[RP]Salle du Chapitre -Election de la nouvelle Licorne d'Or

Invité

Tension palpable alors que s'écrivait sous ses yeux une nouvelle page de l'histoire de l'Ordre. La Brune jouait nerveusement avec une mèche rebelle lui barrant le front, indécise. S'il était compréhensible que son manque d'ancienneté rende son choix ardu, il était plus étonnant de sentir poindre dans le regard de ses frères et soeurs plus anciens hésitations et nervosité. Les votes étaient partagés, avec un léger avantage pour le Duc normand.

De prime abord, les prétendants à la fonction suprême étaient tous deux de qualité et aussi méritants l'un et l'autre de par leur investissement et leur abnégation. Elle aurait souhaité que parole soit donnée à chacun pour qu'ils expriment leur motivation, développent leurs projets pour perpétuer l'idéal chevaleresque. Voilà qui l'aurait aidée à se forger un avis. Mais en l'absence d'indices pour départager un Perplexe et un Tyran, il allait lui falloir se fier uniquement à ce que lui soufflait son instinct. Un comble pour cette magistrate qui ne rendait jamais d'avis sans avoir au préalable mené enquête approfondie et avoir appuyé ses convictions sur des éléments tangibles.

Son regard oscillait de l'un à l'autre. Lequel aurait carrure assez large pour endosser le rôle. Lequel, en ces temps troublés, saurait conserver calme et droiture au milieu des tempêtes et menaces qui ne manqueraient pas de s'abattre sur le Royaume. La réponse s'imposa à elle, presque évidente.

Avant d'être assaillie de nouveaux doutes, elle se leva à son tour et annonça d'une voix claire son choix :

Moi, Adrienne de Hoegaarden, écuyère de la Licorne, accorde mon vote à Nith le Perplexe !

Libérée d'un poids, avec le sentiment d'avoir rempli son devoir en son âme et conscience, elle se rassit, retenant son souffle en attendant l'issue du vote.

L'errant était arrivé depuis quelques temps, et avait eu l'occasion d'entendre le discours de Simonin quant à l'élection du nouveau Grand-Maistre. Même si tout cela, il le savait, cela ne faisait pas de tort de se l'entendre encore répéter.
Ainsi en était-il alors aujourd'hui ... il allait élire son troisième Grand-Maistre, qui serait le quatrième qu'il verrait à l'oeuvre après Guillaume, Rhuyzar et Enguerrand. Cela allait être sûrement difficile et ardu pour le suivant de passer après ces grands hommes, mais au vu des deux candidats - désignés d'office - à la Licorne d'or, il n'avait aucune crainte en leur gestion et leur force morale, tous deux seraient sûrement de bons successeurs.

Les deux seuls candidats étaient bien ceux que Mackx avait prévu. Ils étaient les deux représentants les plus solides de l'Ordre restant au sein du HC. Mais il fallait désormais choisir entre le côté blanc et le côté noir de la Chevalerie.
D'un côté, un homme qui placerait la discussion avant l'action et qui serait capable d'une diplomatie virtuose envers tous les gens qu'il serait amené à fréquenter, même si, ce calme était une arme à double tranchant car on le croirait peut-être faible et on tenterait peut-être d'en profiter.
De l'autre côté, une femme, d'une poigne et d'une force morale peu commune, qui ne laisserait aucun répit dans la course à la justice, ni à elle-même, ni à l'Ordre mais qui n'avait pas la maîtrise du verbe et de la finesse des discussions que l'actuel héraut et diplomate.

Il était temps de se décider, ou plutôt, d'assumer sa décision. Celle qu'il avait prise après avoir réfléchi aux candidats potentiels, et auquel il avait pensé depuis la veille. Il se leva alors, après une autre juriste, et énonça son choix d'une voix claire dans le silence de la salle.

Moi, Maxime d'Alesme, Chevalier errant de l'Ordre royal de la Licorne, donne ma voix à Nith.

Le Vicomte se rassit tout de suite après sa prise de parole. Les autres membres à s'exprimer étaient assez nombreux pour qu'il leur laisse tout le temps du choix, et de plus, les textes régissant la Licorne disaient bien que durant une telle élection, les palabres et autres discussions à propos des candidats étaient interdits. On ne devait entendre que le choix.

Peu s'étaient encore exprimés, alors que beaucoup avaient déjà eu plusieurs fois le temps. Hésitaient-ils encore ou ne prendraient-ils pas la parole, laissant leur Ordre seul sans y apporter leur intérêt, fut-il réduit à quelques mots ... ou même à un seul.

Invité

Voila l’attente n’avait pas été longue, le nom des postulants était donné.
Il ne restait plus qu’a Silec à choisir.
Chose non aisée, au delà des choix Homme femme qui n’était pas somme tout d’actualité, il fallait choisir qui serait le plus apte à gérer et amener la Licorne encore plus haut.
Les temps des guerres semblaient présent mais la diplomatie revenait au galop a chaque fois.
Valait-il prendre un guerrier ou un diplomate.
Les deux l’étaient diplomate enfin a leurs manière, Nith étant de par sa fonction le plus apte dans cette branche.
Cerridween quand a elle possédait sur ce qu’avait vu Silec plus le coté militaire.
Il n’en doutait pas une seconde soit l’un soit l’autre serait un bon chef.

Sa décision était prise. Il regarde autour de lui s’assurant que personne ne se lève.

Silec sort de son siège, se lève.

Moi Silec de Joncheray, chevalier, vote pour le chevalier Nith

[Pour cause d'emploie du temps HRP je poste tantot.
Mais je donne ma voix à Nith ]

L'incompréhension, le choc de la nouvelle de la démission du Grand Maître, le seul qu'elle ait connu jusqu'à ce jour, avaient réussi à tirer Sindanarie de la torpeur de son deuil. Aussitôt que la nouvelle de l'élection d'une nouvelle personne à la tête de la Licorne lui était parvenue, elle avait délaissé son Comté et fait route à bride abattue vers Ryes après avoir passé le symbole de son appartenance à l'Ordre, cette longue cape azur marquée de l'animal mythique. Pour arriver, autant que possible, en temps et en heure...

La route avait été longue, plus longue encore que d'habitude pour se rendre dans cette forteresse légendaire. Juste le temps de laisser Vengeance à l'écurie et de se précipiter vers la Salle du Chapitre. Sans doute tout l'Ordre était-il déjà rassemblé... Mais quand elle pénétra dans la salle, convergeant avec ses frères et soeurs d'armes, en reconnaissant un grand nombre, elle assista au discours de l'un des membres du Haut Conseil. Se glissant vers les rangs des Ecuyers, saluant d'un léger signe de tête les présents qu'elle connaissait, elle s'installa à leurs côtés, et écouta les premières voix se donner.

Dilemne ? Pas réellement. Naturellement, elle portait le plus grand respect aux deux candidats, tous deux membres de cette élite qui dirigeait la Licorne... Mais elle avait rencontré personnellement (enfin, pour l'entretien qui lui avait permis d'intégrer de si prestigieux rangs) l'un et pas l'autre. Et elle ne doutait pas qu'il saurait agir au mieux. Certes, Cerridween de Vergy devait être en mesure de succéder à Enguerrand de Lazare. Mais... Mais c'était irrationnel. Et son choix était fait, malgré elle, depuis le moment où elle avait entendu les noms des candidats.

Se levant, tournant les yeux vers le Haut Conseil, la jeune femme finit par articuler :

Moi, Sindanarie Carsenac, Ecuyère de l'Ordre de la Licorne, vote pour Nith le Perplexe.

C'était dit. Et la jeune femme se rassit, attendant la suite, laissant son regard s'attarder un instant sur le grand homme qui avait mené la Licorne jusqu'alors, puis balayant la salle du regard au gré des interventions.

Invité

Alexandre avait attendu sagement sur le banc des écuyers que l'on annonce qui se présentait pour devenir le Grand Maîstre de l'Ordre.
Il écouta le nom des candidats à cette lourde charge :Cerridween et Nith.

Il ne connaissait que de nom la première , bien qu'un membre de la famille de sa suzeraine. Elle semblait être une femme de poigne, peu diplomate.

Le second candidat était celui qui lui avait fait passer l'entretien d'entrée dans l'ordre. Il avait apprécié sa délicatesse, même si il ne s' en laissait pas compter.

Alexandre aurait aimé entendre ce qu' ils avaient à dire sur la façon de diriger l'Ordre de la Licorne, comment ils voyaient les choses afin que son choix soit basé sur des intentions et non des suppositions.
Mais visiblement la coutume n' etait pas celle là.

Alors il se leva et s' adressa au haut conseil

Moi Alexandre Demessy-Montferrat, Ecuyer de l'Ordre de la Licorne, je vote pour Nith le perplexe.

Voilà son choix était annoncé, et il se rassit en attendant la suite

Prévenu des derniers évènements par Akane durant son passage à l'infirmerie, le gardon ayant eu bien trop à faire pour se rendre pour cette fois à la session d'intronisation, celui ci avait pas mal retourné l'information dans sa tête. Ainsi donc le beau frère laissait la place de grand maître, place généralement des plus convoitées dans un ordre de chevalerie même s'il doutait que la Licorne se retrouve dans cette description. Il devait bien y avoir quelques personnes à rêver du poste, ceux qui n'en connaissait surement pas les tenants et aboutissants surement. Mais à n'en point douter, ces derniers ne devaient être qu'une minorité, et encore, les rêves de certains devaient surement se modérer avec le temps, avec le travail et l'apprentissage des vraies valeurs de la chevalerie. N'était pas grand maitre qui voulait, ou plutôt n'était pas un grand maitre efficace ceux qui désirait le plus le devenir. D'ailleurs à ce sujet, il connaissait un très bon exemple, qui lui tira un sourire en y repensant.
Ses yeux se posèrent sur Enguerrand, scrutateurs. Que se passait il sous cette caboche déterminée ? Les raisons invoquées pour son départ étaient elles les seules véritables raisons ou, tapies dans l'ombre une fois encore, la vérité, noire et profonde, se tapissait dans l'attente de son heure pour jaillir enfin. Hier, il n'avait pas su voir, comme bien d'autre, mais comment l'aurait il pu ? Cette fois cependant la situation était légèrement différente. Aujourd'hui s'ils étaient tous deux encore une fois membre de la licorne, Flaiche en était médicastre, et de ce fait, devait veiller un minimum à l'état de santé de ses frères. Bien sur, il comptait sur les connaissances de Cerrid pour déceler chez Enguerrand quelque chose de suspect, cela dit, il ne couperait pas à un petit interrogatoire en règle une fois que tout ceci prendrait fin. Il arrivait que la fatigue ne soit qu'un des effets pervers d'un mal bien plus important. Il s'assurerait que ca nétait pas le cas. Quand à la fatigue morale que devait sans aucun doute provoquer sa charge, elle s'estomperait avec le temps et puisque justement, ses charges allaient être bien allégées. Flaiche sourit. Une fois de plus, son beau frère quittait un pose à lourdes responsabilités, postes qu'il avait exercés à son avis avec brio, mais d'après ce que Akane lui avait raconté, il n'était pas le seul à penser que Enguerrand avait fait un travail remarquable. D'ailleurs, c'était en grande partie de ce fait que Flaiche lui même était revenu après une longue absence et un petit différent né des décisions prises à son encontre. Comme tout ceci lui paraissait loin et futile aujourd'hui. Il sourit. Le désormais ex grand maitre avait toujours su se retirer de merveilleuse façon, ce qui n'était pas pour déplaire au médicastre. En d'autres lieux, Flaiche n'avait pu que constater le mal que faisait les gens qui s'accrochaient obstinément à leur poste, en dépit des autres et de la fonction en elle même, pour pouvoir en retirer les gloire malgré qu'il n'en assumaient plus rien. Ce genre d'individu devenaient tels des plaies qui refusent de guérir, et qu'il faut, sans aucun plaisir, bien au contraire, parfois guérir par la force. Il était donc bien plus respectable de savoir tourner la page quand on estimait ne plus remplir sa fonction, céder la place pour que personne n'en pâtisse. C'était cela aussi être un bon grand maitre. L'ordre, avant soi même. Un sourire empreint de fierté se dessina sur les trait du gardon, puis enfin, il se reporta à ce que se déroulait dans la salle. Élire un nouveau grand maitre...voila qui n'était pas une mince affaire. Choisir entre un candidat et l'autre...entre deux membres des plus investit de l'Ordre. Qui donc seraient plus à même de diriger d'une main de maître la Licorne, entre Cerrid et Nith. Choix parmi les plus difficiles. Il y avait longuement réfléchit ces derniers jours, chercnant qui pourraient être les candidats au poste. Les deux noms cités dans la salle avaient été des plus évidents. Il avait tenter de s'imaginer ce que pourrait devenir l'Ordre si chacun de candidats potentiels devenaient grand maitre, avec leurs caractéristiques propres, leurs qualités et leurs défauts, tout du moins ce que Flaiche en connaissait de chacun. Le résultat avait fait sortir les deux noms pour lesquels il fallait choisir maintenant. Après tout, sans doute que ces deux noms s'imposaient d'eux même. Si les deux visions de l'ordre entre les quelles il fallait désormais faire un choix, même si celles ci étaient un peu différentes, l'une valait l'autre, et finalement le destin choisirait ce qu'il en serait.
Un détail avait cependant fait irruption dans son esprit, tel un flash qui vient se rappeler à vous, subit et implacable. Un souvenir, des paroles, une grimace. Cela ferait la différence, toute la différence. S'il comprenait tout ce que ce souvenir impliquait, c'est qu'il y avait longuement réfléchit et, si il avait finit par accepter les raisons sous-jacentes, cela demeurait un point crucial qui devait aider au choix de celui ou celle qui devrait assumer ou non les plus hautes fonctions de leur ordre. Ce ne serait donc aucunement un choix par défaut, bien au contraire, chacun trouverait ainsi sa place dans cet équilibre et les choses seraient telles qu'il fallait qu'elles soient, au moins pour la vision qu'en avait le gardon. Quand vint alors son tour de s'exprimer, il se leva comme chacun l'avait fait avant lui et prit la parole:

Moi, Floryan Alterac, écuyer de l'Ordre Royal de la Licorne, donne ma voix au chevalier Nith.

Il se rassit alors, regardant la maitre d'arme alors qu'une majorité semblait éclore petit à petit des choix successifs des différents membres.

Depuis qu'il était arrivé en ce lieu, la pièce s'était rapidement remplie, passant en quelques instants de vide à bondée. Mais le Perplexe ne le remarqua qu'à peine, son esprit étant occupé par bien d'autres considérations. Car, en ce moment précis, chacun allait choisir, non pas une personne, mais la nouvelle tournure qu'allait prendre la Licorne, la nouvelle voie qu'allait choisir l'Ordre dans son ensemble. Ce n'était guère une décision à prendre à la légère, chacun devait en être conscient, chacun devait connaitre les conséquence de leur propre choix. Mais comment le leur faire savoir? Car pour l'heure, les noms des deux seuls candidats n'étaient connus que d'une poignée de monde, les membres du Haut Conseil. Mais bientôt, le rideau serait relevé, et les protagonistes entrer en action.

Puis Simonin prit la parole, comme un glas tranchant le silence pour annoncer le triste sort. Ainsi tous étaient au courant. Ainsi tous allaient devoir se décider. Ainsi, chacun allait choisir celui qui, selon eux, serait le plus à même de guider la Licorne, de la représenter et de la faire perdurer. Mais savaient-ils ce que cette charge représentait? Pouvaient-ils s'imaginer le travail et l'investissement que pareil poste induisait? Tant à faire, tant à prévoir, tant à décider, mais jamais assez de temps pour pouvoir tout faire correctement... Ainsi était la triste réalité des choses...

Commença alors le défilé des prises de paroles, car aujourd'hui, en cette occasion, tous, du simple escuyer au chevalier, se devait d'annoncer haut et fort leur choix. Car, comme le voulait le protocole établi dans la Charte qui régissait leur vie depuis qu'ils avaient rejoint la forteresse, l'élection du Grand Maistre était l'affaire de tous. Et toujours selon le même cérémonial, on ne devait qu'énoncer son choix, sans explication, sans justification, ce afin de ne pas influencer la décision des suivants. Un choix personnel, c'est ce que l'on demandait, mais non par pour soi, pour son propre profit, mais pour le bien de tout l'Ordre, de toute cette communauté qui était devenu, au fil du temps passé en son sein, sa propre famille. Alors votez, oui, mais votez on son âme et conscience...

Choix entre un Perplexe et un Tyran, entre un Normand et une Pivoine... Le Héraut faisait de son mieux pour rester stoïque, de toute façon, il n'avait aucune prise sur le futur qui se dessinait devant lui, alors pourquoi s'en faire lorsque l'on ne peut plus rien maitriser? Rester calme, rester de marbre, voilà à quoi il dépensait son énergie, les maigres forces qu'il conservait après cette nuit trop courte et sans repos. Mais à chaque fois qu'il entendait prononcer son nom, il avait l'impression qu'un poids s'abattait sur ses épaules. Il fut étonné de la réaction du jeune Guilhem, aussi rapidement parti qu'il était arrivé, sans même énoncer de nom, sans même prendre la peine de faire un choix. Et bien, il y avait des coups de pieds au fondement qui se perdaient... Comme si c'était ainsi que l'on pouvait avancer, en refuser de prendre ses responsabilités et de choisir! Le petit poney de Vergy irait sûrement récurer les douves à coups de langue...

Les Licorneux se levaient les uns après les autres pour parler, mais encore personne du Haut Conseil n'avait encore émis de vote. Peut être était-il temps, même si personne ne doutait du choix qu'il allait faire. Ah, si seulement il pouvait remonter dans le temps... Calmement, lentement, il se leva, et énonça clairement, d'une voix portant dans toute la salle:

Moi, Nith le Perplexe, Chevalier et Héraut, donne ma voix à Cerridween de Vergy.

Non non, il n'avait pas du tout envie de rajouter: "et vous avez intérêt à faire de même!". Non ce n'était pas son genre. Mais au vue des voix déjà prononcées, il n'y avait que peu de doute sur le résultat final. Il retint un soupir, avant de se rassoir sur ce confortable fauteuil qui avait été le sien depuis de nombreux mois... Ah, qu'il est triste de quitter ses fonctions...

Dernière édition par Guidel le Lun 12 Oct 2009 - 22:54, édité 1 fois

Guidel entra en salle du chapitre avec un léger retard, serein voire presque souriant.
Longues avaient été les heures de réflexion dans sa cellule fraichement attribuée, suite aux intronisations, promotions et à la cérémonie d’adoubement d’Ethan. La Licorne… Curieux animal mythique aux desseins si impénétrables.

Enguerrand de Lazare, ce fut sans doute sur le dos du chevalier que le baron posa en premier son regard lorsqu’il entra dans cette salle du chapitre qu’il commençait à affectionner. Guidel avait intensément réfléchi à la décision prise par le chevalier, et surtout aux implications de cette décision pour l’ensemble de l’Ordre. Troisième porteur de la Licorne d’or que l’errant ait connu, l’ancien connétable semblait accuser la fatigue accumulée durant son service exceptionnel à l’Ordre. Désormais, il goûterait à un repos amplement mérité, apportant toujours un irremplaçable soutien à Ryes. C’était la conclusion à laquelle avaient abouti toutes ses réflexions. L’Ordre changeait, tel le phénix renaissant de ses cendres, formule que se plaisaient à dire beaucoup de fils de la Licorne. Aujourd’hui, un nouveau Grand Maître serait élu, et Enguerrand de Lazare serait là, là pour enseigner son savoir, pour apporter une présence rassurante à celui qui aurait été choisi, dispenser ses conseils et inspirer encore des générations de chevaliers… Grand Maître ou pas, commande, et je te suivrai jusqu’en enfer, chevalier, pensa-t-il.

Il promena ensuite un regard circulaire sur l’assemblée, heureux de voir les sièges des chevaliers à l’avant occupés. Silec, Julios, Enguerrand, Zalina… Puis les tous nouveaux cavaliers, Akane et Semnos qu’il devait encore féliciter tous les deux; les errants, parmi lesquels il avait désormais sa place, auprès de Mackx, Marie-Alice, Alethea et Antlia, une place qu’il affectionnait tout particulièrement. Puis son regard se promena sur les écuyers, et il éprouva un élan de compassion pour tous les plus récemment intronisés, tous ceux qui n’avaient du connaître qu’Enguerrand pour seul Grand Maître de l’Ordre, ceux qui devaient penser l’Ordre tout près à chavirer, voir leur monde basculer, sans même imaginer le miracle d’une Licorne qui renaît, cette famille qui sans cesse s’agrandit et les générations qui se succèdent comme dans une famille également… Justice, Honneur, Bravoure. Les individus ne comptaient pas, les intérêts personnels laissés au placard, l’Ordre et ses valeurs étaient bien plus grands que chacun d’eux réunis en cette salle.

Il s’avança par l’allée centrale dans son léger boitement. Cape ondulant à chacun de ses pas, la rassurante bâtarde battant sa cuisse sur le même rythme. Il s’avança et, au passage, posa une main réconfortante sur l’épaule d’Adrienne, amie Lyonnaise qu’il n’avait vue depuis de longs mois. Il se fraya ensuite un chemin pour s’asseoir sur le banc des errants, prenant place juste à côté d’Antlia et posant discrètement la main sur la sienne à peine quelques instants.

Il contempla encore le Haut-Conseil, observa les quelques frères et sœurs qui s’étaient levés pour prononcer leur choix. Le Maître de Guerre était absent une fois de plus, ce qui fit serrer légèrement les dents au Lyonnais… Sans doute de Lazare aurait-il trouvé sa charge moins pesante avec un Haut-Conseil complet… Il se força à ne pas laisser sa penser l’entraîner sur cette pente glissante… Le Normand devait avoir une bonne raison de laisser de côté les cérémonies et les débats à Ryes. Il regarda donc alternativement Cerridween et Nith, opposés par tant d’aspects et si semblables. Peu importe qui serait le Grand Maître, il sera bon, et Guidel n’en aurait pas espéré d’autre. Néanmoins, le choix restait difficile. Que privilégier ? Le chevalier choisi se conformera-t-il aux attentes de ceux qui l’ont élu ? L’image qu’il avait de chacun d’eux n’était-elle pas erronée par ses perceptions personnelles ? Il fallait qu’il choisisse. Le premier, duc normand, héraut, diplomate, jouteur, celui qui lui avait donné sa chance et accordé sa confiance pour ce cours d’héraldique et pour une mission diplomatique, celui qui, il s’en souvenait, était le seul cavalier hormis Zalina lors de son intronisation, alors poursuivant d’armes du chevalier Totox… Comme tout cela semblait loin désormais. La seconde, totalement inconnue du Dauphinois avant qu’elle n’entre au Haut Conseil le jour où Rhuyzar l’appela à devenir Maître d’Armes, « la Pivoine », ou « le Tyran », comme beaucoup l’appelaient, le surprenait à chaque fois qu’il parvenait à en apprendre davantage sur son compte ; arborant pour seules armes celles qui lui furent remises lors de son adoubement, il avait découvert lors de discussions avec des « anciens » que la Dame de Vergy avait renoncé à toutes ses autres allégeances pour ne devoir fidélité qu’à la Licorne. Il avait également découvert à ses dépens, en salle d’armes, que la rouquine ne craignait nullement d’être détestée, si cela pouvait permettre à la Licorne de marcher toujours sur la voie de la chevalerie. Son choix était fait, et il savait que ni l’un ni l’autre ne lui en tiendrait rigueur, car seule la Licorne devait importer. Il se leva.

Cerridween…

Il jeta des regards alentours, c’était sans doute un peu court, et le regard du chancelier lui sembla perplexe. Il reprit plus fort.

Moi, Guidel, chevalier errant de l’Ordre Royal de la Licorne, vote pour Cerridween de Vergy.

Il se rassit et songea au choix qu’il venait de faire. Les récents évènements avaient montré que la Licorne avait besoin d’une main ferme pour garder le cap, autant face à toutes les menaces qui sans cesse attaquaient les remparts de Ryes que pour éviter aux fils de la Licorne de s’égarer sur les chemins tortueux de l’individualisme et de la gloire. Il espérait avoir fait le bon choix, même si sa voix n’était qu’une parmi tant d’autres.

Alors là ... alors là ... alors là.... ces mots tournaient dans sa tête. Choisir entre un perplexe et une pivoine .... choisir entre deux personnes qu'elles appréciait pour le travail, alors qu'en même temps il en est une qu'elle connaissait un peu plus. Ca n'était pas juste. Faire un choix ? comment faire un choix ?

D'un côté Nith ... on dit le perplexe, bon elle ne fait qu'entendre hein ! Elle le connait pas du tout ...plutôt discret le Nith. Ce qui en soit ne veut pas dire qu'il ne fait rien non loin de là, juste qu'il est moins volubile que certains, et que son travail se fait dans l'ombre.

De l'autre Cerrid... avec son caractère et ses manies... en fait non ses foutes manies avec ses punitions et ses cours ou on apprend autant qu'on souffre... c'est vous dire si on apprend hein.

Mais il faut une licorne d'or... alors qui ? Bon soit on perd un bon maistre d'arme, soit on perd à nouveau un héraut .... mais on gagne un Grand Maistre. Pi d'abord tout ça c'est la faute à Eng.... celui là il allait avoir à donner des réponses parce que là hein ... à cause de lui elle ne sait plus.

Les voix se lèvent.

Une à une, chacune donnant un nom... chacun donnant son choix. Et la Bess elle écoute pas vraiment, aprés tout elle vote pas en fonction des autres ... ce qui importe c'est son choix à elle non ? ce qu'elle estime être ce qu'il faut. Sauf que là elle ne sait pas... et pi d'abord pourquoi c'est à eux de décider ? qui sont ils pour savoir mieux que les plus valeureux d'entre eux ? S'il ne sont qu'escuyer c'est bien parce qu'ils n'ont pas les compétences pour être autre chose non ? bon chaque Licorne compte hein ... c'est pas ça le sujet, mais élire un Grand Maistre....

Ca avait l'air si facile la dernière fois .... le choix n'avait pas été aussi compliqué. Mais là .... ou alors faut pas réfléchir... donner juste le nom qui vient en premier ? non ... non c'est pas ça qu'il faut ... réfléchir... non en fait d'habitude on obéit on réfléchit pas ... enfin ça dépend pour quoi ..... Silence à nouveau... il manque encore des voix. Son regard quitte les mains pressées sur ses genoux. Elle se lève doucement avant d'inspirer un grand coup.

Moi...

Grand blanc... elle ne sait toujours pas quoi dire... qui nommer, qui désigner... qui sera la Licorne de demain. Elle fixe ses yeux sur Ethan, au moins lui il est neutre, elle le connait.

Moi, Bess Saincte Merveille, Escuyère de la Licorne, donne ma voix à .... Cerridween de Vergy.

Voilà ! c'est fait .... elle laisse échapper son souffle qu'elle avait retenu et se rassoit aussi sec. Il n'est pas en son pouvoir de changer quoi que ce soit... elle à donné sa voix et c'est ce qu'on attendait d'elle.

La salle du chapitre s'était remplie peu à peu des frères et sœurs rassemblés pour l'occasion. Il ne pouvait voir rien de ce qu'il se passait dans son dos, entendant bruissements de capes, raclements de bottes sur le dallages et cliquetis des épées, signes des arrivées successives. A ses côtés, deux des chevaliers avaient pris place, Julios et Silec. Au moins ce jour, les chaises des chevaliers ne seraient pas vides pour le début de la cérémonie.
Soupir intérieur à la remembrance du précédent chapitre. A ses désillusions. A ses décisions. Mais baste, qu'importe le passé, le présent et l'avenir étaient ce qui faisait l'Ordre, et pour l'heure l'avenir était représenté par ce Haut Conseil qu'il avait quitté quelques heures auparavant.

Lorsque Simonin prit la parole, le silence se fit dans toute son entièreté parmi les rangs de la Licorne. Attention ciblée sur le Chancelier, alors que ses mots résonnaient parmi les pierres ancestrales. Touché par les phrases prononcées, le Chevalier ne cilla toutefois point, hormis se peut légère moue de dépit, seul signe apparemment de sa réaction.
Puis se fut ensuite le tour des votes, chaque frère, chaque soeur se levant tour à tour pour annoncer son choix, avant qu'un suivant ne prenne le relais. Ainsi s'égrenaient les noms des deux candidats. Cérémonial des mieux huilé, tout juste interrompu un instant par le refus du jeune De Vergy de se prononcer.

Une voix bien connue se fit entendre dans son dos, avant que sa propriétaire n'entre dans son champ de vision pour venir prendre place à ses côtés. Etrangement, cette simple présence le rassura, tant la jeune femme, peste de son état à ce qu'il paraissait, lui avait par le passé apporté soutien et assistance.

Puis la litanie continua, les voix se succédant les unes aux autres.
Chacun avait fait son choix, en son âme et conscience, tous confrontés à cette décision partagée entre ces deux candidats, chacun pilier de l'Ordre à sa façon. L'un le diplomate prompt dans le besoin à tirer l'épée. L'autre la combattante, apte dans la nécessité à user de négociations.
Le cœur du Chevalier lui dictait son choix, mais son âme, en ces temps troublés, allait le guider. L'Ordre avait besoin d'un marteau qui martèlerait sur l'enclume d'acier sa force et sa puissance pour faire taire ses ennemis et ceux du Royaume.

Après le dernier vote, celui de Bess, il se leva lentement, fixant tour à tour les deux candidats, le visage impassible, traits toutefois tirés, signes de la fatigue accumulée. Main se posant sur le pommeau de son épée, dos droit, se tenant debout comme en ses meilleures heures, il annonça alors d'une voix forte et claire:

Moi Enguerrand de Lazare, chevalier de la Licorne, donne ma voix au chevalier Cerridween de Vergy.

Ainsi donc il avait parlé. Il n'avait pas voulu s'exprimer en premier, pour ne pas risquer d'influencer ses frères et soeurs. Il aurait même voulu ne jamais avoir à se prononcer, mais tel était son devoir, comme tout membre de cet Ordre.
Le silence revenu, quittant des yeux les deux chevaliers, il se rassit, laissant aux suivants le choix de leur vote.

Chapitre I : L'Andalou

Chapitre II: Le Chevalier

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis que Rhuyzar de la Louveterie avait établi son campement près le petit hameau de Ryes. Des jours passés calmement avec son escorte, à deviser, rédiger quelques documents, s'entrainer au combat forestier, puisque la proximité des bois offrait un terrain parfait. Habitués aux grandes plaines désertiques ou verdoyantes de leur pays d'origine, les Berbères apprenaient vite à maitriser les réflexes nécessaires à la survie dans les environnements touffus. Et leurs armes courtes faisaient merveille, leur légèreté leur permettant de conservant toute la liberté de mouvement obligatoire pour évoluer correctement entre les arbres.

Mais malgré ces occupations, le temps commençait à paraitre long au Vicomte. Il était venu dans un but précis et l'Ordre ne s'était toujours pas manifesté. Bientôt son ennui n'aurait eu d'égale que son inquiétude. D'ordinaire la Licorne ne laissait aucun étranger stationner sur ses terres sans l'avoir correctement interrogé. Quelles raisons pouvaient motiver ce silence ?

Puis vint la réponse. Un matin. Un cavalier chevauchant léger s'en vint déposer un parchemin enroulé au campement. A sa lecture, Rhuyzar sut aussitôt pourquoi personne n'était venu. Enguerrand se retirait, un nouveau Grand Maistre devait être choisi. Si autrefois ce genre de nouvelles touchait le coeur du chevalier, il n'en était rien aujourd'hui. Il connaissait suffisamment le Haut Conseil et ses charges pour comprendre la lassitude ressentie après des mois de service. Ces tâches n'étaient pas faites pour des Hommes. Les Licorneux n'en étaient d'ailleurs pas. Ils étaient fous, téméraires mais non Hommes.

Il fallait donc qu'il parte. Qu'il monte jusqu'à la forteresse et aille se montrer à cette cérémonie. Qu'il aille choisir entre des candidats dont il savait pertinemment qu'aucun d'eux ne désirait la place. La charge de Grand Maistre était maudite depuis la création de l'Ordre. Toujours elle souffrait de l'absence de candidats volontaires et la manière de les choisir avait été conçue en fonction de cette donnée. Pas de volontarisme, une désignation par l'Assemblée des Frères. Chaque Chevalier risquait alors de se voir proposé et élu. Ce faisant, il entrerait sur la voie de l'épuisement et du découragement, se confrontant au Royaume, à ses Puissants et Décideurs bornés qui préfèrent partager la Couronne que le travail. Si porter la Licorne d'Or était un honneur, c'était surtout une condamnation à se retirer au bout de quelques mois, lassé, usé par les guerres et les querelles de couloirs, c'était quitter le douillet monde des légendes chevaleresques pour affronter les cours et les salons, et constater alors que malgré tout ses efforts, aucun Ordre au monde ne serait en mesure de porter ses valeurs ailleurs que sur un champ de bataille. Un Grand Maistre est un martyr, Rhuyzar le savait, il en avait vu assez pour le constater de visu.

Il informa Ali, de son départ quelques temps et lui confia la direction des Hafsides qu'il préférait ne pas emmener avec lui dans les murs de la forteresse. Il ne savait ce qu'il y trouverait, quelles têtes il croiserait, si ceux qu'il connaissait avant de partir étaient encore vivants. Il affronterait seul ce passé, l'épée à la ceinture, comme toujours, comme à chaque fois qu'il revenait d'une errance.

Ali ne protesta pas. Il connaissait bien son ami et savait l'inutilité à protester à propos de sujets touchant à la Licorne. Il garderait le camp et attendrai patiemment le retour du Chevalier.

Le Comtois, lui, ne perdit pas de temps. Il abandonna la tenue du sud pour un aspect plus cérémoniel. Mantel officiel de cuir noir, épée Licorne, gantelets, miséricordes, collier, la panoplie complète du parfait visiteur autorisé à entrer. Ainsi ne jurerait-il pas avec ses Frères qu'il trouverait vraisemblablement assemblés dans la grande Salle du Chapitre à la base du donjon.

Il fit seller son cheval en début d'après-midi et partit aussitôt, traversant seul la petite bourgade pour emprunter la voie rocailleuse menant au castel. Les quelques passants qu'il croisa se retournèrent sur son passage, à Ryes on s'enorgueillissait légitimement de la proximité d'avec la Chevalerie Royale et on ne perdait jamais une occasion de les admirer et de se dire intérieurement qu'on était plus proche d'eux que la plupart des patelins françois. Peut-être certains le reconnurent-ils ? Il n'en sut rien, et rendit distraitement les saluts, méditant sur ce retour en ces murs et sur les changements qu'il risquait fort d'y trouver.

La montée se fit sans encombre, menant sa monture au pas, le Vicomte arriva bientôt face à la lourde porte et au pont-levis qui gardaient l'entrée. Il ne lui fallut pas longtemps pour se faire ouvrir l'huis, les gardes constatant à ses armoiries qu'ils avaient tout intérêt à se dépêcher s'ils ne voulaient pas subir une sanction cruelle et fort peu agréable. Il confia son pur-sang à un garçon d'écurie, l'abreuvant, comme toujours, de consignes précises et de recommandations exactes, avant de prendre la direction du donjon, grande tour éternelle qui se tenait majestueusement au centre de l'édifice.

Les murs avaient l'air en bon état. La garde était présente et les rondes aussi nombreuses qu'avant. Tout cela rassura quelque peu le Chevalier sur l'état de l'Ordre et le travail de ses occupants.

Marchant d'un pas rapide, il se trouva bientôt dans le couloir qui menait à l'entrée de la Grande Salle. Ses bottes de cavalier en cuir claquaient sur les grandes dalles, résonnant dans le passage sombre où dansaient les ombres animées par quelques torches faisant office d'éclairage. Cela non plus n'avait pas changé, l'aspect intime et mystique du donjon avait été conservé et respecté et l'on avait toujours autant l'impression, en avançant, de se diriger vers quelque caveau humide qu'occuperait un monstre quelconque sorti tout droit d'une légende.

Deux gardes de faction se tenaient devant l'entrée et devisaient à voix basse tandis que se tenait la cérémonie:

Et quand il s'est rendu compte que les pélerins savoyards stationnaient toujours sur ses terres, le Commandeur Bralic a fait assembler une catapulte et... Halte ! Qui va là ? Annoncez-vous ou...

Le garde n'acheva pas sa phrase, distinguant soudain le visage de l'homme qui s'avançait jusqu'à lui et se mit aussitôt au garde à vous, imité par son compère, un peu plus jeune, qui ne comprenait pas réellement ce qu'il se passait mais qui faisait confiance à l'expérience de l'autre.

Scusez-nous Cap'taine. Z'avions point reconnu vot' personne. La Cérémonie a commencé. C'est Sire Nith et Dame Cerridween qui ont été désignés. Pouvez entrer bien sur !

Rompez soldats, et tenez votre poste.

Sans ajouter un mot, le Vicomte passa devant eux et s'apprêta à pénétrer dans la Salle du Chapitre, songeant déjà au choix qu'il faisait. Il se retourna cependant avant de passer le seuil:

Ce n'était pas une catapulte. C'était un trébuchet.

Souriant intérieurement au souvenir de ce vieux Frère, il entra d'un pas résolu dans la grande salle où était réuni l'Ordre, une fois de plus. Sur les bancs siégeaient les Ecuyers, les Errants, les Cavaliers et Chevaliers, tandis que sur l'estrade, le Haut Conseil, une nouvelle fois incomplet, présidait le choix en cours et veillait à ce que les deux candidats soient départagés dans les règles.

Sans soucis de discrétions aucune, Rhuyzar s'avança jusqu'à ce que la faible lueur des torches dansant sur les murs et évitant les recoins, permette de le distinguer correctement. Quelques rides étaient apparues, le feu de ses yeux avait baissé d'intensité, il n'était plus ce fougueux Capitaine idéaliste d'antan et avait définitivement revêtu le costume de ces vieux militaires qui toisent la jeunesse en réprimant un soupir. Sa voix, cependant, était toujours aussi grave, et pour la première fois depuis longtemps, elle résonna entre ces murs:

Moi, Rhuyzar de la Louveterie, Chevalier de la Licorne, choisis mon Frère Nith.

Il avait prononcé les paroles rituelles, il avait choisi. Il ne dirait rien de plus, ainsi étaient faites les règles, il n'expliquerait pas les raisons de son choix. Il irait s'asseoir, en silence, et attendrait sans mot dire la fin de la cérémonie. En passant il salua Julios et s'assit à ses côtés, sur le banc des Chevaliers, fixant les deux candidats qui représentaient l'avenir.

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Remarque hrp: Ayant rédigé ce post avant qu'Erwyn ne fasse son retour, on pourra en conclure que Rhuyzar est arrivé avant son parrain et ne l'a pas croisé. Sinon de toute manière, tout ceci n'a pas de sens et c'est à jeter par la fenêtre. Et maman disait toujours qu'il ne faut pas jouer avec la nourriture.

Bond dans le temps : peu de temps après l'arrivée d'Erwyn à Ryes, et la discussion qui s'ensuivit.

- " Désolé, Chevalier, mais vous ne pouvez plus entrer : la cérémonie a déjà commencé. "

C'est une porte. Une porte massive de coeur de chêne épais, renforcée de plaques de métal soignées et polies. Une porte s'ouvrant sur une sorte de "hall" central, sur lequel plusieurs portes donnent. Environnement de pierre noire, et de silence.
Ce sont deux gardes. Un grand maigre et un petit gros, comme souvent. A l'exception du fait que c'est cette fois le petit gros qui a le rôle du meneur. En habit d'apparat, en tenue de cérémonie, sa vouge à la main, et son bouclier en amande, il garde la porte sus-dite (bon dieu, suivez-donc un peu !) et empêche les gens d'entrer. Normal : c'est un garde.
C'est un vieillard voûté, courbé légèrement sur un bâton de coudrier noueux, qui semble paradoxalement plus jeune de visage qu'eux. Un vieillard dont une lanière entre l'épaule et le bassin tient une épée dans le dos ; une épée caractéristique, lecteurs, puisqu'il s'agit bien entendu de Raëlinch. La poignée de l'épée susdite dépassait du dos du vieil homme, qui arborait désormais un mantel remis à neuf ; privilège de celui qui vient de revenir à la maison. Ce vieillard leur fait face, et aucune capuche ne cache ce regard d'un bleu de glace qui fouaille au tréfond des entrailles des deux hommes face à lui. Un regard qui perturbe, et inquiète. Un regard de tueur, voire de cannibale. Un regard de loup.
Un sourire lupin se fit sur ses lèvres qui se retroussèrent en un rictus qui était sa marque de fabrique ; deux lèvres se remontant vers le haut comme tirées par un divin marionnettiste, comme s'il était retenu. Un sourire ponctué d'une phrase, comme toujours énigmatique lorsqu'il s'agissait d'Erwyn.

- " Et le printemps a-t-il besoin d'attendre les hirondelles pour survenir ? "

Rappelons qu'il n'y a ici aucun lien à voir avec des hirondelles africaines ou indo-européennes, bien entendu.

C'était la première fois qu'Erwyn reparaissait devant l'assemblée réunie de ses pairs, et il était anxieux. Aussi anxieux que le jour de sa propre intronisation, et de la remise de son mantel par Hubert de Roques. Un nom dont on n'entendait plus parler que dans les livres d'histoire, comme beaucoup d'autres.

C'était un jour de début d'automne. Un jour d'automne magnifique, comme seule la Normandie en a le secret. La récolte des pommes était sur le point de se terminer, et les pressoirs fonctionnaient à plein régime. Des hectolitres de cidre frais brassé, de pommé, de pommeau, de jus de pomme, de compote, des kilos de tartes se déversaient alors en Normandie, alors que la Saint-Michel(1) arrivait.
Les hommes délaissaient les champs pour le ramassage, et la cueillette des légumes qui, comme le potimarron ou la citrouille, aiguilleraient les papilles au cours de l'hiver. A Ryes, on n'en était pas encore à l'époque où la rivière gelée empêcherait aux barges de remonter de la mer depuis Arromanches jusqu'au bourg. Mais on commençait néanmoins à sentir dans l'enceinte de la ville l'agitation inconsciente qui précède souvent l'hiver.
Les rebouteux marchaient à plein régime. Les voyants itou. Les vendeurs de poudre de perlinpinpin, les charlatans, les putes, les ivrognes, entamaient leurs derniers tours de chauffe dehors en sachant que bientôt, avec la tombée du manteau neigeux, ce serait la vie à l'intérieur, et ce pendant plusieurs mois.
Les feuilles des arbres prenaient comme chaque automne des couleurs somptueuses avant de tomber, brûlant leurs dernières réserves de vie dans une explosion de couleurs flamboyantes, fantastique mariage de l'or, du brun, du vert, de l'écarlate, en des teintes que seule la nature savait reproduire, années après années. L'humus devenait un tableau impressionniste à lui seul, et même les nuages, ce jour-là, avaient pris des couleurs de fête ; trois énormes cumulonimbus, ainsi, tourbillonnaient dans le ciel, laissant de larges bandes bleuies de ciel pur, nimbant le ciel de teinte de blanc, de noir, de gris, de brun et d'ocre. La journée était encore assez chaude, et les enfants jouaient dans les cours d'eau en riant.

Erwyn, avançant ainsi vers la cérémonie qu'il ne savait pas décisive pour l'Ordre mais dont il avait néanmoins eu vent, traversât ainsi les différentes cours de la Citadelle, traversant les attroupements sans s'arrêter ou même dire bonjour à qui que ce soit.
Traversant la Basse Cour, c'était un René Dangieu éberlué qui l'avait suivi des yeux, ne croyant pas reconnaitre celui qui l'avait sauvé à Castillon(2). Un René qui avait été prendre de l'eau, pour préparer la soupe qui constituerait l'essentiel du repas du soir. Les quatre seaux aux mains du géant noir avaient ainsi bringuebalé quelques instants, avant de s'immobiliser alors que celui-ci suivait de façon comique la trajectoire du vieil homme.
Amusé, c'était ainsi qu'Erwyn s'était alors tourné vers lui, et d'un simple : " Ton dernier rapport a eu pas mal de retard, failli Face-de-Maure... " qu'il lui fit le bonjour et l'au revoir.
Kékidi, interloqué, sans même en croire ses yeux et ses oreilles, restât ainsi quelques instants sans réaction. Puis, une fois le vieil homme parti, reprit sa marche et entama alors la préparation d'un banquet ; se disant que ce soir, le retour du vieil homme et l'élection de la nouvelle Licorne d'or devraient tous deux être fêtés. C'était ainsi qu'Erwyn of Kylebonhamm, 35e du nom, Chevalier d'Inzinzac Lochrist, s'était retrouvé bloqué par deux gardes à l'entrée de la salle du Chapitre, dont il revoyait maintenant de façon nette et précise les différents contours. Combien d'intronisés avait-il fait naitre à la Chevalerie dans cette salle ? Combien de fois avait-il posé le lourd mantel de pélerine grise sur les épaules tremblantes des impétrants statufiés ? Combien d'adoubements, de passages d'éperons ?
Oui. Cette salle, entre toutes, était la base de son souvenir de Ryes.
Et c'est en ayant dit ces quelques mots, et répondu de façon énigmatique à la demande d'un garde bedonnant qui lui avait mandé de ne pas entrer, qu'Erwyn, poussant les portes lourdes et épaisses de ses deux mains, pénétra à nouveau dans le cercle remis à neuf des Chevaliers de la Licorne.

Bande sonore(3)

Les portes résonnèrent longtemps dans le tranquille silence de la salle du Chapitre immense ainsi apparue à ses yeux.
Les traditionnels flambeaux étaient au mur, et les sièges du conseil à nouveau occupés pour la plupart. Les traditionnels frères emmantelés étaient à nouveaux présents, alors qu'au sol, le dallage en mosaïque représentait fièrement une Licorne dressée.
Erwyn, s'avançant en s'aidant de son bâton, marcha alors en longeant les bancs du Chapitre, comme si ces 15 dernières années n'avaient jamais existées. Comme si le Temps pouvait se replier, pour ne plus former qu'une ligne continue sans accrocs ni raccords. Comme si les écheveaux de fil des Parques pouvaient n'être toujours qu'un seul et unique fil, décrivant le destin du Monde. Comme si l'Espace blanc entre les nuages(4) pouvait n'être qu'une vue de l'Esprit.

Voyant qu'on l'observait, Erwyn se contenta alors d'une phrase très simple, et qui expliquait tout. Une phrase comme il en avait seul le secret.

- " Veuillez m'excuser pour ce retard. J'ai été quelque peu retardé. "

Retardé par la Vie, par la Mort... Ou bien tout bêtement par deux gardes qui faisaient leur travail. La vie n'est qu'un perpétuel recommencement.

Car la Mort n'est pas une Fin.

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(1) : Dans l'ancien temps, la Saint Michel (le dernier samedi du mois de septembre) était la date choisie par les nobles pour se faire payer, en nature ou en argent, ce que ceux-ci leur devaient. A la fin du Moyen-Age, la pratique n'existe pas de façon aussi codifiée. L'auteur s'excuse de ce petit écart de vraisemblance.

(2) : Cf, pour cela, le RP Cerridween-Kékidi!-Enguerrand, dans les cellules de Ryes.

(3) : Paroles Là !

(4) : Titre d'un tableau de Claude Monet. Impressionnisme, quand tu nous tiens... Very Happy

Sepa avait assez mal dormi, première fois qu’il devait participer à ce genre de sondage. Là ce n’était pas le sondage de routine sur l’intégration d’un nouveau membre. Il avait le choix entre deux chevaliers, il les connaissait plus ou moins bien. Il devait alors faire le bon choix, bien que quelque soit le choix, le chevalier serait motivé pour garder l’Ordre au mieux de sa forme. L’Escuyer se rappela de sa mission dans le Limousin, il avait rejoins Enguerrand, Cerridween et Nith, les trois personnes qui faisait parti de cet évènement mais l’un d’eux été malheureusement sortant sinon il ne serait pas présent en ce jour.

Le Chinonais trainait les pieds ne sachant pas quelle décision prendre. Il prit grandement son temps pour se préparer tout en réfléchissant. Vraiment, il doute avoir une décision si dure à prendre durant ses prochains temps. Enfin l’avantage, c’est qu’il n’avait pas besoin d’argument lorsqu’il donnerait sa réponse. Il s’habilla pour la cérémonie et se rendit comme il se devait à la salle des chapitres. L’Escuyer ne devait pas être des plus en avance comme à son habitude, bien au contraire. Pourquoi il fallait faire ce choix pfff.

Sepa arriva à la salle et comme il s’y attendait, il était l’un des derniers. Il alla quand même s’installer sur le bas des Escuyers attendant que son tour arrive. L’angoisse montait et une boule au ventre se formait. Voilà moment fatidique, c’était à son tour, il ne connaissait pas l’homme devant lui mais bon, ce n’était pas encore le moment pour ça. S’il était là, ce n’était pas pour rien, le Chinonais se leva puis alla annoncer son vote.

Moi, Escuyer Sepa Von Strass…donne ma voix à… Cerridween de Vergy.

Sepa s’en retourna à sa place, il avait fait son choix. Il connaissait un peu plus Cerridween que Nith d’où son choix. Bien qu’il la sache sévère et pire, il savait que ses choix étaient juste bien que ceux du Perplexe soit aussi judicieux que celle-ci. Sa décision était prise et il ne pouvait revenir en arrière. Avait il fait le bon choix, après tout, les deux étaient des membres du Haut Conseil donc les décisions seraient toujours prises ensemble.

Cela faisait à peine quelques minutes que le Vicomte était assis sur le banc quand une nouvelle silhouette se découpa à l'entrée de la grande salle. Il crut percevoir la voix d'un garde, se leva instinctivement, répondant ainsi à ses vieux réflexes de militaire et Chevalier, la main sur le pommeau de l'épée, la Licorne dans le gantelet, fumeuse métaphore s'il en est...

Une étrange brise se leva au moment où l'étranger fit un premier pas sur le dallage terne. Le genre de pas qui claque. Le genre de pas qui révèle une botte. Sans savoir pourquoi, Rhuyzar ressentit un léger frisson, un frisson venu de loin, lui rappelant cette sensation, ce jour où les torches avaient vacillé, où l'on aurait cru à la présence de l'esprit d'un certain Commandeur durant une Cérémonie... Le Comtois se tourna vers Julios et l'interrogea du regard, cherchant dans son sage et ancien regard un début de réponse aux questions qui l'assaillaient...

Car voila que le vieux loup, le Comtois, le Chevalier aguerri, l'ancien Pair Impérial, le Maréchal de France, le Capitaine tremblait... Voila que la prise de son gantelet sur le manche de sa lame n'était plus assurée... Et il ne savait l'expliquer... Il ne savait mettre un mot sur ce qui venait de franchir le seuil de cette grande porte...

Un second pas. La botte qui claque de nouveau, accompagnée d'un autre bruit, celui d'un bâton. Signe de l'âge avancé ou de l'état physique dégradé de son porteur. Le Licorneux fait un autre pas en avant, s'éloigne du banc de ses Frères, appelé par cette sensation, ce souvenir lointain, ce son, cette impression...

Les pas s'enchainent maintenant, la forme approche, se dessine, des couleurs, un visage, une lame qui tombe sur le sol avec fracas, la paume ouverte, Rhuyzar contemple ce qui ne peut être...

Incapable de dire un mot, il voit ce souvenir passer devant lui, ce fantôme revenu de nulle part, le premier parti des trois... Il le suit du regard, le détaille, cherche la faille, cherche le déguisement, la mascarade, prêt à bondir sur son épée dés qu'il aura la preuve qu'il n'est pas...

Le Chevalier bout sur place, tiraillé, pris dans un combat qu'il ne s'attendait plus jamais à revivre. Des mois passés à accepter sa mort, sa perte, le départ de son parrain, de l'homme qui l'a formé, guidé, éduqué... Des mois passés à accepter de prendre sa place et porter haut les couleurs. Des mois à combattre la douleur, le souvenir, des mois sans lui...

NON !

Son cri déchire le silence pesant de la Grande Salle. Sa voix n'est plus la même que celle qui passait un savon aux écuyers, que celle qui donnait des ordres aux soldats sur le front. Sa voix est déchirante, implorante, révélant un esprit malmené, solitaire, détruit, une détresse jusque là inconnue...

Le visage tordu par la rage, le Vicomte ramasse sa lame en tremblant, la serrant fermement dans son gantelet, la brandissant devant lui, face à cet homme qui se prétend revenant, qui usurpe une légende, qui accapare un titre et des faits d'armes qui ne sont pas les siens. D'un pas décidé il marche vers le vieil homme, le menaçant, de son épée et de son regard qui lance des éclairs de haine.

Non ! Tu n'es pas lui ! Cela ne se peut ! Il est mort ! Mort ! Tu entends ? Il n'aurait jamais disparu ! Il ne nous aurait jamais abandonnés ! Tu n'es rien ! Qu'un mirage ! Un menteur ! Disparais ! Fuis, je t'ai déjà combattu !

Tout en parlant il s'est rapproché de l'arrivant et pointe désormais sa lame à quelques centimètres de sa gorge, le fixant intensément, une folie dans le regard qui avait disparu des années auparavant, et que personne dans la salle n'avait certainement jamais vue...

Sa voix est cassée, presque larmoyante, colérique comme celle d'un enfant qui se refuse à grandir.

Qui es-tu putain ! Parle ! Dis-moi que tu n'es pas lui que je te tue sur le champ !

Assise sur le banc des errants elle sentait les minutes s'égrener comme des heures . Trop long, trop d'attente, trop de ..... Vouloir savoir, continuer et non recommencer. Oui continuer à servir l'Ordre .

Et pourquoi tant de volonté à cela ? On aurait pu trouver cela malsain, déplacé .. Non et puis quoi encore?
Dévouée elle l'était, à sa tache, à ceux qu'elle aimait et aux causes justes. Et c'est ce qui transpirait, en dehors des odeurs de la salle d'armes et des costumes matelassés lavés une fois la Saint glinglin.. C'est ce qui transpirait de l'Ordre... des causes justes, sans contre partie, sans attente.
Les personnes qui composaient ce jour la Salle du Chapitre était toute la pour donner, faire un long chemin sur la connaissance de soit, changer ses quelques défauts.
Ça elle l'avait appris à ses dépends, l'Etoile qui réagissait plus vite que sa lumière n'atteignait ses cibles... trop réactive? Peut être. Trop sensible? Sans doute....Enfin c'était aussi ce qu'elle était, une composante d'une multitudes de petites choses qui faisaient qu'elle était Antlia et pas un clone d'un autre.

Alors elle regardait les rangs, les bancs, pour découvrir certains qu'elle n'avait jamais vu ou à peine croisé ... à quand une grande réunion pour parler du temps qu'il fait et qui passe ainsi que celui qui viendra?
Elle découvrait silencieuse, le vote de certains, les hésitations et la venue.. non la revenue: cela ne se disait pas non plus. Le retour? terme non approprié. la résurrection ? Ah peut être.
A voir le chevalier s'étrangler devant un autre qu'elle ne connaissait point, elle aurait dit cela: avoir vu un fantôme.
Mais entre autre celui ci avait l'air de chair et de sang. Résurrection était donc le bon choix.

Elle n'intervenait point, mais jeta un coup d'oeil vers le haut conseil. Il se passait quoi là? Pourquoi un tel étranglement, une telle réaction?
Les âmes qui circulaient sans corps dans ce château, il devait y en avoir plus qu'il n'en fallait ou que l'on ne pouvait désirer .... Pouvaient ils alors revenir ?
Non pas possible ça ! C'était contre nature .
Alors patiente, elle écouta afin de connaître le pourquoi du comment de la réactivité d'un chevalier dont elle venait juste de faire connaissance.

Parfum de folie et d'incroyance.
Goût de douleur et de discorde.
Silence brisé et éclaté, comme cristal.

A quoi tient ce que nous nommons la Raison ? Est-elle un simple équilibre de puissances mises en jeu dans l'intensité de la Vie ? Ne tient-elle qu'au bonheur, et à l'absence de traumatismes vécus ? Comment parvenons-nous, contre vents et marées, à perpétuellement garder le cap de notre Destin, et à ne pas basculer dans une folie qui nous habiterait et nous consumerait toute entière ?

Le vieil homme ne bougeait plus. Scrutateur, le vieil instinct ayant repris le dessus, il s'était inconsciemment placé en garde, se mettant de trois quarts, côté gauche en arrière pour protéger le coeur. Ambiance de far west, dans une salle immense d'une forteresse séculaire.
Stoïque, Erwyn encaissât. Il encaissa la vision de ce qu'était devenu le Loup Blanc et de la fragilité du jeune homme qui lui sautait à la figure en une explosion impressionnante. Il avait quitté Rhuyzar jeune homme, à qui il avait confié sa suite à la tête de l'Ordre prestigieux, lui donnant son savoir, son affection, ses gantelets. Il le retrouvait homme mûr, avec plus de cicatrices, de bleus et de traces de gnons. Et, malgré le fait que la maturité apporte souvent la sagesse et casse l'impulsivité de la jeunesse... C'était un tout jeune homme qui s'avançait vers lui, lame pointée en avant. Un tout jeune homme qui n'en rappelait qu'un autre, beaucoup plus douloureux.

Eclair de mémoire.

- " Tu nous as abandonnés, maman et moi ! Tu nous as laissés seuls, sans ressources ! "

Métamorphose des lieux et des temps, pour un aller-simple en Franche-Comté. Un passage quelque part entre les ombres. Le passé d'Erwyn lui ressautait à la figure à travers le doigt pointé et dénonciateur d'un enfant de 12 ans. L'être qu'il voulait le moins au monde décevoir. Plus encore que l'Ordre. Plus encore que les êtres aimés.

Son propre fils...

Lucas.

Mort de faim, avec sa mère, lors d'une famine en Franche-Comté. Alors qu'il était sur un front, aux marches bretonnes. Alors qu'il luttait pour un royaume et un roy, qui l'horripilait. Des êtres chers jamais revus. Des deuils jamais effectués. Des plaies au coeur qui rougissaient encore, vives de tous les poids de même sorte accumulés...

Comme si le passé, le présent pouvaient se superposer. Comme si l'épaisseur du temps n'était guère plus grosse qu'un voile de satin. Comme si les regrets pouvaient tenir dans un mouchoir de poche. Erwyn tremblât un instant devant ce fatras jeté à sa figure, devant tant de douleur affichée qu'il s'était tant de fois imaginé dans ses cauchemars. Le Vieux Loup hésitât encore.

Qui était-il vraiment ? Etait-il fou ? Etait-il possible qu'ils aient raison, et qu'il ne soit qu'une âme en peine qui avait pris le tramway en aller simple pour de nouveau revenir sur terre, et à nouveau encombrer les vies de ceux qu'il avait aimé ? Etait-il plus qu'un poids, un fardeau, pour ceux qui étaient ici ?
Et de quel droit avait-il décidé de revenir ici ? De quel droit pensait-il que les morts pouvaient revenir à la vie ? Quelle folie s'était donc emparée de lui ?

Il avait attendu. Il avait attendu que tous soient possiblement morts, et que nul ne se souvienne plus de lui. Il avait regardé, sans jamais intervenir, leurs vies qui s'écoulaient, les écueils rencontrés, les obstacles surmontés. Parfois pleurant dans les loges d'observation de Bralic ; parfois gémissant de honte et de mélancolie dans les salles des souterrains perdus au creux de la montagne. Il savait. Il savait qu'à son âge, il ne vivrait plus des éons. Il savait qu'en revenant, c'était leur donner une joie superfétatoire, une joie inique, sans fondements, qui partirait avec sa mort réelle. Il savait qu'il ferait plus de mal que de bien en revenant.
Mais il n'avait pas le choix...

La mort de Marc-Philippe dans des circonstances inexpliquées, la mort de Morgennes, celle de Catherine-Victoire et de tous les membres de la famille royale n'était pas un hasard.
La mort de Marguerite de Volpilhat et de Reginhart de Malpertuis, son frère, dans leur hostel de Carcassonne, le vol de Hauteclaire, les troubles actuels un peu partout...

Tout était lié.

Il n'avait pas le choix. Il devait revenir vers ses vieux compagnons, car il en allait de la survie du Royaume, du Roy, et de ce en quoi ils avaient toujours crûs. Ainsi était-il revenu, et se présentait-il désormais face à eux, dans l'habit du pénitent, l'habit du jugement.

Ô Thot, Dieu des scribes, et toi, Osiris à l'immortelle balance... Me laisseras-tu seulement le temps de faire mon office ?

Bande sonore

- " Lâche ça. "Qui vit par le glaive, périra par le glaive. Tu vivras de ton épée, et tu seras asservi à ton frère.(1)" "

Erwyn, soudain, fit l'une des choses peut-être les plus... stupides, et les plus inconcevables qui soient. Il avança.

De sa main droite, il écarta la pointe de l'épée du Loup Blanc, et avança vers celui-ci, le regardant dans le blanc des yeux, de ce regard qui l'avait fait reconnaitre à Zalina. D'un regard comme peut-être seuls les nouveaux-nés sont capables. Un regard d'âme à âme. Un regard de coeur à coeur. D'être à être. Une connexion sans limites, sans liens, sans entraves. Une reconnaissance. Dans ses yeux on pouvait lire une détresse sans limite, et la mélancolie de toute une vie passée à s'en vouloir de choses qui n'étaient pas sa faute propre. Et, avançant...

Il le prit dans ses bras.

il referma ses bras de vieillard dans l'antique salut chevaleresque, le seul qui comptait encore, le seul capable d'éteindre les discordes. En une étreinte sans pareilles, de corps à corps, les deux hommes furent unis par les bras du vieil homme, qui alla s'abimer contre l'épaule du Loup Blanc, tremblotant de ce retour et de revoir une personne connue d'aussi près.

15 ans...

Peut-être se parlèrent-ils à voix basse. Peut-être échangèrent-ils des mots, des mots si beaux, si purs que seuls les anges pouvaient les comprendre. Perdus dans la bulle de cet instant, une transmission se faisait en sens inverse. Une information passait. Qui sait ?
Peut-être Dieu parle-t-il aux hommes à travers leurs émotions.

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(1) : Genèse, 27:40. Et Mathieu, 26,52.

Silence pesant entre chaque vote, comme si l'univers allait s'écrouler parce qu'un nom serait donné. Petit sourire qui naissait sur les lèvres de la brune, oui cela était important, à prendre au sérieux mais de là à afficher tous des têtes de trois pieds de long à la Roger Gicquel qu'a reçu l'avion tombé du ciel pile poil sur ses mocassins à glands....* Une irrésistible envie de rire commençait à poindre le bout de son nez. Comme à l'enterrement d'Apolonie. Avec elle, c'était toujours au pire moment qu'un fou rire menaçait de s'inviter. Question d'habitude mais après tout hein....

Les votes semblaient être en faveur de Nith, du moins si elle n'avait pas trop perdu le fil du décompte. De toute façon l'un ou l'autre saurait gérer. Là dessus elle n'avait aucune inquiétude et cessa donc de suivre, laissant son esprit vagabonder...

… Jusqu'à des pas... Remontant l'allée pour venir se poser sur les sièges des chevaliers. Ainsi il était toujours vivant. Ainsi il était toujours debout. Elle sourit. Pour de vrai cette fois. Sans envie de rire déplacée. Juste contente. Voici longtemps qu'elle n'avait entendu parler de lui. Le voir... Sans doute de la même période. Lointaine. D'ailleurs quand était-ce? Et où? Au Secrétariat d'Etat. Oui voilà. Qu'il avait déserté d'un coup. Mais non bourrique. Ici même. A cet endroit. Quand elle était entrée à la Licorne et qu'elle avait maudit son frère qui ne lui avait pas dit qu'elle devait attendre à la porte. Regard en coin, du coup, sur le dit frère, celui de sang. Après tout le principal était qu'il soit là. Un revenant de ce calibre ce n'était pas certes pas à négliger.

Elle reprit le cours de ses pensées, les votes allaient reprendre, tous ne s'étaient pas exprimés. Peut-être... Nouveaux bruits de pas accompagnés cette fois d'une canne. M'enfin c'était quoi cette manie d'arriver en plein milieu. Marie se retourna pour voir qui était celui ou celle qui se permettait de.....

Blanc....

Mais gros blanc....

Impossible. Tout bonnement impossible. Il ne pouvait. Ben non il ne pouvait pas. Il était mort. Bon d'accord on avait jamais retrouvé le corps mais qu'est-ce qu'on aurait pu retrouver au bas d'une falaise d'abord? Entre la hauteur, les rochers en contre bas, la mer... Comment aurait-il pu en réchapper? La rumeur de sa mort était parvenue partout. Lui qui semblait invincible avait péri. Pas par les armes...

Wanou...

C'était forcément une imposture, Rhuy qui venait de se lever et l'apostrophait avec fureur était de son avis. Ce n'était pas lui et puis c'était tout. Sans discussion aucune. Et pourtant, même si leur dernière rencontre remontait à... Même s'il avait veilli, blanchi.. Ce regard... Cette silhouette.... Même cette voix....

Sans s'en rendre compte elle s'était levée elle aussi, fixant les deux hommes dans les bras l'un de l'autre, oublieuse de l'endroit où ils se trouvaient, de la raison. Juste un souffle comme pour mieux se rassurer, audible mais incrédule.

Wanou.....

[* Oui merci Coluche, non c'est pas d'époque mais je m'en fiche. Laughing

]

Dernière édition par Akane le Ven 16 Oct 2009 - 21:55, édité 3 fois

Toujours sur son banc la cavalière, suivant les votes d’un air plus que pensif… Nith… Nith…Et encore Nith… La marge se creusait entre les deux chevaliers…
Se rendre à l’évidence… A chaque que le nom du perplexe est énoncé, c’est le glas qui résonne en son esprit, et elle devait se rendre à l’évidence. En ces murs, il était chevalier, en ces murs, tout était différent, comme… Dans un autre monde…

Une entrée, le chevalier Rhuyzar.
Le revoilà chez lui…Hochement de la tête… Il allait pouvoir les soutenir dans cette « crise » aussi bien dans l’ordre, que celle dont elle avait perçu les rumeurs dans le Royaume…Lui aussi donna son vote qui alla au perplexe…Combien de temps était il parti ? Elle ne savait plus et en avait cure, mais depuis de l’eau avait coulé sous les ponts, elle le regarda discrètement prendre place à côté des autres chevaliers…Avant de replonger dans son introspection et d’attendre la suite des événements…

De nouveau les lourdes portes de la salle qui s’ouvrent, un retardataire sans doute, et qu’es ce qu’ils étaient nombreux ! Elle ne prêta quasiment pas attention à l’arrivée de cette personne…

-" Veuillez m'excuser pour ce retard. J'ai été quelque peu retardé. "

Rapide rapprochement… Elle reconnu la voix facilement… Une voix de jadis… Une voix de sa prime jeunesse normande, une voix qu’elle avait entendu pour la dernière fois lors de sa parodie de mariage avec un usurpateur d'ailleurs banni de l'ordre… Erwyn, il ne s’agissait que de lui… Et elle ne réagit pas sur le coup.

Erwyn…

ERWYN !

Lentement, elle tourne la tête, réalise enfin…
Il était là, le chevalier blanc, il avait vieilli, mais il se tenait là devant eux, menacé déjà par la lame de Rhuyzar.
Ce n’est pas possible… Pas possible, il était porté disparu depuis si longtemps, disparition des plus louches dans les falaises bayeusiennes…
Etait ce la fièvre qui la faisait délirer ? Si cela continuait, elle verrait certainement Enox et Will rentrer eux aussi en trombe dans la salle…
On inspire, et on expire…
Et en son for intérieur, on espère que la folie nous libère de ses chaînes, mais elle n’est pas folle vous savez, la brune, elle voie juste des choses invraisemblables qui se déroulent sous ses yeux…
Soudain réflechir… La disparition de son épée, un soir d’octobre, qui lui avait été signalée par les hommes d’armes… Etait ce lui finalement ?

Visiblement, ce n’était pas un mirage, et le disparu de prendre Rhuyzar dans ses bras…
La normande se lève en leur direction, retient ses larmes, et se mit à ennoncer clairement le nom du chevalier.

-Erwyn of Kylebonhamm…Toi ici…Ce n’est pas possible… Non ce n’est pas possible… Enox, si tu voyais cela…Ton parrain semble revenu…

Il lui était dur de se contenir, il lui était dur de réagir aussi… Que devait elle faire ? Sa main droite bandée se plaça sur sa bouche pour essayer de retenir ses émotions.
Lui tiendrait on rigueur de sa réaction impulsive ?
Il y’a des événements qui ne peuvent se contrôler, et qui engendrent des réactions bizarres.
Et celui ci en faisait parti.
Allait il la reconnaître depuis tout ce temps ?

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Note aux lecteurs : J'ai indiqué dans mon rp que Wanou était le parrain d'Enox, pour moi c'est ce que j'ai comme vieuuuuuux souvenir de cette époque fort lointaine ( ah le bon vieux temps... )
J'ai pu confondre avec Tham' mais ça m'étonnerait... Qu'on me le fasse savoir si c'est le cas.

Les uns après les autres, les Licorneux étaient silencieusement venus prendre place en cette salle, qui allait être de nouveau le théâtre d’un choix des plus cornéliens. Enguerrand était l’un d’entre eux. Une sensation étrange vint tirailler Ethan quand il vit celui qui venait de l’adouber prendre place parmi les rangs des Chevaliers. Là n’était pas la place de cet homme qu’il connaissait maintenant depuis de nombreuses années. Leur Grand Maître démissionnaire les regarda tous, comme détaché de tout, comme si le fait de n’être plus impliqué l’avait soulagé d’un poids. De ce poids que commençait à ressentir le nouveau Capitaine. Les regards se croisaient, tous chargés d’émotions diverses et variées, bon nombre affichant une fatigue plus ou moins latente.

Quelques instants de silence s’écoulèrent avant que Simonin ne prenne enfin la parole pour rappeler à chacun le pourquoi de leur présence à tous. Hommage concis rendu à celui qui avait été leur guide au cours de ces derniers mois, il fut aisé d’expliquer d’aucun de ceux étant au Haut Conseil ne s’était senti la carrure d’assumer la relève. Mais ce n’était pas là la solution à adopter. L’Ordre se devait de perdurer, et pour se faire il se devait de posséder un Grand Maitre pour les guider et les représenter. Le choix, les Licorneux présents allaient maintenant le rendre. Chacun d’eux bénéficiant d’une voix, ils allaient devoir la donner à Nith ou à Cerrid. Les votes étaient lancés, et chacun avait à s’exprimer.

Laissant chacun parler à son tour, Ethan se remémorait les deux dernières élections du même genre auxquelles il avait déjà participé. Celle de Rhuyzar, seul et unique candidat qui s’était auto-présenté pour permettre la survie de la Licorne après la disparition de Guillaume. Puis celle d’Enguerrand qui avait été élu à la majorité des voix exprimées après la démission de Rhuyzar. Chacune d’elles avaient donné lieu à de tumultueuses discussions engendrées par l’intervention inappropriée d’un cavalier aujourd’hui parti. Ce n’était pas un mal qu’il ne soit plus là celui-ci … Lui comme son épouse s’étaient toujours positionnés en aparté, se voulant donneurs de leçons voire même supérieurs à bon nombre. S’ils venaient à savoir ce qu’était devenu l’Ordre depuis le départ, nul doute qu’ils formuleraient encore des commentaires des plus douteux. Et s’ils avaient été encore présents, certainement que la sérénité dans laquelle la salle était plongée s’en serait de nouveau trouvée troublée.

Il laissait divaguer son esprit, le Capitaine, percevant plus qu’il ne les écoutait les votes que chacun exprimait. Un Nith par-ci, une Cerridween par-là, il ne tenait pas les comptes. Peu lui importait en fait, l’un comme l’autre en avait l’étoffe, même si pour lui son choix avait déjà été fait depuis bien longtemps. De toute façon il leur faudrait s’organiser différemment pour que le Haut Conseil puisse mener à bien les tâches qui étaient les siennes. Depuis peu il avait pris conscience de l’ampleur de celles-ci. Nul ne pouvait imaginer tout le travail dont ils étaient chacun redevables pour que la Licorne puisse conserver prestige et notoriété.

Le jeune Guilhem se fit remarquer, non pas en ne prenant pas part au vote, mais en quittant la salle sans permission. Nul besoin de jeter un regard à Cerrid pour savoir que leçon serait donné à l’impudent … Zalina quant à elle s’était de nouveau positionnée contre le mur du fond. À croire que les fauteuils des chevaliers n’étaient pas à son goût, mais s’y était-elle seulement déjà installée au fait ? La question demeura en suspend en l’esprit d’Ethan qui se promit toutefois de remédier à cela lors de la prochaine réunion qui aurait lieu en cette salle.

Tout se déroulait au mieux, dans le calme et la sérénité lorsqu’après qu’Enguerrand eu fait part de son vote, Rhuyzar fit son entrée. Egal à lui-même, sans ambages ni fioriture, il s’exprima de sa voix profonde pour formuler son choix. Et ce fut alors qu’il prenait place sur l’un des sièges réservés aux chevaliers, que les deux lourdes portes interdisant l’accès de la salle aux non initiés furent de nouveau ouvertes. Un homme âgé s’appuyant sur un bâton le soutenant pour avancer, supportant lui-même une épée dont on voyait nettement la poignée dépassant de sur son épaule, et dont on se demandait même comment cet homme pouvait la porter. Cet homme se dirigeait vers eux, semblant connaître les lieux comme s’il y avait toujours séjourné.

Sans moufter, le capitaine le regardait se porter au devant d’eux, cherchant dans les yeux d’un bleu limpide de l’étranger, quelles pouvaient être ses intentions. Il inscrivit en sa mémoire de botter le fondement des deux gardes de l’entrée si le vieillard avait pénétré sans avoir eu à se justifier. Une étrange aura se dégageait de cet homme que certains auraient pu croire inoffensif, de celle qui faisait qu’on le percevait aguerri sous sa vouture peut-être forcée. Un homme de ceux dont on parlait souvent au passé, des chimères guerrières qui avaient parcouru le monde pour en pourchasser la vilénie.
Parvenu au devant du Haut Conseil, il s’excusa pour son retard, ce qui ne manqua pas de faire froncer les sourcils d’Ethan.

La scène se ralentit alors, Rhuyzar réagissant comme jamais on ne l’avait vu faire. Arme au poing il semble vouloir s’en prendre à celui qui venait d’entrer, mais semble soudain transi d’effroi, sa lame venant choir au sol dans un bruit venant faire éclater l’étrange silence qui s’était instauré. Puis la folie semblât le gagner, à tel point qu’il reprit immédiatement son épée, et psalmodiant des paroles insensées se dirigeait sur le vieil inconnu pour l’en menacer. Mais ce dernier ne bougea pas plus que nécessaire pour se positionner en position de défense, confirmation si besoin en était pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris, qu’il était bien un combattant confirmé. Et tout continua ainsi étrangement, l’épée fut écartée, et les deux hommes s’étreignirent comme si soudainement ils venaient de se retrouver.

Le vieil homme était donc bien l’un des leurs, à n’en plus douter. Un de ces Licorneux que tous pouvaient penser disparus on ne savait comment, et qui venaient de leur apparaître en chair et en os. Mais les votes n’ayant pas encore pris fin, et aucun des membres présents ne semblant vouloir intervenir, Ethan prit sur lui de s’en charger. Se levant de sur sa chaise, il prit la parole d’un ton neutre ne laissant deviner aucune émotion particulière.
Chevaliers, je vous prie de prendre place en les sièges qui vous sont réservés jusqu’à ce que la Licorne en ait terminé de décider de celle ou celui qui la guidera.
Vous aurez ensuite tout le loisir de nous expliquer ce qui nous vaut ces effusions.

Laissant le temps nécessaire aux concernés pour prendre conscience de ses paroles, il poursuivit.
Moi Ethan Newton, Capitaine Prévôt de la Licorne, donne ma voix au chevalier Cerridween de Vergy.

Puis il se rassit, comme si rien de tout ceci n’avait eu lieu, gardant tout de même un œil sur les deux protagonistes.

Invité

Fabien regardait ses compagnons de la Licorne voter un à un pour celui qu'ils pensaient à même de remplir la fonction de Grand Maître de l'Ordre.

La nouvelle était tombée à la dernière cérémonie d'intronisation comme le couperet tombe brutalement lors de jours sanglants. Aucun rapport, mais c'était pour la métaphore.

Il n'y avait pas un an que Fabien était Escuyer à la Licorne, et depuis tout ce temps, il ne connaissait que bien peu ses frères et soeurs de la Licorne. Seuls quelques uns d'entre eux lui étaient familiers, par le biais de missions ou de la proximité de leurs lieux d'habitation. Et les trois grands dont il s'agissait aujourd'hui n'en faisaient pas partie. Il était difficile de s'intégrer à la Licorne. On avait beau dire qu'elle était une grande famille...

Enfin, tout vient à point à qui sait attendre, comme dirait l'autre.

Quand son tour fut arrivé, Fabien se leva et dit:

Moi, Fabien de la Fléchère Marigny, donne ma voix à notre diplomate, Nith dict le Perplexe.

Depuis l'annonce de la démission du Grand Maistre Enguerrand de Lazare lors de la dernière cérémonie d'intronisation, une atmosphère tendue plane sur Ryes. La Licorne a perdu sa tête, mais pas ses membres et c'est justement à eux de jouer à présent mais une question subsiste. Qui? Qui pour succéder à ce grand Grand Maistre si on peut dire, à ce chevalier, à cet ami. L'ordre comprend nombre de personne remarquable et nul doute que le remplaçant sera à la hauteur de la tache. Mais avant cela une réunion des plus importantes devait avoir lieu et c'est d'ailleurs vers celle ci que le Gallois se dirige d'un pas pressé et l'esprit assez préoccupé par ce changement soudain. Si on lui avait dit que le jour de son intronisation se conclurait par le retrait d'Enguerrand du siège de Grand Maistre, il aurait eu un peu de mal à le croire. Il l'avait cotoyé durant pas mal d'année et il n'était pas le genre d'homme à jeter l'éponge, du moins pas sans bonnes raisons. Mais avait il vraiment abandonné? Il n'en restait pas moins encore frère et chevalier de l'ordre de la Licorne. Une page se tourne mais nombres d'autres restent à écrire et aujourd'hui débute un nouveau chapitre.

L'ecuyer pénétra dans la salle du chapitre pour la seconde fois en très peu de temps. Une fois installé il patienta silencieusement et pris connaissance de la façon dont allait se dérouler la réunion ainsi que le vote. Les noms ne furent révélés qu'une fois l'ordre au complet...plus ou moins. Les chevaliers Nith et le maistre d'armes bourreau tyrannique Cerridween furent proposés aux votes. Le plus dur restait à venir...faire LE choix. Inutile de dire que ça cogitait sec dans la caboche du Breccan qui avait un peu de mal à se prononcer à brûle pourpoint. Les deux chevaliers lui semblaient tout aussi méritant l'un que l'autre, sans l'ombre d'un minuscule doute, ceci n'avait rien de bien étonnant car tous deux chevalier de la Licorne.Ils étaient bien loin d'en être la moitié d'un...et c'est ce qui rendait la chose compliquée. Rien n'y faisait tantôt sa décision se portait sur Nith tantôt sur Cerridween et son indécision pouvait aisément se lire sur sa trombine galloise. Il luttait. Ses frères et sœurs plus prompt dans l'art de cogiter dans ce genre de situation, rendaient déjà leur vote. Le Diplomate ou le Tyran qui au fond n'en ai pas un, la preuve elle aime les chevaux...les ecuyers c'est autre chose par contre. Un leger sourire vint se glisser parmi les grimaces que Brec devait surement faire. Bon ce n'était pas non plus flagrant hein, il ne passait pas la langue et n'avait pas les yeux révulsés non plus. Et toujours plus de frères et soeurs qui se succédaient pour dévoiler leur décision. Les pensées bien occupées ailleurs, il n'avait pas pris soin de compter les votes afin de se faire une petite idée sur le nom de l'éventuel futur Grand Maistre ou Grande Maistresse...hmm tout bien réfléchi on va dire Grand Maistre pour la Pivoine aussi. Ben oui, on ne l'appelle pas Maitresse d'arme jusqu'à preuve du contraire.

Petit à petit un semblant d'ordre commença à apparaitre dans le tumultueux chaos qui régnait dans le crâne de Breccan. Pourquoi pas deux Grand Maistre? Boh non...trop facile. Il zieuta à gauche puis à droite et se rendit compte qu'il devait figurer parmi les derniers à ne pas s'être encore prononcé. Bordel de flûte, affole toi le colon! Leger soupire puis décollage de fondement du banc des Ecuyers.

Moi Brec'hellean Ddeallgar, donne ma voix au chevalier Nith.

Les dés sont jetés...
D'ici la fin de la journée, la Licorne aura retrouvé sa tête.

Invité

Ratgus arriva fort tard pour le vote mais ne l'avait point oublié. Ratgus avait été fort surpris et peiné de la décision de son Ami et Grand Maitre Enguerrand. Cependant Ratgus reconnaissait la bien là sa valeur, préférant se retirer plutôt que de mal faire son travail pour lequel il s'etait investit corps et âme depuis longtemps. Aussi Ratgus attendit que le silence fut, se leva comme l'avaient fait les autres illustres membres de l'ordre et d'une voix clair afin que tous entendent son choix. :

Moi, Ratgus d'Arafura, Ecuyer de l'ordre de la Licorne, donne ma voix à Nith dict le Perplexe.

Voila son vote était fait ... Ratgus se rassit en attendant la suite des évènements

L'italien assis sur sa chaise observait à présent la foule, ces frères et sœur qui n'osaient se lever pour énoncés le nom du promut. Les noms sortis n'avaient pas été une surprise en soit, chacun devait se faire à l'idée qu'il fallait changer de Grand Maitre voilà tout.
Mais l'un pris les devant suivit de l'autre, et les votes ne cessèrent . Simonin se contentait d'approuver du regard chaque vote. Un long soupir se fit entendre lorsqu'il entendit le jeune Guilhem, qui se tenait à l'écart des autres en prétextant sa tante.. soit, il faudrait que cela cesse, mais comment lui en vouloir ?
Qu'importait, l'Italien comptés les voix, par ce qu'il le fallait bien, et rapidement le Perplexe pris l'avantage..la Pivoine était elle crains ? le ritale se souvint alors de Rassaln, qu'il avait beaucoup craint à premier abord de par sa position de Maistre d'arme, et qu'il avait ensuite respecté et idolâtré.
Les voix se suivirent,les partisans de la rouquine, avec beaucoup de sagesse se manifesté petit à petit . Enguerrand, puis Nith, Cerridween, tous s'était manifesté avec sureté. Rhuyzar arriva en retard, ce qui ne surpris point l'italien. La voix énoncés, il ne restait plus grand monde à voté, et le normand avait une sacré avance, les jeux était fait.
L'Italien réfléchissait à la façon dont il allait l'annoncé, juste après qu'il eu lui même voté. Les formules se formaient, chaque phrases s'arrangeaient pendant que les derniers votés.

Mais un homme fit une interruption, un homme qu'il ne connaissais pas, mais dont la voix lui était cependant familière. Il écouta la requête et tout s'éclaira, Wanou...
S'était impossible, l'italien avait effectuer des recherches sur les cotes de bayeux, l'Italien l'avait inscrit sur le monument au mort de la Licorne, L'italien l'avait su mort.
Mais il se tenait là, laissant l'italien dans ses pensées, le laissant bouche bée. Simonin avait le regard vide face aux évènements, l'énervement de Rhuyzar, Ethan qui calme le jeu avant de voter. L'ancien Mainois n'en débloqua pas pour autant, de longues minutes passaient, certains votés, mais l'Italien ne pouvait quitter des yeux, cet homme, rongés par l'age mais élégant, qui se tenait face à lui.

Puis silence, c'est ce silence qui le réveilla, lui rappela ses obligations, il lui fallait clôturer la séance. On lui apporta les résultats écrits. Il jeta un oeuil et se leva, ballant, l'esprit perturbée.

Mes frères...Mes sœurs ! Malgré les perturbations rencontrés, nous sommes venus à fin de notre vote.
Vous avez choisis celui qui sera a votre tête, celui qui portera la Licorne d'or. Celui ci va se présenter devant vous afin pour y recevoir son collier. Vous pourrez alors lui prêter allégeance.

L'Italien fit une légère pause.

Ainsi, Nith lève toi et présente toi face à tes frères car ils t'ont élu. Présente toi face à eux et reçoit de leur main le collier qui marquera ta fonction.

Au début, sa mine était renfrognée, ce genre de cérémonie ne lui sied guère, il n'aimait guère être au centre de l'attention, et, finalement, il se sentait bien derrière la carrure massive d'Enguerrand... Mais désormais, il ne pouvait plus échapper au regard, à l'intérêt général: son nom avait été cité, il ne pouvait guère faire autrement. Mais ce n'était pas faute d'avoir essayé... Une appréhension montait de plus en plus dans l'esprit du Normand. La tâche qui allait de pair avec la charge de Grand Maistre, il avait pu en être un témoin privilégié, au premier plan. Des heures à passer en la salle du Haut Conseil, des décisions à prendre, pas toutes réjouissantes, des discussions, autorisations et autres dialogues de sourd à mener. Non, ce n'était guère de tout repos. A chaque fois qu'il entendait son nom prononcé dans la haute salle, ce fut comme un coup de marteau sur ses épaules. Puis vinrent les questionnements, habituelles pour le Perplexe, inhérents à sa nature, pourrait-on dire. Sera-t-il à la hauteur de la tâche? Sera-t-il capable de maintenir le prestige de la Licorne au même niveau que ces prédécesseurs? Sera-t-il digne de la charge qu'on allait lui confier? Mais pourquoi lui, d'ailleurs? Sera-t-il capable de faire preuve d'autorité, de faire des choix qui peuvent ébranler les convictions des membres de la Licorne, dans le but et l'intérêt de l'Ordre? Déjà qu'il avait sacrifié sa vie de famille pour l'Ordre, sera-t-il prêt à sacrifier jusqu'à son temps libre et toute son énergie uniquement pour cette exigeante maîtresse qu'était le devoir? De par sa formation, de par ses propres talents, il ne s'était pas vu à la tête de du plus prestigieux des Ordres Royaux, mais plutôt comme un conseiller, une éminence grise, beaucoup plus à l'aise à travailler dans l'ombre plutôt qu'à être projeté sur le devant de la scène. Non, il ne se voyait pas Grand Maistre...

Hochements de tête, air de concentration intense sur le visage du Perplexe, approbation à chaque fois que l'on prononçait l'un des noms des candidats. Un, deux, trois... Oh la la, ça faisait beaucoup... Et heureusement qu'il n'y avait pas de miroir, sinon ça ferait double... Oulà, mais qu'est-ce qu'il lui prenait? Il avait dû s'assoupir, ou alors divaguer dans les méandres de sa fatigue mentale. C'est fou ce que le cerveau peu produire comme image débile, comme comportement idiot et geste inconsidéré. Voilà qu 'il se faisait blonde à compter les membres et les votes... Bon, on en était à combien alors? Il y avait peut être du monde dans la salle du Chapitre, mais nombre de Licorneux manquaient à l'appel, malgré l'annonce faite, malgré les courriers envoyés à tous les membres, par monts et par vaux. Non, ce n'était guère acceptable, sans un mot d'excuse, sans même une tentative d'arrangement. Pourtant, ils savaient tous où se trouvait Ryes, non? Ou alors cette information serait-elle partie dans les méandres de l'oubli, en même temps que leur sens du devoir envers l'Ordre, devoir qui faisait partie du serment prononcé à l'entrée à la Licorne. Non, il ne pouvait laisser passer la chose. Il avait compté, bah oui, il fallait bien que sa minute blonde lui serve un peu à quelque chose, et le résultat était sans appel: on accueillait un Perplexe sur le siège du Grand Maistre. Et bah, on était pas sorti de l'auberge...

Mais certains événements ne se passent pas toujours comme prévus, ce qui est souvent le cas lorsque cela concerne le Perplexe. Bah il n'était pas dans la logique des choses de voir un noble se faire poignardé en pleine cérémonie d'hommage au Duc de Normandie, et qui bien sûr était Duc lors de cet incident? Ou alors qui était celui qui parvenait à trouver une barque afin d'éviter de se prendre une armée ennemie en pleine figure et de se retrouver en surnombre? Et le pire, qui a réussi à se faire tabasser à mort par ses compatriotes normands alors qu'il était venu pour les soutenir et les aider sur le front? Bon, le premier événement est plutôt apprécié, le retour d'un ancien Capitaine et Grand Maistre pour quelques jours à peine, juste le temps de mettre en place le nouveau Haut Conseil qui dirigerait l'Ordre. Cela faisait bien longtemps que l'on avait guère vue Rhuyzar sur les terres de Ryes. Certains le trouvent sinistres, d'autres effrayants. En tout cas, il ne laisse pas indifférent, c'est le moins que l'on puisse dire. Il avait toujours paru impressionnant pour le Perplexe, une figure inapprochable, inaltérable, un des piliers de la Licorne qui soutiennent l'édifice. Mais aussi un homme de l'ombre, souvent posté dans le noir, aussi profond que l'ébène dont il se vêtait. Mais voilà que l'ancien votait pour lui... Il avait espéré, naïvement, que l'ancien Capitaine allait demander à ce qu'il fasse lui aussi partie des choix proposés au poste de Grand Maistre. On ne savait jamais, sur un malentendu, cela aurait pu marcher...

La seconde surprise arriva lorsque les portes s'ouvrirent bruyamment, alors que la cérémonie et le vote était déjà bien avancés. En général, lorsque l'on se retrouvait en retard, on tentait de faire oublier sa présence, à éviter de se faire remarquer et de s'attirer les foudres des autorités, en l'occurrence, le Haut Conseil. Mais là... D'abord, qui était-il? Le doute commença à s'insinuait dans l'esprit du Normand: soit Ryes était devenu un moulin pour que tout un chacun puisse parvenir à y pénétrer sans encombre, soit on avait réussi à entrer subrepticement, ce qui ne gageait rien de bon pour la sécurité de la forteresse... Mais cette phrase mystérieuse... "Veuillez m'excuser pour ce retard. J'ai été quelque peu retardé." Mais c'était qui? On avait l'impression que la forteresse lui était familière, et qu'en plus, il faisait partie des membres attendus pour cette cérémonie. Mais qui pouvait bien être e vieillard au bâton blanc, qui faisait irruption en ces lieux sacrés pour la Licorne, comme s'il en était le possesseur légitime. Et depuis quand on laissait entrer les vieux fous dans la salle du Chapitre? Il y aurait donc une bonne explication à faire avec les gardes de faction, notamment sur leur laxisme, d'autant que personne n'avait été prévenu au Haut Conseil, à voir les réactions de chacun des membres...

Et pour combler le tout, la troisième surprise: la réaction de chacun. La première fut celle de Rhuyzar, et cela faisait un choc de le voir ainsi perdre son sang froid, lui qui semblait aussi solide et constant que le marbre. Une épée qui tombe au sol dans un fracas retentissant, le son amplifiait par l'écho, avant d'être reprise d'une poigne de fer dans la main de son propriétaire légitime. Visiblement, c'était une personne connue, ou du moins qui lui en disait suffisamment pour qu'il se mette dans tous ses états. Mais qui cela pouvait-il bien être? Il lui semblait pourtant connaître tous les membres de la Licorne, sans quoi il aurait normalement été impossible pour l'homme d'entrer dans cette salle. Et ceux que le Capitaine Noir avait pu connaître mais que le Perplexe ne connaissait point, ils étaient tous morts, six pieds sous terre... Des cris, des menaces, une lame à nue pointant sur le vieillard. Non, on ne pouvait pas dire que tout se passait normalement... Et puis une accolade entre les deux hommes, alors qu'à peine une minute plus tôt, le plus jeune semblait vouloir l'étriper. Il ne comprenait plus rien: mais qui était cette homme?

Une partie de la réponse vint avec la réaction de Marie Alice. Ce serait donc Wanou? Non, impossible. Il était mort, noyé et parti depuis déjà bien longtemps. Non, elle devait se tromper... L'histoire avait déjà fait le tour de la Normandie, que le célèbre Chevalier de la Licorne Erwyn avait trépassé, tombait du haut des falaises escarpées du littoral normand. Non, on ne pouvait réchapper à pareil saut, à moins d'être un oiseau. Non, ce ne pouvait pas être lui les cadavres ne se relèvent pas... Non, c'était forcément une erreur, une méprise, une pantomime ignoble: on ne devait pas jouer avec les défunts, mais les laisser tranquille, leur permettre de se reposer en paix dans le paradis solaire. Mais pourquoi fallait-il que cet homme, cet inconnu, suscite pareille émotion?

Et puis c'était une autre personne qui se leva: son épouse... Non, mais où se trouvait-on? Les choses avaient été bien trop loin, c'était devenu du n'importe quoi. C'était une cérémonie. Une CEREMONIE bon sang! Depuis quand sortait-on sa lame en pareille occasion? Depuis quand se levait-on au gré de ses émotions, sans aucune retenue, sans aucun respect pour ce qu'il se passait autour? Protocole, ça dit quelque chose à quelqu'un? Mais quel vent de folie s'était abattu dans la salle du Chapitre? Au moins, il y en avait un qui n'avait pas perdu toute raison, en la personne d'Ethan. Il prit les choses en main en calmant l'assistance, bien avant que le Perplexe ne réagisse. Il était blême, apathique. Tout cela allait bien trop vite, et cela ne se passait pas comme prévu, selon es règles établies. Non, ce n'était pas du tout ce à quoi il aurait pu imaginer. D'ailleurs, il ne s'était jamais vu à la tête de la Licorne, lui le pauvre soldat Normand, adressant timidement sa lettre de candidature au Grand Maistre Thierry...

La cérémonie continua tout de même, malgré cette interlude malvenue, et les votes reprirent. Cependant, une sorte de tension semblait toujours planer dans la pièce, une atmosphère de suspicion, de doute. Et puis un grand silence... Tout le monde avait dû s'exprimer, désormais. Un moment d'attente, une pause dans toute cette agitation, un moment de répit, aussi. Mais pour le Perplexe, se fut le temps nécessaire pour réaliser ce changement, pour se rendre compte de sa nouvelle place, de sa nouvelle charge, de sa nouvelle tâche. Et non, ça ne donnait pas vraiment envie... Le discours du Chancelier fut clair et concis, pas de simagrée, droit au but. Bien, quand il fallait y aller...

Il se leva de son fauteuil, laissant les caducées sur le siège. Il s'avança alors, de sa démarche caractéristique, et non de celle caractéristique du cow-boy des temps modernes, bien qu'il ait passé beaucoup de temps en selle. Mais pas suffisamment pour que ses jambes s'arquent dans cette position si particulière... Il contempla la salle, la haute pièce, le haut lieu de la Licorne, son coeur... Les murs blancs, étaient-ils crépis? Oui, on pouvait se demander ce que pouvait bien venir faire une question pareille... Mais la décoration de la salle du Chapitre était importante, reflétant la conscience, l'humeur de la Licorne et des enfants qu'elle protégeait en son sein. Puis il regarda ses Frères et Soeurs, ces personnes qui lui avaient donné leur confiance pour les diriger. Il s'en sentait honoré, il n'y avait point à en douter, mais par contre, il craignait de ne point être à la hauteur. Il n'était pas fait pour diriger, mais plutôt pour suivre... Et là, il allait devoir arborer le double collier: celui de son rang de Chevalier, puis bientôt celui de sa charge de Grand Maistre. La perspective n'était pas des plus réjouissantes... Mais avant, il y avait la question de l'étranger à régler, et au plus vite. Il prit alors la parole, d'une voix ferme et autoritaire, bien différente de ce à quoi on pouvait s'attendre après une nuit blanche...

Vieillard. Sors de cette salle où tu n'as point été convié. Ici ne peuvent se rendre que les membres de la Licorne, ce dont, aux dernières nouvelles, vous n'êtes point. La moindre politesse aurait été de se présenter, surtout en interrompant une cérémonie.

Il fit un signe de tête en direction des hommes de faction aux portes, afin qu'il raccompagne l'inconnu hors de cette salle. Non, ce n'était pas le moment de venir irriter le Perplexe. Il se plaça au centre de l'estrade, saluant tout d'abord d'une révérence les membres du Haut Conseil, encore en nombre restreint. Puis il se retourna vers l'assemblée de la Licorne, et les salua de même. Humilité et Respect, envers ses pairs, ses frères, ses partenaires. Enfin il s'agenouilla, face aux Escuyers, Errants, Cavaliers et Chevaliers. Il était l'un d'eux, quoique puisse être sa charge et son rang, il faisait partie de la Licorne. Genou à terre, il attendit la suite de la cérémonie, et l'achèvement de son ancienne vie...

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