui était décernée. Doute de n'avoir su faire assez. Doute de n'avoir pas pu faire comme il aurait fallu. Tout juste, pour finir, reconnaitre que ces actes étaient naturels et que tout un chacun aurait pu les accomplir à sa place.
Il savait aussi qu'il n'était nullement besoin de tenter discuter avec elle sur ce sujet. Solidement ancrée dans ces certitudes là elle ne vacillerait point, ne cédant sur rien. Tête de mule auraient dit certains. Marque familiale, se contenterait de souligner, sourire aux lèvres.

Le silence était revenu. Le Grand Maitre, pour la troisième fois, s'éloigna de quelques pas, revenant devant la désormais errant, un armet tenu entre les mains.
Reflets des torches allumées dessinant arabesques multiples sur le métal poli, semblant comme donner vie à la licorne cabrée gravée sur celui-ci.
Lentement, il avança ses bras vers la jeune femme, sa sœur, afin de déposer entre ses mains l'objet tenu avec respect et solennité.

Marie, voici l'armet qui composera l'armure à toi donnée par l'Ordre de la Licorne. Elle te protègera comme nulle autre des coups physiques, parant et évitant blessures charnelles. Il te faudra toutefois, comme à de nombreuses reprises déjà, affronter peines et douleurs plus profondes, moins palpables, celles de l'âme et du cœur, dans ce long chemin de l'errance. La meilleure de tes protections sera celle de cette famille que tu as choisi de rejoindre, celle de tous les frères et sœurs de la Licorne. Car ensemble nous sommes plus forts. Ensembles, nous pouvons affronter les difficulté de l'existence.

Fin sourire à l'attention de la jeune femme, avant de conclure:

Relève toi à présent, errante, et rejoins les bancs de ceux qui sont les tiens.

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