Pour requinquer un commandeur...

La rousse poussa la porte de la taverne avec le Commandeur Totox à son bras, encore un peu grogui de son duel avec Zarhroc qui suivait non loin. Il venait de tout bonnement tomber dans les limbes, et l'écuyère avait été obligée de le réveiller à coup de claques et à grand renfort d'un seau d'eau sur la figure. Totox avait à son grand soulagement ouvert les yeux...

Depuis la salle d'armes, le commandeur s'appuyait avec force sur son bras et l'écuyère commençait à se dire qu'il faisait exprès pour l'enquiquiner. Elle avait fait un détour pour attrapper sa trousse d'herboriste et concoter une fois sur place la mixture promise à Totox additionnée de prune. Elle prit soin d'assoir tout d'abord le commandeur à une table en disant bien fort :

Et bien les commandeurs c'est plus ce que c'était... y en a un qui vient d'être battu 8 touches à néant, alors qu'il est instructeur, je dis ça, je dis rien !

Elle esquiva une claque qui arrivait vers son postérieur et se dirigea vers le comptoir, un sachet d'écorce de saule à la main, comptoir derrière lequel trônait comme d'habitude le tavernier indéboulonnable, Kékidi... la rousse ne l'avait pas vu depuis un moment et lui offrit son plus beau sourire lorsqu'elle vient s'accouder au comptoir :

Le bonjour Monsieur le tavernier ! Je vous amène un blessé, à qui il faudrait, avec votre aimable permission, une bonne infusion de ceci * le sachet d'écorce de saule attérit sur le comptoir * additionné de prune, puisque les commandeurs, c'est bien connu, sont difficiles... cela l'aiderait à être moins grognon et à atténuer son mal... je vous en serai très reconnaissante, je commence à être lasse de ses jérémiades.

La rousse fit un clein d'oeil complice au tavernier avant de partir d'un grand rire...

Il s'était perdu ! Vous vous rendez compte ? Perdu ? L'âne ! L'euphorie de la victoire sans aucun doute, il ne savait vers où il avançait. Malheureuseument pour lui, les portes se ressemblent beaucoup par ici, et, se enfin arrivé devant la taverne, il en avait ouvert une en criant :

'soir tout le...

Puis il s'était tu, d'un coup, un homme au regard sevère le regardait, probablement un des responsables de l'Ordre. Zarhroc (car c'était bien lui ) ne les conaissait encore pas tous. Il avait du refermer cette porte doucement avec un murmure d'excuses.

Retombé sur terre, il s'était à peu près resitué, et avait fini par trouver cette satané taverne. Ilouvrit la porte doucement, montra sa tête et un petit :

C'est bien là ?, sorti de sa bouche.

Oui apparement, plus de doute possible, et Cerridween et Totox était déjà là, avec l'indétournable tavernier, le grand (et gros) Kékidi !
Il ouvrit alors la porte dans un grand fracas, ce qui fit entrer une énorme bourrasque de vent, et cria encore une fois :

ME VOILA !!!!!!!!!!!!!!!

Puis referma bien vite la porte avant de se prendre une taloche "spécial René" !
Et comme si de rien n'était, avec son grand sourire des grands jours, il avança vers le comptoir et commanda :

Un Armagnac !!! J'ai besoin d'un digestif, je viens de bouffer l'commandeur !!!

Traversée de la forteresse avec l'esprit embué. Assise rapide a une table . Petite lueur dans la cervelle , juste assez pour comprendre que la perfide rousse se moque de lui . le pauvre commandeur a la tete remplie de bosses tente desesperement une claque vers les fesses de la damoiselle. mais homme mur n'est pas en etat pour battre la vivacité de la belle rousse. celle ci , l'air de rien , l'abandonne et se rend au comptoir pour comploter avec le tavernier.

XXXXX...Prune XXXXX

*Arf , mais que me fait elle . Prune beurkh , encore un breuvage des lointaines contrées du sud ca ...J'ai dit poire moi , POIRE c'est pas compliqué , en Berry on boit de la poire bon sang*

Mais soudain un grand vacarne !!!


*Defection , vla encore le jeune coq ...Ca va pas arranger mon mal de crane ca *

[Sorry pour le retard...Et c'est r'parti! ]

Le René était, comme à son habitude (incroyable, s'pas?), en train de siroter tranquillement une roteuse, appuyé au comptoir qui séparait l'emblématique cuisine de la salle commune. Il avait passé sa matinée à briquer les sols et à rendre à la taverne un état de propreté correct. En effet, les longues soirées où hommes d'armes et écuyers chantaient des chansons paillardes en buvant, dansant et sautant sur les tables n'aidaient pas, tout comme les repas pris en son sein, à la propreté. Il avait réussi à rendre un état propre, et avait pris un peu de repos après que le quart du matin ait pris son tour de garde. Il était en train de vaquer à des projets d'avenir quand, du dehors, lui parvint des voix venant le tirer de la douce torpeur dans laquelle il aurait glissé sans intervention. Il pensait furieusement à acheter un hamac à Arromanches, pour s'installer dans la cuisine. Avec deux pieus, plantés devant les tonneaux...Ca serait bieeeennn!
En plus, juste en tendant la main, il pourrait se servir une choppe...Rien qu'à cette douce évocation, il se sentait glisser paisiblement dans le sommeil.

La rousse, entrant pour soutenir le maistre d'arme lui expédia un sachet d'herbes en lui adressant son plus beau sourire. Aux anges, le René entama la préparation du gros "spécial douvinette". Dans une choppe, il versa une énorme rasade de prune, qui aurait pu réveiller un boeuf enseveli sous un monticule de terre. A cela il mélangea plusieurs pleines pincées de cannelle, de cardamome et de gingembre qu'il était allé prendre directement dans la réserve à épices. il y mêla discrètement un peu de salpêtre, avant de faire chauffer le tout, avec du lait et le sachet plein d'écorce de saule. Il se laissait entièrement gagner par leur bonne humeur, bien que dérangé, et il partit lui aussi dans un grand fou rire à la suite de la jolie rousse. Voyant le périgourdin entrer triomphant, il fit vite le rapprochement. Aussi, alors que le tout infusait, alla-t-il récupérer une bouteille pleine d'armagnac non entamée, et prit-il deux verres avec. Alors que le glouglou imperceptible de l'eau qui bouillait au-dessus du feu dans la cheminée dans une bassine de fonte se faisait entendre, il mit le tout sur le comptoir, tout en annonçant, paternel:

- " Bien joué, gamin. Ca, c'est ce qui s'appelle une petite raclée. Cerrid', un Armagnac? "

Et, atteint par la bonne humeur contagieuse du groupe, il récupéra sa choppe, la vidant préalablement, pour se joindre à cette petite célébration de la défaite du pauvre maistre d'arme.

Le Commandeur etait seul a sa table. Il reprenait difficilement ses esprits. Il etait a peine assez conscient pour se rendre compte que la rousse ne revenait pas.

*Lui en faut pour faire une tisane ...Encore une qu'est meme pas bonne a marier.*

Elle etait au comptoir avec le tavernier et l'insolent. Tendant l'oreille , Totox comprit que les bougres trinquaient. Pire , ils avaient sorti une bonne bouteille. Visiblement le recit de ses exploits amusait beaucoup Kekidi. Devant l'humour douteu du tavernier , Totox ne put masquer sa rage. Rage relativisée par son etat second. Il replongea bien vite la tete sur la table.