[RP] Peut-on retrouver des pas perdus...

Sujet: [RP] Peut-on retrouver des pas perdus... Dim 3 Jan 2016 - 16:09

[Suite du retour de la Pivoine Noire ]

[Peut-on retrouver des pas perdus... ]

Rien n'est qui ne change, rien ne change qui n'est à jamais. Les jardins comme le reste sont tels et différents ce ce qu'ils furent. Je leur préfère désormais le sommets de nos murs. Là, la vue porte ailleurs, et avec elle les pensées partent vers ceux qui ne sont point ici. Jardins comme forêts, Ryes comme France, Europe comme Orient, présent comme passé, proches comme absents s'offrent à nous

Elle l'a regardé, acquiescé de la tête. La main valide a rabattu la capuche sur les mèches de feu qui se piquettent de blanc avec le froid et les années. Puis elle se fond sur le bras du chevalier et se laisse guider vers l'intérieur de la forteresse.
Elle reconnaît... la cour, les extérieurs, les passages... elle les a arpenté, autant de fois qu'elle ne peut les compter. Chacune a ses souvenirs... chacune ses fantômes... es-tu devenue l'un d'eux, Pivoine ? A force de te perdre dans tes charges ? As-tu fusionné plus que tu ne le voulais avec ces pierres et ces chemins, dans ces nuits dont tu as fait ta couleur et ton emblème ? Qu'as-tu laissé ici ? Es-tu juste un nom lointain, un souvenir ? Une pierre parmi d'autres, Pivoine... c'est ce que vous avez tous juré.

Le trajet jusqu'aux remparts avait été silencieux.
Seul le vent, se faufilant dans les escaliers, vient murmurer entre les portes et les passages, faisant voleter les flocons comme les pensées qui restent encore secrètes.
Elle se laisse guider, marchant à son pas et à son rythme. Elle ne veut rien interpréter et pourtant... est-ce un déséquilibre qui lui a fait presser sa main là, à la dernière marche de cet escalier ? Est-ce le poids de son regard qu'elle sent sur elle, cachée entre les fourrures de sa capuche ?

Les pas, un peu perdus, s'arrêtent devant le paysage de la campagne de Ryes, qui étale sa blancheur naissante jusqu'à la mer lointaine. Ils sont là, sous la sous pente d'un toit d'une tour de garde, presque à l'abri de la froideur environnante.
La main valide se pose sur le plat du rempart... elle regarde.... ce qui est si familier et qui semble si … loin...
Sa bouche exhale un soupir... elle se perd un instant dans la contemplation du silence de l'hiver. Puis quelques mots, tenus, retenus, témoignant une peine contenue...

Tu m'as manqué...

Le silence reprend un instant ses droits, au détour d'une bourrasque... elle a tellement vécu dans le silence que parler lui semble douloureux... surtout quand il faut lui dire, à lui, pourquoi sans explication, elle s'est évaporé comme de la brume...

J'avais trop mal, Guillaume... et je ne pouvais pas te dire à quel point j'avais mal...

La main se serre sur la pierre... comment annoncer ce qui est indicible... pour elle comme pour lui...
Après un long silence...

Personne n'a su... à part Karyaan...

Elle baisse la tête avant de se retourner vers le chevalier, les yeux perlés de pluie.

Alors j'ai fui... Guillaume... j'ai fui parce qu'à cet instant là.... je n'avais que la force pour cela... et je t'ai abandonné sans explications et sans au revoir, sans détour... je n'aurai pas l'audace d'exiger quoi que ce soit... tu ne me dois rien...

La voix se casse...

J'espère juste... que tu comprendras... un peu... pourquoi pas...

Un sourire désespéré vient casser son visage alors qu'une larme se perd à la commissure de ses lèvres....

Au mieux, Guillaume... tu me pardonneras...

Sujet: Re: [RP] Peut-on retrouver des pas perdus... Lun 4 Jan 2016 - 23:54

Leur silence n'est pas réconfort. Il le sait, il ne la connaît, il ne se connaît que trop pour cela, les torrents se groupent au sommet de la montagne. Dans quelques instants, ils la dévaleront de toute leur puissance, de toute leur impétuosité, emportant, arrachant avec eux ceux qui tenteraient de leur résister. Les silences avaient été trop longs, les absences trop douloureuses. Si des diamants d'eau salée avaient perlé à l'ombre de la herse, ils seraient cent, ils seraient mille à bientôt les noyer. Le silence n'est donc pas répit, il est tension, fatigue, crainte. Crainte de ce qui va être dit, de ce qui va être ressenti, de ce qui va être créé. Car même la destruction amène la création. Et souvent cette création fait plus encore de dégâts que les orgues de Lucifer crachant leur salpêtre.

Pourtant, il ne l'a pas brisé, ce silence. Elle l'a surpris, dans son arrivée. Il se sentait coupable, au vrai. Coupable de ne pas avoir écrit plus, de ne pas avoir essayé plus, de ne pas avoir envoyé valser son monde pour retrouver le leur. Coupable d'avoir respecté son serment, coupable d'avoir été lui, sans masque, sans vernis, sans dissimulation. Et rien. Il savait qu'il n'y aurait nulle récrimination publique. Pas chez ce gens-là. Mais il aurait cru pouvoir lire, deviner dans ses traits, dans la raideur d'un muscle les reproches, dont il s'agonissait déjà. Et dans le silence, il ne décelait pas le début d'une guerre. Mais bien une force qui sourdait du fond de leurs âmes, conjuguées pour leur mutuelle destruction. Si sa culpabilité l'avait jusqu'alors empêché de se souvenir qu'elle n'était pas de celles qui vivaient dans les récriminations, fussent-elles justifiées, elle cédait maintenant sous les coups de butoirs de la vérité retrouvée. Seule la vérité naîtrait de leur rencontre, il le savait, et seule la vérité aurait raison d'eux. Le mensonge est presque un baume à ses esprits plus caparaçonnés contre lui que la plus brillante armure de Milan contre les piques et les carreaux.

Aussi n'avait-il rien dit, se contentant, et c'était là déjà effort assez considérable, de la mener vers le bastingage de leur navire de pierre. Un navire dont on ne devrait quitter le bord que pour embarquer sur la chaloupe de Charon. À plusieurs reprises, la surplombant de sa taille, il avait couvé du regard sa sombre masse encapuchonnée, laissant poindre dans son regard que personne ne capterait tous les sentiments qu'elle lui évoquait. Pour un peu, un sourire serait venu étendre son visage. Mais ils avaient atteint leur destination. Trop vite. Juste à temps. À temps pour que la Pivoine fasse jaillir les torrents de ses pensées.

Guillaume s'en laisse frapper, recouvrir, noyer. Aucune de ces vagues ne demande une réponse. Elles doivent toutes heurter celui qui ne leur résiste pas et qui, si lui-même le veut, s'en relèvera. Son regard est fixé sur le profil qui s'anime, économe de ses mots, meurtrier dans ses paroles. Et au-delà des fils d'argent, au-delà des sillons des ans, au-delà de tout ce qui est, il retrouve celle qui a fait trembler les murs et les écuyers de la Licorne. Mais aujourd'hui, c'est lui qui tremble. La disparition, il ne la connaît que trop. Il sait qu'elle le sait. Il lui serait inutile de s'y appesantir si cette absence ne disait pas plus. Pourtant, il ne comprend pas, pas directement. Comment le pourrait-il ? Il garde le silence, perdu dans son incompréhension.

« Coupable ? Mais de quoi ? Qu'elle ne me pouvait dire... Que sa disciple pouvait seule savoir... Karyaan, qui l'a défendue en protégeant et regagnant Léard. Devait-elle la protéger... de moi ? » Mais qu'aurait-il jamais pu lui reprocher ? Il n'y avait eu nulle promesse intenable de formulée. Ils n'auraient pu exiger de l'autre ce qu'ils se savaient eux-mêmes incapables de lui offrir. « Ou nous ne fûmes pas... pas seuls ? »

Cette fois, c'est à Guillaume de manquer un souffle quand elle tourne vers lui son visage. Se pouvait-il que ? Il laisse la larme dépasser le barrage des lèvres et continuer sa course vers la chute. C'est lui qui se sent tomber. De plus en plus vite. Comme aspiré par le vide. Il voit trembler la frêle lumière de la vérité. Cette vérité qu'il redoute en l'espérant depuis qu'il a découvert sa silhouette quelques minutes plus tôt.

- Un... un... jamais le mot « enfant » ne sortit de ses lèvres, comme s'il était trop lourd, comme s'il allait briser le fil plus mince que l'air sur lequel ils se trouvaient en équilibre. Nous ?

Les paroles sont trop difficiles. Elles semblent butter sur l'air frais qu'il respire. Il fait un pas vers elle et l'enveloppe de ses bras. Leurs respirations s'accordent. Là, dans le silence qui dit tout, deux âmes se retrouvent.

» si ca peut servir :
» Un Jagellon peut en cacher un autre
» Une décision qui peut tout changer..
» Maintenant elle peut dire au secours ^^
» [En cours] Blasons à refaire ou retrouver pour le nobiliaire