L’an de grâce 1459 était là, et en ce début du mois de janvier l’hiver semblait se radoucir un peu. Une fausse impression de fin d’hiver régnait dans l’air. Pourtant la morte saison avait commencé de bonne heure en surprenant tout le monde, du métayer au gueux. Le sol avait gelé bien trop tôt et la neige encombré la campagne. Certains champs n’avaient pas été fourragé ou d’autres pas préparé pour la récolte de la saison prochaine, le bétail mal nourrit mourrait… la gêne était passée, la disette pointait et annonçait la famine. La seule chose qui semblait ne pas manquer : c’était les loups ! il y en avait à foison rôdant aux abords des villages et piégeant enfants et bétails qui avaient le malheur de s’éloigner un peu trop… Cette nouvelle année n’annonçait rien de bon.
L’homme d’arme de la Licorne Deboishardy était loin de cela pourtant, derrière la herse close de la forteresse de Ryes, il essayait de profiter d’un rayon de soleil pour réchauffer le visage et les mains rougies par ce froid tenace, et auquel il ne s’habituerait sans doute jamais. Pourtant contre toute attente un visiteur avait bravé le froid et la neige ,et a fortiori les loups, pour se présenter devant l’entrée de la forteresse militaire.
Fool jaugea le visiteur, de belle apparence et de bel équipage, il ne doutait pas que ce personnage occupait des fonctions importantes.
Lorsqu’il se présenta les suppositions se confirmèrent.
Je vous souhaite le bonjour, sire.
Fool saisit le parchemin présenté et le lut. Il avait vaguement en tête les personnalités attendues par les membres de l’ordre et le nom du visiteur ne lui disait rien. Certainement l’individu n’avait point de laisser passer. Un instant après il reprit à l’attention de l’ambassadeur.
Mes félicitations pour votre nomination. Je vais faire le nécessaire pour transmettre votre lettre de créance au diplomate de notre ordre, sire. Il fera le nécessaire pour prendre contact avec vous au moment opportun. Je vous remercie d’avoir pris la peine de nous faire connaître sans délai votre nomination.